Pôle Sud 2014/1 n° 40

Couverture de PSUD_040

Article de revue

La culture catalane

Pages 121 à 135

1 La culture a représenté la colonne vertébrale de la Catalogne en tant que nation. Tout au long de son histoire et plus particulièrement depuis la seconde moitié du xix e siècle, le nationalisme catalan s’est articulé autour de la défense de sa propre culture et de sa propre langue qui ont constitué jusqu’à aujourd’hui le vecteur principal de l’identité catalane. La spécificité de l’histoire de la Catalogne, avec ses institutions politiques, ses traditions et, surtout, sa langue, a été l’élément déterminant d’une culture qui a recherché une reconnaissance et une transposition politique dans la formation de la Catalogne en tant que nation. Le nationalisme catalan n’est pas d’ordre ethnique mais il est fondamentalement culturel (Castellet, 1983 ; Prat de la Riba, 2013 ; Sobresqués, 2012).

2 La Constitution espagnole de 1978 reconnaît l’existence de nationalités et de régions sans toutefois les désigner. De plus, elle établit le castillan en tant que langue officielle de l’État et les autres langues espagnoles comme officielles, également, mais seulement dans leurs Communautés Autonomes respectives, assumant ainsi la richesse linguistique de l’Espagne comme patrimoine culturel qui mérite respect et protection (Constitution espagnole, 1978). Après les quarante ans de dictature du Général Franco, la restauration de la Généralité de Catalogne en 1977 a été un fait essentiel non seulement pour le recouvrement des libertés politiques mais aussi pour la défense et la normalisation de la culture et de la langue catalanes dans l’espace public. Cependant, quasiment quarante ans après le rétablissement de la démocratie, l’intégration de cultures différentes à l’intérieur d’un seul et même État, pluriel et disparate, continue d’être un objet de conflit. Malgré le fait d’avoir d’autres causes politiques et économiques, l’actuel mouvement social en faveur de l’indépendance catalane ne peut se comprendre sans ce code culturel.

3 Cependant la singularité culturelle et linguistique de la Catalogne ne doit pas occulter la complexité, les tensions et les contradictions inhérentes à son propre espace culturel. La Catalogne, en raison de sa situation géographique et de sa vitalité économique, a été historiquement une terre de passage et de mélange. L’accès à la Méditerranée et sa proximité avec la France et l’Europe ont contribué à l’ouverture de la Catalogne vers le monde extérieur. L’arrivée également d’une importante population originaire d’autres régions d’Espagne au cours des années 60 a été décisive pour l’ancrage d’une culture hétérogène à l’intérieur d’un cadre de vie commune (Candel, 2008). Par la suite la globalisation culturelle provoquée par les nouvelles technologies et la circulation des personnes en augmentation ont enrichi encore plus les profils de la culture catalane. En effet, à partir des années 90, un important flux d’immigration favorisé par la croissance économique a altéré pour toujours les traits de la culture de la Catalogne. Aujourd’hui, selon les chiffres officiels, 15,68% de la population de Catalogne est née à l’étranger (Institut d’Estadística de Catalunya, 2013). La diversité d’origine de ces nouveaux citoyens qui, par ordre décroissant, proviennent de pays aussi différents que le Maroc, la Roumanie, l’Équateur, la Bolivie ou la Chine avec en bagages leurs langues, leurs histoires et leurs religions particulières, ceci a accru la complexité du tissu social et a changé les termes du débat culturel en Catalogne (Institut d’Estadística de Catalunya, 2013 ; Estruch, 2004).

4 Cet article entend retracer cette complexité culturelle de la Catalogne à travers trois grands vecteurs de tension qui l’ont animée au cours des dernières décennies.

5 En premier lieu, la culture catalane a toujours été traversée par une contradiction entre la revendication de sa singularité et son inclination à parler au monde. Ce dialogue entre identité et cosmopolitisme, qui ont, l’une et l’autre, souvent cohabité et d’autres fois été en conflit, est occulté dans les différentes formes d’expression culturelle en Catalogne. Cette coexistence entre une identité nationale forte et un regard ouvert sur le monde s’est appuyée sur l’identité diverse d’une grande partie de la société catalane qui admet éprouver un attachement, en même temps et à des degrés divers, à l’égard de différents espaces d’appartenance (Appiah, 2008b ; Bauman, 2008 ; Beck, 2006 ; Benhabib, 1996 ; Linz, 2008 ; Moreno, 2007b).

6 La deuxième grande controverse est en rapport avec la langue catalane. La spécificité de la Catalogne, avec une culture qui lui est propre mais sans État, a suscité une vive discussion sur le fait de savoir si la culture catalane, c’est celle qui s’exprime en langue catalane ou bien, au contraire, celle qui se déroule sur le territoire catalan indépendamment de la langue par laquelle elle s’exprime. Ce débat s’est focalisé plus particulièrement sur la littérature, encouragé par l’existence d’un important corpus littéraire en langue castillane produit et/ou édité à Barcelone qui oblige à réfléchir aux limites territoriales de la culture.

7 Finalement, la culture catalane ne peut se comprendre sans la force et le rayonnement de la ville de Barcelone. Historiquement, la capitale de la Catalogne a été le moteur et le miroir de la culture catalane et elle détient des spécificités qui renferment et exaltent la richesse et la diversité de l’ensemble du tableau culturel catalan. Barcelone a incarné la modernité de la culture catalane avec un réseau d’équipements qui l’a positionnée au rang international, au voisinage d’un mouvement culturel actif qui vit – et souvent survit – en marge des circuits officiels. Barcelone recueille, synthétise et souvent résout les tensions de la culture catalane (identité et cosmopolitisme, diversité linguistique) et les projette vers le monde et le futur malgré le malaise qui envahit le monde culturel au jour d’aujourd’hui.

Singulier et universel : qui sommes nous ?

8 Comme le rappelle l’Unesco, la culture c’est « l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société ou un groupe social » (Unesco, 1982). Toute culture est un système de valeurs partagées par les membres d’une collectivité sociale qui, par là même, se distinguent nettement d’un autre groupe (Geertz, 1973). La culture est ainsi un modèle d’intégration et d’exclusion, une ligne qui marque la séparation entre nous et les autres. Le débat sur la culture renvoie de cette manière à la question universelle sur le nous, qui est le problème constitutif de l’espace politique moderne (Bauman, 1999 ; Garcés, 2013).

9 L’élément en partage le plus important du « nous » catalan c’est la langue. Cependant, le fait que catalan et castillan soient tous deux langues officielles, l’existence d’amples franges de la population parlant le castillan et la cohabitation de ces deux langues dans la sphère publique ont fait de la société catalane une société bilingue au sein de laquelle le statut du catalan et sa relation avec la langue castillane se retrouvent au centre de tout débat sur l’identité (Muñoz, 2007).

10 Ce multilinguisme, cette traduction constante qui suppose la capacité à parler en diverses langues, a un lien avec l’attachement à la fois politique et affectif des catalans vis-à-vis d’espaces politiques différents. En effet, l’existence de ce que l’on nomme des identités multiples ou duales est l’une des caractéristiques de l’identité culturelle des catalans (Lins, 2008 ; Moreno, 2007). Comme on peut le voir dans le tableau suivant, la majorité des catalans acceptent de se rattacher au même instant à plus d’un espace politique d’appartenance.

Évolution du sentiment d’appartenance Espagne/Catalogne (1993-2013)

tableau im1
1993 1997 2003 2007 2013 Exclusivement espagnol 12,4% 11,0% 8,5% 5,3% 7,4% Plus espagnol que catalan 5,7% 6,4% 4,1% 8,9% 5,3% Autant espagnol que catalan 39,2% 48,7% 40,9% 47,3% 36,6% Plus catalan qu’espagnol 22,2% 23,9% 27,2% 19% 25,4% Exclusivement catalan 18,9% 9,3% 16,4% 11,6% 21,6% NS/NC 1,6% 0,7% 2,9% 7,9% 3,7%

Évolution du sentiment d’appartenance Espagne/Catalogne (1993-2013)

Source : élaboration personnelle à partir des données de sondages de l’Institut de Ciències Polítiques i Socials (ICPS)

11 Ce tableau montre que, malgré les variations dans les proportions du sentiment d’appartenance, le pourcentage de la population de Catalogne avec une double identité, c’est-à-dire qui accepte à différents degrés un attachement à l’égard de la Catalogne et à l’égard de l’Espagne, est remarquable et relativement stable depuis vingt ans. Ainsi, la population qui affirme se sentir davantage espagnole que catalane, autant espagnole que catalane ou plus catalane qu’espagnole s ‘est maintenue autour de 67% lors de ces vingt dernières années.

12 Malgré cela, apparaît un ensemble d’éléments qui démontrent une plus forte polarisation avec la progression de l’identification exclusive à la Catalogne, au détriment d’un rattachement plus équitablement réparti entre les deux espaces politiques. Ainsi, par exemple, la population qui affirme se sentir autant espagnole que catalane est à l’heure actuelle la plus basse de ces vingt dernières années (36,60%). En même temps, la part des personnes qui se sentent uniquement catalanes a cru de manière importante ces cinq dernières années (21,60% en 2013 au lieu de 11,60% en 2007), à l’instar de la population qui se considère plus catalane qu’espagnole (25,40% en 2013 au lieu de 19% en 2007). Tout ceci est un reflet de l’augmentation du sentiment indépendantiste en Catalogne.

13 L’existence d’identités multiples, si annonciatrice du monde à venir, dispose d’un autre bon indicateur à travers la proximité que les catalans affirment éprouver à l’égard de différents espaces politiques de rattachement. Ainsi, par exemple, 59,30% des catalans affirment se considérer comme assez ou très proches de l’Europe, tandis que 55,80% reconnaissent une bonne proximité avec l’Espagne. Pour leur part la Catalogne et la commune recueillent l’identification la plus élevée avec respectivement 90,70% et 91,20% (Institut de Ciències Polítiques i Socials, 2013)

14 À priori les identités multiples et le multilinguisme prédisposeraient à ne pas croire en des identités pures, à être conscient du caractère relatif de toute tradition, à savoir que tout peut s’appeler d’une autre manière. Cette réappropriation réfléchie de sa propre identité est ce que certains auteurs défendent comme instrument clé pour formuler la singularité culturelle dans un monde chaque fois plus pluriel, c’est-à-dire pour rendre possible la défense de cultures différentes au sein d’une Humanité unique (Benhabib, 2002).

15 En fait, cette capacité à revendiquer sa propre identité en dialoguant avec le monde est le fil conducteur dans l’histoire de la culture catalane. Au xiii e siècle, l’écrivain et philosophe Ramon Llull transforma le catalan en une langue romane capable d’exprimer tout le savoir d’une époque qui jusqu’alors était transmis en latin. En ouvrant le catalan à la science, à la philosophie et à la religion, Llull inaugurait une tradition de contact avec les principaux débats culturels et scientifiques du monde. La vitalité de la culture catalane aux xiii e et xiv e siècles coïncide avec la période à son apogée du pouvoir politique de la Couronne catalano-aragonaise et de son expansion en Méditerranée. Grâce à ses relations en Italie, Bernat Metge (xiv e-xv e siècles) introduit l’humanisme dans la culture catalane tandis qu’avec Ausiàs Marc (xv e siècle), le rattachement de la poésie locale aux grands thèmes du moment se trouve renforcé. Depuis lors, la liste des artistes et intellectuels catalans à vocation universelle est connue : Antoni Gaudí, Narcís Monturiol, Josep Carner ou Carles Riba sont quelques uns parmi les noms qui, grâce à l’universalité de leur œuvre, ou par leur volonté d’ouvrir des ponts entre la culture catalane et la modernité européenne, incarnent cette tradition. Déjà à l’avant-garde, Joan Miró, Salvador Dalí ou Pablo Picasso (lors de son étape en Catalogne) s’érigent en grands référents universels de la culture catalane sur une constante qui trouve dans des artistes comme Antoni Tàpies ou Jordi Savall quelques uns de ses noms actuels (Pla, 2007 ; Sobrequés, 2012).

16 Bien au-delà de ces référents individuels, dans le dialogue entre identité et cosmopolitisme on trouve aussi une tradition importante de fêtes populaires qui sont une autre expression de la culture partagée par les catalans. Des géants, des châteaux humains (castellers), des grosses têtes, des diables et démons, des feux de tout type, des bals, danses et chœurs ont été l’expression principale d’une culture enracinée sur place. Chaque fête renferme un récit ou un rituel en lien avec l’histoire du village qui l’accueille. Ces fêtes populaires, suivies massivement sur tout le territoire catalan, ont lieu pour la plupart sur l’espace public, où tout un chacun est participant actif et non pas seulement spectateur, et comptent sur la participation tout à la fois de personnes de générations différentes. Leur enracinement dans l’histoire du territoire et leur présence dans tous les villages et villes contribuent à en faire l’ une des singularités de la culture catalane contemporaine (Keown, 2011).

17 L’importance des fêtes populaires en Catalogne coexiste avec d’autres manifestations d’origine urbaine et à vocation générale, ce qui démontre la compatibilité entre identité et cosmopolitisme, confirmant la thèse d’Anthony Appiah suivant laquelle le cosmopolitisme consiste à accepter simultanément la diversité des cultures et l’unité de l’Humanité (Appiah, 2008b).

18 Le débat sur le cosmopolitisme de la Catalogne a été favorisé par la venue de personnes originaires d’autres parties du monde dans un mouvement d’immigration sans précédent. Comme dans beaucoup de pays européens, l’immigration d’origine mondiale a élargi les limites de la sphère publique catalane et a relancé le débat sur l’identité et sur celui considéré comme étranger en Catalogne (Garcés, 2013). Malgré le fait d’avoir été un phénomène important et très rapide, la nouvelle immigration mondiale n’a pas entrainé pour l’instant de sérieux conflits de voisinage. Certains experts attribuent ceci au souvenir encore très présent de l’émigration espagnole et de la dictature bien que l’apparition périodique de marques de racisme latent confirme qu’il s’agit d’un équilibre très précaire.

19 Face à la nouveauté de ce phénomène, la Catalogne laisse cependant en suspens le débat sur la question de savoir s’il convient d’opter pour un modèle multiculturel propre au monde anglo-saxon, qui reconnaîtrait les différentes identités culturelles à l’intérieur d’une même société ou bien pour un modèle plus proche du modèle français dans lequel les disparités culturelles se dissoudraient grâce au contrat social reposant sur l’égalité des personnes. Quoi qu’il en soit, le débat sur les frontières de l’identité catalane continue d’être aujourd’hui plus agité que jamais.

Culture Catalane, Culture en Catalan ? La question de la langue

20 La langue est le pivot principal de la culture catalane dont la défense et la protection constitue l’un des arguments majeurs du nationalisme catalan.

21 Langue romane dérivée du latin, le catalan trouve dans les Homilies d’Organyà du xii e siècle l’un de ses textes écrits les plus anciens. Avec une remarquable tradition littéraire qui remonte au Moyen-Âge, le catalan est aujourd’hui une langue de culture, codifiée, normalisée et standardisée qui rassemble plus de dix millions de locuteurs et s’étend bien au-delà de la Catalogne jusqu’à la Communauté de Valence, les Iles Baléares, l’Andorre (dont il est la la langue officielle), le sud de la France et la ville d’Alguer/Alghero en Sardaigne (Sobrequés, 2012 ; Institut Ramon Llul).

22 La vulnérabilité du catalan provient de l’absence d’un État qui l’officialise comme sa propre langue – la Constitution espagnole le reconnaît bien comme langue officielle mais uniquement sur le territoire catalan – et par son voisinage avec une langue d’envergure mondiale comme le castillan. Sa faiblesse dérive aussi des difficultés et prohibitions subies au cours de son histoire tel que le Décret de Nueva Planta de Philippe V au xviii e siècle et la dictature de Franco au xx e siècle (Castellet, 1983 ; Muñoz, 2007 ; Sobrequés, 2012).

23 Cependant, après presque quarante ans de démocratie et de présence à l’école, le catalan paraît aujourd’hui une langue normalisée. Actuellement, 95,20% des Catalans comprennent cette langue, 79,10% savent la lire et 73,20%, la parler bien que seulement 55,80% sachent l’écrire (Institut d’Estadística de Catalunya). Ce bas niveau dans la maîtrise de l’écriture est un signe de la situation ambigüe du catalan. En effet l’étendue quasiment universelle de sa connaissance n’a pas été accompagnée d’un usage social équivalent et sa présence dans la sphère publique est encore très instable.

24 Le catalan est la langue véhiculaire de la vie politique, sociale, culturelle, éducative et elle s’appuie sur une présence correcte dans les médias, avec quelques variations. Environ 50% des citoyens de Catalogne écoutent la radio en catalan et en même temps peuvent lire la presse écrite dans cette langue malgré qu’il n’y ait que 31% de journaux à être publiés en catalan. Également, l’audimat des télévisions en catalan est relativement bas (20%). Cependant, le catalan est une langue qui jouit d’une présence importante sur Internet : avec plus de 400.000 articles, elle occupe la 15e position mondiale sur Wikipedia et la 19e sur le réseau social Twitter, bien au-dessus d’autres langues de même envergure. Les domaines pour lesquels le catalan détient durablement les pires chiffres de présence sont le cinéma, avec une place infime sur le marché, et la justice où seulement 8% des demandes et 13% des sentences sont formulées en catalan. Concernant sa présence sur le marché du travail, seulement 36,92% des offres d’emploi requièrent une connaissance de la langue catalane (Xarxa Cruscat, 2013 ; Plataforma per la llengua, 2013).

25 Au niveau international, le catalan est la 16° langue la plus parlée de l’Union Européenne, bien au-dessus des langues ayant leur propre État. Sa production littéraire est de plus de 12.000 titres annuels et son ouverture à d’autres cultures se perçoit bien à travers ses taux de traduction. Des auteurs comme Mercè Rodoreda, Salvador Espriu, Quim Monzó, Albert Sánchez Piñol ou Jaume Cabré ont été traduits dans plus de vingt langues. Inversement, 27,70% du total de la production éditoriale en catalan provient de la traduction d’autres langues (Ministerio de Educación, Cultura y Deporte, 2013). Le catalan est enseigné dans 161 universités et recouvre une communauté de 6000 étudiants de par le monde (Institut Ramon Llull).

26 Cette bonne santé, en général, du catalan ne s’est pas faite au détriment de la présence du castillan qui reste toujours considérable dans la vie culturelle et sociale de la Catalogne. Qui plus est, Barcelone est depuis des décennies le noyau du monde de l’édition en langue castillane. Encore aujourd’hui, les principales maisons d’édition dans cette langue ont leur siège dans cette ville qui, au cours des années 70, accueillit également ce que l’on a appelé alors le boom de la littérature latino-américaine avec la présence remarquable d’auteurs tels que Gabriel García Márquez, Mario Vargas Llosa ou Álvaro Mutis qui vécurent et produisirent une part importante de leur œuvre en Catalogne. Ces noms de la littérature latino-américaine ont accompagné une production littéraire en castillan remarquable avec des auteurs comme Eduardo Mendoza, Juan Marsé, Enrique Vila-Matas ou Carlos Ruiz Zafón qui occupent une place éminente sur la scène culturelle catalane et sont de prestigieux représentants du patrimoine culturel commun.

27 De nos jours, la Catalogne est une société pleinement bilingue dans laquelle la normalisation de la langue catalane dans la sphère publique cohabite, son sans difficultés, avec la présence d’une langue de niveau mondial comme le castillan. L’asymétrie entre ces deux langues, ainsi que les difficultés rencontrées au cours de son histoire par le catalan et l’absence d’un État protecteur, ont légitimé une politique linguistique érigeant le catalan comme langue vernaculaire à l’école, en garantissant en même temps le bilinguisme de ses étudiants (Direcció General de Política Lingüística, 1989). À l’heure actuelle, trente ans après la Loi de Politique Linguistique approuvée par le Parlement catalan en 1983, 94,60% des citoyens nés en Catalogne sont bilingues (Xarxa Cruscat, 2013 ; Plataforma per la llengua, 2013).

28 La politique linguistique ne s’est pas contentée de protéger le catalan mais a voulu également l’utiliser comme instrument de cohésion sociale sur un territoire dans lequel l’existence de deux langues comportait un risque de ghettoïsation et de fracture sociale. La devise était : « deux langues, un seul peuple ». Le catalan s’est transformé ainsi en l’un des instruments privilégiés pour créer un cadre commun de coexistence qui, en protégeant le catalan, accepterait la diversité culturelle et linguistique de la société catalane (Candel, 2008 ; Muñoz, 2007). Ainsi, de manière réitérée, cela est préservé par l’arsenal juridique ayant accompagné la création d’un cadre linguistique pour la Catalogne. Cette position s’est maintenue jusqu’à présent dans un panorama linguistique plus complexe en raison de la présence de plus de deux cents langues issues de l’immigration.

29 Malgré tout, l’équilibre de la cohabitation entre catalan et castillan demeure toujours précaire et source de vifs débats politiques. Malgré le fait que la Constitution reconnaisse la richesse linguistique de l’État, en pratique les gouvernements espagnols successifs ont eu de sérieuses difficultés pour assumer la pluralité linguistique, à travers des attaques politiques et judiciaires d’un modèle d’immersion linguistique, et dans le but de protéger une langue castillane qui ne sera jamais en danger en Catalogne. Cette animosité de l’Espagne à l’égard de sa propre pluralité et face à la singularité linguistique de la Catalogne est une clé pour comprendre l’actuelle progression du sentiment indépendantiste catalan. Entre-temps, le Statut d’Autonomie de la Catalogne proclame que le catalan est la langue propre à la Catalogne, langue officielle à égalité avec le castillan, celui-ci langue officielle dans l’ensemble de l’Espagne. Mais comment garantir un équilibre entre deux langues aussi disparates ? Comment assurer la pérennité du catalan au voisinage du castillan sans que ceci n’aille au détriment de la connaissance de cette langue également commune ?

30 La spécificité de la Catalogne, avec une culture qui lui est propre mais sans État, a provoqué une intense discussion sur la question de savoir si la culture catalane est celle qui s’exprime en catalan ou si, au contraire, c’est celle qui se déroule sur le territoire catalan indépendamment de la langue utilisée. Le nationalisme catalan s’est appuyé sur le principe du jus soli, qui reconnaît comme ressortissant toute personne née sur le territoire indépendamment de son origine sociale et culturelle. Quand ce débat s’applique à la culture et plus particulièrement à la littérature, la polémique s’installe. D’un côté, il y a ceux qui défendent le fait que la culture se limite à celle produite en catalan. De l’autre, ceux qui défendent l’idée que la culture catalane est celle qui a lieu sur tout le territoire, indépendamment de la langue dans laquelle elle s’exprime, arguant du fait que le castillan est également langue officielle et maternelle de beaucoup de catalans. L’équilibre est fragile et la controverse est montée en flèche à l’occasion de l’attribution des prix littéraires ou lorsque la culture catalane a été l’invitée d’honneur de rencontres internationales comme la Foire de Guadalajara en 2004 ou celle de Francfort en 2007. Le consensus provisoire, non exempt de polémiques, énonce que la culture catalane est celle qui se produit en Catalogne tandis que la littérature catalane serait celle écrite en catalan (en intégrant ainsi celle rédigée dans cette langue aux Iles Baléares et à Valence).

31 Ainsi donc la situation du catalan présente aujourd’hui un scénario trouble. Tandis que l’extension historique de sa connaissance et sa normalité dans la sphère publique sont indubitables, l’inexistence d’un usage social analogue tout comme son assise par rapport au castillan suscitent un débat politique intense. Finalement, la question de fond c’est de savoir si un État moderne est capable de défendre la richesse culturelle et linguistique qu’il renferme ou si, à l’inverse, toute culture ayant une aspiration à la normalité a irrémédiablement besoin d’un État protecteur. La discussion sur la coexistence entre culture, territoire et État est à l’ordre du jour.

Barcelone, capitale sans État

32 Barcelone est une ville de 1 million et demi d’habitants avec un rayonnement social et culturel qui concerne une aire métropolitaine de 4 millions et demi d’habitants ainsi que l’ensemble des 7 millions de catalans. En tant que capitale de la Catalogne, Barcelone recueille et concentre les pivots qui définissent la culture catalane, c’est-à-dire le dialogue entre identité et cosmopolitisme et la richesse linguistique d’un territoire avec sa propre langue, deux langues officielles et plus de deux cents langues vivantes sur son espace public (Fuentes-Calle, 2010). Barcelone est une cité métissée, hybride qui repose sur une culture d’origine urbaine et aux pulsions mondialistes associée à un large spectre de culture populaire enracinée dans de longues traditions.

33 Sa proximité avec la France et l’Europe et son accès à la Méditerranée ont fait de Barcelone une ville traditionnellement ouverte et accueillante. Barcelone est de plus en même temps une cité périphérique et sa relation avec le centre de l’Espagne, avec le sud de la France et comme limite la mer, l’ont transformée en une ville aux frontières floues. Avec une vocation cosmopolite manifeste, Barcelone s’est distinguée par le fait d’avoir une société civile forte et une vocation à être une capitale sans État, ce qui a contribué à la rendre en même temps affranchie de toutes les servitudes inhérentes au statut de véritable capitale et rebelle à chaque instant de son histoire. La créativité traditionnelle de Barcelone ne peut se comprendre sans cette condition de capitale sans État, de ville périphérique, avec une position géographique privilégiée et une conscience civile forte et obsédée par le questionnement sur soi-même.

34 Dans ce malaise permanent, avec son poids politique, démographique et culturel, Barcelone a produit une longue tradition de réflexion sur la ville et l’architecture historiquement confrontées au nationalisme, qui voyait au travers de la cité métropolitaine une compétition dangereuse pour la nation en tant qu’espace politique dominant en Catalogne. La tension entre ville et nation a été fructueuse intellectuellement même si elle a fini par déboucher sur un échec politique car elle a rendu difficile le fait de concevoir Barcelone et la Catalogne comme une seule et même réalité, unique.

35 La renaissance culturelle de Barcelone apparait au début des années 80 avec la récupération de la démocratie. Après les premières élections locales de 1979, la nouvelle municipalité, comptant sur la collaboration d’un groupe important d’intellectuels et d’architectes, soucieux d’imaginer au cours des dernières années de la dictature l’avenir de Barcelone, décida de miser sur la culture comme l’un des vecteurs du développement urbain. Au début des années 80, on conçoit un plan pour créer une série d’équipements culturels, à savoir des musées, des théâtres et des auditoriums inexistants après la dictature. L’implantation d’institutions culturelles constituerait alors le moteur de la régénération du centre historique, accompagnée d’une culture de l’espace public valorisant des espaces et intégrant symboliquement les périphéries les plus modestes dans l’imaginaire collectif de la cité. La tenue des Jeux Olympiques en 1992 a donné une impulsion décisive pour installer durablement Barcelone en tant que capitale culturelle, contribuant à la modernisation de la ville, la renforçant aussi dans sa conviction d’être une capitale sans État. Les années 90 voient surgir le Musée d’Art Contemporain de Barcelone, le Centre de Culture Contemporaine de Barcelone, l’Auditorium, le Musée National d’Art de Catalogne rénové, le Théâtre National ou la Fondation Tàpies qui viennent confirmer l’activité culturelle d’une ville disposant déjà de la Fondation Joan Miró, du Liceo, du Théâtre Lliure, du Musée Picasso ou de la Filmothèque de Catalogne. Ce réseau d’équipements a apporté les infrastructures nécessaires pour exposer la créativité d’une ville dynamique qui jusqu’alors ne disposait pas d’espaces adéquats. Le nouveau système d’équipements culturels confirmait la vocation de capitale de Barcelone, capable de rivaliser à l’échelle internationale.

36 Cet essor culturel a eu ses prédécesseurs, les plus évidents, à travers les efforts de la Mancomunitat de Cataluña (1914-1923) qui implanta un réseau d’institutions culturelles et éducatives contribuant à la modernisation de la Catalogne (Castellet, 1983 ; Sobrequés, 2012). Barcelone profita aussi de ce précédent pour créer alors un réseau de bibliothèques publiques grâce auquel elle chercha à généraliser l’accès à la culture. Encore aujourd’hui les bibliothèques publiques représentent un élément fondamental de la vie culturelle de la cité qui, grâce à la consultation gratuite d’un excellent catalogue de livres, de films, de musique et de multiples activités publiques, renforce l’égalité d’accès des différents quartiers. Les nouveaux équipements nationaux et le réseau des bibliothèques cohabitent avec un maillage de petits instituts, centres civiques, clubs sportifs et chorales qui façonnent la société.

37 Dans les années 90, l’ensemble de ces affiliations diverses, une série également de groupes indépendants constitués d’artistes, de cinéastes et de poètes se lancèrent dans la création de festivals, de rencontres et d’espaces informels autour d’institutions centrales. Grâce à cette vitalité on assiste à la naissance de festivals de danse, de poésie, de cinéma indépendant, création audiovisuelle et de musique qui durant longtemps conférèrent à Barcelone un dynamisme bien au-delà des circuits officiels. Dans cet esprit est apparu, par exemple, le Festival Sónar, rencontre de musique électronique créé par trois jeunes gens qui, avec le temps, s’est transformé en une référence européenne en ce domaine qui réunit chaque année des milliers de personnes et exporte son modèle dans d’autres villes dans le monde.

38 En même temps, Barcelone a prouvé qu’elle continuait à rester une ville avec sa propre identité, forte mais aussi métissée, dans laquelle les fêtes populaires de longue tradition coexistaient avec d’importantes écoles de flamenco et de rumba. Barcelone a consolidé par là même sa situation de ville hybride, figure majeure de la Catalogne dans le monde mais aussi siège du monde de l’édition en langue castillane. Des maisons d’édition publiant dans les deux langues et une série de librairies présentant des œuvres dans les principales langues européennes ont renforcé l’image d’une ville ouverte, riche culturellement, fière de son identité, de son métissage et de son poids cosmopolite. Barcelone était une cité avec le meilleur d’une capitale de la culture sans les servitudes d’une véritable capitale, sans palais royaux ni espaces courtisans. Barcelone cultivait ainsi l’image d’une ville dynamique, inimaginable, capable de surprendre et de laisser éclore des mouvements spontanés en parallèle aux circuits institutionnels.

39 Cette renaissance culturelle de Barcelone (1990-2010) a coïncidé avec l’émergence de la mondialisation, fruit de l’explosion des nouvelles technologies, de l’ assouplissement des frontières et d’une circulation, plus importante, des personnes et des idées qui a contribué à modifier l’imaginaire culturel de la ville. L’arrivée de l’immigration mondiale a contribué, également, à cette mutation. Tout à coup dans les rues de la cité ont résonné des langues comme l’hindi, l’arabe ou l’ourdou, et Barcelone est restée connectée pour toujours avec d’autres villes du globe à travers un faisceau de contacts familiers et culturels. Ces années resplendissantes ont correspondu aussi à l’arrivée à l’âge adulte de cette génération née sous la démocratie qui avait grandi bilingue, avait voyagé, parlait plusieurs langues et parvenait à être les protagonistes (producteurs et consommateurs) du nouveau scenario culturel.

40 Ce modèle de Barcelone, unissant la culture à l’espace public, a bénéficié avec les Jeux Olympiques de 1992 d’une occasion considérable pour son rayonnement international, un mouvement irrésistible qui fit que, vingt ans après, et avec l’aide de la mondialisation, Barcelone s’est transformée en une ville touristique de premier ordre mondial. Aujourd’hui des millions de personnes visitent chaque année la ville et le tourisme s’est imposé comme son principal moteur économique. En contrepartie, la ville a commencé à donner priorité au tourisme, en oubliant un modèle basé sur la qualité de vie de ses citadins et dans une carte culturelle qui était à la fois moteur et reflet d’une grande créativité. Maintenant, investir en hôtellerie et orienter l’offre culturelle en fonction des attentes des navires de croisières ont supplanté l’alimentation du réseau culturel qui autrefois lui conféra du prestige. La conversion de Barcelone en une marque touristique a été l’amorce de sa décadence culturelle.

41 La crise économique, survenue en 2008, est venue aggraver le malaise actuel de la culture catalane. La diminution des subventions publiques et la faible importance reconnue à la culture par les gouvernements de Barcelone et de la Catalogne ont porté atteinte aux principales institutions culturelles de la ville. Des équipements publics et des festivals indépendants ont souffert des effets de la crise et de la défaillance de la protection publique, avec des budgets très contraints qui les ont obligés à revoir à la baisse leur ambition, à limiter leurs équipes et, dans certains cas, à fermer leurs portes. En réalité, cette crise économique a dévoilé le défaut d’ambition historique de la politique culturelle de la Catalogne et a mis en évidence le paradoxe considérable du nationalisme catalan qui, étant au départ un mouvement culturel, n’a pas considéré au cours de ces dernières décennies, et en regard de la maigreur des budgets qui lui ont été alloués, la culture comme un instrument de modernisation de la Catalogne (Muñoz, 2007).

42 En outre la récession économique a frappé un secteur culturel bouleversé avec le temps par trois grandes transformations de fond. En premier lieu, l’arrivée d’Internet a produit un changement cognitif créant l’illusion d’un savoir universellement accessible sur le réseau qui rendrait inutile la fréquentation des centres culturels. Comme partout dans le monde, les musées et les principales institutions culturelles sont plongés dans une réflexion sur la question de savoir comment il convient de s’adapter à un public qui va bien au-delà des murs de leurs édifices.

43 La deuxième mutation, c’est la tendance qui fait que l’on assiste à la décentralisation relative des foyers de création culturelle. À l’heure actuelle, à Barcelone, la culture n’est déjà plus nécessairement le produit des institutions culturelles officielles mais surgit dans des espaces à la marge, alternatifs, modestes et indépendants enracinés dans les quartiers. De petites librairies, du théâtre et du cinéma indépendant dans des espaces anodins représentent aujourd’hui les foyers les plus créatifs de la ville. Ce mouvement est le produit de la récession économique et par conséquent de la précarité et du manque d’ambition culturelle des institutions politiques. Mais cette décentralisation de la culture surgit également des cendres d’un modèle, beaucoup trop confiant dans les grandes institutions dépendantes de subventions publiques, et offre quelque signe d’espoir : la culture ne meurt pas mais elle trouve d’autres réseaux pour s’exprimer.

44 Finalement, le débat culturel dans la ville n’est pas éloigné du mouvement social et politique en faveur de l’indépendance de la Catalogne. Dans l’actuel contexte de récession, le débat culturel oppose d’une part, ceux qui considèrent que Barcelone devrait continuer à exercer son rôle de capitale culturelle européenne, en renforçant son réseau d’institutions de référence et le dialogue sur les thèmes de préoccupation mondiale, et d’autre part, ceux qui estiment que c’est l’occasion de prioriser le rôle de Barcelone en tant que capitale de la Catalogne. Cette controverse a connu sa traduction la plus solide avec l’ouverture du Centre Cultural del Born, érigé sur les ruines du siège de Barcelone par les troupes armées des Bourbons, ce qui dans le contexte actuel est perçu comme le symbole des problèmes historiques entre la Catalogne et l’Espagne.

45 Aujourd’hui la culture à Barcelone est menacée d’un appauvrissement. La combinaison des effets de la crise économique, le manque récurrent d’ambition dans le domaine culturel en Catalogne et la fin des aspirations cosmopolites de Barcelone autres que le tourisme mettent en danger les divers équilibres qui, aussi précaires qu’ils aient pu être, ont caractérisé à un moment donné la ville. Barcelone était une ville dynamique, imprévisible, dans laquelle un important réseau d’institutions culturelles cohabitait avec des mouvements en marge des circuits officiels et pleins de vitalité. Barcelone a démontré également qu’il était possible de mêler identité et cosmopolitisme. Aujourd’hui ces équilibres sont fragilisés et Barcelone se trouve plus que jamais coincée dans les dilemmes propres du fait d’appartenir à une culture sans État dans le contexte d’un monde toujours plus mondialisé.

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Mots-clés éditeurs : culture, Barcelone, nation, ville, immigration, État, cosmopolitisme, nationalisme, identité, Catalogne, diversité, langue, Espagne

Date de mise en ligne : 15/07/2014

https://doi.org/10.3917/psud.040.0121

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