1Au cours des années 2000, le développement des recherches en sciences de l’information et de la communication (SIC) sur les dispositifs sociotechniques a permis d’enregistrer « l’interaction soutenue entre un certain nombre d’acteurs aux compétences variés [en décrivant] une série d’allers et retours entre recherche, développement, production, tests, commercialisation… » (Akrich, 1998 : 79). En repensant les multiples relations entre des humains et des objets non humains, la sociologie de la traduction a consisté à clarifier la manière dont les experts, les profanes et les usagers recourent aux technologies et comment ces dernières participent à développer des relations à leur environnement. Marquées par l’analyse de réseau et notamment des collectifs du web, elles ont contribué à améliorer les outils théoriques pour aborder la complexité des processus d’expertise (Monnoyer-Smith, 2013). Corolairement, l’étude des médiations culturelles a participé à une meilleure compréhension de la vie quotidienne et de la technicité des amateurs au sein des réseaux artistiques et culturels (Flichy, 2010). Dans ce contexte, nous associons ces approches théoriques pour comprendre les expertises réalisées par les individus engagés dans des dispositifs sociotechniques tels que les récompenses académiques, les prix à des tremplins, les récompenses de la presse spécialisée, les récompenses sélectives ainsi que la programmation des récipiendaires de prix dans les clubs et les festivals de jazz en France. En faisant le choix d’étudier les prix et les performances artistiques, qui associent les usagers, les experts et les profanes, nous abordons les critères et les principes d’action qui participent à valoriser ou non des œuvres dans une perspective pragmatique (Boltanski, Chiapello, 1999) ; et ce, afin d’approfondir plus spécifiquement la description des enjeux de la communication et d’affiner la compréhension de l’axiologie de l’information jazzistique en France depuis le début des années 2000. Ainsi l’article pose-t-il la question suivante : comment et avec qui les acteurs (humains et non humains) engagés dans ces dispositifs qualifient-ils les interactions sociales de manière communicationnelle ? Dès lors que la diffusion du jazz s’opère dans leurs vies quotidiennes, au cours de la saison culturelle, de la saison festivalière, lors d’événements ponctuels, ou lors de l’attribution de prix, comment pouvons-nous étudier leurs discours de justification ? Pour Stuart Hall (1991 : 30), cela revient à chercher à comprendre des « régimes d’accumulation, beaucoup plus flexibles, fondés […] sur des marchés segmentés, des formes d’organisation post-fordiste, des stratégies marketing collant aux spécificités des styles de vie et de l’identité ».
2Nous sommes confortés dans notre démarche par la livraison du dernier Questions de communication (Fleury, Walter, 2017) dans laquelle les contributeurs rappellent l’intérêt porté par les chercheurs en SIC aux régimes d’actions. Nous nous appuyons également sur les communications présentées au colloque « La prescription culturelle en question » coorganisé par les unités de recherche Communications, médiations, organisations, savoirs (Ciméos, Université Bourgogne Franche-Comté), Groupe d’études et de recherche interdisciplinaire en information et communication (Gériico, Université Lille 3) et le GEP (Groupe d’études sur la prescription) qui a eu lieu à l’université de Bourgogne (5-7 avril 2017). Au cours de ce colloque, les dispositifs sociotechniques, dans le domaine de la musique, ont fait l’objet d’études sur les médiations et les formes de prescription. Ces recherches font apparaître l’articulation entre le savoir des professionnels et des savoirs ordinaires. Notre travail illustre à son tour leurs relations réciproques et leurs interdépendances. Sur des temps longs, nous observons qu’il demeure une forte incertitude pour les récipiendaires de prix à avoir du succès, de sorte que leurs actions de communication dans d’autres communautés en relation avec des usagers, des experts et des profanes agit sur le développement de leurs expertises. Bien que nous ayons conscience que leur apparente technicité peut freiner leurs diffusions, les travaux portant sur l’expertise culturelle sur le développement de l’événementialisation de l’offre culturelle et leurs incidences sur les pratiques culturelles (Bennett, Taylor, Woodward, 2014) renseignent sur les conditions d’élaboration des valeurs (Heinich, 2017) sur l’exception française conférée aux prix littéraires (Ducas, 2013) ou sur les modes de prescription lors de la programmation culturelle (Dutheil-Pessin, Ribac, 2017) et sont féconds au développement des études en SIC. L’originalité de ces travaux réside dans le fait de décrire la circulation de l’information et de montrer la complexité des processus d’expertise qui se situent au cœur d’une série de relations de communication. Cela nous conduit à poser trois questions : au cours des années 2000, de quelles natures sont les interactions entre les acteurs humains et non humains dans l’écosystème du jazz ? Existe-t-il des discours de justification spécifiques ou communs à des individus au sein des réseaux jazzistiques ? Quels sont les critères mobilisés par les individus lors des performances et des prix et comment traduire leurs négociations au sein de leurs réseaux respectifs ?
3De manière empirique, nous relevons que ce qui touche les individus (usagers, experts et profanes), c’est la capacité de la musique à créer une émotion individuelle qu’ils peuvent partager collectivement, susceptible de développer une expertise culturelle au cours d’une série de relations de communication. Nous proposons de décrire les modalités pratiques de cette expertise culturelle au cours de processus multisites, en nous référant aux multiples relations entre les humains et non humains avant, pendant et après l’attribution d’un prix ou avant, pendant et après le déroulement d’une performance. Ce travail s’inscrit dans la continuité des travaux cités plus haut. La proposition méthodologique s’inscrit également dans une tradition en SIC, le pluralisme méthodologique (Bernard, Joule, 2005) qui décrit les critères et les principes mobilisés par les individus, en situant les différents contextes où ils justifient le développement de leurs expertises. Pour y parvenir, nous associons trois méthodes complémentaires : l’observation participante, les entretiens semi-directifs et l’analyse de réseau. Cette démarche compréhensive a pour but d’identifier des processus communicationnels, dynamiques et multisites. L’avantage de cette méthodologie est de parfaire la compréhension des expériences réalisées par les individus en situation d’expertise et de proposer une approche « transversale ».
Identifier les relations entre les objets et les pratiques
4Nous positionnons notre proposition méthodologique dans la continuité des travaux ethnométhodologiques d’Harold Garfinkel (1967). Ces travaux consistent à étudier les modes de classement indigènes et l’expertise engagés au cours de ces classements ; sans opposer experts, usagers et profanes ; c’est-à-dire les méthodes employées par les individus et les groupes en situation d’expertise. Notre travail part du constat empirique que chaque individu développe une expertise culturelle en établissant une relation de communication avec les membres d’un réseau. L’autre constat est que la réflexivité engagée par les individus au cours de l’expertise participe à qualifier (ou disqualifier) les performances et les prix autour d’eux. De sorte que chaque individu est susceptible, individuellement et collectivement, de faire évoluer les réseaux ainsi que son expertise en fonction des relations de communication.
5L’attention sera portée sur les conditions de production du discours de justification par les acteurs engagés dans une situation d’expertise, les uns par rapport aux autres, en se référant à leurs vies quotidiennes et en intégrant notre implication sur le terrain de recherche. La démarche méthodologique consiste à suivre les interactions entre acteurs humains et non humains (programmateur, membre du jury, chargé de diffusion, ingénieur du son, producteur, agent, journaliste, spectateur, lauréat, ses accompagnateurs, année de la récompense, album primé, récompense, catégorie de la récompense, taille de la formation, instruments pratiqués par les lauréats, etc.) sur une période longitudinale. Nous contextualisons les discours de justification qui participent à des situations de coopération (ou de coopétition) ainsi que les négociations entreprises au sein des réseaux. L’originalité de cette proposition réside dans le fait de décrire les relations entre les acteurs et leurs pratiques en les associant à des réseaux (Dupret, 2006). Au regard du caractère empirique annoncé, nous ne limitons pas le terrain aux commissions chargées d’attribuer les prix ou de programmer des concerts de jazz.
6À la manière dont Michel Callon, Pierre Lascoumes et Yannick Barthe (2001) s’intéressent au rôle des usagers, des profanes et des experts dans le développement des connaissances scientifiques au sein des forums hybrides, nous décrirons l’association des différents acteurs en interaction. Pour ces trois sociologues (ibid.), la notion de forums hybrides correspond à l’ensemble des lieux où se réalisent des médiations entre les usagers, les experts et les profanes. Ils sont susceptibles de faire évoluer l’expertise des acteurs engagés. Nous poursuivons dans cette voie. Nous tâchons de décrire leurs attachements avant, pendant et après l’attribution d’un prix ou un concert de jazz. Ce travail montrera où se fabriquent les médiations du jazz. Nous les situerons dans un environnement qui tend à se stabiliser, ce qui impliquera de décrire la manière dont l’information circule dans différents collectifs, puis comment cette circulation de l’information participe à se forger une opinion. En outre, il apparaît que l’information participe à réduire l’incertitude portant sur les catégories d’expertise. Ce qui revient à observer la capacité des individus à prendre part au processus d’expertise par le biais de la communication au sein des forums hybrides. En mobilisant le concept de forums hybrides réunissant individus ordinaires, experts et usagers (Callon, Rip, 1991), nous souhaitons améliorer l’appréhension de ces dispositifs sociotechniques en fonction des compétences socialement distribuées au sein des réseaux. Ainsi le concept de forums hybrides emprunté à Michel Callon et Arie Rip permet-il d’aborder la spécificité des contextes où les individus investissent du temps. Il fait émerger des lieux communs dans leurs pratiques. Cette approche théorique implique de décrire des doubles médiations, sociales et techniques (Jouet, 1993).
7Cette entrée théorique est propice à l’analyse relationnelle en SIC, qui consiste à ne pas opposer les producteurs, les diffuseurs et les récepteurs de l’information de sorte que, dans les discours de justification, la grandeur des récipiendaires de prix résulte d’une série d’opérations de traductions. C’est-à-dire que, lorsque les discours se produisent, il apparaît que la connaissance est renouvelée sur la base d’un cadre de référence au sein des réseaux. Comme l’a observé Antoine Hennion (1993) au sujet de la passion musicale des grands amateurs de musique, l’expertise de chaque individu met en relief le rapport à soi-même, à l’histoire de chaque institution et à l’histoire des membres d’un réseau où il engage une communication. C’est une histoire collective où chacun peut participer aux débats en donnant à entendre ce que d’autres entendaient au passé et entendront au futur. Au cours d’un concours, l’expertise s’observe dans les interactions verbales et non verbales entre les membres du jury, les spectateurs et les musiciens au changement de plateau, par exemple. Au sein d’une commission chargée d’attribuer un prix, chacun engage ainsi un rapport subjectif d’après son expérience et négocie des savoirs en continu dans un cadre de référence.
8En cela, l’apport des SIC est indispensable parce qu’il permet de faire évoluer techniquement et socialement nos représentations des objets jazzistiques, en évitant de créer ou renforcer des catégories préconstruites. Ces éléments sont également soulignés par Laurent Cugny (2017) qui démontre que la quête d’un jazz « authentique » et américain a agi à des fins politiques et identitaires dans l’espace social de l’entre-deux-guerres. Les controverses jazzistiques contemporaines sont là pour rappeler que l’expertise culturelle et les différents régimes de justification se déroulent au cours d’une série de négociations passées, soit que la communication participe à renforcer une démocratie dialogique (Callon, Lascoumes, Barthe, 2001) – au cours de notre travail, cette observation a impliqué de décrire une série d’opérations de codifications et de recodifications de l’information –, soit que ces opérations participent à un effort de contextualisation. On se rappellera en définitive qu’« aucun acteur n’est plus grand qu’un autre sinon par une transaction (une traduction) qu’il faut étudier » (Callon, Latour, Akrich, 2006 : 15). Pour décrire ces efforts de traduction, nous proposons une triangulation méthodologique issue d’un travail de terrain.
Observer les interactions entre les individus et les objets
9Inspiré par les recherches d’Yves Winkin (1996), nous observons, au sein des forums hybrides, que les conventions, les cultures et les identités évoluent au gré des interactions. Chaque individu se prête à une improvisation en négociant des conventions collectives avec des experts, des profanes et des usagers. La démarche méthodologique consiste à contextualiser ces interactions entre les individus et les objets de la vie quotidienne en décrivant la fabrique des consensus internes et l’incertitude de leurs actions externes. D’une part, cette incertitude porte sur le succès (remporter un prix ou être programmé, par exemple), et, d’autre part, sur la définition du jazz, une catégorie musicale en perpétuelle négociation. Compte tenu de ces fortes incertitudes, la relation de communication consiste à relever les relations à la tradition et les controverses engendrées par l’attribution d’un prix ou la diffusion d’un récipiendaire de prix. Elle passe notamment par une série de médiations sociales et techniques, situées dans et dehors des institutions où se déroule l’expertise. Ainsi, pour mener à bien leurs expertises, les individus se réfèrent-ils à des lieux communs. Mais il apparaît que ces relations de communication entre les individus et les objets techniques ne sont pas acquises. Ils sont amenés à fréquenter des communautés de goûts puis de pratiques et à s’engager dans des communautés imaginaires avec qui ils négocient des représentations communes du jazz.
10Dans ce contexte, les représentations individuelles et collectives font office de remédiations où chacun des acteurs engage un retour vers soi et vers le futur. À travers l’observation participante dans les forums hybrides (figure 1), nous avons mis au jour les interactions entre les usagers, les experts et les profanes en relevant les objets utilisés au cours de leurs relations de communication. En s’appuyant sur les catégories indigènes négociées, nous avons décrit comment les individus sont réunis en identifiant les incertitudes inhérentes à l’association des humains et des objets non humains. Par exemple, dans le forum en figure 1, l’incertitude pour le musicien d’être programmé et l’incertitude pour les autres individus de valoriser son travail au regard des charges de leurs vies quotidiennes. Ces incertitudes invitent les enquêtés à qualifier les forums comme « des médias, des lieux de débats, des espaces publics ou privés dédiés à l’écoute collective ». L’observation participante permet de contextualiser ces phénomènes de reconnaissance, de perception, et les tensions internes et externes guidant la participation des individus et des objets à ces différents dispositifs sociotechniques où le jazz est diffusé.
11Cette démarche méthodologique consiste à montrer comment se développent les connaissances du jazz au sein du forum en évoquant la manière dont les individus et les objets techniques sont susceptibles d’être associés et dissociés à leurs vies quotidiennes. Cela revient à décrire les interactions en montrant comment elles participent à développer des connaissances passées et d’identifier des processus dynamiques guidant leurs développements au cœur d’un écosystème structuré et incertain. Ces observations conduisent à repérer des relations entre des acteurs humains et non humains dans des réseaux locaux, nationaux et mondiaux tels que le montre Michel Callon et al. (2017). Au sein des forums, nous observons que, socialement, chacun peut intégrer et s’intégrer à des mondes cohérents, tout en nuançant son emprise communicationnelle dans et en dehors de ces mondes. Techniquement, chacun peut intégrer à son discours les « machines » (termes qui désignent les objets techniques et les effets électroniques générés en complément de la sonorisation du piano) présentes au cours d’un concert afin d’évoquer des expériences passées.
12Les rythmes narratifs de la musique peuvent témoigner quant à eux un affranchissement qui invoque la contemporanéité du propos. Le futur peut être suggéré par les gestes doux et forts du pianiste et des participants à l’expérience. D’une situation à une autre, il apparaît que les individus peuvent très bien envisager que chacun de ces éléments soit interchangeable dans la conversation, car avant tout, pour paraphraser Carlo Ginzburg (1966), l’histoire du jazz, c’est l’histoire de femmes et d’hommes qui bataillent la nuit et le jour pour trouver un consensus fragile. À ce stade, cette proposition méthodologique ne permet pas d’anticiper un prix ou la diffusion d’un récipiendaire dans une scène de musiques actuelles conventionnée (Smac), par exemple. Selon Umberto Eco (1979), la « réappropriation » des connaissances ouvre une série de « mondes possibles ». Tout comme dans un travail de recherche, « il ne s’agit pas seulement de la controverse et de la relation à la tradition […], mais d’un certain type de prétention à capter, produire, situer la parole des autres […] » (Jeanneret, 2004). En nous inspirant de ce travail, nous avons complété nos observations par des entretiens semi-directifs lors desquels nous avons demandé aux enquêtés de décrire leurs discours de justification. L’objectif principal est de comprendre les discours de justification en situation de communication en évitant de les surinterpréter.
S’entretenir à propos des discours de justification
13Lors des entretiens semi-directifs, il s’agit de proposer aux enquêtés d’exposer leurs discours de justification en identifiant les différentes étapes de leurs parcours de vie au cœur du processus guidant leurs expertises (Ginzburg, Poni, 1981). Comme le suggère Madeleine Akrich (2006), cela revient à procéder à l’analyse du processus conduisant à observer les objets techniques et les utilisateurs de la conception à l’action. Soit ici, l’analyse réflexive d’un processus d’expertise qui permet aux enquêtés d’identifier une série de relations réciproques entre des humains et des objets non humains dans leurs discours de justification :
« Au sein du jury, la discussion est collégiale ce qui fait qu’on oublie de là où on parle. J’ai toujours essayé d’accompagner cette reconnaissance en écrivant des papiers à Jazz Magazine à l’issue des tremplins. C’est le cas pour Pierre de Bethmann que j’ai connu en 1994 et que j’ai encouragé à se présenter à La Défense. Il hésitait à poursuivre une vie professionnelle dans le management d’entreprise. Je l’ai invité au New Morning pour les 10 ans du CIJ [Centre d’information du jazz] où [le producteur] Frédéric Charbaut a eu un coup de cœur et l’a engagé. Le suivi est important sur le plan musical et dans le cadre de leurs parcours. Le tremplin permet l’émergence d’un talent même si certains disparaissent de la circulation. […] Outre le prix financier [pour les récipiendaires, le plus important] c’est la possibilité de jouer ; le disque ne suffit pas. L’essentiel pour le musicien c’est de jouer » (membre du jury du Tremplin Jazz d’Avignon, entretien téléphonique avec Mathieu Feryn, le 30/10/2016).
15Dans cet entretien, nous percevons clairement comment les différentes actions et les différents choix contribuent à limiter l’incertitude du succès après un tremplin. La recherche de consensus, telle que la définit Frédéric Gimello-Mesplomb (2012), participe à comprendre l’action publique et ses dispositifs sociotechniques d’expertise. Il s’agit de dispositifs qui valorisent les participants, de l’élaboration à la reconnaissance des prix, de l’élaboration à la reconnaissance des performances artistiques.
16La participation des individus et des objets dans ces dispositifs permet d’interpréter les opérations de classement (ou déclassement) au cours des controverses ou des débats liés aux diverses formes d’évaluation. En s’appuyant sur des entretiens, le chercheur rend compte de l’hétérogénéité des discours produits autour d’une définition polysémique du jazz. Il interprète les conditions de l’action publique dans le domaine du jazz autour de la notion de qualités. Compte tenu de l’incertitude à faire sens en commun, cela revient à décrire une série d’expériences singulières et communes, plus ou moins stabilisées en situation de communication. Dans cette perspective, au cours des entretiens, nous préconisons d’interroger le parcours de vie des enquêtés en identifiant comment et avec qui ils justifient le développement de leurs pratiques. Ces éléments sont susceptibles de valoriser des objets humains et non humains (et réciproquement). Ici, malgré des critères hétérogènes, le cadre de référence permet de trouver un consensus, reposant sur des principes plus ou moins partagés, qui participent à l’établissement des grandeurs. Les principes axiologiques sont associés à des mondes. Ils sont liés à une situation d’expertise précise qui ne permettent pas de prédire les résultats d’une prochaine expertise ou de s’assurer d’obtenir le même résultat.
17La notion de monde est empruntée à Luc Boltanski et Laurent Thévenot (1991). Elle envisage les propriétés axiologiques de l’information d’après des discours de justification en situation d’expertise. Dans le cadre de l’entretien avec le membre du jury du Tremplin Jazz d’Avignon, la description de son parcours de vie permet de situer comment il participe à des actions institutionnelles en valorisant et en étant valorisé par différents acteurs des mondes du jazz. Ces pratiques sont d’autant plus intéressantes que, au cours des années 2000, une partie des institutions jazzistiques ont étendu leurs communications en proposant des actions artistiques et culturelles au-delà des concerts (action jeune public, jam-session, conférences, temps de convivialité, etc.), en développant des partenariats interinstitutionnels. L’émergence de catégories d’acteurs venant des musiques actuelles ou d’autres environnements favorisent le développement de ces négociations et des classements pour tenter de réduire l’incertitude sur la conception du jazz.
18L’entretien sur les parcours de vie met en perspective des processus individuels et collectifs engagés au cours du temps, soit des lieux communs dans les pratiques. Il consent à avoir un regard dynamique sur ces dernières et à contextualiser les discours de justifications au regard des épreuves vécues et perçues par les individus et les collectifs. Il contribue à identifier comment chaque membre d’un forum hybride engage son expérience. C’est pourquoi cette proposition méthodologique envisage de donner à voir et à entendre la dimension discursive de façon compréhensive. Cette démarche méthodologique permet de situer l’axiologie de l’information. Elle implique que les processus d’expertise ne sont pas figés ni rattachés à un territoire ni à une période donnée. Pour réduire les incertitudes, nous relevons que chacun des enquêtés adapte son discours au gré des situations. Ce qui revient dans leurs communications à identifier des plaisirs partagés où, en creux, chacun d’eux tente de partager une identité plurielle. L’autre intérêt de cette approche est de rendre compte de la place des femmes, là où le jazz est souvent décrit par la parole masculine. En outre, au sein des forums, le jazz est une catégorie de médiation culturelle et politique renégociée selon chaque contexte, par un flou permanent entre énoncés/énonciation, par une perception, et non des moindres, des discours. Nous avons associé et dissocié ces discours à partir des épreuves réalisées au cours de leurs parcours. Par épreuves, nous entendons les prises, des conventions, ainsi qu’une mémoire collective des difficultés à communiquer, qui contribuent à faire des choix homogènes. Ce qui, dans la continuité du travail de Stuart Hall (1991), participe à décrire des micro-cultures, des identités locales et globales. Ce second temps de l’exposé permet de situer une série d’interdépendances, de réflexivités et de relations réciproques entre les individus et les objets techniques en interaction. Elles sont intimement liées à leurs vies culturelles. Le recours aux SIC permet de dérouler un processus dynamique par lequel ces individus discourent dans le cadre de leurs vies quotidiennes. Cela conduit progressivement à décrire comment la communication implique un effort de traduction. En faisant le choix d’une telle entrée méthodologique, le chercheur identifie les processus au cœur des savoirs ordinaires et experts en voyant leurs complémentarités ainsi que leurs oppositions. Au cours de l’entretien, elle implique d’intégrer, au fur et à mesure, la subjectivité et la réflexivité des enquêtés. De sorte que les individus ne peuvent plus revenir en arrière une fois que la décision est prise. Une fois que le prix est attribué, il ne peut y avoir d’autres récipiendaires de celui-ci.
Traduire les négociations portant sur les qualités au sein des réseaux
19Pour les individus, expertiser le jazz consiste à trouver un espace où fédérer un collectif. Au regard des interactions sociotechniques entre les individus et les objets techniques, de la conception à l’action d’expertise, les discours ne signifient pas que les individus soient en accord ou en désaccord permanent. Pour eux, cela désigne le fait de négocier avec soi-même et les autres un espace-temps à partager ensemble. Dans un forum, ils sont susceptibles d’apprendre à désapprendre. À ce stade, nous pouvons nous inspirer du travail de Nathalie Heinich (2014) qui préconise d’analyser les différents cercles où s’exerce la reconnaissance des récipiendaires de prix (pairs, critiques, marché/institutions, publics). Par exemple, en s’appuyant sur des entretiens et des observations au sein des comités d’attributions d’aides dans le domaine de l’art contemporain (ibid.), elle alterne un point de vue historique, le point de vue des artistes, des professionnels et les problématiques qu’elle rencontre elle-même au cours de son enquête, et conclut que les enjeux de l’art contemporain ne sont pas localisés. Selon Nathalie Heinich, ces questions s’inscrivent dans un contexte élargi. Comme elle, nous avons complété notre travail d’observations ethnographiques au cours des délibérations de jury par des entretiens semi-directifs dans différents dispositifs de diffusion. Pour affiner notre démarche, nous intégrerons l’analyse des outils de mesure des principes de qualité. Nous avons étudié les dynamiques internes et externes guidant les participations à des expertises. Les critères et modes de classement des qualités permettent de comprendre les principes engagés. Comme Nathalie Heinich (2017), nous observons que ces « jeux d’acteurs » dépassent le cadre localisé des concours ou des concerts. Sans ramener ces enjeux à des stratégies de communication, tout en intégrant cette composante stratégique inhérente à des ancrages institutionnels au sein de réseaux, nous reviendrons sur la spécificité des contextes où se produisent les principes engagés.
20Les expériences des individus contribuent à situer les négociations au cœur des expertises en montrant l’importance des lieux communs où elles s’établissent. Le fait d’intégrer la distribution de l’expertise met en perspective le fait que les opérations de traduction au sein des réseaux consistent, pour les chercheurs, dans la littérature comme dans le jazz, à traduire des expériences culturelles, passées et à venir (Sapiro, 2012). Cette distribution intègre la complexité de chaque pensée individuelle et collective (Morin, 2014). Ainsi, en combinant les trois méthodes présentées, pouvons-nous démêler des critères et revenir sur des non-dits. Ce qui implique, par exemple, de traduire la façon dont l’échange s’instaure entre les temps de concours, au moment des essais techniques ou pendant les repas séparant les discours publics. Nous relevons qu’une série de communications s’établit avant, pendant et après les délibérations. Au moment des délibérations, la volonté des individus de confronter leurs attentes collectivement et la manière dont leurs discours agissent participe à affirmer une évaluation dans le temps. Chacun d’eux oscille entre l’autodésignation de son expertise, la désignation des autres membres et la manière dont il se représente ces désignations tout à la fois dans et en dehors des temps des concours ou des commissions (Goffman, 1967).
21Par exemple, nous observons la mise en scène de cette expertise au moment du dîner entre deux journées de concours, au sein du catering (lieu de restauration des bénévoles, du jury, des concurrents) du concours, sur le temps du concours lui-même par le biais de gestes et d’objets techniques échangés. Après une série d’observations et d’entretiens, une experte se confie :
« Je me cale souvent sur lui [en désignant du doigt un membre du jury]. J’ai aperçu à travers ses basculements de tête qu’il approuvait le propos dès le début du morceau. Nous en avons discuté au bar avec les bénévoles et d’autres spectateurs après le passage du groupe. On va voir si les derniers groupes font mieux ».
23À travers les échanges multisites, il apparaît que les membres du jury en interaction avec les profanes, les usagers et les autres experts négocient en permanence les critères au préalable du vote. Ils recourent à des médiations culturelles pour créer des lieux communs. La comparaison peut ainsi se faire, d’une part, entre la musique mainstream et les blockbusters en invoquant les discours des acteurs industriels et, d’autre part, entre la dimension contemporaine de la musique et l’art-et-essai en en invoquant les discours des acteurs institutionnels et créatifs.
24Les conversations entre individus impliquent qu’ils soient en mesure de négocier les outils de mesure de la qualité en basculant d’un réseau à un autre, d’un espace à un autre, d’un temps à un autre, de corps à d’autres (et réciproquement) en situation de communication. Dans un forum hybride, le fait que chacun d’eux puisse s’évaluer et évaluer le regard des autres participants implique de parvenir à contextualiser son expérience en la rattachant à un réseau. Les interactions qui se formalisent autour d’un sourire, d’une bise, d’un regard, sont autant de conventions culturelles partagées entre les acteurs d’un réseau sans qu’elles se formalisent nécessairement par le discours. Elles participent à l’intégration des acteurs au sein des réseaux. Au sein des forums, nous avons observé que le fait de prendre en considération ses défauts et ses manquements dans l’expertise participait à se rendre plus humain au regard des autres. Ici, il faut donc traduire tout ou partie de ce qui se déroule en dehors et sur la scène. Les acteurs sont en mesure d’évaluer le caractère ordinaire d’une personne imparfaite et fiable au regard de l’avancée de leurs processus identitaires et des relations de la personne à une communauté, quelle que soit l’avancée de son expertise. Lorsque Walter Benjamin (1939 : 289) montre que, au cinéma, « le public se trouve dans la situation d’un expert [en réalisant] un test [optique] », il constate que « ce qui importe pour le film, c’est bien moins que l’interprète présente un autre personnage que lui-même ; c’est plutôt qu’il se présente lui-même à l’appareil ». En effet, nous observons que les individus peinent à échanger des critères au moment de l’exécution de l’œuvre. Et, dans un réseau, il apparaît que les critères ne sont pas figés. En explicitant le processus par lequel les individus sont en relation et les étapes de leur intégration, le recours à l’analyse de réseau devient une aide précieuse. Elle met en perspective les lieux communs mobilisés par les individus tels que les lieux de formation, les pratiques réalisées en commun, les objets et les espaces de sociabilités autour de l’écoute collective, etc. L’analyse de réseau donne à entendre un futur de la mémoire et la difficulté à dynamiser un réseau dans le temps. C’est pourquoi, afin de voir si elle participe à reformuler des principes fondateurs, nous avons étendu l’analyse de réseau sur une période supérieure à 15 ans.
25Pour les individus impliqués dans les forums, l’évaluation consiste à inscrire les récipiendaires de prix dans la continuité de l’histoire d’une institution et d’une microcommunauté. Soit à illustrer comment la musique agit comme un média qui permet aux acteurs de se référer à un récit et un temps commun. La communication participe à reconnaître la singularité d’un récipiendaire de prix ou d’un groupe ainsi que le caractère relativement commun de son travail. En définitive, nous observons qu’elle revient à engager une histoire singulière pour chacun des individus en situation d’expertise. L’innovation apparaît au cœur de processus dynamiques autant pour les musicien·ne·s, que les experts ou les profanes. En formalisant leurs expertises, en les traduisant, ces acteurs co-produisent une forme d’hybridité de l’innovation (Latour, 1991).
26Néanmoins, nous pouvons entrevoir quelques limites à cette approche. L’articulation entre les médiations techniques et les médiations sociales nous engage à maintenir une relation forte avec le terrain, à identifier tout ce qui participe à vivre une expérience culturelle. Mais, ce temps long de recherche sur le terrain est un luxe dont le chercheur ne dispose pas toujours. L’apport des SIC présente alors un intérêt scientifique considérable par le fait d’identifier les relations entre les objets et les pratiques dans le cadre de l’étude des dynamiques culturelles. Les SIC invitent à partir des pratiques pour reconstituer les réseaux à travers une série de médiations, sans désigner de point de départ ou d’arrivée et en étant attentif à chaque lieu commun. Cet exercice suppose de concéder une certaine imprécision (Moles, 1989) sans prétendre généraliser les résultats ni prédire des situations. Ce qui implique, selon Abraham Moles (ibid.), « indépendamment de la forme que revêt l’information, du canal qu’elle emprunte [d’envisager les] réactions qu’elle provoque ». Aussi cette relation avec le terrain consent-elle à comprendre les régimes d’engagements au sein des réseaux et de discuter des interprétations faites, soit une recherche en train de se faire. Introduite par les SIC, la notion de « jeux d’acteurs » admet d’inclure les composantes stratégiques. Cette notion permet aux individus de faire un choix en usant de médiations culturelles. Ce qui revient à décrire une série de communications qui s’engage au cours du processus d’expertise dans des micro-cultures. Il incombe alors au chercheur d’en exposer les limites en se référant au cadre de l’expérience et aux épreuves plus ou moins partagées par les acteurs ainsi que leurs lots de contradictions.
Conclusion
27L’objectif de cet article était de proposer une méthode pour faciliter la compréhension des expériences réalisées par les individus engagés dans des dispositifs sociotechniques accompagnant les qualités jazzistiques. En nous appuyant sur les recherches en SIC, nous relevons que le fait de travailler sur les dispositifs sociotechniques de gestion des qualités, consiste à traduire la manière dont les interactions et les discours fabriquent des catégories d’expertise. À la lumière des éléments présentés, la méthode proposée permet d’étudier des controverses en retraçant les multiples relations au passé, contradictoires et complémentaires, techniques et sociales, expertes et profanes. Cette proposition implique de comprendre comment les actions ordinaires, du fait de leurs caractères incertains, agissent sur les représentations sociales, culturelles et politiques. En présentant une telle analyse compréhensive des discours de justification, il ressort que l’imprécision des savoirs et des connaissances se situe à l’interstice des sciences, de la vie quotidienne et des cultures. Ici, à travers l’étude des relations entre les musicien·ne·s, les diffuseurs, les spectateur·rice·s, les représentant·e·s de l’État, les acteurs industriels, etc., on observe que chacun d’eux prend part à la communication dans le temps. Ce qui participe à décrire les négociations entre ces acteurs, soit une série d’opérations de traduction engagée dans des réseaux et des contextes situés où le processus d’expertise se trouve au cœur de questions identitaires et culturelles (Hall, 2007) qui sont perpétuellement redéfinies. Les identités et les cultures étant dynamiques, cette proposition méthodologique tend à décrire comment chacun tente de réduire l’incertitude en associant et en dissociant les principes au cœur de son action. Des discours, des objets humains et non humains au sein d’un réseau, plus ou moins étendu, autour de critères d’attribution des qualités dans un contexte spécifique. Une question de cultures et de communications…
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