Éric Piolle a été élu maire de Grenoble en 2014 à la tête d’une coalition rassemblant des écologistes, des membres de « La France Insoumise » et de diverses associations citoyennes. Dans cet entretien, réalisé en septembre 2017, il nous expose ses critiques vis-à-vis d’une conception trop technophile et élitiste de la « Smart City ». Ce vocable polysémique est souvent utilisé pour faire du maire un gestionnaire central d’un certain nombre de flux (énergétiques, économiques, etc.). Sans rejeter l’intérêt que présentent certaines innovations technologiques pour l’administration des communes, il oppose à cette démarche verticale une démarche alternative. Les technologies doivent être mises au service d’un projet émancipateur pour des citoyens informés et capables d’arbitrer entre leur intérêt individuel et l’intérêt général. Ceci passe notamment par leur implication plus grande dans le débat public, mais également par leur participation à des instances de gestion énergétique. Cette vision n’est pas empreinte de certaines ambiguïtés, particulièrement quant à la place des entreprises privées. Elles sont considérées par Éric Piolle comme des alliées, mais avec lesquelles il faudrait une relation critique car elles incarnent des intérêts particuliers parfois en tension avec les projets de la ville.
Éric Piolle was elected mayor of Grenoble in 2014 as a leader of a coalition of ecologists, members of “La France Insoumise” (left), and various associations of citizens. In this interview conducted in September 2017, he presents his criticisms of an elitist and technophile vision of the “Smart City.” This fuzzy concept is often used to consider the mayor as a central manager of a certain number of flows (energetical, economical etc…). However, Eric Piolle does not fully reject the benefits of some technological innovations for the good management of cities. Against the top-down approach of the “Smart City” he offers an alternative and bottom-up approach. For him, technologies must be put to work for the benefit of an emancipating project for citizens who would become more informed to rule between their personal and the public interest. This implies that they get more involved in the public debate, but also in local bodies of energy management. This vision is not free from several ambiguities, especially as far as the place of private firms are concerned. They are considered as allies, but it implies a critical and distant relationship at the same time because of the tension between their vested interest and the projects of the city.