Notes
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[1]
Z. Bray remercie les professeurs H. Donnan (Queens, Belfast), T. M. Wilson (Binghimton) et C. Joppke (Russell Sage Foundation). J.-B. Harguindéguy remercie les professeurs F. Morata (UAB, Barcelone), J. Palard (IEP, Bordeaux), H. Peres (CEPEL, Montpellier) et A. Smith (IEP, Bordeaux). Z. Bray et J.- B. Harguindéguy remercient tous deux M. Keating et le comité de lecture de Pôle Sud pour leurs conseils et leur patience.
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[2]
Ce faible poids politique ne signifie pas que le nationalisme basque n’a aucun écho en France. En fait, l’importance symbolique des partis abertzale en France est démesurée par rapport à leur appui électoral (Grilli di Cortona, 2001, p. 185).
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[3]
Propos recueillis dans Atlantica, n° 1, mai 1991, p. 6.
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[4]
Réflexion suscitée par Francesc Morata.
1Depuis l’entrée en vigueur de l’Acte Unique au premier janvier 1992 les accords de coopération transfrontalière se multiplient en Europe. On peut brièvement définir la coopération transfrontalière comme "tout type d’action concertée entre les institutions publiques de deux (ou plusieurs) États voisins, appliquée dans des zones ou des territoires situés des deux côtés d’une frontière, dans le but de renforcer les relations de voisinage entre ces États et leurs collectivités territoriales respectives par l’utilisation de tous les moyens de coopération disponibles" (Pérez González, 1993, p. 545).
2J.-P. Leresche (1996, p. 235) a mis en évidence les changements institutionnels qu’implique la coopération transfrontalière. L’apparition de nouveaux ensembles territoriaux fonctionnels pousse selon lui à redéfinir les niveaux de décision traditionnels, en asymétrie avec la réalité des échanges. Nous prolongeons cette théorie en avançant l’hypothèse selon laquelle ces restructurations politico-administratives ont aussi un impact sur l’identité des citoyens frontaliers mais que celle-ci, de par sa nature fluide et protéiforme, évolue en fonction du contexte dans lequel elle est mobilisée.
3La littérature sur le problème des changements identitaires liés à la coopération transfrontalière est assez réduite. Les géographes C. Raffestin, (1974) et J. R. V. Prescott, (1978) ont été parmi les premiers à insister sur l’effet de filtre cognitif que produisaient les frontières sur les populations locales. L’historien P. Sahlins (1939) a consacré un ouvrage à la frontière pyrénéenne entre la Catalogne française et espagnole en démontant le mécanisme d’intégration nationale déployé par les deux États dans une région à l’origine homogène. La science politique a longtemps fait figure de retardataire sur ce terrain. Prisonnière d’une vision wébérienne stricte de l’État et des frontières, elle ne s’est que récemment débarrassée de ses œillères (Bach, Leresche, 1995, p. 443).
4Notre étude s’inscrit à la charnière entre la science politique et l’anthropologie sociale en prolongement des travaux de L. O’Dowd et T. Wilson (1996) et T. Wilson et H. Donnan (1998) qui ont analysé les (re) compositions identitaires dans de nombreuses régions frontalières d’Europe dans une perspective comparée. Elle s’alimente également de la réflexion de F. Barth (1969) sur l’érection de frontières symboliques entre communautés et que Z. Bray (2003) a prolongé sur le plan des identités individuelles (Peres, 2001, p. 57) activées en fonction du contexte.
5Nous nous focalisons ici sur un cas singulier de coopération : le Consorcio Bidasoa-Txingudi (aussi appelé Partzuergoa en basque). Cette structure est une institution intercommunale transfrontalière de droit espagnol qui relie depuis 1998 les trois villes de la baie de Txingudi, au Pays Basque, à l’ouest des Pyrénées : Hendaye en France, Irun et Fontarabie en Espagne.
6Notre interrogation porte sur l’effet de la coopération transfrontalière sur les sentiments identitaires des habitants de cette zone. La politique transfrontalière du Consorcio est envisagée comme un projet porteur de normes et de valeurs qui forment une idéologie, un "principe d’identité collective" (Taylor, 1992, p. 59), qui s’exprime à travers diverses initiatives culturelles, politiques, sociales et économiques. Comme l’affirme l’un des responsables du Consorcio à la mairie d’Hendaye, il s’agit de "construire du pays", de fédérer les habitants de la baie autour d’un projet commun.
7De par sa position géopolitique, la baie constitue un cas d’étude particulièrement riche. La frontière communale y est aussi une frontière entre les provinces traditionnelles basques du Labourd et du Guipuzcoa, entre le Département des Pyrénées-Atlantiques et la Députation du Guipuzcoa, entre la Région Aquitaine et la Communauté Autonome d’Euskadi (CAE), entre la France et l’Espagne, et jusqu’en 1986 entre la Communauté Économique Européenne et le reste de l’Europe. Ce territoire gigogne est le théâtre d’un enchevêtrement complexe d’expériences politiques, culturelles et linguistiques parfois extrêmement conflictuelles avec en toile de fond la présence du groupe séparatiste armé ETA (Euskadi ta Askatasuna – Pays Basque et Liberté).
8Il s’agit de découvrir si l’action du Consorcio a provoqué un changement des représentations identitaires et quelle est la nature de ce changement. Autrement dit, nous cherchons à savoir si l’espace de représentation identitaire traditionnel est devenu un espace transfrontalier et si cet espace transfrontalier de représentations implique une identité européenne.
9Deux théories classiques s’opposent sur ce point. D’une part, le néo-fonctionnalisme postule que les habitants de Txingudi ne sont plus simplement espagnols, français ou basques… mais qu’ils sont désormais des citoyens transfrontaliers, européens ; d’autre part, la thèse réaliste affirme que rien n’a réellement changé et que le Consorcio se résume à un simple affichage politique. Selon nous, ces identités sont activées selon les différents contextes sociaux, politiques, économiques et culturels au sein desquels se meuvent les habitants et ont donc un caractère éminemment fluide.
10Notre investigation est fondée sur une revue de la littérature existante, une série d’entretiens non-directifs avec des acteurs politiques, économiques, culturels et sociaux de la baie et plusieurs séances d’observation participante entre 2000 et 2002. Nous avons retenu trois cas d’étude (les territoires communaux), comparés sur la base de quatre critères transversaux (identités’ locale, régionale, stato-nationale et globale).
11Nos résultats tiennent en trois points. Le premier définit le rapport entre la frontière et le territoire. Le second tâche d’éclaircir la nature et la fonction du Consorcio. Enfin, le troisième s’interroge sur les recompositions identitaires dans la baie de Txingudi.
Des territoires frontaliers en mutation
12Une zone frontalière est un territoire divisé par une frontière. Cette dyade y exerce les quatre fonctions décrites par C. Raffestin (1974) :
13En premier lieu, la frontière est une ligne disjonctrice qui traduit un pouvoir, une souveraineté. Les États modernes contrôlent leurs frontières mais au-delà leur pouvoir s’affaiblit. La baie de Txingudi est profondément marquée par la frontière qui s’est imposée à partir du Traité des Pyrénées en 1659, puis a été réaffirmée lors du Traité de Bayonne de 1866. Elle fut complètement fermée lors de l’avènement du régime franquiste jusqu’aux années 1950.
14En deuxième lieu, la frontière régule les entrées et sorties. Les services de la police de l’air et des frontières jouent un rôle fondamental dans ce filtrage frontalier qui continue depuis l’Acte Unique de façon plus discrète. En ce sens, la présence de la douane à Hendaye et Irun est fondamentale. Elle s’est profondément ancrée dans le territoire et les esprits et est régulièrement réactivée durant les campagnes anti-terroristes.
15En troisième lieu, la frontière différencie et préserve l’asymétrie entre deux entités. C’est grâce à ce pouvoir de division que des cultures différentes peuvent s’épanouir séparées par une ligne protectrice. Dans notre cas, malgré un patrimoine basque commun, les habitants ne s’identifient pas toujours comme un groupe homogène du fait de leur intégration différenciée côté français et espagnol.
16Enfin, la frontière a un rôle de mise en relation. Elle rassemble des voisins autour d’une expérience frontalière commune. Ces activités de coopération transfrontalière se sont fortement développées depuis vingt-cinq ans. Les relations autour de la baie ont pourtant toujours existé. Durant la Guerre Civile, de nombreux Espagnols trouvèrent refuge côté français, alors perçu comme une terre d’accueil. Plus tard, beaucoup d’habitants d’Irun et Fontarabie sont venus travailler en France. Ce brassage a favorisé la constitution de familles transfrontalières ; une frontière que certains perçoivent d’ailleurs comme une simple barrière régionale – muga en basque – reliant Basques du nord et du sud. Aujourd’hui encore, les Hendayais effectuent leurs achats de cigarettes, d’alcool et d’essence en Espagne, sans parler de la contrebande – mugalana – qui a longtemps prospéré à la barbe des autorités françaises et espagnoles. Zone de passage, le développement des douanes et du transport de marchandises a eu un effet entraînant sur l’ensemble de l’économie de la baie. Avec la disparition des contrôles frontaliers fin 1999 et le déclin des activités qui s’y rattachaient, les élus locaux ont pris conscience du besoin de travailler ensemble.
17Une des conséquences de la multiplication de ces initiatives transfrontalières est la formation de territoires hybrides à cheval entre deux États. Il s’agit d’espaces de vie où la frontière s’apparente plus à une zone qu’à une ligne (Prescott, 1987). Cela signifie qu’au-delà de la rupture imposée par la frontière les contacts entre frontaliers sont fréquents. Dans notre cas, l’adoption du terme "Txingudi" en tant que patronyme d’un hypothétique territoire transfrontalier reflète l’émergence d’une nouvelle conception spatiale créée de toutes pièces. Ce terme se référait initialement à une partie marécageuse de la baie, mais il aurait été récupéré par le Consorcio du fait de sa consonance basque jugée propre à séduire et mobiliser les habitants des deux rives (San Martin, 1998).
18Pour J.-P. Leresche (1996, p. 235) les territoires transfrontaliers ne sont pas des catégories de zonage explicitement reconnues par les États. Ce sont des territoires fluides qui n’émergent qu’à la suite d’une prise de conscience des frontaliers du décalage existant entre les territoires institutionnels classiques et les territoires fonctionnels apparus sous l’effet de la coopération. Ces individus distendent alors leurs liens avec leurs territoires institutionnels de référence et en lient de nouveaux avec les territoires transfrontaliers émergents. La cohérence des territoires transfrontaliers n’est pas totale et leur dynamique dépend autant de leurs États respectifs que des acteurs locaux. Territoires de superposition plutôt que de substitution, ils sont en outre rarement dotés d’une mémoire collective propre.
La coopération transfrontalière en actes et en symboles
19Le Consorcio est le prolongement d’une politique plus large initiée dans les années 1970 sous la pression du Conseil de l’Europe. En proposant la Convention sur la Coopération Transfrontalière à Madrid le 21 mai 1980, le Conseil fixait un cadre juridique respectueux de la souveraineté des États. La France et l’Espagne conditionnèrent cependant l’application de la Convention par la signature d’un accord bilatéral préalable signé à Bayonne le 10 mars 1995.
20Le Consorcio existe officiellement depuis 1998, mais l’union entre les trois communes remonte au début des années 1990 lorsque les élus créèrent l’Eurodistrict. Cette structure semi-officielle de coopération intercommunale transfrontalière visait à établir des synergies entre acteurs frontaliers en organisant principalement des événements culturels et sportifs tels que la publication de la revue trimestrielle Bidasoa Txingudi et l’organisation de la fête annuelle Txingudi Eguna (Jour de Txingudi). À la suite de la signature du Traité de Bayonne en 1995, l’Eurodistrict s’est converti en Consorcio, structure dotée de la personnalité juridique et reconnue par la France et l’Espagne.
21Le fonctionnement du Consorcio est assuré par les conseils municipaux des trois communes et l’agence de développement Bidasoa Activa. La direction politique du Consorcio est assurée par des Commissions de Travail Thématiques chargées de formuler des propositions à un Conseil Général Transfrontalier dont la présidence tournante revient aux maires à part égale bien qu’Irun finance le Consorcio à 50 % et Hendaye et Fontarabie à 25 % chacune. L’agence de développement Bidasoa Activa se charge des aspects techniques. Basée à Irun et créée par les municipalités d’Irun et Fontarabie, cette entité semi-privée regroupe des techniciens qui analysent et mettent en œuvre les projets socio-économiques de ces deux communes ainsi que ceux du Consorcio.
22Politiquement, le Consorcio a eu des difficultés à trouver sa place parmi les institutions existantes. Développée sur fonds propres cette initiative s’est heurtée aux susceptibilités locales. Côté français, le département et les communes voisines considéraient cette structure de droit espagnol avec suspicion. La présence du maire socialiste d’Hendaye (PSF) K. Ecenarro au sein d’un département dominé par le centre-droit (UMP-UDF) favorisa cet isolement.
23En outre, l’agglomération Bayonne-Anglet-Biarritz constituait au même moment une structure intercommunale transfrontalière en partenariat avec Saint-Sébastien – l’Eurocité Basque – afin de coordonner le développement urbain de la côte selon une stratégie différente de celle du Consorcio. Se superposait une lutte entre leaders locaux pour bénéficier de la légitimité de ces projets transfrontaliers (Morata, 1995, p. 117 ; Genieys, Valarié, 2001, p. 95). La situation s’est récemment débloquée et le Consorcio participe désormais aux activités de l’Eurocité.
24La Région Aquitaine a toujours apporté un soutien moral au Consorcio ; soutien renforcé par l’adhésion du président A. Rousset au PSF. En outre les projets transfrontaliers de la région Aquitaine, c’est-à-dire le Fonds Commun Aquitaine-Euskadi et la Communauté de Travail des Pyrénées, évoluent à une échelle territoriale d’envergure régionale et ne sont pas incompatibles avec une collaboration plus localisée.
25Côté espagnol, l’appartenance commune du maire de Fontarabie B. Jauregi, du président de la députation et du Lehendakari (président de la CAE) au Parti Nationaliste Basque (PNV) a assurément joué un rôle d’amortisseur malgré la présence du maire socialiste d’Iran (PSOE) J. A. Santano. Pourtant, les projets du Consorcio commencent à concurrencer les communes proches, plus particulièrement Bilbao, dont les responsables du développement urbain ont vivement critiqué la construction du salon de foire exposition FICOBA qui a ouvert ses portes en octobre 2003 à Irun.
26Le seul support indéfectible – politique et financier – qu’a reçu le Consorcio depuis ses débuts est venu de la Commission Européenne qui en a fait une des vitrines du programme d’aide aux projets transfrontaliers INTERREG (Commission, 2002). Depuis 1990, le Consorcio reçoit des fonds INTERREG pour des projets en adéquation avec les critères actuels de la Commission alliant développement local et socialisation transfrontalière/européenne. Le dernier en date consiste à fournir une mallette de jeux éducatifs sur le patrimoine local transfrontalier aux écoles primaires de la baie. Un processus de co-légitimation est donc en place entre les deux institutions.
27Plusieurs obstacles entravent pourtant l’efficacité du Consorcio. Tout d’abord, sa visibilité accrue est largement en décalage avec son poids politique réel. Il ne représente encore qu’une faible part du budget des communes et ne peut être considéré au mieux que comme une arène politique supplémentaire (Jobert, 1992, p, 219) et non pas une alternative aux conseils municipaux. Ensuite, il n’y a pas de réel accord sur la nature à lui conférer (Genieys, 1999, p. 356). Pour les nationalistes basques, se trouvant majoritairement à Fontarabie, c’est une coopération entre Basques du sud et du nord ; à Hendaye c’est une simple coopération entre voisins ; à Irun il s’agit plutôt d’une initiative d’intérêt socio-économique. Enfin et surtout, s’il semble que les gestionnaires du Consorcio sont progressivement devenus des professionnels du transfrontalier par l’acquisition des normes requises (bilinguisme, connaissance en droit comparé, etc.), au moins au niveau discursif, rien n’indique qu’il en soit de même pour le reste de la population. Dès lors, il s’agit de découvrir si le Consorcio a réussi mobiliser et à diffuser de nouvelles valeurs qui sous-tendent sa stratégie (Smith, 1989, p. 349). Sans sous-estimer les modifications en cours, nous allons voir que la symbolique du changement est en décalage avec la réalité (Sorbets, 1989, p. 151).
Identités en recomposition dans la baie de Txingudi ?
28Un aller-retour systématique est effectué entre identités historiques, identités revendiquées et pratiques identitaires, Ce chassé-croisé permet de recouper les informations et d’en tirer des conclusions nuancées.
Un fort attachement à l’identité communale
29La plupart des études menées sur les sentiments identitaires évacuent la question de l’appartenance locale alors qu’il s’agit d’un référent identitaire structurant. Le Consorcio est ainsi généralement accepté mais ne saurait se substituer aux communes qui sont envisagées comme les territoires de base de l’action publique et du positionnement identitaire.
30Hendaye est aujourd’hui une station balnéaire familiale d’environ 13000 habitants. La commune est apparue sur les cartes en 1629 et a longtemps eu une vocation militaire assurée par la présence de garnisons et d’une école navale. Cette position d’avant-garde française lui valut d’ailleurs d’être entièrement détruite par les troupes contre-révolutionnaires espagnoles en 1793. Le tourisme balnéaire et l’arrivée de la ligne de chemin de fer Paris-Madrid au xixe ont ensuite assuré sa prospérité (Delaunay, 1996, p. 153). Conformément aux travaux d’A. Percheron (1993, p. 200), les Hendayais se montrent farouchement attachés à leur commune. Sans rejeter en bloc l’idée de la coopération, nombre d’entre eux y voient une tentative de dilution dans un organisme supra-communal et un projet dirigé par Irun afin de faire supporter le poids de ses politiques aux villes voisines. Cela se traduit par des rapports de rivalité que certains politiques hendayais entretiennent avec le Consorcio.
31La crainte de l’invasion, même symbolique, constitue un élément pivot du discours. La population d’Hendaye comprend en effet 20 % de citoyens de nationalité espagnole ayant acquis des biens immobiliers en raison de leur coût inférieur à ceux du marché espagnol. Les écoles hendayaises sont également très prisées par les familles espagnoles qui y placent parfois leurs enfants. Enfin, ajoutons que la part de la population hendayaise d’origine espagnole est élevée, comme c’est d’ailleurs le cas de l’actuel maire d’Hendaye. Ce sentiment est renforcé par l’aide administrative qu’apporte le Consorcio aux Espagnols vivant en France. L’ancien maire R. Lassallette préfère cependant exalter le caractère bigarré de la population hendayaise : "Vous savez, à Hendaye, en cherchant un peu on est tous croisés d’Espagnols, de Français, d’Anglais, d’Arabes, de Basques, c’est ce qui fait notre richesse d’ailleurs (…)".
32Irun, ancien port romain d’Oiasso, est longtemps resté un hameau dépendant de Fontarabie. Son essor ne débute qu’avec l’installation de la douane en 1841 et l’arrivée du train en 1864. La ville devient alors réputée pour le dynamisme de son industrie. La crise de 1929 n’en est que plus fortement ressentie. Le bombardement franquiste de septembre 1936 anéantit la résistance républicaine et la plupart des bâtiments du centre-ville. Sous Franco, une grande caserne de Guardia Civil s’installe afin de faire respecter les états d’exception décrétés dans la province. Irun est aujourd’hui une commune industrielle et commerçante d’environ 55 000 habitants. La plupart des Irunais interrogés sont favorables au Consorcio. De nombreux habitants reconnaissent que le Consorcio permet de concrétiser des projets qui n’auraient pas lieu autrement. C’est le cas du salon FICOBA créé dans le cadre du Consorcio mais sur le territoire d’Irun. Conscients de la position de force de leur ville, certains Irunais souhaitent un approfondissement de la coopération, avec, pourquoi pas, une autorité élue au premier degré.
33Installée au bout de l’estuaire et faisant face à l’ancien port d’Hendaye, Fontarabie naît d’une charte octroyée par le pouvoir castillan. Elle sert autant de base arrière à la Reconquête que de bouclier contre la France. Longtemps poste militaire stratégique, Fontarabie est aujourd’hui un port de pêche et un site touristique classé au patrimoine national en 1963. La ville comptait 15036 habitants en 1999 et là non plus, le Consorcio n’apparaît pas comme une structure susceptible de se substituer à la commune. Le Consorcio est perçu comme une initiative intéressante mais pas comme une révolution. Le principal avantage qu’il soit susceptible d’apporter est un surplus de touristes attirés par la diversité de l’offre. En effet, une des premières décisions du Consorcio a été la mise en réseau des offices du tourisme, leur présentation conjointe lors des salons organisés en Europe et la construction d’un sentier découverte autour de la baie.
34La coopération apparaît aux yeux de certains comme un terrain neutre où les différends entre communes voisines n’ont pas droit de cité. L’idée d’une union plus forte par rapport à leur commune respective séduit mais la manière dont le projet est mené est aussi jugée trop bureaucratique.
L’ambiguïté de l’identité basque en Txingudi
35Historiquement, les trois communes du Consorcio sont situées au Pays Basque, mais la séparation et l’intégration en France et en Espagne ont différencié de manière profonde les deux rives de la Bidassoa (Sahlins, 1989).
36À Irun et Fontarabie la majorité des personnes interrogées perçoit la culture basque comme un pont culturel avec la rive française. Un des objectifs principaux du Consorcio est d’ailleurs d’encourager la pratique des trois langues parlées autour de la baie (castillan, français, basque) à travers un centre d’enseignement des langues et le traitement égalitaire du basque dans les communications officielles. Cette profession de foi est toutefois compliquée par les faits, À Irun, les deux forces politiques dominantes sont le PSOE et le Parti Populaire (centre-droit), deux partis défendant l’intérêt local mais selon une logique étatique. À Fontarabie, pourtant gouvernée par le PNV, le maire ne parle pas basque et la plupart des réunions s’effectuent en castillan.
37À Hendaye, le résultat est aussi contrasté. Le sentiment d’identité basque existe. Toutefois, il s’exprime plus par l’action culturelle que proprement politique (Keating, 1985, p. 1), même si ses variantes démocrate-chrétienne (PNV), social-démocrate (Eusko Alkartasuna-Solidarité Basque) et marxiste-léniniste (Abertzaleen Batasuna [Union Patriote] et Batasuna [Union] interdite en Espagne en octobre 2002 pour complicité supposée avec l’ETA) sont aussi présentes. L’unique parti nationaliste basque de la ville Biharko Hendaia a d’ailleurs peu de poids face aux partis français [2]. L’inexistence d’un espace politique purement basque est renforcée par la crainte du terrorisme que partagent certains habitants d’Hendaye, conscients de constituer un refuge de premier ordre pour l’ETA.
38Pour les nationalistes basques le Consorcio est seulement la concrétisation administrative d’une histoire commune. Le mythe d’un Pays Basque autrefois uni et séparé par la force entre l’Espagne et la France pendant la période de consolidation des Etats-nations consécutive à la Paix de Westphalie (1648) reste un leitmotiv puissant pour les radicaux. Ceci se traduit au niveau des conseils municipaux espagnols où la gauche abertzale — patriote, bien que critiquant le mode de gestion du Consorcio, s’abstient de tout blocage. Ses sympathisants considèrent en effet que la frontière franco-espagnole n’ a aucune légitimité et tâchent de la minimiser. Pour certains le Consorcio et les Txingudi Egunak rentrent dans le cadre des manifestations nationalistes basques célébrées chaque année en France ou en Espagne comme Herri Urrats (fête des écoles basques Ikastola), l’Aberri Eguna (jour de la patrie basque), ou la Korrika (course de relais pour la promotion du basque). Il ne s’agit donc pas de coopération transfrontalière mais simplement de coopération pan-basque.
39Malgré tout, il convient de préciser que l’identité basque est ressentie et exprimée différemment des deux côtés de la frontière (Jacob, 1994). En Espagne les radicaux revendiquent une indépendance inconditionnelle du Pays Basque et les modérés aspirent à la constitution d’une infrastructure socio-économique compétitive au niveau international ; en France les nationalistes (surtout AB) se focalisent sur l’affirmation culturelle et institutionnelle face à la France, ce qui passe notamment par la campagne pour la création d’un département basque.
Des identités stato-nationales différenciées
40Les identités stato-nationales française et espagnole sont présentes dans la baie. La preuve la plus évidente est l’usage majoritaire du castillan et du français dans tous les secteurs de la vie courante.
41Du côté sud de la Bidassoa l’ identité espagnole est généralement acceptée par la plupart des personnes interrogées mais parfois seulement en tant qu’identité complémentaire à l’identité basque. J. A. Ardanza, ex-président PNV de la CAE, résume ce point de vue par une formule lapidaire : "Je suis citoyen de l’État espagnol mais de nationalité basque" [3]. Cette distinction entre État et nation (Linz, 1993, p. 355) est une conception que semble partager la majorité des électeurs de Fontarabie à en juger par le résultat des élections municipales des vingt dernières années toutes remportées par les partis basques nationalistes. Les scores de l’ex-Batasuna à Fontarabie en faisaient la troisième force politique derrière le PNV et EA. La province du Guipuzcoa est la plus nationaliste d’Euskadi.
42D’une manière générale, on peut affirmer que l’identité espagnole est ressentie avec le plus d’intensité durant les confrontations avec d’autres États. À titre d’exemple, on peut citer les échauffourées entre marins d’Hendaye et de Fontarabie au sujet de leurs zones de pêche respectives, ou encore le blocage imposé par les agriculteurs français au trafic routier transfrontalier espagnol. 11 apparut dans ces cas que la fraternité basque avait des limites lorsque des intérêts économiques entraient en jeu.
43En ce qui concerne Irun, la présence d’un maire socialiste oblige à nuancer les propos précédents sur l’identité basque. Centre urbain à dominante industrielle, Irun a attiré une forte immigration castillane et andalouse dans les années 1950 et 1960. De même, les célébrations annuelles à Irun et Fontarabie de l’Alarde, défilé en costume militaire d’époque célébrant la victoire hispano-guipuzcoane sur les troupes françaises, tiennent lieu de rituels réunissant les habitants des deux communes malgré leurs différences d’origine et d’identification.
44À Hendaye, le Consorcio ne semble pas modifier substantiellement le sentiment d’appartenance à l’identité française. Comme le fait remarquer H. Peres (1993) sur la base des travaux d’E. Weber (1976) la politique de francisation menée par les institutions de la Troisième République a porté ses fruits, y compris dans les régions périphériques, mais sans pour autant annihiler les sentiments d’appartenance locale. Ainsi, jusqu’aux années 1960 une grande partie de la population hendayaise était bascophone. L’adhésion identitaire à la France a toujours été contrebalancée par un attachement à la culture locale. À l’exception des habitants récemment arrivés à Hendaye, la grande majorité des répondants assume l’identité française en complément avec l’identité basque, tout en réaffirmant leur caractère ouvert envers les autres expériences culturelles. Rappelons cependant qu’au début des années 1990, certains élus hendayais exprimaient des réticences quant au rapprochement avec les communes frontalières. Dans un sursaut de jacobinisme, d’aucuns n’hésitaient pas à pronostiquer qu’Hendaye se laisserait "envahir" et "bouffer" par "les Espagnols".
45À titre anecdotique on notera que les stéréotypes nationaux entre Français et Espagnols restent stables (Perez, 1994). Si les réponses des Français laissent apparaître soit une certaine indifférence voire un léger mépris, soit un vif intérêt parfois teinté d’une vision folklorique de l’Espagne, les réponses des Espagnols montrent clairement que même s’ils apprécient le cadre de vie de leurs voisins, ils perçoivent ces derniers comme "arrogants", "sûrs d’ eux", et "égoïstes". L’unique particularité de la baie de Txingudi est que les frontaliers français désignent leurs voisins d’Iran et de Fontarabie comme des "Basques espagnols", alors que ces derniers utilisent l’expression péjorative "gabachos" pour se référer indistinctement aux Hendayais et au reste des Français.
Identité transfrontalière ou identité européenne ?
46Un axe important de notre réflexion porte sur la capacité du Consorcio à fabriquer une identité qui ne soit ni communale, ni régionale, ni stato-nationale. Cette question en amène deux autres : une identité composite transfrontalière émerge-t-elle vraiment, et si oui, est-ce un simple localisme ou peut-on la qualifier d’européenne [4] ?
47Notre série d’entretiens a souligné qu’une majorité d’habitants de la baie de Txingudi revendiquait le caractère européen du Consorcio. B. Jauregi abonde d’ailleurs dans ce sens : "L’identité européenne n’est pas quelque chose qui se décrète à Bruxelles mais qui se construit chaque jour au niveau local".
48On peut cependant s’interroger sur ce sentiment général d’appartenance à une même communauté identitaire européenne. Le fait que la population observée s’accorde sur ce point est suspect puisque le spectre politique de la baie de Txingudi est extrêmement large et fragmenté. Ainsi, peut-être que cette unanimité sur l’identité européenne est, comme le pensent ses détracteurs, une coquille vide (Berten, 1992, p. 81).
49Divers auteurs ont mis en évidence le caractère flou du concept d’identité européenne dont chaque individu possède sa propre définition (Reif, 1993 ; Weiler, 1997, p. 495). En fonction de la fréquence des réponses, trois idéaux-types ont pu être établis. Le premier est celui d’Europe des ethnies. Certains individus interrogés perçoivent en effet l’identité européenne comme une identité englobant une mosaïque d’ethnies en lutte contre le pouvoir impérialiste des États. Le second est celui d’Europe des régions. L’identité européenne est cette fois une identité concentrique englobant les identités stato-nationales et les identités régionales. Enfin, le troisième est celui d’identité européenne par défaut où l’identité européenne n’assume qu’un rôle secondaire fonctionnel par rapport aux identités stato-nationales.
50L’observation des pratiques modère pourtant les jugements à l’emporte-pièce. Les Txingudi Egunak en tant qu’initiative entreprise par les autorités du Consorcio afin de fomenter les échanges culturels entre frontaliers ont été une bonne occasion de confirmer ces doutes. Les festivités se déroulent sur plusieurs sites répartis entre les trois communes. Sur chaque scène ont lieu des manifestations musicales et sportives. Un repas est organisé et les associations de la baie sont invitées à présenter leurs activités. De petits drapeaux basques, français, espagnols et européens (très discrets il est vrai) rappellent que l’événement a une envergure qui dépasse le simple cadre local. Pourtant, les représentations ne suivent pas nécessairement les pratiques quotidiennes. Il est révélateur par exemple de remarquer que peu des élus des trois communes participent aux activités culturelles organisées par le Consorcio, hors des présentations officielles. Comme le reconnaît un élu hendayais, "ce que nous faisons dans notre vie publique et dans notre vie privée est rarement la même chose".
51Il semble toutefois que depuis 1999, soit un an après l’officialisation du Consorcio, des transformations aient déjà lieu. Plusieurs signes (principalement les déclarations dans la presse et les réponses aux entretiens) indiquent que la baie de Txingudi est progressivement reconnue par ses habitants en tant que cadre de référence’ identitaire. Sans être proprement européenne, la communauté imaginaire (Anderson, 1983, p. 36) des habitants de Txingudi serait déjà transfrontalière. Reste à voir dans quelle direction évoluera cette situation et comment celle-ci sera interprétée par les habitants.
Le Consorcio comme catalyseur des représentations
52Au terme de notre enquête, il apparaît que la coopération transfrontalière n’a ni dilué l’identité des habitants de la baie de Txingudi, ni laissé ses citoyens indifférents. Le Consorcio ne modifie pas substantiellement les représentations. Il agit plutôt comme un catalyseur en accentuant des tendances déjà marquées.
53Reste que le Consorcio a ouvert une brèche dans les mentalités. Si durant la période précédente la baie semblait se caractériser par un rapport d’attraction-répulsion classique entre voisins frontaliers où la frontière exerçait pleinement ses fonctions de filtre cognitif, l’ère ouverte par le Consorcio a montré qu’un espace transfrontalier de réflexion et d’action était possible. Il y a bien socialisation, ou tout au moins sensibilisation à de nouveaux modes de vivre et de penser son environnement, mais ce processus reste incomplet en pratique.
54Le Consorcio est encore une structure expérimentale qui permet à chacun de projeter ses fantasmes politiques. Chacun l’instrumentalise en fonction de ses propres aspirations. Les principaux défis à relever pour l’approfondissement de cette démarche sont la démocratisation du mode de gestion, l’ampleur des compétences par rapport aux communes et la valeur des projets menés afin de ne pas en rester simplement au traitement de questions symboliques.
Bibliographie
Références
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Notes
-
[1]
Z. Bray remercie les professeurs H. Donnan (Queens, Belfast), T. M. Wilson (Binghimton) et C. Joppke (Russell Sage Foundation). J.-B. Harguindéguy remercie les professeurs F. Morata (UAB, Barcelone), J. Palard (IEP, Bordeaux), H. Peres (CEPEL, Montpellier) et A. Smith (IEP, Bordeaux). Z. Bray et J.- B. Harguindéguy remercient tous deux M. Keating et le comité de lecture de Pôle Sud pour leurs conseils et leur patience.
-
[2]
Ce faible poids politique ne signifie pas que le nationalisme basque n’a aucun écho en France. En fait, l’importance symbolique des partis abertzale en France est démesurée par rapport à leur appui électoral (Grilli di Cortona, 2001, p. 185).
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[3]
Propos recueillis dans Atlantica, n° 1, mai 1991, p. 6.
-
[4]
Réflexion suscitée par Francesc Morata.