Couverture de PSYT_223

Article de revue

Usage de cannabis et complications cardio-vasculaires et neuro-vasculaires

Pages 157 à 183

Notes

  • [1]
    En 2012, le cannabis était retrouvé seul dans 6 décès, prédominant dans 4 décès et codominant dans 5 décès. Parmi ces décès, 8 étaient liés à une pathologie cardio-vasculaire ischémique, 4 à une myocardiopathie dilatée et 3 sans atteinte cardiaque objectivée (dont 2 cas où le cannabis est seul avec 1 décès au cours d’un exercice sportif et 1 cas avec l’association cannabis et citalopram).
  • [2]
    Consommation détectée à partir du PMSI (repérée par les codes CIM 10 F12 et F19), prouvée toxicologiquement.
  • [3]
    La fréquence de consommation des patients n’ayant pas pu être systématiquement vérifiée, l’incidence annuelle régionale des effets en relation avec la consommation de cannabis a été estimée pour deux populations d’usagers de référence : les patients ont tous été considérés comme 1) usagers récents (ayant consommé moins de 10 fois au cours des 30 derniers jours) ; 2) usagers réguliers (ayant consommé 10 fois et plus au cours des 30 derniers jours). Les données concernant la consommation de cannabis en population générale ont été fournies par le Baromètre santé 2005, et les données de l’INSEE ont été utilisées pour les estimations démographiques annuelles.
  • [4]
    Intervalle de confiance à 99 %.
  • [5]
    Pour chaque personne hospitalisée pour infarctus du myocarde et ayant consommé du cannabis dans l’année, le délai de la dernière consommation par rapport à l’infarctus et la fréquence d’exposition ont été renseignés. Ce type d’étude ressemble à une étude cas-témoins appariée où le cas est son propre témoin. La relation entre l’exposition au cannabis et la survenue d’un infarctus du myocarde a été évaluée en comparant l’exposition du sujet au cannabis dans l’heure précédant l’infarctus (cas), à son exposition au cannabis dans l’année passée selon sa fréquence d’usage (contrôle).
  • [6]
    Complexe toxique résultant de la fixation du monoxyde de carbone à l’hémoglobine dans le sang.
  • [7]
    Chute de la pression artérielle au lever.
  • [8]
    Herbe de cannabis dans les articles cités.
  • [9]
    Prise de substance à une dose supérieure à celle pouvant être tolérée par l’organisme.
  • [10]
    La dose de THC oral capable de tuer 50 % des animaux testés (DL50) a été calculée à au moins à 9 g/kg chez le singe (Thompson et al., 1974 ; Thompson et al., 1973). En supposant que cette valeur soit identique chez l’homme, un adulte de 70 kg aurait une DL50 de 630 g, soit l’équivalent de 12 600 joints de 50 mg de THC.
  • [11]
    SVCR : syndrome clinico-radiologique caractérisé par des céphalées importantes et récurrentes, parfois un déficit neurologique focal en relation avec un AVC, et des vasoconstrictions réversibles visibles sur l’imagerie vasculaire intracrânienne (angio-IRM ou Echo-doppler transcrânien) dans les 3 mois.
  • [12]
    Cependant, les aspects angiographiques observées par Wolff remettent en cause l’hypothèse d’un vasospasme du fait de la réversibilité des lésions qui ne survient qu’après plusieurs mois dans un contexte d’arrêt de l’exposition du cannabis (en plus de leur aspect pluri-étagé) (Wolff et al., 2015a ; Bouccin et al., 2016).
  • [13]
    Cannabis seul (9 patients) ou associé à d’autres substances psychoactives.
  • [14]
    Un article américain a rapporté publié en 2014 a rapporté la survenue d’un cas de myopéricardite à répétition suite à la consommation d’herbe de cannabis frelatée (Rodriguez-Castro et al., 2014).

Introduction

1Le cannabis, qui provient de la plante Cannabis sativa, est la drogue illicite la plus consommée dans le monde, en Europe et en France. Son principal composé psycho-actif est le delta-9 tétrahydrocannabinol (THC), classé comme stupéfiant. Le cannabis existe principalement sous deux formes, la résine (haschich) et l’herbe (marijuana). Il est le plus souvent fumé, au moins en France, avec du tabac (Costes 2007). En 2014, 17 millions de personnes âgées de 11 à 75 ans ont expérimenté le cannabis au cours de leur vie en France métropolitaine, dont 4,6 millions en ont consommé dans l’année, 1,4 million en font un usage régulier (au moins 10 fois dans le mois) et 700 000 en consomment tous les jours (Beck et al., 2015). L’usage au cours des 12 derniers mois concernait surtout les plus jeunes : 38 % chez les jeunes de 17 ans, 28 % chez les 18-25 ans et 11 % chez les 18-64 ans. Les premiers sont 9 % à en faire un usage régulier (Spilka et al., 2015). Parmi les usagers au cours des 12 derniers mois, 21 % présentaient un risque élevé d’usage problématique de cannabis (Beck et al., 2015). Le cannabis est souvent considéré par les usagers comme sans danger pour la santé : en 2013, seuls 15 % des usagers actuels jugeaient le cannabis dangereux dès le premier usage (Tovar et al., 2013). Si les effets psychiatriques et neuropsychiques du cannabis sont depuis longtemps largement décrits (Costes 2007 ; Hall et al., 2016 ; OFDT 2013 ; Volkow et al., 2014), les effets somatiques du cannabis fumé, notamment cardio-vasculaires et neuro-vasculaires ne sont rapportés que depuis peu. Les premiers cas ont été décrits dans les années 1960 et les publications se sont multipliées depuis les années 2000 (Jouanjus et al., 2011) essentiellement sous forme de cas cliniques et de revues de littérature, mais peu d’études épidémiologiques ont été réalisées. Au vu du développement de la littérature scientifique sur le sujet et de l’arrivée des cannabinoïdes de synthèse, il a paru nécessaire de dresser un état des lieux des connaissances sur les risques cardio-vasculaires et neuro-vasculaires potentiellement engendrés par la consommation du cannabis et ses dérivés synthétiques. D’autant que, depuis quelques années, le dispositif des Décès en relation avec l’abus de médicaments et de substances (DRAMES, ANSM) rapporte une augmentation du nombre de décès directement attribués au cannabis (ANSM 2015).

Méthodologie

2La stratégie de recherche bibliographique pour cette revue de littérature a été d’interroger d’une part la base Endnote de l’OFDT dans tous les champs (incluant les notices des revues du champ des addictions et des notices issues de la veille Pubmed et les Current Contents) et la base Pubmed directement, en utilisant les mots clés suivants : « cannabis » ou « marijuana » et « stroke » ou « transient ischemic attack » ou « cerebral infarction » ou « cerebrovascular » ou « myocardial infarction » ou « coronary » ou « heart » ou « cardiovascular » ou « cardiac » ou « ischemic » ou « sudden death » ; et d’autre part la base de l’OFDT (incluant l’ancienne base Toxibase) à la recherche des mots clés suivants : « cannabis et cœur » ou « cannabis et appareil cardio-vasculaire » ou « cannabis et infarctus » ou « cannabis et (AVC ou accident vasculaire cérébral) » ou « cannabis et (heart ou stroke ou cardiovascular) » ou « cannabis et arrêt cardiaque » ou « cannabis et ischémie ». Concernant les cannabinoïdes de synthèse, les mots « cannabinoid » ou « synthetic cannabis » ont été recherchés en association avec les mots précédents dans la base Pubmed. Des études épidémiologiques, cas ou séries de cas et revues de littérature publiés sans limite dans le temps par des équipes nord-américaines, européennes ou néo-zélandaises ont été inclus. À partir de ces recherches, certains articles d’intérêt présents dans les bibliographies des articles ont également été sélectionnés. Au total, dans cette revue de littérature, 95 articles ont été inclus (de nombreuses revues de littérature reprenant les mêmes sources) à partir de 198 articles sélectionnés à l’issue de la recherche bibliographique.

3La terminologie employée pour désigner le cannabis diffère selon la nationalité des articles cités. Les auteurs américains emploient le terme « marijuana », la résine de cannabis n’étant quasiment pas consommée en Amérique. Le terme générique de « cannabis » est utilisé par les auteurs européens, à l’exception de quelques articles (français principalement, espagnol et turc) traitant des complications neuro-vasculaires du cannabis, où est faite la distinction entre herbe et résine. Ainsi, il est rarement possible de différencier les effets cardio-vasculaires ou neuro-vasculaires respectifs de ces deux formes de cannabis à partir de la littérature existante.

Les données françaises et européennes

Données DRAMES

4En 2013, 31 décès liés à des troubles cardio-vasculaires ou neuro-vasculaires consécutifs à la consommation de cannabis ont été rapportés dans le cadre du dispositif DRAMES, soit 11 % des décès directement liés à l’usage abusif de substances psychoactives (ANSM 2015 ; Cadet-Taïrou et al., 2015). Depuis 2011, le nombre de décès directement liés au cannabis rapportés par ce dispositif a considérablement augmenté, passant de 6 cas en 2011 à 15 en 2012 [1] (soient respectivement 1 %, 2 % et 5 % des décès) (ANSM), alors qu’aucun cas n’était rapporté avant 2011. L’augmentation du signalement de tels décès pourrait en partie être due à une sensibilisation plus importante des experts à la toxicité cardio-vasculaire du cannabis (ANSM 2015).

Données européennes

5L’étude EuroDEN (European Drug Emergencies Network) a recensé pendant un an entre 2013 et 2014 tous les cas de toxicité aiguë liée aux drogues se présentant aux urgences de 16 centres situés dans 10 pays européens, dont la France (Dines et al., 2015b). Dans les 6 premiers mois de l’étude et sur 14 des 16 centres EuroDEN, sur les 2 198 cas rapportés, 36 (1,6 %) impliquaient le cannabis seul. Ces consommateurs de cannabis s’étaient principalement présentés aux urgences pour des troubles neurocomportementaux (63 %) et des vomissements (17 %). Concernant les complications cardio-vasculaires, un jeune homme de 18 ans est décédé suite à un arrêt cardiaque asystolique survenu alors qu’il fumait du cannabis (Dines et al., 2015a).

Données françaises d’hospitalisation

6En France, une étude portant sur 200 patients hospitalisés en Midi-Pyrénées entre 2007 et 2008, pour un motif en relation avec la consommation de cannabis [2] a montré que 10 % des problèmes de santé survenus suite à la prise de cannabis étaient cardio-vasculaires ou neuro-vasculaires. Parmi ceux-ci, 7 cas d’infarctus du myocarde ont été rapportés dont un avec une histoire clinique de douleurs thoraciques répétées dans les 30 minutes suivant la consommation et 4 cas d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) survenus avant 40 ans (dont un est décédé). Les auteurs ont estimé l’incidence régionale [3] des effets cardio-vasculaires ou neuro-vasculaires du cannabis en 2007 à 1,5 pour 1000 et 2,6 pour 1000, pour les usagers récents et réguliers respectivement (Jouanjus et al., 2011).

Données françaises d’addictovigilance

7Une étude des cas déclarés entre 2006 et 2010 au système national d’addictovigilance en France décrivait 35 cas d’usagers de cannabis ayant eu des complications cardio-vasculaires ou neuro-vasculaires, représentant 1,8 % des déclarations en rapport avec le cannabis. La majorité d’entre eux étaient des hommes, âgés en moyenne de 34 ans. Seize patients avaient des antécédents cardio-vasculaires personnels ou familiaux (46 %), 22 fumaient également du tabac (63 %) et 13 ont bénéficié d’analyses toxicologiques (37 %). Concernant les causes, 22 étaient des complications cardiaques (20 syndromes coronaires aigus et 2 des troubles de la fréquence cardiaque) et 3 des complications cérébrales (les 10 cas restants concernaient des complications vasculaires périphériques). Neuf complications cardiaques ont conduit au décès (Jouanjus et al., 2014). Par rapport au nombre d’usagers réguliers de cannabis en France (1,2 million en 2010), ces 35 cas semblent très peu nombreux, mais il existe une importante sous-déclaration dans les réseaux de pharmacovigilance (95 % des cas ne seraient pas rapportés) (Jouanjus et al., 2012).

Complications cardio-vasculaires

Implication du cannabis dans le déclenchement d’infarctus du myocarde ?

8Les complications cardio-vasculaires liées au cannabis, essentiellement des cas d’infarctus du myocarde, sont rapportés dans la littérature depuis les années 1960.

Études épidémiologiques sur l’association entre cannabis et infarctus du myocarde

9Le cannabis pourrait être impliqué dans le déclenchement d’infarctus du myocarde (Culic, 2007). La part des infarctus dont il pourrait être responsable est évaluée à 0,8 % [0,38-1,67] [4] (Nawrot et al., 2011). Une étude multicentrique américaine publiée en 2001 a évalué le rôle de l’herbe de cannabis comme facteur déclenchant de l’infarctus du myocarde en suivant un plan d’étude croisé [5] (case crossover design) (Maclure, 1991). L’étude a porté sur 3 882 cas d’infarctus du myocarde issus de 64 hôpitaux américains entre 1989 et 1996. Ces patients ont été interrogés sur leur consommation d’herbe de cannabis et sur d’autres potentiels facteurs déclenchants d’infarctus. Cent vingt-quatre personnes rapportaient avoir fumé de l’herbe de cannabis dans l’année précédant l’infarctus dont 37 personnes dans les 24 h et 9 dans l’heure. Elles déclaraient consommer au moins une fois par mois et au moins une fois par semaine pour respectivement 68 % et 41 % d’entre elles. Une heure après avoir fumé de l’herbe de cannabis, le risque estimé de déclencher un infarctus du myocarde était multiplié par 4,8, tandis qu’il diminuait rapidement et devenait non significatif au-delà de la première heure (Mittleman et al., 2001). Malgré un faible niveau de preuve (peu de cas) (Prescrire Rédaction, 2010), cette étude épidémiologique fait du cannabis un facteur potentiel de déclenchement d’infarctus du myocarde.

Revue de littérature de cas d’infarctus du myocarde rapportés au cannabis

10Une revue systématique de littérature publiée en 2013 a recensé 147 cas d’infarctus du myocarde associé au cannabis depuis les années 1960, sans que ne soient mentionnés de critères d’association explicites (Desbois et Cacoub, 2013). Il s’agissait essentiellement d’hommes (93 %), d’individus âgés de 42 ans en moyenne, et les symptômes avaient débuté dans les 24 h après la prise de cannabis pour 38 % des patients. La majorité d’entre eux étaient des fumeurs réguliers de cannabis (au moins une fois par mois) ou fumaient plus d’une fois par semaine (39 % et 44 % respectivement), et fumaient également du tabac (69 %). Certains patients avaient d’autres facteurs de risque cardio-vasculaires, tels qu’une hypertension artérielle, une obésité ou un diabète (28 %, 38 % et 6 % respectivement). Une exploration des artères coronaires était rarement disponible (21 cas) et était normale dans 38 % des cas ou montrait une thrombose dans 38 % des cas. Deux patients ont refait un infarctus du myocarde lors d’une nouvelle exposition au cannabis. Reprenant en partie certains des cas recensés ci-dessus, une revue de littérature publiée en 2016 (Bouccin et al., 2016) a également décrit des cas de syndromes coronariens aigus, survenus en majorité dans les 1 à 2 h suivant la prise de cannabis, chez des hommes jeunes, consommateurs habituels de cannabis et de tabac. Le tableau associait classiquement des douleurs thoraciques, des modifications électrocardiographiques (infarctus du myocarde avec ou sans élévation du segment ST) et une augmentation des enzymes cardiaques ou de la troponine. Le pronostic était le plus souvent favorable, même si des cas mortels ont été décrits.

Autres complications cardio-vasculaires rapportées : morts subites, troubles du rythme et syncopes posturales

11Des cas de morts subites dont l’origine cardio-vasculaire et la relation avec la prise de cannabis ont été mis en évidence par la réalisation d’autopsie et d’analyses toxicologiques dans le sang et les urines, ont également été rapportés dans la littérature depuis les années 2000 (Bachs et Morland, 2001 ; Hartung et al., 2014a ; Tormey, 2012). Les causes de décès retrouvées étaient essentiellement des infarctus du myocarde (pour la plupart sans anomalie des artères coronaires (Bachs et al., 2001)), mais le contexte d’abus de cannabis ou d’autres drogues était rarement connu. Une consommation aiguë de cannabis (herbe) a été rapportée dans deux cas de morts subites ayant fait l’objet d’une investigation médico-légale exhaustive (un cas d’arythmie – tachycardie ventriculaire – sur cardiomyopathie dilatée et un cas d’insuffisance cardiaque globale dans un contexte d’abus de drogue) (Hartung et al., 2014a).

12Ainsi, outre les infarctus du myocarde, des troubles du rythme cardiaques tels qu’une tachycardie ventriculaire pouvant être responsables de décès (Aryana et Williams, 2007), une fibrillation atriale paroxystique ou tachycardie sinusale (Fisher et al., 2005 ; Korantzopoulos, 2014) ou des cardiomyopathies (Hartung et al., 2014b) ont été également décrits. Un cas de pauses cardiaques (asystolie) sans décès en rapport avec une exposition forte au cannabis a été observé (Menahem, 2013). D’autre part, des syncopes posturales associées à la prise de cannabis, dont la présence pourrait constituer une facteur de risque de survenue d’AVC, ont été rapportées, notamment dans une étude expérimentale contrôlée contre placebo en double aveugle sur 39 patients après l’administration de THC (herbe de cannabis fumée ou THC perfusé) (Mathew et al., 2003).

Mécanismes d’action : l’absence de lésion spécifique

Données expérimentales chez l’animal

13Selon le modèle expérimental utilisé pour explorer les effets cardio-vasculaires du cannabis (animal, substance administrée, voie d’administration, dose et état de conscience), les résultats varient. Le plus souvent, il s’agissait de THC administré par voie intraveineuse sur des animaux anesthésiés. Chez l’animal, l’administration de THC conduit habituellement à une bradycardie et une hypotension artérielle prolongée, parfois précédée d’une augmentation dose-dépendante et transitoire de la pression artérielle (Adams et al., 1976a ; Adams et al., 1976b ; Bouccin et al., 2016). Cette bradycardie est due à une diminution de la stimulation du système nerveux sympathique (Vollmer et al., 1974). Chez le chien, une diminution de la fréquence cardiaque est survenue chez l’animal anesthésié ou conscient, alors qu’une diminution de la pression artérielle n’a été observée que chez le chien anesthésié (Friedman et al., 1977). L’administration répétée de THC chez le rat peut provoquer une tolérance aux diminutions de fréquence cardiaque et de pression artérielle, tandis que l’augmentation transitoire de la pression artérielle persiste (Adams et al., 1976a ; Adams et al., 1976b). Chez le rat conscient, a été observée une tachycardie après l’administration d’une faible dose de THC (Osgood et Howes, 1977). Chez le singe conscient, l’administration de THC entraîne également une tachycardie et une hypotension artérielle, parfois précédée par une augmentation transitoire de la pression artérielle. Une tolérance de la tachycardie et de l’hypertension transitoire peut être observée (Fredericks et al., 1981).

14Plusieurs auteurs ont mis en évidence des changements vasculaires en réponse à l’administration de delta9-THC in vitro sur des modèles d’artères animales isolées (Franz et Frishman, 2016b). Dans certaines études, une vasoconstriction dose-dépendante a été observée suite à l’injection intra-artérielle de THC, suggérant l’activation du système nerveux sympathique (Adams et al., 1976b). Dans des études (O’Sullivan et al., 2005a ; O’Sullivan et al., 2006 ; O’Sullivan et al., 2005b) évaluant chez le rat la réponse contractile au delta9-THC de plusieurs vaisseaux (aorte, artère mésentérique supérieure (AMS) et vaisseaux de résistance mésentériques), il a été montré que le delta9-THC induit une vasodilatation de l’aorte et de l’AMS, mais facilite la vasoconstriction dans les vaisseaux de résistance mésentériques. De plus, les auteurs ont montré que l’effet du delta9-THC dépend du mécanisme vasculaire prédominant dans un vaisseau donné. Ainsi, le THC semble provoquer des modifications vasculaires, temps-dépendantes et hétérogènes selon les types d’artères, bien que l’effet le plus souvent observé soit une vasodilatation (O’Sullivan et al., 2005a ; O’Sullivan et al., 2006 ; O’Sullivan et al., 2005b).

Données expérimentales chez l’humain

15L’effet cardio-vasculaire du cannabis chez l’humain est à l’opposé de celui constaté chez les animaux : contrairement à la bradycardie et la diminution de pression artérielle observées habituellement chez l’animal, les données expérimentales chez l’humain mettent en évidence une tachycardie et une augmentation de la pression artérielle.

16À partir d’études expérimentales chez l’homme (le plus souvent jeune et sain) impliquant l’herbe fumée essentiellement et l’injection de THC ou sa prise orale (Jones, 2002), des hypothèses de mécanismes d’action ont été proposées, médiés par le système nerveux autonome et le système endocannabinoïde.

À faibles doses

17À de faibles doses, le THC produit une augmentation de l’activité sympathique et une diminution de l’activité parasympathique, conduisant à une tachycardie et une augmentation du débit cardiaque. La tachycardie peut être responsable de palpitations ou d’une réduction de la tolérance à l’effort chez les sujets coronariens (Aronow et Cassidy, 1974). De manière aiguë, l’usage de THC conduit à une augmentation de la fréquence cardiaque et à une augmentation modérée de la pression artérielle (particulièrement en position couchée). La réponse à la tachycardie et une augmentation des concentrations de catécholamines peuvent entraîner des troubles du rythme cardiaque, et une augmentation de la demande du myocarde en oxygène (Aryana et al., 2007 ; Jones, 2002). Le THC provoque une augmentation du taux de carboxyhémoglobine [6] (plus élevée que pour le tabac), diminuant la capacité de transport de l’oxygène, créant un décalage entre l’augmentation de la demande en oxygène d’une part et la diminution de l’approvisionnement en oxygène au myocarde d’autre part (Lindsay et al., 2005). De plus, le THC induit une diminution des résistances vasculaires périphériques, pouvant entraîner une hypotension orthostatique [7] (Frost et al., 2013).

À plus fortes doses/doses répétées : un effet de tolérance ?

18Un usage répété ou une consommation à de plus fortes doses peut aboutir à une tolérance des effets hémodynamiques aigus du cannabis précédemment décrits. Dans ce cas, le THC induit une augmentation de l’activité parasympathique, responsable d’une diminution de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle, qui pourrait conduire à une diminution de la perfusion coronaire puis à une ischémie myocardique, et à la disparition de l’hypotension orthostatique (Hiley et Ford, 2004 ; Jones, 2002). Mais cette tolérance et l’efficacité des effets hémodynamiques dépendent de la quantité administrée, de la fréquence d’administration ou de l’exposition passée ou récente au cannabis.

Autres mécanismes suggérés

19D’autre part, la production de gaz oxydant lors de la consommation de cannabis [8] fumé (par augmentation du stress cellulaire oxydatif et activation des plaquettes) induit une réponse inflammatoire au niveau de la paroi artérielle (Dahdouh et al., 2012) qui pourrait être responsable de la formation d’un thrombus (caillot sanguin) conduisant à l’ischémie myocardique (Aryana et al., 2007 ; Pratap et Korniyenko, 2012). Devant la présence de complications cardiaques chez de jeunes usagers présentant des artères coronaires saines, il a également été suggéré des anomalies de la microcirculation coronaire résultant d’une diminution réversible du flux sanguin coronaire (Hartung et al., 2014b) ainsi qu’un mécanisme de vasospasme coronaire (Franz et Frishman, 2016a). De plus, l’effet analgésique du THC pouvant masquer la douleur thoracique, cela pourrait entraîner un possible retard au diagnostic d’un infarctus du myocarde (Frost et al., 2013).

20Ainsi, si les effets cardio-vasculaires du cannabis sont surtout présents et ont potentiellement plus de conséquences pour les personnes plus âgées et/ou avec des maladies cardiaques ou neuro-vasculaires sous-jacentes, le risque existe également pour les personnes plus jeunes sans terrain cardio-vasculaire (Jones, 2002).

Absence de mise en évidence d’une relation dose-effet dans la survenue des complications cardio-vasculaires

21Le cannabis n’est pas considéré comme responsable de surdose au sens pharmacologique du terme [9], comme peuvent l’être les opiacés. Bien que les cas décrits concernent essentiellement des consommateurs chroniques et/ou de grande quantité de cannabis, il n’a pas été mis en évidence de relation dose-effet concernant les complications cardio-vasculaires et neuro-vasculaires survenues dans un contexte de consommation de cannabis. De plus, la dose potentiellement létale de cannabis pour l’être humain n’est pas connue, et serait impossible à atteindre en supposant qu’elle soit identique à celle des animaux [10] (Giroud et al., 2008).

22Cependant, pour les effets cardio-vasculaires observés expérimentalement (sur la fréquence cardiaque et la pression artérielle), une relation dose-dépendante a été montrée. En effet, la tachycardie et l’augmentation initiale de la pression artérielle dépendent de la concentration et sont détectables à partir d’une dose de THC de 5 µg/kg de poids corporel. L’effet est le plus souvent transitoire (3 h) mais, en cas d’exposition à une dose de 300 µg/kg de poids corporel, peut se prolonger au-delà de 12 h (Bouccin et al., 2016).

Complications cérébro-vasculaires

Cannabis : une cause d’AVC du sujet jeune ?

23L’AVC chez le jeune (avant 55 ans) et notamment l’AVC ischémique est une situation particulière, dont les étiologies sont variées (dissection artérielle, accidents cardio-emboliques en premier lieu), mais 15-40 % resteraient sans cause (Woimant, 2007). Parmi ceux-ci, des AVC provoqués par la prise de drogues dont le cannabis pourraient être retrouvés. La Société française de neurologie vasculaire et l’European Stroke Organisation (European Stroke Organisation, 2008) recommandent de faire une recherche exhaustive des causes d’AVC chez le sujet jeune, dont la recherche des toxiques, par un interrogatoire sur la consommation de drogues et d’autres substances et par des analyses d’urines systématiques (Barbieux et al., 2012). Malgré le fait que le cannabis soit la drogue illicite la plus répandue, peu de cas d’AVC sont rapportés dans la littérature.

Études épidémiologiques sur l’association entre cannabis et AVC

24Les premiers cas d’AVC en relation avec une prise de cannabis ont été rapportés dans la littérature au début des années 1990. Malgré un nombre de cas décrits croissant, il existe peu d’études épidémiologiques sur la relation entre AVC et cannabis, et la causalité n’est pas encore démontrée.

25Une enquête transversale américaine portant sur les admissions hospitalières de jeunes adultes entre 18 et 44 ans entre 2000 et 2003 a montré que l’exposition au cannabis (détectée à partir des codes CIM9) augmentait le risque d’AVC ischémique de 76 %, même après ajustement sur la consommation d’alcool et de tabac (OR : 1,76 [1,15-2,71]) (Westover et al., 2007).

26Une étude prospective de cas-témoins néo-zélandais publiée en 2013 a montré que l’usage de cannabis était associé à une augmentation de risque d’AVC ischémique ou d’accident ischémique transitoire (OR : 2,30 [1,08-5,05]), mais cette augmentation n’était plus significative après ajustement sur l’usage associé de tabac (OR : 1,56 [0,71-3,7]). Cette étude portait sur 160 cas (de 18 à 55 ans) et témoins dont l’analyse d’urine à la recherche de cannabis était positive pour 35 et 13 patients respectivement (Barber et al., 2013). Cependant, le type de cannabis consommé et la fréquence d’usage n’étaient pas précisés, et les résultats n’ont pas été ajustés sur la prise d’autres substances dont l’alcool ou d’autres drogues illicites.

27Une étude prospective française publiée en 2011 a décrit 48 patients de moins de 45 ans hospitalisés entre 2005 et 2007 pour AVC ischémique, dont 13 présentaient des analyses d’urines positives au cannabis et pas aux autres drogues. Dix de ces 13 patients présentaient à l’imagerie une sténose intracrânienne multifocale (MIS), réversible totalement ou partiellement dans les 3-6 mois pour les 6 patients qui avaient arrêté de consommer du cannabis. Tous les patients avaient commencé à fumer du cannabis de manière régulière plusieurs mois ou années avant l’AVC, et avaient consommé une grande quantité de cannabis quelques jours avant l’AVC (et la moitié une grande quantité d’alcool). L’association entre cannabis et MIS était très significative (un seul patient non-usager de cannabis présentait une MIS) et aucun autre facteur n’était apparu indépendamment associé aux MIS (Wolff et al., 2011). Si la prise en compte du tabac n’apparaît pas clairement dans l’article, ces lésions de MIS décrites seraient spécifiques de la consommation chronique de cannabis (mais pourraient être aggravées par l’alcool), puisqu’elles n’apparaissent pas chez des personnes consommant uniquement du tabac et que les lésions d’athérosclérose provoquées par le tabac ne sont pas réversibles (Wolff et al., 2013b).

28Une étude épidémiologique française a comparé les caractéristiques de 344 patients de moins de 45 ans hospitalisés pour AVC ischémique entre 2005 et 2014, usagers (n = 58) ou non de cannabis (Wolff et al., 2015c). Les usagers de cannabis étaient plus jeunes, plus souvent des hommes, plus fréquemment exposés à d’autres facteurs de risque tels que l’alcool et le tabac, et la cause de l’AVC était plus souvent une sténose artérielle intracrânienne et à un moindre degré cardio-embolique. L’ensemble des patients a eu un pronostic favorable, mais 18 % d’entre eux ont eu des séquelles invalidantes et 5 sont décédés (dont 2 usagers de cannabis).

Revues de la littérature de cas d’AVC rapportés au cannabis

29Des revues systématiques de littérature qui se recoupent en partie ont été publiées entre 2007 et 2015 (Desbois et al., 2013 ; Hackam, 2015 ; Wolff et al., 2013a) et portaient sur 101 patients hospitalisés pour AVC au total. Il s’agissait essentiellement d’hommes, d’âge moyen entre 32 et 35 ans et d’AVC ischémiques (un AVC hémorragique). La majorité des cas décrits étaient isolés ou comportant au plus 3 cas et seulement 3 séries de cas étaient présentées (Ducros et al., 2007 ; Singh et al., 2012 ; Wolff et al., 2011). La robustesse de la relation entre la survenue d’un AVC et l’exposition au cannabis était évaluée par la présence de certains critères, suggérant un lien causal, principalement l’existence d’une relation temporelle entre l’occurrence ou la récurrence de l’AVC et l’usage de cannabis, qui était fréquemment retrouvée. En effet, la plupart des cas d’AVC rapportaient un début des symptômes dans la journée (81 % des cas (Hackam, 2015)) voire dans la demi-heure suivant la consommation de cannabis (77 % des cas (Desbois et al., 2013)). De plus, le plus souvent (70 %) les explorations effectuées étaient suffisantes pour exclure d’autres causes d’AVC (Hackam 2015). Certains patients ont fait un nouvel AVC suite à une exposition ultérieure au cannabis (entre 10 % (Desbois et al., 2013) et 22 % des patients (Hackam, 2015)). Une proportion importante de patients avait d’autres facteurs de risques d’AVC : facteurs de risques cardio-vasculaires hors tabac (8 % des cas (Desbois et al., 2013)), consommation d’autres substances, notamment le tabac (34 % des cas (Hackam 2015)), l’alcool (entre 11 % (Hackam, 2015) et 32 % des cas (Desbois et al., 2013)) et d’autres substances illicites (ecstasy 3 % et cocaïne 7 % (Desbois et al., 2013)). Cependant, les résultats d’analyses toxicologiques n’étaient pas systématiquement disponibles (dans 25 % des cas (Hackam, 2015)). Lorsqu’il était précisé, le type de cannabis fumé était essentiellement de l’herbe, mais aussi de la résine de cannabis (Bargoin 2013 ; Giray et al., ; Mateo et al., 2005 ; Wolff et al., 2011) (pour des cas décrits en France, en Espagne et en Turquie). Lorsque la fréquence d’usage était précisée, il s’agissait presque exclusivement d’usagers chroniques de cannabis (exceptés quelques cas d’abus aigus occasionnels), ayant parfois eu, avant la survenue des symptômes, une consommation inhabituellement importante de cannabis accompagnée ou non d’alcool (Desbois et al., 2013 ; Wolff et al., 2013a). L’imagerie vasculaire était normale dans 26 % des cas et 50 % des patients pour lesquels elle était anormale présentait une sténose intracrânienne multifocale, 23 % une sténose monofocale ou une occlusion et 43 % présentait un syndrome de vasoconstriction cérébrale réversible [11] (Desbois et al., 2013 ; Ducros et al., 2007 ; Wolff et al., 2011 ; Wolff et al., 2013b). Cinq pour cent des 59 patients recensés par Wolff sont décédés, mais la durée de suivi était différente selon les cas (Wolff et al., 2013a).

30Les cas d’AVC en relation avec le cannabis rapportés étaient quasi exclusivement des AVC ischémiques. Seuls quelques cas d’AVC hémorragiques (hémorragie intracérébrale (Ince et al., 2015 ; Renard et Gaillard 2008) ou d’hémorragie méningée (Rumalla et al., 2015)) étaient décrits, associés ou non à un AVC ischémique. Une étude épidémiologique américaine publiée en 2015, rétrospective et transversale, a étudié l’association entre l’usage d’herbe de cannabis et les hémorragies méningées par rupture d’anévrysme à partir d’une cohorte du Nationalwide Impatient Sample (Rumalla et al., 2015). Après ajustement sur les autres facteurs de risques (dont le tabac et la cocaïne), l’usage de cannabis était associé à une augmentation de 18 % du risque d’être hospitalisé pour une hémorragie méningée par rupture d’anévrysme (OR : 1,18 [1,12-1,24]).

Mécanismes d’action : une lésion cérébrale spécifique et réversible ?

31Plusieurs hypothèses de mécanismes ont été proposées pour relier le cannabis aux AVC.

32Les données expérimentales chez le lapin suggèrent que le THC entraîne une vasodilatation des artérioles cérébrales (Ellis et al., 1995). Chez l’humain, les modifications hémodynamiques cérébrales ont été étudiées le plus souvent par Doppler transcrânien, après une exposition aiguë ou chronique au cannabis, ou en période de sevrage (Herning et al., 2005 ; Mathew et Wilson, 1993 ; Mathew et al., 2003 ; Mathew et al., 1989). Cependant, ces études ont été réalisées dans le but d’expliquer les modifications cognitives et comportementales du cannabis et non dans la prédiction de la survenue d’AVC. Les résultats observés sont parfois contradictoires, conduisant à des augmentations ou des réductions des débits régionaux. Une augmentation du débit sanguin cérébral semble accompagner une exposition aiguë au cannabis, tandis qu’est observée une tendance à la stabilisation ou une diminution lors d’une exposition chronique ou d’un sevrage (Bouccin et al., 2016 ; Herning et al., 2005 ; Mathew et al., 1993 ; Mathew et al., 1989).

Mécanismes physiopathologiques suggérés

33Divers mécanismes ont été évoqués, isolés ou associés tels que l’hypotension orthostatique (avec une altération de l’autorégulation du flux sanguin cérébral entraînant une augmentation insuffisante du débit sanguin cérébral en réponse à la baisse de la pression artérielle et de la perfusion cérébrale) (Mathew et al., 2003), une augmentation des résistances vasculaires cérébrales (Herning et al., 2005), des variations de tension artérielle, un vasospasme [12], une embolie d’origine cardiaque sur une fibrillation auriculaire ou d’autres troubles du rythme cardiaque (Barbieux et al., 2012), une vascularite (des cas d’artérites cannabiques des membres inférieurs ont été décrits (Arveiller, 2006 ; Bouccin et al., 2016 ; Karila et al., 2004), la formation d’un thrombus sur des artères cérébrales saines favorisée par le cannabis par agrégation des plaquettes (Caldicott et al., 2005 ; Duchene et al., 2010), voire une prédisposition génétique (Deplanque, 2005).

Des sténoses artérielles multifocales intracrâniennes

34Comme évoquées précédemment, des sténoses artérielles intracrâniennes multifocales (MIS) prolongées et réversibles à l’arrêt du cannabis ont été observées en imagerie cérébrale (Wolff et al., 2011). Selon Wolff, il pourrait s’agir d’une vasculopathie induite par le cannabis (Wolff et al., 2013a), qui pourrait être due aux effets vasoactifs du cannabis entraînant une altération de l’autorégulation du flux sanguin cérébral ou d’origine immunologique. Une étude prospective française sur une cohorte de 159 patients de 18 à 45 ans hospitalisés pour AVC ischémique rapportait 14 sur 21 cas de MIS ayant régressé complètement après 3 à 6 mois dont le facteur précipitant retrouvé était la résine de cannabis (Wolff et al., 2015a).

35Les MIS constitueraient une variante du syndrome de vasoconstriction cérébrale réversible, dont l’AVC (ischémique ou hémorragique) est la principale complication (Ducros et al., 2007). Si la physiopathologie exacte du SVCR n’est pas connue, l’hypothèse communément admise serait un dérèglement aigu et transitoire du tonus des artères cérébrales avec apparition de zones de constriction et de dilatation segmentaires. Ce dérèglement peut être spontané, mais il est parfois secondaire, le plus souvent à des substances vasoactives, sympathomimétiques et sérotoninergiques (Ducros 2010). Une étude prospective française (Ducros et al., 2007) a montré que sur 62 patients atteints d’un SVCR, 60 % avaient été exposés à une substance vasoactive, dont 20 patients au cannabis [13].

Au niveau biologique : une altération mitochondriale ?

36Au niveau biologique, le THC induirait une altération de la chaîne respiratoire mitochondriale et augmenterait le stress oxydatif des cellules, selon une étude animale avec injection de THC in vitro (Wolff et al., 2015b). Par ailleurs, selon une étude portant sur 18 usagers et 24 témoins, l’abus chronique d’herbe serait associé à une augmentation significative des niveaux d’apolipoprotéine C III dans le sérum, protéine connue comme facteur de risque cardio-vasculaire ayant un rôle dans l’altération de la chaîne respiratoire mitochondriale (Jayanthi et al., 2010). L’ensemble de ces mécanismes suggère que l’abus chronique de cannabis pourrait conduire à l’altération des fonctions mitochondriales et du métabolisme énergétique des cellules, déjà connue comme pouvant être à l’origine des AVC et des infarctus du myocarde.

37Ainsi, ces mécanismes pour l’instant encore au stade d’hypothèses pourraient expliquer les complications cardio-vasculaires et neuro-vasculaires du cannabis, dont la survenue dépend également de la fréquence d’usage et du terrain.

Et les cannabinoïdes de synthèse ?

38Les cannabinoïdes de synthèse, dont la diffusion est relativement récente, sont rarement détectés par les analyses toxicologiques de routine. Cependant, de rares cas d’accidents cardio-vasculaires et neuro-vasculaires les impliquant ont récemment été décrits. Quelques cas d’ischémie myocardique et infarctus du myocarde chez des adolescents sans antécédent (Clark et al., 2015 ; Mir et al., 2011) et un cas d’arrêt cardiaque chez un patient coronarien (Ibrahim et al., 2014) ont été rapportés à la suite de la consommation de cannabinoïdes de synthèse (K2). Quelques cas d’AVC ischémiques ont été décrits (Bernson-Leung et al., 2014 ; Freeman et al., 2013 ; Takematsu et al., 2014). De plus, des cas de décès par mort subite d’origine cardiaque ont été attribués aux cannabinoïdes de synthèse après analyses toxicologiques (Behonick et al., 2014 ; Schaefer et al., 2013). Une étude américaine récente a présenté 25 cas de décès pour lesquels la présence de cannabinoïdes de synthèse avait été déterminée analytiquement (Labay et al., 2016). Ces cas ont été relus par des experts (coroner, medical examiner et toxicologistes) et leur avis sur la contribution des cannabinoïdes de synthèse à la cause de la mort a été recueilli. Ils se sont notamment accordés sur l’implication des cannabinoïdes de synthèse chez des sujets ayant une maladie cardio-pulmonaire préexistante. Bien qu’à ce jour il n’existe pas suffisamment d’information concernant la relation entre la concentration sanguine et l’effet de ces substances, les auteurs recommandent de les considérer comme une cause de décès ou associées au décès, en l’absence d’autres causes et au regard de l’histoire du sujet, des circonstances de sa mort et des analyses toxicologiques. D’autres effets indésirables aigus ont également été rapportés, tels que tachycardie, hypertension artérielle, mais aussi douleur thoracique et convulsions (Harris et Brown, 2013 ; Hermanns-Clausen et al., 2013). Les cannabinoïdes de synthèse posséderaient une plus grande affinité pour les récepteurs cannabinoïdes que le cannabis, ce qui pourrait les rendre plus puissants que le cannabis, avec davantage d’effets indésirables et une plus grande durée d’action (Seely et al., 2012).

Limites des études existantes

39Le lien de causalité entre les complications cardio-vasculaires et neuro-vasculaires et l’usage de cannabis n’est pas démontré à ce jour, bien que la relation temporelle entre leur survenue et l’exposition au cannabis suggère une relation causale. Un certain nombre de biais existe et limite la portée des études réalisées sur le sujet.

Tabac, alcool, produits de combustion inhalés… : facteurs de confusion ou facteurs aggravants ?

40Si l’effet des cannabinoïdes sur le système cardio-vasculaire est connu depuis longtemps (THC essentiellement), d’autres substances peuvent constituer des facteurs de confusion ou aggravants, en premier lieu le tabac, ainsi que potentiellement les produits de combustion du cannabis fumé. En effet, les effets biologiques de celui-ci sont complexes, impliquant à la fois le THC et d’autres cannabinoïdes mais aussi les produits de combustion dont l’action n’est pas prise en compte dans les études sur les effets cardio-vasculaires du cannabis (Mittleman et al., 2001).

41De même, concernant la survenue d’AVC, outre le cannabis, le tabac, l’alcool mais aussi d’autres produits toxiques, notamment les produits de combustion inhalés ou les produits de coupe pourraient également être impliqués (Wolff et al., 2013a), mais la littérature existante ne semble que très peu aborder la question des effets cardio-vasculaires ou neuro-vasculaires de ces produits [14].

42Il est important de noter que dans la plupart des études analysant l’association entre cannabis et survenue d’AVC ou de complications cardio-vasculaires, l’influence du tabac, facteur de risque majeur d’AVC et d’infarctus du myocarde n’est pas précisée, ce qui en constitue une limite majeure.

Des mécanismes d’action peu connus

43Les mécanismes impliqués dans la survenue d’infarctus du myocarde ou d’AVC restent encore au stade d’hypothèses, nombreuses et parfois contradictoires. Les résultats des études expérimentales varient selon les modèles expérimentaux humains ou animaux. Chez l’humain, les études portent le plus souvent chez de jeunes hommes en bonne santé avec de petites doses de cannabis ou THC, et il n’y a que peu d’études portant sur des femmes, des personnes âgées, avec des antécédents cardio-vasculaires (Gaziano, 2008 ; Jones, 2002). Pour élaborer des études expérimentales de qualité sur les effets du cannabis, il est nécessaire mais non aisé de contrôler à la fois la variabilité individuelle du comportement de fumer et celle de la composition des joints fumés (Jones 2002). Du fait des conditions expérimentales (voies d’administrations et substances administrées, anesthésie et différences d’espèces), il est difficile de généraliser les résultats des études expérimentales animales vers l’humain. Cependant, il existe tout de même des similitudes : quels que soient les modèles, le cannabis affecte le système cardio-vasculaire, via l’activité du système nerveux sympathique, et le delta9-THC induit des changements vasculaires, en interaction avec des mécanismes vasculaires locaux (Franz et al., 2016b).

Un nombre de cas rapportés faible par rapport au nombre de consommateurs

44Si les complications cardio-vasculaires et neuro-vasculaires en relation avec le cannabis sont de plus en plus décrites dans la littérature, le nombre de cas rapportés reste très faible comparé au nombre de consommateurs de cannabis (quelques centaines dans la littérature internationale face à plus d’un million de consommateurs réguliers en France). Cependant, il existe probablement une sous-estimation des effets indésirables, par méconnaissance des professionnels de santé (qui de ce fait ne rechercheraient pas la consommation de cannabis dans ce contexte) et/ou sous-déclaration aux réseaux d’addictovigilance.

Conclusion

45La relation causale entre la consommation de cannabis et les complications cardio-vasculaires et neuro-vasculaires reste sujette à débat. Mais parce qu’il s’agit de complications graves pouvant entraîner le décès et que l’existence d’une relation temporelle entre leur survenue et la prise de cannabis suggère fortement un lien de causalité, il apparaît indispensable de constituer sur le sujet des études épidémiologiques longitudinales de bon niveau de preuve et d’étayer les hypothèses de mécanismes d’action en cause, en prenant en compte et en ajustant sur la prise d’autres substances (tabac, alcool, autres drogues illicites) et les autres facteurs de risque cardio-vasculaire. La plupart des articles publiés traitent des effets cardio-vasculaires du cannabis plus que des AVC. Cependant, les études évoquant les complications cardio-vasculaires ont été le plus souvent menées aux États-Unis dans un contexte où seule l’herbe de cannabis est consommée, sans que ne soit décrite de lésion spécifique. L’étude de la relation entre AVC et cannabis apparaît moins fréquemment dans la littérature, mais une lésion spécifique, régressant à l’arrêt du cannabis (sténose artérielle intracrânienne multifocale) et impliquant la résine de cannabis, semble avoir été mise en évidence par l’équipe française de Wolff. La recherche spécifique de ce type de lésion et son observation par d’autres spécialistes permettrait d’en confirmer l’existence.

46Devant l’augmentation du nombre de consommateurs de cannabis, mais aussi de la teneur en THC des produits consommés (Cadet-Taïrou et al., 2015), il serait prudent, malgré les limites des études mentionnées, d’informer les professionnels et les usagers sur l’existence possible de complications cardio-vasculaires et neuro-vasculaires, notamment lors d’un usage chronique et en quantité importante, en prenant en compte le terrain cardio-vasculaire et la consommation d’autres drogues. Il serait également souhaitable dans les cas d’infarctus du myocarde, d’AVC ou de mort subite du sujet jeune, de rechercher systématiquement une consommation de drogues (en particulier la cocaïne et le cannabis et leur association à l’alcool et au tabac) et de mener des explorations approfondies comprenant notamment des analyses toxicologiques urinaires (et sanguines dans le cas de décès).

47Ces résultats offrent également des pistes pour la prévention. En effet, face à une population de consommateurs qui considèrent que le cannabis est sans danger et qui sont peu sensibles aux risques sanitaires à long terme, une information reflétant les connaissances actuelles sur les possibles complications cardio-vasculaires et neuro-vasculaires à court terme de la consommation de cannabis serait certainement plus efficace. Cependant, en termes de mortalité directe, il est prématuré de comparer les risques du cannabis, qui font encore l’objet de discussions scientifiques, à ceux de l’alcool ou du tabac, depuis longtemps établis et d’ampleur épidémiologique majeure.

Bibliographie

  • Adams, M. D., Chait, L. D., Earnhardt, J. T. (1976a). « Tolerance to the cardiovascular effects of delta9-tetrahydrocannabinol in the rat », British Journal of Pharmacology, 56(1), 43-48.
  • Adams, M. D., Earnhardt, J. T., Dewey, W. L., Harris, L. S. (1976b). « Vasoconstrictor actions of delta8- and delta9-tetrahydrocannabinol in the rat », Journal of Pharmacology and Experimental Therapeutics, 196(3), 649-656.
  • ANSM. Résultats des enquêtes DRAMES (Décès en Relation avec l’Abus de Médicaments Et de Substances). http://ansm.sante.fr/Declarer-un-effet-indesirable/Pharmacodependance-Addictovigilance/Outils-de-surveillance-et-d-evaluation-Resultats-d-enquetes/%28offset%29/3#paragraph_54409 (Accédé le 25/06/2015)
  • ANSM (2015). Commission des stupéfiants et psychotropes. Compte rendu de la séance n°10 du 12 février 2015. Approuvé le 25 juin 2015. Saint-Denis, ANSM.
  • Aronow, W. S., Cassidy, J. (1974). « Effect of marihuana and placebo-marihuana smoking on angina pectoris », New England Journal of Medicine, 291(2), 65-67.
  • Aryana, A., Williams, M. A. (2007). « Marijuana as a trigger of cardiovascular events: speculation or scientific certainty? », International Journal of Cardiology, 118(2), 141-144.
  • Bachs, L., Morland, H. (2001). « Acute cardiovascular fatalities following cannabis use », Forensic Science International, 124(2-3), 200-203.
  • Barber, P. A., Pridmore, H. M., Krishnamurthy, V., Roberts, S., Spriggs, D. A., Carter, K. N., Anderson, N. E. (2013). « Cannabis, ischemic stroke, and transient ischemic attack: a case-control study », Stroke, 44(8), 2327-2329.
  • Barbieux, M., Véran, O., Detante, O. (2012). « Accidents vasculaires cérébraux ischémiques du sujet jeune et toxiques », Revue de médecine interne, 33(1), 35-40.
  • Bargoin, V. (2013). « AVC associés au cannabis, mythe ou réalité ? », Medscape, 25 janvier 2013.
  • Beck, F., Richard, J.-B., Guignard, R., Le Nézet, O., Spilka, S. (2015). Les niveaux d’usage des drogues en France en 2014. Tendances, OFDT, 99.
  • Behonick, G., Shanks, K. G., Firchau, D. J., Mathur, G., Lynch, C. F., Nashelsky, M., Jaskierny, D. J., Meroueh, C. (2014). « Four postmortem case reports with quantitative detection of the synthetic cannabinoid, 5F-PB-22 », Journal of Analytical Toxicology, 38(8), 559-562.
  • Bernson-Leung, M. E., Leung, L. Y., Kumar, S. (2014). « Synthetic cannabis and acute ischemic stroke », Journal of Stroke and Cerebrovascular Diseases, 23(5), 1239-1241.
  • Bouccin, E., Eloye, H., Hantson, P. (2016). « Complications vasculaires périphériques, cardiaques et cérebrales associées à l’utilisation du cannabis », Toxicologie Analytique et Clinique, 28(2), 115-128.
  • Cadet-Taïrou, A., Gandilhon, M., Martinez, M., Néfau, T. (2015). Substances psychoactives en France : tendances récentes (2014-2015). Tendances, OFDT, 105.
  • Caldicott, D. G., Holmes, J., Roberts-Thomson, K. C., Mahar, L. (2005). « Keep off the grass: marijuana use and acute cardiovascular events », European Journal of Emergency Medicine, 12(5), 236-244.
  • Clark, B. C., Georgekutty, J., Berul, C. I. (2015). « Myocardial Ischemia Secondary to Synthetic Cannabinoid (K2) Use in Pediatric Patients », Journal of Pediatrics, 167(3), 757-761 e751.
  • Culic, V. (2007). « Acute risk factors for myocardial infarction », International Journal of Cardiology, 117(2), 260-269.
  • Dahdouh, Z., Roule, V., Lognone, T., Sabatier, R., Grollier, G. (2012). « Cannabis and coronary thrombosis: What is the role of platelets? », Platelets, 23(3), 243-245.
  • Deplanque, D. (2005). « Recreational cannabis use: not so harmless! », Journal of Neurology, Neurosurgery & Psychiatry, 76(3), 306.
  • Desbois, A. C., Cacoub, P. (2013). « Cannabis-associated arterial disease », Annals of Vascular Surgery, 27(7), 996-1005.
  • Dines, A. M., Wood, D. M., Galicia, M., Yates, C. M., Heyerdahl, F., Hovda, K. E., Giraudon, I., Sedefov, R., Dargan, P. I. (2015a). « Presentations to the Emergency Department Following Cannabis use-a Multi-Centre Case Series from Ten European Countries », Journal of Medical Toxicology, 11(4), 415-421.
  • Dines, A. M., Wood, D. M., Yates, C., Heyerdahl, F., Hovda, K. E., Giraudon, I., Sedefov, R., Dargan, P. I. (2015b). « Acute recreational drug and new psychoactive substance toxicity in Europe: 12 months data collection from the European Drug Emergencies Network (Euro-DEN) », Clinical toxicology (Philadelphia, Pa.), 53(9), 893-900.
  • Duchene, C., Olindo, S., Chausson, N., Jeannin, S., Cohen-Tenoudji, P., Smadja, D. (2010). « Infarctus cérébral et myocardique après consommation de cannabis chez une femme jeune », Revue neurologique, 166(4), 438-442.
  • Ducros, A., Boukobza, M., Porcher, R., Sarov, M., Valade, D., Bousser, M. G. (2007). « The clinical and radiological spectrum of reversible cerebral vasoconstriction syndrome. A prospective series of 67 patients », Brain, 130(Pt 12), 3091-3101.
  • Ducros, A. (2010). « Syndrome de vasoconstriction cérébrale réversible », La Presse médicale, 39(3), 312-322.
  • Ellis, E. F., Moore, S. F., Willoughby, K. A. (1995). « Anandamide and delta 9-THC dilation of cerebral arterioles is blocked by indomethacin », The American Journal of Physiology, 269(6 Pt 2), H1859-H1864.
  • European Stroke Organisation (2008). « Guidelines for management of ischaemic stroke and transient ischaemic attack 2008 », Cerebrovascular Diseases, 25(5), 457-507.
  • Fisher, B. A., Ghuran, A., Vadamalai, V., Antonios, T. F. (2005). « Cardiovascular complications induced by cannabis smoking: a case report and review of the literature », Emergency Medicine Journal, 22(9), 679-680.
  • Franz, C. A., Frishman, W. H. (2016a). « Marijuana Use and Cardiovascular Disease », Cardiology in Review.
  • Franz, C. A., Frishman, W. H. (2016b). « Marijuana use and cardiovascular disease », Cardiology in Review, 24(4), 158-162.
  • Fredericks, A. B., Benowitz, N. L., Savanapridi, C. Y. (1981). « The cardiovascular and autonomic effects of repeated administration of delta-9-tetrahydrocannabinol to rhesus monkeys », Journal of Pharmacology and Experimental Therapeutics, 216(2), 247-253.
  • Freeman, M. J., Rose, D. Z., Myers, M. A., Gooch, C. L., Bozeman, A. C., Burgin, W. S. (2013). « Ischemic stroke after use of the synthetic marijuana «spice» », Neurology, 81(24), 2090-2093.
  • Friedman, E., Gershon, S., Hine, B., Torrelio, M. (1977). « Cardiovascular effects of delta9-tetrahydrocannabinol in conscious and anaesthetized dogs », British Journal of Pharmacology, 59(4), 561-563.
  • Frost, L., Mostofsky, E., Rosenbloom, J. I., Mukamal, K. J., Mittleman, M. A. (2013). « Marijuana use and long-term mortality among survivors of acute myocardial infarction », American Heart Journal, 165(2), 170-175.
  • Gaziano, J. M. (2008). « Marijuana use among those at risk for cardiovascular events », American Heart Journal, 155(3), 395-396.
  • Giray, S., Gulalp, B., Karatas, M., Altinors, M. N., Can, U. (2011). « [Recurrent stroke associated with marijuana abuse] », Journal of Academic Emergency Medicine Case Reports, 4(2), 33-35.
  • Giroud, C., Bollmann, M., Thomas, A., Mangin, P., Favrat, B. (2008). « Consommation de cannabis : quels sont les risques? », Annales de toxicologie analytique, 20(4), 183-205.
  • Hackam, D. G. (2015). « Cannabis and stroke: systematic appraisal of case reports », Stroke, 46(3), 852-856.
  • Hall, W., Renström, M., Poznyak, V. (2016). The health and social effects of non medical cannabis use. Genève, World Health Organization.
  • Harris, C. R., Brown, A. (2013). « Synthetic cannabinoid intoxication: a case series and review », Journal of Emergency Medicine, 44(2), 360-366.
  • Hartung, B., Kauferstein, S., Ritz-Timme, S., Daldrup, T. (2014a). « Sudden unexpected death under acute influence of cannabis », Forensic Science International, 237, e11-13.
  • Hartung, B., Kauferstein, S., Ritz-Timme, S., Daldrup, T. (2014b). « Sudden unexpected death under acute influence of cannabis », Forensic Science International, 237, e11-e13.
  • Hermanns-Clausen, M., Kneisel, S., Szabo, B., Auwarter, V. (2013). « Acute toxicity due to the confirmed consumption of synthetic cannabinoids: clinical and laboratory findings », Addiction, 108(3), 534-544.
  • Herning, R. I., Better, W. E., Tate, K., Cadet, J. L. (2005). « Cerebrovascular perfusion in marijuana users during a month of monitored abstinence », Neurology, 64(3), 488-493.
  • Hiley, C. R., Ford, W. R. (2004). « Cannabinoid pharmacology in the cardiovascular system: potential protective mechanisms through lipid signalling », Biological Reviews of the Cambridge Philosophical Society, 79(1), 187-205.
  • Ibrahim, S., Al-Saffar, F., Wannenburg, T. (2014). « A Unique Case of Cardiac Arrest following K2 Abuse », Case Reports in Cardiology, 2014, 120607.
  • Ince, B., Benbir, G., Yuksel, O., Koseoglu, L., Uluduz, D. (2015). « Both hemorrhagic and ischemic stroke following high doses of cannabis consumption », Presse Medicale, 44(1), 106-107.
  • Jayanthi, S., Buie, S., Moore, S., Herning, R. I., Better, W., Wilson, N. M., Contoreggi, C., Cadet, J. L. (2010). « Heavy marijuana users show increased serum apolipoprotein C-III levels: evidence from proteomic analyses », Molecular Psychiatry, 15(1), 101-112.
  • Jones, R. T. (2002). « Cardiovascular system effects of marijuana », Journal of Clinical Pharmacology, 42(11 Suppl.), 58S-63S.
  • Jouanjus, E., Leymarie, F., Tubery, M., Lapeyre-Mestre, M. (2011). « Cannabis-related hospitalizations: unexpected serious events identified through hospital databases », British Journal of Clinical Pharmacology, 71(5), 758-765.
  • Jouanjus, E., Pourcel, L., Saivin, S., Molinier, L., Lapeyre-Mestre, M. (2012). « Use of multiple sources and capture-recapture method to estimate the frequency of hospitalizations related to drug abuse », Pharmacoepidemiology and Drug Safety, 21(7), 733-741.
  • Jouanjus, E., Lapeyre-Mestre, M., Micallef, J. (2014). « Cannabis use: signal of increasing risk of serious cardiovascular disorders », Journal of the American Heart Association, 3(2), e000638.
  • Karila, L., Danel, T., Coscas, S., Chambon, J. P., Reynaud, M. (2004). « L’artérite progressive cannabique, un sous-type clinique de la thrombo-angéite oblitérante ? », La Presse médicale, 33(18 Suppl.), 21-23.
  • Korantzopoulos, P. (2014). « Marijuana smoking is associated with atrial fibrillation », American Journal of Cardiology, 113(6), 1085-1086.
  • Labay, L. M., Caruso, J. L., Gilson, T. P., Phipps, R. J., Knight, L. D., Lemos, N. P., McIntyre, I. M., Stoppacher, R., Tormos, L. M., Wiens, A. L., Williams, E., Logan, B. K. (2016). « Synthetic cannabinoid drug use as a cause or contributory cause of death », Forensic Science International, 260, 31-39.
  • Lindsay, A. C., Foale, R. A., Warren, O., Henry, J. A. (2005). « Cannabis as a precipitant of cardiovascular emergencies », International Journal of Cardiology, 104(2), 230-232.
  • Maclure, M. (1991). « The case-crossover design: a method for studying transient effects on the risk of acute events », American Journal of Epidemiology, 133(2), 144-153.
  • Mateo, I., Pinedo, A., Gomez-Beldarrain, M., Basterretxea, J. M., Garcia-Monco, J. C. (2005). « Recurrent stroke associated with cannabis use », Journal of Neurology, Neurosurgery, and Psychiatry, 76(3), 435-437.
  • Mathew, R. J., Wilson, W. H., Tant, S. R. (1989). « Acute changes in cerebral blood flow associated with marijuana smoking », Acta Psychiatrica Scandinavica, 79(2), 118-128.
  • Mathew, R. J., Wilson, W. H. (1993). « Acute changes in cerebral blood flow after smoking marijuana », Life Sciences, 52(8), 757-767.
  • Mathew, R. J., Wilson, W. H., Davis, R. (2003). « Postural syncope after marijuana: a transcranial Doppler study of the hemodynamics », Pharmacology Biochemistry and Behavior, 75(2), 309-318.
  • Menahem, S. (2013). « Cardiac asystole following cannabis (marijuana) usage – Additional mechanism for sudden death? », Forensic Science International, 233(1-3), e3-e5.
  • Mir, A., Obafemi, A., Young, A., Kane, C. (2011). « Myocardial infarction associated with use of the synthetic cannabinoid K2 », Pediatrics, 128(6), e1622-1627.
  • Mittleman, M. A., Lewis, R. A., Maclure, M., Sherwood, J. B., Muller, J. E. (2001). « Triggering myocardial infarction by marijuana », Circulation, 103(23), 2805-2809.
  • Nawrot, T. S., Perez, L., Kunzli, N., Munters, E., Nemery, B. (2011). « Public health importance of triggers of myocardial infarction: a comparative risk assessment », Lancet, 377(9767), 732-740.
  • O’Sullivan, S. E., Kendall, D. A., Randall, M. D. (2005a). « The effects of Δ9-tetrahydrocannabinol in rat mesenteric vasculature, and its interactions with the endocannabinoid anandamide », British Journal of Pharmacology, 145(4), 514-526.
  • O’Sullivan, S. E., Tarling, E. J., Bennett, A. J., Kendall, D. A., Randall, M. D. (2005b). « Novel time-dependent vascular actions of Delta9-tetrahydrocannabinol mediated by peroxisome proliferator-activated receptor gamma », Biochemical and Biophysical Research Communications, 337(3), 824-831.
  • O’Sullivan, S. E., Kendall, D. A., Randall, M. D. (2006). « Further characterization of the time-dependent vascular effects of delta9-tetrahydrocannabinol », Journal of Pharmacology and Experimental Therapeutics, 317(1), 428-438.
  • OFDT (2013). Drogues et addictions, données essentielles. Saint-Denis, OFDT.
  • Osgood, P. F., Howes, J. F. (1977). « Delta9-Tetrahydrocannabinol and dimethylheptylpyran induced tachycardia in the conscious rat », Life Sciences, 21(9), 1329-1336.
  • Pratap, B., Korniyenko, A. (2012). « Toxic effects of marijuana on the cardiovascular system », Cardiovascular Toxicology, 12(2), 143-148.
  • Prescrire Rédaction (2010). « Effets indésirables du cannabis », Prescrire, 30(321), 515-522.
  • Renard, D., Gaillard, N. (2008). « Brain haemorrhage and cerebral vasospasm associated with chronic use of cannabis and buprenorphine », Cerebrovascular Diseases, 25(3), 282-283.
  • Rodriguez-Castro, C. E., Alkhateeb, H., Elfar, A., Saifuddin, F., Abbas, A., Siddiqui, T. (2014). « Recurrent myopericarditis as a complication of Marijuana use », American Journal of Case Reports, 15, 60-62.
  • Rumalla, K., Reddy, A. Y., Mittal, M. K. (2015). « Association of Recreational Marijuana Use with Aneurysmal Subarachnoid Hemorrhage », Journal of Stroke and Cerebrovascular Diseases.
  • Schaefer, N., Peters, B., Bregel, D., Kneisel, S., Auwärter, V., Schmidt, P. H., Ewald, A. H. (2013). « A fatal case involving several synthetic cannabinoids », Toxichem Krimtech, 80(Special Issue), 248-251.
  • Seely, K. A., Lapoint, J., Moran, J. H., Fattore, L. (2012). « Spice drugs are more than harmless herbal blends: a review of the pharmacology and toxicology of synthetic cannabinoids », Progress in Neuro-Psychopharmacology and Biological Psychiatry, 39(2), 234-243.
  • Singh, N. N., Pan, Y., Muengtaweeponsa, S., Geller, T. J., Cruz-Flores, S. (2012). « Cannabis-related stroke: case series and review of literature », Journal of Stroke and Cerebrovascular Diseases, 21(7), 555-560.
  • Spilka, S., Le Nezet, O., Ngantcha, M., Beck, F. (2015). Les drogues à 17 ans : analyse de l’enquête ESCAPAD 2014. Tendances, OFDT, 100.
  • Takematsu, M., Hoffman, R. S., Nelson, L. S., Schechter, J. M., Moran, J. H., Wiener, S. W. (2014). « A case of acute cerebral ischemia following inhalation of a synthetic cannabinoid », Clinical toxicology (Philadelphia, Pa.), 52(9), 973-975.
  • Thompson, G. R., Rosenkrantz, H., Schaeppi, U. H., Braude, M. C. (1973). « Comparison of acute oral toxicity of cannabinoids in rats, dogs and monkeys », Toxicology and Applied Pharmacology, 25(3), 363-372.
  • Thompson, G. R., Fleischman, R. W., Rosenkrantz, H., Braude, M. C. (1974). « Oral and intravenous toxicity of delta9-tetrahydrocannabinol in rhesus monkeys », Toxicology and Applied Pharmacology, 27(3), 648-665.
  • Tormey, W. P. (2012). « Cannabis, possible cardiac deaths and the coroner in Ireland », Irish Journal of Medical Science, 181(4), 479-482.
  • Tovar, M. L., Le Nézet, O., Bastianic, T. (2013). Perceptions et opinions des Français sur les drogues. Tendances, OFDT, 88.
  • Volkow, N. D., Baler, R. D., Compton, W. M., Weiss, S. R. B. (2014). « Adverse health effects of marijuana use », New England Journal of Medicine, 370(23), 2219-2227.
  • Vollmer, R. R., Cavero, I., Ertel, R. J., Solomon, T. A., Buckley, J. P. (1974). « Role of the central autonomic nervous system in the hypotension and bradycardia induced by (-)-delta 9-trans-tetrahydrocannabinol », Journal of Pharmacy and Pharmacology, 26(3), 186-192.
  • Westover, A. N., McBride, S., Haley, R. W. (2007). « Stroke in young adults who abuse amphetamines or cocaine: a population-based study of hospitalized patients », Archives of General Psychiatry, 64(4), 495-502.
  • Woimant, F. (2007). « Infarctus cérébral du sujet jeune », La Presse médicale, 36(Suppl.1), 1S59-51S64.
  • Wolff, V., Lauer, V., Rouyer, O., Sellal, F., Meyer, N., Raul, J. S., Sabourdy, C., Boujan, F., Jahn, C., Beaujeux, R., Marescaux, C. (2011). « Cannabis use, ischemic stroke, and multifocal intracranial vasoconstriction: a prospective study in 48 consecutive young patients », Stroke, 42(6), 1778-1780.
  • Wolff, V., Armspach, J. P., Lauer, V., Rouyer, O., Bataillard, M., Marescaux, C., Geny, B. (2013a). « Cannabis-related stroke: myth or reality? », Stroke, 44(2), 558-563.
  • Wolff, V., Rouyer, O., Geny, B. (2013b). « Response to letter regarding article, «Cannabis-related stroke: myth or reality?» », Stroke, 44(5), e57.
  • Wolff, V., Armspach, J. P., Lauer, V., Rouyer, O., Ducros, A., Marescaux, C., Geny, B. (2015a). « Ischaemic strokes with reversible vasoconstriction and without thunderclap headache: a variant of the reversible cerebral vasoconstriction syndrome? », Cerebrovascular Diseases, 39(1), 31-38.
  • Wolff, V., Schlagowski, A. I., Rouyer, O., Charles, A. L., Singh, F., Auger, C., Schini-Kerth, V., Marescaux, C., Raul, J. S., Zoll, J., Geny, B. (2015b). « Tetrahydrocannabinol induces brain mitochondrial respiratory chain dysfunction and increases oxidative stress: a potential mechanism involved in cannabis-related stroke », BioMed Research International, 2015, 323706.
  • Wolff, V., Zinchenko, I., Quenardelle, V., Rouyer, O., Geny, B. (2015c). « Characteristics and prognosis of ischemic stroke in young cannabis users compared with non-cannabis users », Journal of the American College of Cardiology, 66(18), 2052-2053.

Mots-clés éditeurs : mort subite, cardio-vasculaire, ischémie myocardique, cannabinoïde de synthèse, cannabis, accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde, coronaire

Date de mise en ligne : 06/02/2017

https://doi.org/10.3917/psyt.223.0157

Notes

  • [1]
    En 2012, le cannabis était retrouvé seul dans 6 décès, prédominant dans 4 décès et codominant dans 5 décès. Parmi ces décès, 8 étaient liés à une pathologie cardio-vasculaire ischémique, 4 à une myocardiopathie dilatée et 3 sans atteinte cardiaque objectivée (dont 2 cas où le cannabis est seul avec 1 décès au cours d’un exercice sportif et 1 cas avec l’association cannabis et citalopram).
  • [2]
    Consommation détectée à partir du PMSI (repérée par les codes CIM 10 F12 et F19), prouvée toxicologiquement.
  • [3]
    La fréquence de consommation des patients n’ayant pas pu être systématiquement vérifiée, l’incidence annuelle régionale des effets en relation avec la consommation de cannabis a été estimée pour deux populations d’usagers de référence : les patients ont tous été considérés comme 1) usagers récents (ayant consommé moins de 10 fois au cours des 30 derniers jours) ; 2) usagers réguliers (ayant consommé 10 fois et plus au cours des 30 derniers jours). Les données concernant la consommation de cannabis en population générale ont été fournies par le Baromètre santé 2005, et les données de l’INSEE ont été utilisées pour les estimations démographiques annuelles.
  • [4]
    Intervalle de confiance à 99 %.
  • [5]
    Pour chaque personne hospitalisée pour infarctus du myocarde et ayant consommé du cannabis dans l’année, le délai de la dernière consommation par rapport à l’infarctus et la fréquence d’exposition ont été renseignés. Ce type d’étude ressemble à une étude cas-témoins appariée où le cas est son propre témoin. La relation entre l’exposition au cannabis et la survenue d’un infarctus du myocarde a été évaluée en comparant l’exposition du sujet au cannabis dans l’heure précédant l’infarctus (cas), à son exposition au cannabis dans l’année passée selon sa fréquence d’usage (contrôle).
  • [6]
    Complexe toxique résultant de la fixation du monoxyde de carbone à l’hémoglobine dans le sang.
  • [7]
    Chute de la pression artérielle au lever.
  • [8]
    Herbe de cannabis dans les articles cités.
  • [9]
    Prise de substance à une dose supérieure à celle pouvant être tolérée par l’organisme.
  • [10]
    La dose de THC oral capable de tuer 50 % des animaux testés (DL50) a été calculée à au moins à 9 g/kg chez le singe (Thompson et al., 1974 ; Thompson et al., 1973). En supposant que cette valeur soit identique chez l’homme, un adulte de 70 kg aurait une DL50 de 630 g, soit l’équivalent de 12 600 joints de 50 mg de THC.
  • [11]
    SVCR : syndrome clinico-radiologique caractérisé par des céphalées importantes et récurrentes, parfois un déficit neurologique focal en relation avec un AVC, et des vasoconstrictions réversibles visibles sur l’imagerie vasculaire intracrânienne (angio-IRM ou Echo-doppler transcrânien) dans les 3 mois.
  • [12]
    Cependant, les aspects angiographiques observées par Wolff remettent en cause l’hypothèse d’un vasospasme du fait de la réversibilité des lésions qui ne survient qu’après plusieurs mois dans un contexte d’arrêt de l’exposition du cannabis (en plus de leur aspect pluri-étagé) (Wolff et al., 2015a ; Bouccin et al., 2016).
  • [13]
    Cannabis seul (9 patients) ou associé à d’autres substances psychoactives.
  • [14]
    Un article américain a rapporté publié en 2014 a rapporté la survenue d’un cas de myopéricardite à répétition suite à la consommation d’herbe de cannabis frelatée (Rodriguez-Castro et al., 2014).

Domaines

Sciences Humaines et Sociales

Sciences, techniques et médecine

Droit et Administration

bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Retrouvez Cairn.info sur

Avec le soutien de

18.97.9.172

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions