Notes
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[1]
L'ensemble des citations reprises dans cette lecture critique ont été traduites de l'anglais par son auteur.
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[2]
L'importance du concept de risque dans l'analyse de Giddens n'est pas sans rappeler les travaux d'Ulrich Beck (Risk Society, 1992) sur l'analyse des risques (de guerre, en l'occurrence) d'un point de vue sociologique (la sociologie du risque). C'est grâce à cet apport que Giddens a défini une typologie des environnements à risques dans laquelle il inclut les catastrophes écologiques (The Consequences of Modernity, 1990). Néanmoins, l'auteur n'adopte pas les mêmes positions que Beck car il estime possible de maîtriser ces risques sous certaines conditions, grâce à la réflexivité des sociétés et leurs actions politiques.
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[3]
Giddens refuse la vision trop techno-centrée de Rifkin (The Hydrogen Economy, 2003) selon laquelle la technologie est la source des grands changements de l'Histoire. Pour Rifkin, nous sommes à l'aube d'une Troisième Révolution Industrielle qui verra l'avènement d'une gestion complètement individuelle de l'énergie (grâce à l'hydrogène). Giddens considère plutôt que les technologies sont dépendantes des cadres politiques, économiques et sociaux qui définissent leur développement et leur rôle, et que la vision décentralisée de cette Révolution laisse à désirer. Pour lui, les technologies ont un rôle crucial dans le développement des politiques énergétiques et du changement climatique, mais les États et les gouvernements sont les principaux acteurs de ces changements.
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[4]
L'auteur fait ici écho aux travaux de Kagan qui affirmait, dans son dernier ouvrage (The Return of History and the End of Dreams, 2008), que la période des « rêves » était terminée. Les rêves renvoient aux théories selon lesquelles, depuis la fin de la Guerre froide, l'État-nation perd de son importance, la coopération internationale s'accentue, les conflits idéologiques disparaissent et les États sont de plus en plus interdépendants par le jeu de la mondialisation du commerce et des technologies. Pour Kagan, on assiste au contraire à un retour en force de l'État-nation, à l'apparition de nouveaux acteurs dans les jeux de prestige et de pouvoir internationaux (Chine, Russie) et un lien fort avec la sécurité énergétique, source des conflits futurs. Giddens, bien que ne réfutant pas totalement ces arguments (l'importance de l'État-nation et le rôle des grandes puissances sont cruciaux de son point de vue), s'oppose à Kagan au sujet du rôle des organisations internationales telles que l'Union Européenne ou l'ONU. Pour Kagan, celles-ci sont en complète déliquescence. Pour Giddens, elles ont un rôle crucial à jouer dans le but d'éviter des conflits potentiels relatifs au changement climatique.
1 « N'y pensons pas », « Qu'est-ce qui nous prouve qu'il y a vraiment un danger ? ». Telles sont quelques-unes des réflexions communes au sujet du changement climatique. Mélange de fatalisme et de scepticisme. L'auteur saisit ces discours en proposant ce qu'il nomme non sans un certain humour le « Paradoxe de Giddens », ainsi défini : « étant donné que les dangers posés par le changement climatique ne sont pas tangibles, immédiats et visibles au quotidien, beaucoup d'entre nous demeurent apathiques. Par définition, si nous attendons [...], il sera trop tard [1] ». Le point de vue du sociologue britannique est clair : aucune action politique n'a été entreprise afin de remédier à ce problème malgré de nombreux accords internationaux sur des objectifs à court ou moyen terme qui n'englobent ni l'entièreté ni les réels dangers du réchauffement climatique. Giddens remet en question nos acquis concernant ce sujet dès le début de son ouvrage, en puisant dans sa théorie de la « troisième voie », dite aussi « utopique réaliste », issue de ses travaux critiques de la postmodernité dans les années 1990. Fort de sa double expérience de scientifique et d'homme politique il fut l'un des Spin Doctors les plus en vue du Parti Travailliste anglais mené par Tony Blair, qu'il continue de représenter à la Chambre des Lords il s'attaque ici à un sujet pour lui inédit et tente d'y apporter sa contribution, brillante à certains égards et maladroite à d'autres. « Nous n'avons pas de politique du changement climatique », affirme-t-il d'emblée. Comment développer une politique internationale du changement climatique cohérente pour les pays développés et les pays en voie de développement ? Comment faire évoluer la société vers un monde plus durable en maintenant voire en améliorant le mode de vie de tous les humains ? Comment gérer l'équilibre entre « risques et incertitudes » et « opportunités » ? Quel rôle pour les États-Unis, l'Union Européenne et la Chine dans cette nouvelle politique ? Ces quelques questions tracent les lignes directrices de la contribution de l'auteur à la réflexion sur la politique économique d'aujourd'hui et de demain et ses réponses aux conséquences du changement climatique. L'ouvrage s'inscrit dans le prolongement du débat scientifique entre « alarmistes » et « négationnistes ». De nature optimiste, l'auteur tente de se glisser entre ces deux extrêmes et considère que les risques [2] liés au changement climatique doivent être considérés comme des opportunités de changement que l'on pourra atteindre notamment grâce à des technologies appropriées. L'auteur présuppose que les politiques du changement climatique ne peuvent être définies et mises en œuvre que par les États. Grâce à leurs capacités d'action, ce sont les seules institutions capables de générer, mettre en œuvre et superviser à long terme ces politiques. À cet effet, il embrasse une approche résolument réaliste des relations internationales, illustrée par un retour de l'État au c ur du débat.
2 La première partie de l'ouvrage présente l'origine et la définition des concepts que l'auteur apporte au débat scientifique. « Nous devons nous efforcer d'effectuer une estimation des plus équilibrées et nuancées des risques », affirme Giddens. Il soutient qu'aucun point de vue ne doit être écarté, ni celui des plus optimistes, ni celui des plus sceptiques. Ces derniers « méritent d'être écoutés, et doivent être écoutés ». Le changement climatique est un réel danger directement lié à l'activité humaine. Il est donc important de considérer simultanément « changement climatique » et « sécurité énergétique » car ce rapprochement théorique est encore trop absent de la plupart des études scientifiques. La sécurité énergétique a en effet longtemps été directement corrélée à la disponibilité et au prix du pétrole sur le marché international, mais de nouveaux problèmes comme la rareté de l'eau ou les besoins croissants des pays émergents sont autant de défis supplémentaires. Le « mouvement vert » est, à ses yeux, responsable de cette carence ainsi que des biais du discours dominant. Il considère les réflexions de ce mouvement comme « utopiques et mystiques ». Même s'il est sympathisant des « valeurs vertes », il critique les moyens mis en œuvre pour les atteindre car ils sont définis par une absence coupable de politique : « l'approche participative », qui implique une décentralisation complète, empêche de coordonner les actions ; l'idée de « développement durable » est un « slogan plus qu'un outil analytique » ; et le « principe de précaution », qui implique un changement de mode de vie par l'intermédiaire de privations, est conservateur et justifie des actions contradictoires et nuisibles. Après cette entrée en matière aux accents pamphlétaires, l'auteur soumet une dizaine de nouveaux concepts pour pallier aux insuffisances du discours international dominant et pour appuyer ses arguments pour le reste de l'ouvrage. Entre autres, il propose le principe du pourcentage, fondé sur l'idée qu'aucune action n'est sans risque, pour remplacer le principe de précaution. Il existe toujours un équilibre entre risque et opportunité qui doit être considéré pour tout choix politique. Ainsi, le choix du recours au nucléaire qui présente un rapport risque/opportunité plus favorable que d'autres solutions, lui apparaît évident. Un autre concept avancé est celui des aspects positifs, qui requiert que nous cessions de répondre au réchauffement climatique, comme le suggère le mouvement vert, dans le but d'éviter des dangers futurs et donc de manière négative (par des privations). Nous devons générer des objectifs positifs, relatifs au bien-être. « Martin Luther King n'a pas stimulé les gens à agir en proclamant "j'ai fait un cauchemar" », s'amuse Giddens. Il met en avant deux autres apports conceptuels : la convergence politique et la convergence économique. Le premier implique que les politiques pertinentes pour atténuer les effets du changement climatique doivent être développées en accord avec d'autres politiques publiques. Faire converger innovation technologique, lutte contre le réchauffement climatique et sécurité énergétique est plus efficace que de ne se concentrer que sur l'un ou l'autre. Le second vise de la même manière à favoriser la coïncidence entre croissance économique et écologie. L'auteur décrit clairement les politiques d'adaptation au changement climatique existantes et met l'accent sur les difficultés inhérentes à la mise en place de politiques cohérentes et convergentes à l'échelle étatique, en prenant le cas du Royaume-Uni. Il dégage plusieurs généralités applicables aux « bons élèves » qu'il reprendra par la suite.
3 Les principaux arguments de l'auteur sont que les chances de succès dépendront majoritairement des gouvernements des États, et que les nations les plus industrialisées doivent prendre le « leadership » du changement. Pour les habitués des travaux de Giddens, cette propension à mettre tant d'emphase sur les processus décisionnels nationaux peut apparaître surprenant. Le concept d'État garant est en effet au c ur de l'argumentation. Plus qu'un « facilitateur », comme Giddens le promouvait dans sa troisième voie, l'État doit aussi devenir le « catalyseur du changement » et « faire tout son possible pour garantir le succès des politiques du changement climatique ». Il encourage ainsi un « retour à la planification », critiquant la dérégulation généralisée dont l'échec est dû à une vision à trop court terme. Seul l'État est capable de garantir à long terme les moyens mis en œuvre dans le présent pour atteindre un futur alternatif désiré. À cet effet, les gouvernements doivent prendre conscience du rôle de la technologie [3], car les « les meilleures initiatives doivent être basées sur une efficacité énergétique accrue plutôt que sur un désir de limiter le changement climatique ». Les difficultés principales de l'État garant résident dans la mise en application de ce que l'auteur nomme les concepts de mise au premier plan et de transcendance politique, respectivement le maintien à long terme du réchauffement climatique à l'ordre du jour politique, et le fait que les politiques doivent impérativement outrepasser les clivages gauche-droite la troisième voie malgré les changements de gouvernement. Giddens soutient aussi l'institutionnalisation du principe du « pollueur-payeur » afin de s'assurer que le marché travaille en faveur des politiques du changement climatique plutôt que contre elles. C'est dans cette optique qu'il propose aux gouvernements et aux corporations de chercher des confluences dans leurs intérêts respectifs (convergence économique). Au niveau de la convergence politique, Giddens exhorte les gouvernements à faciliter le développement de nouvelles technologies, notamment grâce à un système de taxation efficace. Une meilleure coordination entre innovation technologique et politique énergétique est nécessaire. Les gouvernements ne doivent pas hésiter à couper les subventions pour des produits non-écologiques ou à taxer les émissions de carbone. Les fonds récoltés permettraient de développer plus rapidement les nouvelles technologies environnementales et de créer des emplois en concordance avec un nouveau mode de vie (services de recyclage, transports).
4 C'est dans le dernier volet de l'ouvrage que l'auteur exporte ses arguments au niveau international. Il y présente le concept d'adaptation proactive, c'est-à-dire une adaptation « à différents futurs possibles » et pas « post-événement ». Elle nécessite de répondre aux risques sur le long terme, grâce à une capacité d'adaptation permettant de faire face aux changements extérieurs tout en y répondant de manière active et positive, en tirant collectivement profit de circonstances défavorables. Ce sont les pays du Sud qui subissent les effets du changement climatique provoqué en grande majorité par le Nord. Selon Giddens, c'est donc « aux États les plus développés de prendre leurs responsabilités envers le reste du monde en terme d'adaptation au changement climatique ». L'auteur critique les accords internationaux car ils n'incluent pas la sécurité énergétique en leur sein : « ce n'est pas avec des accords du style de celui de Kyoto que les choses s'amélioreront ». Tout dépendra donc du bon vouloir des gouvernements nationaux. C'est ainsi que Giddens lie directement les politiques du changement climatique et la géopolitique de la sécurité énergétique. C'est la seule possibilité pour que les risques inhérents au réchauffement soient perçus comme des opportunités. Ainsi, le changement climatique implique des risques, comme les tensions actuelles autour de l'Arctique, mais aussi des opportunités, comme celle d'une coopération internationale plus efficace. Les théories néoréalistes au sujet de la réapparition de tensions entre grandes puissances ne sont pas totalement valides, selon Giddens, même si il considère qu'elles sont proches de la réalité, soulignant qu'il faudra encore compter sur les relations entre celles-ci pour débloquer certaines situations [4]. Ce sera le cas des États-Unis et de la Chine, qui « tiennent le futur entre leurs mains », selon l'auteur. Les pays les plus développés doivent participer à la croissance économique des pays les plus pauvres et favoriser les convergences économiques et politiques afin que ces derniers ne considèrent plus le réchauffement climatique comme un enjeu séparé et contraignant mais bien complémentaire au développement. Giddens n'omet pas d'inclure « le milliard d'en dessous » c'est ainsi qu'il désigne les habitants les plus pauvres de la planète dans ce processus. C'est pourquoi il promeut une approche de la coopération internationale différente des accords mondiaux développés jusque-là. Il l'imagine plus efficace sous la forme de partenariats bilatéraux, multilatéraux et régionaux. Quelques pays, une « coalition de volontaires », doivent tenir le rôle de leaders de ce « Nouvel Age », à l'avant-garde éclairée et vertueuse du changement, afin que leur exemple puisse se propager à l'ensemble de la planète.
5 Si dans son introduction l'auteur regrettait que « nous n'avons pas de politique du changement climatique », le lecteur n'est pas bien plus avancé après la lecture de l'ouvrage. Mais ne nous méprenons pas. L'apport scientifique de l'auteur est attrayant pour plusieurs raisons. D'abord, le lecteur peu initié au sujet du changement climatique y retrouve un état des lieux dense et clair des situations passées et en cours. D'un point de vue analytique, Giddens propose une mise-à-jour de sa « troisième voie » qui n'est pas inutile car elle crée une brèche pour des idées fraîches et présente de nouveaux concepts dont certains (les convergences économiques et politiques) pourraient s'avérer essentiels au développement des futures politiques du changement climatique. Mais l'apport majeur de l'ouvrage est qu'il « donne un coup de pied dans la fourmilière » des débats sur le réchauffement. L'auteur semble en effet plutôt savoir ce qui ne fonctionnera pas plutôt que ce qui fonctionnera. Il critique ainsi tour à tour le mouvement vert, les accords internationaux et les politiques mises en place. Pour ces dernières, il affirme qu'actuellement « il n'existe aucune nation qui serait ne serait-ce que proche d'une performance efficace en terme de réduction d'émission de gaz à effets de serre ». Malgré tout, l'analyse de Giddens est ternie par quelques contradictions et de réelles carences scientifiques. Il se contredit par exemple en affirmant tour à tour que l'adaptation au changement climatique doit reposer sur une évaluation précise de « ce que seront les effets du changement climatique », mais en restant le plus flexible possible car « il n'est pas possible de prédire ce que seront [ces effets] ni quand ils interviendront ». D'autre part, un lecteur sympathique des idées du mouvement vert sera certainement décontenancé par les propos de l'auteur qui frôle parfois la condescendance. Giddens semble avoir oublié que ce sont ces mêmes « Verts », bien isolés à l'époque, qui ont tiré la sonnette d'alarme il y a plusieurs décennies. Même s'ils n'ont pas toujours été justes, leurs apports méritent plus de considération. Ainsi, pour l'auteur, l'adaptation au changement climatique ne signifie pas « sauver la planète », mais bien « préserver voire améliorer un mode de vie décent pour tous les humains ». Bien évidemment, la planète se sauvera toute seule, elle n'a pas besoin de l'humain. Mais pourquoi dénigrer à ce point l'empathie des êtres humains pour la nature ? En quoi une vision anthropocentrée est-elle plus justifiable qu'une autre ? Qui plus est, le lecteur découvre dans l'ouvrage de nombreuses recommandations malheureusement sans aucune proposition de mise en pratique. Comment faire en sorte que les politiques du changement climatique soient extraites du clivage gauche-droite ? Comment les gouvernements peuvent-ils arrêter de subventionner des publicités anti-écologiques ? Quelles ont été les conditions qui ont permises aux « bons élèves » de réduire leurs émissions ces dernières décennies ? Peut-on les reproduire ? Ces questions, parmi d'autres, restent sans réponse, ou presque. Le lecteur ne peut que se sentir frustré par le manque de cohérence entre les idées pointues et novatrices de l'auteur et sa difficulté à proposer des moyens pour les mettre en œuvre. Il nous donne des indices sur ce qu'il perçoit comme des réponses efficaces au changement climatique (puissance nucléaire, subventions des énergies nouvelles) mais n'offre quasiment pas de propositions politiques concrètes. Finalement, serait-ce donc cela, le « Paradoxe de Giddens ? ».
Notes
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[1]
L'ensemble des citations reprises dans cette lecture critique ont été traduites de l'anglais par son auteur.
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[2]
L'importance du concept de risque dans l'analyse de Giddens n'est pas sans rappeler les travaux d'Ulrich Beck (Risk Society, 1992) sur l'analyse des risques (de guerre, en l'occurrence) d'un point de vue sociologique (la sociologie du risque). C'est grâce à cet apport que Giddens a défini une typologie des environnements à risques dans laquelle il inclut les catastrophes écologiques (The Consequences of Modernity, 1990). Néanmoins, l'auteur n'adopte pas les mêmes positions que Beck car il estime possible de maîtriser ces risques sous certaines conditions, grâce à la réflexivité des sociétés et leurs actions politiques.
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[3]
Giddens refuse la vision trop techno-centrée de Rifkin (The Hydrogen Economy, 2003) selon laquelle la technologie est la source des grands changements de l'Histoire. Pour Rifkin, nous sommes à l'aube d'une Troisième Révolution Industrielle qui verra l'avènement d'une gestion complètement individuelle de l'énergie (grâce à l'hydrogène). Giddens considère plutôt que les technologies sont dépendantes des cadres politiques, économiques et sociaux qui définissent leur développement et leur rôle, et que la vision décentralisée de cette Révolution laisse à désirer. Pour lui, les technologies ont un rôle crucial dans le développement des politiques énergétiques et du changement climatique, mais les États et les gouvernements sont les principaux acteurs de ces changements.
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[4]
L'auteur fait ici écho aux travaux de Kagan qui affirmait, dans son dernier ouvrage (The Return of History and the End of Dreams, 2008), que la période des « rêves » était terminée. Les rêves renvoient aux théories selon lesquelles, depuis la fin de la Guerre froide, l'État-nation perd de son importance, la coopération internationale s'accentue, les conflits idéologiques disparaissent et les États sont de plus en plus interdépendants par le jeu de la mondialisation du commerce et des technologies. Pour Kagan, on assiste au contraire à un retour en force de l'État-nation, à l'apparition de nouveaux acteurs dans les jeux de prestige et de pouvoir internationaux (Chine, Russie) et un lien fort avec la sécurité énergétique, source des conflits futurs. Giddens, bien que ne réfutant pas totalement ces arguments (l'importance de l'État-nation et le rôle des grandes puissances sont cruciaux de son point de vue), s'oppose à Kagan au sujet du rôle des organisations internationales telles que l'Union Européenne ou l'ONU. Pour Kagan, celles-ci sont en complète déliquescence. Pour Giddens, elles ont un rôle crucial à jouer dans le but d'éviter des conflits potentiels relatifs au changement climatique.