La question du secret a longtemps préoccupé les chercheurs en anthropologie et en arts visuels, en sociologie et en littérature, en philosophie et en sciences politiques. Alors que ces spécialistes évoluant au sein de divers champs disciplinaires réfléchissent à la politique et à l’esthétique du secret, c’est en études cinématographiques qu’elles ont été les plus négligées. Le secret n’est pourtant pas étranger au cinéma. Il se trouve au cœur de nombreux films documentaires et plus encore de films de fiction. Les réalisateurs(trices) de documentaires d’investigation et de reportages d’enquête qui cherchent à jeter un peu de lumière sur une réalité jusqu’alors occultée, d’une part, se soumettent à un rigoureux travail de recherche car les révélations qu’ils s’apprêtent à faire peuvent être lourdes de conséquences pour les acteurs et les institutions visés. Plus le secret est obscur, plus l’accès à l’information est limité. Le secret, d’autre part, fait partie intégrante de la structure narrative des films de suspense, d’espionnage et surtout d’investigation, qui tient le spectateur en haleine depuis l’élément déclencheur jusqu’au dénouement de l’histoire où le secret est alors révélé.
En dehors des travaux d’Eric G. Wilson (2006) qui analyse le gnosticisme au cinéma et de Simon Willmetts (2016) qui retrace la relation privilégiée entre le cinéma hollywoodien et les services secrets américains, peu d’études sont consacrées à la question du secret au cinéma. C’est pourquoi nous proposons d’analyser la politique et l’esthétique du secret, telles qu’elles se présentent dans le contenu et la forme d’un film et dans les œuvres cinématographiques d’Afrique sub-saharienne en particulier…