1 Le nombre de suicides des médecins est trois fois supérieur à celui de la population générale. Partant de ce constat, l’auteur mentionne d’abord l’histoire de ses confrères, puis nous introduit à son histoire personnelle, familiale, sentimentale et professionnelle. Il nous fait pénétrer et vivre, une nuit durant, le déroulement psychologique et concret de son itinéraire de suicidaire, reprenant l’histoire d’une enfance de mal-aimé et celle d’une quête permanente de rencontres et d’écoute véritable, qui ne sera jamais assouvie. Si le récit est sombre, le style est vif, alerte et même enjoué, enrichi de nombreuses citations et de formules lacaniennes. L’analyse qu’il fait de son enfance douloureuse et de ses relations sentimentales et professionnelles compliquées est particulièrement fine. Si l’on s’attache au titre donné par l’auteur, ce livre peut être considéré comme une forme d’autobiographie rédigée à un moment sombre de son existence, une lecture clairvoyante de son parcours et des souffrances de sa petite enfance. Paradoxalement, le style de ce livre en rend la lecture palpitante. En revanche, le sous-titre : « Le suicide des médecins » est contestable et demanderait bien d’autres compléments. Il laisse entendre que l’ensemble de la profession éprouverait les mêmes sentiments. Or, au terme de son livre, de manière certes un peu trop brève, l’auteur met en évidence l’importance de la relation. C’est de son absence qu’il a souffert. Si une médecine trop scientifique et encadrée par des impératifs de rentabilité connaît, hélas, cette dérive, la majorité des médecins, heureusement a pu préserver cette exigence de qualité dans la relation. Cet aspect demeure essentiel pour donner sens à toute vie.