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Article de revue

Aimé Césaire et les liens intergénérationnels

Pages 345 à 352

Notes

  • [*]
    Président du Centre Césairien d’Etudes et de Recherches, Martinique.
  • [1]
    Le terme « départementalisation » fut forgé par Aimé Césaire, Rapporteur de la Loi de la départementalisation, en vertu de laquelle la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, la Réunion sont devenues des Départements d’Outre-Mer, le 19 mars 1946. Aimé Césaire n’aimait pas le terme en vigueur, celui d’« assimilation » et qui avait pour lui, une connotation très négative.
  • [2]
    Conformément à son « Discours des trois voies et des cinq libertés » prononcé le 24 février 1978, dans la cour de la Mairie de Fort-de-France, selon Aimé Césaire, « Entre l’intégration et la désintégration, il y a place pour l’invention », « ce qui est acquis restera acquis. Mais ce qui manque sera ajouté ».

1Le 13 juin 2001, lors de la projection du film de Marie-José Halie-Monthieux, sur Aimé Césaire, intitulé : au Bout du petit matin, sur RFO Martinique, (Radio France Outre-mer) aujourd’hui dénommé, Martinique Première, ma fille Perle alors âgée de onze ans déclara non sans une certaine tristesse dans la voix, facilement décelable : « Quand Césaire va mourir, je vais beaucoup pleurer. »

2Ma fille a aujourd’hui vingt-trois ans. Depuis toujours, à la maison, elle entend parler d’Aimé Césaire en termes de réveilleur de peuple, d’homme de plume et d’action, d’homme d’enracinement et d’ouverture ; elle est constamment sensibilisée à son théâtre et à sa poésie.

3Au moment où elle fit cet aveu, Aimé Césaire avait très précisément 88 ans, 3 mois et 5 jours.

4Depuis, il s’en est allé le 17 avril 2008, pour un voyage sans retour.

5Ainsi qu’elle l’avait prédit, ma fille effectivement pleura beaucoup. Mais, pleura aussi le peuple martiniquais tout entier.

6La réflexion d’une fillette de l’âge de Perle faite au sujet d’un homme de cet âge, en aucun cas, ne peut laisser indifférent. Mais ne peut laisser indifférent non plus, l’extrême désarroi dans lequel le peuple martiniquais, comme devenu du coup orphelin de père, aux funérailles et à l’après-funérailles, du Nègre Fondamental et du Leader Fondamental, fut plongé à sa mort. Ainsi, grâce à ma fille que je remercie au passage, vu les réflexions que m’inspira cette affirmation, l’attitude de ce peuple, adoptée en cette circonstance, la matière de mon exposé est toute trouvée, ses contours sont délimités, ses lignes de forces arrêtées, et c’est ce dont je voudrais vous entretenir sous le titre : « Aimé Césaire et les liens intergénérationnels ».

7Mais, avant d’entrer dans le vif du sujet, qui est Aimé Césaire ? Il est d’origine martiniquaise, né à Basse-Pointe le 26 juin 1913 sur l’Habitation Eyma dans un « village Cases nègres ».

8Comme tout Antillais, par ses origines, c’est un métis biologique et culturel, un homme au double visage, déchiré, écartelé entre l’Afrique et l’Europe, et de fait ayant un conflit intérieur.

9Je ne m’étendrai pas sur sa vie et son œuvre. Je ne m’étendrai pas non plus sur la négritude dans son processus de formation et de développement, pour fermer très rapidement ce chapitre, je voudrais simplement dire trois choses :

10- La première, c’est que tout le monde s’accorde à reconnaître que la négritude doit avant tout sa force à Aimé Césaire.

11- La deuxième, c’est que le Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire occupe une place de choix dans la néo-littérature négro-africaine et antillaise d’expression française.

12- La troisième enfin, c’est que Césaire est fidèle à lui-même, à son peuple, à sa mission et surtout que son engagement n’a jamais fait défaut.

131913-2008, Aimé Césaire fut un témoin privilégié de l’Histoire. À 95 ans, à deux mois près de l’âge auquel il est décédé, il sait presque tout des événements marquants de son temps, qu’ils soient culturels, littéraires et artistiques, politiques, philosophiques, religieux ou sociaux. À la fois homme du XXe siècle et à cheval entre les deuxième et troisième millénaires, c’est dire qu’il fut à un point ou un poste d’observation stratégique et idéal d’où guère rien ne lui échappa, que ce fût sur le plan local, national ou international.

14Mais, pour aborder le thème qui nous intéresse, sur le plan plus strictement local, deux questions se posent :

151) Que dire de Césaire et des liens intergénérationnels ?

162) Pourquoi Césaire est-il un témoin privilégié de l’Histoire ?

17Il est un témoin privilégié de l’Histoire, tout simplement parce qu’il a traversé le siècle avec intrépidité et a su toujours le regarder en face, avec insolence, clairvoyance, force d’analyse pour se déterminer efficacement par rapport aux événements et lucidité. Parce qu’il a vécu sinon exploré a priori ou a posteriori, de manière prospective ou rétrospective, toutes les évolutions des époques successives de l’histoire contemporaine martiniquaise et française, à savoir :

  • l’époque coloniale avec son économie de plantation,
  • les deux Guerres mondiales et l’époque de l’Amiral Robert,
  • l’époque de la Départementalisation,
  • l’époque de la Régionalisation et de la Décentralisation,
  • l’époque de la construction de l’Europe économique, du Marché Unique Européen et de la Mondialisation.

18C’est parce qu’il est entré vivant dans l’histoire, chose rare, et qu’il se dépasse.

19Enfin, parce qu’il a su découvrir les générations martiniquaises successives de la première moitié du siècle (de son siècle) du passé sur le présent, et celles de la deuxième moitié, du présent sur le futur.

20Ceci nous amène tout naturellement à la première question et en guise de réponse, disons que Césaire et les liens intergénérationnels se lisent à travers les étapes successives de l’évolution historique et institutionnelle de la Martinique, qu’on peut raisonnablement diviser en trois périodes :

  • la Martinique du début du siècle,
  • la Martinique de la première moitié du siècle,
  • et la Martinique de la seconde moitié du siècle et du passage au troisième millénaire.

21La Martinique du début du siècle est une Martinique archaïque mais au travail, dont l’industrie sucrière est florissante, une Martinique qui s’apprécie en termes de production et de profit.

22La Martinique de la première moitié du XXe siècle est une Martinique dont les terres destinées à l’agriculture sont vendues à d’autres fins. C’est la Martinique née de la départementalisation[1], de la disparition massive des usines à sucre et des distilleries au profit des supermarchés. Terre de production à l’origine, la Martinique est devenue une terre de consommation. C’est la politique de l’assistanat.

23La Martinique de la deuxième moitié du XXe siècle est une Martinique dont l’économie, certes, est en déconfiture, mais qui dans un sursaut facilité par la régionalisation et la décentralisation, cherche à se responsabiliser, à relancer son économie, à exploiter toutes ses potentialités, mais plutôt en vain, où l’économie reste visiblement sous perfusion.

24Quelle que soit la Martinique de l’époque considérée, Césaire n’y resta jamais indifférent. Il suivit pas à pas toutes ses mutations, qu’elles fussent politiques, économiques, culturelles ou sociales, et surtout, en toute connaissance de cause et avec détermination et lucidité, il mena toujours une lutte acharnée pour redresser le cours du destin de son pays.

25Ainsi, c’est ce qu’il fit en réaction contre l’Exposition universelle qui visait à discréditer la culture des peuples non européens, et singulièrement celle des peuples africains, dans les années 30. C’est, avec détermination et ardeur, ce qu’il n’eut de cesse de faire contre le colonialisme et toutes les formes d’oppression et d’exploitation destinées à avilir l’homme, pour préserver le droit à la différence et à la responsabilité et celui des peuples à disposer d’eux-mêmes : en l’occurrence, l’autonomie. Non pas une autonomie à la carte comme le prévoit l’Article 74 de la Constitution française, mais conformément à son idéal et à sa démarche politique, une autonomie qui soit à la manière de celle des Canaries et de Madère, toutes deux respectivement liées à l’Espagne et au Portugal, une autonomie de gestion et qui surtout concilie la solidarité nationale et le droit à la différence et à la responsabilité et qui permet aisément de comprendre pourquoi, depuis 1956 jusqu’au terme de sa vie, son positionnement politique ne varia nullement, que sa conception de l’autonomie fut celle de l’invention, située au confluent de l’intégration et la désintégration et qu’il appelait, « la Troisième voie[2] ».

26À propos de la traversée du siècle d’Aimé Césaire, un de ses fils, Raphaël Confiant, parla de « traversée paradoxale du siècle». Pour ma part, je préfère parler de traversée tumultueuse du siècle.

27Paradoxale ou tumultueuse, je ne me livrerai pas à une analyse de cette traversée du siècle, je voudrais simplement dire qu’elle est loin d’être rectiligne mais, à la manière d’Ulysse le héros de l’Odyssée d’Homère, elle est faite d’avancées et de reculs, de pauses et de silences, de coups mesurés et bien portés, de coups manqués, de ruses, de réajustements, sans toutefois qu’il n’eût jamais modifié son cap.

28Chacun a compris par là-même, que la traversée de Césaire du siècle est une épopée.

29Très prisée dans l’Antiquité comme au Moyen Âge, par définition, l’épopée est un genre littéraire qui chante les hauts faits d’un héros, où les événements sont grossis démesurément, et où se mêlent l’action des dieux et celle des hommes.

30Dans l’épopée césairienne, inutile de chercher les dieux. Ils correspondent souvent à la force du destin, à des forces qui tentent d’écraser le héros ou de l’anéantir ; à toutes les formes d’exploitation qui l’assaillent de toutes parts ; à des idéologies fascistes et racistes ; à des systèmes destinés à détruire ou avilir l’homme, à des régimes politiques oppressifs.

31Inutile d’utiliser des artifices pour amplifier les faits, grossir le héros et l’action du héros. Chez Césaire, par la force et le poids de son œuvre, ils se grossissent par eux-mêmes, la figure césairienne s’impose par elle-même, par son rayonnement.

32À travers le temps, les générations successives, cette figure s’est tellement imposée, surimposée même, que de son vivant, Césaire est devenu un mythe.

33Le mythe qu’est-ce à dire ?

34C’est dans l’Antiquité, un récit sacré inspiré par les dieux et les héros, et qui a un triple rôle :

  • un rôle fondateur, en ce sens qu’il explique la création du monde, l’apparition des hommes, l’origine de la nature, etc. à travers un ensemble de représentations : les symboles ;
  • un rôle de réactivation, en ce sens qu’il suscite la survivance de tel ou tel être, de tel ou tel personnage, système ou groupe donné ;
  • enfin, un rôle fédérateur, en ce sens qu’il véhicule un certain nombre de valeurs unifiantes qui donnent cohérence à un groupe donné.

35À la lumière de la définition et des rôles du mythe, il reste maintenant à savoir, pourquoi de son vivant Césaire est devenu un mythe.

36À mon avis, c’est parce que Césaire est tout à la fois, un démiurge, le poète d’un monde en devenir, un volcan péléen, un surréalisant, un homme d’initiation, un homme d’ensemencement, un Rebelle, un homme « qui dit “Non” à l’ombre » et à l’ordre établi, un homme qui refuse de courber l’échine, un Nègre Fondamental et un Leader Fondamental, un homme de plume et d’action éminemment engagé, un réveilleur de peuples à la prise de conscience de leur identité, il est perçu par tous et singulièrement par le peuple martiniquais comme le Père de la nation martiniquaise : un homme d’enracinement, mais en même temps d’ouverture, dont la seule et unique préoccupation, toute sa vie, fut de lutter farouchement pour la libération des peuples opprimés, contre l’exploitation de l’homme par l’homme.

37Cela dit, ce n’est pas par hasard que de son vivant, tous les Martiniquais s’accordaient à reconnaître Césaire comme leur père, et l’appelaient affectueusement et familièrement : « Papa Césaire ».

38« Papa Césaire », cette expression, et dans l’absolu, l’utilisation de tout terme, toute formule, tout dicton ou proverbe, de toute expression idiomatique ne sont pas le fruit d’un pur hasard, mais la résultante d’une culture, c’est-à-dire des traits affectifs distinctifs d’un peuple donné, de sa manière de sentir, de penser, d’agir ; de sa perception ou vision du monde, de son idéologie ; d’une histoire. Bref, d’une société donnée avec son ou ses systèmes de valeurs, ses règles. Ainsi, expliquer et comprendre comment ils ont pu être générés, et en saisir le sens et la portée, relèvent des sciences humaines que sont la sociologie et la sociolinguistique.

39Pour revenir et ne s’arrêter ici qu’à « Papa Césaire », que désigne en fait cette expression ? Sinon, le père légitime du peuple martiniquais dont nous sommes donc, toutes et tous, les filles et les fils, parmi lesquels il y a des dociles, mais aussi des rebelles comme c’est le cas, à titre d’exemple, du créoliste Raphaël Confiant.

40« Papa Césaire » : quand on sait le poids de son œuvre, qu’on connaît son rayonnement mondial, son destin exceptionnel, ce qu’il représente aux yeux du peuple martiniquais – à savoir un homme qui se confond avec son peuple, sa terre, qui manifestement se dépasse – le mythe auquel il a donné naissance, l’admiration particulière qui lui est vouée comme un véritable culte, cette expression prend une connotation divine, à n’en point douter, Césaire est pour ainsi dire déifié. C’est le réveilleur du peuple à la prise de conscience de son identité. C’est le redresseur de torts. C’est cette tête de proue qu’il appelait de ses vœux, mais aussi, cet homme de terminaison, d’initiation, d’ensemencement. C’est cet homme, qui, à travers le Rebelle, personnage de Et les chiens se taisaient, accepte de mourir pour racheter tous les hommes. C’est le Sauveur, en quelque sorte le Messie.

41Parce que, fidèle à la tradition du héros, qu’il s’appelle Boukman, le Rebelle, Toussaint Louverture, Martin Luther King, Mandela ou autres, Césaire n’a jamais renoncé à son idéal d’homme politique et de culture, et qu’il est reconnu comme un homme d’une stature exceptionnelle, un homme qui se dépasse et qu’on peut aisément hisser au rang de personnage divin.

42C’est aussi parce qu’il est le premier Martiniquais à avoir initié tous les Martiniquais à la quête d’identité.

43Enfin, c’est parce que tout peuple a besoin de modèle, d’exemple et qu’il en est un excellent aux yeux du peuple martiniquais et est regardé à la fois comme un mythe et comme un patriarche.

44Un patriarche c’est-à-dire d’un vieillard respectable, le père d’un groupe familial ou social caractérisé par la prépondérance du père sur tous les autres membres de ce groupe.

45Ce vieillard ou ce père de la Nation martiniquaise, c’est le même qu’on retrouve en Afrique noire où le régime politique traditionnel se fonde souvent sur la gérontocratie.

46La gérontocratie, c’est une société où le pouvoir politique est exercé par des hommes âgés, par des Aînés. Ce pouvoir s’exerce par une assemblée délibérante qui préside aux destinées de la société donnée, qui initie les jeunes à la pratique de la démocratie.

47En Europe, aujourd’hui, l’on aurait tendance à écarter les aînés au profit des jeunes.

48Il est bien vrai que les jeunes représentent l’avenir, mais que sont-ils sans les aînés ? Les aînés ne sont-ils pas le lien ou le liant, entre le passé et le présent ? Fortement ancrés dans la tradition orale, ne sont-ils pas en Afrique, comme du reste dans une certaine mesure à la Martinique, ceux qui initient les jeunes, leur transmettent le savoir, les connaissances de bouche à oreille, au point que le célèbre écrivain africain Hampâté Bâ a écrit à juste titre que « quand un vieillard meurt en Afrique, c’est une bibliothèque qui brûle ».

49Nos aînés sont donc une richesse pour nous. Nous devons les aimer, les protéger, et c’est œuvre vaine de la part de tous ceux qui prétendent bâtir le présent et l’avenir de leur communauté que de les écarter.

50Au début de mon exposé, je vous confiais ce que me disait ma fille. À la lumière de ce qui précède, quand l’on sait ce que Césaire représente, l’on comprend que sa réaction est légitime et normale.

51Qu’on le veuille ou non, Césaire apparaît comme étant un roc presque inébranlable, intouchable. Étant donné la force du mythe et son destin exceptionnel, ce n’est pas par hasard que Césaire, à la différence d’autres Martiniquais a été promu au rang des immortels, de son vivant ; car n’oublions pas que l’une des fonctions du mythe, c’est de réactiver, de sculpter dans l’épaisseur du temps et de l’espace infinis, un personnage imposant (en l’occurrence), au-delà des frontières du temps et de l’espace, de rendre présent ce qui est absent, de donner forme à l’informe, de le soustraire au chaos, et de l’imposer comme l’image d’une réalité vivante, comme d’une vérité incontournable, incontestable, éternelle, universelle.

52Tout au long de son règne politique, de sa vie d’homme tout court, Aimé Césaire a côtoyé de près et marqué de nombreuses générations. À la manière du Général de Gaulle, il aimait souvent à dire à l’adresse de toutes ces générations ou du peuple martiniquais : « Je vous ai compris ».

53Qu’a-t-il fait pour nous comprendre et mériter la confiance de son peuple ?

54Il a tenté de répondre aux attentes, aux aspirations et aux intérêts légitimes de tous les Martiniquais. Il a adapté au mieux sa politique aux situations de l’heure. Il a établi des liens étroits entre tradition et modernité. Il a ouvert la société du passé sur le présent, et celle du présent sur le futur.

55Après cinquante ans de vie parlementaire et cinquante-six ans à la tête de la ville de Fort-de-France, Césaire n’a jamais été appréhendé comme étant archaïque, dépassé ou obsolète ; le peuple martiniquais et la population de Fort-de-France n’auraient pas hésité à prolonger son règne politique, si cet homme à la stature d’un chef d’État ne s’était résolu délibérément (ses forces d’homme lui faisant défaut) à se retirer une fois pour toutes de la vie publique.

56Césaire et les liens intergénérationnels, qu’est-ce à dire ? Ce sont des liens, profondément culturels, affectifs entre un homme et un peuple qui s’aiment passionnément, dont l’un « rentre dans la composition de la chair de l’autre », des liens qui ne peuvent se concevoir que dans le cadre strictement humain.

57Plaçant l’homme au cœur de son œuvre, toute sa vie, Aimé Césaire en fut sans conteste le défenseur acharné ; il lutta farouchement contre toutes les formes d’injustices, d’inégalités, d’exploitation, d’oppression, au point qu’on peut lui attribuer aisément le titre d’humaniste.

58Quoi qu’il en soit, quelle que soit la génération martiniquaise considérée, dès lors, l’idée et l’image qu’elle (la génération considérée) se fait d’Aimé Césaire, est celle de ce roc dont nous parlions précédemment, d’un colosse, tout compte fait, d’un symbole qui ne va pas sans quelque lien étroit avec lui. On ne le répétera jamais assez, de son vivant par la force du mythe, il s’est imposé. Depuis sa disparition, il a continué à s’imposer et s’imposera encore longtemps à travers les siècles, car très puissant par définition, souvent le mythe ne peut être détruit ou n’est destructible que par un autre mythe plus puissant que celui qu’on veut détruire.


Date de mise en ligne : 15/04/2015

https://doi.org/10.3917/presa.189.0345

Notes

  • [*]
    Président du Centre Césairien d’Etudes et de Recherches, Martinique.
  • [1]
    Le terme « départementalisation » fut forgé par Aimé Césaire, Rapporteur de la Loi de la départementalisation, en vertu de laquelle la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, la Réunion sont devenues des Départements d’Outre-Mer, le 19 mars 1946. Aimé Césaire n’aimait pas le terme en vigueur, celui d’« assimilation » et qui avait pour lui, une connotation très négative.
  • [2]
    Conformément à son « Discours des trois voies et des cinq libertés » prononcé le 24 février 1978, dans la cour de la Mairie de Fort-de-France, selon Aimé Césaire, « Entre l’intégration et la désintégration, il y a place pour l’invention », « ce qui est acquis restera acquis. Mais ce qui manque sera ajouté ».

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