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Article de revue

Transfert et contretransfert dans l’accompagnement vers les soins

Pages 49 à 53

Notes

  • [1]
    Bonnet Gérard : « le transfert dans la clinique psychanalytique. » PUF 1991. P. 16
  • [2]
    Freud Sigmund : « Cinq psychanalyse. » PUF, 1954
  • [3]
    Laplanche Jean et Pontalis Jean-Bertrand : « Vocabulaire de la psychanalyse. » PUF, 1967
  • [4]
    Lacan Jacques : « Le séminaire livre VIII. Le transfert. » Editions du Seuil, Champ Freudien, 1991
  • [5]
    Bonnet G.: id, p.17
  • [6]
    Texte de Freud en 1910 : « Perspectives d’avenir de la thérapeutique analytique. »
  • [7]
    Mijolla Alain : Dictionnaire international de la psychanalyse. Calmann-Lévy 2002
  • [8]
    Freud Sigmund : « La technique psychanalytique ». « Observations sur l’amour de transfert ». PUF, 1951, p.116
  • [9]
    Id, p. 130
  • [10]
    Balint Michaël : « le médecin, son malade et la maladie ». Payot, 1988.
  • [11]
    Id : p.35.
  • [12]
    Kestemberg Evelyne : La psychose froide. PUF, le fil rouge, 2001.
  • [13]
    Id, p. 205.
  • [14]
    Searles Harold : L’effort pour rendre l’autre fou, Gallimard, coll. « Folio-Essais », 2003 (1re éd. 1977)
  • [15]
    Kestemberg E. : id, p.211

Préambule

1 L’étude de ce qui se passe entre le thérapeute (l’accompagnant) et son patient (l’accompagné) et donc le transfert ne démarre pas avec Freud, mais a été l’objet de recherches et de réflexions bien avant lui, dès le XVIIIème siècle.

2 Ainsi, Frantz Anton Mesmer, médecin allemand (1734 - 1815) décrit des phénomènes d’émanation, de fluide, de magnétisme, d’influence de l’homme sur son semblable pour guérir les malades. Armand Marie Jacques Chastenet de Puységur (1751 – 1825), qui est un militaire, Général de Brigade, évoque des états de transe ou de sommeil lucide.

3 Plus récemment, Hyppolyte Bernheim [1], neurologue français (1840 – 1919) dans le cadre de ses travaux sur l’hypnose parle de suggestion, et Jean Martin Charcot, neurologue français (1825 - 1893) est connu pour ses travaux sur l’hypnose pour les traitements de l’hystérie à l’hôpital de La Salpêtrière.

4 Freud découvre le concept de transfert dans les années 1890 à propos du cas Dora qu’il relate dans « les cinq psychanalyse » [2]. Elle présente divers symptômes invalidants tels des difficultés respiratoires, une toux convulsive, des migraines, des manifestations de dépression. Freud est confronté au transfert de Dora, celui-ci constituant un frein à son traitement. Elle arrêtera sa cure au bout de 3 mois de façon précipitée alors que celle-ci n’est pas terminée. Freud n’a pas su comprendre le transfert de Dora. Il a centré son interprétation sur son transfert à son égard dans le sens d’un transfert amoureux, mais en réalité, elle transférait sur Freud l’image de la maîtresse de son père (Mme K.), la femme idéale à ses yeux. Ce qui était en jeu c’était l’homosexualité inconsciente de Dora. Elle attendait quelque chose de Freud dont elle n’en avait pas idée, et lui non plus. C’est pour ne pas avoir pris en compte cet aspect du transfert de Dora, que celle-ci met fin à sa cure analytique avec Freud.

Définition

5 Laplanche et Pontalis dans le « Vocabulaire de la psychanalyse » [3] définissent le transfert comme « le processus par lequel les désirs inconscients s’actualisent sur certains objets (c’est-à-dire sur certaine personnes) dans le cadre d’un certain type de relation établie avec eux et éminemment dans le cadre de la relation analytique. »

6 C’est la transposition, le report sur une autre personne (l’analyste, le thérapeute, le soignant, l’accompagnant …) de sentiments, de désirs, de types de relations, auparavant organisés ou éprouvés par rapport à des personnages clés de l’histoire du sujet. On transpose l’investissement libidinal d’une personne sur une autre dans sa forme, son organisation, ses qualités. Selon Freud, le transfert est une des conditions de la « guérison ».

7 Transférer, transfert, faire un transfert, ces expressions sont aujourd’hui monnaie courante et on les voit fleurir dans tous les domaines où l’homme est directement impliqué, lorsqu’il est question de relations humaines. La psychanalyse a été d’un grand apport pour comprendre les mécanismes en jeu dans le transfert, et ceux-ci sont à l’œuvre à notre insu.

8 Le transfert ne se manifeste pas uniquement dans la cure analytique. Il peut se manifester dans les groupes, dans le travail, dans les situations d’apprentissage, dans les phénomènes de télépathie, dans des consultations thérapeutiques, dans les consultations médicales, dans la relation maître-élève etc. Il s’agit essentiellement d’un transfert entre personnes. La cure analytique est cependant le lieu par excellence du transfert. C’est à partir du matériel qu’elle fournit qu’on a le plus de chance de progresser dans sa clarification et qu’il est possible de l’interpréter.

9 Freud réinvente donc le concept du transfert, lorsqu’il met l’accent sur la communication, sur la rencontre d’inconscient à inconscient entre 2 personnes, lorsqu’il y a de la répétition à 2 (le patient et le thérapeute) qui a lieu du fait qu’une relation éveille certaines résonnances passées, inconscientes chez les deux partenaires. Lacan dans son séminaire consacré au transfert [4] (1960 – 1961) analyse longuement le banquet de Platon, et dit que le transfert est « la mise en acte de deux inconscients », la mise en circuit de 2 générateurs comme dans les centrales nucléaires.

10 On est toujours deux dans le transfert, et l’écouter, c’est écouter un discours à deux voix. Ainsi, « Quelqu’un en moi entre en communication avec quelqu’un en l’autre, à propos de quelque chose qui ne pouvait pas se faire entendre jusque-là. [5] » C’est ce qui est bouleversant dans l’approche de Freud.

Le contre-transfert

11 Le thérapeute est impliqué dans la relation qui s’instaure entre lui et le patient. Contrairement à l’image de l’analyste froid, neutre, il n’est pas indifférent, sans réaction face à l’attitude transférentielle du patient, qu’elle soit positive ou négative.

12 Freud nommera ce phénomène le contre-transfert [6]. C’est « l’ensemble des réactions de l’analyste au transfert de son patient, y compris les sentiments projetés en lui par celui-ci. » [7]

13 Transfert et contre-transfert vont toujours de pair ; l’un ne va pas sans l’autre. Ils sont indissociables. La relation thérapeute / patient induit des résonnances passées, inconscientes chez les deux partenaires.

14 Le contre-transfert peut désigner spécifiquement les réactions de l’analyste au transfert du patient, ou de façon plus large les phénomènes transférentiels du thérapeute vis-à-vis du patient. Ceux-ci sont inconscients et plus difficiles à manier ou à contrôler. S’il n’est pas clairement repéré, le contre-transfert peut se transformer en obstacle insurmontable.

Le transfert positif et le transfert négatif

15 Le transfert peut être positif et il se traduit par un effet d’accord avec le point de vue du thérapeute. Il regroupe tous les aspects d’attachement et de confiance à la personne du thérapeute. Il est indispensable au bon déroulement de la cure.

16 Il est aussi négatif. Il s’agit des sentiments hostiles à l’égard de l’analyste, mais également des modalités transférentielles qui renforcent les résistances du patient aux changements ou le refus de renoncer aux bénéfices de la maladie. Le risque est de conduire à l’arrêt du traitement et des soins, comme chez Dora.

17 Ci-dessous un exemple où ces deux aspects apparaissent à des moments différents dans la cure d’un patient suivi en institution.

18 Il s’agit d’un homme d’environ cinquante cinq ans, schizophrène et homosexuel. Il souffre d’un cancer du poumon. Pendant la première année de sa psychothérapie, je suis idéalisé, investi dans une position de médecin, dans celle d’une figure paternelle positive bienveillante, détentrice du savoir qui peut le guérir de façon magique. J’occupe également une fonction maternelle. Je prends soin du patient, « care » au sens de Winnicott. Le patient cherche à me plaire, à me séduire. Il m’interroge sur ce qu’est la bipolarité. Le patient s’intéresse à la psychanalyse. Il cite Lacan. Il est dans une démarche intellectuelle pour comprendre et mettre des mots sur ses maux.

19 Il relate de nombreux rêves, souvent très angoissants. On le torture ; on l’éventre ; on lui extrait les yeux pour les lui refaire. Dans d’autres rêves, il est question de guerres, d’attentats par les djihadistes. Les contenus sont crus en processus primaires. Le pulsionnel est au premier plan. Il sait que les psychanalystes sont friands de rêves.

20 Il n’associe pas sur les rêves, mais les enchaine les uns après les autres, rendant toute exploitation impossible. Il me noie par ce flot de rêves qui nous empêche, lui et moi, d’associer et de penser. Il me fait cadeau de ses rêves dans un mouvement de séduction ; mais un mouvement teinté d’ambivalence car nous ne pouvons rien en faire et il me neutralise, en empêchant chez moi toute rêverie. Il me contrôle et me rend impuissant.

21 Pendant toute cette période, il manifeste dans les séances sa colère, sa violence, sa haine à l’encontre de toutes les personnes de son entourage (parents, proches, entourage, voisins …). Il relate de nombreuses altercations qui restent le plus souvent au niveau verbal (insultes, menaces, grossièretés) mais qui quelques fois dégénèrent dans des actes.

22 Après une séance où il m’informe de la rechute de son cancer, il s’en prend à tous les psychiatres, moi inclus. Il est mécontent et me reproche d’avoir mis l’accent sur une expression qu’il avait récemment utilisée « chape de plomb » et de « remuer le couteau dans la plaie ». Il veut arrêter sa psychothérapie et me dit-il « de toute façon, le travail c’est moi qui le fais. Si je décide de partir, personne ne m’en empêchera. »

23 Moi : « partir pour me protéger et ne pas me faire du mal ? »

24 Mon interprétation lui signifie que je peux supporter ses attaques et qu’elles ne me détruisent pas. Cela l’apaise et le rassure sur mes capacités. Je représente à ce moment-là sa mère, avec laquelle il a entretenu des relations fusionnelles, incestuelles, des relations d’amour et de haine. L’interprétation du transfert hostile à mon égard est indispensable pour la poursuite du traitement.

L’amour de transfert

25 C’est la relation affective qui se développe dans la situation de la cure et dont l’objet manifeste est le psychanalyste. Des mouvements érotiques et destructeurs, enfouis et oubliés s’y réactualisent, le patient étant confronté à la permanence de ses désirs infantiles et de ses fantasmes.

26 Au départ, l’amour du transfert permet l’investissement de l’analyste et celle du cadre analytique. Le sujet s’attache à la personne de l’analyste comme au but du traitement.

27 L’amour et la sexualité jouent un rôle non négligeable dans l’élaboration du transfert. Le transfert c’est du lien, de l’attachement et de l’amour. C’est de l’énergie dynamique (de la dynamite ?). C’est un vécu singulier, un moment de surgissement unique et irremplaçable.

28 L’amour au sens transférentiel du terme se définit comme une poussée inconsciente vers l’autre, et qui n’entraîne pas nécessairement les manifestations conscientes auxquelles nous sommes conduits à penser dans la vie courante. Il s’agit d’amour au sens large du terme, d’élan d’un être humain envers un autre.

29 La demande d’amour est toujours une demande de reconnaissance, et derrière la demande manifeste se cache d’autres enjeux latents. Dans l’amour de transfert, se répète la demande, non entendue et restée sans réponse, ainsi que toute la détresse de l’enfant qui exige soins et réparation. La demande d’amour, au sens érotique du terme, cache la demande de tendresse de l’enfant qui jadis n’a pas été comblée.

Les dangers du transfert

30 Le caractère amoureux du transfert peut constituer un obstacle à la cure, notamment lorsque l’analyste se laisse séduire par le patient ou cherche à le séduire. Freud [8] met en garde, les praticiens contre l’amour de transfert (c’est-à-dire le risque d’attachement amoureux au sens classique du terme). Il analyse la situation où le (la) patient (e) s’éprend de son médecin, de son analyste et les attitudes possibles de ce dernier.

31 - L’analyste met fin au traitement. Analyste et patient se séparent, mais les symptômes du patient persistent, voire s’aggravent. Le patient consulte un autre analyste … répète le transfert amoureux … s’éprend du nouveau thérapeute etc. Le patient entre dans le cycle mortifère de la répétition qui l’empêche de mettre en place des processus de changement.

32 - L’analyste laisse croire au (à la) patient (e) qu’il partage ses tendres sentiments, tout en évitant les manifestations physiques de l’amour. Le but étant de gagner du temps pour pouvoir ramener la situation dans des voies plus calmes. Cette attitude n’est pas thérapeutique car elle est basée sur le mensonge. D’autre part elle présente le risque que l’analyste se laisse aller à des sentiments tendres à l’égard du (de la) patient (e), et que les limites qu’il s’était fixées soient transgressées. Des cas exceptionnels de ce genre ont été relatés ou portés à l’écran. Si le (la) patient (e) trouvait un écho à son amour chez l’analyste, ce serait « un grand triomphe pour lui (elle) et un désastre pour le traitement », nous dit Freud.

33 -L’analyste n’étouffe pas les besoins et les désirs chez le (la) patient (e) car cela pourrait susciter humiliation et désir de vengeance. Il doit se garder d’ignorer le transfert amoureux, mais doit y répondre avec fermeté. Le transfert produit des forces motrices favorisant le travail et le changement. L’analyste doit traiter le transfert comme quelque chose d’irréel qu’il faut ramener à ses origines inconscientes. Cet état n’est que la réédition de faits anciens, la répétition des réactions infantiles. Elles doivent être interpréter au moment opportun au patient.

34

« Le psychanalyste sait bien qu’il manipule les matières les plus explosives et qu’il doit opérer avec les mêmes précautions et la même conscience que le chimiste. » [9]

35 Le transfert peut se transformer en expérience de mort, et cela avec les meilleures intentions du monde, ou constituer une résistance à l’amélioration du patient, lorsque celui-ci est engagé sur le mode de la répétition mortifère. Celle-ci peut faire le jeu de la pulsion de mort comme dans les analyses sans fin (fondée sur la désespérance), lorsqu’elle tourne à l’écrasement de la personne ou lorsque la séduction prend le pas (le thérapeute se laisse séduire par le patient).

36 On peut s’exposer à d’autres avatars, par exemple dans les mystérieux rapports qui unissent le bourreau à sa victime (fascination de la victime pour son bourreau, syndrome de Stockholm), ou alors lorsque le transfert conduit à entretenir le symptôme, ou à l’intensifier par amour du thérapeute. Chez certaines personnes, il y a une telle demande d’amour qu’on peut en faire ce qu’on veut. Lorsque quelqu’un a énormément souffert, il est prêt à aimer énormément et à n’importe quel prix, et devenir ainsi la victime de toutes sortes de thérapeutes sans scrupules (magnétiseurs, hypnotiseurs, et même analystes).

Les groupes Balint

37 Michael Balint (1896 – 1970) est un psychiatre et psychanalyste anglais d’origine hongroise. Il a travaillé à la Tavistock Clinic, qui est un centre de thérapie psychanalytique à Londres. Il a mis en place dans les années 1950 un dispositif original de séminaire de supervision et de réflexion auprès des médecins généralistes, avec pour objectif de penser la relation médecin – patient, et donc à ce qui se passe entre le médecin et son patient, à la relation transféro - contretransférentielle. Ces séminaires se sont par la suite développés et étendus aux professionnels de la santé et du secteur médico – social.

38 Selon Balint, le médecin est « la pièce maîtresse » du traitement du patient, « le remède principal » [10]. Pourquoi est-il insatisfaisant dans certaines situations, voire malheureux ? Pourquoi n’agit-il pas comme on le voudrait, malgré une prescription consciencieuse ? Pourquoi certains processus de la relation médecin – malade entrainent-ils quelquefois des souffrances inutiles, de l’irritation et de vains efforts à la fois au malade et au médecin ? Les participants viennent chercher des réponses à ces questions dans les groupes Balint.

39 C’est donc le style particulier et singulier, unique à chaque médecin à savoir :

40 - la personnalité du médecin, les phénomènes qui constituent la conduite personnelle du médecin avec ses patients, c’est-à-dire ses attitudes, ses réactions, son éthique, ses valeurs, .ses motivations etc.

41 - le type de relation qui s’instaure entre lui et son malade (confiance, alliance thérapeutique, écoute ou alors impatience, énervement, indisponibilité etc.),

42 - son implication dans les problèmes de son malade, sur ses réactions émotionnelles etc.

43 - l’atmosphère, le climat, la disposition interne du médecin et l’ambiance dans lesquels le médicament est donné et pris, la manière dont le médecin prescrit les traitements à son malade.

44 Tous ces aspects sont essentiels et on pourrait les généraliser à la relation d’accompagnement, à ce qui s’instaure entre l’accompagnant et l’accompagné.

Le transfert dans la névrose et dans la psychose

45 Chez le névrosé, dans le transfert, il y a deux aspects plutôt dissociés car la prévalence est accordé à l’autre, l’objet : le transfert « à quelqu’un », et le transfert « de quelque chose », c’est-à-dire ce qu’il transfert, ce que le patient met en jeu dans le transfert. Dans le cas de Dora, elle transfère sur Freud, les sentiments homosexuels envers Mme K.

46 Chez le psychotique, ces deux aspects ne sont pas dissociés ; ils sont confondus. Ainsi selon Gérard Bonnet, la duplicité du transfert aboutit dans la psychose « à faire émerger les objets du désir, même s’ils sont déformés, alors que du côté de la névrose, elle tend à les mettre de côté. [11] »

47 Les personnalités psychotiques, ont une relation narcissique à l’objet, c’est-à-dire que l’Autre n’est pas différencié en tant que sujet unique et singulier, mais constitue un miroir de soi-même. C’est la raison pour laquelle, certains auteurs, notamment Evelyne Kestemberg [12], considèrent qu’il est davantage pertinent de parler au sujet de la psychose d’investissement massif plutôt que de transfert.

48 En effet, chez les patients psychotiques, l’analyste est confronté à un afflux d’excitations mal maîtrisées et une angoisse intense d’effondrement. L’analyste doit les canaliser et les rendre acceptable au monde intérieur du patient. Le risque pour l’analyste est de ne pas y parvenir et d’opposer au patient des « contre attitudes », par exemple en y réagissant avec des mécanismes de défense comme celui de se laisser sidérer ou détruire en affirmant notre propre puissance, en « répondant à la mégalomanie sous-jacente du patient par une mégalomanie que nous avons appris [13] », en collant des interprétations inadaptées. L’existence de l’objet, de l’Autre en tant qu’objet différencié, constitue le danger essentiel pour le narcissisme du patient. Searles [14] énonce que le psychotique tente de « rendre fou » l’analyste qui s’en occupe et qu’il tend dans un second temps à le soigner.

49 Pour Evelyne Kestemberg, l’analyste doit recourir avec les psychotiques à une sorte d’accompagnement maternel, d’apprivoisement pour laisser s’épanouir ce qui se passe chez le patient. Le sujet psychotique a besoin d’être entendu et reconnu pour ce qu’il est actuellement. L’analyste doit donner un sens à ses mouvements pulsionnels, mais un sens qui soit celui du patient et non celui de l’analyste. Il doit être « garant de la continuité narcissique du patient dans l’immuabilité, l’immortalité » [15], afin qu’il acquière la certitude de ne pas avoir détruit l’objet et lui-même par tous ses mouvements pulsionnels.

Bibliographie

Bibliographie

  • Balint M. : le médecin, son malade et la maladie. Paris, Payot, 1988.
  • Bonnet G. : le transfert dans la clinique psychanalytique. Paris, PUF 1991.
  • Freud S. : La technique psychanalytique. Observations sur l’amour de transfert. Paris, PUF, 1951.
  • Freud S. : Cinq psychanalyses. Paris, PUF, 1954
  • Kestemberg E. : la psychose froide. Paris, PUF, le fil rouge, 2001.
  • Lacan J. : "Le séminaire livre VIII. Le transfert. Paris, Seuil, Champ Freudien, 1991
  • Laplanche J. et Pontalis J.B : Vocabulaire de la psychanalyse. Paris, PUF, 1967
  • Mijolla A. : Dictionnaire international de la psychanalyse. Paris, Calmann-Lévy 2002
  • Searles H. : L’effort pour rendre l’autre fou. Paris, Gallimard, coll. « Folio-Essais », 2003 (1re éd. 1977)

Mots-clés éditeurs : contretransfert, technique psychanalytique, mécanisme de défense, transfert

Date de mise en ligne : 22/12/2017.

https://doi.org/10.3917/psm.173.0049

Notes

  • [1]
    Bonnet Gérard : « le transfert dans la clinique psychanalytique. » PUF 1991. P. 16
  • [2]
    Freud Sigmund : « Cinq psychanalyse. » PUF, 1954
  • [3]
    Laplanche Jean et Pontalis Jean-Bertrand : « Vocabulaire de la psychanalyse. » PUF, 1967
  • [4]
    Lacan Jacques : « Le séminaire livre VIII. Le transfert. » Editions du Seuil, Champ Freudien, 1991
  • [5]
    Bonnet G.: id, p.17
  • [6]
    Texte de Freud en 1910 : « Perspectives d’avenir de la thérapeutique analytique. »
  • [7]
    Mijolla Alain : Dictionnaire international de la psychanalyse. Calmann-Lévy 2002
  • [8]
    Freud Sigmund : « La technique psychanalytique ». « Observations sur l’amour de transfert ». PUF, 1951, p.116
  • [9]
    Id, p. 130
  • [10]
    Balint Michaël : « le médecin, son malade et la maladie ». Payot, 1988.
  • [11]
    Id : p.35.
  • [12]
    Kestemberg Evelyne : La psychose froide. PUF, le fil rouge, 2001.
  • [13]
    Id, p. 205.
  • [14]
    Searles Harold : L’effort pour rendre l’autre fou, Gallimard, coll. « Folio-Essais », 2003 (1re éd. 1977)
  • [15]
    Kestemberg E. : id, p.211
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