Notes
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[1]
Michel Houellebecq, « Entretien », Métropolis, Arte, 5 juillet 2016 (mené à l’occasion de l’exposition de ses œuvres à la Biennale européenne d’art contemporain « Manifesta 11 » qui s’est tenue à Zurich du 11 juin au 19 sept. 2016).
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[2]
Id., La Carte et le Territoire, Paris, Flammarion, 2010 (désormais abrégé en CT et référencé dans le corps du texte avec le numéro de page).
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[3]
Procédé pictural qui consiste à faire s’égoutter la couleur par le fond percé d’un récipient que le peintre déplace au-dessus de son œuvre, obtenant ainsi coulures et giclures.
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[4]
Michel Houellebecq, H. P. Lovecraft : contre le monde, contre la vie, Monaco, éd. du Rocher, 1991 ; « L’acte initial, c’est le refus radical du monde tel quel » (« Entretien avec Jean-Yves Jouannais & Christophe Duchatelet », Art Press, n°199, fév. 1995, repris dans Michel Houellebecq, Interventions, Paris, Flammarion, 1998, p. 39).
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[5]
Voir Antoine Jurga, « L’entreprise de l’art dans le romanesque houellebecquien », in Michel Houellebecq à la une, dir. par Murielle Lucie Clément & Sabine van Wesemael, Amsterdam, Rodopi, 2011, p. 151-163.
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[6]
Michel Houellebecq, Rester vivant [exposition], Paris, Palais de Tokyo (23 juin-11 sept. 2016, commissaire Jean de Loisy). Le titre de l’exposition est tiré de l’essai de Michel Houellebecq Rester vivant : méthode (Paris, éd. de la Différence, « Littérature », 1991).
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[7]
« L’écrivain accomplit une fonction, l’écrivant une activité […]. Les écrivants, eux, sont des hommes “transitifs” ; ils posent une fin (témoigner, expliquer, enseigner) […] alors que pour l’écrivain, […] c’est tout le contraire : il sait bien que sa parole, intransitive par choix et par labeur, inaugure une ambiguïté […] » (Roland Barthes, « Écrivains et écrivants » [1960], Essais critiques, Paris, Seuil, « Points », 1981, p. 148, p. 151). La manière dont Michel Houellebecq use de l’expression artistique permet d’articuler le travail du texte de l’écrivain avec un mouvement explicatif où l’interaction redonne une fonction essentielle à la littérature.
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[8]
Michel Houellebecq, « Le carnet à spirales », Les Inrockuptibles, n°5, 1995, repris dans Interventions, op. cit., p. 84.
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[9]
Id., Rester vivant et autres textes [1991], Paris, EJL, « Librio », 1997, p. 26.
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[10]
« Un poète mort n’écrit plus. D’où l’importance de rester vivant » (ibid., p. 19).
-
[11]
Wim Delvoye, Série X-Ray [clichés radioscopiques de corps humains], 2001.
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[12]
Thomas Mann, La Montagne magique, trad. de l’allemand par Maurice Betz [1924], Paris, Librairie française générale, « Le livre de poche », 1991, p. 301.
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[13]
« […] il avait l’impression d’être en présence d’un puzzle » (CT, p. 288) ; « Il y avait là une cinquantaine de tirages sur papier glacé, de format A4. Chacun représentait un rectangle du plancher de la salle de séjour où avait eu lieu le meurtre, d’un peu plus d’un mètre de base » (ibid., p. 309) ; « Jed examina plusieurs des agrandissements, qui pour Jasselin se ressemblaient à peu près tous : des coulures, des lacérations, un puzzle informe » (ibid., p. 350).
-
[14]
« Houellebecq prend donc ses distances par rapport à la représentation réaliste ; il pratique une sorte de post-réalisme » (Sabine van Wesemael, « Michel Houellebecq ; un auteur postréaliste », in L’Unité de l’œuvre, dir. par Sabine van Wesemael & Bruno Viard, Paris, Classiques Garnier, 2013, p. 330).
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[15]
« La première démarche poétique consiste à remonter à l’origine. À savoir : à la souffrance » (Rester vivant, op. cit., p. 9) ; « Revenez toujours à la source, qui est la souffrance » (ibid., p. 11).
-
[16]
Charles Baudelaire, « Le navire glissant sur les gouffres amers », « L’Albatros », v. 4, Les Fleurs du mal, 2e éd., Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1861, p. 11.
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[17]
Voir Antoine Jurga, « Le corps au dehors : nouvelle convergence pour la littérature contemporaine », Orbis Linguarum, vol. 45, « Au carrefour des sens 2 », dir. par Jadwiga Cook & Tomasz Wyslobocki, avec la collaboration d’Edward Bialck, 2016, p. 227-239.
-
[18]
Annie Ernaux & Marc Marie, L’Usage de la photo, Paris, Gallimard, 2005, p. 149 et n. 1.
-
[19]
Michel Houellebecq, Rester vivant [catalogue d’exposition], Paris, Flammarion-Palais de Tokyo, 2016, p. 93.
-
[20]
Voir Guillaume Nicloux, L’Enlèvement de Michel Houellebecq [images animées], Paris, Le Pacte ; Blaq out, 2014 ; Benoît Delépine & Gustave Kervern, Near Death Experience [images animées], Paris, Ad Vitam, 2015.
-
[21]
Vanité ou composition, nature morte le plus souvent, évoquant les fins dernières de l’homme.
-
[22]
« La tête de la victime était intacte, tranchée net, posée sur un des fauteuils devant la cheminée […] » (CT, p. 287-288).
-
[23]
Marthe Robert, Roman des origines et origines du roman [Grasset, 1972], Paris, Gallimard, « Tel », 1981, p. 69.
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[24]
Louis-Ferdinand Céline, « Entretien avec Louis Pauwels », En français dans le texte, Radiotélévision française, 1961, [en ligne], disponible sur URL : http :www.lepetitcelinien.com, consulté le 31 déc. 2018.
-
[25]
Michel Houellebecq, Rester vivant, op. cit., p. 11.
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[26]
Voir Michel Houellebecq, Soumission, Paris, Flammarion, 2015.
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[27]
Joris-Karl Huysmans rédige des chroniques d’art réunies sous les titres L’Art moderne [1883], Certains [1889] et Trois Primitifs [1905]. On peut y noter des textes sublimes sur les peintres Matthias Grünewald, Roger van der Weyden, Quentin Metsys ou Robert Campin (voir Écrits sur l’art, éd. par Jérôme Picon, Paris, Flammarion, « GF », 2008).
-
[28]
Voir Charles Baudelaire, Curiosités esthétiques [1868] suivies de L’Art romantique [1852], éd. par Henri Lemaitre, Paris, Classiques Garnier, « Classiques jaunes », 2008.
Tous ces organes, sans les avoir vus, on s’en fait une idée. Je pense que si vous imaginez votre cœur battre, vous imaginez quelque chose. C’est intéressant de comparer ce que vous imaginez et ce que l’on va voir [1].
1 Dans son roman La Carte et le Territoire [2], Michel Houellebecq met en scène le personnage Michel Houellebecq, un alter ego de l’écrivain, que Jed Martin, le personnage principal, rencontre pour lui demander de rédiger la préface du catalogue d’une de ses expositions de peintures. En témoignage de sa reconnaissance, le plasticien Jed Martin exécute le portrait de l’écrivain et le lui offre. Dans la dernière partie de l’ouvrage, le personnage Michel Houellebecq est assassiné dans des conditions des plus effroyables et des plus déroutantes. Il est décapité, la tête posée en évidence à des fins d’identification, et le reste de son corps, découpé à l’aide d’une scie chirurgicale en une charpie immonde, s’étale sur toute la superficie de la pièce de sa résidence à la manière d’un dripping [3], digne du peintre américain Jackson Pollock. Puis l’assassin vole le portrait de Michel Houellebecq. L’écrivain est mort mais l’œuvre littéraire et plastique demeure par cette ingénieuse diplopie qui, à l’écrivain Michel Houellebecq, associe le personnage de l’écrivain Michel Houellebecq et le plasticien Jed Martin. L’auteur se voit ainsi à travers la littérature et la peinture doublement défini, et touché par la mort.
2Ainsi, sont mêlés, pour une fructueuse collaboration, littérature, art pictural, mais également la mort. La représentation picturale ou livresque autorise l’émergence d’un ex-voto élaboré par l’écrivain luttant contre un réel oppressant, s’érigeant contre l’insuffisance actuelle de la littérature, et réinterrogeant ses fonctions essentielles. Il s’agit pour Michel Houellebecq de marquer l’esprit des lecteurs et de les alerter sur sa capacité à élaborer des récits fictionnels, en particulier celui de La Carte et le Territoire, qui illustre la mort de l’auteur, stipulée comme telle, alors même que le romancier œuvre à produire une littérature de résistance à une époque où la littérature perd sa prépondérance pour rendre compte du monde. L’auteur nous invite ainsi à formuler une série de questions. Quel statut demeure pour l’écrivain au xxie siècle et pour quelle fonction ? Où se tient la résistance de celui qui écrit « contre le monde » [4], contre la puissance du réel ? Où se situe le mystère d’un auteur qui se destine à éclairer un contemporain encore confus pour son lecteur ?
3Dans La Carte et le Territoire, Michel Houellebecq poursuit son travail de réflexion sur la figure de l’écrivain par le truchement de l’art contemporain, auquel il s’est toujours intéressé. Le travail plastique proroge et conforte son projet littéraire, engagé plus spécifiquement dans La Carte et le Territoire. Il use d’un autre biais [5] que la littérature pour interroger l’art de créer, d’écrire. Après la mort de l’auteur, qui questionne la figure de l’écrivain, dont l’exécution est mise en scène dans La Carte et le Territoire, Michel Houellebecq donne à observer la vision de l’homme mortel, dépendant de son corps et situé entre vie et mort. En effet, l’exposition au Palais de Tokyo [6] des œuvres de Michel Houellebecq a réservé une part importante à la mise en scène de l’auteur par lui-même. Ainsi, outre les photographies émouvantes de l’écrivain accompagné de son chien Clément, celles intrigantes de femmes, ou singulières de paysages, qui témoignent de sa sensibilité, le public a pu découvrir deux coupes radioscopiques du cerveau de l’écrivain, répondant à deux statues de Bouddha, organisées autour d’une vitrine qui laissait apparaître en transparence un stylo, un appareil photographique et un calepin.
4Michel Houellebecq proposait de la sorte un condensé visuel de l’activité de « l’écrivant » [7] à travers une installation, mettant en œuvre un constat fait de longue date : « L’art contemporain me déprime ; mais je me rends compte qu’il représente, et de loin, le meilleur commentaire sur l’état des choses » [8]. Cet aveu pourrait sembler déroutant pour un écrivain, mais Michel Houellebecq a toujours introduit dans ses œuvres des motifs plastiques et conceptuels tirés de l’art contemporain pour évoquer par ce truchement les enjeux de sa littérature, et articuler un double discours. De manière abrupte, on peut affirmer que Michel Houellebecq est devenu aussi Jed Martin, le personnage central de La Carte et le Territoire. Comme lui, il expose ses créations et, si Jed Martin peint dans le récit le portrait de Michel Houellebecq, l’écrivain poursuit ce projet en augmentant la représentation figurant sur la toile de La Carte et le Territoire par un traitement aux rayons X qui livre sa propre tête sous la forme de radioscopies. Ainsi, les arts se superposent, se répondent sans cesse pour une fertile réflexion sur l’art de la fiction et sur la figure de l’écrivain.
De la radioscopie comme réflexion
5À la Manifesta de Zurich, la biennale d’art contemporain, le public peut contempler simultanément des planches qui présentent une sorte d’autopsie de l’auteur. En effet, Michel Houellebecq, grâce aux appareillages des plus modernes (IRM, radioscopies, électrocardiogrammes, échographies…) a prêté son corps à un examen dont il affiche les clichés développés par les médecins et retravaillés par lui-même afin de leur attribuer une dimension artistique. La question à laquelle répond cette exposition est que l’écrivain est « rest[é] vivant » en suivant [sa] « méthode » et qu’il serait relativement en bonne santé (même s’il fut « assassiné » dans La Carte et le Territoire). Cette nouvelle médicale rassurante, scientifiquement irréfutable, confirme pour le lecteur la publication d’œuvres à venir. La collusion volontaire entre le personnage Michel Houellebecq et la personne réelle poursuit la déclinaison amorcée dans son roman. Les morceaux éparpillés du corps de l’auteur dans La Carte et le Territoire sont ici à nouveau rassemblés pour livrer au regard des images de son cœur, de son cerveau et de ses organes ; l’auteur engage un body-art aux marges de son projet littéraire qu’ainsi il sert.
L’écrivain Michel Houellebecq devant une radio de son crâne à l’exposition « Manifesta 11 » le 10 juin 2016 à Zürich (afp.com/Fabrice Coffrini)
L’écrivain Michel Houellebecq devant une radio de son crâne à l’exposition « Manifesta 11 » le 10 juin 2016 à Zürich (afp.com/Fabrice Coffrini)
6Par le biais de cette exposition, Michel Houellebecq donne à voir l’intérieur de son corps dans une installation artistique où il se livre tel un martyr qui aurait accepté d’être le témoin du réel pour les autres individus et aurait approché le mystère de la création en faisant preuve de transparence. Le résultat affiché conduit à une réflexion sur la figure de l’écrivain qui relèverait davantage de Thanatos qu’elle ne célèbrerait la vie. Il offre un accès à ce que l’œil humain ne peut percevoir. Ces images révèlent un corps qui se tient dans une posture orphique entre les deux mondes par la monstration du cadavre que l’homme potentiellement est. Il s’agirait pour l’auteur de rendre compte au commun des mortels de cette expérience ultime. Ainsi, Michel Houellebecq écrit en s’adressant à une sorte d’alter ego sensible : « […] votre mission la plus profonde est de creuser vers le Vrai. Vous êtes le fossoyeur, et vous êtes le cadavre » [9].
7La morbidité et l’inquiétude dominent expressément l’exposition. Il s’agit de proposer une autre manière d’instruire la question de l’écrivain engagé, et de son corps, pour proroger la résistance énoncée dans le texte initial, et incontournable, Rester vivant : méthode. La condition sine qua non pour écrire est de rester vivant. La proposition semble simpliste et naïve mais elle est essentielle pour poursuivre l’œuvre face à la puissance d’un réel qui conduirait plutôt à interrompre le combat ou inviterait au suicide [10]. L’écrivain toujours vivant est saisi à travers des clichés radioscopiques de la main et du crâne qui le montrent avec stylo et appareil photo ; il s’agit bien pour lui d’observer le monde pour en rendre compte. Voilà ainsi le secret révélé, la main écrit ce que le cerveau, contenu dans la boîte crânienne, révèle comme s’il était un appareil d’enregistrement… Subséquemment, nous accédons au « laboratoire » de l’écrivain. La question que pose cette création, qui donne à lire autrement que par le continuum scriptural auquel recourt habituellement l’écrivain, est une fois encore celle de la transparence. En effet, que montrer de plus d’une corporalité (qui, soit dit en passant, ne révèle rien de l’origine de l’aptitude à créer, à une époque qui réduit le mystère l’humain aux révélations de la génétique) ?
8Michel Houellebecq s’autorise par conséquent une vaine pornographie, celle qui exhibe le moindre détail anatomique que d’indiscrètes caméras donnent à voir. À l’instar de l’artiste contemporain Wim Delvoye [11], dont l’écrivain fréquente les œuvres, il permet au public de voir ce que le fantasme de la création conserve habituellement dans les limbes. L’image médicale, revisitée par l’auteur, réduit la vision à une concrétude qui réaffirme le corps comme véhicule capital de la création et de l’existence de l’artiste. Ainsi, le corps fragmenté de l’écrivain dans La Carte et le Territoire est recomposé à l’aide des images médicales de son corps. L’auteur clame son existence physique et participe paradoxalement d’une déréalisation, puisque sa matérialité ne révèle qu’une stupéfaction ou un reflet. En réalité, Michel Houellebecq s’inscrit dans une filiation littéraire qui fait référence au très célèbre roman de Thomas Mann La Montagne magique, publié au début du xxe siècle, dans lequel l’auteur évoque le recours à une nouvelle technologie d’observation : l’image radioscopique du corps. Le personnage principal Hans Castorp, reclus dans un sanatorium, fait alors l’expérience, pour des examens médicaux, de cette nouvelle imagerie. Le personnage découvre une image de soi depuis un extérieur qui déréalise tout en confirmant la matérialité nécessaire à la fois prégnante et éphémère de l’être pensant. Ici, Castorp, après la radioscopie classique de la cage thoracique destinée à dépister la tuberculose, désire réitérer l’opération avec sa propre main. Une main qui n’est pas sans rappeler, par le biais du personnage central de l’œuvre, celle de l’écrivain, pour lequel elle est un outil essentiel de la création, et que Michel Houellebecq radioscopie également :
Cette fois il inspectait l’intérieur de Hans Castorp, et de ses exclamations à mi-voix, de ses jurons et de ses expressions, il semblait que ce qu’il trouvait répondait à ses prévisions. Il poussa ensuite l’amabilité jusqu’à permettre que le pensionnaire, sur ses instantes prières, considérât sa propre main à travers l’écran lumineux. Et Hans Castorp vit ce qu’il avait dû s’attendre à voir, mais ce qui, en somme, n’est pas fait pour être vu par l’homme, et ce qu’il n’avait jamais pensé qu’il fût appelé voir ; il regarda dans sa propre tombe. Cette future besogne de la décomposition il la vit, préfigurée par la force de la lumière, la chair dans laquelle il vivait, décomposée, anéantie, dissoute en un brouillard inexistant, et, au milieu de cela, le squelette, fignolé avec soin, de sa main droite […] [12].
L’écrivain Michel Houellebecq devant une radio de sa main, exposition « Michel Houellebecq, Rester vivant », Palais de Tokyo, Paris, 2016, http://www.elmundo.es. (Keystone/ Ennio Leanza)
L’écrivain Michel Houellebecq devant une radio de sa main, exposition « Michel Houellebecq, Rester vivant », Palais de Tokyo, Paris, 2016, http://www.elmundo.es. (Keystone/ Ennio Leanza)
10L’intérieur du corps ainsi révélé alerte sur une concrétude morbide à travers sa disparition future. La chair n’apparaît pas à l’image tandis que le squelette est souligné. L’image permet une visualisation anticipée du squelette après la décomposition de la chair, un voyage temporel et orphique dans sa propre tombe. Cette scène souligne toute l’incongruité devant la présence du cadavre ou du squelette du côté de la vie. La fragilité de l’existence et la vulnérabilité de la création humaine sont énoncées mais la qualité de l’invention littéraire, qui permet l’expérience de la lecture est, dans le même mouvement, mise en avant. Cette main examinée, ce cerveau qui perçoit cette main, autorisent l’élaboration de l’œuvre.
11Le recours à l’imagerie médicale permet également à Michel Houellebecq d’envisager un examen des principes du réalisme en littérature au xxie siècle. Ce réalisme donne à voir davantage que la réalité connue. Si « La carte est plus intéressante que le territoire » (CT, p. 82), l’image par résonance magnétique est plus inquisitrice et singulière que l’écrivain, et que le portrait peint de l’écrivain. La part symbolique de la représentation prévaut en interrogeant la figuration réaliste habituelle. Ainsi la scène du meurtre de l’auteur se fonde sur une analogie avec une toile du peintre Jackson Pollock. Le biais par l’image reste essentiel pour la littérature de Houellebecq.
Michel Houellebecq Mission # 020 [image par résonance magnétique de la tête de Michel Houellebecq, retravaillée par l’auteur, exposition Palais de Tokyo, 2016]
Michel Houellebecq Mission # 020 [image par résonance magnétique de la tête de Michel Houellebecq, retravaillée par l’auteur, exposition Palais de Tokyo, 2016]
12« Forcément, voir son corps comme ça, c’est toujours un peu déplaisant », a avoué l’auteur à l’AFP lors d’une visite le 10 juin 2016 au Helmhaus, le musée zurichois qui abrite l’exposition consacrée à l’artiste Michel Houellebecq. Déplaisant en quoi ? Parce que le corps est examiné à travers une multitude de clichés qui recompose le puzzle [13] de La Carte et le Territoire ? parce qu’il est réduit à des organes ? parce qu’il est dépouillé de sa spiritualité ? parce qu’il est révélé dans une corporéité essentielle ? parce qu’il est traversé par un regard qui oblitère l’apparence et occulte l’image qu’on veut donner de soi ? ou encore parce que le réalisme en littérature devrait se contenter du visible ? L’écrivain peut-il être réduit à une représentation ou encore à une image publique (comme le voudrait certains médias qui s’intéressent au tapage plus qu’à la qualité littéraire de la proposition de Michel Houellebecq) ? Le corps de celui qui crée est ainsi exhibé, ramené à une concrétude des plus corporelles. Il entérine l’existence d’un être qui pense, agit… et se réfère au monde visible en respectant les principes d’un « post-réalisme » [14] tout en puisant dans sa souffrance initiale [15]. Si Houellebecq conduit des récits dont la facture est assez classique, s’il respecte les canons narratifs de la littérature du xixe siècle, il s’en éloigne par une réflexion globale sur le roman et sur l’écrivain.
13L’invisible est par conséquent donné ici à voir dans un mouvement sensible pour révéler les intentions de l’auteur. Cette médiation par l’art plastique nous alerte sur la possibilité d’une radioscopie des ouvrages de l’écrivain. Cette transparence interroge les principes du réalisme en littérature mais répond également au mythe de l’écrivain éclairé que Michel Houellebecq alimente, celui de la création octroyée par un plan divin ou de l’élu capable de côtoyer les limites de la réalité – les « gouffres amers » [16] aux abords du réel indicible mais prégnant. La littérature de Michel Houellebecq est fondée sur l’exploitation de la souffrance qui guide son travail. En réalité, l’examen du corps de l’écrivain révèle que la souffrance n’a que peu entamé la santé de celui-ci. Les résultats médicaux sont rassurants. L’écrivain peut ainsi solliciter son propre corps pour poursuivre, dans des structures livresques salvatrices, son travail d’écrivain. L’auteur s’apparente à un martyr qui aurait été ménagé par le Créateur pour poursuivre sa mission ; (Mission # 020, etc.) est le nom donné aux œuvres sur lesquelles figure sa tête radiographiée.
De la vanité au xxie siècle
14Michel Houellebecq n’a jamais produit de textes proprement autobiographiques, mais il semble évident que la somme de ses multiples œuvres (livresques et autres), permet de saisir une trajectoire spécifique qui détermine en partie l’écrivain. Ainsi, se dégage un mouvement autobiographique qui exhibe [17] ce qui n’est pas explicité dans les œuvres, demeure invisible au premier regard, ou enfoui dans le for intérieur de l’écrivain et constituerait l’essence de l’être écrivant… Montrer l’intérieur du corps de l’écrivain est une démarche artistique déjà empruntée par les artistes plasticiens ou conceptuels mais également par la littérature à l’exemple d’Annie Ernaux. La description du corps peut ainsi prendre les accents d’une expression autobiographique fondée sur une vérité du dedans exhibé au dehors. Annie Ernaux évoque cette investigation du corps par une multitude de procédés techniques médicaux qui quadrillent, auscultent, inspectent, examinent une matérialité qui est l’essence de notre être et ouvrent sur un espace auquel notre esprit n’a pas accès en dehors des images médicales qui le font alors exister :
15Pendant des mois, mon corps a été investigué et photographié des quantités de fois sous toutes les coutures par toutes les techniques existantes1.
1 Mammographie, drill-biopsie du sein, échographie des seins, du foie, de la vésicule, de la vessie, de l’utérus, du cœur, radiographie des poumons, scintigraphie osseuse et cardiaque, IRM des seins, des os, scanner des seins, de l’abdomen et des poumons, tomographie par positrons ou PET-scan. J’en oublie sûrement [18].
17Annie Ernaux, souffrant d’un cancer, conjugue les images médicales de son corps avec des clichés des habits des amants jetés au sol avant les ébats amoureux, qu’elle insère dans un double récit co-écrit avec son amant, Marc Marie. Les questions que le dispositif évoque concernent la possibilité de montrer l’amour, la peur ou la maladie en convoquant Éros et Thanatos. En fait, le réel de l’événement échappe autant à la plume qu’à la photographie, et c’est cette impossibilité qui doit conduire l’œuvre. De la même manière, Michel Houellebecq montre le dedans du corps de l’écrivain, et en particulier la tête, pour afficher la matérialité indispensable à l’écriture : « J’expose aussi dans cette salle des images IRM de la tête, mon cerveau est un outil de travail » [19], affirme-t-il. Cette matérialité serait garante d’une volonté autobiographique de révéler une vérité de l’être qui échappe habituellement en partie à celui qui désire se raconter.
18Michel Houellebecq se met en scène dans La Carte et le Territoire, pour être associé aux personnages principaux de ses romans ; il joue son propre rôle dans des films [20], s’affiche par le biais d’expositions dans des lieux d’art contemporain, assume sa notoriété d’écrivain français parmi les plus lus, les plus traduits. Cette importante visibilité a assurément participé à fabriquer le phénomène Houellebecq. L’écrivain travaille désormais à son immortalité et à l’édification de son mausolée avant sa propre disparition ; il s’agit là d’une forme de résistance ultime. En réalité, en raison des multiples parallèles avec l’art plastique dans ses œuvres, il pratique l’art de la vanité, ce genre pictural incluant une dimension philosophique qui célèbre à la fois la vie (puisque le corps est toujours vaillant) et son caractère éphémère (puisqu’il indique la fragilité de la condition humaine). Usuellement dans une vanité [21], l’individu est figuré sur la toile entouré des objets qui représentent ses activités et ses aspirations, en regard d’éléments évoquant par le biais d’un crâne humain le temps, la faiblesse, la désolation, et le triomphe de la mort. Dans La Carte et le Territoire, le lecteur a découvert la tête décapitée du personnage Michel Houellebecq posée sur un meuble [22], dans une pièce maculée de matière humaine (viscères, peau, sang, os). L’auteur augmente ici cette représentation, qui participe d’une obscénité affichée, en proposant des clichés de son crâne et de son cerveau. Il s’institue comme un écrivain important à travers cette appréhension corporelle et invente ainsi la vanité propre au xxie siècle.
19Par le truchement de l’art pictural, Michel Houellebecq interroge les principes de la représentation dans l’espace romanesque. Il interroge l’illusion romanesque à travers ses romans et ses autres entreprises artistiques. Il convie le lecteur à se poser la question de l’origine du roman. De son côté, Marthe Robert dans son essai précisait : « […] ou bien l’auteur fait commesi elle [l’illusion romanesque] n’existait pas du tout, et l’œuvre passe pour réaliste, naturaliste ou simplement fidèle à la vie ; ou bien il exhibe le comme si qui est sa principale arrière-pensée […] » [23]. Michel Houellebecq, dont l’écriture peut être qualifiée de classique, construit des narrations qui évacuent tout surplomb ou présence épiphonémique de l’auteur. Il propose des romans conformes aux canons du réalisme. Cependant, le « comme si », défini par Marthe Robert à propos de l’illusion romanesque, est exhibé dans les créations de l’auteur à travers la mise en scène de sa persona mais également en dehors de sa littérature. Cette volonté correspond à une marque assumée de l’écriture de l’auteur : le roman houellebecquien peut être qualifié d’impur dans la mesure où il recèle au cœur de ses récits de multiples juxtapositions et samples, empruntés à des discours de nature très différente. L’œuvre se serait ainsi étendue jusqu’à pouvoir intégrer d’autres médias ; l’auteur produirait alors une extension du domaine du littéraire, du domaine du roman.
20Sous forme de boutade, Michel Houellebecq fait dire au personnage Frédéric Beigbeder dans La Carte et le Territoire : « “Mais oui, bien sûr, il faut être artiste ! La littérature, comme plan, c’est complètement râpé !” » (CT, p. 76). Il s’agit là d’une nouvelle possibilité pour l’écrivain du xxie siècle : Houellebecq propose un décloisonnement qui participe d’une créativité ouvrant de nouvelles possibilités expressives pour le littérateur : « […] la vraie inspiratrice c’est la mort. Si vous ne mettez pas votre peau sur la table, vous n’avez rien » [24], expliquait Céline lors d’un célèbre entretien où il précisait dans quel cas le lecteur peut rencontrer une littérature digne d’intérêt. En écho à cette réflexion livrée par un auteur incontournable du xxe siècle, Michel Houellebecq exécute le personnage Michel Houellebecq dans La Carte et le Territoire, accroche littéralement des œuvres qui évoquent la mort par la matérialité affichée du corps, se met en danger en se proclamant artiste et se tient au bord du gouffre de la souffrance. Ainsi, il met sa « peau sur la table », et bien davantage en conjuguant le concret de l’installation photographique dans laquelle il propose des images de son corps avec l’ambition conservée du romancier qui revient « […] toujours à la source, [à] la souffrance » [25] initiale. Ironiquement, la radioscopie fait disparaître la peau à l’image, exclut une certaine matérialité pour ne conserver que des zones sensibles à la résonance magnétique, celle qui, chez Thomas Mann, préfigurait la métamorphose du corps en ossements. Sur les clichés de Michel Houellebecq-personnage (pris par les techniciens de l’Identité judiciaire) apparaissent uniquement des zones colorées correspondant aux fragments du corps mis en charpie à l’aide d’une scie chirurgicale. La peau, cette enveloppe du corps, mise en jeu sous la forme métaphorique, dit l’engagement inconditionnel de l’écrivain, et sa disparition sur les clichés souligne la nécessité impérative d’avoir un corps vaillant pour poursuivre l’œuvre engagée.
21La Carte et le Territoire évoque assurément le monde de l’art mais Soumission [26] s’y applique également. Ce dernier roman de l’auteur réserve une place importante à Joris-Karl Huysmans, qui fut un amateur d’art avisé et, tout comme Michel Houellebecq, un chroniqueur perspicace : ses ouvrages ont témoigné d’un intérêt certain pour l’art pictural [27]. L’évocation de ce grand écrivain du décadentisme, à travers le personnage de François qui fit sa thèse sur Huysmans, permet ainsi à Michel Houellebecq de nous faire découvrir un auteur majeur du xixe siècle que l’on peut considérer comme un alter ego de l’auteur. De même, Baudelaire, le poète des Fleurs du mal qui fut aussi critique d’art [28], est une référence importante qui traverse toute l’œuvre houellebecquienne. Par conséquent, l’évocation des auteurs du passé correspond ici à une réflexion plus globale qui indique la volonté de décloisonner les activités artistiques afin d’instaurer entre elles un dialogue fructueux et de recourir à un double langage à une expression commune. Toutefois, Michel Houellebecq dépasse la simple évocation dans ses romans et déborde le commentaire critique pour s’établir comme le véritable artiste contemporain qu’il est. Le travail plastique du romancier assure à son œuvre littéraire un fonds créateur, des narrations spécifiques qui incluent le monde de l’art, et enfin augmente son projet livresque en lui accordant une résonance par le biais d’une autre expression.
Notes
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[1]
Michel Houellebecq, « Entretien », Métropolis, Arte, 5 juillet 2016 (mené à l’occasion de l’exposition de ses œuvres à la Biennale européenne d’art contemporain « Manifesta 11 » qui s’est tenue à Zurich du 11 juin au 19 sept. 2016).
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[2]
Id., La Carte et le Territoire, Paris, Flammarion, 2010 (désormais abrégé en CT et référencé dans le corps du texte avec le numéro de page).
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[3]
Procédé pictural qui consiste à faire s’égoutter la couleur par le fond percé d’un récipient que le peintre déplace au-dessus de son œuvre, obtenant ainsi coulures et giclures.
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[4]
Michel Houellebecq, H. P. Lovecraft : contre le monde, contre la vie, Monaco, éd. du Rocher, 1991 ; « L’acte initial, c’est le refus radical du monde tel quel » (« Entretien avec Jean-Yves Jouannais & Christophe Duchatelet », Art Press, n°199, fév. 1995, repris dans Michel Houellebecq, Interventions, Paris, Flammarion, 1998, p. 39).
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[5]
Voir Antoine Jurga, « L’entreprise de l’art dans le romanesque houellebecquien », in Michel Houellebecq à la une, dir. par Murielle Lucie Clément & Sabine van Wesemael, Amsterdam, Rodopi, 2011, p. 151-163.
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[6]
Michel Houellebecq, Rester vivant [exposition], Paris, Palais de Tokyo (23 juin-11 sept. 2016, commissaire Jean de Loisy). Le titre de l’exposition est tiré de l’essai de Michel Houellebecq Rester vivant : méthode (Paris, éd. de la Différence, « Littérature », 1991).
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[7]
« L’écrivain accomplit une fonction, l’écrivant une activité […]. Les écrivants, eux, sont des hommes “transitifs” ; ils posent une fin (témoigner, expliquer, enseigner) […] alors que pour l’écrivain, […] c’est tout le contraire : il sait bien que sa parole, intransitive par choix et par labeur, inaugure une ambiguïté […] » (Roland Barthes, « Écrivains et écrivants » [1960], Essais critiques, Paris, Seuil, « Points », 1981, p. 148, p. 151). La manière dont Michel Houellebecq use de l’expression artistique permet d’articuler le travail du texte de l’écrivain avec un mouvement explicatif où l’interaction redonne une fonction essentielle à la littérature.
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[8]
Michel Houellebecq, « Le carnet à spirales », Les Inrockuptibles, n°5, 1995, repris dans Interventions, op. cit., p. 84.
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[9]
Id., Rester vivant et autres textes [1991], Paris, EJL, « Librio », 1997, p. 26.
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[10]
« Un poète mort n’écrit plus. D’où l’importance de rester vivant » (ibid., p. 19).
-
[11]
Wim Delvoye, Série X-Ray [clichés radioscopiques de corps humains], 2001.
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[12]
Thomas Mann, La Montagne magique, trad. de l’allemand par Maurice Betz [1924], Paris, Librairie française générale, « Le livre de poche », 1991, p. 301.
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[13]
« […] il avait l’impression d’être en présence d’un puzzle » (CT, p. 288) ; « Il y avait là une cinquantaine de tirages sur papier glacé, de format A4. Chacun représentait un rectangle du plancher de la salle de séjour où avait eu lieu le meurtre, d’un peu plus d’un mètre de base » (ibid., p. 309) ; « Jed examina plusieurs des agrandissements, qui pour Jasselin se ressemblaient à peu près tous : des coulures, des lacérations, un puzzle informe » (ibid., p. 350).
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[14]
« Houellebecq prend donc ses distances par rapport à la représentation réaliste ; il pratique une sorte de post-réalisme » (Sabine van Wesemael, « Michel Houellebecq ; un auteur postréaliste », in L’Unité de l’œuvre, dir. par Sabine van Wesemael & Bruno Viard, Paris, Classiques Garnier, 2013, p. 330).
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[15]
« La première démarche poétique consiste à remonter à l’origine. À savoir : à la souffrance » (Rester vivant, op. cit., p. 9) ; « Revenez toujours à la source, qui est la souffrance » (ibid., p. 11).
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[16]
Charles Baudelaire, « Le navire glissant sur les gouffres amers », « L’Albatros », v. 4, Les Fleurs du mal, 2e éd., Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1861, p. 11.
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[17]
Voir Antoine Jurga, « Le corps au dehors : nouvelle convergence pour la littérature contemporaine », Orbis Linguarum, vol. 45, « Au carrefour des sens 2 », dir. par Jadwiga Cook & Tomasz Wyslobocki, avec la collaboration d’Edward Bialck, 2016, p. 227-239.
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[18]
Annie Ernaux & Marc Marie, L’Usage de la photo, Paris, Gallimard, 2005, p. 149 et n. 1.
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[19]
Michel Houellebecq, Rester vivant [catalogue d’exposition], Paris, Flammarion-Palais de Tokyo, 2016, p. 93.
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[20]
Voir Guillaume Nicloux, L’Enlèvement de Michel Houellebecq [images animées], Paris, Le Pacte ; Blaq out, 2014 ; Benoît Delépine & Gustave Kervern, Near Death Experience [images animées], Paris, Ad Vitam, 2015.
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[21]
Vanité ou composition, nature morte le plus souvent, évoquant les fins dernières de l’homme.
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[22]
« La tête de la victime était intacte, tranchée net, posée sur un des fauteuils devant la cheminée […] » (CT, p. 287-288).
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[23]
Marthe Robert, Roman des origines et origines du roman [Grasset, 1972], Paris, Gallimard, « Tel », 1981, p. 69.
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[24]
Louis-Ferdinand Céline, « Entretien avec Louis Pauwels », En français dans le texte, Radiotélévision française, 1961, [en ligne], disponible sur URL : http :www.lepetitcelinien.com, consulté le 31 déc. 2018.
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[25]
Michel Houellebecq, Rester vivant, op. cit., p. 11.
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[26]
Voir Michel Houellebecq, Soumission, Paris, Flammarion, 2015.
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[27]
Joris-Karl Huysmans rédige des chroniques d’art réunies sous les titres L’Art moderne [1883], Certains [1889] et Trois Primitifs [1905]. On peut y noter des textes sublimes sur les peintres Matthias Grünewald, Roger van der Weyden, Quentin Metsys ou Robert Campin (voir Écrits sur l’art, éd. par Jérôme Picon, Paris, Flammarion, « GF », 2008).
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[28]
Voir Charles Baudelaire, Curiosités esthétiques [1868] suivies de L’Art romantique [1852], éd. par Henri Lemaitre, Paris, Classiques Garnier, « Classiques jaunes », 2008.