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Article de revue

La double négation. Un mécanisme structural central entre biologie, langage, désir et cognition

Pages 3 à 9

Notes

  • [1]
    Le terme de « négation » correspond à la traduction française actuellement admise du terme allemand « Verneinung » utilisé par S. Freud. De nombreuses discussions ont eu lieu à ce sujet car chaque substantif se trouve associé à un verbe qui peut poser problème : le verbe correspondant au terme de « dénégation » est le verbe « dénier » mais celui-ci renvoie au mécanisme du déni qui n’a rien à voir avec la dénégation, tandis que le verbe correspondant au terme de « négation » est le verbe « nier » qui semble un peu plat et se référant trop au domaine grammatical. Le verbe le plus juste pour décrire la dynamique de la négation serait sans doute celui de « réfuter » mais il n’est guère utilisé aujourd’hui.
  • [2]
    Nous parlons ici de « rejet » et non de « refus », terme dont la dimension ne saurait être alors, évidemment, que métaphorique.

1Réfléchir à des mécanismes structuraux communs à différents champs de connaissance à propos de l’humain nous semble être l’un des objectifs importants de l’anthropologie et de la psychanalyse. C’est dans cette perspective que nous souhaitons réfléchir au mécanisme de la double négation, en choisissant délibérément le terme de « négation » pour l’ensemble de cet article et non pas celui de « dénégation » [1].

2Nous proposons ici diverses pistes de réflexion qui nous semblent importantes pour rassembler un certain nombre de données appartenant à des champs de connaissances variés et ayant trait à l’ontogénèse du sujet humain.

Éloge de la transdisciplinarité

3Il ne suffit pas de constater que les psychanalystes ont impérativement à tenir compte des travaux d’autres disciplines dans le champ du développement du vivant et de l’humain. Bien que déploré depuis longtemps déjà, ce simple constat n’induit pourtant pas de véritable recherche ou avancée quant au mouvement des idées et de l’histoire des connaissances dans le champ de la psychanalyse. Il est en fait dommage d’observer que ceux-là mêmes qui se déclarent les chantres de l’inter et de la transdisciplinarité sont aussi ceux qui taxent d’impur ou d’hérétique tout regard que la psychanalyse voudrait porter au-delà de ses repérages habituels.

4Habituels et non pas initiaux ou légitimes car S. Freud était probablement, en son temps, beaucoup plus curieux que nous ne le sommes aujourd’hui des possibles points de rencontre entre le corpus théorico-clinique qu’il échafaudait et un certain nombre de disciplines scientifiques de son époque (la biologie certes, mais aussi l’histoire, l’anthropologie, la sociologie).

5Au-delà donc du strict constat de courtoisie quant à la nécessité actuelle d’une réelle démarche transdisciplinaire (sans laquelle la psychopathologie elle-même se trouvera condamnée à plus ou moins brève échéance), le défi qui s’offre donc désormais à nous est de conceptualiser de véritables points de convergence entre certaines données des sciences dites objectives et les acquis de notre corpus métapsychologique.

6Un auteur comme G. Haag (1985, 2018) a fait d’authentiques et féconds efforts en ce sens. Sa description notamment de la notion « d’emboîtements entre éléments pareils et pas-pareils » permet, de manière très fructueuse, de jeter un pont entre la réflexion psychodynamique et certains travaux des sciences cognitives. Son hypothèse de la nécessité d’un dosage équilibré entre ces différents éléments rejoint au fond la dialectique chère aux cognitivistes se jouant entre les registres du familier et du non-familier. Et de fait, cette découverte théorique et clinique, non seulement fournit un possible point de jonction entre des champs épistémologiques différents, mais en outre met l’accent sur un processus probablement central dans l’instauration de la pensée, processus se situant tant au niveau des affects que des représentations idéiques à proprement parler.

7Rappelons pour mémoire que l’importance d’un équilibre adéquat entre éléments pareils et pas pareils s’exprimerait aussi bien au niveau des processus psychiques originaires (organisation des signifiants primordiaux, phénomènes primitifs de fusion et de défusion) qu’à celui des processus primaires (représentations de la mère et du bébé dans les deux moitiés du corps, « identifications intracorporelles », ontogenèse du fantasme originaire de scène primitive), et qu’à celui des processus secondaires enfin (la capacité de liaison ou d’articulation mutuelle entre les représentations dépendant pour une grande part du rapport de mêmeté ou d’étrangeté caractéristiques de leur structure).

8Les chercheurs du champ neuroscientifique ont montré que l’exploration par le bébé de ses objets cognitifs (le visage humain, par exemple, valant certainement comme un objet mixte, certes libidinal, mais aussi cognitif) dépend fondamentalement de sa composition en aspects familiers et non familiers du point de vue de l’enfant. Aussi ne peut-on qu’être impressionné par ce point de rencontre entre deux démarches théorico-cliniques distinctes, mais néanmoins convergentes au niveau d’un mécanisme structural central (Golse, 2000).

9Dans cette même perspective, nous souhaiterions avancer l’hypothèse que le mécanisme de la double négation (et pas seulement de la négation) peut être pensé comme un mécanisme structural central tant dans le champ de la biologie que dans ceux du désir, du langage et de la cognition. Les propos qui suivent n’ont pas d’autre ambition que de stimuler la pensée et d’ouvrir de possibles nouvelles pistes de travail. Ils ne découlent pas d’études contrôlées ou de protocoles expérimentaux codifiés. Ils ne sont donc présentés qu’à titre préliminaire. Bien que certains des liens évoqués puissent sans doute paraître un peu hâtifs, comme tels, nous les croyons néanmoins potentiellement utiles.

Rappels sur l’article de S. Freud intitulé « La négation »

10Ce texte célèbre de S. Freud (1925) nous aide à penser l’instauration de la frontière entre le dedans et le dehors chez le bébé, instauration rendue nécessaire du fait de menaces tant internes qu’externes.

11En effet, si la première partie de l’article est consacrée à la négation en tant que mécanisme de défense chez des sujets adultes névrotiques alors en analyse avec S. Freud, la seconde partie se centre sur le mécanisme de la négation à l’aube de la vie en tant que moyen de différencier la réalité interne et la réalité externe, démarcation participant probablement à la constitution de l’inconscient dit primordial.

12Dans ce travail qui suit le mouvement régrédient de la cure, S. Freud effectue une sorte de coup de force épistémologique. Il inverse le point de vue académique selon lequel toute nouvelle expérience devrait d’abord être pensée comme existant ou non en tant que réalité externe (jugement d’existence) avant d’être évaluée comme bonne ou mauvaise (jugement d’attribution). Selon S. Freud, le bébé procèderait en fait d’abord à un jugement d’attribution (cette nouvelle expérience est-elle source de plaisir ou de déplaisir ?) avant de procéder à un jugement de réalité (l’expérience source de plaisir s’étant inscrite dans sa réalité externe, est-elle alors susceptible d’être retrouvée dans la réalité externe ?).

13Rappelons que ce texte a été écrit en 1925, soit quelques années après la mise en forme par S. Freud de la deuxième théorie pulsionnelle (1920) opposant désormais pulsions de vie et pulsions de mort, et la découverte de son cancer de la mâchoire en 1923 qui allait l’emporter seize années plus tard. Aussi, ce travail sur la négation apparaît-il comme hanté par la question de la mort et par celle du mauvais ou du dangereux à extirper de soi, cette solution régressive consistant parfois à penser – ou à espérer ? – qu’ils n’existeraient en tant que tels que dans la réalité externe.

14Dans un premier temps, le bébé va ainsi éjecter hors de lui tout le mauvais, pour ne garder à l’intérieur que le bon, d’où un clivage initial radical entre une réalité externe entièrement mauvaise et une réalité interne intégralement bonne. De ce fait, le mécanisme physiologique de la négation porterait-il en lui, en quelque sorte, les racines primitives d’un fonctionnement de type paranoïaque. Ce clivage ne pourra se réduire que par l’accès à l’ambivalence, ce travail de S. Freud annonçant ainsi et préparant en quelque sorte les développements kleiniens ultérieurs.

15Ce mécanisme de défense, propre à l’adulte névrotique (levée partielle du refoulement), apparaît donc comme un mécanisme fondateur de l’espace psychique du futur sujet. Il permet d’établir progressivement, en lien avec le jeu des pulsions de vie et des pulsions de mort, une ligne de démarcation entre le dedans et le dehors de la psyché, c’est-à-dire entre le Soi et le non-Soi.

Une double négation repérable dans différents champs

Dans le champ de la biologie

16C’est évidemment là que le recours au terme de négation – mécanisme essentiellement psychique ou protopsychique – peut le plus attirer la critique d’une extrapolation illégitime, d’un changement abrupt de registre épistémologique. La comparaison est néanmoins stimulante et s’appuiera sur un exemple issu de la biologie de la grossesse.

17Nous savons désormais que toute grossesse, toute implantation d’un embryon dans la muqueuse utérine maternelle, a valeur en partie d’hétérogreffe. L’embryon et le fœtus sont porteurs d’antigènes paternels non reconnus comme siens par la mère. En termes d’interactions fœto-maternelles (Soulé, 1999), il est possible de considérer que ce que la mère « rejette » d’emblée biologiquement [2] correspond donc à la part paternelle du bébé, d’où une « triangulation » biologique par essence conflictuelle !

18Pourtant, l’organisme maternel met en place une série de mécanismes qui lui permettent de « tolérer » cette greffe particulière pendant neuf mois. Parmi ceux-ci, le plus important consiste en la production d’anticorps visant à neutraliser ceux qu’elle fabrique d’abord à l’encontre de la partie biologique paternelle de son futur enfant [anticorps, anti-anticorps (anti-fœtus), « moins par moins donne plus »].

19Peut-être a-t‑on là un modèle biologique d’une double négation permettant la survie, le temps de la grossesse, du nouvel être conçu par reproduction sexuée ? Toute une série de questions se profilent alors à propos du clonage qui, par essence, mettrait hors circuit ce type de mécanisme biologique, avec de possibles conséquences encore insoupçonnées.

20En tout état de cause, il est possible de penser que si l’inconscient ignore la négation, le biologique ignore l’affirmation. De telle sorte que, dans ce domaine, toute existence résulte peut-être de la conjugaison de deux refus, ce qui n’est pas sans évoquer le « si » des enfants qui vaut comme « non » à l’interdit surmoïque des adultes, nous y reviendrons.

21Autrement dit, pour qu’un phénomène ou un processus biologique se maintienne, peut-être faut-il qu’il y ait surtout des mécanismes qui s’opposent à son éviction, plutôt que des mécanismes visant directement à sa stabilité. Les biologistes auraient certainement, d’ores et déjà, long à nous apprendre en ce domaine.

Dans le champ du désir

22À l’heure actuelle, pour toute une série de raisons sociologiques bien connues, vouloir un enfant consiste surtout à cesser de ne pas en vouloir, mouvement psychique mis en œuvre notamment par l’arrêt de la prise de contraceptifs. Peut-on y voir une organisation structurale générale du désir ? L’hypothèse mérite certainement d’être examinée.

23Le fait de désirer serait à considérer comme synonyme d’un processus d’obstacle au non-désir, même s’il serait sans doute réducteur d’assimiler tout désir à la suppression d’un non-désir préalable. Le désir d’enfant n’est peut-être pas, en effet, le paradigme de tous les désirs et nos propos apparaissent comme contextualisés par l’apparition des produits contraceptifs. En partie seulement cependant, car d’autres méthodes contraceptives, certes moins radicales, existaient tout de même avant la découverte des contraceptifs et parce qu’il y aurait sans doute également à prendre en compte à propos du désir d’enfant et de ses butées tout ce qu’il en est des divers contre-investissements et du refoulement des désirs œdipiens chez la petite fille.

24Par ailleurs, la mère transmet bien souvent à son bébé des mécanismes de défense à l’égard de dangers pulsionnels qu’il n’a pas encore rencontrés (et ceci notamment dans le champ de l’analité où les interdictions vis-à-vis de la saleté précèdent et de loin l’émergence chez l’enfant du désir de souiller). Là encore, la neutralisation de ces défenses préventivement transmises pourrait fort bien apparaître comme une clef indispensable à l’émergence du désir pulsionnel de l’enfant en tant que tel.

Dans le champ du langage

25Pensons aux travaux de J. Kristeva (1987) à propos, notamment, du langage chez les sujets dépressifs dans son très beau livre intitulé Soleil noir. Elle y développe l’idée que l’émergence du langage s’enracine dans une double négation du deuil de l’objet primaire (« Non, je ne l’ai pas perdue, ma mère, puisque je peux lui parler »), ce qui rejoint, par un autre biais, les positions de J.-B. Pontalis (1986) sur l’acte de langage en tant que compensation de la perte et de l’absence dans L’amour des commencements.

26Quel que soit le message que nous émettons, et même s’il s’agit d’un message de lien, le fait même de parler signe l’écart et l’avènement d’une béance intersubjective. Tel est le dilemme tragique du langage qui vise à réunir, alors même qu’il présuppose une séparation et qu’ainsi ne nous parle que de perte. Seules les plus belles histoires d’amour – les histoires fusionnelles ? – sont muettes. Parler suppose la perte, puis la négation de celle-ci.

27Mais, la double négation ne fait pas qu’engendrer le langage, et elle ne peut probablement pas se passer du langage pour advenir. Elle l’infiltre en de multiples places.

28Tel est le cas du « si » des enfants. Les enfants savent dire « non » avant que de savoir dire « oui » et, entre ces deux acquisitions langagières, en français tout au moins, ils apprennent à dire « si ». Ils l’acquièrent généralement en tant qu’expression d’une identification à l’agresseur, d’une identification à l’adulte interdicteur (A. Freud, 1936) et comme telle, ce « si » infantile vaut comme refus des limitations de l’éducation, soit comme (dé)négation de la (dé)négation.

29Dans le même ordre d’idées, on se souvient de la chanson de Serge Gainsbourg : Je t’aime, moi non plus. Cette phrase ne se comprend qu’à la condition d’entendre derrière le « Je t’aime » une dénégation de la haine, à savoir un « Je ne te hais point » qui trouverait aisément sa place dans la colonne 2 de la grille de W. R. Bion (1962), celle des hypothèses dénégatives précisément. Pour W. R. Bion, en effet, les liens de la connaissance (K pour « Knowledge ») s’enracinent dans les liens d’amour (L pour « Love ») et de haine (H pour « Hatred »), d’où la prise en compte des pulsions de mort comme dans le cas de la négation freudienne. Pour autant, cette prise en compte des pulsions de mort débouche sur une démarcation entre le dedans et le dehors en ce qui concerne le mécanisme de la négation freudienne, alors qu’elle sous-tend la dynamique épistémologique dans le modèle bionien.

Dans le champ de la cognition

30On peut aisément imaginer que les apprentissages, les sublimations et les diverses activités exploratoires ou créatives ne puissent finalement se déployer que sur le fond d’une négation de la « relation d’inconnu » (G. Rosolato, 1978). L’angoisse la plus centrale serait en effet la peur de l’inconnu et, de ce fait, la fuite du déplaisir l’emporterait largement en importance et en intensité sur la quête du plaisir.

31Dès lors, si – avec W. R. Bion – nous admettons que les liens K (Knowledge) se fondent primitivement sur les liens L (Love) et H (Hatred), considérant par là les racines émotionnelles premières de l’acte de connaissance, nous adoptons un modèle de la pensée et de la cognition centré sur la fuite du déplaisir, soit sur une négation ou un évitement du non-plaisir. Et, là encore, « moins par moins donne plus » !

Conclusion

32Telles sont quelques pistes de travail que nous voulions proposer à partir du mécanisme de la double négation qui nous paraît d’ores et déjà pouvoir offrir un concept partageable entre psychanalystes et chercheurs dans les champs de la biologie, du désir, du langage et de la cognition. Mais peut-être par d’autres également, l’avenir nous le dira.

  • Références

    • Bion, W. R. (1962). Aux sources de l’expérience. Paris : Puf, « Bibliothèque de psychanalyse », 1979.
    • Freud, A. (1936). Le Moi et les mécanismes de défense. Paris : Puf, « Bibliothèque de psychanalyse », 1993 (15e éd.).
    • Freud, S. (1925). La négation. Dans Résultats, idées, problèmes, Tome 2 (pp. 135-139). Paris : Puf, « Bibliothèque de psychanalyse », 1985.
    • Golse, B. (2000). Psychanalyse et cognition : trois exemples de convergences. Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence, 48, 427-431.
    • Haag, G. (1985). La mère et le bébé dans les deux moitiés du corps. Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence, 33(2-3), 107-114.
    • Haag, G. (2018). Le moi corporel. Paris : Puf, « Le fil rouge ».
    • Kristeva, J. (1987). Soleil noir. Dépression et mélancolie. Paris : Gallimard, « NRF ».
    • Pontalis, J.-B. (1986). L’amour des commencements. Paris : Gallimard, « NRF ».
    • Rosolato, G. (1978). La relation d’inconnu. Paris : Gallimard, « Connaissance de l’inconscient ».
    • Soulé, M. (1999). La vie du fœtus. Son étude pour comprendre la psychopathologie périnatale et les prémices de la psychosomatique. La Psychiatrie de l’enfant, 42(1), 27-69.

Mots-clés éditeurs : langage, cognition, négation, désir d’enfant, Biologie, grossesse

Date de mise en ligne : 14/12/2020

https://doi.org/10.3917/psye.632.0003

Notes

  • [1]
    Le terme de « négation » correspond à la traduction française actuellement admise du terme allemand « Verneinung » utilisé par S. Freud. De nombreuses discussions ont eu lieu à ce sujet car chaque substantif se trouve associé à un verbe qui peut poser problème : le verbe correspondant au terme de « dénégation » est le verbe « dénier » mais celui-ci renvoie au mécanisme du déni qui n’a rien à voir avec la dénégation, tandis que le verbe correspondant au terme de « négation » est le verbe « nier » qui semble un peu plat et se référant trop au domaine grammatical. Le verbe le plus juste pour décrire la dynamique de la négation serait sans doute celui de « réfuter » mais il n’est guère utilisé aujourd’hui.
  • [2]
    Nous parlons ici de « rejet » et non de « refus », terme dont la dimension ne saurait être alors, évidemment, que métaphorique.

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