Couverture de PSYE_571

Article de revue

Processus identificatoires et projet de vie des jeunes vietnamiens de Hanoi : entre crise adolescente et crise culturelle ?

Pages 207 à 235

Notes

  • [1]
    Une partie des résultats de cette recherche a été présentée au Treizième Congrès de l’Association Internationale pour la Recherche Interculturelle (Sherbrooke, 2011) et au Quatrième Congrès du Réseau Asie (Paris, 2011).
  • [2]
    Docteur-enseignante en psychologie, post-doctorante au laboratoire « Psychologie du développement et processus de socialisation » (EA 1687), université de Toulouse II le Mirail, ATER à l’université d’Angers.
  • [3]
    Professeure émérite des universités en psychologie, laboratoire « Psychologie du développement et processus de socialisation » (EA 1687), université de Toulouse II le Mirail.
  • [4]
    Professeure des universités en psychologie, directrice du laboratoire « Psychologie du développement et processus de socialisation » (EA 1687), université de Toulouse II le Mirail.
  • [5]
    Fin des guerres de libération, réunification du pays en 1975, commencement de la reconstruction du Vietnam.
  • [6]
    La Réforme : Ð?i m?i.
  • [7]
    Cette thèse, intitulée « Le projet d’avenir, le virtuel et l’adolescence au Vietnam : L’impact du style de conduite par rapport à Internet sur la relation entre le mode d’identification et le projet d’avenir », réalisée en co-tutelle entre l’université de Toulouse-le-Mirail et l’université des Sciences Sociales et Humaines de Hanoi (Vietnam) et soutenue en 2012, a bénéficié du soutien de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF).
  • [8]
    Au Vietnam, le Baccalauréat n’est pas une difficulté pour la plupart des jeunes ; en revanche, le concours d’entrée à l’université est beaucoup plus exigeant et stressant.
  • [9]
    Variables contrôlées (âge, sexe, classe, famille, usage d’Internet).
  • [10]
    Dans nos rencontres avec les sujets de l’échantillon, au-delà des passations d’épreuves pour le recueil des données de la phase quantitative (TAT, T3P, questionnaires), nous avons encouragé des moments d’entretien et de discussions avec les adolescents (généralement après la passation des outils). Ainsi, nous avons pris des notes personnelles à propos de ces matériaux informels.
  • [11]
    Actuellement, le concours d’entrée à l’université au Vietnam se tient en général autour de quatre grands modules en fonction de la discipline choisie. Les disciplines spécifiques décident leurs propres matières lors de cet examen :
    • A : mathématiques, physique, chimie ;
    • B : mathématiques, chimie, biologie ;
    • C : littérature-vietnamien, histoire, géographie ;
    • D : mathématiques, littérature-vietnamien, anglais.

1Alors que l’adolescence est considérée depuis longtemps dans les pays occidentaux comme une période de crise où le jeune entre en conflit avec lui-même et avec son entourage afin d’intégrer les changements physiques, sociaux et psychiques, il n’en est pas de même dans la mentalité traditionnelle des Vietnamiens. En effet, du fait de la pauvreté générale du pays et de la nécessité vitale du travail des jeunes, la notion même d’adolescence n’existait pas, pas plus qu’elle n’existait autrefois dans les classes populaires en Occident : on passait directement de l’enfance à l’âge adulte. Cependant, cette mentalité a progressivement évolué, surtout en ville, tout à la fois avec les changements socio-économiques importants des années 1970 [5] et ceux liés à la Réforme [6] de 1986, si bien qu’un sentiment nouveau est apparu depuis une quinzaine d’années dans la représentation vietnamienne, celui de l’adolescence, introduisant du même coup l’expression très récente vị thành niên qui signifie littéralement pré-adulte.

2Les adolescents vietnamiens actuels nés dans les années 1990 se trouvent dans une situation psychique plus problématique que jamais, car la société vietnamienne elle-même est en train de traverser sa propre crise adolescente (!) avec la fragilisation de la structure familiale pourtant bien ancrée dans les représentations et les pratiques, la dramatique confusion dans la conception des valeurs de base de la société et surtout de la personne, et la guerre entre le traditionnel et le moderne. La société vietnamienne est alors traversée par les crises du lien, du sens, du pouvoir et des valeurs.

3La psychologie, en tant que discipline nouvelle au Vietnam, s’est prioritairement engagée dans ce domaine de recherche et nous avons extrait pour cet article des résultats originaux issus d’une thèse de doctorat réalisée en co-tutelle [7], centrée sur les enjeux psychologiques de la vie virtuelle des adolescents vietnamiens. Au plan épistémologique, nous privilégions l’approche psychodynamique des phénomènes psychiques, vivement souhaitée par les chercheurs et praticiens vietnamiens : dans la lignée de leurs avancées initiales (Do, 2000), nous articulons en permanence les spécificités historico-culturelles du Vietnam aux acquis occidentaux de la psychanalyse et de la métapsychologie freudienne, et aux travaux de la psychologie sociale du développement en particulier wallonnienne. Cette perspective originale sert de levain à l’élaboration d’une psychologie bien ancrée dans la culture vietnamienne.

L’identification et la crise d’adolescence

4L’identification est une notion riche, investie par différents courants théoriques de la psychologie. Concept fondamental de la psychanalyse, l’identification selon Sigmund Freud (1905, 1914, 1921) est toujours fondée sur la relation du sujet avec un objet. Alors que l’identification renvoie à ce qu’on voudrait être, l’objet est ce qu’on voudrait avoir. À travers les deux formes identificatoires dégagées par Freud, hystérique et narcissique, il semble bien que l’identification soit la seule façon qui permette au sujet d’accepter la perte et de se libérer de la dépendance à l’objet (Vibert et Chabert, 2009).

5Dans le prolongement de ces travaux essentiels, il ressort également que l’identification est liée au désir d’acquérir des compétences ou des références, et qu’elle joue un rôle à la fois défensif et constructif dans le processus de personnalisation du sujet (Lescarret et Van, 1998) ; elle a ces deux fonctions et l’une n’empêche pas l’autre. L’identification a une fonction défensive parce qu’elle permet au sujet de s’éloigner, même temporairement, des sentiments négatifs causés par les conflits entre ses désirs et les exigences conscientes et inconscientes d’autrui, entre l’envie de maintenir une identité et l’envie de changer pour s’adapter aux variations des situations et de l’entourage, entre la dévalorisation et l’actualisation des potentiels. Par ailleurs, par construction, l’identification soutient en même temps l’unité du moi et l’appropriation de l’autre. À travers les identifications aux autres et aux modèles le sujet se réalise ; cette réalisation n’est pas un simple changement de l’individu mais c’est la structuration de son dynamisme. La personne est pressée par les identifications mais en même temps elle est toujours à la recherche de celles-ci (Tap, 1988).

6À l’adolescence, avec les changements physiques, psychologiques, cognitifs et relationnels, les conflits et les identifications des stades pré-œdipien et œdipien sont réactivés après la phase de latence. Toutes ces conditions peuvent susciter, dans la vie de tout adolescent, un certain nombre de facteurs de risques. Dans les contextes considérés favorables, les adolescents ont plus de moyens et de dispositifs qui facilitent leur processus d’identification ; en revanche, dans les situations défavorables, ils rencontrent des obstacles qui peuvent rendre difficile leur construction d’identité (Tap, 1993 ; Malewska-Peyre, 1993 ; Born, 2003). Le contexte problématique de la société vietnamienne actuelle constitue un exemple de ces milieux défavorisés qui témoignent de la complexité des situations critiques que vivent les adolescents. Alors, dans cette période où se construit l’identité, la crise adolescente semble être aggravée par les difficultés, les blocages et même l’impossibilité d’identification. Comment l’adolescent réagit-il pour surmonter tout cela ? En quoi peut-il trouver ses appuis et ses supports ?

L’enjeu culturel dans les processus identificatoires

7L’identité personnelle comprend bien d’éléments concernant les rôles sociaux et l’appartenance au groupe socioculturel. En se construisant, le sujet est amené à une intériorisation créative des sens et des valeurs environnants, dont les modalités varient en fonction du type de structure sociale dont il fait partie. Parmi ces structures, la culture est évidemment privilégiée et ses influences identificatoires auprès du sujet sont très fortes. D’une part, pendant son processus de socialisation, grâce aux mécanismes de l’identification, le sujet adopte les sens et les valeurs existant dans sa culture puis les manifeste par une matrice de conduites adaptées. De l’autre, cette intériorisation culturelle permet au sujet d’assurer les fonctions de son processus d’identification. La culture est alors considérée comme le modèle sous-jacent aux formes et aux contenus de l’identification, tant pour la conception adaptative de la culture (Linton, 1977) que pour les conceptions interactives et sociodynamiques qui nous intéressent (Camilleri et Cohen-Emerique, 1989 ; Baubet et Moro, 2003).

8Dans la vie quotidienne, en effet, le sujet peut se trouver dans les situations inédites et critiques qui lui demandent de répondre de façon appropriée et de réagir de manière adaptée. C’est ici qu’il faut souligner le rôle dynamique de l’identification. Elle est effectivement un processus dialectique capable de jouer le rôle d’intégrateur des contraires, dans la mesure où elle autorise simultanément l’émergence de particularités individuelles et la conformité de l’individu avec le groupe. Il s’agit donc d’un sujet-acteur à la fois dans la construction de sa culture et dans celle de sa propre identité (Camilleri et Cohen-Emerique, 1989).

9Dans ce cas-là, la culture devient le lieu des ressources d’identification du sujet. Elle est un foyer de sens et de significations, co-élaborées et partagées par l’individu et par ses groupes. Grâce à la catégorisation codée par la culture et par lui-même, le sujet est considéré comme une structure pré-adaptée aux circonstances particulières et nouvelles, au dynamisme social. Dans le cas où le système culturel est en conflit avec sa catégorisation ou son « codage », pour dépasser ces contradictions le sujet doit construire certaines stratégies, en particulier les stratégies de projet.

Le projet de vie comme moyen pour surmonter la crise

10Dans l’approche psychologique, le projet est généralement l’action que l’on envisage de réaliser, présente à la conscience, c’est celle qui englobe dans une même visée le passé, le présent, l’avenir et qui considère les moyens susceptibles d’assurer l’obtention du but (Sillamy, 1980). La perspective psychodynamique de la psychologie distingue un but conscient social du projet et un but inconscient individuel ; si le but individuel demeure chez le sujet comme un noyau irréductible, le but social est une élaboration secondaire. Le projet peut alors être interprété comme un rêve. En revanche, ce qui le différencie du rêve, c’est que pour qu’il puisse aboutir, son élaboration secondaire doit être conforme aux exigences de la réalité. Donc, étant une élaboration consciente d’un but purement inconscient, le projet s’exprime également comme un processus sublimatoire qui aboutit à la construction d’une « œuvre » pour dégager l’individu d’une certaine angoisse (Martin, 1992).

11Partageant avec la psychanalyse l’intérêt de cette distinction, l’approche psychodynamique de la psychologie du développement retient l’idée d’une élaboration consciente d’un but et considère pour sa part le projet comme le processus dynamique de résolution de la crise adolescente, qui renvoie effectivement à des intentions, à la définition d’un objectif et à sa mise en relation avec des moyens pour obtenir cet objectif (Safont-Mottay, de Léonardis et Lescarret, 1997). Le projet interpelle les représentations de soi, les représentations sociales de la réussite, des rôles et des fonctions ; se trouve aussi concernée l’implication des systèmes socioculturels qui produisent des valeurs et des sens, des attentes ainsi que des pressions. Ce qui est le plus important, ce sont « les modalités personnelles de hiérarchisation des valeurs et de signification des actes » (Tap et Oubrayrie, 1993, p. 17).

12Le projet est donc un intermédiaire, un compromis entre le sujet et le contexte : il est à la fois une représentation du temps et une identification de but et de moyens pour obtenir ce but, ainsi qu’un dépassement de conflit et un dégagement de situation critique (Dumora, 1993 ; Safont-Mottay, de Léonardis et Lescarret, 1997).

Hypothèse de l’étude

13Nous éclairons dans cet article la façon dont l’adolescent vietnamien s’identifie aux autres et aux événements sociaux, et comment ces processus identificatoires influencent la manière dont il se projette dans l’avenir. Les résultats présentés correspondent à la mise à l’épreuve de l’hypothèse spécifique selon laquelle les modes d’identification des adolescents vietnamiens à Hanoi ont des effets différenciés sur leurs projets de vie.

Méthode

14Notre posture générale de recherche et notre éthique professionnelle s’accordent à considérer que chaque sujet est unique dans son développement personnel et la méthodologie mixte choisie pour cette étude articule méthode quantitative et méthode qualitative ; la première met davantage l’accent sur la « loi générale » et la deuxième se focalise sur la dynamique complexe du sujet qui, tout en étant singulier, n’en est pas moins comparable aux autres.

Population

15Notre population se compose de 102 adolescents de 17-18 ans, scolarisés au sein de lycées ordinaires à Hanoi, la capitale du Vietnam. Nés dans les années 1990, ces jeunes qui habitent dans les grandes villes du Vietnam sont considérés par les médias comme la première génération vietnamienne ayant presque les mêmes manières de vivre et de penser que leurs pairs dans le monde. À la différence des jeunes des générations précédentes, la définition et l’affirmation de soi apparaissent pour ceux-ci plus importantes que la conformité ; ils sont toujours à la recherche de modèles dans la vie quotidienne et la distance entre les générations est énorme (enquête Cimigo Vietnam, 2011). Ces adolescents ont en général une pratique d’Internet assidue et dans la population de l’étude les jeunes passent en moyenne plus de deux heures par jour en ligne.

Outils de mesure

Les outils d’évaluation des modalités d’identification des adolescents

16Deux épreuves projectives ont évalué les modalités d’identification des adolescents : le TAT (Thematic Aperception Test) dont la pertinence clinique et la qualité projective pour les sujets vietnamiens font l’accord des psychologues praticiens vietnamiens, et le T3P (Test des Trois Personnages) qui permet les projections de sujets de toutes civilisations (Backès-Thomas, 1986). Ces deux méthodes projectives n’avaient jamais été utilisées dans la recherche en psychologie au Vietnam ; cette étude a permis d’initier leur usage scientifique par une adaptation et une validation auprès d’un échantillon préalable, en nous appuyant sur la méthode d’adaptation transculturelle recommandée par Robert Vallerant (1989) et par Dominique Banville, Pauline Desrosiers et Yvette Genet-Volet (2000).

17Pour chaque récit du TAT et pour l’histoire relative au T3P, un point a été attribué au mode d’identification utilisé par le sujet parmi les six modalités prédéfinies opérationnellement par le modèle socio-développemental de Pierre Tap (1988) :

  • identification spéculaire : instauration du dédoublement mental du sujet ;
  • identification de dépendance : perte dans la toute-puissance affective de l’autre, avec dépendance plus ou moins totale à cet autre ;
  • identification catégorielle : capacité à définir et différencier les individus, à systématiser et ordonner l’environnement social et ses valeurs ;
  • identification à l’agresseur : appropriation de la toute-puissance de refus et d’interdiction de l’autre pour préserver son propre besoin d’autonomie et d’affirmation ;
  • identification de maîtrise ou d’accomplissement : appropriation de la toute-puissance active de l’autre, des moyens d’accès à l’autonomie par l’acquisition de multiples aptitudes cognitives ;
  • identification au projet : dégagement de ses propres défenses par la résolution des conflits en prenant des choix raisonnés.

18Chacun des 102 sujets a produit onze récits correspondant aux onze planches choisies du TAT et un récit en provenance du Test des Trois Personnages ; chez chacun et pour chaque modalité d’identification, les scores sont compris entre 0 (contribution faible) et 12 (contribution forte).

Les outils d’évaluation des projets de vie

19Les projets de vie des adolescents ont été investigués selon trois dimensions : stratégies de projet, styles d’engagement dans le projet et domaines du projet de vie.

20Les stratégies de projet sont évaluées par l’outil des situations (Malewska-Peyre, 1987 ; Safont, de Léonardis et Oubrayrie, 1994) déjà validé pour la population vietnamienne de Hanoi (Dang, 2006). Nous proposons au sujet une série de situations contrariées où la réalisation d’un projet est remise en cause par un obstacle. Pour chaque situation, un point a été attribué à une des six modalités de stratégies de projet, rappelées ci-dessous en trois groupes :

  • Stratégies autonomes et structurantes : relance et dépassement du conflit. Ou bien le sujet refuse d’abandonner le but choisi et cherche des moyens plus adaptés pour l’obtenir (stratégies de mobilisation), ou bien il change de but mais ne se démobilise pas (stratégies de réajustement) ;
  • Stratégies hétéronomes : manque de moyens nécessaires pour conserver le but. Le sujet doit accepter le but et des moyens que d’autres imposent (stratégies mimétiques) ou attendre passivement que les choses se résolvent (stratégies apathiques) ;
  • Stratégies réactionnelles, contre-dépendantes : révolte ou évasion par rapport au conflit. Le sujet se mobilise mais se détourne du but, il s’oppose à l’égard d’une personne, d’un groupe ou d’une entité (stratégies d’opposition) ; sinon, le sujet maintient son but mais nie l’existence des obstacles (stratégies d’idéalisme ou d’utopie).

21Chez chaque sujet, les scores sont compris entre 0 (contribution faible) et 6 (contribution forte) pour chaque modalité de stratégie de projet.

22Les styles d’engagement dans le projet et les domaines du projet sont évalués par un questionnaire de 43 items inspiré des travaux de Jari-Erik Nurmi (1991) et de Claire Safont (1992) et validé également dans la population vietnamienne de Hanoi (Dang, 2006).

23Tous ces outils d’évaluation ont été administrés auprès des adolescents de façon individuelle à travers des entretiens dans une démarche de bilans psychologiques.

Résultats

Les modes d’identification des adolescents vietnamiens

24Au plan général, l’identification de maîtrise et l’identification à l’agresseur sont les deux modalités les plus fréquentées par les adolescents vietnamiens. Les résultats des analyses de variance (ANOVA) nous permettent par ailleurs de constater une différence significative assez forte entre les adolescents de 17 ans et ceux de 18 ans au niveau de l’identification de dépendance (F=5,386 ; p<.05) et de maîtrise (F=6,538 ; p<.05) : les adolescents de 18 ans semblent moins dépendants que ceux de 17 ans et plus orientés vers la maîtrise, la réalisation et l’accomplissement des tâches. De plus, il existe une différence significative entre filles et garçons concernant l’identification à l’agresseur (F=4,112 ; p<.05) : ce sont plutôt les garçons qui tentent de construire leur propre autonomie à travers l’appropriation de la toute-puissance de refus et d’interdiction de l’autre.

Les projets de vie des adolescents vietnamiens

25Mobilisation et réajustement sont les deux stratégies de projet les plus utilisées par les adolescents de notre échantillon vietnamien. Les 17 ans se servent de la stratégie de réajustement plus que les 18 ans (F=8.930 ; p<.01). Les filles et les garçons dans la population de notre recherche ne se distinguent pas sur ce plan des stratégies de projet (p >.1).

26Sur le plan des styles d’engagement dans le projet (quatre styles, suite à une analyse de composantes principales (ACP) : planification, mentalisation, optimisme et vision lointaine), la tendance montre bien que les scores moyens des filles sont plus élevés que ceux des garçons aux styles « planification » (17.42 contre 16.70) et « optimisme » (10.10 contre 9.45). Au contraire, les garçons ont des scores plus élevés aux plans « mentalisation » (23.84 contre 23.27) et « vision lointaine » (8.96 contre 8.70).

27En ce qui concerne les domaines du projet de vie des adolescents vietnamiens, (trois domaines suite à une autre ACP : fondation et réussite d’une famille, accomplissement relationnel et professionnel et réalisation et développement de soi), nous n’avons trouvé aucune différence significative entre les 17 ans et les 18 ans (p>.4). En revanche, le sexe semble jouer un certain rôle dans les préoccupations pour le futur : il distingue significativement filles et garçons dans les projets d’accomplissement relationnel et professionnel (score moyen des garçons = 7.06 contre 5.94 chez les filles ; F=7.075 ; p< .01) ainsi que ceux de réalisation et développement de soi (score moyen des garçons = 4.29 contre 3.19 chez les filles ; F=12.450 ; p<.01). Dans les deux domaines, les garçons s’intéressent donc plus que les filles aux projets servant leur épanouissement personnel, social ainsi que professionnel.

Les influences des processus identificatoires sur les projets de vie des adolescents

Quels liens entre les modes d’identification et les stratégies de projet ?

28Les résultats obtenus par des régressions linéaires multiples pas à pas font émerger, dans la population vietnamienne de l’étude, l’influence négative de l’identification de maîtrise sur la stratégie de réajustement, et les effets positifs de l’identification catégorielle sur la stratégie d’opposition et également sur la stratégie d’idéalisation (tableau I).

Tableau I

Régression linéaire multiple pas à pas entre les modes d’identification et les stratégies de projet

Tableau I
Variable indépendante Variable dépendante Coefficients non standardisés Coefficients standardisés R R2 R2 ajusté t Sig. b Err. std Bêta Identification de maîtrise Stratégie de réajustement -,141 ,061 -,226 ,226 ,051 ,041 -2,317 ,023 Identification catégorielle Stratégie d’opposition ,134 ,047 ,277 ,277 ,077 ,068 2,886 ,005 Identification catégorielle Stratégie idéalisation ,199 ,097 ,200 ,200 ,040 ,031 2,046 ,043

Régression linéaire multiple pas à pas entre les modes d’identification et les stratégies de projet

Quelles relations entre les modes d’identification et les styles d’engagement dans le projet ?

29L’influence significative de l’identification catégorielle sur le style d’engagement de type « vision lointaine » est intéressante à relever, et tout particulièrement le sens de cette influence : plus l’identification catégorielle est importante, moins l’engagement dans le projet se fait dans une vision lointaine (tableau II).

Tableau II

Régression linéaire multiple pas à pas entre les modes d’identification et les styles d’engagement dans le projet

Tableau II
Variable indépendante Variable dépendante Coefficients non standardisés Coefficients standardisés R R2 R2 ajusté t Sig. b Err. std Bêta Identification catégorielle Vision lointaine -,367 ,167 -,215 ,215 ,046 ,037 -2,200 ,030

Régression linéaire multiple pas à pas entre les modes d’identification et les styles d’engagement dans le projet

Quelles influences du mode d’identification sur les domaines du projet de l’adolescent ?

30Il est particulièrement intéressant de repérer ici, dans notre population d’adolescents vietnamiens de Hanoi, un résultat très éloigné des régularités statistiques occidentales : le domaine d’accomplissement relationnel et professionnel du projet est influencé significativement par l’identification de dépendance. Nous notons un effet modéré (R=.303) selon lequel ce mode d’identification explique 8.3% de la variance du score des projets d’accomplissement relationnel et professionnel (R2 ajusté=.083), mais ces deux variables se sont associées de manière très significativement positive (b=.568 ; t=3.179 ; p<.01) : ce qui veut dire que si le score de l’identification de dépendance augmente, le score des projets d’accomplissement relationnel et professionnel devient lui-même plus élevé et, inversement, quand le score de l’identification de dépendance diminue le score des projets d’accomplissement relationnel diminue également (tableau III).

Tableau III

Régression linéaire multiple pas à pas entre les modes d’identification et les domaines du projet

Tableau III
Variable indépendante Variable dépendante Coefficients non standardisés Coefficients standardisés R R2 R2 ajusté t Sig. b Err. std Bêta Identification de dépendance Projet relationnel et professionnel ,568 ,179 ,303 ,303 ,092 ,083 3,179 ,002

Régression linéaire multiple pas à pas entre les modes d’identification et les domaines du projet

31Suite à ces résultats concernant l’effet des processus identificatoires sur le projet de vie des adolescents, il est donc intéressant de contextualiser, dans la population vietnamienne, l’influence de l’identification catégorielle sur deux stratégies bien particulières de projets : d’opposition et d’idéalisation. En effet, même si le jeune vietnamien a la capacité de définir et de différencier les individus selon le processus de catégorisation sociale (qui, rappelons-le, lui permet de systématiser et d’ordonner l’environnement social, d’orienter son action et d’actualiser des valeurs), il peut dans les situations critiques réagir sans réfléchir, sans considérer les moyens pour dépasser les obstacles : même si sa mobilisation est forte, elle est détournée du but, et cette force se fait par opposition à l’égard d’une personne, d’un groupe ou d’une entité. Chez ces sujets, peut aussi se développer une forme de mobilisation idéaliste, ce qui veut dire qu’il maintient son but mais nie l’existence des obstacles et ne prend pas en compte les moyens précis pour atteindre le but. Rappelons que ces sujets ayant une forte capacité de catégorisation n’ont pas forcément une vision lointaine de leur futur, notamment à long terme.

32De plus, l’identification de maîtrise, qui renvoie habituellement en Occident à l’accès à l’autonomie par l’acquisition de multiples aptitudes cognitives et qui permet souvent au sujet de dépasser l’échec, n’amène pas nécessairement le sujet vietnamien à ajuster son but aux moyens ni à se surmobiliser pour tenir ce but (stratégie de réajustement).

33Finalement, dans la population actuelle des jeunes vietnamiens de Hanoi, c’est plutôt l’identification de dépendance qui fait office d’atout pour les projets relationnels et professionnels à venir. Autrement dit, si la vision occidentale souligne dans ce mode d’identification le risque de se perdre dans la toute-puissance affective de l’autre, les faits vietnamiens tendent à montrer au contraire que le sujet adolescent, dans le contexte vietnamien actuel, en retire des avantages psychiques : alors qu’il semble ne pouvoir vivre que dans une dépendance plus ou moins totale à cet autre, il vise des projets d’avenir qui encouragent le développement et le perfectionnement de la dimension relationnelle, et notamment de la sphère professionnelle.

34L’originalité de ces résultats, qu’on peut appréhender comme une possible création, typique de la population vietnamienne, nous interroge en tant que chercheurs et nous invite à replacer ces régularités statistiques dans la dynamique personnelle de chaque sujet singulier où se conjuguent création personnelle et tissage culturel.

35Pour exemple le cas d’une jeune fille de notre échantillon permet de préciser nos réflexions et d’apporter quelques éléments de conclusion.

Vignette clinique : que nous apprend le cas de My ?

36Cette étude de cas permet non seulement de vérifier l’hypothèse de départ mais aussi de repositionner l’analyse au plus près de la singularité du sujet et ainsi de prendre une relative distance permettant d’enrichir voire de repenser les résultats quantitatifs obtenus. En fonction des dires du sujet rencontré, les entretiens se déroulent autour de deux thèmes : l’attachement à la famille et les projets.

Présentation du sujet : une rencontre imprévue

37La première rencontre avec My a lieu en mai 2010. My a 16 ans et demi. La rencontre se déroule à son lycée qui est un des dix meilleurs lycées de Hanoi au niveau de la performance scolaire des élèves.

38My est à l’époque en classe de première. Le mois de mai, tant pour My que pour ses camarades au lycée, est une période intensive de révision et de préparation aux contrôles et aux examens de la fin du semestre. De plus, comme elle va bientôt rentrer en classe terminale, il lui est important de réfléchir, de choisir et de suivre les cours supplémentaires pour le concours d’entrée à l’université [8]. Au niveau scolaire, My est une élève que les chercheurs désignent par « tout-venant ». Au niveau familial, elle est l’enfant unique d’une famille relativement aisée selon son estimation.

39Ce qui est intéressant, c’est que My, avec le dispositif que nous avions mis en place pour sélectionner notre population de recherche, était passée à côté du dispositif pour une raison d’absence, et par conséquent n’aurait pas dû faire partie de notre population de recherche. En effet, pour sélectionner l’échantillon d’étude, nous avons réalisé une pré-enquête par questionnaire auprès d’un nombre important d’élèves [9] afin de constituer une première liste des lycéens ciblés ; pour pouvoir travailler avec ces élèves, nous avons demandé par lettres individuelles l’autorisation aux parents ainsi qu’au lycée. Puis une troisième lettre a été envoyée aux élèves dont les retours parentaux et institutionnels étaient positifs.

40My nous raconte que le jour où la pré-enquête a été présentée, elle n’était pas au lycée. Elle n’a donc pas répondu à notre questionnaire et bien évidemment elle n’était pas dans notre liste d’envoi des lettres. Cependant, comme elle a vu notre appel à participation, elle a été intéressée et a décidé de nous contacter pour participer, volontairement, à notre recherche. Nous tenons à préciser que c’est un cas de figure très rare au Vietnam, qu’un sujet nous contacte directement et exprime son intérêt pour une recherche de psychologie. Bien que notre discipline ne soit plus actuellement très jeune ni « exotique » pour les Vietnamiens des grandes villes, pour pouvoir mener une recherche nous avons quand même pas mal de difficultés dans la prise de contact et dans la rencontre avec les personnes, notamment quand nous n’avons pas de « contreparties » ni de « retombées » immédiates (par exemple, un cadeau) pour ces personnes.

41Aussi, la venue de My nous amène à nous demander si cette jeune fille a une motivation spécifique autre que la contribution à la recherche : « Je viens par curiosité… mais aussi je veux bien parler avec quelqu’un. Qu’est-ce que vous faites dans ce travail ici, au juste ? Je ne comprends pas trop le mot psychologie… J’imagine… En tout cas il me semble que ça m’intéresse de voir quelqu’un dans ce domaine de psychologie. Je pense que ça ira… Ah en plus je me trouve conforme à ce que vous cherchez ».

42Durant nos séances, My montre un tempérament assez calme et elle est à l’aise dans la relation aux autres. Elle se positionne dans une attitude bienveillante et ouverte : elle parle souvent sur un ton modeste mais assuré. Elle a l’air timide comme beaucoup de jeunes filles que nous avons rencontrées, mais dans sa façon de poser des questions et d’échanger avec nous, elle se montre bien déterminée sur ce qu’elle veut dire et sur ce qu’elle voudrait faire.

De l’attachement familial très fort à la dépendance émotionnelle

43Au cours de nos rencontres, My nous a beaucoup parlé de sa famille. Il nous semble qu’elle est très à l’aise avec la vie habituelle d’une famille élargie (presque toutes les vacances passées tous ensemble avec les familles de sa tante, de son oncle ou chez eux) ; ainsi, elle aime bien passer du temps avec ses cousins et cousines. Les moments qu’elle partage à la maison avec ses parents tiennent généralement une place importante dans son quotidien.

44À côté de cela, cette jeune fille a l’air inquiétée par les moments difficiles qu’elle repère dans la relation entre ses deux parents : « Que dois-je faire s’ils se sont disputés ? Parfois ils se fâchent pour des raisons trop banales et pour des choses trop nulles ! Est-ce que vous avez vu les mêmes situations ? Que pouvez-vous faire dans ce cas-là ? » L’événement marquant du cancer thyroïdien de sa maman est évoqué par My comme ayant entraîné des changements dans son tempérament : « Je pense que la maladie influence son état d’âme. Ça l’a pas mal changée, elle s’en veut beaucoup plus facilement. C’est peut-être pour cela que quand elle ou mon père ne se sent pas bien, ils ne sont pas contents tous les deux et ils se disputent ! ».

45Comme My est proche de ses parents, tout ce qui ne va pas bien entre eux l’amène à être malheureuse et à réfléchir, bien que cela n’ait rien à voir avec elle : « Les disputes entre mes parents, ça ne me regarde presque jamais. Et ça ne dure pas longtemps. Je ne sais pas comment dire… Les fois où je peux les calmer et régler le problème, je me sens bien et je peux être soulagée. Mais il y a des fois où je suis très stressée. Je vais peut-être essayer de parler avec eux, qu’en pensez-vous ? Mais pas maintenant, car je pense que ça ne tombe pas bien… je vais voir… ».

46La relation des parents a donc apparemment un effet sur le bien-être de la jeune fille. My est souvent motivée pour faire des efforts afin que tout aille bien ; elle ne cesse de chercher une solution ou de réfléchir à la manière de régler ces « petits problèmes » entre ses parents. Cette tendance se traduit même dans ses histoires du TAT : « Ce garçon joue du violon et tout d’un coup la corde se coupe, il a réfléchi beaucoup mais il ne trouve pas encore comment la réparer, il continue à se demander et il est triste » (planche 1). Sa vie psychologique est alors relativement dépendante de l’ambiance psychologique dans la relation entre sa mère et son père. Elle les regarde et observe, elle cherche des solutions en fonction de leurs actions et réactions. Mais à travers ce qu’elle nous fait partager, il nous semble que de son côté, elle a aussi un impact positif sur ses parents, surtout sur leur relation de couple.

47Il se peut que cet attachement peut-être trop fort de My pour ses parents soit associable à son statut d’enfant unique. Dans les histoires du TAT, elle exprime plusieurs fois des sentiments de solitude : « …il y a du soleil, le garçon en a marre car le paysage est trop vaste alors que c’est un vide total à l’intérieur de la maison… il fait noir et le garçon il est tout seul, il n’a pas de frères ou sœurs, les parents travaillent loin, il doit chercher quelque chose pour s’amuser » (planche 13B). Pourtant, face à cette solitude, face à ce « vide », la jeune fille a toujours envie de faire quelque chose pour « remplir » : « Je vais dessiner un mind map [arbre à idées, schéma de pensée] pour que les gens puissent voir mieux les choses » (planche blanche).

48Pour aller un peu plus loin dans l’analyse de ses histoires au TAT, nous pouvons poser l’hypothèse clinique d’une structuration relativement riche et élaborée des représentations de My concernant les relations intrafamiliales. Dans les planches, la génération ainsi que l’identité sexuelle des personnages sont bien repérées. La relation entre les personnages n’est pas toujours énoncée mais chaque personnage a souvent une certaine position sociale (enseignant, paysan à la planche 2 ; politicien-serveuse à la planche 5 ; voleur à la planche 8BM ; révolutionnaires à la planche 11…). Tout cela met plus ou moins à l’œuvre la capacité de catégorisation sociale et la forte tendance de positionnement relationnel de la jeune fille.

49Alors que dans les entretiens My ne parle pas beaucoup de ses amis, à travers les histoires qu’elle construit dans le T3P et le TAT, elle semble projeter une dynamique relationnelle tournant autour du duo amitié-amour. Se trouvent plusieurs fois évoqués des couples et des conflits d’amour dans ses histoires imaginaires induites. Soit la présence d’un ou d’une ami(e) est souvent considérée comme un tiers-obstacle à la relation amoureuse ; soit il s’agit d’un sentiment de frustration en amour. En effet, en revisitant les discours libres [10] des adolescents de notre échantillon d’étude, nous notons aussi l’importance des relations amoureuses dans la vie de ces jeunes vietnamiens. Lorsqu’il s’agit d’un triangle relationnel, très souvent nos sujets mentionnent un couple avec un tiers qui est censé « détruire » cette relation. Nous pouvons donc constater que la place de la relation amoureuse romantique pour My est aussi importante que pour les autres adolescents, et que c’est même une caractéristique de cette tranche d’âge.

Projets et posture par rapport à l’avenir

50En parlant de son souhait de métier futur, My exprime ses vœux de travailler soit dans le domaine de l’économie et du commerce, soit dans le domaine artistique ou de la communication.

51Par rapport aux stratégies de dépassement des conflits dans les situations supposées problématiques, My exprime souvent un maintien de la mobilisation par les solutions autonomes et structurantes. Cette caractéristique va en fait dans le même sens que sa façon de « traiter » les problèmes dans la relation de couple de ses parents. La jeune fille n’abandonne pas le but qu’elle a choisi ; lorsqu’un obstacle survient, elle a tendance à chercher afin de dépasser l’entrave et d’atteindre le but.

52Au début, nous supposions que cette tendance à choisir les réponses était possiblement associée à un spontanéisme idéaliste de la jeune fille, une forme de désirabilité sociale, comme si elle devait faire un devoir et qu’elle ne choisissait que des réponses visiblement conformes à ce qui était attendu. Toutefois, à la fin de la séance d’entretien, elle montre vraiment une volonté de chercher les solutions réelles pour pouvoir réaliser ses projets. Parce qu’elle s’intéresse aux métiers de la communication, de l’économie ou à ceux des disciplines artistiques en général, les trois matières [11] pour son concours d’entrée à l’université seront les mathématiques, la littérature vietnamienne et l’anglais. Pourtant, son niveau en anglais est insuffisant et cela constitue un grand souci pour elle. Toujours déterminée à choisir ces domaines, My ne cesse de demander aux autres (adultes, enseignants, professionnels, amis…) de lui conseiller ou de lui fournir des informations afin de trouver une « bonne » classe ou un « bon » professeur qui lui donnent des cours d’anglais supplémentaires : « Il ne me reste qu’un an pour m’améliorer sur ce plan, donc j’ai envie de me concentrer au maximum pour que ça soit le plus efficace possible. Je sais bien que j’ai manqué de quelques connaissances de base en anglais, c’est pourquoi je suis activement à la recherche d’une personne qui peut m’accompagner, même à domicile ». De plus, elle a proposé à ses parents de ne pas prendre de vacances d’été afin de pouvoir se mobiliser entièrement sur ses études.

53Notre jeune fille a une perspective étendue et en même temps précise de son avenir. Elle n’est pas forcément optimiste en pensant à son futur, mais insiste sur sa réalisabilité : « Je ne suis pas très à l’aise quand je pense à mon avenir car je ne peux pas dire qu’il sera brillant ou clair. Effectivement je me demande toujours ce que ce sera, mais je crois que je peux réaliser mes projets… J’ai plein de projets pour mon futur ! Je ne sais pas si je pourrai les tenir… mais je peux changer mes idées si c’est le cas. De quoi s’agit-il dans mes projets ? Hum, j’ai déjà quelques métiers que j’aime, j’imagine souvent comment je serais en tant que commerçante ou journaliste, ça serait intéressant peut-être. Je pense aussi à ma propre famille à moi, à mon mode de vie quand je finirai tout type d’études ». Il existe quand même dans les mots de My une sorte d’hésitation : d’une part, elle a l’air sûre de sa capacité de réalisation des projets ; de l’autre, elle est prudente, elle ne la confirme pas définitivement. Il s’agit alors d’une souplesse dans sa façon de visualiser son futur, qui découle possiblement de son aptitude à l’adaptation.

54De façon étonnante, se trouve d’ailleurs chez My un désir de quitter sa famille et de s’éloigner de ses parents ! En nous parlant de contenus précis dans ses intentions pour l’avenir, elle évoque ses envies de développement de soi : faire du sport, faire du théâtre comme activité extrascolaire, voyager, apprendre une nouvelle langue étrangère. Dans son futur, elle aimerait bien pouvoir s’occuper d’elle-même sans oublier de soigner ses proches et de faire attention à eux. Elle compte aussi élargir ses réseaux amicaux et sociaux pour appréhender de nouvelles relations. My semble donc penser plutôt aux projets de développement de soi et de développement social, la famille n’est même pas présente dans ses projets à court terme. Elle est peut-être aussi une fille ambitieuse : elle a envie de poursuivre à la fois deux cursus d’études dans deux universités ou deux disciplines distinctes. Ce qui l’inquiète pour son futur proche, c’est la santé et le fait éventuel de ne pas avoir le concours d’entrée à l’université.

Quelle dynamique dans cette histoire singulière de My ?

55La tonalité positive de la représentation et de la préparation pour l’avenir de My nous oblige à repenser pour cette jeune fille la tendance à la dépendance par rapport aux parents. Finalement, la dépendance aux autres est-elle nécessairement quelque chose de négatif ? Dans le cas de My, il apparaît clairement que le contexte familial constitue, malgré ses exigences, un étayage important pour ses projets. Il existe aussi une interaction entre sa préoccupation pour la relation entre ses parents et ses stratégies de réaction dans les situations critiques. De plus, elle ne semble pas très indépendante de ses parents, en particulier au plan émotionnel. Cependant, sa représentation de son avenir n’est pas familiale, contrairement à ce qu’on aurait pu attendre, mais très personnelle et professionnelle. On peut alors se demander si, pour My, la dépendance psychologique à ses parents et à sa famille qu’elle semble exprimer ne serait pas induite par la dépendance au plan financier et matériel (elle n’est pas encore majeure et ne gagne pas encore sa vie). Dans son idéal, My se réserve toujours un espace pour ses propres intentions personnelles. Ce qui est intéressant, c’est qu’elle ne paraît pas avoir de difficulté dans la relation avec ses parents, ce qui pourrait vouloir dire qu’elle semble avoir trouvé un compromis entre les deux systèmes : celui de ses parents et le sien. Pendant nos rencontres, la question de l’usage d’Internet a aussi été évoquée, pratique actuelle de beaucoup de jeunes vivant en grande ville au Vietnam. Il nous semble que les moments de détente que My a trouvés sur le Net, les informations servant à ses études, les échanges avec ses amis et ses proches, constituent pour elle un espace transitionnel entre elle-même et le complexe famille-école-société.

Discussion et conclusion

56Dans notre hypothèse, nous supposions que les dimensions du projet de vie des adolescents sont influencées par leurs modes d’identification, et notre étude a vérifié cette hypothèse sur un mode original. Les résultats obtenus auprès des jeunes vietnamiens de Hanoi ont montré de très grandes nuances.

57D’abord, l’identification catégorielle semble avoir un lien positif avec les stratégies d’opposition et d’idéalisation, tandis que l’identification de maîtrise est corrélée négativement avec la stratégie de réajustement : ces deux modes d’identification, souvent considérés comme constructifs en Occident, ne sont pas nécessairement liés au Vietnam à des stratégies autonomes de gestion des projets qui impliquent une capacité à adapter les moyens aux fins poursuivies. Au contraire, sur notre population vietnamienne, ils sont liés à des stratégies visant la révolte ou l’évasion par rapport au conflit. Ces résultats rejoignent plus ou moins et avec des processus différents le type de nuance qu’avait repéré Claire Safont (1992) dans son travail sur la relation entre l’estime de soi, la compétence sociale et l’orientation de soi à l’adolescence : sa recherche a montré que, dans son échantillon, l’assurance en soi n’est pas en lien avec des stratégies autonomes et que les meilleures corrélations sont trouvées entre un bon niveau d’estime de soi et la stratégie de mimétisme. La subtilité complexe des déterminants du projet est donc amplement ouverte à l’analyse du contexte.

58Ensuite, une corrélation de sens opposé intervient entre le mode catégoriel et le style d’engagement « vision lointaine », ce qui veut dire que plus l’adolescent vietnamien catégorise activement le monde autour de lui, choisit un groupe d’appartenance et sait adopter différents rôles sociaux, moins la vision de son avenir est lointaine. À ce propos, nous pouvons nous référer aux propositions de Ralph Linton (1977) sur le fondement culturel de la personnalité. Selon lui, dans toutes les cultures, la catégorie d’adolescents est considérée comme un groupe distinct possédant ses modèles culturels spécifiques différents de ceux des enfants ou des adultes. Toutefois, dans les cultures qui tendent à ignorer les particularités de l’adolescence, les jeunes peuvent emprunter deux méthodes pour régler la situation : ou bien ils prolongent l’enfance jusqu’à y incorporer l’adolescence, ou bien ils font rétrograder la catégorie des adultes pour y inclure les adolescents. « Mais dans les deux cas, l’adolescence constitue un problème pour les autres comme pour elle-même : si l’on attend de l’adolescent qu’il adhère aux modèles d’obéissance et de dépendance propres à l’enfance, il va devenir un enfant méchant, il se révolte contre l’autorité, ou bien alors il se soumet, et il assimile ces modèles de façon si tenace qu’il éprouvera, le moment venu, une extrême difficulté à assimiler les responsabilités et les initiatives d’un adulte » (Linton, 1977, p. 62). Au Vietnam, l’adolescence vient de trouver tardivement sa place dans la mentalité des gens et, même si les particularités des adolescents commencent à être importantes pour la famille, pour l’école et pour la société, on n’est pas encore vraiment habitué à laisser les jeunes tout seuls (au sens occidental d’autonomes) dans leurs choix et leurs décisions. En outre, au niveau individuel, sous l’influence d’un fondement culturel inspiré du confucianisme qui insiste sur les classes, les rôles sociaux, la hiérarchie, le filial…, il se peut que l’adolescent vietnamien témoigne depuis très tôt d’une extraordinaire capacité de catégorisation sociale. En plus, le fait qu’il n’a pas une vision lointaine de son futur est possiblement une des caractéristiques de la mentalité d’immédiateté, d’instantanéité ou même de souplesse des Vietnamiens (Tran, 2004). Selon la lecture anthropologique de Khac Vien Nguyen (2004, 5ème éd.), il peut aussi s’agir d’une mentalité liée en partie à l’histoire d’un peuple qui s’est vu répétitivement, à peine libéré d’une guerre ou d’une catastrophe, replonger dans une autre et n’a jamais guère pu envisager très loin son devenir. Tout cela semble nous permettre d’expliquer pourquoi un jeune vietnamien peut en même temps catégoriser le monde et son entourage avec une grande pertinence mais n’a qu’une vision de vie à court terme.

59Enfin, une autre relation rapportée par nos travaux est celle entre l’identification de dépendance, considérée en Occident comme ayant une tonalité défensive, et les projets d’accomplissement relationnel et professionnel. Nous ne pouvons donc plus prétendre que la condition, pour que le jeune arrive à développer les projets de vie cohérents, soit de s’identifier à l’adulte au sens où celui-ci représente un idéal d’autonomie : dans notre population d’adolescents vietnamiens, une forme d’identification apparemment infantile, en tout cas de dépendance, fait office d’opérateur efficace.

60À l’aide de l’ensemble des résultats de notre étude articulant à l’approche quantitative nos observations issues de l’étude de cas, nous sommes amenées à supposer que l’identification de dépendance qui émerge dans notre échantillon vietnamien pourrait renvoyer à une tendance culturellement valorisée dans le contexte vietnamien. La culture traditionnelle vietnamienne prépare en effet très tôt l’enfant à entrer dans la vie adulte avec des principes philosophiques et des pratiques qui soulignent l’importance du rapport hiérarchique aux autres. La famille apprend au sujet le respect, les règles, les normes et la piété familiale. L’éducation de la moralité est plus précoce que l’apprentissage des connaissances. En outre, au sein d’une société très confucianiste qui se caractérise par un fort esprit de solidarité et de communauté, le « soi » de l’adolescent se développe d’une manière très associée au statut de l’autre et pourrait laisser émerger l’idée d’une certaine fusion à l’autre. Or, il n’en est rien car dans la culture il existe également des ressources linguistiques et plus généralement communicationnelles pour jouer ou prendre de la distance par rapport à ces injonctions de dépendance. Par exemple, quand on est plus jeune, il est attendu de s’adresser à l’autre par un pronom personnel qui marque sa propre position inférieure par rapport à cet autre. Mais à certains moments, au lieu de se sentir diminué par cette position, le sujet peut au contraire se servir de ces usages linguistiques comme stratégies de négociation et atteindre son objectif avec assurance. À ce propos, Serge Moscovici (2005) a parlé d’une forme de l’amour de la conformité qui implique la préoccupation constante de plaire à l’autre, de faire comme lui, de choisir les mêmes nourritures et les mêmes vêtements que lui. Selon l’auteur, dans cet amour il existe également « une propension à s’enrichir soi-même, à diversifier ses possibilités de sentir, à élargir son répertoire d’expériences et de modes d’expression » (Moscovici, 2005, p. 142). Sont nombreux les chercheurs qui montrent que l’aspect collectif de la culture vietnamienne est un obstacle pour l’individualité (Le, 1996 ; Bosc, 2010), notamment à l’âge de l’adolescence. Cependant, d’autres chercheurs considèrent que ce qui pourrait être un obstacle, lorsque c’est repéré et pris en compte par le sujet, peut devenir une opportunité pour mobiliser des ressources personnelles nouvelles (Oubrayrie et Lescarret, 1997 ; Dang, 2006). Si bien que cette forme de dépendance des jeunes vietnamiens est aussi à entendre non comme un repli sur soi mais comme une potentialité de relation à autrui, une ouverture vers autrui, vers la demande d’autrui, que cet autrui soit la famille, l’école, ou le futur milieu socioprofessionnel avec ses exigences, etc. La relation positive trouvée dans notre échantillon de jeunes vietnamiens entre le mode d’identification de dépendance et le domaine relationnel et professionnel du projet pourrait montrer que l’identification de dépendance n’est pas vécue comme un risque de se perdre dans l’autre mais comme un procédé, un véritable processus psychologique mis au point depuis l’enfance permettant au sujet vietnamien d’entretenir voire de généraliser cette recherche de l’autre sécurisant, et finalement de faire de ce risque une véritable ressource.

61Cette ressource semble indispensable dans le contexte considéré précaire (Bosc, 2010) du Vietnam actuel où la structure familiale a beaucoup changé, et où la société est frappée par une diversité de nouveaux facteurs. Dans un tel contexte, lorsque le processus interactif entre l’adolescent et sa famille, sa société, sa culture entraîne des enjeux à propos de son développement social et psychologique, c’est cette ressource qui permet au sujet de développer chez lui ce que Boris Cyrulnik (2001) appelle la « résilience », c’est-à-dire la capacité « à réussir et à se développer positivement, de manière socialement acceptable, en dépit du stress ou d’une adversité qui comporte normalement le risque grave d’une issue négative » (Vanistendael, 1996, p. 9). L’éclairage anthropologique de recherches en sciences sociales et humaines sur le Vietnam (Adger, Kelly et Nguyen, 2001 ; Bui, 2004 ; Ashwill et Thai, 2005) permet alors de percevoir la dynamique psychique des adolescents de notre échantillon comme un potentiel important qui peut les aider à surmonter les situations critiques et à faire face aux changements dans le futur. Par ailleurs, cette tendance à la dépendance considérée ici comme une ressource chez l’adolescent n’est effectivement pas en contradiction avec ce que disent les chercheurs en psychologie, notamment en psychologie transculturelle, car il s’agit toujours de remaniements affectifs et cognitifs de la part du sujet (Moro, 1998) qui lui « permettent l’accès à la pensée probabiliste et à la construction d’hypothèses et de scénarios de remplacement » (Dumora, 1997, p. 26). Nos résultats nous permettent également de rejoindre les avancées de Pierre Tap (1988) qui avait souligné très tôt le côté positif de la fonction défensive de l’identification : elle protège provisoirement le sujet contre son angoisse issue du conflit entre son désir de maintenir une identité et les nécessités de changements, en tenant compte des exigences et des variations de son contexte.

62Ces résultats constituent selon nous une innovation culturelle qu’il s’agit plutôt de reconnaître, voire de souligner et de valoriser, car loin de remettre en question l’hypothèse générale reliant le projet adolescent au mode intime d’identification, ils rappellent les particularités culturelles de ce lien, reliant du même coup le culturel à l’universel.

63Hiver 2013

Bibliographie

Références

  • Adger N.W., Kelly P.M., Nguyen H.N. (dir.) (2001), Living with environmental change : social vulnerability, adaptation and resilience in Vietnam (Global Environmental Change), London, Routledge.
  • Ashwill M.A., Thai N.D. (2005), Vietnam Today : A guide to a Nation at a Crossroads, Boston, Intercultural Press.
  • Backès-Thomas M. (1986), « Les miroirs de l’invisible ou comment utiliser le Test des Trois Personnages dans la recherche », Bulletin de Psychologie, t. XXXIX, n° 376, pp. 503-508.
  • Banville D., Desrosiers P., Genet-Volet Y. (2000), « Translating questionnaires and inventories using a cross-cultural translation technique, Research Note », Journal of Teaching in Physical Education, 19, 374-387.
  • Baubet T., Moro M.R. (2003), Psychopathologie transculturelle, Paris, Masson.
  • Born M. (2003), Psychologie de la délinquance, Bruxelles, De Boeck.
  • Bosc N. (2010), « Proposition d’un modèle méthodologique de prise en charge des troubles psychiques dans un contexte interculturel : essai d’ingénierie clinique. Application à travers l’ouverture et développement de centres de consultations psychologiques à Hanoi, Vietnam », Thèse de doctorat de Psychologie, Université de Paris VIII.
  • Bui T.P. (2004), « La famille vietnamienne : Point de repère dans les tourmentes ? », in Dovert S., de Tréglodé B. (dir.), Viêt Nam contemporain, Paris, Irasec - Les Indes savantes, pp. 467-480.
  • Camilleri C., Cohen-Emerique M. (dir.) (1989), Chocs de cultures : Concept et enjeux pratique de l’interculturel, Paris, L’Harmattan.
  • Cimigo Vietnam (2011), Vietnam NetCitizens Report, Cimigo Vietnam, avril 2011.
  • Cyrulnik B. (2001), Les Vilains petits canards, Paris, Editions Odile Jacob.
  • Dang H.M. (2006), « Orientation de soi chez les adolescents vietnamiens souffrant d’une maladie chronique : La dynamique entre l’estime de soi et la représentation de sa propre maladie », Thèse de doctorat de Psychologie, Université de Toulouse - Le Mirail.
  • Do L. (2000), « La formation du “moi” chez l’enfant vietnamien sous l’influence de la culture », in Lescarret O., Lê Khanh, Ricaud H. (dir.), Enfances, cultures, éducations, vol. 1, n° 3 numéro spécial psychologie, pp. 191-195, Hanoi, Thê Gioi.
  • Dumora B. (1993), « Le projet d’orientation du jeune : Réalité psychologique ou fiction pédagogique », in ROPS, Le projet : Un défi nécessaire face à une société sans projet, Paris, L’Harmattan, pp.197-201.
  • Dumora B. (1997), « Processus d’adolescence et préférences professionnelles », Éducations, janvier-février, dossier « Les enjeux de l’orientation » coordonné par J. Guichard, pp. 25-27.
  • Freud S. (1905), « Dora : un cas d’hystérie », in Cinq psychanalyses, Paris, Puf, 1954, pp. 1-92.
  • Freud S. (1914), « Pour introduire le narcissisme », in La vie sexuelle, Paris, Puf, Coll. « Bibliothèque de psychanalyse », 1962, pp. 81-104.
  • Freud S. (1921), « Psychologie collective et analyse du moi », in Essais de psychanalyse, Paris, Payot, 1981, pp. 117-217.
  • Le H. K. (1996), L’immigration confucéenne en France, Paris, L’Harmattan.
  • Lescarret O., Van T.K.C. (1998), « Représentations de l’enfant par les parents et modalités socio-émotionnelles de l’enfant », Critères et évaluation du développement de l’enfant. XVème colloque international du GRO. FR. E.D. (Groupe Francophone d’Etude de l’Enfant Jeune), Strasbourg, France, 29-30 juin 1997.
  • Lescarret O., Gueydan M., Tran T.H., Dang H.M. (2007), « Création d’une filière de psychologie clinique au Vietnam », in Martineau J.P., Savet A. (dir.), La formation professionnelle et les fonctions des psychologues cliniciens, Paris, L’Harmattan, pp. 413-419.
  • Linton R. (1977), Le fondement culturel de la personnalité, Paris, Dunod.
  • Malewska-Peyre H. (1987), « La notion de l’identité et les stratégies identitaires », Construction et dynamique de l’identité culturelle, Les amis de Sèvres, n° 1, mars 1987, pp. 89-93.
  • Malewska-Peyre H. (1993), « Les troubles de socialisation chez les jeunes issus de l’immigration », in Tap P., Malewska-Peyre H., Marginalités et troubles de la socialisation, Paris, Puf, pp. 109-129.
  • Martin P. (1992), « Eléments pour une problématique d’une conception psychanalytique du projet », in ROPS, Le projet : Un défi nécessaire face à une société sans projet, Paris, L’Harmattan, pp. 139-149.
  • Moro M.R. (1998), Psychothérapies transculturelles des enfants de migrants, Paris, Dunod.
  • Moscovici S. (dir.) (2005), Psychologie sociale des relations à autrui, Paris, Armand Colin.
  • Nguyen K.V. (1997), Rêves, souvenirs, commentaires, Hanoi, Thê Gioi.
  • Nguyen K.V. (2004, 5ème éd.), Vietnam. Une longue histoire, Hanoi, Thê Gioi.
  • Nguyen N.D. (2012), « Le projet d’avenir, le virtuel et l’adolescence au Vietnam : L’impact du style de conduite par rapport à Internet sur la relation entre le mode d’identification et le projet d’avenir », Thèse de doctorat de Psychologie, Université de Toulouse - Le Mirail.
  • Nurmi J.E. (1991), « How do adolescents see their future ? A review of the development of future orientation and planning », Developmental Review, 11, 1-59.
  • Oubrayrie N., Lescarret O. (1997), « Pratiques éducatives, estime de soi et compétences cognitives : Etudes de la réussite scolaire des adolescents de milieux défavorisés », Spirale - Revue de Recherches en Education, n° 20, pp. 7-25.
  • Rufo M., Choquet M. (2007, rééd 2008), Regards croisés sur l’adolescence, son évolution, sa diversité, Paris, Ed. Anne Carrière.
  • Safont C. (1992), « Orientation de soi à l’adolescence : Ses relations avec l’estime de soi et la compétence sociale », Thèse de doctorat de Psychologie, Université de Toulouse - Le Mirail.
  • Safont C., de Léonardis M., Oubrayrie N. (1994), « Les stratégies de projet à l’adolescence : présentation d’une technique et son opérationnalisation », Psychologie et Education, 16, 49-62.
  • Safont-Mottay C., de Léonardis M., Lescarret O. (1997), « Estime de soi et stratégies de projet chez des lycéens confrontés à une orientation scolaire forcée », Spirale - Revue de Recherches en Education, n° 20, pp. 27-40.
  • Sillamy N. (1980), Dictionnaire encyclopédique de Psychologie, Paris, Bordas.
  • Tap P. (1988), La société pygmalion, Paris, Dunod.
  • Tap P. (1993), « Crise d’identité, dépression et toxicomanie à l’adolescence », in Tap P., Malewska-Peyre H., Marginalités et troubles de la socialisation, Paris, Puf, pp. 153-178.
  • Tap P., Oubrayrie N. (1993), « Projets et réalisation de soi à l’adolescence », in ADAPT, Projets d’avenir et adolescence, Paris, ADAPT-SNES, pp. 15-43.
  • Tran N.T. (2004), Recherche sur l’identité de la culture vietnamienne, Hanoi, Thê Gioi.
  • Vallerant R.J. (1989), « Vers une méthodologie de validation transculturelle de questionnaires psychologiques : implications pour la recherche en langue française », Psychologie canadienne, 30(4), 662-689.
  • Vanistendael S. (1996), « Clé pour devenir : La résilience », Cahiers du BICE, Genève, p. 9.
  • Vibert S., Chabert C. (2009), « Anorexie mentale : une traversée mélancolique de l’adolescence ? Etude clinique et projective des processus identificatoires dans les troubles des conduites alimentaires », La Psychiatrie de l’enfant, vol. 52, n° 2, pp. 339-372.
  • Wallon H. (1954), « Les milieux, les groupes et la psychogenèse de l’enfant », Cahiers Internationaux de sociologie, t. XVI, pp. 2-13. Réédité dans Enfance, 1959, t. 12 n° 3-4, pp. 287-296.

Notes

  • [1]
    Une partie des résultats de cette recherche a été présentée au Treizième Congrès de l’Association Internationale pour la Recherche Interculturelle (Sherbrooke, 2011) et au Quatrième Congrès du Réseau Asie (Paris, 2011).
  • [2]
    Docteur-enseignante en psychologie, post-doctorante au laboratoire « Psychologie du développement et processus de socialisation » (EA 1687), université de Toulouse II le Mirail, ATER à l’université d’Angers.
  • [3]
    Professeure émérite des universités en psychologie, laboratoire « Psychologie du développement et processus de socialisation » (EA 1687), université de Toulouse II le Mirail.
  • [4]
    Professeure des universités en psychologie, directrice du laboratoire « Psychologie du développement et processus de socialisation » (EA 1687), université de Toulouse II le Mirail.
  • [5]
    Fin des guerres de libération, réunification du pays en 1975, commencement de la reconstruction du Vietnam.
  • [6]
    La Réforme : Ð?i m?i.
  • [7]
    Cette thèse, intitulée « Le projet d’avenir, le virtuel et l’adolescence au Vietnam : L’impact du style de conduite par rapport à Internet sur la relation entre le mode d’identification et le projet d’avenir », réalisée en co-tutelle entre l’université de Toulouse-le-Mirail et l’université des Sciences Sociales et Humaines de Hanoi (Vietnam) et soutenue en 2012, a bénéficié du soutien de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF).
  • [8]
    Au Vietnam, le Baccalauréat n’est pas une difficulté pour la plupart des jeunes ; en revanche, le concours d’entrée à l’université est beaucoup plus exigeant et stressant.
  • [9]
    Variables contrôlées (âge, sexe, classe, famille, usage d’Internet).
  • [10]
    Dans nos rencontres avec les sujets de l’échantillon, au-delà des passations d’épreuves pour le recueil des données de la phase quantitative (TAT, T3P, questionnaires), nous avons encouragé des moments d’entretien et de discussions avec les adolescents (généralement après la passation des outils). Ainsi, nous avons pris des notes personnelles à propos de ces matériaux informels.
  • [11]
    Actuellement, le concours d’entrée à l’université au Vietnam se tient en général autour de quatre grands modules en fonction de la discipline choisie. Les disciplines spécifiques décident leurs propres matières lors de cet examen :
    • A : mathématiques, physique, chimie ;
    • B : mathématiques, chimie, biologie ;
    • C : littérature-vietnamien, histoire, géographie ;
    • D : mathématiques, littérature-vietnamien, anglais.
bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Avec le soutien de

Retrouvez Cairn.info sur

18.97.9.174

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions