La série Black Mirror (Channel 4 2011-2014, Netflix 2014) est une dystopie dont le travail de sérialisation joue sur un imaginaire politique. Ce texte porte sur la dimension politique des temporalités de la dystopie lorsqu’elle emprunte le format de la série et ses modes de circulation. Pour ce faire, les relations entre passé, présent et futur dans deux épisodes de Black Mirror seront questionnées, à partir de l’articulation entre le fond, la forme et le format de ceux-ci. En sondant la mise en abyme du « régime d’historicité » de Black Mirror, apparaît une dystopie présentiste, un futur noir sans futur, dont l’esthétique narrative remet en cause un discours recroquevillé sur des alternatives à court terme, dans un monde pourtant libéral et démocratique. L’analyse de Black Mirror montre comment une dystopie contemporaine met en scène une politique du temps en neutralisant le futur et les possibilités politiques, au sein d’une critique de l’immédiateté du présent et un passé rendu omniprésent par les archives algorithmiques.