Couverture de PSYE_591

Article de revue

Traces cérébrales des traumatismes infantiles et devenir psychopathologique

Pages 333 à 355

1 Le petit de l’homme, en comparaison aux autres espèces, naît en situation de grande immaturité, avec comme conséquence une très longue et importante dépendance à l’égard de ses parents. Non seulement, il faut pouvoir répondre à ses besoins primaires, tels les soins du corps et de l’alimentation, mais il nécessite également un investissement et une chaleur humaine pour pouvoir se développer de manière optimale et lui permettre d’accéder progressivement à une socialisation et ultérieurement à une autonomisation.

2 La nature des toutes premières relations à l’objet d’investissement primaire a une influence conséquente sur la manière dont un enfant va apprendre à se comporter avec un être humain, son rapport ultérieur aux autres et notamment la façon dont il va se comporter socialement et dont il va appréhender le monde. Les travaux sur la qualité de l’attachement ont montré l’importance de la première rencontre œil à œil, peau à peau entre le nouveau-né et sa mère au moment de la naissance pour la création d’une bonne relation d’attachement sécure (Ainsworth, 1968 ; Bowlby, 2002 ; Fonagy, 2001). Ainsi, l’établissement de relations précoces de qualité est connu comme un facteur important de résilience et de résistance aux situations de stress. Les études de suivis longitudinaux sur l’attachement montrent une corrélation entre la sécurité d’attachement et la capacité pour l’enfant de coopérer avec l’adulte, de se concentrer au jeu, de persister dans la résolution de problèmes ou à être en bons termes avec ses pairs. L’expérience de sécurité précoce permet ensuite à l’enfant de s’ouvrir au monde, soutenant ainsi l’autonomie ultérieure de l’individu.

3 Le développement d’un trouble psychopathologique va dépendre, d’une part, de facteurs de risques biologiques, psychologiques, familiaux, sociétaux et culturels agissant en synergie et, d’autre part, de la période du développement pendant laquelle ils agissent. Les mêmes facteurs peuvent avoir des effets différents selon le moment et la durée de leur action. Ainsi, les relations sociales de l’enfant influencent le fonctionnement de son système nerveux et vice versa. La question génétique ne peut pas être clivée de l’aspect environnemental. L’épigénétique nous montre comment l’expression génétique est largement dépendante de facteurs environnementaux.

Le cerveau sensible aux événements et aux interactions

4 L’histoire de Victor de l’Aveyron, l’un des cas supposés d’enfant sauvage, a posé dès le début du 19ème siècle la question du retard mental acquis en lien avec un déficit éducatif et un isolement précoce et prolongé. Par ses capacités de survie, il a fait montre de compétences d’adaptation importantes, mais les tentatives de rééducation du Dr Itard seront veines pour lui permettre d’acquérir un rudiment de langage ou de socialisation, et notamment de retrouver une sensibilité, des sentiments ou une faculté de raisonnement. L’expérience des enfants adoptés il y a une quinzaine d’années, à partir d’orphelinats roumains où les conditions de séjours étaient caractérisées par de graves carences d’investissement affectif et humain, a confirmé le rôle majeur des états de carence affective dans les tableaux de retards de développement globaux, tant au niveau physique que du développement langagier ou des relations sociales, aboutissant à des tableaux de retard intellectuel et de difficultés de socialisation. Des contextes familiaux gravement perturbés existent aussi dans les pays à haut revenu économique avec des taux de maltraitance infantile oscillant entre 10 et 15% (Gilbert & al., 2009).

5 Le cerveau n’est pas finalisé à la naissance. Le développement cérébral débute entre la 10ème et la 20ème semaine in utero avec la neurogenèse, correspondant à l’augmentation du nombre de neurones, puis vient la migration des neurones entre la 12ème et la 24ème semaine, puis le développement des synapses, la synaptogenèse (connexions interneuronales) qui augmente à partir de la 20ème semaine in utero et qui se prolongera jusqu’à la puberté. Cette surproduction de synapses subira un remodelage constant tout au long de la vie. Certaines sont créées, d’autres disparaissent dans un processus de plasticité cérébrale. Le cerveau se développe essentiellement dans le rapport à l’autre et dans le rapport au monde social. Il existe des périodes sensibles et assez brèves dans la petite enfance pour le développement de certaines compétences, comme le développement du langage ou des compétences sociales. Durant l’enfance et l’adolescence, il se modèlera en fonction des apprentissages spécifiques développés par le jeune et des expériences vécues avec son environnement. Le système limbique comporte un groupe de structures cérébrales représentant le cerveau émotionnel jouant un rôle très important dans diverses émotions comme l’agressivité, la peur, le plaisir ainsi que la formation de la mémoire. L’amygdale est impliquée dans l’agressivité et la peur ainsi que dans la mémoire implicite et émotionnelle, alors que l’hippocampe participe à la mémoire explicite, déclarative à long terme et que l’ensemble du système est connecté au cortex préfrontal, siège des fonctions exécutives et du contrôle cognitif grâce aux connections cortico-sous-corticales.

Traces cérébrales et système du stress

6 L’activation du système du stress a une valeur éthologique assurant la protection et le maintien de l’espèce. Il existe trois types de stress. Le premier système d’activation constitue la phase d’alarme ou de stress léger qui permet une augmentation de la vigilance et de la concentration et qui prépare le corps à la réaction à l’agresseur via la sécrétion d’adrénaline et de noradrénaline qui augmentent le rythme cardiaque, avec un retour rapide à la normale. Il existe aussi une réaction au niveau des régions limbiques et préfrontales dont une activation de l’amygdale qui est plus particulièrement chargée de quantifier la connotation émotionnelle d’une information, c’est-à-dire de signifier son importance. L’hippocampe consolide alors la mémorisation de ces informations. Les processus de mémorisation déclarative (scène vécue) sont ainsi recrutés pour analyser la situation nouvelle au regard des expériences passées.

7 Le deuxième temps d’activation concerne la phase de résistance et implique la libération de cortisol. Si l’agent stressant perdure, la mobilisation des énergies de l’ensemble du corps est nécessaire et le système endocrinien prend la relève via l’hypothalamus et l’hypophyse qui active la sécrétion de cortisol par la glande surrénale. En périphérie, le cortisol va recruter par la formation de glycogène les sources d’énergies nécessaires aux efforts musculaires à fournir pour fuir. Il va aussi franchir la barrière hémato-encéphalique et agir au niveau du cerveau sur les régions préfrontales et limbiques, dont l’hippocampe, avec des effets négatifs sur les capacités mnésiques des individus. Il supprime également les réponses immunitaires et à long terme il modifie l’expression génétique dans les circuits impliqués dans la réponse au stress, aux émotions et à la mémoire. Ce système peut être contrôlé s’il ne se prolonge pas dans le temps, comme dans le deuil par exemple, s’il est compensé par une relation de soutien apportée par un adulte bienveillant. Il est également influencé par la libération conjointe d’autres molécules de stress qui peuvent majorer ou inhiber la réponse du cortisol (Strüber & al., 2014).

8 Le troisième temps d’activation est le rétrocontrôle négatif qui permet le retour à un niveau basal de cortisol par trois niveaux de boucles de rétrocontrôle de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HPA) : au niveau de l’hypothalamus, de l’amygdale et du cortex. Ce système de sécrétion est complexe et profondément dynamique. La sécrétion de cortisol a un rythme circadien, avec un pic matinal et une courbe qui fluctue au cours de la journée et selon les événements stressants (Gunnar & al., 2002).

9 En cas d’activation prolongée du système du stress, le taux de cortisol reste élevé pendant une longue période entraînant un état de stress grave et toxique. De surcroît, la réactivité du pic et la courbe elle-même peuvent être affectées. L’attention des chercheurs aujourd’hui se porte plus sur les anomalies de la courbe de sécrétion que sur le taux de cortisol en lui-même (Michels & al., 2012 ; Berger & al., 2010).

Le concept de programmation fœtale et périnatale des pathologies adultes

10 La période anténatale et périnatale apparaît comme un moment d’extrême sensibilité du développement cérébral au stress, notamment quant à la possibilité du développement d’une trace neurobiologique susceptible d’influencer la vie entière de l’individu. Plusieurs études épidémiologiques ont ainsi montré un lien entre un stress psychoaffectif majeur pendant la grossesse ou un petit poids à la naissance et le devenir ultérieur en termes de psychopathologies mais aussi de maladies cardiovasculaires (Cambonie & al., 2010 ; Palmer & al., 2013). Les études chez l’animal ont montré que le stress chez la femelle enceinte entraîne une augmentation du cortisol chez le fœtus à partir de 20 semaines in utero avec des conséquences sur le fonctionnement de l’axe HPA à long terme. On décrit une réactivité ultérieure de l’animal au stress augmentée avec des petits plus peureux présentant une réduction du comportement exploratoire et de la motivation, des modifications de la motricité, une altération de la mémoire spatiale, une altération des capacités d’apprentissage et des troubles mnésiques liés à l’âge (Patin & al., 2004 ; Lemaire & al., 2000).

11 Chez l’homme, on sait que le stress et l’anxiété anténatale augmentent le risque de prématurité, mais aussi la vulnérabilité ultérieure aux événements stressants (mémoire implicite liée au système amygdalien) (Erni & al., 2012). Les études montrent aussi une répercussion sur le comportement et le développement ultérieur de l’enfant. Plusieurs d’entre elles mettent en évidence une baisse significative des scores développementaux (cognitifs et moteurs) chez des nourrissons dont la mère a connu un stress important durant la grossesse. Chez des enfants plus âgés, on observe également plus de difficultés émotionnelles et comportementales (Huizink & al., 2003 ; Graignic-Philippe & al., 2009).

La préoccupation maternelle primaire : tampon du système de stress

12 Dès la naissance, les parents viennent littéralement « tamponner » le système HPA encore immature du nourrisson. Durant cette « période d’hyporéactivité » du système de stress, les figures parentales occupent un rôle crucial puisqu’elles empêchent une stimulation trop importante de l’axe HPA (Gunnar & al., 2002 ; Lupien & al., 2009).

13 Une expérience réalisée avec de jeunes enfants au tempérament anxieux (ils montraient des signes de peur à l’approche d’un clown) montrait que ceux-ci ne voyaient pas leur cortisol augmenter s’ils étaient accompagnés d’un parent qui répondait de manière adéquate à leurs manifestations (Nachmias & al., 1996). La réceptivité, la sensibilité et la préoccupation des donneurs de soins sont primordiales pour maintenir une faible activité du cortisol durant cette période. Ce sont les communications intersubjectives au sein de la dyade qui vont réguler seconde par seconde l’état émotionnel et le sentiment de sécurité du nourrisson. Une autre étude menée sur des enfants plus jeunes montre une activation moins grande et moins longue de l’axe HPA lors de perturbations de la vie quotidienne chez les nourrissons dont les mères possèdent de meilleures capacités d’accordage (Albers & al., 2008).

14 L’ocytocine est une hormone jouant un rôle essentiel dans les processus interactifs entre la mère et son petit ainsi que dans la protection face aux facteurs de stress. Un comportement maternel affectueux augmente la concentration d’ocytocine qui prévient la libération précoce de corticoïdes (Strüber & al., 2014). Elle est augmentée dans les situations d’intimité, lors de l’allaitement, en situation de stress et lors des contacts physiques tels que les massages. Les vocalisations maternelles pourraient aussi avoir le même effet que les contacts tactiles dans leur pouvoir de favoriser la sécrétion d’ocytocine lors de situations stressantes (Seltzer & al., 2010).

15 Ainsi le comportement de maternage induit des changements endocriniens qui influencent directement la croissance du cerveau de l’enfant. La perception par l’enfant de l’expression émotionnelle faciale positive de la mère provoque également une élévation des peptides opioïdes et ces mêmes endorphines activent physiologiquement les neurones de la dopamine qui régulent le développement du cortex orbito-frontal de l’enfant, lieu du développement des fonctions exécutives, de la capacité de réfléchir et de prendre conscience de ses actes (Schore, 1994).

16 Il y a un « style parental » qui se transmet de mère à fille mais qui ne s’avère pas être la conséquence directe de facteurs génétiques (Champagne, 2008). C’est la façon dont on s’est senti materné qui, essentiellement, déterminera notre capacité de maternage. Une étude réalisée sur des singes macaques montre bien que les petits singes dont les mères biologiques avaient des comportements abusifs ne développaient pas cette caractéristique s’ils étaient élevés par des mères non-abusives (Maestripieri, 2005). Ces capacités sont déjà dessinées bien avant la naissance de l’enfant à venir. La mère a tout un ensemble de représentations cognitivo- émotionnelles sur la façon dont elle répondra aux besoins de son enfant à naître et ces représentations sont ensuite modulées par son contexte socio-culturel (Guedeney & al., 2008). La capacité « réflexive » de la mère a une fonction facilitatrice permettant au bébé de comprendre ses actes et ceux de son environnement (Fonagy, 1999). L’état émotionnel de la mère influence également ses capacités d’attention et d’accordage (Schechter & al., 2004).

Les traumatismes dans l’enfance

17 Le traumatisme n’est pas défini par sa cause mais par ses effets. La violence physique ou sexuelle présente des signes visibles, objectivables et immédiats. Il existe une maltraitance plus insidieuse, plus difficile à repérer mais éventuellement plus grave au niveau de ses conséquences à long terme qui est le manque d’investissement, le manque d’amour, la négligence grave. Ce type de maltraitance est de loin le plus fréquent, comparé aux autres situations d’abus (jusqu’à 60 % des situations de maltraitance dans certaines études, Gilbert & al., 2009). Les traumatismes relationnels précoces « actifs » et « passifs » tels que la maltraitance ou la négligence entraînent un stress chronique et ont des répercussions sur la sécrétion du cortisol, qui sont fonction de la durée, de la précocité, de l’intensité et du type de traumatisme.

18 Les résultats des études divergent sur ce point-là. La plupart retrouvent une augmentation du cortisol, mais il semble qu’en cas de carence affective gravissime, les taux de cortisol puissent chuter secondairement, par un mécanisme « d’épuisement » du système de stress (Heim & al., 2000 ; Yehuda & al., 2006). Le stress va aussi venir modifier la courbe de sécrétion du cortisol et la réactivité de cette courbe à un stress futur (Strüber & al., 2014).

19 Ces traumatismes peuvent jouer un rôle péjoratif sur le développement physique (nanisme psychogène), biologique et psychologique, entrainant un délai dans le développement et une modification de l’anatomie et de la physiologie du cerveau. En cas de stress persistant, ou d’activation du système trop fréquente chez le jeune enfant, une élévation prolongée du cortisol induit des altérations du fonctionnement des systèmes neuronaux de stress, particulièrement malléables pendant la petite enfance, impliquant des modifications de l’architecture du cerveau. Le volume global du cerveau peut être diminué, avec une diminution de la substance grise et de la substance blanche, mais d’autres dysfonctionnements ont été découverts plus récemment tels que des troubles de la gyrification (le degré de plissement du cerveau) et de l’épaisseur corticale (De Bellis & al., 1999 ; Kelly & al., 2013). Certaines structures semblent être plus sensibles au stress que d’autres, comme le système de l’affectivité et des émotions. Le stress précoce toxique entraîne un dysfonctionnement limbique au niveau de l’hippocampe avec une diminution du volume de l’hippocampe au cours du temps, pouvant avoir pour conséquence une diminution de la mémoire à long terme (Carrion & al., 2007). Ceci peut se traduire cliniquement par des difficultés à se souvenir d’événements traumatiques chez des enfants ayant connu de la maltraitance (Lupien & al., 2005). Les changements structurels qui y sont associés sont extrêmement progressifs, puisqu’ils s’observent seulement à l’âge adulte (Woon & al., 2008).

20 On constate aussi des perturbations au niveau du cortex préfrontal et du noyau amygdalien responsable des réactions de peur et d’agressivité. Toutes ces zones sont très importantes pour la mémoire affective, l’intégration des émotions, les comportements d’attachement et la mémoire des apprentissages. En raison d’une trace somatique mnésique au niveau de ces structures sous-corticales, le stress précoce toxique va provoquer une hyperréactivité ultérieure pour des stress mineurs avec des conséquences mentales et physiques qui persistent jusqu’à l’âge adulte. Le risque psychopathologique de dépression, d’anxiété, d’état de stress post-traumatique mais aussi de syndrome métabolique et de maladies cardio-vasculaires sera accru (Mc Ewen, 2008).

21 Chez ces enfants, on a aussi observé une diminution du nombre de neurones au niveau du cortex préfontal, susceptible d’entraver les fonctions exécutives et attentionnelles nécessaires aux apprentissages scolaires (Loman & al., 2013 ; De Bellis & al., 2013). L’altération de ces zones corticales peut peut-être aussi expliquer les difficultés de symbolisation et de mentalisation retrouvées fréquemment dans ces situations cliniques (Cicchetti & al., 2003). De plus, l’atteinte conjointe du système limbique et du corps calleux, une structure permettant la connexion des deux hémisphères cérébraux, joue probablement un rôle dans la genèse des processus dissociatifs vécus par ces enfants (Teicher & al., 2004 ; Berger & al., 2010).

22 Enfin, dans les situations de défaut d’investissement et de négligences graves, le stress précoce et continu peut atteindre le cerveau en développement d’une manière définitive. Il peut entraver l’instauration de certaines fonctions comme la possibilité d’éprouver de l’empathie, de nouer un attachement sain avec autrui ainsi que la capacité à réguler ses affects (Shi & al., 2012). Les conséquences peuvent être une impossibilité à tolérer la frustration et à contenir la violence.

Une hyperréactivité ultérieure au stress

23 Il existe un paradigme expérimental, le Trier Social Stress Test (TSST, Kirchbaum, 1993), qui permet d’évaluer la trace d’une activation antérieure du système de stress. Il s’agit d’une situation expérimentale de stress psychosocial. Dans le cadre d’un jeu de rôle, la personne étudiée doit se présenter pour un travail face à des experts en communication qui se montrent peu expressifs, peu réceptifs, à la limite de l’hostilité. Dans cette situation expérimentale type, on retrouve une augmentation nette du taux de cortisol salivaire chez les sujets avec des antécédents de traumatismes, signant la trace neurobiologique d’un excès d’activation de l’axe HPA par le passé.

24 Dans certains troubles psychopathologiques, comme le trouble de la personnalité borderline où les traumatismes infantiles et les troubles de la relation parents-enfants sont très fréquents, on retrouve des taux de sécrétion de cortisol élevés, des altérations du fonctionnement de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien et une réactivité au stress augmentée (Wingenfeld & al., 2010). Celle-ci semble corrélée à une expérience de protection parentale moindre dans la relation mère-fille (Lyons-Ruth & al., 2011). Des études récentes en neuroimagerie, chez des adultes souffrant d’un trouble borderline, ont montré une réactivité augmentée de l’amygdale pour des stimuli émotionnels et une diminution du volume de l’hippocampe qui est parallèle aux expériences traumatiques (Herpertz & al., 2001 ; Donegan & al., 2003). On observe également un hypométabolisme du cortex préfrontal correspondant à une incapacité à réguler leur système limbique et donc à contrôler leur émotivité.

25 Le risque, chez ces enfants extrêmement sensibles et vulnérables aux excitations, est donc de se retrouver en permanence débordés par la tension déclenchée par leurs expériences et donc de subir de nouveaux traumatismes.

Le stress toxique précoce (STP) – Expérimentations chez l’animal

26 Les modèles expérimentaux de stress postnatal sont essentiellement représentés par des séparations de la progéniture de la mère, dont la durée, la fréquence et l’âge de survenue sont variables (De Kloet & al., 1999 ; Tarullo & al., 2006 ; Weaver & al., 2004).

27 Le stress toxique précoce sévère et continu chez les petits rats entraîne une augmentation du cortisol cérébral qui a une action on/off sur les gènes à certains moments spécifiques du développement (notion d’épigénétique) et dans certaines localisations cérébrales, entraînant une réponse exacerbée au stress à long terme et une modification de l’architecture cérébrale essentielle pour l’apprentissage et pour la mémoire. Il entraine également une inhibition de la neurogenèse, une perturbation de la plasticité neuronale, une neurotoxicité et une connectivité synaptique anormale. Ainsi, les études sur de jeunes animaux avec un défaut de soins maternels ont montré des animaux plus peureux et plus sensibles aux situations stressantes, avec un déficit dans la production de facteurs de croissance cérébraux (développement cérébral et facteurs de réparation), des déficits de mémoire et d’apprentissage, ainsi qu’une augmentation des problèmes de mémoire liée à l’âge entrainant une augmentation des déficits cognitifs à l’âge adulte (Roceri & al., 2002 ; Weinstock, 2001).

28 Les études récentes chez l’animal mettent en évidence la complexité de l’atteinte structurelle provoquée par le stress précoce. Plus que des zones cibles, ce sont de véritables « réseaux neuronaux » qui sont touchés au sein du cerveau. Chez des singes maltraités, on a retrouvé par des techniques d’imagerie récentes des altérations de l’intégrité de la substance blanche au niveau de fibres impliquées dans les boucles motrices, somato-sensorielles, de la régulation émotionnelle et des processus visuels (Howell & al., 2013). D’autres recherches sur des ratons montrent que l’adversité pourrait aussi exercer ses effets négatifs par le biais de mécanismes englobant une myélinisation précoce (Miki & al., 2014).

29 Il existe des facteurs correctifs potentiels à ces situations de carence de soins. Lorsque l’on place ultérieurement ces jeunes animaux carencés précocement dans une situation environnementale positive, riche d’exploration et de jeu social, ces jeunes rats compensent en partie les conséquences comportementales négatives du stress prénatal et de la négligence postnatale. En revanche, la diminution des récepteurs aux glucocorticoïdes de l’hippocampe, responsables de la trace neurobiologique cérébrale de ces traumatismes précoces entrainant une réactivité de l’axe HPA ultérieure, est plus résistante aux changements d’environnement (Francis & al., 2002).

Qualité d’attachement et réactivité au stress

30 Une bonne qualité d’attachement est un facteur prédictif de résilience. Les enfants ayant eu une relation parent-enfant sécurisante apprennent que lorsqu’ils sont confrontés à un stress, ils peuvent ressentir de la détresse, communiquer leurs émotions négatives, obtenir de l’aide de la part des donneurs de soins. Les études ont montré que la présence d’un donneur de soins sensible et réactif peut prévenir l’augmentation du cortisol chez l’enfant, même s’il a un tempérament anxieux (Loman & al., 2010). Cette fonction sécurisante, qui est l’attention bienveillante que le parent porte à l’enfant, joue un rôle de protection de son cerveau vis-à-vis du stress et l’aide à surmonter les événements stressants.

31 À l’inverse, une mère non disponible, rejetante ou insensible ne va pas répondre adéquatement aux besoins émotionnels de son enfant. On observera alors des difficultés de contrôle de soi chez l’enfant ainsi qu’une vulnérabilité aux situations interpersonnelles qui impliquent la capacité de mentalisation. Une expérience réalisée chez des adultes montre que les zones cérébrales associées aux fonctions de mentalisation sont moins bien oxygénées lorsque l’individu est soumis à une expérience stressante touchant à une problématique d’attachement, alors qu’elles sont conservées lorsqu’il s’agit d’un autre stress (Nolte & al., 2013). Une augmentation du taux de cortisol de base ou une réactivité au stress plus importante a été retrouvée chez des enfants avec une relation d’attachement insécure, chez des enfants élevés dans des familles socialement défavorisées, chez des enfants de mères dépressives ainsi que chez des enfants négligés ou maltraités, surtout s’ils souffrent d’un syndrome de stress post-traumatique et ce, même après placement en famille d’accueil. De plus, la maltraitance est un facteur de risque majeur d’attachement désorganisé lié au développement potentiel d’une psychopathologie avec des troubles du comportement externalisés (George & al., 1979 ; Lyons-Ruth & al. 2005).

Une temporalité des événements stressants dans la vie de l’enfant

32 Il est aujourd’hui bien établi que des éléments stressants, même mineurs, peuvent avoir des répercussions sur la vie future de l’enfant qui y est confronté. Mais peut-on comparer un enfant de deux ans, baignant dans de la violence conjugale, avec un jeune adolescent, victime de la perte d’une de ses figures d’attachement ? Se pose ici la question de la place du sujet et de la manière dont celui-ci va pouvoir intégrer des événements de vie stressants, aussi différents de par leur forme que de par leur intensité. Au moment du traumatisme, cette intégration va être fonction de son âge, de la présence ou non d’adultes soutenants, du type de relations précoces qu’il a connues, de son histoire de vie et de son bagage génétique. Ces aspects qualitatifs sont encore trop peu présents dans la recherche actuelle.

33 Le cerveau de l’enfant n’est pas un cerveau adulte en miniature. Sa croissance n’est pas homogène : certaines zones se développent précocement et très rapidement alors que d’autres ont un développement plus tardif et prolongé jusqu’à la fin de l’adolescence (Dubois & al., 2012). Les conséquences psychopathologiques pourraient ainsi être différentes en fonction de l’âge au moment des événements stressants.

34 La question de l’âge de l’enfant est donc primordiale lorsqu’il s’agit d’évaluer les répercussions des traumatismes vécus sur les structures cérébrales. Les zones frontales, qui continuent à subir des modifications jusqu’à la fin de l’adolescence, pourraient être plus sensibles et exposées aux traumatismes tardifs alors que les régions hippocampiques seraient plus touchées par le stress durant la petite enfance (Lupien & al., 2009 ; Baker & al., 2013). Le cerveau de l’adolescent est particulièrement sensible aux effets de l’élévation des glucocorticoïdes et, par extension, au stress, en raison d’une augmentation de l’activité basale et de la réactivité de l’axe HPA suite aux changements brutaux des stéroïdes durant cette période (Perlman & al., 2007 ; Gunnar & al., 2009 ; Mc Cormick & al., 2007).

35 La réaction biologique est aussi dépendante du type de traumatisme. Ainsi, chez des enfants placés, la courbe de sécrétion du cortisol diffère si l’enfant a plutôt été sujet à de la maltraitance émotionnelle sévère (plus haut taux de cortisol matinal) ou à de la maltraitance physique (émoussement plus important du pic diurne) (Bruce & al., 2009). De plus, les traumatismes répétés ont des répercussions négatives futures en terme de psychopathologie plus importantes, notamment en terme de risque de suicide (Jhonson-reid, 2012). Des différences dans les taux de cortisol sont aussi observées dans des groupes où l’on compare le type de réponse psychopathologique de l’enfant, en fonction de l’internalisation ou de l’externalisation des troubles observés (Bruce & al., 2009 ; Cicchetti & al., 2010). Il semble donc qu’avant tout, ce soit la façon dont le stress va être expérimenté par l’enfant, qui va agir comme un filtre sur le devenir de celui-ci (Fonagy, 2001).

Du rôle de l’environnement sur l’expression génétique : l’épigénétique

36 On sait, depuis le prix Nobel d’Eric Kandel (1980), que l’environnement affecte le moment et la manière dont les gènes s’expriment. Or, le cerveau peut être vu comme l’organe le plus spécialisé à percevoir les signaux internes et provenant de l’environnement, et sera donc particulièrement sujet à la plasticité épigénétique (Lutz & al., 2014).

37 Ainsi, les expériences précoces peuvent activer ou non l’expression génétique (Meaney, 2010 ; Szyf, 2009). À l’heure actuelle, ces données sont bien connues pour le status nutritionnel, l’exposition aux toxiques mais aussi les interactions avec l’environnement. Ces signatures génétiques peuvent être temporaires ou permanentes ou entrainer une expression génétique différente. Certains changements épigénétiques qui se produisent pendant la vie fœtale peuvent aussi passer de génération en génération (Champagne, 2008).

38 Ces mécanismes épigénétiques n’altèrent pas la séquence d’ADN, mais modifient l’expression des gènes et leur régulation. Certains gènes peuvent être modifiés uniquement durant certaines périodes critiques du développement alors que d’autres gènes peuvent être altérés tout au long de la vie. Des stress importants et répétés durant la période fœtale ou l’enfance peuvent provoquer des modifications épigénétiques qui modulent la réponse à l’adversité (Szyf, 2009). Inversement, un environnement soutenant et riche d’enseignements induit des modifications épigénétiques qui activent le potentiel d’apprentissage (Bagot & al., 2009 ; Curley & al., 2009).

39 Toutefois, même quand l’épigénome a été altéré, il peut à nouveau être modifié et les effets négatifs peuvent s’inverser pour restaurer la fonction (Champagne & al., 2009). Ainsi, chaque expérience peut venir transformer notre état biologique et notre état interne, qui lui-même va influencer la façon dont nous allons réagir ultérieurement (Ansermet & al., 2004). Le mécanisme de cette mémoire environnementale s’inscrit via la méthylation de l’ADN (l’ajout d’un groupement méthyle à l’ADN). Si l’on prend l’exemple du raton négligé, on observe une augmentation de la méthylation du gène codant pour le récepteur aux glucocorticoides de l’hippocampe. Toutefois, cette relation entre méthylation et expression d’un gène est complexe. On sait actuellement que ce processus peut être réversible et que le phénomène inverse, la déméthylation, peut aussi être recruté à la suite d’expériences défavorables (Lutz & al., 2014).

40 Un autre type de modification de l’ADN suscite également un intérêt croissant pour la recherche, il s’agit de l’hydroxyméthylation. Cette modification est très abondante dans le cerveau, et ce particulièrement dans le cortex, suggérant un rôle important dans le contrôle épigénétique des fonctions cérébrales (Massart & al., 2014 ; Szyf, 2013).

41 Ces découvertes, mettant en lien la maltraitance vécue et la méthylation de l’ADN, ont été extrapolées chez l’homme (Perroud & al., 2011 ; Essex & al., 2013). Ainsi, des chercheurs ont démontré une diminution du mRNA (expression génétique) des récepteurs aux glucocorticoïdes de l’hippocampe chez des femmes ayant des antécédents de maltraitance infantile et qui se sont suicidées (Mc Gowan & al., 2009). De même, on observe une corrélation entre dépression maternelle et méthylation du gène du récepteur glucocorticoide (NR3C1) chez le bébé et sa réponse au stress (Oberlander & al., 2008).

42 De nombreux autres gènes impliqués dans le système de la réponse au stress sont étudiés, ainsi que ceux jouant un rôle dans la synaptogenèse (la formation de nouvelles synapses au sein du cerveau), comme le BDNF (Lutz & al., 2014). Dans la perspective de proposer un mécanisme qui coordonnerait les changements dans la méthylation de l’ADN en réponse à l’adversité, les chercheurs se penchent aussi sur des gènes « chefs d’orchestre » du génome. Des changements particulièrement éminents on été notés dans la méthylation et l’expression des gènes de la famille des protocadhérines, protéines impliquées dans la synaptogenèse, qui recouvrent et traitent de larges aires du génome (Szyf, 2013).

En conclusion

43 Dès la période périnatale, le jeune enfant est particulièrement sensible aux événements stressant surtout s’ils durent ou se répètent. Durant ces périodes sensibles, l’impact d’un stress précoce toxique associé à des taux élevés de cortisol, comme on le retrouve dans les situations de maltraitance, de négligence voire de violence conjugale, peut influer sur l’organisation structurelle du cerveau et notamment sur le système limbique, véritable lieu de la mémoire et de la réactivité émotionnelle. La réponse individuelle aux expériences stressantes précoces peut varier énormément. Elle est fonction de la différence de vulnérabilité génétique mais aussi des conditions environnementales. La trace mnésique, véritable signature chimique imprimée dans notre cerveau durant le développement fœtal et infantile, peut avoir une influence significative sur le développement et l’organisation de l’architecture cérébrale. Ces événements précoces peuvent avoir un retentissement sur la vie entière, tant pour les expériences positives que négatives, tant pour la santé psychique que physique, mais aussi pour les capacités de socialisation, les compétences intellectuelles ou la capacité relationnelle et d’investissement à l’autre.

44 Ces études de l’impact du stress précoce sur le développement cérébral doivent amener des mesures préventives dans le champ de l’aide à la petite enfance, comme un soutien familial accru pour les familles en grandes difficultés, une aide professionnelle pour les parents et les professionnels de soins de la petite enfance pour les aider à faire face à des enfants qui présentent des symptômes de réponses anormales au stress, ainsi qu’une augmentation de l’expertise dans la reconnaissance, l’évaluation et le traitement de jeunes enfants avec des problèmes de santé mentale liés au stress.

45 L’investigation des enfants suspectés d’abus ou de négligence devrait aussi inclure une évaluation sophistiquée de leur état développemental, notamment de leur développement cognitif, langagier, émotionnel et de leurs compétences sociales, mais aussi l’évaluation d’un éventuel état de stress post-traumatique.

46 Enfin, la plasticité cérébrale nous permet d’espérer – et les études neurobiologiques le montrent – que l’investissement relationnel, affectif, et bien entendu psychothérapeutique, peut de manière manifeste modifier l’organisation structurelle du cerveau et, dès lors, aussi l’organisation psychique et cérébrale de nos patients.

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Mots-clés éditeurs : Psychopathologie, Traumatismes infantiles, Cerveau, Stress

Date de mise en ligne : 31/05/2016

https://doi.org/10.3917/psye.591.0333

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