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Article de revue

L’écrivain et les militaires

De l’expérience vécue à la création romanesque

Pages 9 à 22

Notes

  • [1]
    Pour la typologie des différents personnages de Vialatte, voir Alain Schaffner, Le Porte-plume souvenir. Alexandre Vialatte romancier, Champion, 2001 et « Les figures dans les romans », in Quoi de neuf ? Vialatte, Clermont-Ferrand, BMIU, 2004, p. 67-69. Dany Hadjadj, « Rêves de femmes. L’élaboration des mythologies féminines dans l’univers romanesque d’Alexandre Vialatte », in Alexandre Vialatte au miroir de l’imaginaire, « Littératures », Clermont-Ferrand, PUBP, 2003, p. 169-187 et « Les “mythologies” selon Vialatte », in Histoire(s) et Enchantements, Hommages offerts à Simone Bernard-Griffiths, « Révolutions et Romantismes » n°14, Clermont-Ferrand, PUBP, 2009, p. 661-675.
  • [2]
    Pierre Jourde, L’Opérette métaphysique d’Alexandre Vialatte, Champion, 1996.
  • [3]
    Bien que moins littéraire et plus difficile à manipuler, le terme « militaire » a été préféré à « soldat ». Il répond mieux aux situations analysées.
  • [4]
     Alexandre Vialatte, Le Fidèle Berger, Gallimard, 1942.
  • [5]
    Alexandre Vialatte, La Dame du Job, éd. Arléa, 1987, rééd. Le Livre de Poche, « Folio », 1990. Les numéros de pages entre parenthèses, précédés de DJ renvoient à cette réédition.
  • [6]
    Alexandre Vialatte, Les Fruits du Congo, Gallimard, 1951, rééd. « L’Imaginaire », 1991. Les numéros de pages entre parenthèses, précédés de FC renvoient à cette réédition.
  • [7]
    Voir Dany Hadjadj, « Le roman mirage. À propos de la création romanesque chez Alexandre Vialatte », in Vialatte et le roman, Cahiers Alexandre Vialatte, n° 26, 2001.
  • [8]
    Alexandre Vialatte/Jean Paulhan, Correspondance 1921-1968, édition établie par Denis Wetterwald, Julliard, 1997.
  • [9]
    Correspondance Alexandre Vialatte/Henri Pourrat, 1939-1946, sous la direction de Dany Hadjadj, Clermont-Ferrand, PUBP., 5 vol. parus
  • [10]
    Correspondance Alexandre Vialatte/Henri Pourrat, Lettres de collège (1916-1921), présentées par Dany Hadjadj, Clermont-Ferrand, PUBP, 2001, Annexe I : « Origines », p. 225.
  • [11]
    Voir Lettres de collège, op. cit., p. 239-240.
  • [12]
    Alexandre Vialatte, Battling le ténébreux, Gallimard 1928, « L’Imaginaire » 1982. Les numéros de pages entre parenthèses, précédés de BT renvoient à cette réédition.
  • [13]
    Le Grand Chaos. Misère des années de guerre. Correspondance Vialatte-Pourrat, 1939-1946 PUBP, à paraître.
  • [14]
    Les nombreux fragments de chants militaires et les allusions à ceux-ci, ne pourront être étudiés ici faute de place.
  • [15]
    Alexandre Vialatte/Jean Paulhan, Correspondance 1921-1968, op. cit., p. 37.
  • [16]
    Le portrait et le poème apparaissent dans Sur la route de Mandalay. Poèmes, Cahiers Alexandre Vialatte, n°14, 1987, p. 105.
  • [17]
    Correspondance Alexandre Vialatte / Henri Pourrat, février 1922-avril 1924, Lettres de Rhénanie I, Clermont-Ferrand, PUBP 2003, p. 118 et n. 3 à 8.
  • [18]
    Alexandre Vialatte, La Complainte des enfants frivoles (publication posthume), « Le Dilettante », 1999, p. 243.
  • [19]
    Voir n. 1.
  • [20]
    Voir Alain Schaffner, « La Dame du Job d’Alexandre Vialatte ou le récit d’enfance à l’école du vertige », in L’Ère du récit d’enfance, textes rassemblés et présentés par Alain Schaffner, Artois Presses Université, 2005.
  • [21]
    Ernest Psichari (1883-1914), Le Voyage du centurion, L. Conard, 1916, transposition de son expérience d’officier et de son évolution spirituelle.
    Pierre Vialatte par sa part connut une crise religieuse profonde avant de s’engager dans l’armée, selon certaines lettres à Pourrat.
  • [22]
    Sur la caractérisation des Fruits du Congo comme récit poétique, voir Dany Hadjadj, « La dynamique de l’espace dans Les Fruits du Congo d’Alexandre Vialatte », in L’Histoire et la géographie dans le récit poétique, études rassemblées par S. Coyault, Clermont-Ferrand, P. U. B. P., Cahiers de recherche du CRLMC, 1997, p. 323-343.
  • [23]
    Dany Hadjadj, « Préambule à la littérature de sanatorium. Lire l’épilogue des Fruits du Congo d’Alexandre Vialatte », Écrivains découvreurs de montagne : Littérature de sanatorium, Cahier n°3, Éditions du Rouergue, 2000, p. 69-79.

1 Les études consacrées à l’univers romanesque d’Alexandre Vialatte ont souvent insisté sur la richesse des personnages qui l’habitent, mettant en lumière l’originalité de certaines figures propres à l’écrivain. Figures imprévues, nées d’images qui prennent vie pour devenir « ces créatures mythologiques » [1] qui commandent le destin des « enfants obstinés », comme la Dame du Job, la grande négresse ou Monsieur Panado. Figures excentriques, où se côtoient humour, burlesque et fantastique, tels le pharmacien, l’éducateur impuissant, le maniaque ou le satyre [2]. Ces études ont surtout souligné l’importance d’une figure traitée de manière plus classique et donnée pour réaliste, celle de l’adolescent, protagoniste de la plupart des romans.

2 En revanche aucune analyse n’a abordé la figure du militaire [3] pourtant très présente. Curieux oubli que l’on tentera de réparer en examinant l’importance des militaires dans la vie de l’écrivain et dans sa création, à partir des emprunts ponctuels mais fréquents qu’il fait à leur monde pour édifier le décor de ses romans. On analysera surtout la « transsubstantiation » du militaire réel en héros romanesque au sein d’univers improbables.

3 On écartera de cette étude Le Fidèle Berger[4], le seul roman de guerre à proprement parler, qui exigerait une étude autonome, ce qu’interdit la contrainte imposée ici : se limiter en priorité à deux ouvrages de fiction, La Dame du Job[5] et Les Fruits du Congo[6].

4 Le premier, auquel Vialatte a longtemps travaillé [7], en 1943 surtout, comme le révèlent les correspondances échangées avec Paulhan [8] et Pourrat [9], n’a pas été publié du vivant de l’auteur, qui l’estimait inachevé. En revanche, Les Fruits du Congo paraissent en 1951 et marquent la fin de son entreprise romanesque.

5 L’importance des militaires et de leur monde dans les romans de Vialatte ne saurait surprendre. Pour l’écrivain, ceux-ci font partie des données immédiates d’une riche expérience familiale. On les trouve chez ses ascendants paternels, dont une branche a suivi, depuis un siècle, la carrière des armes. Il y a d’abord le grand-oncle, un ancêtre perçu par l’enfant comme prestigieux :

6

Saint-cyrien, capitaine de chasseurs, qui fera la campagne de Crimée et participera à la bataille de Solférino puis à la campagne du Mexique [10].

7 À cet Alexandre Vialatte (1831-1902), premier du nom, l’écrivain doit son prénom de conquérant mais aussi des anecdotes guerrières qui ont nourri ses rêves d’enfant. Il y a ensuite le père, Michel Vialatte (1870-1964), capitaine au 138e Régiment d’Infanterie, dont la carrière militaire fut courte et peu glorieuse : il abandonna l’armée peu avant la guerre de 14, en raison de troubles nerveux, ce qui le condamna à vivoter comme modeste « employé du Gaz ». Les Ambertois, ses compatriotes parmi lesquels il se retira, comprirent mal ce qui fut considéré comme une sorte de défection, à une époque de patriotisme bruyant. Alexandre se montra cependant un fils attentionné à l’égard de ce père fragile, qui veilla pourtant avec exactitude sur l’éducation de ses fils, leur inculquant des valeurs fondamentales : rigueur, acceptation des hiérarchies, respect de la parole donnée, aspects souvent éclipsés par la légende vialattienne qui se plaît à magnifier chez l’écrivain la seule fantaisie en oubliant la rigueur.

8 C’est sans doute aussi aux déplacements de son père, de garnison en garnison, qu’il doit son goût du mouvement. Toujours il se dira « nomade ». Les déplacements du capitaine Vialatte furent pourtant limités à la France : Magnac-Laval(86) où naquit Alexandre « par inadvertance », dira-t-il, loin de l’Auvergne de tous ses ancêtres, Toulouse, puis Le Puy. Une vie que rythmaient parades militaires, fanfares et sonneries de clairon, au milieu des chevaux et des hommes en uniforme.

9 Dans sa famille, parmi ceux de sa génération, figurent aussi des militaires : le colonel Gros-Coissy, frère de sa femme Hélène et surtout Pierre, son propre frère. Celui-ci, son aîné de deux ans, fut le compagnon de toutes ses aventures d’adolescent, un double moins doué scolairement qu’Alexandre mais plus énergique et plus hardi. Au sortir du collège de Dole, Pierre intégra l’armée et choisit, après sa formation, l’Infanterie de marine, courant le monde sur les routes de l’empire colonial. Vialatte suivit de loin, mais toujours avec admiration, la carrière de ce baroudeur, qui devint capitaine puis chef de bataillon, couvert de citations et de médailles. C’est ce frère aimé et admiré qui va lui fournir le modèle du sous-officier de la coloniale à peine esquissé dans La Dame du Job mais placé en pleine lumière dans Les Fruits du Congo.

10 À l’instar de son frère, Alexandre a sans doute été tenté par une carrière militaire, permettant de conjuguer aventures lointaines et écriture. On a beaucoup glosé sur son désir de préparer Navale, lorsqu’il intégra une classe préparatoire d’excellence à Sainte-Geneviève (Versailles), et sur l’impossibilité de mettre à exécution ce projet mirifique en raison d’un accident à l’œil. Faute de preuves très explicites, on peut douter de la fermeté d’une telle vocation [11]. Ainsi voit-on se dessiner au seuil de leur vie adulte la destinée des deux frères -le militaire et l’écrivain- qui semblent choisir des chemins divergents, qui pourtant se croiseront au cœur des univers romanesques créés par Alexandre.

11 Rappeler ces éléments biographiques ne saurait faire croire que Vialatte ne possède de la vie militaire qu’une vision réfractée. Né en 1901 , il a connu deux guerres et a été mobilisé en 1939.

12 À la fin de ses années de collège, appartenant à la classe 21, il échappe « de justesse » à la mobilisation. Mais comme tous les jeunes gens de son âge sur qui « plane l’ombre des camarades disparus » [12], il sera marqué par la guerre de 14-18, que rappelle encore la présence des troupes d’occupation qu’il côtoie durant son séjour en Rhénanie( 1922-1927). Les lettres d’alors évoquent souvent les soldats en cantonnement au bord du Rhin ou ceux avec qui il part en permission dans les trains qui le ramènent vers la France.

13 Quant à la guerre de 39-45, il va la vivre au quotidien, dans toute son absurdité, puis dans toute son horreur. Mobilisé à Clermont-Ferrand, il est affecté comme « Conducteur à la 420e Compagnie du Train Hippomobile » et part pour l’est. Il s’accommode sans aigreur de sa situation de simple soldat et c’est parmi les hommes les plus humbles, au milieu des chevaux, « ses bourrins », dont il parle avec sympathie, qu’il va connaître successivement, la « drôle de guerre », la débâcle, marche infernale vers le sud, puis la captivité. Ces événements terribles, que rendent plus insupportables ses pieds malades et ses dents douloureuses, vont le jeter dans une grave dépression nerveuse qui aboutit à une tentative de suicide. De telles épreuves, redoutables mais sans gloire, lui révèlent une autre image du militaire, celle d’un être défait, détruit par une guerre absurde qui l’atteint dans son âme même. Comme pour se laver de cette expérience angoissante et exorciser les peurs qui grouillent encore en lui, dès 1942 [13], en quelques courtes semaines, il vomit d’un coup l’histoire du fidèle Berger, cet autre lui-même, histoire tragique où la guerre se dissout dans la folie.

14 Ces expériences personnelles, ne pouvaient manquer de transparaître dans certains de ses romans. Même si ces derniers échappent à une écriture biographique proprement dite, ils utilisent des éléments du réel, fondés sur une connaissance intime de la vie militaire, que l’écrivain soumet à une sorte de surréalité très personnelle, qui permet de pénétrer les arcanes de sa création romanesque.

15 Depuis l’enfance, la mémoire de Vialatte conserve le souvenir de toutes sortes d’objets, d’images et de chants [14] associés à la vie des soldats. De ce bric-à-brac jaillissent spontanément des éléments décrits en des termes souvent inattendus, comme pour eux-mêmes, ce qui établit une curieuse parenté entre le roman vialattien et le roman objectal.

16 Le premier objet militaire à remplir un véritable rôle romanesque, c’est le clairon de Battling, un instrument de musique étroitement associé à la vie militaire, à la parade comme au champ de bataille, un instrument familier rapporté par nombre d’anciens soldats, après la guerre de 14. L’écrivain place cet objet symbolique au centre de la vie des adolescents et lui attribue une importance telle qu’il a même envisagé de le faire figurer dans le titre primitif de son roman (lettre à Paulhan du 8 janvier 1928 ):

17

J’écris autre chose : Le clairon des enfants solitaires[15].

18 Vialatte fait du clairon, instrument emblématique des militaires et surtout des régiments coloniaux, le symbole du lien entre l’armée et les civils, entre deux générations surtout : les anciens militaires et les adolescents, encore tentés par l’armée, durant la période difficile de l’après-guerre. Ainsi Baladier/Rétine, le répétiteur, naguère soldat dans les troupes coloniales, donne des « leçons de musique militaire » à Battling, le jeune homme qui veut fuir dans l’armée le mal être qui l’accable. Tentative vaine, Battling se suicide. Mais il confie à Manuel, rival aimé et détesté, son seul bien, son clairon, présent ambigu et précieux, objet d’un véritable culte :

19

Rétine/Balandier pressait solennellement le clairon tout neuf aux pompons tricolores que Battling lui offrait comme l’encens à un dieu (BT, 138).

20 L’écrivain fait de ce clairon, entre les mains de Manuel, un instrument de conte fantastique doué d’une vie diabolique :

21

Je crois que Battling pour se venger m’a légué son âme avec ce clairon impossible (BT, 213).

22 « Clairon impossible », « clairon inadmissible », l’association curieuse du concret et de l’abstrait au sein d’un même syntagme – très caractéristique de l’écriture de Vialatte – consacre la transformation d’un objet emblématique en un objet quasi abstrait, improbable mais malfaisant.

23 Plus encore que des objets réels, ce sont des représentations, souvent traitées de façon inattendue, qui envahissent les univers créés par Vialatte et contribuent à leur charme un peu kitsch. Les images y sont omniprésentes. On ne saurait s’en étonner, le romancier a toujours apprécié les merveilles de l’iconographie populaire, très riche dans le domaine militaire. Enfant déjà il aimait les illustrations qui, au-delà des traditionnelles images d’Épinal, fleurissaient dans les journaux illustrés, les almanachs et les catalogues, sur les affiches bariolées, les photographies et les chromos en série.

24 « Enfant amoureux de cartes et d’estampes », Vialatte fort doué pour le dessin croquait volontiers… des militaires, tel ce « sergent Bobillot » qui aurait pu illustrer un de ses poèmes de jeunesse : « Pour le sergent qui revient de Syrie », écrit le 17 janvier 1921, à une époque où l’armée coloniale était pour lui un lieu d’investissement imaginaire privilégié [16].

25 Parmi ces représentations iconographiques de militaires, qu’il suffise d’analyser la manière dont fonctionnent le « poilu » et le « zouave », les deux figures emblématiques du soldat au début du xx e siècle.

26 Le poilu, qui apparaîtra dans Battling, est bien connu du jeune Vialatte qui écrit à Pourrat (Strasbourg, 8 mai 1922) :

27

[…] Je me repose les yeux sur les vrais poilus bleus ou kaki qui remontent, résignés, sur le Rhin, pépères, costauds et tranquilles, traînant la godasse et déclarant qu’ils en ont marre et roulant les Frigolins (sic) avec le sourire de Barnavaux [17].

28 Mais dans son premier roman, il prend ses distances par rapport à cette description exacte du poilu, pour en proposer une vision distanciée, celle qu’incarnent les statues du sculpteur Chougoueyrand, destinées aux monuments aux morts de diverses municipalités :

29

l’Art ?… – Y s’en foutent. Y veulent leur poilu. […] Tu fignoles les molletières, les boutons, le sac, la musette, la grenade du casque ; servez chaud, c’est du pain vendu (BT, 150).

30 Le poilu du roman n’est donc pas donné pour un poilu véritable, c’est une effigie de poilu qui figure parmi des statues « en série » fabriquées par un sculpteur opportuniste auquel Vialatte attribue son propre humour, décapant et irrévérencieux :

31

Chougoueyrand faisait de la sculpture à haute voix […].
– Majorité réactionnaire ? J’offre le modèle n°4, le poilu debout, invincible, victorieux. Majorité rouge ? Je préconise le soldat mourant, le cadavre, la guerre sans compassion (BT, 151).

32 Au poilu, ce mort gris et froid qu’il représente figé dans le bronze des statues obligées, Vialatte préfère les militaires en pantalon rouge – couleur de la gloire et du sang – des régiments coloniaux, zouaves et spahis dont la silhouette colorée et l’allure martiale restent associées dans sa mémoire aux images d’Épinal et aux défilés de l’enfance. Plus que le spahi dont il saisit pourtant l’image fugitive dès La Complainte des enfants frivoles :

33

Voici le calendrier de 1912 où les spahis passent l’oued sur un couchant rouge [18],

34 c’est le zouave qui le séduit.

35 L’apparition de ce soldat coloré et brillant fonctionne comme un sésame des mondes élaborés par Vialatte. Le zouave, seul ou en groupe, apparaît sur des supports multiples, indissociables de la vie quotidienne au temps de sa jeunesse : calendriers – objets fétiches de l’écrivain –, vignettes, affiches, images, tableaux, boîtes ou plumiers par exemple, représentations d’époque qui vont subir des traitements divers.

36 Le zouave peut ainsi fonctionner dans La Dame du Job comme simple élément décoratif. Il apparaît seul sur la « vignette » du « zouave du Job », remplissant sa fonction publicitaire. À l’instar de la Dame du Job, il célèbre l’usage du tabac, fonction de prestige pour Vialatte, fumeur impénitent. Les adolescents de Battling avaient même fait de cette allégorie un personnage quasi vivant :

37

L’existence acquérait une épaisseur particulière ; l’amitié, la conversation, la belle humeur, le zouave du Job lui donnait une saveur nourrissante (BT, 18).

38 L’écrivain peut aussi le présenter au sein d’un groupe emblématique : les zouaves de la guerre de Crimée, en particulier à travers « la charge des zouaves à Malakoff », si souvent représentée à l’époque, clin d’œil au grand ancêtre qui a nourri ses rêves d’enfant. Cette scène apparaît, dès 1927, sur un tableau, qui orne la chambre où se trouve le lit de mort du père Larrache. Mais le tableau ne fonctionne pas comme simple élément décoratif extérieur, les zouaves de Malakoff (donnés sans guillemets) entrent déjà dans la scène mortuaire, grâce à une préposition ambiguë :

39

Il revoyait la mort solennelle du père Larrache sous les zouaves de Malakoff (BT, 85).

40 L’écrivain peut intégrer plus profondément encore les représentations du zouave dans son univers romanesque, grâce à de curieuses mises en abyme. Une scène dramatique de La Dame du Job, d’abord présentée comme réaliste :

41

Au-dessus du Caporal, il y avait Ange, l’arme fumante et pâle comme la mort. Le lieutenant de Briffoul était tourné vers lui. Le corps de Crégut gisait entre eux (DJ, 69).

42 est ensuite soumise à un processus de déréalisation grâce à un jeu de comparaison (« on aurait dit ») :

43

On aurait dit l’image de mon plumier qui représentait une scène des zouaves à Malakoff.

44 À la scène initiale se substitue par le truchement du plumier – objet d’enfance –, la scène guerrière des zouaves à Malakoff, l’écrivain mettant en évidence la confusion qui s’instaure dans l’esprit des deux enfants incapables de distinguer le réel de l’imaginaire. L’identification du zouave, qui n’est pas toujours explicitement nommé, peut même être liée à la seule présence d’un attribut vestimentaire typique : le pantalon rouge, comme dans cette autre scène de La Dame du Job :

45

Et il [Ange] rentra dans la maison avec cette chemise à petits carreaux et cet immense pantalon rouge, qui simplifiant sa couleur et sa ligne, lui donnaient le poids symbolique d’un personnage des images d’Épinal (DJ, 43).

46 L’écrivain procède à un curieux glissement du soldat vers sa représentation légendaire, qui finit par l’absorber.

47 De tels phénomènes de contamination si typiques peuvent même s’appliquer à un régiment entier, comme dans ce fragment des Fruits du Congo où à la coloniale aperçue par Frédéric sur une image de l’Illustration se substitue l’apparition du régiment lui-même :

48

[…] puis soudain, en tournant une page, la marsouille s’avança précédée d’un drapeau.
C’était même plus beau que sur l’image. C’était la coloniale amoureuse du vin rouge, la coloniale, qui a deux rangées de boutons et pas de tambour […] (FC, 346).

49 L’utilisation fréquente de l’iconographie militaire permet donc à Vialatte de donner à ses univers romanesques une originalité fondée sur l’étrange confusion entre les images et les personnages, qui atteindra sa perfection dans la création des figures mythologiques [19].

50 Au-delà d’une riche iconographie, le monde des militaires fournit à Vialatte des éléments pour créer certains des personnages de La Dame du Job et des Fruits du Congo. Il peut s’agir de figures secondaires comme dans la première partie de La Dame du Job, ces militaires en garnison sommairement présentés, repérables à leur grade, sortes de figurines d’un jeu de soldats de plomb : « le commandant Percier » ou « Ange son ordonnance », « le colonel de Briffoul » et le « caporal Crégut » qui n’apparaît que pour mourir. Vialatte fait de ceux-ci, sous le regard de ses jeunes héros qui donnent des événements « une version enfantine », de simples marionnettes entre les mains d’Éliane, « la belle dame », jusqu’à ce que l’opérette légère tourne au mélodrame avant de se muer en drame mortel, lors de la méprise tragique du champ de tir.

51 Mais Vialatte emprunte aussi au monde des militaires, les protagonistes de ses deux derniers romans. Contrairement aux jeunes gens de La Complainte et de Battling, qu’il rend incapables de survivre à leur adolescence et qu’il condamne au suicide, l’auteur donne aux héros de La Dame du Job et des Fruits du Congo la possibilité d’avoir une vie d’homme en les faisant accéder à la carrière militaire. On aurait pu penser qu’un tel choix, survenant après une expérience personnelle de la guerre et après la disparition de Pierre, allait conduire l’écrivain à écrire de vrais romans de guerre. Or il n’en est rien, puisqu’il choisit de faire de l’adolescence et de la vie militaire, les versants inséparables d’une même destinée.

52 Ce choix aurait pu induire une structure romanesque traditionnelle, fondée sur la seule chronologie. Or Vialatte choisit au contraire d’entrelacer l’aventure militaire à l’aventure adolescente, cultivant entre elles une savante confusion. Ceci explique sans doute que la critique n’ait pas fermement distingué le personnage du militaire de celui de l’adolescent considéré comme dominant.

53 Cette curieuse interpénétration des époques commande la structure souvent très floue des deux romans, qui peuvent se lire comme un jeu subtil fondés sur la structure du labyrinthe.

54 La Dame du Job repose, en apparence, sur une organisation en deux parties qui semblent introduire une successivité banale. La première, « L’école du vertige » se donne pour un récit d’enfance [20] qu’on peut lire de manière indépendante tandis que la seconde, « Le Champ de Tir », évoque des épisodes vécus par l’enfant de jadis devenu soldat et pris dans une guerre incompréhensible, le basculement d’une partie à l’autre se faisant d’une manière brutale et elliptique. Pourtant il existe des liens entre l’aventure d’enfance et l’aventure militaire.

55 Le monde des soldats est présent dès la première partie ; on y voit deux enfants au milieu de militaires en garnison dont ils observent avec curiosité les jeux ambigus d’amour et de mort, tout en s’inventant leurs propres jeux, des jeux initiatiques tendus vers l’espace typiquement militaire du « champ de tir », « zone incroyable » dévolue aux exercices et où se dresse l’auberge, tabernacle de la mystérieuse Dame du Job.

56 Ce monde, présent dans la première partie qui s’achève sur une mort tragique, est au cœur de la seconde, où la guerre est mise en scène. Celle-ci se déroule sur le plateau du « champ de tir » où le « sergent Lamourette », en opérations, finit par reconnaître le « pays de son enfance », au sein duquel il se trouve condamné à une étrange errance, ponctuée par des apparitions de la Dame du Job de ses jeunes années.

57 Quant aux Fruits du Congo – trois parties et un épilogue dont les contours restent flous –, ils offrent une organisation romanesque moins rigide, plus originale et plus complexe : dans le récit des aventures mi-vécues mi-rêvées de l’adolescent, surgit, en fragments dispersés, l’aventure militaire. Celle-ci n’est pas évoquée par le héros mais mise à distance par le narrateur, son ami de jeunesse, qui tente de reconstituer des faits et des rêves qui ne lui appartiennent pas. Ainsi l’aventure militaire, éclatée, se glisse dans l’aventure adolescente et lui donne une nouvelle profondeur.

58 La première partie « Les Îles », entièrement consacrée à la quête de Fred, adolescent rêveur lancé à la recherche de Dora, n’offre que de très rares indices de la vie militaire à venir : des chants de soldats et cette espèce de jeu verbal, plusieurs fois repris, qui s’instaure entre l’adolescent et son oncle :

59

– soldatssss dit-il […] – Du haut de ces pyramidessss… répondit Fred » (FC, 279).

60 En revanche, la seconde partie construite autour du personnage de la Grande Négresse est saturée de signes qui renvoient à la conquête coloniale et apparaissent aussi dans la troisième partie  où l’aventure adolescente se poursuit. Ces éléments inspirés de guerres, glorieuses aux yeux de l’écrivain, naissent des jeux d’une imagination juvénile mise en effervescence par des univers de papier. Des livres : les récits de Psichari et Lyautey, Le Voyage du centurion[21], qui accompagne Fred lorsqu’il va s’engager (FC, 283) mais aussi des images comme celle d’une rizière d’Indochine sur laquelle reste ouvert le livre de géographie : « et cette page 208… et cette rizière » (FC, 342) qui révèle, à travers une énigme, le départ de Fred. Mais il y a surtout l’affiche emblématique de la grande négresse, support de l’injonction décisive :

61

Jeunes Français, engagez-vous, Rengagez-vous dans l’armée coloniale (p. 142).

62 Le romancier fait accéder à la vie cette Dame de papier , « piège d’or des racoleurs », « idole noire » des adolescents , à travers l’évocation des chants de la coloniale : « Les filles de Louang Prabang » ou « La chanson de Kipling », et surtout en créant de véritables poèmes en prose, complets ou fragmentaires, fondés sur de somptueuses images auréolées des fastes de l’exotisme.

63 Si l’écrivain procède à de constants brouillages pour présenter le temps de l’adolescence et celui de la vie militaire, il donne néanmoins à ce dernier dans chacun des deux ouvrages une originalité propre. On peut la saisir à travers la création de deux univers romanesques très différents, organisés à partir de données biographiques – impressions plus qu’événements – qui transparaissent en filigrane mais dont le romancier donne toujours une interprétation fantasmée.

64 La seconde partie de La Dame du Job laisse deviner sous une forme confuse des éléments relatifs à la dernière guerre telle que l’a vécue le Conducteur Vialatte, grâce à des mots, « l’argot de 18 » ou le lien entre les guerres :

65

Au moment en 18, où ils allaient partir – on ne les avait formés que pour ça –, où on les lançait dans la guerre, elle était partie à reculons […]. Cette fois le train était parti […]. C’était celui de 18 avec vingt ans de retard (DJ, 84),

66 des paysages empruntés à ceux qu’évoque une lettre à Hélène du 15 juin 1940 : « tant de beaux paysages, de cols, de sapins, de brouillards » ou encore des éléments récurrents : « pli à remettre », « mission impossible », respect de la « consigne », « secret », qui obsèdent toujours l’écrivain et composent dans La Dame du Job une sorte de version simplifiée du Fidèle Berger.

67 Quant aux Fruits du Congo, ils sont construits autour des guerres coloniales, idéalisées, notées déjà dans La Dame du Job. Pour mesurer l’influence de la vie de Pierre, le militaire, sur Alexandre l’écrivain, il suffit de confronter, son « Livret matricule d’officier » où sont énumérées ses différentes campagnes : Syrie, Cilicie, Tonkin, Levant, Maroc, Tunisie, Algérie et Sénégal, aux marches attribuées par l’écrivain au Caporal Frédéric Lamourette, son héros, sur les routes de l’empire vers l’Indochine, perçue à travers une simple chanson :

68

Or, « Or les filles de Louang Prabang sont les plus belles de la terre ». C’est une chanson d’Indochine (FC, 133)

69 le Levant :

70

L’Antiliban était couvert de neige. Les déserts de l’Asie s’étendaient au soleil. Le Régiment colonial de Marche du Levant s’y couvrit de gloire et de poussière (FC, 381),

71 et jusqu’en Afrique, continent des « fruits du Congo » et de « la piste de D. », indication allusive pour désigner la piste du Sénégal où Pierre « a pris son mal », la tuberculose, qui le conduira dans un sanatorium du Plateau d’Assy, avant de l’emporter.

72 Au cœur des deux romans, des guerres si différentes, même si elles sont évoquées avec discrétion, contribuent à l’originalité des récits poétiques qu’elles inspirent : le récit fantastique de La Dame du Job et le récit héroïque des Fruits du Congo, élaborés à travers une savante poétique de l’espace. Chaque récit présente une aventure qui se déroule entre deux passages obligés : l’entrée dans le monde de la guerre et la mort inévitable du héros, qui marquent les bornes de chaque récit poétique [22]. Dans La Dame du Job, le « péage sanglant » associé à des lieux marquant la notion de transition : « passage », « pont » ou « col », dont le commentaire est révélateur :

73

Nous étions arrivés au col et je croyais voir l’envers du monde (DJ, 72).

74 Dans Les Fruits du Congo le passage vers l’armée est plus flou : un départ sur la mer, orchestrée par la grande négresse.

75 La mort, le second passage, se trouve pour sa part euphémisée. Très présente dans la seconde partie de La Dame du Job, à travers les apparitions étranges des soldats tués et celles de la mystérieuse Dame, déesse mortifère, elle se réduit, dans sa phase ultime, à un face-à-face, dont l’issue n’est pas montrée, avec une femme que le héros ne parvient pas identifier :

76

Il vit ces deux yeux solennels venir vers lui du fond de l’ombre, du fond de son passé le plus lointain à la recherche de son âme immortelle (DJ, 126).

77 Pour sa part, l’épilogue des Fruits du Congo orchestre magnifiquement l’agonie du caporal Lamourette [23] grâce à une sorte de conte fantastique. Dans la blancheur immaculée des montagnes, un étrange traîneau le conduit jusqu’au plus haut sommet « vers l’auberge où la grande négresse prend enfin dans ses bras ses enfants éblouis » (FC, 413).

78 Entre ces deux péages symboliques, Vialatte organise la destinée de ses héros à travers des métaphores de la marche, activité révélatrice du quotidien des sous-officiers d’infanterie.

79 La marche du sergent Lamourette dans La Dame du Job, a pour cadre des endroits familiers du « pays d’enfance » : « le Champ de Tir », le « plateau », espace symbolique des guerres, les « prés », les « chemins creux ». Pourtant ce sont les « méandres » d’une marche hésitante entre rêve et réalité que retiennent l’écrivain pour le récit d’une mission quasi impossible. Il élabore un récit fantastique au pays de la mort rendue palpable par la transfiguration des têtes de soldats tués, prises dans d’étranges défilés, mêlées aux apparitions imprévisibles de la Dame du Job, « vivandière née dans la zone du champ de tir ». L’espace et le temps se brouillent. La marche tâtonnante devient errance dans d’étranges « labyrinthes ». « Sortilèges », « vertige », « rêve », tels sont les maîtres mots d’une aventure qui se déroule dans un monde flou, en gris et en blanc, où règnent « la poussière », « le nuage », « la nuit », « le brouillard », puis « le songe et la fumée », avant-coureurs de la mort. Le monde de la guerre réinterprétée devient le monde des sortilèges.

80 À la marche hésitante du héros de La Dame du Job, l’écrivain oppose, dans les Fruits du Congo, la marche triomphale de Fred, qui avance au rythme martial des défilés de la marsouille. L’écrivain balise l’avancée du soldat sur « les routes du monde », les « pistes » ou les « dunes » par le simple jeu de toponymes dont l’exotisme est source de rêve, comme « Indochine », « Liban » ou « Congo ». Il distend l’espace colonial jusqu’aux limites de la terre, sous les yeux de l’adolescent prêt à partir, grâce à la métamorphose de la grande négresse, allégorie de la colonisation triomphante :

81

Ses épaules occupaient tout le ciel, et sa tête se confondait avec le gros nuage noir, et ses pieds nus faisaient craquer le monde (FC 294)

82 Celle-ci à la fois « maternelle, terrible et ténébreuse » illustre à ses yeux la splendeur et l’attrait des guerres coloniales, mais aussi leurs dangers. Il la fait apparaître dans un déferlement d’images, dans une lumière éblouissante, « soleil » et « sable », « vergers de la négresse » et « fruits du Congo ». Par son intercession, l’écrivain magnifie la guerre et la métamorphose. Elle se change en un jeu d’enfant grâce à l’image de la « kermesse », mais les fruits qu’on lance, « les grenades », terme au sémantisme ambigu, sont aussi armes de guerre et le jeu devient mortel.

83

La grande négresse riait dans le ciel et jetait ses citrons à pleines mains. Ils éclataient comme des grenades, et elle riait à s’en fendre la bouche […]. Puis, au plus fort de sa kermesse, elle balança tout ce qui restait dans un fracas épouvantable juste au-dessus de la troisième section (p. 381).

84 Le personnage mythique, maîtresse du soldat, permet de dire la destinée de Fred :

85

[…] il n’avait pas cessé d’être à son service exigeant, sur toutes les routes du monde, le centurion [le terme de Psichari réapparaît] qui mène les enfants du mirage à la conquête de leurs vices et de leurs vertus, à tous les rendez-vous de la mort et du vin rouge (FC, 410).

86 Grâce à ce récit héroïque éclaté dans l’ensemble du roman, Vialatte écrit une épopée poétique à la gloire des soldats de la coloniale et de son baroudeur de frère. Ainsi rend-il un brillant hommage à son compagnon d’enfance, à ce militaire disparu depuis peu, dont il fait, pour la postérité,

87 le terrassier, le mercenaire, le pirate et le chamelier de l’empire (FC, 410).

88 Souvent considérés seulement comme des romans de l’adolescence chimérique, La Dame du Job et Les Fruits du Congo mettent aussi en scène des militaires et leur monde. Mêler la destinée du militaire à celle de l’adolescent au sein d’un même héros, est une innovation romanesque née de la vie même de Vialatte, qui vient d’affronter deux expériences tragiques et toujours obsédantes : celle de la guerre et celle de la mort de son frère Pierre.

89 C’est donc par la création romanesque qu’il tente d’apprivoiser ces événements, source d’angoisse, en les transfigurant par les artifices d’une écriture dominée au service de récits poétiques brillants qui inventent d’étranges univers au sein desquels la guerre insupportable finira peut-être par devenir « habitable ».

Notes

  • [1]
    Pour la typologie des différents personnages de Vialatte, voir Alain Schaffner, Le Porte-plume souvenir. Alexandre Vialatte romancier, Champion, 2001 et « Les figures dans les romans », in Quoi de neuf ? Vialatte, Clermont-Ferrand, BMIU, 2004, p. 67-69. Dany Hadjadj, « Rêves de femmes. L’élaboration des mythologies féminines dans l’univers romanesque d’Alexandre Vialatte », in Alexandre Vialatte au miroir de l’imaginaire, « Littératures », Clermont-Ferrand, PUBP, 2003, p. 169-187 et « Les “mythologies” selon Vialatte », in Histoire(s) et Enchantements, Hommages offerts à Simone Bernard-Griffiths, « Révolutions et Romantismes » n°14, Clermont-Ferrand, PUBP, 2009, p. 661-675.
  • [2]
    Pierre Jourde, L’Opérette métaphysique d’Alexandre Vialatte, Champion, 1996.
  • [3]
    Bien que moins littéraire et plus difficile à manipuler, le terme « militaire » a été préféré à « soldat ». Il répond mieux aux situations analysées.
  • [4]
     Alexandre Vialatte, Le Fidèle Berger, Gallimard, 1942.
  • [5]
    Alexandre Vialatte, La Dame du Job, éd. Arléa, 1987, rééd. Le Livre de Poche, « Folio », 1990. Les numéros de pages entre parenthèses, précédés de DJ renvoient à cette réédition.
  • [6]
    Alexandre Vialatte, Les Fruits du Congo, Gallimard, 1951, rééd. « L’Imaginaire », 1991. Les numéros de pages entre parenthèses, précédés de FC renvoient à cette réédition.
  • [7]
    Voir Dany Hadjadj, « Le roman mirage. À propos de la création romanesque chez Alexandre Vialatte », in Vialatte et le roman, Cahiers Alexandre Vialatte, n° 26, 2001.
  • [8]
    Alexandre Vialatte/Jean Paulhan, Correspondance 1921-1968, édition établie par Denis Wetterwald, Julliard, 1997.
  • [9]
    Correspondance Alexandre Vialatte/Henri Pourrat, 1939-1946, sous la direction de Dany Hadjadj, Clermont-Ferrand, PUBP., 5 vol. parus
  • [10]
    Correspondance Alexandre Vialatte/Henri Pourrat, Lettres de collège (1916-1921), présentées par Dany Hadjadj, Clermont-Ferrand, PUBP, 2001, Annexe I : « Origines », p. 225.
  • [11]
    Voir Lettres de collège, op. cit., p. 239-240.
  • [12]
    Alexandre Vialatte, Battling le ténébreux, Gallimard 1928, « L’Imaginaire » 1982. Les numéros de pages entre parenthèses, précédés de BT renvoient à cette réédition.
  • [13]
    Le Grand Chaos. Misère des années de guerre. Correspondance Vialatte-Pourrat, 1939-1946 PUBP, à paraître.
  • [14]
    Les nombreux fragments de chants militaires et les allusions à ceux-ci, ne pourront être étudiés ici faute de place.
  • [15]
    Alexandre Vialatte/Jean Paulhan, Correspondance 1921-1968, op. cit., p. 37.
  • [16]
    Le portrait et le poème apparaissent dans Sur la route de Mandalay. Poèmes, Cahiers Alexandre Vialatte, n°14, 1987, p. 105.
  • [17]
    Correspondance Alexandre Vialatte / Henri Pourrat, février 1922-avril 1924, Lettres de Rhénanie I, Clermont-Ferrand, PUBP 2003, p. 118 et n. 3 à 8.
  • [18]
    Alexandre Vialatte, La Complainte des enfants frivoles (publication posthume), « Le Dilettante », 1999, p. 243.
  • [19]
    Voir n. 1.
  • [20]
    Voir Alain Schaffner, « La Dame du Job d’Alexandre Vialatte ou le récit d’enfance à l’école du vertige », in L’Ère du récit d’enfance, textes rassemblés et présentés par Alain Schaffner, Artois Presses Université, 2005.
  • [21]
    Ernest Psichari (1883-1914), Le Voyage du centurion, L. Conard, 1916, transposition de son expérience d’officier et de son évolution spirituelle.
    Pierre Vialatte par sa part connut une crise religieuse profonde avant de s’engager dans l’armée, selon certaines lettres à Pourrat.
  • [22]
    Sur la caractérisation des Fruits du Congo comme récit poétique, voir Dany Hadjadj, « La dynamique de l’espace dans Les Fruits du Congo d’Alexandre Vialatte », in L’Histoire et la géographie dans le récit poétique, études rassemblées par S. Coyault, Clermont-Ferrand, P. U. B. P., Cahiers de recherche du CRLMC, 1997, p. 323-343.
  • [23]
    Dany Hadjadj, « Préambule à la littérature de sanatorium. Lire l’épilogue des Fruits du Congo d’Alexandre Vialatte », Écrivains découvreurs de montagne : Littérature de sanatorium, Cahier n°3, Éditions du Rouergue, 2000, p. 69-79.
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