Couverture de PRO_360

Article de revue

Une affaire de leadership

Pages 60 à 67

Notes

  • [1]
    Pour ne prendre que l’exemple de la France, il est étonnant de voir à quel point, à peine quelques semaines après les débats sur la transition énergétique, la question environnementale était absente des discussions sur le pacte de responsabilité ou sur le Tafta (le traité transatlantique de libre-échange, abandonné depuis).
  • [2]
    Pierre-André de Chalendar, Notre combat pour le climat. Un monde décarboné et en croissance, c’est possible, Le Passeur, 2015, p. 80 et p. 136.
  • [3]
    Frédéric Baule, Xavier Becquey, Cécile Renouard, L’entreprise au défi du climat, l’Atelier, 2015.
  • [4]
    « Les entreprises arrivent à la limite de ce qu’elles peuvent faire seules » comme le dit Pierre-André de Chalendar, op. cit., p. 10.
English version

1La plupart des entreprises conditionnent leur action pour le climat à sa rentabilité. Il leur faut, désormais, apprendre à poursuivre ces objectifs en parallèle. Retrouver le goût d’entreprendre, au fond !

2Quels progrès considérables en quinze ans ! Des acteurs importants de la génération d’électricité (E.ON, Engie) se défont de leurs centrales de production thermiques au profit des énergies renouvelables. Grâce, entre autres, à la transition énergétique (Energiewende) lancée par l’Allemagne, des progrès techniques considérables permettent d’amener le solaire et l’éolien à des prix désormais compétitifs. En 2015, les investissements réalisés en ce domaine s’élèvent à plus du double de ceux effectués dans les nouvelles centrales à charbon ou à gaz. Les moteurs des véhicules thermiques continuent à réduire drastiquement les émissions et le véhicule électrique ou à hydrogène devient un mode de mobilité crédible. Un véhicule neuf, sorti des usines de Renault ou PSA, intègre désormais 30 % de matières recyclées. Des entreprises se donnent publiquement l’objectif d’arriver, d’ici quelques années, à un impact zéro carbone et les actionnaires de grandes entreprises leur demandent de justifier comment elles prennent en compte le changement climatique dans leur activité. Malgré tout, nous dévions dangereusement du scénario limite d’une augmentation de température, réduite à 2 °C, par rapport à l’ère préindustrielle.

Insuffisante inflexion

3Nous n’arrivons pas suffisamment à découpler développement économique et émissions de gaz à effet de serre (GES) : « l’effet parc » ralentit l’impact de technologies moins émettrices, le temps que l’intégralité du parc existant se renouvelle, puisque le remplacement émet des GES ; « l’effet rebond » fait que, tout en améliorant les performances énergétiques des équipements, nous en multiplions la diversité et les quantités.

4Surtout, une grande partie de l’humanité tente de rejoindre, peu à peu, le mode de vie occidental, basé sur un système en boucle ouverte – extraire, transformer, utiliser, jeter – et un énorme gaspillage de ressources et d’énergie. Notre développement est fondé sur une accélération constante de ce mouvement et l’obsession d’augmenter continûment les quantités produites. C’est le cœur de cette logique qu’il faut changer si nous voulons vraiment diminuer nos émissions, tout en s’attachant à développer une économie plus inclusive, capable de répondre aux besoins réels des populations.

5De nombreux scénarios sont élaborés au niveau mondial, par grandes plaques géographiques – y compris en France, lors du débat sur la transition énergétique. S’ils sont différents, nombre d’entre eux montrent qu’il est (encore) possible d’atteindre des objectifs environnementaux, sans révolution technologique majeure, à un coût parfaitement absorbable par nos économies. Bien sûr, ces scénarios sur le papier ne font pas tout, mais la multiplicité des chemins imaginés convainc que c’est faisable. L’enjeu est d’engager une dynamique. C’est finalement un enjeu social, sociétal, culturel, bien plus que technique et financier. Une affaire de leadership, de conviction, de vision. Et c’est dans cette dynamique qu’il s’agit d’engager nos entreprises. La question doit donc devenir centrale dans leur stratégie. Les entreprises ont raison de dire qu’on ne peut pas aborder l’environnement sans aborder l’économie. L’inverse est tout aussi vrai : il n’est plus pensable de parler équilibres économiques, développement, emplois, accords commerciaux, sans parler climat. Et c’est là, que le bât blesse, tant ce dernier reste éloigné de l’esprit d’une grande majorité des leaders du monde économique [1].

Assumer notre responsabilité

6Plusieurs facteurs contribuent à faire de l’environnement une préoccupation des entreprises : les normes et les lois qui mettent les productions de l’entreprise sous contrainte, par l’interdiction ou par la taxe ; la pression de l’opinion publique et des ONG, qui expriment des attentes sur le comportement des entreprises, altèrent leur image et peuvent d’une certaine façon bloquer ou, au contraire, faciliter leur « droit à opérer » ; l’influence des actionnaires ; une compréhension des évolutions macro-économiques, quand des entreprises s’inquiètent des valeurs à long terme de leurs mines de charbon, des gisements d’hydrocarbure (ou de tout produit ou service fortement émetteur) ou quand elles essayent de se développer sur des créneaux durables.

7Mais tous ces éléments suffisent-ils à mobiliser la dynamique et la force créatrice des entreprises au service d’un futur durable ? Celles-ci sont accaparées par la tension opérationnelle et la nécessité de trouver leur chemin dans un monde compétitif et volatil. Même pour les plus vertueuses, il semble difficilement imaginable qu’elles « puissent prendre des engagements qui mettraient en danger leur rentabilité », comme le justifie Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint-Gobain et alors président de l’association Entreprises pour l’environnement [2]. Or considérer que « l’environnement est mon combat, mais sous réserve que je ne mette pas en danger ma rentabilité et que je ne change pas mon business model » n’a pas du tout la même force que de considérer que « l’environnement est mon combat donc je trouve le chemin économique pour y arriver ».

8Dans le premier cas, je ne m’occupe du climat que dans la mesure où j’y vois des opportunités commerciales ou d’image, en prenant garde de ne pas me mettre à risque : ce qui n’en fait pas un combat mais, au mieux, un attentisme opportuniste. Dans le second, j’en fais un objectif à part entière de l’entreprise et je suis prêt à reconsidérer mon activité et mes orientations. Ici aussi, il est nécessaire de rechercher les conditions de la profitabilité. Car une entreprise qui n’est pas profitable n’est pas à même d’innover, d’investir et donc de participer à la construction de ce monde futur. Mais entre les deux approches, la dynamique et les résultats sont radicalement différents. La différence ne tient pas tant dans la technique ou la finance que dans le regard porté [3]. Et ce changement de regard ne peut avoir qu’une origine : le sentiment de responsabilité. Sur ce fondement, l’entreprise pourra se sentir pleinement concernée et se demander sans cesse comment elle – avec son savoir-faire, ses outils, sa créativité – peut contribuer à un futur souhaitable. Ce sentiment de responsabilité, s’il naît de chacune des personnes engagées dans l’entreprise, doit être partagé pour devenir un sentiment collectif ou une « culture d’entreprise ». Nous sortons alors d’une logique où l’entreprise poursuit un mono-objectif (maximiser la profitabilité), éventuellement sous contrainte (sociale, environnementale), pour entrer dans une logique de poursuite de plusieurs objectifs concomitants, avec leurs tensions inévitables.

9Ma conviction est que ce changement culturel est non seulement indispensable, mais possible. Dès aujourd’hui et dans ce contexte concurrentiel. Les changements pour la sécurité au travail réalisés ces trente dernières années donnent une bonne idée du type de transformation dont il s’agit et de sa faisabilité. Dans les entreprises occidentales du moins, plus un investissement, plus un chantier n’est lancé, plus une usine ne fonctionne sans que la question de la sécurité ne soit intégrée. Et il ne viendrait à l’esprit de personne de dire « je m’occupe de la sécurité au travail sous réserve que cela n’impacte pas ma rentabilité ». La transformation environnementale répond au même type d’approche, à ceci près que la poursuite des objectifs environnementaux a une incidence sur la stratégie même de l’entreprise, les produits et services qu’elle offre, comme les modes de vie qu’elle suscite.

Prendre du recul

10Développer ce sentiment de responsabilité suppose une interrogation personnelle : qu’est-ce qui est bon ? Juste ? Souhaitable ? Qu’est-ce que le bien commun ? Le rôle de l’économie ? Qu’est-ce que tout cela signifie pour moi ? Pour la collectivité dans laquelle je suis engagé ? Comment cela me touche-t-il ? Quelle importance suis-je prêt à lui donner ? Un aller-retour est indispensable entre la raison qui permet de discerner et les sentiments qui mettent en mouvement.

11Encore faut-il prendre les moyens de cette réflexion. C’est un des rôles majeurs de l’éducation et des formations initiales à renforcer dans ce sens. Prendre soin de se former humainement, philosophiquement, techniquement, spirituellement… est aussi une exigence tout au long de sa vie professionnelle. Pour pouvoir, sans rêver à un monde parfait, apprendre à discerner ce qu’il est possible de faire, là où il est possible d’agir concrètement et de transformer. Cette capacité à se laisser remuer en profondeur par ces questions suppose d’aller chercher des racines à l’extérieur. De trouver des modes de réflexion et d’actions collectifs. Car la seule logique de l’entreprise risque de nous embarquer, de nous ôter toute prise de recul. La force de la pression opérationnelle et les dynamiques de groupe y sont telles qu’elles font aisément apparaître comme acceptables des orientations que nous refuserions immédiatement, pour peu que l’on ait gardé une réelle capacité de discernement.

12Et c’est à ce moment qu’on se rapproche le plus de ce qui fait l’entreprise : l’envie de construire, d’entreprendre, de créer un monde nouveau. Il n’y a pas besoin d’entreprise pour produire : une production répétitive se contente très bien d’un travail accompli par des journaliers aux tâches bien définies. C’est le besoin d’innover, de créer qui nécessite la création d’un collectif. À ce niveau, l’entreprise possède une puissance incomparable. Les salariés et les dirigeants témoignent de l’extraordinaire vitalité qui s’y manifeste dès que l’on ouvre la porte au sens.

13La responsabilité environnementale impose un regard systémique, à ne jamais lâcher : les actions de mon entreprise sont-elles compatibles avec un monde décarboné ? Et participent-elles à son avènement ? Que peut-on faire de plus ? Il s’agit de vision, de leadership, de capacité à entraîner, à convaincre, à transformer. Seulement après, viennent les tensions et les arbitrages techniques et financiers : ce risque, l’entreprise est-elle prête à le prendre ? Va-t-elle retrouver l’argent mis dans cet investissement ? Va-t-elle réussir à vendre ce produit à un prix qui lui permet de couvrir son développement et ses coûts de fabrication ? Nous savons très bien que l’on n’a pratiquement aucune chance d’atteindre un objectif si on ne le vise pas et si l’on n’est pas, en permanence, en train de vérifier que l’on est sur la bonne trajectoire. L’objectif environnemental doit être au cœur.

14Mais l’entreprise doit aussi travailler avec d’autres acteurs. Il est pour cela fondamental que sa parole soit crédible. Nous sommes trop souvent tombés dans une parole asservie, un message prédéterminé au service d’intérêts particuliers. Une parole simplifiée, devenue publicité, lobbying. Il est nécessaire de trouver les moyens d’une parole libre, vraie, faite pour échanger, pour se laisser déplacer, pour construire ensemble. Une parole qui sache reconnaître la complexité des situations, le caractère souvent imparfait et ambigu des actions et des sentiments humains. Cette parole retrouvée est un enjeu clé de la revitalisation du débat démocratique. Il faut apprendre en entreprise à se mettre en risque, à reconnaître à la fois le verre à demi vide et à demi plein. Ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.

Exigeons plus de nos entreprises

15Il y a, dans les faits, une communauté de vue entre les contempteurs les plus sévères des entreprises et certains défenseurs autoproclamés, qui n’y voient aucun espace en-dehors des questions d’intérêt immédiat et de contrainte. Or le rôle des entreprises, et à vrai dire leur intérêt bien compris, est de trouver une place pérenne, d’être reconnues comme des acteurs de la construction du monde de demain. Cela suppose d’aller au-delà de la myopie d’un intérêt privé exclusif et de court terme. De nombreuses entreprises pensent être au maximum de ce qu’elles peuvent faire [4]. Mais très peu engagent leur nature sur la question climatique. C’est pourtant possible, y compris dans la logique concurrentielle, et la seule vue qui peut nous faire gagner le combat pour le climat.

16Il y a certes des limites à ce que l’entreprise peut faire seule. Il faut des normes et des régulations aux portées les plus larges possibles, un financement des efforts initiaux de R&D et du début des courbes d’apprentissage, un signal carbone fort, robuste et pérenne. Mais les entreprises peuvent aller beaucoup plus loin que ce qu’elles font aujourd’hui. Exigeons d’elles davantage. Plus elles s’engageront résolument dans cette voie, plus elles attireront les collaborateurs les plus enthousiastes et les plus innovants. Plus le regard de la société deviendra exigeant et plus cela aidera le système à basculer.

Le climat : enjeu RH ?

Hervé Singer est le pseudonyme du directeur financier d’un groupe industriel européen.
Réchauffement climatique, accroissement continu des écarts de rémunérations, stratégie d’évitement de la juste contribution aux finances publiques des États… Ces inégalités structurelles ne peuvent trouver de solution sans un engagement massif, réel et sérieux des grandes entreprises. Sans substituer le rôle de l’entreprise à celui de l’État, il s’agit de trouver un nouvel équilibre de gouvernance pour prendre à bras-le-corps la correction des déséquilibres sociétaux et climatiques, sans que cet impératif soit subordonné à la maximisation du profit.
Décentraliser la décision
Une première étape serait la transformation en profondeur des cultures managériales vers davantage de collégialité. Et les ressources humaines ont une autorité à exercer, bien au-delà de leur rôle traditionnel d’accompagnement du PDG, afin de permettre une certaine décentralisation de la prise de décision. Au cours du XXe siècle, s’imposent l’organisation du travail et le salariat. Une subordination librement consentie et contractuelle se met en place, en échange d’un travail et d’une rémunération, pour faciliter la construction d’organisations efficaces et dirigées par une gouvernance centrale. Implicitement, c’est la qualité de l’organisation industrielle qui conditionne la création de valeur.
L’entreprise a bien changé. L’innovation technologique, l’individualisation du marketing, la réputation éthique sont les véritables leviers de la performance moderne. Et l’efficacité de la production et de l’organisation est un enjeu secondaire, facilement disponible dans les ateliers du monde entier. Les modèles économiques deviennent plus complexes.
Au quotidien, on voit une incohérence entre la nature du travail demandé aux plus jeunes dans l’entreprise et l’encadrement dont ils font l’objet. Ils doivent être agiles, capables d’adapter l’organisation de leur travail dans des environnements instables où les décisions changent souvent, où les lois varient d’une année sur l’autre, où l’innovation des concurrents fuse de toute part, etc. Mais on les dépossède des moyens réels d’adapter leur travail : on leur impose un reporting permanent et envahissant, de multiples signataires sur les ordres d’achats, des seuils de délégation très bas, des vérifications préalables de contrats, un service achat seul habilité à négocier les tarifs et conditions de paiement. Ces contraintes, bien sûr, ne sont pas toujours dénuées de sens et font souvent suite à des scandales, comme l’affaire Enron en 2001. Mais elles n’ont pas été pensées dans les effets qu’elles ont sur l’organisation du travail.
Démembrer pour contrôler ?
Des centres de services partagés très spécialisés (achats centraux, département fiscal, regroupement des services juridiques, des comptabilités ou des informatiques centralisées) fournissent leurs services (parfois en prélude à leur externalisation), devenant le passage obligé des procédures de validation. Ainsi, un directeur d’usine perd, petit à petit, tout ce qui faisait qu’il était chef d’entreprise : il devient simple responsable de production. C’est une cause essentielle de la perte de vision globale par les collaborateurs, focalisés en permanence sur leur spectre ultra spécialisé et obligés d’avoir recours à ces départements centraux pour de multiples validations. Cela devrait être une des missions des RH de penser ces transformations, en termes d’efficacité économique et quant à son impact sur l’engagement des collaborateurs.
Si c’est un sujet essentiel de la qualité de vie au travail, de la motivation, de la performance, la fonction RH est finalement peu présente sur l’organisation. Les responsables informatiques et de finances ont préempté ce rôle. Les fonctions de contrôle de gestion ou d’audit réalisent les études et orientent les choix de la direction générale, selon leurs critères.
Les RH souffrent, parfois, d’un déficit de légitimité sur les sujets techniques et financiers. Souvent de culture littéraire, leur propension à manipuler des données en informatique est parfois insuffisante. Mais la « com RH », la gestion des carrières, le repérage des talents ne sauraient suffire à réinsuffler sens et confiance, s’il n’y a pas, par ailleurs, une véritable prise en main sérieuse des contradictions de l’organisation.
DRH et intérêt général
Faire évoluer la culture de nos grandes entreprises suppose de s’interroger sur la force du lien de subordination du DRH au PDG. Comment le DRH pourrait-il engager les collaborateurs dans une décentralisation de la décision sans cadre juridique clair ? Comment définir ce qui relève d’une responsabilité citoyenne du DRH, échappant à l’arbitrage du PDG ? La réponse existe peut-être avec les représentants du personnel : soumis au lien de subordination dans le cadre de leur contrat de travail, ils sont protégés, en partie, par le droit du travail dans l’exercice de leurs mandats syndicaux.
Pourquoi la loi n’assignerait-elle pas au DRH des missions d’intérêt général d’appréciation large, complexes, peu quantitatives, nécessitant une réelle expertise ? Par exemple, que l’entreprise réduise ses émissions directes et indirectes de gaz à effet de serre. Qu’elle soit représentative de la diversité sociale de son bassin d’emploi. Ou qu’elle participe à la charge collective que constitue le sous-emploi. La poursuite de ces missions d’intérêt général n’étant exigible que si l’entreprise a aussi une rentabilité comprise entre des seuils donnés. La loi pourrait viser l’entreprise elle-même et non donner une mission spécifique au DRH. Mais dans bien des domaines, la loi est malhabile à préserver l’intérêt général. En témoignent les questions fiscales. Ce n’est pas tant la loi que les pratiques qu’il faut encadrer. Et la loi pourrait assigner une mission d’intérêt général au directeur fiscal [1] (la contribution équilibrée aux finances publiques) et au DRH. Une protection adaptée de leur statut de salariés leur permettrait de remplir cette mission en les préservant de la pression de rentabilité habituelle.
Pour innovante qu’elle soit, cette proposition rejoint, paradoxalement, des préoccupations de certains actionnaires. Début 2016, Larry Fink, PDG de BlackRock, premier fonds d’investissement mondial gérant 4600 milliards de dollars investis dans les plus grandes sociétés mondiales, écrit aux dirigeants de ces compagnies en dénonçant une « hystérie » de la culture des résultats trimestriels. Son souci n’est pas de desserrer une quelconque pression actionnariale sur les entreprises, bien au contraire ! Mais de les inciter à se préoccuper davantage du long terme : « les questions environnementales, sociales ou de gouvernance – du réchauffement climatique à la diversité des conseils d’administration – ont un impact financier réel et quantifiable ». Les grandes entreprises ont, aujourd’hui, pleinement intégré la gestion de leur réputation en matière de responsabilité sociale et environnementale. Cela suppose une profonde évolution dans leur gouvernance. Il faudra donc choisir.

Date de mise en ligne : 25/10/2017

https://doi.org/10.3917/pro.360.0060

Notes

  • [1]
    Pour ne prendre que l’exemple de la France, il est étonnant de voir à quel point, à peine quelques semaines après les débats sur la transition énergétique, la question environnementale était absente des discussions sur le pacte de responsabilité ou sur le Tafta (le traité transatlantique de libre-échange, abandonné depuis).
  • [2]
    Pierre-André de Chalendar, Notre combat pour le climat. Un monde décarboné et en croissance, c’est possible, Le Passeur, 2015, p. 80 et p. 136.
  • [3]
    Frédéric Baule, Xavier Becquey, Cécile Renouard, L’entreprise au défi du climat, l’Atelier, 2015.
  • [4]
    « Les entreprises arrivent à la limite de ce qu’elles peuvent faire seules » comme le dit Pierre-André de Chalendar, op. cit., p. 10.

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