Couverture de PSYS_143

Article de revue

Le rôle des passages « par » l'acte dans l'élaboration du trauma somatopsychique

Entre les « transes » et les « faire » du transfert, l'organisation du fantasme périnévrotique

Pages 147 à 155

Notes

  • [1]
    Psychanalyste, membre de la Société Psychanalytique de Paris et de l’Association pour l’Enseignement de la Psychothérapie Psychanalytique Corporelle (AEPPC, Paris). Attachée de psychothérapies à l’hôpital Sainte-Anne (CMME – Paris). MCU HDR en psychopathologie clinique et Directrice de recherche associée au Centre de Recherche Psychanalyse, Médecine et Société (CRPMS, Université Paris 7 – Denis Diderot).
  • [2]
    Œdipe originaire – Œdipe infantile – Œdipe pubertaire.
  • [3]
    Dans une conception structurale de l’appareil psychique (Laplanche et Pontalis, 1967, p. 277), il y a un intérêt à distinguer ce qui, relevant de la structure, est « structural », de ce qui, relevant de l’organisation du « caractère », est seulement « structurel », car, dans cette perspective, le caractère s’oppose même à la structure.
  • [4]
    Le terme « prégénital » est ici employé dans la perspective de la seconde théorisation freudienne de la libido infantile (Freud, 1923 [1922]) qui le situe entre le début du stade phallique de l’Œdipe infantile et l’organisateur pubertaire. Dans ce cadre, le concept de « génital » renvoie stricto sensu à l’étape de structuration de la libido adulte au cours de l’adolescence, c’est-à-dire à la « génitalité pubertaire ». Dans cette acception, l’étape œdipienne est « prégénitale », même si elle est parfois évoquée comme « organisation génitale infantile » (Freud, 1923e).
  • [5]
    En référence à la définition classique du terme qui renvoie aux conflits libidinaux des stades du développement précédant l’accès psychique à l’Œdipe infantile (Freud, 1931b).

Introduction

1En pratique psychanalytique, ce qu’on appelle parfois « états névrotiques » ou « caractères névrotiques » peut être abordé sous un angle psychodynamique comme des configurations « périnévrotiques ». Je propose de regrouper les fonctionnements névrotiques « mal organisés » ou « peu structurés » dans un fonctionnement singulier que je nomme « périnévrotique » pour le différencier à la fois des psychonévroses de transfert et des pathologies du narcissisme primaire dont les états-limites sont le prototype. Ces organisations périnévrotiques sont restées fixées aux problématiques infantiles prégénitales, ce qui les distingue à la fois des problématiques préœdipiennes des états-limites et des régressions défensives au prégénital dans les psychonévroses. De ce fait, les problématiques génitales pubertaires peinent à s’inscrire de manière structurante dans la psyché périnévrotique qu’elles surexcitent.

2Ces cliniques « interstitielles » ont en commun de faire l’économie de la fixation structurelle œdipienne « en trois temps » [2] qui caractérise le champ des psychonévroses « fonctionnelles », et produisent en elles-mêmes des problématiques affectives et des aménagements défensifs dont l’expression apparaît singulière. C’est ce que je me propose de souligner à partir de l’installation et de la transformation du fantasme originaire dans le processus de la cure chez une patiente qui cheminera, me semble-t-il, de la (péri) névrose vers la (psycho) névrose.

3A 27 ans, Sandra vient me demander, séance tenante, une analyse « tout ce qu’il y a de plus classique, avec le divan, tout ça (…) », en ajoutant : « J’ai besoin d’être cadrée à mort sans quoi j’vais faire des bêtises (…) J’sais pas où j’vais comme ça ! ». Cette demande est sans doute à entendre comme une « urgence subjective » (Lucchelli, 2011), et si Sandra ne sait pas vraiment « où elle va », elle a en tout cas une manière de « se poser là », dans un tourbillon d’excitation qui sature ma pensée. En m’arrimant à la rythmique de ses mots pour résister à son flot verbal paralysant, je note qu’elle utilise la neutralité du mot « ça » comme un point de butée dans son discours. Par sa demande un peu paradoxale parce qu’à la fois « flottante » et « exigeante », Sandra me laisse entrevoir que la cure promet d’être une épreuve transféro-contre transférentielle.

Troquer les manèges pour une « cure de matelas » ?

4D’une tonicité corporopsychique proche de l’arc tendu (Reich, 1933, pp. 159-160), Sandra me fait l’effet de chercher à en « découdre ». Elle met en avant qu’elle est perdue dans sa vie amoureuse qu’elle ne parvient pas à construire ; elle se sent dans l’impasse « avec » sa vie de femme, dit-elle, toujours « enragée » sans bien savoir pourquoi, sauf que son agressivité avec les autres est, selon elle, une question de « survie » mentale. A l’image d’une « esclave de la quantité » (de M’Uzan, 1984), Sandra ne dort ni ne mange plus beaucoup, et court tout le temps, sans quoi, selon son expression, elle craint de « rester au fond du matelas », de ne plus pouvoir se lever le matin. J’entendrai ce signifiant « matelas »/« mâte-la » tout à la fois comme une crainte et comme un besoin d’être passivée par l’analyste dans l’analyse (Morise, 2009), mais aussi comme témoin d’une ambivalence minimale, de bon aloi. En effet, une petite défense phobique vient tempérer la demande immédiate et massive de Sandra, mais aussi contenir son angoisse. Une angoisse « d’y rester », comme elle dit entre les lignes, d’en mourir de honte si elle « s’abandonne » à la passivité, qu’elle vit comme une passivation intolérable (Green, 1999). Alors, pour lui « rendre la main » en quelque sorte, et chercher des appuis médiateurs qui pourront nous servir dans la suite de l’analyse, j’explore avec elle les systèmes d’« endurance primaire » (Rosé, 1997) qu’elle a mis en place pour tenir, et tenir à ce rythme.

5C’est avec le sport, le hand-ball, dont elle parle comme d’un combat de boxe sur un ring, qu’elle se « défonce », comme elle dit, lorsqu’elle « balance des droites » ou « décroche un uppercut » en championnat, parce qu’elle est « attaquante », comme avant-centre de son équipe. C’est aussi avec son travail qu’elle s’accroche : disons qu’elle est obstétricienne et qu’elle a choisi de faire des remplacements « pour être libre et pouvoir changer d’port » ; elle se présente comme gynécologue « volante », ce que j’entends comme « violente », dans un contre-transfert un peu réactif… Enfant déjà, fille de forains ambulants, elle faisait voler à vive allure les manèges en rentrant de l’école, le soir, pour aider ses parents à la foire. « J’ai besoin qu’ça bouge, c’est vital pour moi ! », déclare-t-elle. Elle me fait d’ailleurs vivre immédiatement ce besoin « viscéral » primaire, car j’en ressens les effets corporels sous forme d’un vertige contre-transférentiel, une sensation cénesthésique quasi hallucinatoire (Duparc, 2001), un peu comme si j’étais dans un manège, justement ! Je lui traduirai en retour le besoin régressif que recouvre son excitation : « Vital ou viscéral, sauf qu’aujourd’hui, la tête vous tourne et vous ne savez plus bien où vous en êtes, ni à quel sein vous vouer ». Tremblante, elle acquiesce. Puis, je lui signalerai les contraintes de la réalité dont nous partageons l’ancrage : « Et dans cette course incessante, comment imaginez-vous pouvoir vous fixer en analyse, sur le divan, trois fois par semaine ? » Elle se met à pleurer : « J’mets la tête dans l’seau comme une autruche avec mon imaginaire (…) J’compte sur vous pour arrêter mon manège (…) J’suis dépassée ».

Une indication thérapeutique « cousue main »

6Ce qui me frappe d’emblée chez Sandra, c’est cette « allure de gitane » qu’elle revendique : « Vous savez, comme sur les paquets d’brunes sans filtre (elle fait allusion aux cigarettes) ». Et les gitanes, ce sont ces femmes envoûtantes qui se collent aux badauds et insistent pour lire les lignes de la main dans les fêtes foraines que Sandra connaît bien. Chez elle, le mouvement identificatoire se cherche dans les extrêmes et tâtonne : « J’fais d’la maïeutique avec mes accouchements, un peu comme vous (rire), mais hélas, c’est pas encore d’la voyance ! (elle rit) ». Ainsi, elle sait se montrer touchante, tantôt par sa quête de complicité effrénée dont la tonalité hypomaniaque couvre mal la dépressivité patente, tantôt par son « air de chien battu », comme elle dit, qui pointe rapidement derrière ses jupons froissés aux couleurs assez prononcées, que renforce un entêtant parfum de violette faisant sillage. Derrière l’image du manège, c’est l’univers de l’opérette qui me vient à l’esprit à son contact. Mais dans le lien transféro-contre-transférentiel, ces bannières séductrices, fort caricaturales et maladroites, trahissent une posture d’hystérie plus primaire que secondaire (Maleval, 1981). Cet habitus façon « Cosette » suscite certes mes réactions paternelles, mais sollicite surtout mes résonances maternelles, qui seront tour à tour réparatrices, sadiques ou masochiques, séductrices ou castratrices. Autrement dit, Sandra m’en fera voir de toutes les couleurs !

7Dans ce contexte qui ne sera pas de tout repos, je poserai et maintiendrai fermement le cadre de trois séances par semaine, mais, en anticipant les modalités oscillatoires du transfert, je la laisserai « négocier » provisoirement, pour la troisième séance, un horaire « volant », afin qu’elle puisse le « faire jouer » comme soupape de sécurité, qu’elle puisse contrôler, dans la limite de nos emplois du temps respectifs, un « bout de réel » dans la relation avec moi. Il s’agit qu’elle conserve, précisément circonscrit dans la « convention thérapeutique » implicite, un secteur « d’action », à fonction de médium malléable (Roussillon, 1991). Sans ce « sas » pour temporiser la dissymétrie, la passivité et la dépendance qu’exige la rigueur du cadre analytique, celui-ci pourrait bien être rapidement mis en échec parce qu’insurmontable pour Sandra, et la conduire à une réaction thérapeutique négative faisant « avorter » le travail thérapeutique, à la faveur de ce qu’elle appelle ses « coups d’sang ». Car, l’installation dans ce que j’appellerai, plutôt qu’une névrose de transfert, une « névrose transférable », sera, dans ce contexte relationnel « explosif », longue du fait de la résistance caractérielle (Villa, 2009) non pas structurale [3], mais structurelle, et surtout trop structurée. Moyennant ces précautions dans le dispositif, rien ne sera concédé sur le cadre classique de la cure, dans son engagement bilatéral, réel et symbolique. Dans ce contrat « souplement strict », Sandra trouvera matière à organiser dès que possible un levier masochique structurant, prenant appui sur une fixation douloureuse dans le dos, qui va lui servir de point de butée corporopsychique (Boucherat-Hue, Morise et al., 2013). Compte tenu de ses blessures narcissiques, que je tiens tout particulièrement à ménager en ce qu’elles renvoient à des souffrances de l’ordre du désabus traumatique dans la relation à l’objet primaire et secondaire, je décide d’accéder à sa demande de « divan ». Dans le cas de Sandra, le divan me semble d’ailleurs le mieux indiqué d’emblée, avec quelques aménagements, afin de ne pas risquer de « déchirer » le processus (dont l’installation stable est toujours délicate dans ces contextes cliniques) par un changement de dispositif, le moment venu où elle pourra bénéficier d’une véritable cure-type. Car le passage du face-à-face au divan, avec l’analyste placé derrière, est souvent traumatique, en dépit du travail psychique préalable qui le prépare longuement. Cela étant dit, dans un premier temps, je mènerai avec Sandra une psychothérapie psychanalytique avec le divan, dans laquelle le bain sonore et l’étayage verbal compenseront en partie l’absence de support visuel.

Un engagement dans le travail de « co-figuration »

8Chez Sandra, la surexcitation recouvre une lutte acharnée contre la dépression dont la nature est complexe, mais contrairement à ce qui peut s’imposer dans une hystéro-phobie « fonctionnelle », je ne suis pas très pressée de la « frustrer » en analysant trop vite ses résistances, compte tenu de la valeur économique structurante du contre-investissement sensorimoteur et tonico-émotionnel dans l’organisation psychosomatique de cette jeune femme hyperactive et survoltée. Sandra en appelle aux bras de fer sado-masochistes pour se calmer, ce qu’elle évoquera plus tard, en transfert paternel anal, avec sa « rêverie du Sumo » : elle s’imagine avoir une relation intime avec un « homme-chien », un « macho dominant, gros, écrasant », de condition sociale et professionnelle supérieure à elle, alors qu’elle déplore de toujours choisir, dans la réalité, des « bellâtres insipides bien moins excitants ». Elle se résumera ainsi : « J’ai besoin d’une relation dominé-dominant avec les hommes, besoin de me trouver un maître ». Mais il faudra du temps pour que, dans l’historicisation de la cure, s’effectue la reprise maturative d’un roman familial propre à l’étape de latence, mettant à l’épreuve la fixation anale primaire qui était insuffisamment structurante dans l’organisation psychique de Sandra, puis son articulation à l’analité secondaire, puis à la phallicité.

9En contrepoint des risques d’acting out perceptibles dès la première rencontre, compte tenu de cette fragilité des paliers de rétention psychique, les capacités d’insight de Sandra, comme ressources de mentalisation, sont tout aussi évidentes d’emblée. En effet, elle remarque qu’elle fait le vide autour d’elle au moment où elle vient me demander une analyse, comme s’il lui fallait installer ce qu’elle appelle une « exclusivité relationnelle », qu’elle me fera d’ailleurs éprouver par une sensation d’oppression, dès les premières séances, en me harcelant de questions sur le cadre et la technique thérapeutiques. Elle resserre son emprise en début d’analyse, davantage pour m’appréhender au niveau sensoripsychique comme objet « secourable » (Frère Artinian, 2010) que pour fuir l’entrée dans l’analyse ; en quelque sorte, elle fait le Sumo avec moi ! Sandra, qui, lorsqu’elle se disqualifie, aime à se décrire avec complaisance comme une « autruche à plume », fait en quelque sorte avec moi le boa constrictor… Mais elle réalise qu’elle a aussi des terreurs. Ainsi, il y a un an, elle a quitté le jeune chirurgien avec qui elle était depuis six ans quand il a enfin accepté de vivre avec elle, comme si elle avait pris peur de l’engagement qu’elle revendiquait pourtant à corps et à cris lorsque celui-ci est devenu possible. Elle vient de reprendre cette relation, mais ne perçoit pas encore à quel point, en transfert maternel, se retrouver seule à seule avec moi l’angoisse au point qu’elle médiatise, avec des hommes, notre relation thérapeutique, qui mobilise d’emblée beaucoup d’excitation dans le registre primaire, ce qu’elle traduit en début de cure de manière (trop) transparente : « C’est curieux, je n’ai plus de désir pour Ali depuis quelques semaines (…) C’est très bien avec lui sans le sexe (…) J’m’endormirais bien emmitouflée dans ma couverture sur le canapé, avec mon tube de lait concentré sucré, ça m’suffirait (…) ».

De l’excitation aux équivalents corporopsychiques de la dépression

10L’alliance thérapeutique s’engagera sur ce que j’appellerai une « métaphore de travail », autrement dit une action de la « forme » (Kahn, 2001) qui facilitera le mécanisme de co-pensée (Widlöcher, 1996) entre Sandra et moi : il s’agit de l’image du « manège », ce manège excitant qu’elle entend faire tourner elle-même dans la cure, et qu’elle lance à vive allure avec moi, d’une part au profit de la grande défense active-phallique qui la protège contre la résonnance narcissique de la castration dans le registre de l’idéal du moi, et d’autre part dans le cadre de sa lutte antidépressive mobilisant une surexcitation d’ordre hypomaniaque contre toute menace d’éloignement de l’objet. « Le manège c’est toute ma vie », dira cette fille unique qui sillonnait la France de ville en ville durant son enfance, dans une petite caravane attenante à celle de ses parents. Elle était certes « tirée par la grande caravane », comme elle dit, mais à partir de 12 ans, elle s’occupait seule du second manège familial, de sorte que je lui pointe : « Au prix d’un travail sans relâche, comme aujourd’hui d’ailleurs ? ». Elle m’entend bien et reprend : « C’est bizarre, ce mot : relâche, c’est comme au spectacle, mais c’est aussi doublement lâche (…) ». Je lui dis alors : « Qui est lâche ? Celle qui se relâche ? ». Sitôt elle associe : « J’ai honte de ne pas être plus parfaite (elle pleure) (…) même ici (…). Enfant, je cherchais à être La Sage de la famille peut-être (…) Ça m’épuise, ça m’fait courir (…) J’sais pas m’poser (…) Moi j’voulais un manège où tout le monde est heureux et moi j’anime, et j’assume tout avec le sourire ». Alors j’en profite pour lui glisser : « Le sourire pour pas ressentir les douleurs de votre corps ? ». « Ouais ! », lâche-t-elle. Je poursuis : « Au point de faire silence sur vos blessures ou sur vos questions, comme pourquoi vos parents ont divorcé et pourquoi ils vous ont laissée toute petite à vos grands-parents (…) ».

11« Oui, où j’suis dans tout ça ? », dit-elle en se tordant sur le divan, en position fœtale. Elle repensera qu’il n’y avait pas de chambre prévue pour elle dans la maison que son père a fait construire à son remariage, parce qu’il ne devait pas y avoir de chambre sous-occupée alors que la belle-mère avait à caser trois enfants adolescents d’un premier lit, ainsi qu’un garçon de 8 ans, le demi-frère de Sandra. Elle ajoutera avec émotion que son père a jeté toutes ses affaires d’enfant à la poubelle et qu’il a donné sans son accord sa caravane à ses frères d’adoption. Pourtant, la rivalité œdipienne n’est pas tolérable, Sandra préférant « adorer tout le monde », comme elle dit ; « moi j’compte pas, dans tous les sens du terme », et j’attire son attention : « Vous voulez dire qu’il vous faudrait être plus comptable de vos forces si vous voulez cesser de vous épuiser ? ». Alors, en s’installant sur le divan, du bout des fesses comme prête à filer, mais tous seins dehors avec ses décolletés plongeants comme pour m’agripper et me leurrer, elle convoque immédiatement, dans son discours-fleuve, tous ses « hommes » à la rescousse, afin de les interposer entre elle et moi. Sandra s’affole et s’agite sur le divan, et, en exposant son corps tendu et exhibé dans l’espace, elle empêche par moments le travail associatif. On pourrait dire que c’est la foire en séance ! Un flot de mots-valises ininterrompu accompagne la « monstration phallique » qui sert de défense contre la passivité.

Un entrelacs singulier entre acte et fantasme

12La première interprétation de l’excitation dans le transfert, comme résistance aux règles de l’analyse, calmera le jeu : « En ce moment, j’ai envie de séduction (…) pas sexuelle, pas physique mais dans le regard, dans l’échange (…) J’ai besoin de papillonner, d’aller ici et là (…) », dit-elle, provocatrice. « La valse ailleurs et ici, comme dans un manège, comme pour éviter de penser avec moi par peur de vous sentir trop passive ici, et peut-être trop proche aussi ». Un long silence inhibiteur s’ensuivra. Puis un premier fil associatif, mobilisant des affects à perlaborer, émergera, pointant la douloureuse confrontation à la castration et à l’exclusion œdipienne dans leurs résonnances abandonniques : « J’dormais dans un lit bien trop p’tit, mais heureusement que j’avais mes chiens, ça m’occupait, d’autant que j’ai toujours eu une terreur des cambrioleurs que je traque sous les lits depuis mon enfance ». Sandra règle sa vie de femme en passant d’homme en homme, une hétérosexualité « addictive » avec des êtres de passage pour tenter d’éponger l’excitation que suscitent les fantasmes homosexuels, surtout en début d’analyse, ce qu’elle passera par l’acte à chaque séparation pour les vacances, dans un transfert latéral, à entendre comme une « mise en acte vers la mise en œuvre » du processus (Edan, 2011). Ainsi, en début de cure, l’excitation est majeure, mais rapidement, derrière l’érection caricaturée des figures masculines/paternelles, trahissant leur faille symbolique, se cache l’ombre portée des figures féminines/maternelles, redoutées et désirées.

13La présentation de l’imago maternelle donne lieu à des associations sans grand refoulement : « Ma mère avec ses fesses proéminentes dont j’ai hérité, elle ressemble à une Africaine, ou à une Antillaise, avec de grosses lèvres ». Sandra livrera sa rêverie d’adolescence, qui met en scène des relations sexuelles avec « une femme imaginaire androgyne avec des fesses d’homme comme celles de mon père, et le visage de ma mère ». Cette image directe, de patchwork, assure une défense perverse minimale venant contre-investir le fantasme de castration qui émerge, avec une certaine massivité, sous la défense phallique. Ce « tête-à-cul », comme elle le met en mots crûment, en surfilant les voies familières du transfert, pourrait renvoyer à un fantasme de scène primitive combinée. Et quand Sandra se rapproche de moi en transfert maternel, elle vient en séance « comme une africaine » justement : « J’ressemble à une négresse à plateau », dit-elle, car elle porte une minerve qu’elle associe aussi à un « collier de chien ». Elle ressent des vertiges « comme des transes, euh (…) j’veux dire des danses » sur le divan. Moyennant quoi elle s’endort en salle d’attente, comme un bébé, signalant ainsi son installation dans le transfert d’étayage basal, de type homosexuel primaire, et la confiance qui assure le déroulé du processus thérapeutique en dépit des « tremblements » dans le cadre. Le signifiant « Minerve » la fera associer sur une rivalité phallique, pour ainsi dire « saignante » : « Les hommes m’inervent », dit-elle en riant cyniquement, « comme mon père, dès qu’y’a un truc à gérer, c’est sauve-qui-peut ». C’est le travail thérapeutique sur l’espace psychique « élargi » (Botbol et Balkan, 2006) aux dimensions psychosomatiques de ma patiente qui m’aidera à contenir la violence d’infiltration du processus primaire dans le processus secondaire, et les risques rupturels dans le lien transféro-contre-transférentiel.

L’émergence successive des fantasmes originaires dans la cure

14Au rang des théories sexuelles infantiles (Freud, 1905d) qui s’actualisent dans le transfert et se réorganisent dans l’analyse, Sandra revisitera successivement les fantasmes de scène primitive, de castration féminine et de séduction dans leur dialectique narcissique et objectale.

15Après les premières grandes vacances de la cure, elle ébauche la construction d’un fantasme originaire (Laplanche, 1987) qui l’aide à m’attendre, et confirme, avec l’amorce d’une représentation de scène primitive défusionnée, l’installation dans le processus analytique : « J’ai pensé à démissionner (…) mais je me suis dit que ce n’est pas un hasard que je veuille rompre pendant vos vacances, ça m’a fait penser au divorce de mes parents (…) Faire bouger les choses, c’est une sorte de défi (…) Me sont revenus des flashs de ma grand-mère maternelle, avec un autre homme que mon grand-père (…), une voiture rouge et une lutte (…), ou une couverture rouge (…), je ne sais pas comment je le sais mais je le sais ». Cette mobilisation de la névrose infantile dans la névrose du transfert entraîne de grandes bouderies caractérielles accompagnant la figuration du fantasme : « Ma mère ne joui… euh, ne jouait jamais avec moi enfant… je ne sais pas jouer (…) Elle est venue à Paris pour faire soigner sa chatte chez les copains vétos que j’connais, et puis c’est tout ! ». Elle ne s’entend pas encore, en dépit de sa grande « tolérance » à l’affleurement du processus primaire (Brelet-Foulard, 1986), mais elle associera sur sa grand-mère avec qui elle dormait dans le grand lit, et qui lui caressait le dos, alors que son grand-père occupait son petit lit. « Tout compte fait, la cocue c’est moi ! », déclare-t-elle en associant sur ses rêveries : « Une voiture (…), une lutte (…), ça fait : vois turlutte (…), j’crois qu’j’ai vu de drôles de trucs que j’devais pas voir ! ». Le fantasme de séduction tiercéïsé recouvre des traces mnémoniques (Dechaud-Ferbus, 2011b) de séduction précoce par les figures maternelles (Ferenczi, 1932), dans la relation corporo-psychique primitive.

16Derrière le souvenir du divorce à 15 ans, qui s’est inscrit psychiquement comme une énigme, sans conflit « ouvert », se profileront des constructions plus anciennes, de quand elle fut confiée à sa grand-mère maternelle lors de l’absence de sa mère entre 8 mois et 2 ans, absence dont le départ de la mère pour un autre homme avant le divorce fait figure d’après-coup. Et dans la cure, c’est l’Œdipe originaire (Le Guen, 1974) qui se reconfigure dans ses préformes de secondarisation. Dans le « rêve de la lèvre fendue », elle se bat pendant mon absence avec des hommes, « enfin, un homme…, je ne vois plus qui c’était, mais c’était violent, il me fendait la lèvre…, je saignais, j’avais mal…, j’ai peur d’être violente ou violentée quand on s’voit pas ». Une interprétation soulignant le lien entre sa problématique identificatoire et son fantasme œdipien mobilise une levée de boucliers dénégatifs qui, dans le contexte, facilitent l’élaboration : « Peur de vous sentir entre les Sumos puissants et les souris aux lèvres fendues… ». « Ah non ! C’est pas du tout une scène sexuelle ! C’est violent au contraire…, mais pas comme un viol quand même », se défend-elle avec vigueur.

La configuration du triptyque œdipien et son remaniement

17Le conflit intra-psychique va donc se constituer peu à peu, à l’abri de déplacements secondarisés : elle fait couple avec sa nouvelle patronne qui lui a donné une maison attenante à la clinique où elle travaille, dont les volets sont, comme elle dit dans un joli lapsus, « ajournés ». Le matériel condense la tension névrotique entre le voir (ajouré) et l’interdit de voir (ajourné), ce qui témoigne de l’organisation de la névrose infantile dans ce qui s’ébauche comme névrose de transfert, prélude à l’élaboration progressive de l’Œdipe infantile, puis à la structuration du fonctionnement psychique par l’Œdipe pubertaire.

18Sandra se confrontera d’abord au fantasme de castration lié à l’Œdipe infantile : après une alerte à la bombe dans le métro qui lui fait rater une séance, elle fait le « rêve du scalp », un rêve punitif, angoissant, dans lequel elle s’identifie à sa tante maternelle, qui est aussi sa marraine, qui l’a poussée en analyse et qui représente sa mère car comme celle-ci, la tante fut violée par le même homme, en l’occurrence son cousin, me précise-t-elle. Dans ce rêve, elle est condamnée à mort, « guillotinée comme une reine déchue pour avoir tué deux hommes violeurs dans des conditions effroyables, c’était affreux : en les scalpant ! ». Elle associe sur le goût amer que lui ont laissé les réponses de sa grand-mère et de sa mère à ses questions sur les secrets de famille, et « le plus terrible, c’est la désillusion », le renoncement : « La sensation que tout ça c’est peut-être rien du tout, rien de tout ce que j’avais imaginé, et que je me retrouve juste comme une petite fille remise à sa place (…) Et mon grand-père, c’est comme mon père, y dit rien ! ». Elle se frottera ensuite au fantasme de séduction lié à l’Œdipe pubertaire : « Je suis très mal (…) J’ai pensé que peut-être moi aussi j’avais été abusée enfant (…) enfin, jeune fille (…) Même si avec Dan, mon grand cousin, il ne s’est rien passé ». C’est en voyant une émission sur les enfants abusés qu’une adolescente révélant un inceste paternel lui a fait penser à elle, ce qu’elle liera en séance : « J’ai ressenti une émotion si intense, comme si ça me parlait…, l’image de Dédé, l’amant de ma grand-mère, s’est imposée à moi…, enfin l’image, non, plutôt l’idée…, ça m’émotionne tellement, et le fait que j’ai de vives sensations mais pas d’images, comme si je les écartais, alors je me dis que j’ai dû être abusée…, je revois du rouge…, la chemise écossaise de Dédé ou la couverture (…) ».

19Plus tard dans la cure, la génitalité s’organisera dans le transfert : dans « le rêve de la prison », elle se trouve enfermée dans une petite pièce, « mais c’est bizarre, c’est de mon plein gré, j’ai voulu y être mais j’ai envie de fuir, sans parvenir à fuir, je me sens comme retenue », dit-elle. Elle s’auto-analyse : « Cette pièce est comme ici (…), j’y rencontre des choses qui me font peur (…), que je ne veux pas voir (…), ce qui vient de moi (…), ces rêves, ces fantasmes ». Les deuils narcissiques et objectaux s’opèreront peu à peu, avec nostalgie : « Je regrette mes montagnes russes, je trouve ça plat sans hauts et sans bas émotionnels (…), sans manège ! Je me sens plus calme, mais je ne me reconnais pas (…) ». Les souvenirs-écrans du manège, qu’elle tenait toute seule et toute-puissante, vont laisser place à des représentations d’immaturité douloureuse (Dechaud-Ferbus, 1999) où elle se revoit plutôt derrière la vitre du manège, comme « un petit poisson dans un aquarium », seule, jalousant les autres enfants de s’amuser dans le manège. « Je me sens exclue comme une enfant dans un univers d’adultes (elle pleure) parce que quand même, le monde des enfants c’est pas pareil que le monde des adultes (…). Pas très valorisant de ne pas savoir s’occuper seule de soi-même (…). Je suis venue trop tôt, j’ai déçu mes parents ».

Du périnévrotique au psychonévrotique dans le travail psychanalytique

20Chez Sandra, à l’orée de la cure, si le fantasme de bisexualité gardait des rémanences identitaires actives du côté des angoisses de perte de vue de l’objet (Pontalis, 1974), il entrait néanmoins clairement, au profit du maintien défensif de la réalisation magique du désir (Freud, 1911b), dans le cadre de la problématique identificatoire à la fois centrale et fragile qui organise le fonctionnement psychique, en dépit de ses résonances narcissiques. Il permettait la dénégation de la confrontation à la réalité de la différence anatomique des sexes. Il assurait aussi le repli devant l’insoutenable excitation suscitée par la problématique œdipienne infantile. Autrement dit, l’appareil psychique fonctionnait sur ses premiers pare-excitations (Freud, 1895) qui furent insuffisants pour filtrer la pression pulsionnelle à mesure du développement : de l’Œdipe infantile à l’Œdipe pubertaire. De ce fait, la génitalité (pubertaire/adulte) n’était pas structurante, et la névrose infantile pas encore refoulée. On pourrait dire qu’il s’agissait d’une hystéro-phobie infantile anachronique, en arrêt sur image, qui avait buté en amont sur l’échec de la structuration rétentive anale, et en aval sur la structure encadrante de la latence. Au début de la cure, Sandra formulait sans hésitation : « Ce n’est vraiment pas l’problème que ce soient des hommes ou des femmes (…) Pour moi, c’est pareil ». Ce brouillage identificatoire, fait de marivaudage et de confusion des sentiments, visait à éviter la problématisation pubertaire. Avec ses imagos condensées, elle voulait, en fantasme, garder en main la représentation d’un trio confondu dans lequel elle maintenait par l’imaginaire sa place entre ses parents. Du coup, les deuils de l’infantile vont se faire péniblement : « Je voulais pas que le manège se termine, amuser les petits enfants pour me sentir utile, être gardienne des chiens (…), je ne me suis pas senti de place entre mes parents (…), ma mère m’a eue à 17 ans par accident ». Prise entre une angoisse de perte perceptive de l’objet (Freud, 1926d) et une angoisse de régresser vers l’homosexualité primaire, la problématique de cette jeune femme restait en souffrance.

21Pourquoi s’agit-il d’une clinique « périnévrotique » plutôt que psychonévrotique ? Parce qu’elle fait l’économie d’une fixation structurelle stable en se maintenant dans les interstices « prégénitaux » [4]. Elle montre une ligne de frayage « actuel », proche d’une névrose d’angoisse (Boucherat-Hue, 2012), liée au maintien d’un secteur de névrose infantile (Lebovici, 1980) non transformé et toujours agissant qui grève la structuration du potentiel génital pubertaire (Grunberger et al., 2004). C’est une organisation psychopathologique signifiante de la sphère névrotique infantile dans laquelle s’actualise un noyau traumatique. Celui-ci génère un fonctionnement « excitatoire » de nature « essentielle », au sens de la psychosomatique, qui oscille entre décharge et répression, mais dont le vecteur et le point de butée sont d’ordre principalement somatopsychique. La configuration clinique dite « périnévrotique » souligne que le psychisme peut garder un « reste » non abréagi, non élaboré (Bokanowski, 2005) en dépit des capacités de liaison et de figurabilité que recèlent d’autres secteurs, plus (psycho)névrotiques, de la psyché, et qu’il ne s’agit pas pour autant de problématiques identitaires, narcissiques, dépressives ou limites (Diatkine, 1979). Ainsi, je fais l’hypothèse qu’on peut différencier ces psychopathologies « interstitielles » des régressions défensives qu’opèrent les psychonévroses structurées vers les polarités archaïques, préœdipiennes [5], de la psyché, car les cliniques « périnévrotiques » sont fixées au prégénital (pré-pubertaire), dans un contexte de « génitalité » authentiquement carentielle et traumatique.

Pour conclure

22Je fais aussi l’hypothèse qu’on gagne à distinguer le périnévrotique du destin des états-limites, au risque, sinon, de le ramener à une lignée préœdipienne, de registres narcissique et dépressif primaires, qui pourrait oblitérer le repérage de la problématique narcissique secondaire, de la triangulation œdipienne infantile, du potentiel d’organisation prégénitale et, partant, de structuration génitale ultérieure qu’il recèle, s’il est pris en charge dans ce sens. Ainsi, le périnévrotique peut évoluer, avec une cure psychanalytique ajustée aux caractéristiques corporopsychiques de ces patients aux limites de la névrose, vers la structuration psychonévrotique classique par la (re)constitution de l’organisateur pubertaire.

23Mais le périnévrotique n’est pas seulement un mode (quantitatif) d’immaturité du psychonévrotique, spontanément réversible, car, à l’épreuve de la clinique au long cours, dans les subtilités des processus de changement thérapeutique, il requiert des modalités (qualitatives) d’intervention spécifiques, centrées sur les résonances narcissiques de l’Œdipe infantile et sur la défusion de celui-ci d’avec l’Œdipe pubertaire « de couverture », pour que se structure, dans le lien transféro-contre-transférentiel, une organisation psychonévrotique authentique et fonctionnelle chez le patient. L’enjeu de la cure sera l’investissement stable de l’« objet transformationnel » primaire (Bolas, 1989) que réédite le lien régressif dans le setting maternisant. Un lien « incarné » qui pourrait venir, dans le champ de la figuration de l’excitation, affecter la psyché de manière plus structurante. Autrement dit, il s’agit de reprendre et d’accompagner ce que F. Pasche (1969) nomme la « vocation ascendante du moi », dans un contexte où l’invariant du cadre, dans sa dimension d’inhibition fondatrice (Dechaud-Ferbus, 2009), vient soutenir la fonction subjectalisante de l’objet (Cahn, 2002).

24Pour atteindre cet objectif spécifique, qui est de structurer les trois temps œdipiens pour les lier dans une organisation psychonévrotique fonctionnelle, je pense aujourd’hui, bien après la prise en charge de Sandra, que le dispositif thérapeutique le plus adéquat aurait été celui de la psychothérapie psychanalytique corporelle, dite aujourd’hui « PPC » (Dechaud-Ferbus, 2011a) après avoir été appelée « relaxation » par J. de Ajuriaguerra qui l’a inspirée. Dans cette variante de la cure-type, le patient est engagé à la régression psychanalytique sur le divan, mais il se trouve en même temps tenu sensoriellement de manière renforcée, d’une part visuellement car l’analyste est placé « devant » le divan et le patient peut (ou non) disposer du regard, et d’autre part tactilement puisque le « divan dans le dos » le soutient fermement, en délégation symbolique des bras « parentalisants » de l’analyste.

25Mais cela pourrait être l’objet d’un autre article…

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Date de mise en ligne : 09/09/2014

https://doi.org/10.3917/psys.143.0147

Notes

  • [1]
    Psychanalyste, membre de la Société Psychanalytique de Paris et de l’Association pour l’Enseignement de la Psychothérapie Psychanalytique Corporelle (AEPPC, Paris). Attachée de psychothérapies à l’hôpital Sainte-Anne (CMME – Paris). MCU HDR en psychopathologie clinique et Directrice de recherche associée au Centre de Recherche Psychanalyse, Médecine et Société (CRPMS, Université Paris 7 – Denis Diderot).
  • [2]
    Œdipe originaire – Œdipe infantile – Œdipe pubertaire.
  • [3]
    Dans une conception structurale de l’appareil psychique (Laplanche et Pontalis, 1967, p. 277), il y a un intérêt à distinguer ce qui, relevant de la structure, est « structural », de ce qui, relevant de l’organisation du « caractère », est seulement « structurel », car, dans cette perspective, le caractère s’oppose même à la structure.
  • [4]
    Le terme « prégénital » est ici employé dans la perspective de la seconde théorisation freudienne de la libido infantile (Freud, 1923 [1922]) qui le situe entre le début du stade phallique de l’Œdipe infantile et l’organisateur pubertaire. Dans ce cadre, le concept de « génital » renvoie stricto sensu à l’étape de structuration de la libido adulte au cours de l’adolescence, c’est-à-dire à la « génitalité pubertaire ». Dans cette acception, l’étape œdipienne est « prégénitale », même si elle est parfois évoquée comme « organisation génitale infantile » (Freud, 1923e).
  • [5]
    En référence à la définition classique du terme qui renvoie aux conflits libidinaux des stades du développement précédant l’accès psychique à l’Œdipe infantile (Freud, 1931b).

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