1La définition des « Cadres » dans différentes situations psychothérapeutiques est revisitée dans ce numéro de notre revue, de ses pratiques historiques aux réflexions les plus récentes, qui s’adaptent aux cas de figures psychopathologiques plus élargies que nous sommes conviés à traiter, et aux changements potentiellement vécus chez les thérapeutes eux-mêmes.
2Si la situation « psychothérapeutique » inclut la majorité des phénomènes qui sont en jeu dans la relation qui s’établit entre thérapeute et patient, nous avons surtout pour habitude d’en étudier le contenu, le processus, les réactions aux diverses interprétations et clarifications, la tonalité des échanges, la force de l’alliance thérapeutique, la qualité plus ou moins libidinale du transfert et du contre-transfert.
3Le cadre qui entoure le contenu des séances, comme un contenant, reste le plus souvent « muet », alors qu’il en constitue l’enveloppe indispensable, permettant l’émergence de la bonne qualité associative et assurant les conditions de la cure dans une aire de sécurité.
4Les éléments du cadre de la cure psychanalytique classique ont été tardivement évoqués par Freud sous la forme de « Procédés » ou « Verfahrung », mais c’est bien plus tard, à partir des années 50, que les dispositifs du cadre ont été plus largement étudiés, et considérés comme des ingrédients indispensables au bon déroulement de la cure. Du « setting » ou « holding » de Winnicott aux réflexions plus récentes développées par André Green, José Bleger, Jean Luc Donnet, René Roussillon et bien d’autres auteurs, le cadre peut se définir actuellement comme le pôle cohérent, l’axiome de maîtrise et de responsabilité du thérapeute, les limitations, les interdits et la distance nécessaire à l’émergence des représentations, garants de l’émergence des capacités psychiques de symbolisation et de liaison pulsionnelle.
5Le cadre, partie fixe et stable de la cure psychothérapeutique, serait un ensemble de constantes grâce auxquelles peut exister et tenir lieu un processus analytique. Nous pensons à « la matrice et l’écrin » décrits par André Green, où le cadre « écrin » contient le bijou « matrice active » du couple dialogique où s’enracine l’analyse. Ainsi, le cadre s’inscrit activement comme un élément majeur du processus analytique !
6Nous savons que la règle fondamentale du cadre est conçue comme une unité de temps et de lieu consistant à introduire le minimum de variations autour du développement du processus.
7Le cadre idéal et son respect doivent suivre les règles fondamentales d’abstinence, de neutralité, de confidentialité et de constance, afin de conditionner au mieux le déroulement de la cure.
8Nous constatons que le cadre est effectivement conçu dans un idéal de protection non seulement face aux assauts des mouvements pulsionnels vécus par les patients, mais de plus en plus également face aux assauts de la réalité externe potentiellement traumatique endurée par ces derniers.
9Grâce au cadre, les pensées du thérapeute et du patient entrelacées dans leurs interactions intersubjectives devraient pouvoir continuer de s’y déployer en toute tranquillité, et survivre aux courants parfois violents des grandes traversées maritimes.
10Comment continuer à assurer le bon cadre dans une pratique qui s’élargit et s’adresse à des figures cliniques et à des psychopathologies toujours plus variées ? Et à des modalités d’approche toujours plus multiples du patient pris en soin en individuel, dans une dyade ou une triade familiale, dans sa famille au complet, dans un groupe thérapeutique, dans une institution ?
11Pourquoi l’enjeu du cadre est-il au centre de nombreuses querelles entre les psychanalystes, donnant lieu à différents courants et écoles de psychanalystes ?
12Qu’en est-il des notions du cadre thérapeutique chez les premiers psychanalystes qui ont ouvert la voie à la découverte historique de ce concept ?
13Voici une lecture qui va sûrement éveiller toute votre curiosité !
