Notes
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[*]
Ce texte est la première partie d’un travail sur la structure : « Symptôme et sinthome ». Il a été produit par un collectif composé de Sidi Askofaré, Bernadette Etcheverry, Marianne Lateule, Dimitris Sakellariou, Marie-Jean Sauret et Fabienne Guillen et a été rédigé par cette dernière.
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[1]
S. Freud et J. Breuer, Études sur l’hystérie (1895), Paris, puf, 1956.
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[2]
E. Jones, La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, 1, La jeunesse 1856-1900, Paris, puf, 1958, p. 247-249.
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[3]
Ibid., p. 268.
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[4]
É. Roudinesco, Histoire de la psychanalyse en France, 1, Paris, Fayard, 1994, p. 31.
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[5]
Ibidem, p. 39.
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[6]
Ibid., p. 45.
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[7]
Selon Jones, article de Freud écrit en français en 1988 et publié en 1993 dans les Archives de neurologie.
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[8]
E. Jones, La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, 1, La jeunesse, 1856-1900, op. cit., p. 263.
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[9]
S. Freud et J. Breuer, Études sur l’hystérie (1895), op. cit.
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[10]
S. Freud, « Les psychonévroses de défense » (1894), « Qu’il est justifié de séparer de la neurasthénie un certain complexe symptomatique sous le nom de “névrose d’angoisse” » (1895), « Obsessions et phobies » (1895), « L’hérédité et l’étiologie des névroses » (1896), « Nouvelles remarques sur les psychonévroses de défense » (1896), « L’étiologie de l’hystérie » (1896), dans Névrose, psychose et perversion, Paris, puf, 1973, p. 1-112.
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[11]
S. Freud, « Esquisse d’une psychologie scientifique » (1895), dans La naissance de la psychanalyse, Paris, puf, 1956, p. 307-396.
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[12]
Ibid., p. 1-306. Ce livre regroupe 168 des 284 lettres que Freud a adressées à Fliess entre 1887 et 1902.
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[13]
S. Freud, « Les psychonévroses de défense » (1894), op. cit., 1973, p. 12.
-
[14]
S. Freud, « Nouvelles remarques sur les psychonévroses de défense » (1896), op. cit., p. 72-81.
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[15]
Ibid., p. 75.
-
[16]
S. Freud, « Qu’il est justifié de séparer de la neurasthénie un certain complexe symptomatique sous le nom de “névrose d’angoisse” » (1895), op. cit., p. 15-38.
-
[17]
Ibid., p. 31.
-
[18]
S. Freud, « L’hérédité et l’étiologie des névroses », op. cit., p. 47-59.
-
[19]
S. Freud, « Nouvelles remarques sur les psychonévroses de défense » (1896), op. cit., p. 61-81.
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[20]
Ibid., p. 68.
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[21]
S. Freud, « Esquisse d’une psychologie scientifique » (1895), op. cit., p. 190-193.
-
[22]
S. Freud, L’interprétation des rêves, Paris, puf, 1926 et 1967.
-
[23]
Ibid., p. 484.
-
[24]
Ibid., p. 466.
-
[25]
Ibid., p. 475.
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[26]
Ibid., p. 484.
-
[27]
Ibid., p. 485.
-
[28]
Ibid., p. 494.
-
[29]
Ibid., p. 500.
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[30]
Ibid., p.514.
-
[31]
E. Jones, La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, 1, La jeunesse, 1856-1900, op. cit., p. 392.
-
[32]
S. Freud, « Fragment d’une analyse d’hystérie » (1901-1905), dans Œuvres complètes Psychanalyse VI, Paris, puf, 2006, p. 185.
-
[33]
S. Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle (1905), Paris, Gallimard, 1987.
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[34]
Ibid., p. 80. On peut noter qu’on trouve déjà cette formule telle quelle dans la lettre 57 à Fliess (24 janvier 1897) et dans « Fragment d’une analyse d’hystérie » (1905), op. cit.
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[35]
Ibid., p. 80.
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[36]
S. Freud, « Fragment d’une analyse d’hystérie », op. cit., p. 192.
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[37]
Ibid., p. 198.
-
[38]
Ibid., p. 208.
-
[39]
Ibid., p. 282.
-
[40]
Ibid., p. 233.
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[41]
Ibid., p. 210.
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[42]
Ibid., p. 221.
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[43]
Ibid., p. 231.
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[44]
Ibid., p. 222-223.
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[45]
Ibid., p. 218.
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[46]
Ibid., p. 224.
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[47]
S. Freud, « La psychothérapie » (1904), dans La technique psychanalytique, Paris, puf, 1953.
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[48]
S. Freud, « Fragment d’une analyse d’hystérie », op. cit., p. 296-297.
-
[49]
Ibid., note 1, p. 299.
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[50]
Ibid., p. 295.
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[51]
Ibid., p. 293-294.
1Nous ne pouvons qu’être frappés, dans le début de cette étude systématique du concept de symptôme dans l’œuvre de Freud et de Lacan, de constater que l’émergence du symptôme dans sa dimension psychique est intimement intriquée à l’invention par Freud de cette « thérapie » inédite qu’est la psychanalyse. Médecin neurologue, chercheur de formation, Freud a dégagé progressivement du symptôme médical, signe d’un désordre purement organique et biologique, une nouvelle catégorie du symptôme, dont l’étiologie a nécessité la découverte de la dimension psychique, l’invention de l’inconscient. Il est intéressant de constater que l’élaboration progressive de l’étiologie de ces symptômes inédits s’est faite grâce à la mise au point d’une nouvelle réponse du thérapeute qui a abouti à l’invention de la psychanalyse. Faisons cette remarque que la conception du symptôme est d’emblée prise dans la question du discours et de l’éthique du thérapeute. Enfin, relevons aussi que la lente construction des mécanismes complexes du symptôme a permis à Freud d’élaborer ce que Lacan retiendra en 1963 comme les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, l’inconscient, la pulsion, la répétition et le transfert.
Une lente émancipation de la médecine
2Après des études dans le laboratoire d’électrophysiologie de Brücke, Freud travaille dans le service psychiatrique de Meynert, grand anatomiste du cerveau, ce qui le prédestinait à poursuivre des recherches anatomopathologiques. Mais trois rencontres majeures vont le détourner de cette première vocation et orienter son intérêt vers le problème de l’hystérie.
3En 1880, il rencontre Breuer, médecin réputé à Vienne pour utiliser une nouvelle façon de soigner les hystériques, la « méthode cathartique ». Elle consiste à obtenir par le moyen de l’hypnose une abréaction, une réaction après coup d’un événement traumatique vécu réellement dans le passé. Cet événement qui n’a pu être abréagi au moment où il a eu lieu prend une valeur traumatique dans le souvenir et se constitue en symptôme hystérique. « L’hystérique souffre de réminiscences. »
4En 1882, Freud est particulièrement impressionné par un cas que lui rapporte Breuer, celui d’une jeune fille de 21 ans qui présente des symptômes hystériques en relation avec la maladie tabétique de son père, auprès de qui elle fut une infirmière modèle jusqu’à sa mort. Anna O., Bertha Pappenheim de son vrai nom, présente un cas de double personnalité qui amène Breuer à venir la visiter régulièrement dans ses périodes d’état lucide, où celle-ci prend l’habitude, pendant plusieurs mois, de lui raconter par le menu ses angoisses et ses symptômes, ce qui a pour effet de les faire disparaître. C’est à elle que l’on doit cette dénomination de « talking cure », « chemny sweeping », pour désigner cette nouvelle thérapie, car un de ses symptômes consistait alors en la perte de sa langue maternelle, ce qui l’obligeait à s’exprimer en anglais. Bien que présenté comme un succès thérapeutique dans Études sur l’hystérie [1], on connaît l’épilogue de l’histoire [2]. La femme de Breuer s’émut de l’intérêt trop vif de son mari pour sa jeune patiente. Celui-ci interrompit alors le traitement mais fut rappelé le soir même au chevet d’Anna O. en proie à des symptômes d’accouchement imaginaire. Cette fois-ci, le médecin, dépassé par cette manifestation sexuelle du transfert, s’enfuit en voyage à Venise avec sa femme après avoir calmé provisoirement la malade. Dix ans plus tard, Breuer soumit à Freud le cas d’une autre hystérique, et ce dernier n’hésita pas à lui interpréter les symptômes décrits comme un fantasme typique de grossesse hystérique, ce qui montre déjà combien le transfert avait mis Freud sur la piste de la cause sexuelle des symptômes, ce qu’il confirmera vingt ans plus tard [3]. Son ami Breuer, frappé sans doute par cette interprétation après coup du cas d’Anna O., s’écarta de Freud, qui en fut très affecté. C’est donc bien cette problématique du sexuel qui finit par séparer les deux hommes [4].
5En 1885, Freud part à Paris, attiré par les vues révolutionnaires sur l’hystérie de Charcot, qui vient d’obtenir la chaire de clinique des maladies nerveuses. On doit à Charcot d’avoir réhabilité l’hystérie comme une maladie respectable du système nerveux et de l’avoir soustraite aux suspicions de simulation et d’imagination. On gardait encore à cette époque cette idée à l’origine de son nom qu’il s’agissait d’une maladie due au déplacement de l’utérus. S’il reste dans une conception organiciste de la maladie attribuant le symptôme à quelque dégénérescence congénitale du cerveau, il abandonne la définition ancienne de l’hystérie et lui substitue le terme moderne de névrose. Charcot privilégie une conception expérimentale de la clinique et démontre qu’on peut créer et supprimer par l’hypnose d’authentiques symptômes hystériques, ce qui, malgré ses a priori théoriques, suggère la nature psychogène de ceux-ci. Comme il se plaît à le dire lui-même, « la théorie c’est bon, mais ça n’empêche pas d’exister [5] ». Plus, il ramène l’hystérie à une origine traumatique ayant un lien avec le système génital et démontre l’existence de l’hystérie masculine, à laquelle personne ne croyait vraiment. Élisabeth Roudinesco [6] nous dit : « Un soir de 1886, le jeune Freud apprend de la bouche de Charcot que le maître “sait” la primauté des causes génitales mais qu’elles doivent rester secrètes en leurs alcôves. » Enfin, Charcot est le premier à différencier cliniquement la crise hystérique de la crise épileptique. Cependant, si Charcot privilégie une clinique du regard sur une clinique de l’écoute, il met tout de même Freud sur la voie d’une possible origine psychogène du symptôme hystérique, sur la voie d’une pensée détachée de la conscience qui peut produire des effets somatiques à l’insu du sujet. À son retour de Paris, Freud fut mal reçu par la Société médicale viennoise, ce qui ne l’empêcha pas de poursuivre ses travaux [7] et de faire la différence entre les paralysies organiques qui suivaient les circuits neuro-anatomiques établis et les paralysies et anesthésies hystériques qui répondaient à diverses parties du corps délimitées par la représentation populaire et non anatomique, c’est-à-dire une répartition purement idéationnelle.
6Contre Meynert qui réprouvait l’hypnose, Freud persista dans cette voie malgré ses difficultés personnelles à pratiquer cette technique. Il se rendit même à Nancy en 1889 [8] pour parfaire sa technique auprès de Liébault et de Bernheim, où il reçut, à ses dires, « les plus fortes impressions relatives à la possibilité de puissants processus psychiques demeurés cependant cachés à la conscience des hommes ». Mais il recueillit aussi l’aveu de Bernheim lui-même de n’avoir pas obtenu de grands succès thérapeutiques par la suggestion en dehors de sa pratique à l’hôpital. Manifestement, Freud ne soutint cette technique que parce qu’elle permettait l’affirmation d’une possible thérapie psychologique et d’une dimension psychique des symptômes hystériques, mais il n’était manifestement pas à l’aise dans son exercice. Comme le fait remarquer Jones, entre 1875 et 1892, l’évolution de Freud fut lente et laborieuse alors que, entre 1890 et 1900, ses découvertes et ses écrits se succédèrent rapidement.
De la catharsis à la psychanalyse, la théorie du trauma (1894-1896)
7On ne peut que constater l’efflorescence et la vigueur de la pensée de Freud durant cette période, où il dégage de nombreuses idées fortes qui vont asseoir la psychanalyse naissante. On peut être surpris par le nombre de textes qu’il produit pendant cette courte durée. Il publie avec Breuer ses fameuses Études sur l’hystérie [9] en 1895. Il écrit de 1894 à 1896 six articles parus dans Névrose, psychose et perversion [10], où il commence à élaborer une classification des différentes névroses sur la base des mécanismes de la formation des symptômes qui fera autorité en psychiatrie pendant plusieurs décennies. Il élabore l’Esquisse d’une psychologie scientifique [11], qui est une tentative de proposer un modèle de l’appareil psychique en langage neurophysiologique mais qu’il finit par abandonner en rendant les armes devant l’impossibilité de représenter les idées comme emmagasinées dans les cellules nerveuses et cheminant le long des fibres nerveuses. Enfin, citons les nombreuses lettres à Wilhelm Fliess, regroupées dans La naissance de la psychanalyse [12], qui permettent de suivre pas à pas son travail intense de recherche, ses tâtonnements, ses doutes et ses revirements. C’est une période clé dans son élaboration qui lui permet de s’affranchir de ses maîtres. Il s’écarte de Brücke et de Meynert en abandonnant son projet de rendre compte des symptômes névrotiques par la neurophysiologie et en se tournant vers une dimension inédite d’un psychisme détaché du substratum anatomique. Il se distancie de Breuer et de Charcot en abandonnant progressivement leurs méthodes thérapeutiques, catharsis et hypnose, pour leur préférer une pratique de « la libre association d’idées », la psychanalyse. Mais, plus encore, il a le courage d’imposer résolument contre eux l’étiologie sexuelle des symptômes névrotiques, les sortant définitivement de la causalité héréditaire et dégénérative soutenue envers et contre tout par Charcot malgré son expérience.
Première thèse : le traumatisme
8Nous avons déjà vu que c’est la méthode cathartique de Breuer qui amène Freud à rapporter l’étiologie du symptôme hystérique à un traumatisme du passé, un événement réel de la vie du sujet. Mais il s’agit d’un événement qui n’a pu être « abréagi », c’est-à-dire vécu émotionnellement dans son caractère pénible. On peut faire cette remarque que ce qui est à l’origine du symptôme est déjà un souvenir, donc une représentation séparée de son affect pénible. Pourquoi ? Breuer fait l’hypothèse de la survenue chez l’hystérique d’« états hypnoïdes » qui se présentent comme un clivage de la conscience et pendant lesquels les représentations qui émergent sont coupées de la communication associative avec le reste du contenu de conscience. Mais si cela explique pour lui que certains événements ne soient pas abréagis, cela n’explique pas la survenue ni le mécanisme de ce clivage de conscience. Nous proposons donc comme hypothèse que c’est l’abandon de l’hypnose qui met Freud sur la véritable voie de la causalité psychique. En constatant que tous les patients ne sont pas hypnotisables, il suppose l’existence d’une force psychique, une résistance qu’il juge légitime et qui ne peut être surmontée. Il fait alors la supposition que cette force n’est pas sans rapport avec la formation des symptômes. Freud se démarque de Breuer et postule que le clivage n’est pas la cause du symptôme mais la conséquence d’un acte de volonté du malade, qui n’atteint pas son but et produit un clivage de la conscience. Tout cela pousse Freud vers sa seconde hypothèse : à l’origine du symptôme, il y a un conflit psychique.
Deuxième thèse : le conflit psychique et la défense
9C’est la notion de conflit et de défense qui signe pour Freud la dimension psychique de la névrose, c’est-à-dire la conception d’un appareil psychique divisé entre conscient et inconscient, la notion d’un moi qui se défend à l’aide d’un processus de refoulement. Freud est alors conduit à distinguer deux types de névroses, les psychonévroses de défense où l’origine du symptôme est d’ordre psychique et les névroses actuelles où l’origine du symptôme appartient uniquement au domaine somatique. Mais, dans les deux cas, la causalité est toujours de l’ordre du sexuel.
Les psychonévroses de défense
10Il s’agit des hystéries, des obsessions et des phobies, des psychoses hallucinatoires. Le mécanisme de la formation du symptôme commence de la même manière : le moi se propose de traiter comme « non arrivée » la représentation inconciliable (parce que sexuelle) en lui arrachant la somme d’excitation dont elle est chargée, mais ce quantum d’affect ainsi séparé de sa représentation doit être conduit vers une autre utilisation. Ici apparaissent les divergences qui vont différencier les mécanismes de refoulement propres à chaque névrose.
11Dans l’hystérie, la somme d’excitation passe dans le corporel selon le mécanisme de « la conversion » qui est le propre de l’hystérie. Mais si le moi s’est libéré de la contradiction, il s’est chargé d’un symbole mnésique qu’il va devoir refouler et qui va former le noyau d’un second groupe psychique, l’inconscient.
12Dans les obsessions et les phobies, le mécanisme de traitement est « la transposition », moins efficace selon Freud que la conversion : la représentation séparée de l’affect demeure affaiblie dans la conscience tandis que le quantum d’affect devenu libre s’attache à des représentations insignifiantes et donc non inconciliables mais qui vont se transformer en représentations obsédantes. L’état émotif (anxiété, remords, doute, colère…) est toujours justifié mais devient pathologique du fait qu’il s’éternise, car il est associé maintenant à une représentation de substitution qui ne justifie plus pareil état. Parfois cette première défense n’est pas suffisante à juguler l’angoisse et un nouveau type de défense se met en place qui consiste en rituels ; l’idée est remplacée par des actes ou des impulsions qui ont servi à l’origine comme soulagements ou procédés protecteurs : arithmomanie, folie du doute, lavage de mains…
13Dans les psychoses hallucinatoires, existe un mécanisme de défense plus énergique et radical. Il consiste en ceci que le moi rejette (verwift) la représentation non plus seulement inconciliable mais « insupportable » en même temps que son affect. En note [13], le traducteur attire l’attention sur les deux termes employés par Freud, « unverträglich » (inconciliable) et « unertgräglich » (insupportable), qui ne diffèrent que d’une lettre, en se demandant s’il s’agit d’une vraie différenciation ou d’une erreur de typographie. Ce rejet consiste en une défense plus massive qui se comporte comme si la représentation n’était jamais parvenue jusqu’au moi. Le moi s’arrache à la représentation inconciliable, mais comme celle-ci est inséparablement attachée à un fragment de réalité, le moi est obligé de se séparer à son tour en totalité ou en partie de la réalité. C’est la raison et la condition, nous dit Freud, pour que la représentation garde une vivacité hallucinatoire. Notons que Freud se fait une idée très tôt (1894) du mécanisme de l’hallucination pathologique. Si on peut s’étonner qu’il mette névrose et psychose « dans le même sac », on constate quand même qu’il note des différences qui ne sont pas minces. S’il existe des « névroses mixtes » qui conjuguent des symptômes de défense multiples, Freud précise que la confusion hallucinatoire n’est pas souvent compatible avec l’hystérie et l’obsession. On peut trouver par contre une psychose de défense venir interrompre le cours d’une névrose hystérique ou mixte. Il note aussi que les psychoses de défense ne peuvent bénéficier du traitement par la psychanalyse.
14Pourtant, cela ne l’empêche pas de nous rapporter dans « Nouvelles remarques sur les psychonévroses de défense [14] » le cas de paranoïa chronique de Mme P, jeune femme de trente-deux ans qu’il traite comme une hystérique. D’ailleurs, Freud note qu’elle se comporte dans le traitement comme une hystérique et confirme qu’il s’agit, dans les hallucinations, du retour de fragments d’expériences infantiles refoulées. La patiente souffre d’hallucinations visuelles de bas-ventre féminin et d’hallucinations auditives. Pour lui, le refoulement ne fait aucun doute dans la paranoïa, mais il nous donne cette indication instructive : « La seule particularité était que les données provenant de l’inconscient étaient la plupart du temps entendues intérieurement ou hallucinées, tout comme les voix [15]. » En outre, il précise que les mots entendus avaient toujours un caractère d’imprécision diplomatique et la relation des phrases les unes avec les autres, un mode d’expression étrange et des formes de langage inhabituelles. En fait, les exemples qu’il nous donne ressemblent fort à des symptômes d’automatisme mental décrit par de Clérambault. De plus, comparant la défense à celle de l’obsession, Freud précise que le mécanisme de refoulement du reproche dont la reconnaissance est refusée radicalement se fait sur une voie de la projection sur les autres, qui entraîne un grand sentiment de méfiance. Enfin, les idées délirantes comme symptômes de retour du refoulé de ces reproches arrivent à la conscience sans pouvoir être modifiées, aboutissant à une altération du moi et à un délire d’interprétation. Il n’existe aucune protection contre les reproches qui font retour dans les idées délirantes.
15En résumé, nous constatons que Freud, déjà à cette époque, couple hystérie et psychose hallucinatoire, obsession et paranoïa. S’il classe de façon un peu surprenante les psychoses dans les psychonévroses de défense, on voit bien qu’il ne peut que relever des différences dans les mécanismes du refoulement et du retour du refoulé. Il constate surtout qu’il existe, dans la psychose, une nécessaire déformation du moi consécutive à la moins grande souplesse des représentations à subir par associations et substitutions des déformations comme dans les névroses qui les rendent compatibles avec la censure qui lui est propre. Ainsi, contrairement à ce qu’il se passe dans la névrose, le moi ne peut garder un rapport inaltéré à la réalité dans la psychose. Freud est obligé de postuler une différence dans les mécanismes de refoulement.
Les névroses actuelles
16Freud s’attache à isoler une névrose à part entière, « la névrose d’angoisse », qu’il tente d’arracher au cadre nosographique en vigueur à l’époque, « la neurasthénie » de Beard [16]. Ce qui la différencie des psychonévroses de défense, c’est qu’elle est centrée par l’affect d’angoisse d’une façon unique et monotone et que cet affect ne provient pas d’une représentation refoulée, ce qui la rend irréductible et non attaquée par le procédé psychothérapique qu’il est en train d’inventer. Pourtant, comme dans les psychonévroses de défense, la causalité est bien sexuelle, mais ici, dans la névrose d’angoisse, elle ne passe pas par une médiation psychique ; il s’agit d’une somme d’excitation librement flottante qui peut se parer de n’importe quel contenu représentatif. Il y a là une accumulation d’excitation ou une incapacité à supporter une accumulation d’excitation. « Le mécanisme de la névrose d’angoisse est à rechercher dans la dérivation de l’excitation sexuelle somatique à distance du psychisme et dans une utilisation anormale de cette excitation, qui en est la conséquence [17]. »
17On constate que cette conception du symptôme de la névrose d’angoisse est très dépendante du modèle de l’appareil psychique que Freud était en train d’élaborer dans son Esquisse d’une psychologie scientifique, où, à la suite de Brücke et de Meynert, il tentait d’appliquer les principes de la physique et de la chimie à la compréhension de son fonctionnement. D’où les mots clés : quantité, somme d’excitation, énergie, principe d’inertie, principe de constance… Le déplaisir résulte d’une élévation du niveau de la quantité, tandis que le plaisir naît de la décharge. On peut penser que la source spécifique de déplaisir liée à la sexualité réside dans une trop grande quantité d’excitation endogène, de force constante et continue, qui ne trouve pas « une voie de décharge adéquate ». On comprend dès lors pourquoi Freud incrimine comme étiologie de la névrose d’angoisse des circonstances ou des pratiques frustrantes au regard d’une sexualité normale, du coït interrompu au veuvage en passant par une pratique masturbatoire exclusive. Les principaux symptômes de la névrose d’angoisse sont l’excitabilité générale, l’attente anxieuse, les accès d’angoisse sans représentation avec ses répercussions sur les fonctions corporelles, certains vertiges spécifiques.
18S’y ajoute la question des phobies qui pose manifestement à Freud une difficulté de classement. Il différencie les phobies communes, peur exagérée de choses que tout le monde craint un peu : l’obscurité, la mort, les maladies, les orages, les serpents, les araignées… et les phobies d’occasion qui n’inspirent pas de crainte à l’homme sain : agoraphobie et autres phobies de la locomotion. Le sujet a tendance à éviter la situation phobogène. En fait, on peut les trouver dans les trois névroses, hystérie, obsession et névrose d’angoisse, mais Freud pense à ce moment-là qu’elles ne sont pas sous le règne de la substitution de représentations, donc qu’elles ne sont pas d’origine psychique. Nous verrons qu’il changera d’avis plus tard, notamment avec l’analyse du petit Hans.
L’étiologie sexuelle des névroses
19Contre la théorie de Charcot, Freud élève les influences sexuelles au rang de causes spécifiques de toutes les névroses [18].
201. Un trouble de la vie sexuelle actuelle :
21Freud résume ainsi la causalité des névroses actuelles : la neurasthénie ne reconnaît comme étiologie spécifique que l’onanisme immodéré ou les pollutions nocturnes, tandis que la névrose d’angoisse a comme cause spécifique un trouble de la vie sexuelle actuelle.
222. La théorie de la séduction et le traumatisme après coup :
23En ce qui concerne les psychonévroses de défense, l’étiologie sexuelle est plus compliquée, car elle passe par le jeu complexe des forces psychiques en présence. La cause du symptôme est à rechercher dans un attentat sexuel qui s’est produit dans l’enfance, le plus souvent avant huit ans, et qui confronte le futur névrosé à une rencontre prématurée avec la sexualité. Cependant, le traumatisme ne se produit pas sur le coup mais à l’adolescence, quand le sujet accède à la maturité sexuelle, efficacité après coup donc, posthume nous dit Freud, du traumatisme. L’auteur de l’attentat est une personne adulte de l’entourage de l’enfant, le père le plus souvent, un membre de la famille ou le personnel domestique, parfois un enfant plus grand de la fratrie ou un cousin. Ce traumatisme en deux temps implique donc le processus de refoulement, dont il reste à faire la théorie. Pourquoi seules les représentations sexuelles sont-elles refoulées ?
24Dans l’hystérie, il s’agit d’une expérience de passivité sexuelle survenue le plus souvent entre trois et quatre ans, dans un sentiment de déplaisir.
25Dans la névrose obsessionnelle, il s’agit aussi d’un incident sexuel mais vécu de façon active par l’enfant, qui en a conçu du plaisir. Les idées obsédantes sont des reproches que le sujet s’adresse à cause de cette jouissance sexuelle anticipée. Freud y trouve une raison de la plus grande fréquence de l’hystérie chez les femmes et de l’obsession chez les hommes, ce qui nous met déjà sur la voie de l’idée qu’il se fait de la différence des sexes sur le critère activité-passivité. Mais, dès cette époque [19], Freud découvre dans tous ses cas de névroses obsessionnelles un substratum de symptômes hystériques, qui ramènent au jour une expérience de passivité sexuelle antérieure qui a favorisé l’activité sexuelle de l’enfant, qui d’agressé est devenu agresseur à son tour dans un second temps.
26Du coup, Freud fait l’hypothèse que le choix de la névrose dépend des relations temporelles dans le développement de la libido. Le retour des souvenirs infantiles refoulés signe un échec de la défense, sous le coup ou non d’une perturbation de la sexualité actuelle. Ce qui revient au conscient sont des représentations de compromis entre les représentations refoulées et les représentations refoulantes. Pour décrire ces processus complexes de refoulement et de retour du refoulé, il faudrait, nous dit Freud, se décider à faire des hypothèses très précises sur le substratum du fonctionnement psychique et de la conscience [20].
Le tournant de 1897 : « Je ne crois plus à ma neurotica »
27Dans une lettre [21] à son retour de vacances, le 21 septembre 1897, Freud livre à Fliess ce qu’il appelle le grand secret : il ne croit plus à la théorie de la séduction comme cause principale de la névrose, et il s’en explique. Il y a ses déceptions thérapeutiques d’abord, puis son doute concernant la perversion systématique de tous les pères de ses hystériques (la perversion dans ce cas devrait être infiniment plus fréquente que l’hystérie), enfin la mort de son père et le début de son « autoanalyse ». Le point décisif réside dans la conviction qu’il n’existe dans l’inconscient « aucun indice de réalité », si bien qu’il est impossible de distinguer la vérité de la fiction investie d’affect. Depuis quelque temps, Freud commençait à s’intéresser aux fantasmes infantiles et à leur fonction dynamique. Cela et l’analyse de ses rêves sans doute le poussent à affirmer l’existence de fantasmes sexuels qui se jouent autour des parents, ouvrant la voie au complexe d’Œdipe et surtout à la découverte de la sexualité infantile. Dans la causalité du symptôme, il suffit donc de remplacer la scène traumatique infantile réellement vécue par la même scène fantasmée. Nous allons voir que la perversion attribuée à l’adulte va devenir dans les années qui suivent le propre même de la sexualité infantile.
28Inspiré sans doute par son autoanalyse et l’interprétation de ses propres rêves, Freud se penche alors sur les mécanismes de formation des rêves et sur leur déchiffrage. En 1900, il publie L’interprétation des rêves [22], où, dans le chapitre vii, il réalise le projet qu’il s’était donné de repenser l’appareil psychique en des termes différents de l’Esquisse et en rapport avec ses nouvelles élaborations. En effet, l’analyse systématique des rêves offre à Freud une nouvelle voie pour explorer l’inconscient, ses mécanismes et sa topique. Cela l’amène immanquablement à comparer la formation du rêve avec celle du symptôme des psychonévroses pour en pointer les ressemblances et les dissemblances.
Symptôme et rêve, comme formations de l’inconscient, partagent une même fonction, celle de l’accomplissement d’un souhait [23]
29Ils sont soumis tous les deux aux phénomènes de la régression [24] : retour au plus ancien passé du sujet comme reviviscence de son enfance, émotions pulsionnelles qui ont dominé celle-ci, modes d’expression dont elle a disposé. Le désir inconscient est indestructible, car il se constitue sur des voies frayées une fois pour toutes. Aussi les désirs refoulés d’origine infantile sont-ils toujours actifs, pour ainsi dire immortels, toujours prêts à initier des formations nouvelles de rêves et de symptômes.
30Freud se heurte alors, comme objection à cette pétition de principe, aux rêves de déplaisir et aux cauchemars, voire aux « rêves de châtiment ». Il résout cette apparente contradiction par le recours au conflit entre les instances psychiques de l’inconscient et du moi, et son issue par une solution de compromis comme il l’avait fait pour les symptômes des psychonévroses de défense. On voit se profiler là la piste qui l’amènera à la deuxième topique, citons-le : « D’une façon générale, le mécanisme de cette formation devient plus transparent lorsqu’on substitue à l’opposition du “conscient” et de l’“inconscient” celle du “moi” et du “refoulé”. Mais, pour opérer cette substitution, il faudrait entrer dans le mécanisme des psychonévroses, c’est pourquoi nous n’avons pu le faire dans ce livre [25]. »
31Contrairement aux rêves, la formation d’un symptôme hystérique [26] n’est pas la seule réalisation d’un désir inconscient, mais doit réaliser en même temps un désir d’autopunition venant du préconscient. Il n’apparaît que sous l’égide de cette surdétermination : l’accomplissement de deux désirs opposés venant de deux systèmes psychiques différents. Freud nous donne en exemple cette malade atteinte de vomissements hystériques. Aux deux désirs décalés dans le temps, celui d’un vœu de grossesse sans fin à l’adolescence visant à obtenir un grand nombre d’enfants et plus tard celui de les avoir du plus grand nombre d’amants possible, dut s’ajouter le désir de châtiment tenant au fait que ce vomissement pourrait lui faire perdre sa beauté pour que ce symptôme se réalise. « La névrose agit ici comme la reine des Parthes à l’égard de Crassus. Croyant qu’il avait entrepris l’expédition par cupidité, elle fit verser de l’or fondu dans la gorge du cadavre : “Tiens ! Voilà ce que tu avais désiré [27] !” »
32En fait, Freud finit par abandonner cette distinction entre rêve et symptôme et par penser que le rêve, lui aussi, est une formation de compromis.
Le symptôme a pour but d’empêcher le développement de l’angoisse [28]
33Freud s’avance ici sur la fonction du symptôme névropathique. En ménageant à l’inconscient une porte de secours qui lui permet de déverser son excitation et en laissant encore au préconscient une domination partielle sur l’inconscient, le symptôme protège le sujet de la crise d’angoisse. Freud prend l’exemple type de la phobie qui se constitue comme « une forteresse-frontière » contre l’angoisse.
Rêves et symptômes obéissent à la même structure
34Freud nous dit dans son paragraphe « Le processus primaire et le processus secondaire – Le refoulement » qu’il est parti de ses travaux sur la psychologie des névroses pour comprendre le rêve et qu’il voudrait, à l’inverse, retrouver par le travail du rêve la psychologie des névroses [29], même si le rêve n’est pas pathologique. Il nous donne les grandes idées qui président à la conception qu’il se fait alors de l’appareil psychique pour s’expliquer la façon dont se forme un symptôme.
35Il part de la fiction d’un appareil psychique primitif qui a tendance à se mettre à l’abri d’une accumulation d’excitation, qui procurerait alors un affect de déplaisir. Le désir est un courant qui peut mettre l’appareil en mouvement pour aller du déplaisir au plaisir, c’est-à-dire à la décharge. Le désir a dû être d’abord un investissement hallucinatoire du souvenir de la satisfaction, mais l’inefficacité de cette première forme du désir nécessite l’activité d’un second système. Ainsi sont conçus les deux systèmes de l’inconscient et du préconscient, le premier régi par le processus primaire qui ne peut intégrer le déplaisir et le second régi par le processus secondaire qui n’intègre une représentation que s’il peut inhiber le déplaisir. On comprend bien que c’est la clé de la théorie du refoulement. Le processus primaire n’avait pour but que l’identité de perception, alors que le processus secondaire abandonne ce but pour lui substituer une identité de pensée, la pensée étant un chemin détourné qui va du souvenir de la satisfaction à l’investissement identique de ce souvenir par le moyen de l’expérience motrice. La réalisation des désirs d’origine infantile, et spécialement ceux qui ont trait à la sexualité, provoquerait immanquablement un affect de déplaisir sous l’influence du système secondaire, d’où la nécessité du refoulement. Il existe un fond de pensées « refoulées », de souvenirs infantiles soustraits dès le début à la surveillance du préconscient. Mais si le désir inconscient refoulé est renforcé organiquement, ces pensées peuvent essayer de pénétrer de force. Il y a alors renforcement de l’opposition du préconscient aux pensées refoulées (contre-investissement), puis compromis, passage des pensées de transfert chargées du désir inconscient sous une forme intermédiaire et création du symptôme [30].
36Freud conclut en affirmant que seules ces impulsions de désir sexuelles infantiles refoulées au cours du développement de l’enfant peuvent se renouveler au cours du développement ultérieur par suite d’influences sexuelles défavorables et devenir les forces pulsionnelles des symptômes névropathiques.
37D’après Jones [31], Freud voulait consacrer un des chapitres de son livre aux « Rêves et névroses » : il s’agissait du travail qui était le plus achevé, l’analyse de Dora. Mais il abandonna ce plan et attendit 1905 pour publier « Fragment d’une analyse d’hystérie ».
Le cas Dora : analyse construite autour de deux rêves
38Freud rédigea l’essentiel de la cure de Dora sous le titre initial « Rêve et hystérie » en 1901. Il appela cette analyse qui dura onze semaines, soit les trois derniers mois de l’année 1900, « Fragment d’une analyse » parce qu’elle fut interrompue à l’initiative de Dora avant d’être menée à son terme. C’est la première grande psychanalyse de Freud construite autour de l’élucidation de deux rêves qui lui permet de déchiffrer les nombreux symptômes de Dora, y compris ceux de sa névrose infantile. On réalise parfaitement qu’elle vient comme le point d’orgue de son livre sur l’interprétation des rêves et qu’elle confirme l’idée de Freud que l’élucidation des rêves et des symptômes d’un même sujet permet d’atteindre le noyau pathogène de la névrose. Notons avec Strachey [32] que Freud ne publia le cas qu’en 1905, quelques mois après les Trois essais sur la théorie sexuelle, ajoutant nombre d’idées relatives à la sexualité qui viennent enrichir la conception qu’il se faisait sur la formation des symptômes hystériques et sur la dynamique de la névrose.
39Avant d’aborder le cas lui-même, recueillons les idées forces qui se dégagent de ce petit livre révolutionnaire consacré à la sexualité humaine [33]. Freud y critique fermement la théorie de la dégénérescence et de l’innéité des aberrations sexuelles. Il y affirme qu’elles dépendent avant tout de l’histoire du sujet et donc qu’il n’y a pas de chemin tout tracé pour la pulsion sexuelle. Il y avance cette idée absolument renversante pour l’époque que la sexualité adulte a un caractère infantile, que le but de la sexualité n’est pas la procréation et échappe à l’ordre de la nature, que la pulsion sexuelle est proprement inéducable, et, chose inouïe, que la théorie elle-même est sexuelle. Freud y note que c’est dans la vie sexuelle qu’on peut le moins trouver de démarcation entre les simples variations physiologiques et les symptômes morbides. De là à penser à une généralisation du symptôme dans la vie sexuelle, il n’y a qu’un pas que franchira Lacan.
40On comprend que ce petit livre, peu vendu à l’époque, valut à Freud une impopularité presque universelle. Il osa y mettre en avant l’existence d’une sexualité infantile, époque du développement de la pulsion sexuelle, qui succombe au refoulement et explique l’amnésie infantile quasi constante qui dissimule aux hommes les six ou huit premières années rapprochant l’enfant du psychonévrosé. L’amnésie infantile crée un passé préhistorique de la vie sexuelle, trésor de traces mnésiques soustraites au conscient qui attire à lui, par liaison associative, des représentations sur quoi agissent les forces répulsives du refoulement des hystériques. Sans amnésie infantile, il n’y aurait pas d’amnésie hystérique. C’est pendant la période de latence (entre 7 ou 8 ans et le début de la puberté) qui suit ce refoulement plus ou moins massif de la période d’efflorescence de la sexualité infantile que s’édifient les forces psychiques qui feront obstacle aux pulsions sexuelles de l’adulte : le dégoût, la pudeur, les aspirations esthétiques et morales, qui seront le ressort des motions psychiques réactionnelles et de la sublimation.
41Mais le comble de la subversion de cet ouvrage consiste à oser cette idée de la prédisposition perverse polymorphe de l’enfant. Non seulement il s’adonne dès son état de nourrisson à la masturbation, mais n’importe quelle zone de son corps peut fournir sa contribution à l’excitation de la pulsion sexuelle et devenir une zone érogène. Freud répète avoir surestimé dans son article de 1896 « L’étiologie de l’hystérie » l’importance du facteur externe de la séduction pour éveiller la vie sexuelle de l’enfant et réaffirme que cet éveil se produit régulièrement et spontanément sous l’effet de causes internes. L’étayage de la sexualité infantile sur les fonctions physiologiques explique la tendance à la transgression anatomique des pulsions partielles, dont le but s’émancipe du besoin pour devenir une satisfaction purement érotique. La première satisfaction a laissé derrière elle le besoin de sa répétition. Pulsions orale, anale, scopique, sadique et masochiste vont faire le lit des futurs symptômes des névrosés. Les zones hystérogènes présentent les mêmes caractères que les zones érogènes des pulsions. Les symptômes ne naissent pas qu’au détriment de la sexualité normale mais constituent l’expression convertie de pulsions qu’on peut qualifier de perverses. D’où la fameuse formule freudienne : « La névrose est pour ainsi dire le négatif de la perversion [34]. »
42D’ailleurs, Freud ajoute en note [35] : « Les fantasmes clairement conscients des pervers, qui, dans des circonstances propices, sont convertis en dispositifs, les craintes délirantes des paranoïaques, qui sont projetées sur d’autres dans un sens hostile, et les fantasmes inconscients des hystériques, que l’on découvre derrière leurs symptômes grâce à la psychanalyse, coïncident en leur contenu jusque dans leurs moindres détails. » Autant dire le statut transstructural du fantasme ainsi que son caractère essentiellement pervers.
43Enfin, la période pubertaire consiste au passage de la pulsion sexuelle infantile essentiellement autoérotique à la possibilité d’un choix d’objet sexuel favorisée par la confirmation de la différence des sexes. Ce réveil de la sexualité après la période de latence confirme la temporalité de la sexualité humaine en deux temps. Les fantasmes de la période pubertaire, souvent rejetés dans l’inconscient, ont une grande importance dans la genèse de nombreux symptômes mais aussi sont à l’origine des rêves : fantasme de la scène primitive, fantasme de séduction, fantasme de castration. Le complexe d’Œdipe est le complexe nucléaire de la névrose.
44Revenons maintenant à l’analyse de Dora, qui a l’intérêt de nous montrer Freud pour la première fois dans l’exercice de la direction d’une cure et ce qu’il en attend. Il nous le dit en évoquant déjà un changement depuis les Études sur l’hystérie, où il s’agissait alors de résoudre chaque symptôme un à un, ce qui n’était pas adéquat à la structure si fine de la névrose [36]. Il s’agit de prendre la névrose comme une structure dans son entier et le but de la cure consiste à supprimer les symptômes et à les remplacer par des pensées conscientes. La cure est en somme un travail de traduction. Mais Freud se fixe un autre but, qui est de rétablir les lésions de la mémoire, tout en précisant que ces deux buts sont atteints dans la cure dans le même mouvement [37]. Enfin, il nous démontre comment le déchiffrage des deux rêves princeps de la cure de Dora lui permet d’élucider ses symptômes de conversion, y compris ceux de sa névrose infantile.
45Bien sûr, ce cas nous fait parcourir l’historique de la causalité des symptômes hystériques que nous venons de faire. Le trauma déclencheur de la névrose de Dora, soit les avances de M. K dans la scène du lac qui s’est conclue par la gifle mémorable assénée par la jeune fille au séducteur médusé, vient recouvrir le trauma sexuel plus ancien du baiser volé par M. K alors que Dora n’avait que quatorze ans. Freud nous répète à cette occasion que le trauma seul est inapte à rendre compte de la spécificité du symptôme, puisque les premières conversions de la jeune fille sont apparues dans l’enfance, une dyspnée à huit ans, des migraines et des accès de toux nerveuses à douze ans [38]. L’étiologie des névroses remonte bien aux années d’enfance. Seules les impressions de l’enfance possèdent une force qui leur permet de s’imposer dans le symptôme [39].
46Freud nous introduit avec précision à la surdétermination du symptôme : plusieurs pensées inconscientes peuvent saisir le même processus somatique pour s’exprimer. En fait, il y a deux possibilités de surdétermination d’un symptôme : soit synchronique, un symptôme correspond à plusieurs significations qui n’ont pas besoin de se concilier entre elles pourvu qu’elles aient un thème commun, soit diachronique, un symptôme peut modifier l’une de ses significations ou sa signification principale au cours des années, ou bien le rôle directeur peut passer d’une signification à une autre [40].
47Ici, pour Dora, « trois symptômes – le dégoût, la sensation de pression à la partie supérieure du corps et la crainte des hommes en conversation tendre – procèdent d’une unique expérience vécue, et […] seule l’interrelation de ces trois signes permet de comprendre le déroulement de la formation du symptôme [41] ».
48L’expérience vécue est bien sûr le baiser volé de M. K déjà évoqué. Le dégoût est corrélé au refoulement de la zone érogène des lèvres, « gâtée » par le suçotement infantile, mais aussi à la réaction à l’odeur des excréments (le fameux inter urinas et faeces nascimur de Porphyre). Il est intéressant de noter que Freud dit explicitement qu’il ne considère pas le problème résolu par cette seule voie associative. Il pense que la connaissance des voies ne rend pas superflue la connaissance des forces qui empruntent ces voies. L’excitation du clitoris est refoulée par déplacement de la sensation de pression de l’érection de M. K sur le thorax. La phobie des hommes a pour but de se prémunir d’une nouvelle reviviscence de la perception refoulée. La complaisance somatique procure aux processus psychiques une issue dans le corporel.
49« Les symptômes hystériques sont-ils d’origine psychique ou organique ? » Freud répond ainsi à sa propre question : celle-ci est inadéquate car tout symptôme hystérique a besoin d’un apport des deux côtés. C’est la question de la complaisance somatique. L’atteinte somatique ne se produit qu’une fois, alors que le symptôme psychique qui s’y origine se répète. Le symptôme est une répétition. Le mécanisme consiste à ce qu’un sens se soude à l’atteinte organique primaire, et c’est bien cela l’origine, la raison de la répétition : ce qui se répète, c’est le sens. « Ce sens, le symptôme hystérique ne l’apporte pas avec lui, il lui est conféré, il a été pour ainsi dire soudé à lui, et il peut dans chaque cas être différent, selon la nature des pensées réprimées qui luttent pour s’exprimer [42]. » On résout les symptômes en cherchant leur signification psychique. Mais ce sens peut changer en cours de route.
50Freud en arrive alors à la question de la conservation du symptôme au-delà de la signification. La conversion, soit le passage dans le somatique d’une excitation psychique, est si difficile à obtenir qu’elle reste tenace et qu’il est plus facile pour une nouvelle excitation inconsciente de se frayer un passage dans une ancienne voie d’éconduction que de créer une nouvelle conversion. Le symptôme persistant ressemble alors à « une vieille outre remplie de vin nouveau ».
51Féru de ses nouvelles idées sur la sexualité infantile, Freud affirme que le symptôme constitue la présentation, la réalisation d’un fantasme à contenu sexuel. Freud introduit le caractère pervers du symptôme en faisant de la toux de Dora l’équivalent d’un fantasme de fellation, en rapport avec les relations de son père impuissant avec Mme K.
52Aussi introduit-il la jouissance pulsionnelle comme une force causale dans le symptôme. Les forces des pulsions sont nécessaires à la formation des symptômes, soit une sexualité normale refoulée, soit des motions perverses inconscientes. Dora était une suçoteuse dans l’enfance, ce qui la prédisposait au fantasme de fellation par prévalence de la pulsion orale. Freud relève le souvenir d’enfance de Dora : « Elle était assise par terre dans un coin, suçotant son pouce gauche, tandis qu’elle tiraillait en même temps de la main droite le lobe de l’oreille de son frère tranquillement assis à côté d’elle [43]. » Notons que Lacan fera de ce souvenir le fantasme fondamental de Dora.
53Pour nous résumer les étapes de la formation d’une conversion, la toux-aphonie de Dora, Freud choisit la métaphore de la formation par strates autour d’un grain de sable de la perle d’un coquillage.
- Le stimulus réel de la toux devient une zone érogène.
- Premier habillage : identification au père malade et impuissant, puis auto-reproche à propos du « catarrhe ».
- Deuxième habillage : en relation avec M. K, être une meilleure femme que la sienne.
- Troisième habillage : après le retour d’une partie de la libido vers le père, identification à Mme K dans le commerce sexuel avec le père.
54Freud rapporte la dyspnée de Dora à l’hypothèse qu’elle aurait épié le coït parental alors que sa chambre à coucher se situait à côté de celle de ses parents. Sous l’influence de l’excitation établie à ce moment-là, il y aurait eu un revirement qui aurait remplacé le penchant à la masturbation par de l’angoisse. La dyspnée peut être rapportée à la respiration haletante de l’homme pendant le coït. Les accès d’asthme remplacèrent ensuite la dyspnée.
55Freud amène avec l’analyse de Dora une idée nouvelle, la question des bénéfices secondaires de la maladie. Il nous dit que Dora a appris en observant Mme K comment on peut exploiter la maladie. « Conceptuellement, les motifs d’être malade doivent être clairement distingués des possibilités de la maladie, du matériel à partir duquel les symptômes sont fabriqués [44]. » Ces motifs ne sont pas présents au début de la maladie. La formation du symptôme s’établit en deux temps, d’abord la maladie organique, puis les motifs de la maladie se soudent à la maladie somatique. Mais, dans une note de 1923, Freud revient sur cette idée en soutenant que les motifs de la maladie sont présents dès le début, ce qui l’amène à différencier dans le symptôme les bénéfices primaires et les bénéfices secondaires. Le bénéfice primaire est une solution économique qui évite une opération psychique devant un conflit et est présent dès le début de la maladie. Les bénéfices secondaires sont les avantages divers que le patient tire de son symptôme dans des circonstances plus actuelles. La maladie devient une arme pour s’affirmer dans la vie et se procurer des aménagements désirés. Le symptôme psychique est d’abord un hôte importun, ce pourquoi il disparaît généralement avec le temps, mais il parvient souvent secondairement à trouver un nouvel emploi.
56Freud découvre finalement que le malade tient à son symptôme, d’où sa forte résistance à la guérison et ce fait que la demande de guérir n’est pas très sérieuse. N’importe quel courant psychique trouve commode de se servir du symptôme, d’où la forte résistance du malade à y renoncer.
57Même s’il ne le dit pas explicitement, c’est le premier texte où Freud introduit la notion de l’identification hystérique au symptôme de l’autre. Il rapporte « la comédie de suicide » de Dora à une identification à une intention suicidaire de son père quelques années auparavant, désespoir dont l’aurait sauvé Mme K selon le récit que lui avait fait sa mère pour justifier du rapprochement des chambres de Mme K et de son père. Cette identification au symptôme révèlerait un désir pour un amour semblable. De même, la conduite de la cure semble indiquer que Freud y pense. À Dora qui se plaint de maux d’estomac subits et aigus, il répond : « Qui copiez-vous ainsi ? » Même mécanisme : Dora s’identifie au symptôme de sa cousine qui avait développé ces douleurs d’estomac à l’occasion des fiançailles de sa sœur cadette [45].
58Enfin, relevons cette dernière idée qui soulève bien des questions : « Les états de maladie sont en règle générale destinés à une certaine personne, si bien qu’ils disparaissent avec l’éloignement de celle-ci [46]. » Mais, de façon contradictoire, Freud interprète les accès de toux de Dora par son amour inconscient pour M. K car ils surviennent en son absence. Lacan en tirera une interprétation différente. La toux apparaît car l’absence de M. K laisse Dora dans un face-à-face avec Mme K. D’où la question de savoir si le symptôme apparaît en présence ou en l’absence de la personne à qui il est adressé. Freud remarque que c’est cette lutte contre les motifs de la maladie qui fait la faiblesse de toute thérapie face à l’hystérie, y compris la psychanalyse. Cependant, il ne faut pas s’y tromper, le symptôme n’est pas simulation, mais concerne l’inconscient et non le conscient. Cela se confirme dans le fait que, parfois, le destin a la part plus belle que la thérapie pour faire disparaître un symptôme en enlevant le motif de la maladie. Cela explique certaines guérisons « miraculeuses ». Lorsque les motifs de la maladie sont purement internes (autopunition, remords, pénitence), la psychanalyse aura plus de prise que lorsqu’il existe un motif externe.
59Cependant, cette adresse du symptôme hystérique à une personne nous met sur la voie de la question du transfert, que Freud aborde en clôture de l’exposition de ce cas. Il le disait déjà dans son premier article de La technique psychanalytique [47], la personne du médecin fait partie du traitement. Sa pratique de l’hypnose lui avait appris que la bonne disposition du malade envers le médecin le rend réceptif à la suggestion, alors que ses sentiments négatifs réduisent à rien tous ses efforts, il parlait déjà de « réaction thérapeutique négative ».
60Il met explicitement au compte du transfert, dont il n’a pas réussi à se rendre maître à temps [48], son échec dans la cure avec Dora. Négligeant le transfert paternel que Dora manifestait à son endroit, puis celui qu’elle avait sur M. K, et n’ayant pas pris la peine de le lui avoir interprété à temps, Freud pense que Dora interrompit sa cure pour se venger de lui, comme de M. K, et pour lui démontrer son impuissance de médecin. On sait que, bien plus tard, Freud découvrira que sa véritable erreur a consisté à méconnaître le vrai ressort de la problématique de Dora dans l’amour homosexuel inconscient qu’elle vouait à Mme K, qui était la motion la plus forte de tous ses courants inconscients [49].
61En attendant, il nous donne ici une première formalisation de ce qu’il nommera plus tard la névrose de transfert. Autant un transfert positif au médecin peut à lui seul produire la guérison des symptômes hystériques (rappelons-nous le cas d’Anna O.), autant la suspension des symptômes dans une cure peut être trompeuse car la productivité de la névrose n’est pas éteinte pour autant [50]. La névrose peut produire une sorte particulière de formations de pensée le plus souvent inconscientes que Freud appelle « transferts », qui sont des rééditions, des reproductions de motions ou de fantasmes éveillés par la cure et qui se reportent d’une personne antérieure sur la personne du médecin. Il nous précise que ces nouvelles créations de la maladie sont plus difficiles à vaincre que les précédentes, car elles se manifestent à partir de points infimes et il faut que l’analyste les devine presque à soi seul. Cependant, non seulement le transfert est incontournable dans la cure puisqu’il est utilisé pour rendre inaccessible le matériel de la cure, mais il est nécessaire à pouvoir l’atteindre quand il est interprété au bon moment. On constate que, dès cette époque, Freud considère le transfert comme le moteur et le frein de la cure, même s’il ne le formule pas encore ainsi.
62En guise de conclusion provisoire à ce premier parcours de l’élaboration freudienne sur la question du symptôme, nous pouvons nous étonner de constater la richesse de l’émergence de la théorie psychanalytique et de relever à quel point les principaux concepts qui constituent le corps de cette nouvelle pratique sont déjà finement décrits dès 1905. Nous ne pouvons que nous incliner devant l’audace et la puissance de la pensée de Freud qui peut dire ceci : « Il m’importait aussi de montrer que la sexualité n’intervient pas simplement comme un deus ex machina apparaissant une seule fois quelque part dans les rouages des processus caractéristiques de l’hystérie, mais qu’elle fournit la force de pulsion pour chacun des symptômes et pour chacune des manifestations d’un symptôme. Les manifestations de la maladie sont, pour le dire sans ambages, l’activité sexuelle des malades [51]. »
Notes
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[*]
Ce texte est la première partie d’un travail sur la structure : « Symptôme et sinthome ». Il a été produit par un collectif composé de Sidi Askofaré, Bernadette Etcheverry, Marianne Lateule, Dimitris Sakellariou, Marie-Jean Sauret et Fabienne Guillen et a été rédigé par cette dernière.
-
[1]
S. Freud et J. Breuer, Études sur l’hystérie (1895), Paris, puf, 1956.
-
[2]
E. Jones, La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, 1, La jeunesse 1856-1900, Paris, puf, 1958, p. 247-249.
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[3]
Ibid., p. 268.
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[4]
É. Roudinesco, Histoire de la psychanalyse en France, 1, Paris, Fayard, 1994, p. 31.
-
[5]
Ibidem, p. 39.
-
[6]
Ibid., p. 45.
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[7]
Selon Jones, article de Freud écrit en français en 1988 et publié en 1993 dans les Archives de neurologie.
-
[8]
E. Jones, La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, 1, La jeunesse, 1856-1900, op. cit., p. 263.
-
[9]
S. Freud et J. Breuer, Études sur l’hystérie (1895), op. cit.
-
[10]
S. Freud, « Les psychonévroses de défense » (1894), « Qu’il est justifié de séparer de la neurasthénie un certain complexe symptomatique sous le nom de “névrose d’angoisse” » (1895), « Obsessions et phobies » (1895), « L’hérédité et l’étiologie des névroses » (1896), « Nouvelles remarques sur les psychonévroses de défense » (1896), « L’étiologie de l’hystérie » (1896), dans Névrose, psychose et perversion, Paris, puf, 1973, p. 1-112.
-
[11]
S. Freud, « Esquisse d’une psychologie scientifique » (1895), dans La naissance de la psychanalyse, Paris, puf, 1956, p. 307-396.
-
[12]
Ibid., p. 1-306. Ce livre regroupe 168 des 284 lettres que Freud a adressées à Fliess entre 1887 et 1902.
-
[13]
S. Freud, « Les psychonévroses de défense » (1894), op. cit., 1973, p. 12.
-
[14]
S. Freud, « Nouvelles remarques sur les psychonévroses de défense » (1896), op. cit., p. 72-81.
-
[15]
Ibid., p. 75.
-
[16]
S. Freud, « Qu’il est justifié de séparer de la neurasthénie un certain complexe symptomatique sous le nom de “névrose d’angoisse” » (1895), op. cit., p. 15-38.
-
[17]
Ibid., p. 31.
-
[18]
S. Freud, « L’hérédité et l’étiologie des névroses », op. cit., p. 47-59.
-
[19]
S. Freud, « Nouvelles remarques sur les psychonévroses de défense » (1896), op. cit., p. 61-81.
-
[20]
Ibid., p. 68.
-
[21]
S. Freud, « Esquisse d’une psychologie scientifique » (1895), op. cit., p. 190-193.
-
[22]
S. Freud, L’interprétation des rêves, Paris, puf, 1926 et 1967.
-
[23]
Ibid., p. 484.
-
[24]
Ibid., p. 466.
-
[25]
Ibid., p. 475.
-
[26]
Ibid., p. 484.
-
[27]
Ibid., p. 485.
-
[28]
Ibid., p. 494.
-
[29]
Ibid., p. 500.
-
[30]
Ibid., p.514.
-
[31]
E. Jones, La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, 1, La jeunesse, 1856-1900, op. cit., p. 392.
-
[32]
S. Freud, « Fragment d’une analyse d’hystérie » (1901-1905), dans Œuvres complètes Psychanalyse VI, Paris, puf, 2006, p. 185.
-
[33]
S. Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle (1905), Paris, Gallimard, 1987.
-
[34]
Ibid., p. 80. On peut noter qu’on trouve déjà cette formule telle quelle dans la lettre 57 à Fliess (24 janvier 1897) et dans « Fragment d’une analyse d’hystérie » (1905), op. cit.
-
[35]
Ibid., p. 80.
-
[36]
S. Freud, « Fragment d’une analyse d’hystérie », op. cit., p. 192.
-
[37]
Ibid., p. 198.
-
[38]
Ibid., p. 208.
-
[39]
Ibid., p. 282.
-
[40]
Ibid., p. 233.
-
[41]
Ibid., p. 210.
-
[42]
Ibid., p. 221.
-
[43]
Ibid., p. 231.
-
[44]
Ibid., p. 222-223.
-
[45]
Ibid., p. 218.
-
[46]
Ibid., p. 224.
-
[47]
S. Freud, « La psychothérapie » (1904), dans La technique psychanalytique, Paris, puf, 1953.
-
[48]
S. Freud, « Fragment d’une analyse d’hystérie », op. cit., p. 296-297.
-
[49]
Ibid., note 1, p. 299.
-
[50]
Ibid., p. 295.
-
[51]
Ibid., p. 293-294.