Couverture de PSYE_591

Article de revue

L’exposition des enfants À la violence intrafamiliale. La transmission du trauma psychique interpersonnel des parents aux enfants

Pages 309 à 332

1 L’étymologie du mot « trauma » renvoie au verbe grec ancien « τιτρώσκein» (titroskein) qui signifie perforer. La notion du « trauma » s’utilise largement dans les disciplines dites MCO (Médecine, Chirurgie, Obstétrique) en référence aux conséquences des blessures occasionnées par des facteurs externes.

2 En psychiatrie on parle de trauma psychique. Dérivée de la médecine, cette notion se réfère aux conséquences concernant l’organisation psychique après la survenue d’un évènement extérieur ayant provoqué un ébranlement violent et un éclatement de la continuité de la vie psychique.

Approche psychanalytique du trauma

3 Du point de vue psychanalytique, le trauma se réfère aux évènements de la vie d’un individu qui se définissent par leur intensité, par l’incapacité où se trouve le sujet d’y répondre adéquatement, par le bouleversement et les effets pathogènes durables qu’il provoque au niveau de l’organisation psychique (Laplanche et Pontalis, 1967, p. 499).

4 En considérant le trauma du point de vue économique, on se réfère à l’afflux des excitations qui dépasse ce que le sujet peut supporter, réguler et élaborer psychiquement. L’intensité de la stimulation externe ne peut donc pas faire l’objet d’une élaboration psychique, au contraire elle provoque l’effraction du système pare-excitation, et conduit en premier lieu à la congélation et à l’inhibition du fonctionnement psychique.

5 Initialement, Freud (Freud et Breuer, 1895) postulait que toutes les névroses étaient le résultat d’expériences traumatiques passées, principalement sous la forme d’une séduction sexuelle. Dans un premier temps de son élaboration théorique (1890-1897), il conceptualise l’étiologie de l’hystérie en lien avec les expériences traumatiques du passé. Les hystériques souffrent surtout des réminiscences. Dans la théorie de l’« après-coup », il relie les effets de la séduction sexuelle de l’enfant à la pathologie adulte. L’enfant est la victime de la séduction sexuelle de l’adulte, mais cela ne provoque pas à ce moment-là une excitation sexuelle au sens strict. Une deuxième scène qui peut sembler anodine, après la puberté, ré-évoque la première en s’associant alors avec elle. Le souvenir de la première scène provoque une excitation sexuelle qui déborde les défenses du moi, et amène cette première scène à devenir traumatique dans l’« après-coup ». Par la suite, la conception freudienne s’est modifiée. La théorie de la séduction n’a pas perdu de sa valeur, mais Freud a mis l’accent sur les fantasmes sexuels infantiles qui peuvent exister indépendamment de l’existence de tout évènement traumatique, et à l’excitation induite par ces fantasmes.

6 Pour la psychanalyse contemporaine, le trauma est défini comme la rupture du système pare-excitation de l’appareil psychique en raison d’une intrusion excessive par des stimuli violents. Les évènements traumatiques s’inscrivent comme des ruptures, comme des « trous » dans la psyché qui existe avant et après eux. L’expérience traumatique est omniprésente en se répétant dans la vie et dans la relation transférentielle. Quand elle ne peut pas être objet d’élaboration et de transformation en un évènement psychique, elle continue à se répéter et à produire ses effets délétères. Le but de l’analyste, par ses interprétations, est d’aider le sujet à figurer et à historiciser le trauma, à rétablir une causalité, à faire des liens psychiques et à retrouver les éléments existentiels clivés afin de sauvegarder la continuité narcissique, identificatoire, temporelle et historique du patient.

Le syndrome de stress post-traumatique (SSPT ou PTSD)

7 Dans le domaine de la psychiatrie, les réactions psychologiques aux situations traumatiques ont été observées dès le 17ème siècle, surtout sur les lieux des batailles. Les termes comme « fatigue de bataille », « névrose de combat » et « névrose de guerre » ont été utilisés à l’époque.

8 Au cours du 20ème siècle, la guerre du Vietnam et ses conséquences ont conduit les professionnels de la santé mentale américains à concentrer leur intérêt sur les effets psycholo­- giques du trauma, d’où une nouvelle catégorie nosologique au sein du DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) de l’Association Américaine de Psychiatrie. Au début, une catégorie nosologique définie par des symptômes aigus déclenchés par une situation de stress chez un individu sans troubles de personnalité manifestes a été identifiée. L’individu répond avec une peur excessive quand il est exposé à une condition angoissante grave ou inhabituelle. Ces réactions étaient réversibles, mais elles pouvaient évoluer vers la pérennisation.

9 Le syndrome de stress post-traumatique, ou PTSD (Post-traumatic stress disorder), est apparu pour la première fois dans la troisième édition du DSM (DSM-III) en 1980. Il est alors défini comme un trouble qui apparait comme une réaction tardive ou prolongée à un évènement ou à une situation (de courte ou de longue durée) perturbante pour le psychisme et qui se trouve être d’une nature extrêmement menaçante ou destructive, fait qui risquerait de provoquer un sentiment de malaise diffus chez presque tout individu. Ces évènements perturbants sont notamment les catastrophes naturelles ou celles provoquées par l’homme, les combats, les accidents graves, les tortures, une attaque terroriste, les viols ou un autre crime violent. Le début des troubles se manifeste au décours de l’événement traumatique, après une période de temps qui varie de quelques semaines à quelques mois. Pour l’identification du trouble PTSD, il faut l’existence d’un facteur reconnu comme stressant et la présence de symptômes appartenant à trois champs différents comprenant la remémoration, l’excitabilité et l’engourdissement. Dans la quatrième édition du DSM-IV (1994), le syndrome est conçue plus largement et l’individu peut être affecté d’un PTSD non seulement par l’exposition immédiate à un traumatisme, mais aussi par le récit d’un événement traumatique ou par un témoignage.

10 La clinique du PTSD des adultes comprend des épisodes répétitifs pendant lesquels l’évènement traumatique est réactualisé sous la forme de « flashbacks » ou de rêves qui donnent lieu à l’instauration d’un sentiment d’« engourdissement » continu, d’un abrasement affectif, d’une prise de distance vis-à-vis d’autrui, d’une absence de réactivité, d’une absence de plaisir (anhédonie) et d’un évitement de tout ce qui rappelle les évènements du trauma. Habituellement, il existe à la fois la peur et l’évitement des stimuli de l’environnement qui démontrent l’expérience traumatique initiale. Il peut y avoir des épisodes aigus de peur, d’angoisse intense, de panique ou d’agressivité qui sont induits par des stimuli qui provoquent un souvenir soudain ou la re-dramatisation du traumatisme ou la réaction initiale contre le traumatisme. On observe aussi la situation où l’individu est en éveil augmenté, en réaction de surprise et souffre d’insomnies. De plus, la dépression, l’angoisse et des idées suicidaires peuvent exister.

11 Il est discuté largement de savoir si l’apparition de quelques symptômes de SSPT est normale, vue comme un effort adaptatif de l’individu après l’exposition au trauma, comme par exemple l’excitabilité qui se relie peut-être à une réaction de lutte ou de fuite qui faciliterait la survivance envers la menace.

Le syndrome de stress post-traumatique (PTSD) chez l’enfant

12 Le trouble de stress post-traumatique n’a pas été reconnu dans l’enfance jusqu’à Terr (1979, 1983) qui a étudié les enfants victimes d’enlèvement d’un autobus scolaire. Des descriptions détaillées de l’état psychologique de ces enfants ont amené à la reconnaissance et à l’étude de ce syndrome chez l’enfant. Le trauma est produit par un événement extrême qui menace la vie, l’intégrité physique ou mentale de l’enfant, et entraîne des conséquences psychologiques graves immédiates et ultérieures. Un événement traumatique peut être unique ou répété. Terr (1991) distingue deux types de traumatismes : Type I : soudain, inattendu, angoissant ; Type II : chronique, attendu, répété, par exemple l’abus somatique ou sexuelle.

13 Différentes études épidémiologiques suggèrent que les enfants et les adolescents ont un risque accru de développer un trouble mental après l’exposition à un événement traumatique. Mais il est difficile de définir les critères de diagnostic du syndrome de stress post-traumatique chez l’enfant. La reconnaissance de plusieurs des symptômes-clés exige des compétences verbales pour la description des situations et des émotions, compétences dont les plus jeunes des enfants ne disposent pas encore.

14 Le tableau clinique du PTSD varie en fonction du stade de développement, de l’âge et de la maturité de l’enfant. Elle diffère aussi selon la durée de temps passé depuis l’événement traumatique, et selon l’environnement culturel de l’enfant qui intensifie parfois ou qui entrave l’expression des symptômes.

15 L’apparition de craintes généralisées et d’angoisses intenses, l’anxiété de séparation ou l’angoisse devant l’étranger, l’évitement des situations qui ressemblent à celles de la situation traumatique, l’envahissement obsédant par des mots ou des symboles spécifiques qui peuvent être associés au traumatisme, des troubles du sommeil, des troubles de l’alimentation et une perte des compétences acquises (comme l’apprentissage de la toilette, par exemple) font partie des symptômes de stress post-traumatique chez les enfants d’âge préscolaire. Dans le jeu de ces enfants, on peut noter des éléments ou des informations en lien direct avec le traumatisme. Le jeu peut être répétitif et sans imagination ce qui, d’une certaine façon, illustre en partie le trauma mais ne peut pas apaiser l’angoisse.

16 Les enfants d’âge scolaire peuvent aussi revivre le traumatisme dans le jeu ou dans des actes qui peuvent être associés à la condition traumatique. Ils présentent des troubles du sommeil (insomnie, cauchemars), de l’irritabilité, de la colère, un manque de concentration et des problèmes de mémoire qui nuisent à leur rendement scolaire. Ils peuvent mettre en place un évitement social et un retrait des activités habituelles. En particulier, les enfants de cet âge semblent vivre des « asymétries de temps » (c’est-à-dire l’incapacité de modifier la séquence temporelle des événements associés à la situation traumatique) associées à une reconstruction de « présages » (des croyances qu’ils avaient eues quant à des signes précurseurs de l’événement), ce qui implique une augmentation du niveau de vigilance afin de prévenir la répétition de futures situations identiques.

17 Les adolescents ont les mêmes symptômes que les adultes, y compris la reprise indéfinie de l’événement avec des pensées intrusives (flashbacks) qui envahissent le psychisme à tout moment sans cause apparente ou induites par divers stimuli environnementaux. Ils présentent également l’évitement des situations associées à l’événement traumatique et un retrait social plus ou moins marqué. Les perturbations du sommeil, les cauchemars, l’hypervigilance et une anxiété intense peuvent conduire à des attaques de panique et à l’utilisation d’alcool ou de substances toxiques.

Le concept de trauma interpersonnel

18 Le trauma interpersonnel se définit par l’existence d’une symptomatologie post-traumatique chez un adulte, qui se transmet ou aggrave celle de l’enfant qui peut être témoin direct ou indirect de l’événement traumatique.

19 La transmission du trauma psychique des parents aux enfants peut se faire entre générations. Dans la transmission transgénérationnelle qui a fait l’objet de nombreux travaux psychanalytiques, la psychopathologie renvoie au secret qui, à son tour, est lié à un deuil non ou incomplètement élaboré. Les objets transgénérationnels peuvent être idéalisés, massifs, imposants, exigeant des compensations et créant des vécus et des dynamiques de dette. Ils peuvent aussi être des fantômes fondés sur la non-représentation mentale de l’objet qui renvoie au blanc, aux sentiments de vide irreprésentable (Cournut, 1983 ; De Mijolla, 1986 ; Eiguer, 1989 ; Golse, 1999). Les psychanalystes francophones, en particulier Serge Lebovici (1989) et Bertrand Cramer (1993), ont étudié le message transgénérationnel qui se transmet de la mère au bébé par le biais des interactions fantasmatiques.

20 Dans le travail présent, nous nous centrerons sur la transmission du trauma au présent quand les parents – avec ou sans la présence de l’enfant – sont exposés aux évènements traumatiques. Le trauma que vit alors l’enfant a un caractère interpersonnel et se trouve renforcé par l’expérience traumatique des parents.

21 L’exposition interpersonnelle à travers la relation avec les victimes est reconnue comme un facteur de haut risque pour l’évolution du syndrome de stress post-traumatique, et le niveau d’intimité de la relation entre la victime et l’enfant peut influencer la réaction de celui-ci. Il existe une relation étroite entre la symptomatologie des parents et celle de l’enfant, et ceci même si les réactions de l’enfant ne sont pas toujours parallèles à celles de ses parents.

22 Le trauma interpersonnel est une catégorie particulière du trauma psychologique qui inclut la perte de la relation avec celui qui offre les soins. Cette perte se traduit par un ébranlement de la confiance, de la sécurité, de la fiabilité et de la valeur du parent (Perry & Szalavitz, 2006).

23 Les symptômes traumatiques qui émergent chez l’enfant et qui sont transmis par la mère ou le père ne peuvent pas se regrouper à une catégorie diagnostique spécifique. Il y a pourtant des arguments pour rassembler ces symptômes en une description clinique unifiée. Dans la symptomatologie traumatique des bébés, sont inclus des troubles de la nutrition, du sommeil, des troubles affectifs, des difficultés interactives avec les adultes et les enfants du même âge, des maladies fréquentes, de mauvaises habitudes de sommeil, une excitabilité excessive et des pleurs sans interruption (Scheeringa & Zeanah, 1995). Les enfants plus âgés présentent le tableau clinique du syndrome de stress post-traumatique déjà mentionné. L’exposition d’un enfant à un trauma interpersonnel est très fréquente et peut être considérée comme une sorte d’« épidémie silencieuse ». Le trauma influence d’une manière globale les enfants en provoquant une série de difficultés durables sur l’évolution biologique, cognitive, psychologique et sociale de l’enfant (Kaffman, 2009 ; Cook et al., 2005).

Facteurs influençant l’apparition d’un trauma inter­- personnel

24 Il y a une série des facteurs qui agissent sur l’apparition d’un trauma interpersonnel chez un enfant comme :

25 –  Les caractéristiques de l’enfant, son âge, son tempérament et son sexe ;

26 –  La gravité de l’évènement violent auquel l’enfant a été exposé ;

27 –  La situation de la mère (dépression ou symptômes du syndrome post-traumatique) ;

28 –  Le rôle et la place du père.

– L’âge de l’enfant

29 La lourdeur du trauma interpersonnel dépend de l’âge de l’enfant. Les nourrissons, qui sont extrêmement dépendants du soignant, sont beaucoup plus vulnérables et sont en plus grand danger de subir des traumas interpersonnels. La transmission du trauma maternelle est plus directe et dépend du jeune âge de l’enfant. Chez les enfants plus âgés, les symptômes ont plus à faire avec la rigidité de la violence à laquelle ils étaient exposés qu’à la situation psychologique de la mère (Cohen & Mannarino, 2000).

– Le tempérament de l’enfant

30 Par rapport au tempérament, on doit mentionner qu’un tempérament plus difficile peut influencer la réponse immédiate du nourrisson face à un évènement traumatique. Il pourrait être aussi un facteur de danger pour les futures réactions négatives au niveau du comportement et des émotions. Les nourrissons dits « difficiles » se comportent plus mal dans un environnement qui ne répond pas de manière adéquate à leurs besoins. Ces nourrissons auront donc plus de difficultés s’ils vivent dans un environnement source d’angoisse inappropriée ou durable (Strelau, 1995). Les bébés exposés à la violence interpersonnelle, comparés à d’autres bébés qui ne l’ont pas été, montrent un plus grand désespoir quand, de fait, ils ont été témoins d’un conflit verbal modéré. Toutefois, les nourrissons avec un tempérament « difficile » par rapport à ceux ayant un tempérament « facile » présentent moins de stress s’ils n’ont pas été exposés à la violence interpersonnelle initiale. Ces résultats montrent qu’un environnement très stressant dépasse l’effet du seul tempérament (Dejonghe et al., 2005).

– Le sexe de l’enfant

31 Le sexe de l’enfant est aussi un facteur influençant puisqu’il a été démontré que les garçons provenant des familles violentes ont beaucoup plus des symptômes extériorisés que les filles. Certains travaux ont montré que l’exposition des enfants de deux ans à des interactions violentes conduit les filles à éprouver plus de désespoir que les garçons, ainsi que les garçons à montrer plus d’agressivité que les filles (Jaffee et al., 2002). En général, il apparait que les nourrissons filles présentent plus de symptômes post-traumatiques que les garçons (Wolf et al., 1994).

32 La position des mères dépendant du sexe de l’enfant a également un effet. Les mères des garçons qui ont été victimes de violence de la part de leurs compagnons projettent et interprètent comme agressif à leur encontre le comportement de leur nourrisson garçon, tandis que pour les filles, elles ont surtout peur qu’elles soient aussi des victimes dans l’avenir (Levendosky et al., 2000). Quelques chercheurs soutiennent que les nourrissons filles sont plus fréquemment témoins directs de scènes violentes parce que les mères les tiennent plus dans leurs bras afin de se protéger qu’elles ne le font avec les garçons (Lindahl et al., 2002).

– La gravité de l’évènement violent

33 Le trauma est proportionnel à la sévérité de l’évènement agressif auquel l’enfant a été exposé. Les nourrissons qui ont été des témoins d’une violence moins grave avaient des symptômes légers presque comparables à ceux des nourrissons ayant assisté à des disputes sans violence. À l’inverse, les nourrissons exposés à des situations violentes plus graves avaient davantage de symptômes identiques à ceux observés chez des nourrissons eux-mêmes victimes de maltraitance (Kitzman et al., 2003). La menace contre la mère parait comme le facteur le plus destructeur pour le nourrisson, à côté des autres évènements traumatiques.

– La situation de la mère

34 Les interactions entre la mère et l’enfant constituent un processus par lequel l’enfant apprend à réguler ses émotions. Le système désorganisé de la mère peut affecter négativement la régulation du stress chez l’enfant (Schore, 2001) et la dépression et/ou le PTSD de la mère sont des facteurs de risque importants pour l’apparition de la symptomatologie traumatique chez le nourrisson (Bogat & Levendosky, 2004). On peut également supposer que les mères présentant un traumatisme et des symptômes dépressifs soient plus susceptibles de remarquer que leurs enfants souffrent des symptômes de traumatisme. En outre, avoir une mère présentant un PTSD n’augmente pas seulement la sensibilité au stress des enfants, mais affecte aussi, potentiellement, les caractéristiques de l’environnement objectivement perçu (Brand et al., 2011).

– Le rôle et la place du père

35 Lorsque les pères sont à l’origine de la violence, la relation père-enfant peut souffrir de multiples façons. Les enfants se trouvent écartelés entre deux pôles, à savoir la peur de la violence effrayante de leurs pères et le besoin concomitant d’affection et d’attachement à ceux-ci. Les enfants qui ont été témoins de scènes de violence dans laquelle le père biologique était l’agresseur et leur mère était la victime présentent moins de symptômes traumatiques et de problèmes de comportement que les enfants qui ont été témoins de plusieurs figures paternelles violentes (Israël & Stover, 2009). Sullivan et al. (2000) ont indiqué que les enfants dont la mère a été victime de violence avaient plus peur de leurs beaux-pères. Les beaux-pères semblaient plus violents dans l’ensemble, tandis que les pères biolo­- giques étaient globalement plus disponibles pour les enfants.

L’exposition des enfants à la violence intrafamiliale

36 Le terme « violence intrafamiliale » est utilisé pour décrire un large spectre d’expériences vécues par les enfants dont les parents (plus souvent la mère) sont victimes physiquement, sexuellement ou psychologiquement de la violence de la part de leurs compagnons. La violence intrafamiliale est un phénomène fréquent mais silencieux. Il s’agit d’une transgression des droits humains qui a des conséquences graves au niveau individuel, familial et social. L’enfant peut être exposé directement ou indirectement (être présent aux scènes violentes, vivre le mauvais état psychologique de la mère, ne pas recevoir des soins maternels...). Quelquefois, l’auteur du crime utilise l’enfant pour faire peur à la victime, ou oblige l’enfant à participer vivement à son mauvais traitement.

37 Comme dans toutes les autres formes de mauvais traite­ments, la question de la transmission transgénérationnelle se pose. Dans plusieurs cas, l’auteur a grandi dans un environnement familial agressif, il a lui-même été victime de maltraitance, ou il se réfère à des stéréotypes sociaux qui acceptent la violence intrafamiliale. Chez un grand nombre de victimes, on note également l’existence de maltraitance pendant l’enfance, fait qui amène l’individu à accepter plus facilement le rôle de la victime.

38 Les maris qui maltraitent leurs femmes ont souvent le même comportement envers leurs enfants, mais il est fort possible aussi que les mères victimes soient maltraitantes envers leurs enfants (Ehrensaft et al., 2003).

39 Les femmes victimes de violence domestique ont un risque accru de présenter des symptômes de stress post-traumatique (Kemp et al., 1995). Les enfants témoins, même s’ils ne sont pas directement des victimes, peuvent aussi développer un syndrome de stress post-traumatique. Pour les nourrissons et les enfants d’âge préscolaire, l’exposition à des scènes violentes intrafamiliales est le facteur principal de développement d’une symptomatologie traumatique. Parfois même, la menace envers la mère peut, par elle-même, provoquer des symptômes chez l’enfant (Kitzman et al., 2003 ; Bogat et al., 2006).

40 D’autres études relient les symptômes dépressifs de la mère avec l’état de l’enfant. Les femmes qui subissent la violence intrafamiliale peuvent présenter des symptômes dépressifs (Levendosky et al., 2004) donnant lieu à des compétences parentales inadéquates et à une attention réduite à l’égard des besoins de l’enfant. Mc Closkey et al. (1995) ont rapporté une insuffisance de chaleur maternelle au sein des familles violentes. Les mères battues étaient plus agressives physiquement et utilisaient davantage les châtiments corporels envers les enfants de 2-8 ans.

41 Enfin, la violence familiale prénatale influence négativement les représentations mentales de la femme pendant la grossesse, et ces représentations peuvent entraîner des troubles de la parentalité une fois que l’enfant est né (Theran et al., 2005).

Conséquences du trauma interpersonnel

42 Il a été prouvé que le trauma affecte les enfants de manière globale. Il peut avoir des conséquences sur le développement mental et affectif de l’enfant et peut influencer négativement sa vie, au présent et au futur. Il est généralement admis que les traumas chez les enfants ont des effets plus graves que chez les adultes, car leurs structures mentales sont en train de se développer (Van der Kolk, 2005).

43 Les conséquences du trauma interpersonnel varient selon le stade évolutif de l’enfant : plus l’évènement traumatique aura lieu tôt, plus les conséquences seront destructives. De ce fait, les jeunes enfants qui ont subi un trauma interpersonnel présentent une diminution de leur capacité de régulation des affects, ainsi que des difficultés au niveau de leur comportement, de leurs processus d’attention et de leur sensibilité au monde qui les entoure. Ils présentent également une altération de leurs aptitudes à l’élaboration cognitive des expériences douloureuses ou tristes (Dass-Brailsford, 2007 ; Heim & Nemeroff, 2001).

44 À long terme, un trauma interpersonnel est susceptible d’engendrer une forte inquiétude, surtout quand le trauma survient précocement. La question se pose en effet de l’impact du trauma sur la maturation des mécanismes de contrôle de l’angoisse (stress coping systems) chez un organisme en voie de développement. Il importe aussi d’interroger les liens de causalité possible entre le trauma et l’organisation d’une personnalité prédisposée au développement ultérieur de troubles de l’humeur, au cours de la vie adulte.

Approche psychodynamique du trauma interpersonnel

45 Dans le livre Fantômes dans la chambre des enfants, Selma Fraiberg, Edna Adelson et Vivian Shapiro (1975) discutent le cas d’un nourrisson de 5 mois et demi qui présente des symptômes psychosomatiques. La mère de l’enfant avait subi un trauma sexuel durant son enfance, trauma dont elle ne parvenait pas à se rappeler. Du point de vue de ces auteurs, un conflit qui n’est pas bien élaboré chez la mère peut s’exprimer par un trouble somatique chez l’enfant. Un clivage partiel permet, en effet, à la mère de se protéger d’un aspect important de sa vie affective, ce qui donne lieu à la transformation sans médiation du fantasme refoulé de la mère en un trouble somatique de l’enfant.

46 Parmi les théories psychodynamiques plus récentes, on peut aussi se référer à la théorie de Wilfred Bion (1963) et à la théorie de l’attachement proposée par John Bowlby (1969) pour rendre compte de la transmission actuelle du trauma.

47 La théorie proposée par Bion aborde la genèse de la pensée à travers l’approfondissement des liens entre l’évolution affective et mentale de l’enfant. Selon lui, au début de la vie, l’enfant ne possède pas de possibilité de pensée propre, mais seulement des « sentiments corporels », soit les « éléments beta » qu’il ne peut pas élaborer ni utiliser tout seul mais qu’il projette dans la psyché de la mère grâce au mécanisme d’identification projective « normale ». La mère contribue à la croissance psychique de l’enfant en élaborant et en lui renvoyant ces éléments sous une forme « détoxifiée » qui permet désormais leur incorporation dans le psychisme de l’enfant et l’utilisation par celui-ci. La mère assure cette fonction (dite par Bion « fonction alpha » ou « capacité de rêverie maternelle ») en donnant une réponse adéquate aux diverses manifestations de la tension interne de l’enfant. Elle donne alors du sens à tout ce que l’enfant ressent en liant ses « sentiments corporels » à l’expérience de satisfaction.

48 Si tout se passe bien, la qualité de la « fonction alpha » est d’importance cruciale dans la relation entre la mère et le nourrisson. Cela signifie que la mère peut contenir les angoisses primitives du nourrisson : angoisse de chute, d’anéantissement et de mort. Elle peut penser l’expérience affective douloureuse du nourrisson avec son propre psychisme, sans être choquée ni envahie par ce qu’elle ressent, parce qu’elle est capable de métaboliser l’angoisse de l’enfant afin qu’il puisse intérioriser quelque chose de sa capacité de gérer l’angoisse. Le nourrisson va ainsi pouvoir intro­- jecter progressivement sa fonction contenante et, finalement, pourra gérer l’angoisse et la déception sans l’intervention de sa mère. L’enfant développe ainsi la capacité de penser à un évènement et non seulement de réagir affectivement. On pourrait dire que l’enfant a maintenant la capacité de transformer l’expérience insupportable en une chose qui peut être élaborée par la pensée.

49 Si la mère est traumatisée et insuffisamment disponible affectivement, elle ne peut pas contenir le nourrisson. Par conséquent, son angoisse et son système affectif sont en état d’hyperexcitation et envahis par les « éléments beta ». Le trauma brouille la capacité et la disponibilité de la mère pour la « fonction alpha ». Si un jeune enfant n’a pas la chance d’avoir un soignant (un caregiver) psychologiquement disponible pour l’aider à contenir ses angoisses, une des manières qu’il utilise alors pour se protéger d’un vécu de peur insupportable est de l’évacuer, de l’expulser. Ces enfants deviennent probablement des adultes qui affrontent l’angoisse avec des « acting-out » (passage à l’acte) qui ont des conséquences destructives envers eux-mêmes ou envers autrui.

50 Pour John Bowlby (1969), l’un des aspects évolutifs importants de l’attachement est la socialisation de l’agressivité naturelle de l’enfant. Progressivement, à travers l’attachement se développe l’empathie, soit la capacité de comprendre l’expérience subjective des autres. La croissance de la psyché se fait grâce à l’expérience que notre situation intérieure peut être comprise par un autre esprit, celui de la mère.

51 Selon Peter Fonagy (2003), ceux qui vivent ou qui ont vécu un traumatisme expriment de la peur. Le visage effrayé de l’adulte provoque de la peur chez le nourrisson, et de ce fait la figure d’attachement principale, la mère (ou la personne qui en tient lieu), devient à la fois source de sécurité et source de danger. Le nourrisson essaie pour se défendre soit d’attaquer l’adulte qui lui suscite de la peur, soit de l’éviter. Mais le retrait signifie l’isolement, et chaque menace d’isolement réactive l’instinct d’attachement qui pousse le nourrisson à se rapprocher de l’adulte. Le nourrisson se trouve alors face à un dilemme qu’il ne peut pas résoudre, à un piège qui résulte du développement d’un lien désorganisant. Il éprouve un comportement mixte d’évitement et de rap­- prochement, source d’ambivalence et d’agressivité même en cas d’approche d’un adulte bienveillant. La capacité de mentalisation peut se voir détruite par une figure d’attachement qui a créé chez l’enfant une telle angoisse vis-à-vis de ses pensées et de ses affects que l’enfant souhaite l’évitement de la pensée quant à l’expérience subjective des autres. D’où le risque que l’enfant éprouve alors une dureté qui s’enracine dans l’angoisse.

52 On dit parfois que l’étude du bébé ne saurait être « psychanalytique » parce que celui-ci ne se situerait pas dans l’après-coup. En réalité, cette critique ne tient pas, car le bébé est d’emblée dans l’après-coup, via le fœtus qui l’inscrit dans l’histoire de sa filiation. Bernard Golse (2006) soutient ainsi l’idée d’une théorie du traumatisme en trois temps :

53 –  Premier temps (prénatal) : inscription de traces mnésiques sensitivo-sensorielles pendant la vie fœtale (traces porteuses de l’histoire de la grossesse, et peut-être de l’histoire de sa filiation dans son ensemble, via les interactions fœto-maternelles qui sous-tendent l’organisation des précurseurs de l’attachement et de l’accordage affectif) ;

54 –  Deuxième temps (périnatal) : rencontre avec le travail psychique de l’objet maternel qui va aider le bébé à primariser ces signifiants archaïques ;

55 –  Troisième temps (postnatal), enfin, et qui est évidemment contingent : rencontre avec des évènements relationnels ultérieurs qui pourront être, ou non, métabolisés en fonction de la qualité du travail psychique intériorisé.

56 Il est intéressant de noter que ce schéma pourrait valoir autant pour le normal que pour le pathologique.

57 D’une certaine manière, les pistes ouvertes par Suzanne Maiello (1991) sur la question de l’objet sonore et celles ouvertes par René Diatkine (1979, 1994) à propos des traumatismes hyperprécoces nous seront certainement fort utiles, à l’avenir, pour éclairer notre réflexion en matière de vie psychique fœtale.

58 Ceci nous paraît d’autant plus important qu’en médecine somatique, comme en médecine psychique, les prochaines années auront sans doute à être en partie consacrées aux efforts à faire pour démêler le génétique de l’acquis hyperprécoce (et, notamment, in utero).

59 Quoi qu’il en soit, l’exposition précoce à la violence intrafamiliale nous renvoie peut-être tout particulièrement à cette théorisation du traumatisme en trois temps, dans la mesure où il s’agit souvent de familles au sein desquelles la grossesse a déjà été vécue de manière traumatique (temps prénatal), où la mère (si ce n’est les deux parents) ont une capacité de rêverie insuffisante (temps périnatal), et où les violences ultérieures viennent alors compromettre gravement le développement psychique de l’enfant (temps postnatal).

Éléments de neurobiologie

60 Des études cliniques ont montré que la capacité du nourrisson à affronter l’angoisse est liée à la relation avec sa mère et avec le comportement spécifique de cette dernière. Quelques recherches neurobiologiques récentes confirment l’impact important des facteurs maternels pour le développement de l’axe hypothalamus, hypophyse, glandes surrénales (régulation de l’excrétion de l’adrénaline). La prestation de soins maternels satisfaisants s’inscrit au niveau neurobiologique via l’épigénèse (liée notamment à une méthylation sélective de l’ADN, soit de l’Acide Désoxy-Ribonucléique constitutif de nos chromosomes et de notre code génétique) et via une organisation satisfaisante de l’architecture cérébrale. La création des liaisons neuroniques à travers la plasticité du cerveau donne des résultats qui vont perdurer tout au long de la vie adulte (Moffitt et al., 2005).

61 Or, le trauma peut provoquer des changements en matière de plasticité cérébrale. Plusieurs recherches ont montré que l’influence du stress sur le cerveau s’inscrit à un niveau très profond par le biais de mécanismes cellulaires et moléculaires.

62 Le stress provoque des altérations aux niveaux chimique et anatomique de l’encéphale, et par conséquent la réponse attendue de la part d’un individu confronté à un stimulus angoissant ultérieur peut se trouver modifiée (Kaffman & Meaney, 2007).

63 Le Doux (1996, 2000) a proposé un modèle de dépendance classique pour les relations entre affect, mémoire et cerveau. Il postule que la compréhension des mécanismes d’inscription de l’expérience traumatique dépend exclusivement de la nature du substrat biologique de l’affect. L’expérience traumatique active l’émotion et crée des codes mnémoniques puissants difficilement altérables. Les souvenirs traumatiques sont stockés dans un circuit neuronal au sein duquel l’amygdale joue un rôle central. Le circuit comporte des éléments de l’hypothalamus, de l’hippocampe et du cortex. Les connexions anatomiques de l’amygdale montrent qu’elle reçoit des informations de haute définition du cortex, et qu’ensuite elle affecte le système moteur et autonome.

64 D’autres recherches relient la plasticité du cerveau à la fonction et l’intégrité de l’hippocampe. Le stress primaire, quand il est d’intensité moyenne, peut être géré par des processus cognitifs précis qui dépendent de l’hippocampe, mais quand son intensité dépasse un certain seuil, il peut détruire l’existence et la fonction de certaines zones de l’hippocampe, et ceci de manière directe et durable.

65 Les expériences négatives du passé s’inscrivent ainsi en des caractéristiques sous-jacentes, « traits » de l’individu qui s’avèrent durables ; leur mise en activité après l’expérience d’un événement stressant peut conduire à telle ou telle situation clinique « state », épisode dépressif ou autre trouble (Avishai-Eliner, 2002).

66 Plus récemment, on a pu montrer qu’il y avait une transmission intergénérationnelle des effets biologiques du traumatisme, des parents aux enfants voire aux petits-enfants, ce qui illustre sur le plan biologique certains aspects que nous avons évoqués du traumatisme psychique intergénérationnel.

Conclusion

67 Pour conclure, le trauma interpersonnel constitue une catégorie spéciale de traumatisme psychologique qui se fonde sur la perte de la sécurité, la fiabilité et la valeur de l’adulte soignant. Les conséquences du trauma interpersonnel varient selon le stade évolutif de l’enfant, et elles sont plus destructives quand il s’agit d’un très jeune enfant. La qualité des relations primaires est importante non seulement pour protéger l’organisme vulnérable du nouveau-né, mais aussi pour préserver l’organisation des fonctions cérébrales puis psychiques.

68 Quand il y existe de la violence ou une atmosphère de menace dans l’environnement, la capacité de contrôler soi-même l’organisation des structures des situations mentales protectrices peut se trouver entravée. Les expériences traumatiques primaires renvoient à des inscriptions psychiques et biologiques qui ne s’effacent jamais et qui conditionnent la vie entière de l’individu.

Post-scriptum

69 Nous avons souhaité nous centrer, dans le cadre de ce travail, sur la question du trauma interpersonnel en lien avec l’exposition des enfants à des violences intrafamiliales. Ceci étant, il peut y avoir trauma interpersonnel en cas de catas­trophes naturelles. Chez les enfants qui ont survécu à des catastrophes naturelles, la fréquence de survenue d’un syndrome post-traumatique est très élevée, et atteint un pourcentage de 30-60%. Parmi d’autres, les principaux facteurs déterminant l’apparition d’un syndrome post-traumatique chez des enfants ayant vécu, par exemple, un tremblement de terre, sont la proximité avec l’épicentre du séisme, la mort ou le traumatisme d’un proche, la gravité des conséquences matérielles, le traumatisme de l’enfant lui-même, son âge et son sexe, les filles souffrant plus que les garçons (Şalcıoğlu & Başoğlu, 2008).

70 Mais la cause la plus importante semble être la réaction des parents face à l’évènement. L’enfant est, en effet, très influencé par la symptomatologie post-traumatique du parent, par les disputes intrafamiliales qui se déclenchent parfois après l’événement, par l’angoisse, l’isolement ou l’excitation de la famille ayant vécu la catastrophe naturelle. Les chercheurs concluent que les symptômes des parents peuvent résulter du traumatisme secondaire de l’enfant, situation qui pourrait être évitée si la famille pouvait demeurer plus calme face à l’évènement naturel délétère (Caffo et al, 2003 ; Killic et al., 2003).

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Mots-clés éditeurs : Violence intrafamiliale, Traumatisme interpersonnel, Trauma, Tempérament, Syndrome de stress post-traumatique

Date de mise en ligne : 31/05/2016

https://doi.org/10.3917/psye.591.0309

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