Couverture de PSYS_144

Article de revue

Le XXIe : un siècle immunisé contre la psychanalyse ?

Pages 249 à 257

Notes

  • [1]
    Version retravaillée d’une conférence présentée lors de la journée de l’EFPP romande sur le thème « La psychanalyse dans la cité », le 28 novembre 2013 à Yverdon (Suisse).
  • [2]
    Psychiatre, psychanalyste, membre de la Société Suisse de Psychanalyse et de l’EFPP, Lausanne (Suisse).
  • [3]
    Pensons par exemple à « Considérations actuelles sur la guerre et sur la mort » (1915b), « Psychologie collective et analyse du moi »(1921c), « L’avenir d’une illusion »(1927c), « Malaise dans la civilisation » (1930a [1929]).
  • [4]
    Conférence donnée à Lausanne le 30 novembre 1983 sur ce thème « La peste à Lausanne ». Cette conférence était organisée à l’invitation du « Collectif de recherche pédagogique et psychanalytique ».
  • [5]
    Nosferatu, fantôme de la nuit (titre original Nosferatu : Phantom der Nacht) est un film allemand réalisé par Werner Herzog, sorti en 1979.
  • [6]
    Communication orale.

Introduction

1La psychanalyse a connu depuis son invention par Freud un développement important et a exercé une influence qui a débordé le cadre restreint d’un cercle d’initiés pour devenir un véritable phénomène de société. Après une période de quasi hégémonie, elle reste, cent ans plus tard, une discipline, certes contestée, mais encore influente du moins dans les milieux psychothérapeutiques européens. Elle a par ailleurs imprégné la pensée du XXème siècle, certains de ses concepts étant passés dans l’usage commun. Depuis son invention il y a plus de cent ans, son influence et la représentation qu’en a le corpus social ont évolué.

2Interroger plus précisément la place qu’occupe la psychanalyse dans notre société nécessite de convoquer bien sûr d’autres disciplines comme la sociologie, l’ethnographie, l’histoire. En effet, pour approcher et étudier les rapports et articulations entre une science – mais la psychanalyse en est-elle une ou est-elle plutôt une philosophie, une pratique ? – et un corpus social, on ne peut rester cantonné à ne se référer qu’à la psychanalyse. Et ce même si les psychanalystes dès Freud ont interrogé au regard de cette discipline les phénomènes de société.

3Freud, le premier, a développé, à côté de la métapsychologie individuelle, toute une œuvre qui s’occupe plus de la psychologie collective [3]. On y trouve une analyse d’institutions collectives comme l’église, l’armée, et des motifs inconscients qui guident la dynamique des masses. D’autres auteurs par la suite ont recouru à ce modèle pour expliquer ces phénomènes culturels et collectifs. Pensons, par exemple, au dernier ouvrage de René Kaës « Le mal-être » (2012). Toutefois, cette approche montre aussi certaines limites. L’une est qu’utiliser la psychanalyse pour étudier sa propre place dans la culture a quelque chose de tautologique (Michel, 2013).

4Ainsi, parler de la « psychanalyse dans la cité » pose la question de la place que cette discipline occupe, de son influence et aussi de la représentation qu’en ont les gens à une époque donnée (Moscovici, 1961). L’entreprise est vertigineuse et bon nombre d’auteurs de diverses disciplines ont apporté leur pierre à l’édifice.

5Freud, à l’origine, s’est appuyé sur sa formation médicale pour construire son édifice théorique. Il s’en éloignera par la suite. Par analogie, empruntons l’image de l’épidémie pour illustrer la diffusion de la psychanalyse au cours du siècle passé. Recourons plus précisément aux grandes épidémies de peste.

De la Peste

6Pourquoi la peste ? C’est par référence à une phrase de Freud qui m’a toujours semblé curieuse. Il l’aurait prononcée alors qu’il entrait en compagnie de Jung et Ferenczi dans le port de New York le 21 août 1909 comme passager du « George Washington ». Accroché au bastingage à la lumière du petit matin, Freud se serait tourné vers Jung, lui disant à propos de la psychanalyse : « Ils ne savent pas que nous leurs apportons la peste » ! Intéressé à retrouver l’origine de cette phrase, j’ai vite réalisé qu’on ne la mentionne pas dans les écrits biographiques sur Freud, ni dans les textes anglo-saxons (Jones, 1955 ; Gay, 1988). C’est chez Lacan qu’on retrouve sa trace, Lacan rapportant qu’il la tenait de Jung lui-même. C’est en effet ce dernier qui l’aurait dite à Lacan, qui la diffusa. Lacan écrit : « C’est ainsi que le mot de Freud à Jung, de la bouche de qui je le tiens, quand invités tous deux de la Clark University, ils arrivèrent en vue du port de New York et de la célèbre statue éclairant l’univers : “Ils ne savent pas que nous leur apportons la peste.” » (Lacan, 1966, p. 403).

7Remarquons que l’on ne retrouve aucune mention de cette phrase dans les écrits de Jung. Dès lors, a-t-elle vraiment été prononcée par Freud ? N. de Spengler, dans un article sur ce sujet, met déjà en doute sa véracité à la suite de E. Roudinesco (de Spengler, 2011 ; Roudinesco, 1993). Mais alors, pourquoi la retrouver citée sans cesse ? Je rejoins N. de Spengler lorsqu’elle souligne que « le succès de cette formule semble être une œuvre collective à visée idéologique des psychanalystes, au sens où elle véhicule implicitement une Weltanschauung : une vision qui se veut cohérente et unique de leur discipline. Ce que Freud a combattu énergiquement » (p. 153).

8Nous retrouvons à cette occasion le même phénomène que l’on observe pour une autre célèbre phrase qu’aurait prononcée cette fois Einstein à propos des abeilles : « Si l’abeille disparaît, l’humanité en a pour quatre ans à vivre ». Dans cet exemple également, la recherche de son origine est vaine. On ne retrouve en effet pas de trace tangible pouvant situer le lieu et le contexte où Einstein l’aurait prononcée. Force est de constater que dans ce cas également on est en droit de douter que ce savant l’ait vraiment prononcée. Il s’agit donc dans un cas comme dans l’autre de phrases prêtées à une autorité et qui deviennent alors emblématiques car servant une cause.

Mais quelle cause pour la phrase de Freud ?

9Si l’on reprend la phrase que Freud est censé avoir prononcée, on voit bien le côté provoquant qu’elle contient et qui peut assez correspondre au style de Lacan. D’autres psychanalystes plutôt subversifs et transgressifs s’en sont d’ailleurs emparés. Peut-être certains se souviennent-ils à ce propos d‘Armando Verdiglione, psychanalyste original et provocateur. Cet auteur a aussi utilisé le terme de « la peste » dans le titre d’un de ses ouvrages (1981). Il intitula d’ailleurs une conférence qu’il donna à Lausanne en 1983 [4] « La peste à Lausanne » : des affiches parsemaient à cette occasion la ville et les abords des institutions psychiatriques. Nous étions en plein dans l’idée d’une pensée psychanalytique provocatrice et corrosive vis-à-vis de l’establishment psychiatrique. La question de la psychanalyse et de sa diffusion dans la cité était donc déjà à l’ordre du jour !

10Les doutes sur la véracité de cette phrase rappelés, nous pouvons quitter cette réalité historique pour poursuivre la métaphore et utiliser l’image de la « peste » comme fil rouge.

La psychanalyse comme peste

11D’abord le terme « peste » : si Freud ou à sa suite les psychanalystes associent la psychanalyse à la peste, c’est troublant. Nous sommes en 1909, donc bien avant la formulation de la pulsion de mort, et pourtant l’association de Freud est entachée d’éléments macabres. Si la peste a été dévastatrice et s’est en effet répandue de façon foudroyante au cours de l’histoire, c’est surtout pour y apporter la désolation et la mort. De plus, si la psychanalyse est la peste, à quoi s’identifient donc Freud et les psychanalystes ? L’image de Freud, Jung et Ferenczi appuyés au bastingage du navire pénétrant dans le port de New York me fait penser à cette magnifique séquence du film « Nosferatu » de Herzog, où l’on voit un bateau accoster au petit matin [5]. De son antre s’échappent des rats porteurs de peste qui envahissent la ville. Parce que si la psychanalyse est la peste, les psychanalystes sont-ils alors les rats porteurs des parasites qui inoculent le bacille de la peste ? Drôle d’identification !

12Une autre lecture est aussi possible : les psychanalystes se multipliant comme des rats. L’image renvoie alors plutôt à Eros : une prolifération par une sexualité débridée.

13L’idée de la peste nous renvoie aussi à la mythologie grecque et plus précisément à Œdipe. Rappelons que dans cette tragédie, la peste ravage Thèbes, signe du désordre. Selon l’oracle, seule la vengeance du meurtre de Laïos, père d’Œdipe, pourra y mettre fin. Là encore, l’association de la psychanalyse à la peste renvoie au désordre. Freud s’associerait alors à Œdipe, tuant le père. C’est une piste intéressante qui illustrerait un Freud édifiant un nouveau corpus théorique basé sur l’inconscient et son irrationalité. Il tue ainsi en quelque sorte la théorie érigée par ses prédécesseurs. Siècle des Lumières oblige, c’était la rationalité bergsonienne qui était en effet prévalente à l’époque.

Un peu d’épidémiologie

14Poursuivons plus avant cette analogie entre la psychanalyse et la peste. L’histoire nous renseigne sur les grandes épidémies de peste et les traces qu’elles ont laissées à l’époque de leurs ravages. La peste a bien sûr imprégné l’inconscient collectif et donné lieu à des représentations innombrables tant picturales que littéraires : « Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés ! », pour reprendre La Fontaine : n’est-ce pas le souhait des psychanalystes de se répandre ainsi ?

15Mais revenons à la maladie : rappelons qu’après une période d’incubation, la maladie se propage plus ou moins vite et de façon importante en fonction des résistances des individus et des conditions d’hygiène. Il semble que les grandes épidémies ne se sont pas développées par hasard, mais au moment où les conditions de l’environnement étaient particulièrement difficiles : famine, grand froid, etc. La diffusion n’est donc pas la même dans toutes les classes sociales. De par les bouleversements que les grandes épidémies ont causés, le corps de la société s’en est trouvé même modifié.

16Suivant les conditions, l’épidémie se propage à des vitesses différentes au gré des résistances diverses des individus. Après une phase d’expansion, une fois le pic atteint, la maladie décroît inexorablement, les sujets résistants devenant plus nombreux. Restent alors quelques foyers qui pourront se raviver, mais sous forme plus discrète de pandémie. Les mesures d’hygiène que met en place la société contribuent à son éradication. Le bacille de la peste étant une bactérie, il n’a pas connu beaucoup de mutations, à l’image de ce que peut connaître un virus. L’épidémie s’est ainsi peu à peu éteinte. C’est en cela que la propagation de l’infection du bacille de la peste se distingue de celle d’un virus, comme celui de la grippe par exemple. Ce dernier, en effet, a la possibilité de muer suffisamment rapidement pour nous réinfecter, contournant chaque année nos défenses. On constate a contrario que le bacille de la peste, à cause peut-être de sa difficulté à se modifier rapidement, a presque disparu une fois les individus immunisés et le contexte de l’environnement modifié. Une résistance accrue des individus, mais surtout par le changement des conditions d’hygiène et de nutrition, un terrain collectif moins favorable.

17Si la psychanalyse est à l’image d’une maladie infectieuse comme la peste, nous pouvons nous interroger en termes épidémiologiques sur les circonstances de son apparition, sa diffusion, les résistances à sa propagation. Existe-t-il ainsi aussi différentes phases à l’épidémie psychanalytique ? Comme pour les grandes épidémies, il est utile pour la comprendre de décrire le contexte tant individuel que collectif qui entoure l’éclosion de la psychanalyse.

Contexte de la naissance de la psychanalyse

18Les nombreux ouvrages historiques couvrant la période où naît la psychanalyse nous relatent une Vienne de la fin du XIXe siècle encore sous l’influence d’une monarchie déclinante. Période donc de décadence et d’insécurité socio-politique qui va en s’accentuant. C’est sur cette toile de fond que se développe une intense activité intellectuelle et artistique qui touche de nombreux domaines. Les œuvres font scandale – pensons à l’accueil des pièces de Schnitzler – sur fond de dévoilement d’une sexualité réprimée. Cette répression de la sexualité colore une partie de la psychopathologie de l’époque où l’hystérie et ses crises sont omniprésentes.

19L’éclosion de la théorie psychanalytique, dont le cœur est alors justement l’élaboration d’une théorie de la sexualité infantile qui organise la psychopathologie névrotique, ouvre une nouvelle voie de compréhension. Rien d’étonnant à ce qu’elle soit accueillie avec scepticisme et grande résistance. Cette nouvelle approche dérange les modèles de pensée alors prévalents. La résistance touche aussi bien d’ailleurs la théorie psychanalytique que l’homme Freud qui en est le fondateur. On se souvient ainsi que ce dernier n’aura jamais la reconnaissance académique complète.

20Ainsi, au début, le foyer d’infection est limité. La psychanalyse se cantonne pendant longtemps à un cercle d’initiés. La contagion se fait de cas en cas. Il faut une exposition prolongée pour devenir porteur du bacille de la psychanalyse. Ce n’est qu’après une immersion sous forme d’une courte psychanalyse personnelle (brève à l’époque) que l’on devient porteur du bacille psychanalytique. Les individus qui fréquentent les cercles analytiques du début, comme le groupe du mercredi par exemple, sont certainement des sujets prédisposés à être infectés. L’écho plus large dans la société élargie est faible à cette époque : la psychanalyse est une curiosité scandaleuse limitée à un cercle restreint. Elle ne touche pas Madame et Monsieur tout le monde.

21On comprend donc que Freud, lorsqu’il débarque aux Etats-Unis en 1909, est stupéfait d’y trouver un terrain favorable. Alors qu’il se heurte en Europe au scepticisme du monde médical et scientifique, voilà qu’on lui propose une série de conférences à la Clark University où les professeurs se montrent accueillants et ouverts quand bien même la société américaine de l’époque est prude. Freud note alors : « Dans cette Amérique si prude, on pouvait du moins parler librement et traiter scientifiquement dans les cercles académiques de ce qui passait pour répréhensible dans la vie courante » (Turkle, 1978, p. 22).

22Contraste donc entre la manière dont l’épidémie va se répandre en Amérique et en Europe. Mais contraste également en ce qui concerne la réponse du corps social et aussi des mutations que va subir le « bacille psychanalytique ».

23Pour l’illustrer, comparons brièvement l’histoire de l’épidémie psychanalytique aux Etats-Unis à celle en France.

Aux Etats-Unis

24Ainsi, aux Etats-Unis, dans les milieux éclairés, l’accueil de la théorie psychanalytique est favorable. Si cela tout d’abord séduit Freud, peu à peu il révise sa position. En effet, cette acceptation ne va pas sans prix. Si l’Amérique adopte la psychanalyse, c’est sous une forme affadie et édulcorée. C’est la théorie sexuelle infantile – rien d’étonnant – qui est là tout particulièrement au centre des enjeux. Freud le réalise dans l’après-coup et note que si les Américains avait vraiment adopté ce versant sexuel de sa théorie, cela n’aurait pas pu se faire sans une plus grande résistance. De par son côté subversif et contraire au sens commun, sa théorie sexuelle infantile devait en effet choquer, s’inscrivant en rupture avec la manière habituelle de penser. Freud note un peu plus tard : « Or, c’est précisément pourquoi il est clair que le combat pour l’analyse doit nécessairement se décider là où s’est rencontrée la plus grande résistance, sur le sol des vieux centres de la culture » (Freud, 1914d, p. 276). Propos qui peuvent nous rappeler la méfiance que l’on peut ressentir lorsque l’un de nos patient accepte trop facilement et systématiquement nos interprétations.

25La psychanalyse américaine s’institutionnalise rapidement et se médicalise. Il est décidé en 1927 de réserver sa pratique aux seuls médecins. Cela a comme conséquence une plus grande codification de la méthode, une recherche d’efficacité. La visée de la méthode dans ce contexte perd sa visée humaniste de permettre à l’individu de découvrir sa singularité pour s’axer un peu plus sur celle d’un traitement porté à la résorption de symptômes.

26Le succès de la psychanalyse aux Etats-Unis peut aussi s’expliquer en partie par sa rencontre avec le modèle social américain prévalent à cette époque. L’accent est mis sur l’individu et ses capacités d’autonomisation. Le « self made man ». La thérapie psychanalytique devient ainsi un moyen de réalisation personnelle, voie vers le succès.

27Eli Zaretsky, dans son remarquable ouvrage « Le siècle de Freud » (2008), décrit plus précisément la rencontre des idées scientifiques avec l’histoire sociale et économique du XXe siècle. L’homme des Lumières, qui investit plutôt le raisonnable et le respect des principes universels, fait place à un individu singulier, à l’expérience psychique unique, lié à un monde pulsionnel.

28Mais comme toute épidémie, après une période de propagation fulgurante apparaissent des résistances. L’idéalisation de la théorie psychanalytique fait place à une phase de désidéalisation. Les résistances se mettent en place de façon d’autant plus forte que le succès et l’idéalisation ont été grands. On devient en quelque sorte immunisé contre la psychanalyse, lui en voulant de ne pas correspondre à l’idéal qu’on avait projeté en elle.

29Par retournement, on vise alors aux Etats-Unis son éradication et cela dès la fin des années 80.

En France

30La France, à la fin du XIXe siècle, est alors le pays de Bernheim, Charcot, Bergson et Janet. Les philosophes préfèrent le bergsonnisme, modèle alors à la mode. L’Eglise condamne la psychanalyse et c’est seulement dans les courants littéraires comme les surréalistes qu’on trouve un écho positif. Mais là aussi, même si cela n’est pas dans le même sens qu’aux Etats-Unis, c’est au prix d’une certaine déformation de la théorie psychanalytique. Non pas en la rapprochant à tout prix d’un modèle scientifique, mais en la poétisant d’une certaine manière. C’est en tout cas l’aspect humaniste qui est privilégié. Reste que la résistance est forte. Freud note d’ailleurs : « A Paris même, semble encore régner la conviction que Janet exprima si éloquemment au Congrès de Londres de 1913 selon laquelle tout ce que la psychanalyse a de bon répète, à quelques modifications près, les vues janetiennes, tout le surplus étant mauvais » (Freud, 1914d, p. 276).

31La Société de Psychanalyse en France ne se crée ainsi qu’en 1926 et ses membres restent peu nombreux et mal vus des milieux médicaux, cela en contraste avec les Etats-Unis (Turkle, 1978, p. 24). L’origine allemande et juive de Freud contribue aussi certainement à l’entre-deux-guerres à rendre suspecte cette théorie. Si la psychanalyse se développe tout de même, il faut attendre probablement mai 68 pour qu’elle devienne un véritable phénomène social.

32Une culture psychanalytique imprègne alors désormais la société et les discours politiques en sont influencés. Ainsi, la « société sans père » traduit une lecture de ce type. Toute la littérature pédagogique, sociale en est dès lors imprégnée et l’infection est massive. La psychiatrie n’est bien sûr pas en reste et les postes de pouvoir dans les institutions sont occupés par des psychanalystes. Si le mouvement a été long à démarrer, le vocabulaire psychanalytique envahit désormais le discours commun. Les médias ne sont pas en reste. Les émissions de Ménie Grégoire, Allô, Ménie et Responsabilité sexuelle sur RTL, font un tabac. Même si des psychanalystes sont critiques à son égard, elle se réclame de cette théorie qu’elle démythifie. Dans le même temps, presque invisible, la psychanalyste Françoise Dolto, alias Dr X, distille des conseils aux parents de jeunes enfants. Elle se fait un nom presque dix ans plus tard grâce à l’émission « Lorsque l’enfant paraît », sur France Inter, en 1976 (Ohayon, 2013).

33D’un stade de résistance, nous sommes donc passés à une phase d’engouement. Cela n’a pas été sans influencer les psychanalystes, qui se prêtaient de bonne grâce à être les réceptacles des projections autour de cet inconscient dont ils étaient désormais les grands initiés. D’une position de militantistes scandaleux et révolutionnaires, ils devenaient membres de l’establishment. On peut se demander d’ailleurs si Lacan, qui a lutté au départ contre cette normalisation de la psychanalyse, ne s’est pas fait plus qu’un autre piéger à ce jeu en institutionnalisant en quelque sorte la lecture décalée de l’inconscient.

La psychanalyse aujourd’hui

34Aujourd’hui, la psychanalyse, après cette grande épidémie, a retrouvé le statut d’une pandémie. Les conditions socioculturelles ont radicalement changé. La psychanalyse certainement a été partie prenante de ces modifications. Elle a ainsi diffusé et s’est diluée dans ce socius et la culture avoisinante tout en l’influençant fortement. La représentation de la psychanalyse dans la cité a ainsi évolué. Les concepts psychanalytiques jadis « révolutionnaires » font partie désormais du langage de tous les jours. Si j’ai du mal à imaginer la ménagère viennoise de la fin du XIXe siècle, prenant le thé assise à la confiserie Sacher avec des amies, leur dire à propos de son fils de 5 ans : « Il fait son Œdipe », cela n’étonne désormais plus personne. Les magazines ont été remplis d’articles sur le sujet poussant à la banalisation et déplaçant ailleurs la résistance.

35Cette banalisation du discours analytique est aussi conjointement passée peu à peu par une désidéalisation de la psychanalyse. Elle aussi a été confrontée au principe de réalité : les espoirs qu’une fois le sens latent et refoulé du discours du malade psychique mis à découvert la maladie allait s’effacer ont été déçus.

36Le psychanalyste a perdu en quelque sorte l’illusion d’avoir quelque chose d’unique à dire et, réciproquement, la société a perdu celle que le psychanalyste était porteur d’une vérité unique cachée aux autres. Ce n’est pas que la cité ne croit plus à ses pythies, mais celles-ci ont changé. Retour à l’imagerie cérébrale, etc. Dit autrement, les mouvements transférentiels groupaux ont évolué.

37Les psychanalystes, quant à eux, au cours de cette épidémie ont aussi changé. Les rats d’une certaine manière ont engraissé. Ils se sont embourgeoisés !

38D’un groupe d’initiés organisé de façon peu formelle, ils ont créé des sociétés de psychanalyse de plus en plus organisées. Les cursus se sont structurés. L’establishment psychanalytique – le psychanalyste est après tout un homme comme un autre – s’est au cours de ces années institutionnalisé probablement parfois de façon outrancière, au prix d’en perdre sa créativité. Mary Douglas notait déjà dans les années 80 à propos de la psychanalyse nord-américaine : « Un bateau au mouillage, jadis gréé pour un grand voyage, mais aux voiles maintenant ferlées, les cordages avachis, au repos. Ce n’est pas que les vents théoriques fassent défaut pour le mouvoir, C’est la raison d’aller quelque part qui fait défaut » (Douglas, 1982, p. 14, citée par Zarestsky, 2008, p. 709). Position dépressive s’il en est, mais risque qu’encourt toute structure établie depuis des décennies où l’institué prend le pas sur l’instituant.

39Ainsi, ce qui fait l’originalité de la psychanalyse, son côté scandaleux, lorsqu’il a rencontré un large écho dans la cité, a du même coup perdu son aspect subversif. La pensée psychanalytique et le discours qui s’y rattache ont peut-être quelque chose d’épuisé. La lecture des phénomènes sociaux, de la psychopathologie, peine à déboucher sur de nouveaux concepts. Est-ce le fait que le discours de la psychanalyse, plus de cent ans après, est passé dans le langage et la pensée communs et ne permet plus de procurer justement ce décalage nécessaire et scandaleux qu’elle a procuré à l’époque ? Elle fait en quelque sorte désormais partie du bagage culturel commun.

40Nous pouvons nous rappeler à ce propos la théorie de Kuhn sur la construction des paradigmes (1962). Le paradigme, selon cet auteur, est un modèle théorique de pensée qui oriente la réflexion et la recherche scientifique à un moment donné. Dans les périodes calmes il est admis par la grande majorité. Un paradigme n’est pas réfuté, mais remplacé par un autre au bout d’un certain temps. C’est donc un phénomène social.

41Cette vision a été certes contestée et nous savons que plusieurs paradigmes peuvent coexister. Mais ce qui me semble important à retenir est que tout paradigme subit un phénomène d’usure ou d’épuisement après un certain temps, sauf s’il se renouvelle de façon importante. Ainsi l’épidémie, faute de mutation, pour reprendre mon image, s’éteint.

Qu’en est-il pour la psychanalyse ?

42Depuis Freud et la théorie de la sexualité, la pensée psychanalytique a évolué. Plusieurs auteurs, Winnicott, Bion pour n’en citer que deux, ont apporté des contributions importantes. Est-ce de nouveaux paradigmes ? Est-ce plutôt des apports au paradigme psychanalytique ?

43La psychanalyse contient en fait en elle-même un puissant paradoxe : elle s’en prend aux normes établies et contient en cela un germe de désorganisation, une touche de scandale par rapport à la pensée ambiante. Par ailleurs, Freud et ses représentants ont désiré d’emblée une reconnaissance sociale et une diffusion de leurs idées. Comment d’un côté être reconnu et de l’autre résister à la pression sociale qui désire que toute thérapie, comme le dit Freud d’ailleurs, change la « misère hystérique en malheur commun » (Freud, 1895d, pp. 332) ? Cette tension a d’ailleurs poussé Freud, une fois le mirage américain dépassé, à aller jusqu’à prôner une politique réformiste ou militantiste. C’est du moins un point de vue qu’il semblait envisager lorsqu’il écrit : « La reconnaissance de nos limites thérapeutiques doit renforcer notre détermination à lutter contre les facteurs sociaux, qui acculent les hommes et les femmes à des situations sans espoir » (selon Hale, 1970, pp. 90-91, cité par Turkle, 1978, p. 182). Par là, notons au passage que l’abstinence du psychanalyste est mise en question. Cette phrase interroge en effet le degré d’engagement nécessaire du psychanalyste dans la cité.

44La psychanalyse comme phénomène social a certainement vécu sa période d’or. Après avoir été un véritable raz de marée, elle retourne dans le lit – ou le divan – qui l’a vue émerger. C’est avant tout le champ de la rencontre interpersonnelle. Si la magie de la psychanalyse n’opère plus dans le social en général, elle opère toujours en effet dans les cadres particuliers que la technique psychanalytique utilise. C’est dans ce type de site, construit à partir de l’énoncé de règles comme l’association libre, que se crée toujours, aujourd’hui comme hier, un dérèglement par rapport à l’ordre social établi qui permet l’émergence du matériel refoulé inconscient.

45C’est donc notre tâche d’amener les gens en souffrance à pouvoir avoir l’occasion d’expérimenter ce type de dispositif. De leur en donner envie. Pour cela il faut donc prêcher l’ouverture, sans pour autant en parler en termes de concession.

46C’est là que les psychanalystes ont encore à évoluer, s’adapter au contexte socio-économique environnant. Ainsi, pour parler des dispositifs, si la cure type reste un étalon, nous avons sans cesse à développer une pratique et une théorisation de toute une palette d’autres settings. Les psychothérapies n’ont plus à être vues comme des sous-produits.

47Mon expérience pendant de nombreuses années à la Consultation pour Etudiants de l’UNIL et l’EPFL m’a pour ma part confirmé que ce type d’approche psychanalytique ou psychodynamique était toujours un moyen privilégié de répondre aux demandes d’aide psychologique des étudiants (Michel, 2014). Les approches du type des psychothérapies brèves sont en effet un modèle qui tient compte de certaines réalités psychosociales environnantes actuelles de ce type de clientèle. Les étudiants aujourd’hui sont mobiles et passent d’une université à l’autre. Ces cursus, importants pour leur carrière, n’ont pas à être vus comme des entraves à des prises en charge. C’est à nos prises en charge, à mon avis, de s’adapter.

48La question est alors, bien sûr : jusqu’où s’adapter sans perdre son identité analytique ? Il n’y a évidemment pas une seule réponse possible et les discussions à ce sujet mettent en évidence que, plus de 100 ans après, la psychanalyse et le mouvement psychanalytique ne sont pas monolithiques.

49Stefano Bolognini [6], l’actuel président de l’IPA, a parlé de façon imagée et jolie de la galaxie psychanalytique pour évoquer toutes les théories différentes mais reliées entre elles des psychanalystes.

50C’est d’ailleurs un aspect de la même question : à partir de quand reste-t-on dans la même galaxie et à partir de quand quittons-nous le système pour nous retrouver dans une autre galaxie ? Qui n’a pas entendu prononcer la phrase : « Ceci n’est pas ou plus de la psychanalyse » ? Et pourtant, le virus évolue, mue pour dépasser les résistances du corps. La psychanalyse doit aussi, vivante, muer, évoluer pour dépasser les résistances non seulement de l’individu, mais du corpus social. Nous devons nous demander en quoi se faire féconder par d’autres paradigmes ou théories permet à la psychanalyse de rester virulente.

51La confrontation à d’autres modèles psychothérapeutiques, aux neurosciences, est à cet égard nécessaire. S’y attarder dépasserait le cadre de cet article.

52A côté de cette fécondation créative par les milieux environnants extérieurs à cette discipline, nous devons aussi nous questionner à l’intérieur de notre modèle.

53Nous devons revisiter aussi la métapsychologie en tenant compte des changements sociaux et culturels intervenus pendant le siècle qui s’est écoulé depuis sa première formulation.

54Prenons l’axe de la théorie de la sexualité, qui est au centre de la théorie psychanalytique, pour l’illustrer. Le sexuel, moteur puissant, est l’objet bien entendu de tout un refoulement. Différence des sexes, différence des générations organisent la psyché. Or, si le fondement reste identique, la sexualité et ses conséquences se colorent certainement différemment aujourd’hui qu’à l’époque victorienne.

55Donnons un exemple : Freud aborde la question de la féminité dans plusieurs textes. En cela il s’attelle à une tâche passionnante à oser essayer de penser ainsi nos différences et le rapport homme-femme. Mais en le faisant, il s’est certainement heurté à ses propres résistances d’homme et qui plus est d’homme inscrit dans une époque donnée. Or, de nos jours, différencier les sexes par la présence ou l’absence d’un pénis ne peut être une manière satisfaisante de conceptualiser nos différences. Expliquer la différence par l’envie du pénis a sa limite. De même l’équation du bébé-fèces, ou le désir d’enfant comme équivalent d’un substitut du pénis pour remplacer l’absence de ce pénis chez la femme, peut faire sourire. C’est bien là qu’il est important de poursuivre et élargir la réflexion métapsychologique. Vous connaissez certainement les nombreux développements de la théorie autour de la féminité qui ont été faits depuis. J’aimerais souligner un pôle plus social.

56La représentation sociale et individuelle de la sexualité a en effet évolué. Le développement de nouveaux moyens de communication comme l’internet a révolutionné, quelquefois à nos dépens, la question des sphères privée et publique. Les sextos, petits messages à connotation sexuelle, sms ou clip sur youtube, sont devenus un phénomène courant. Des jeunes filles les utilisent parfois sans mesurer les conséquences. Mais décrypter les photos osées et dénudées que met une jeune fille sur son mur facebook en s’en tenant à la vision freudienne classique de l’exhibitionnisme féminin n’est pas satisfaisant. Comprendre ainsi le fait d’exposer son corps sur la toile comme l’envie du pénis déplacée sur le corps, ce qui le range dans le registre de la perversion, n’est pas adéquat. Notre lecture doit être revue. C’est ainsi que des auteurs comme Holzman et Kulish (2013), par exemple, proposent après d’autres de voir certains de ces comportements exhibitionnistes chez la jeune femme comme la possible expression d’un narcissisme sain qui comprend le désir d’attirer l’autre et une fierté positive du corps et du sexe féminins. On sort ainsi, pour ces auteurs, de la vision négative donnée à ce type de comportement qui le lie, dans la théorie freudienne, à la perversion.

57La théorie freudienne est-elle pour autant dépassée ? Le bacille de la psychanalyse éteint ? Le croire serait, à mon avis, une grave erreur.

58Si nous considérons que tout symptôme ou tout comportement doit être observé en tenant compte du contexte socio-historique, alors la forme d’une théorie qui en est l’écho aussi. En cela, le contenu et surtout la forme de certains écrits de Freud sur le sujet de la sexualité peuvent paraître à certains égards dépassés. Mais ce qui ne l’est pas, à mon avis, c’est la méthode d’investigation que Freud utilise. C’est sa démarche de pensée toujours critique. C’est ce type de démarche réflexive que nous devons continuer à développer et utiliser pour aussi revisiter la métapsychologie. C’est éviter ainsi de transformer les écrits de Freud en texte sacré.

Conclusion

59J’espère ainsi avoir ouvert un certain nombre de pistes susceptibles de faire débat. J’aimerais insister encore une fois pour dire qu’il ne s’agit pas de défendre un acquis immuable et figé. Cela paraît évident, mais pourtant, dès qu’on institutionnalise les choses, l’institué souvent peu à peu prend de l’importance au détriment de l’instituant. Ces enjeux sont vitaux au moment où nos formations de psychothérapeutes et de psychanalystes sont de plus en plus codifiées.

60Le débat autour de la psychanalyse à l’université est d’ailleurs un vieux débat !

61De la même manière, la nécessité, par exemple, de justifier des traitements en termes d’économicité, de constituer pour les recherches des pools de patients ou de types de prise en charge ne doit pas se faire sans sens critique. Mais entrer en discussion et développer ces aspects me semble primordial pour que la psychanalyse, ou plutôt la pratique de la psychanalyse, ne se réduise pas à une curiosité limitée à un petit village gaulois résistant. Freud, malgré son génie, ne nous a pas laissé une potion magique qui nous rend invulnérables !

62Freud, dans ses « Leçons d’introduction à la psychanalyse » (1916-17), nous a avertis que la résistance vient du plus profond. Il mentionne les trois vexations que l’humanité a subies de la part de la science. La première, copernicienne, lorsque l’homme a appris que notre terre n’était pas au centre de l’univers. La seconde, darwinienne, le renvoyant au fait qu’il descend du règne animal et, je cite Freud qui l’écrit en 1916, : « La troisième, la plus péniblement ressentie, sera infligée à la mégalomanie humaine par la recherche psychologique actuelle, qui veut prouver au moi qu’il n’est pas même maître dans sa propre maison, et qu’il en est réduit à de maigres informations sur ce qui survient inconsciemment dans sa vie d’âme » (p. 295). En dernier recours, ce n’est pas une technique, un dispositif particulier que nous devons défendre, mais une façon d’appréhender l’individu dans sa singularité. Que l’individu et par là nos patients possèdent un monde intérieur qui pour une bonne partie est inconscient et refoulé. C’est peut-être cela qui rend notre vie et notre condition humaine parfois difficiles, autrement dit ce qui est notre richesse, mais aussi notre peste intérieure.

Bibliographie

Bibliographie

  • de Spengler N. (2011) : La psychanalyse à la conquête de l’ouest : un fléau ? Le Coq-Héron, n° 204, pp. 150-153.
  • Douglas M. (1982) : In the active voice. Londres, Routledge et Kegan Paul.
  • Freud S., Breuer J. (1895d) : Etudes sur l’hystérie. Paris, PUF, 1967.
  • Freud S. (1914d) : Contribution à l’histoire du mouvement psychanalytique. In : Cinq leçons sur la psychanalyse. Paris, Payot, 1989, pp. 69-149. Rééd. OCF-P XII : pp. 247-315.
  • Freud S. (1915b) : Considérations actuelles sur la guerre et la mort, in : Essais de psychanalyse. Paris, Payot, 1970, pp. 235-267.
  • Freud S. (1916-17) : Leçons d’introduction à la psychanalyse. OCF-P XIV.
  • Freud S. (1921c) : Psychologie collective et analyse du moi, in : Essais de psychanalyse. Paris, Payot, 1970, pp. 83-175.
  • Freud S. (1927c) : L’avenr d’une illusion. Paris, PUF, 1971.
  • Freud S. (1930a [1929]) : Malaise dans la civilisation. Paris, PUF, 1971.
  • Gay P. (1988) : Freud, une vie. Paris, Hachette. 1991.
  • Hale N. (1970) : James Jackson Putnam and psychoanalysis. Cambridge, Harvard University Press.
  • Holzman D., Kulish N. (2013) : Exhibitionnisme féminin : identification, rivalité et camaraderie. L’Année Psychanalytique Internationale, 2013 (1) : 17-44.
  • Jones E. (1955) : La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, II. Paris, PUF, 2006.
  • Kaes R. (2012) : Le malêtre. Paris, Dunod.
  • Kuhn T. S. (1962) : La structure des révolutions scientifiques. Paris, Flammarion, 1983.
  • Lacan J. (1966) : Ecrits. Paris, Seuil.
  • Michel L. (2013) : Analyse de livre. Psychothérapies, 33 (1) : 64.
  • Michel L. (2014) : Psychothérapie brève de l’étudiant. Paris, In Press.
  • Moscovici S. (1961) : La psychanalyse, son image et son public. Paris, PUF, 2e éd. 1976.
  • Ohayon A. (2013) : Faut-il vulgariser la psychanalyse ? Conférence le 13.5.2013 à la Fondation de Nant (Suisse).
  • Roudinesco E. (1993) : Jacques Lacan. Esquisses d’une vie, histoire d’un système de pensée. Paris, Fayard.
  • Turkle S. (1978) : La France freudienne. Paris, Grasset, 1982.
  • Verdiglione A. (1981) : Les fondements de la psychanalyse : la peste. Paris, Galilée/Spirali.
  • Zarestsky E. (2008) : Le siècle de Freud, une histoire sociale et culturelle de la psychanalyse. Paris, Le Livre de Poche.

Notes

  • [1]
    Version retravaillée d’une conférence présentée lors de la journée de l’EFPP romande sur le thème « La psychanalyse dans la cité », le 28 novembre 2013 à Yverdon (Suisse).
  • [2]
    Psychiatre, psychanalyste, membre de la Société Suisse de Psychanalyse et de l’EFPP, Lausanne (Suisse).
  • [3]
    Pensons par exemple à « Considérations actuelles sur la guerre et sur la mort » (1915b), « Psychologie collective et analyse du moi »(1921c), « L’avenir d’une illusion »(1927c), « Malaise dans la civilisation » (1930a [1929]).
  • [4]
    Conférence donnée à Lausanne le 30 novembre 1983 sur ce thème « La peste à Lausanne ». Cette conférence était organisée à l’invitation du « Collectif de recherche pédagogique et psychanalytique ».
  • [5]
    Nosferatu, fantôme de la nuit (titre original Nosferatu : Phantom der Nacht) est un film allemand réalisé par Werner Herzog, sorti en 1979.
  • [6]
    Communication orale.
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