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Article de revue

Agostinho Neto (1940-1960). L'itinéraire de l'identité individuelle d'un poète de la génération littéraire de 1940

Pages 101 à 120

Notes

  • [*]
    Professeur à la Faculté des Lettres de l’Université Agostinho Neto et à l’Université Méthodiste de l’Angola.
  • [1]
    Voir Arrêté n° 6119 qui détermine les normes régissant le Concours de Littérature coloniale, Journal Officiel d’Angola n° 7, 1926.
  • [2]
    Ortega y Gasset (José), El Tema de Nuestro Tiempo, Madrid, Allianza Editorial, 1981, p.78
  • [3]
    Il est intéressant d’attirer l’attention sur le texte de Mario Antonio Fernandes de Oliveira, « Facteurs d’« élitisation » de natifs de Luanda pendant la seconde moitié du XIXe siècle », publié dans Mensário Administrativo (Mensuel administratif) n° 186 à 191, janvier / juin 1963, pages 89-91. Par élite angolaise moderne, j’entends ce groupe d’individus qui, en s’appropriant des comportements, des instruments et des concepts de la modernité occidentale, organise des stratégies discursives qui masquent des intérêts internes. C’est à partir de cette idée que j’effectue la schématisation chronologique qui commence avec la 1re élite dont fait partie José de Fontes Pereira, entre autres. Contrairement aux défenseurs de la théorie de la créolité, dont le fondateur est Mario Antonio, on n’accorde pas d’importance à la classification biologique dans le concept en question.
  • [4]
    Antonio Jacinto, Viriato da Cruz, Alexandre Dáskalos, Aires Almeida Santos, appartenant tous à la génération d’Agostinho Neto, ont fréquenté respectivement le Lycée Salvador Correia de Luanda et le Lycée Diogo Cão de Lubango. Mario Pinto de Andrade est l’exception?: il a fait ses études au séminaire de Luanda.
  • [5]
    Laban (Michel), Mário Pinto de Andrade, Uma entrevista, Lisbonne, Sá da Costa, 1997.
  • [6]
    Le premier nativisme a lieu au XIXe, et José de Fontes Pereira est le représentant de la 1re génération, à laquelle succède la génération de Joaquim Dias Cordeiro da Mata.
  • [7]
    Pinto de Andrade (Mario), Origens do Nacionalismo Africano (Origines du Nationalisme africain), Lisbonne, Dom Quixote, 1997 p. 110.
  • [8]
    L’édition utilisée est celle de 1974 de la Librairie Sá da Costa Editora.
  • [9]
    Benveniste (Émile), Problemas de Linguística Geral I, 4ª edição, Campinas, Editora da Universidade de Campinas, 1995, p. 255. Benveniste (Émile), Problèmes de Linguistique Générale, Paris, Gallimard, 1993.
  • [10]
    Concernant la référence au grand-père, « pauvre Kajokolo », Costa Andrade affirme que dans le langage de la région de Catete, au début du XXe siècle, les paysans étaient connus sous le nom de « Kajokolos ». Le grand-père d’Agostinho Neto, qui s’appelait Pedro Agostinho « a maintenu en vie ce nom sous lequel il a toujours été connu?: Petele Kajokolo (…) est le grand-père à qui Agostinho Neto rend hommage ». Andrade (Costa), Opiniões, Critérios. Ensaios, palestras, conferências sobre tudo e coisa nenhuma (1993 a 2006), Luanda, Kilombelombe, 2007, p. 180.

1Le discours poétique inauguré par la génération littéraire de 1940 représente une double rupture dans l’histoire de la littérature angolaise. Tout d’abord, en ce qui concerne le discours nativiste produit par les générations qui surgissent dans les premières décennies du XXe siècle. Puis, face à la littérature coloniale institutionnalisée dès 1926, grâce aux concours encouragés par l’Agence générale de l’outre-mer chargée de la « propagande de l’empire portugais d’outremer », qui « est le meilleur atout pour éveiller, surtout chez les jeunes, le goût pour les causes coloniales [1] ». Tomas Vieira da Cruz était alors le représentant suprême de la littérature coloniale en Angola.

2Comme nous le verrons par la suite, c’est contre les préceptes de la poésie coloniale que la génération d’Agostinho Neto renverse l’ordre des choses en apportant de nouvelles propositions esthétiques à la littérature angolaise. À tel point que la lecture et l’interprétation de la production littéraire des auteurs de cette génération suggère le refus du simple caractère autoréférentiel du texte littéraire. En effet, comme dirait Jean-Pierre Makouta Mboukou, nous sommes confrontés à l’esthétique de l’utilité. Cette esthétique est à l’origine d’un modernisme composé à partir de plusieurs tendances. Certaines cherchent à adopter des modèles du modernisme brésilien, tandis que d’autres sont plus sensibles aux courants littéraires provenant du continent africain et des diasporas noires des Amériques, notamment la Renaissance de Harlem, sans compter les tendances qui aspiraient simplement à l’instauration d’une diction différente de la poésie portugaise. Dans l’historiographie littéraire, la référence faite à cette génération, connue comme « Génération du Message », est généralement associée au magazine de l’Association des Natifs d’Angola. Le Message était publié à Luanda dans les années 1950. Cette relation métonymique atténue trop le spectre de l’analyse, dans la mesure où l’associativisme autochtone comptait encore sur la Ligue Nationale Africaine, qui avait hérité d’un interventionnisme plus actif de la Ligue Angolaise au cours des premières décennies du XXe siècle, et qui réunissait des références de la plus grande importance pour la formation des élites intellectuelles angolaises.

3Les poètes suivants font partie de la génération littéraire que je vous présente?: Aires Almeida Santos, Agostinho Neto, Alexandre Daskalos, Antero de Abreu, Antonio Jacinto, Cochat Osorio, Ermelinda Xavier, Lilia da Fonseca, Mario Pinto de Andrade, Mauricio Gomes et Viriato da Cruz.

4Agostinho Neto naît le 17 septembre 1922. Fils d’Agostinho Pedro Neto, pasteur de l’Église méthodiste et de Maria da Silva Neto, institutrice. Sa personnalité se forge principalement à la lumière des modèles chrétiens du méthodisme américain, qui s’est implanté en Angola dès la seconde moitié du XIXe siècle. Il assume la présidence du Centre évangélique de la Jeunesse angolaise. En 1943, il achève ses années de lycée et entre dans la fonction publique, puis est envoyé tantôt à Malanje, tantôt à Bié. Son père décède en 1946. L’année suivante, il part pour le Portugal où il poursuit ses études. Il s’inscrit en médecine à l’Université de Coimbra. Il prend part à des associations telles que la Maison des Étudiants de l’Empire et le Club Maritime Africain. Parallèlement à la littérature, il développe également une activité politique intense, comme le prouve son appartenance au parti MUD-Juvenil, une organisation de la jeunesse portugaise de gauche. Plusieurs fois arrêté par la PIDE (Police politique de l’époque), il est condamné en 1955 à dix-huit mois de prison par le Tribunal de Porto. Une fois sa peine purgée, il est libéré et reprend ses études en 1957. Il obtient son diplôme de médecine à l’Université de Lisbonne en 1958. Il retourne en Angola l’année suivante et ouvre son cabinet médical à Luanda, tout en participant à l’activité politique clandestine. En 1960, après son élection à la tête du MPLA, dans l’intérieur de l’Angola, il est de nouveau arrêté et exilé au Cap-Vert, en passant par Bissau et Lisbonne. Une campagne internationale est alors lancée pour sa libération. Transféré à la prison d’Aljube en 1962, il est ensuite assigné à résidence. Le 30 juin 1962, il parvient à s’enfuir du Portugal. Un an après, il est élu président du MPLA à la Conférence nationale organisée à Léopoldville, aujourd’hui Kinshasa.

5De son vivant et jusqu’en 1974, Agostinho Neto publie?: Quatro poemas de Agostinho Neto (Quatre poèmes d’Agostinho Neto), Póvoa do Varzim, 1957?; Poemas (Poèmes), 1961?; Con occhi asciutti, (Espérance sacrée), édition bilingue, Milan, 1963?; Sagrada Esperança (Espérance sacrée), Lisbonne, 1974?; Sacred Hope, édition en anglais, Dar Es Salam, 1974.

6Le parcours de lecture que j’ai défini comprend plus de dix ans de la vie d’un poète dont les poèmes et autres textes l’immortalisent à chaque instant, de 1945 à 1960. Ce laps de temps correspond à une partie significative de la biographie d’Agostinho Neto.

7Par conséquent, j’ai structuré mon travail en trois parties. Dans une première partie, j’apporterai quelques éléments qui vous permettront de mieux comprendre le processus de formation de la génération littéraire des années 1940 dont Agostinho Neto fait partie. La deuxième partie mettra particulièrement en évidence l’évolution des idées de ce poète dans le cadre de la transition générationnelle qui a lieu en Angola entre les années 1920 et 1940. Dans la troisième et dernière partie, nous analyserons le texte poétique afin de déterminer le fil conducteur d’une identité individuelle.

La formation d’Agostinho Neto?: génération littéraire, contextes politique, idéologique et culturel

8Lorsqu’on étudie le concept de génération littéraire, il est nécessaire d’en définir clairement les contours, avant de pouvoir l’utiliser.

9D’un point de vue théorique, le concept de génération littéraire attire l’attention de ceux qui privilégient l’analyse du phénomène littéraire dans une perspective historique et sociologique. Selon les dires du philosophe espagnol Ortega y Gasset, « la génération ne se résume pas à une poignée de grands hommes, ni à une simple masse?: c’est comme un nouveau corps social noble, avec sa minorité select et sa populace, lancé dans la vie avec une trajectoire précise [2] ». Sur un plan strictement littéraire, et d’après le concept de Julius Petersen, la génération est caractérisée par un ensemble de facteurs qui méritent d’être rappelés?: la date de naissance?; la communion d’orientations pédagogiques (le processus de formation)?; l’expérience de problèmes communs?; l’existence d’un guide intellectuel, personnalité très souvent charismatique à la tête de prises de décision et d’interventions?; la création d’un langage propre?; la rupture avec la génération précédente. À ces aspects viennent s’ajouter la véritable expérience d’intériorisation individuelle des problèmes communs, ainsi que l’articulation de stratégies de groupe.

10Le concept de génération littéraire suppose l’existence d’une élite. Cette minorité sélect qui se distingue de la populace dont parle Ortega y Gasset, est en réalité une élite [3]. Par conséquent, toutes les générations littéraires angolaises, y compris celle des années 1940, représentent l’élite culturelle moderne, dans la mesure où elles constituent des catégories de personnes possédant une capacité intellectuelle, acquise dans le cadre d’un système d’enseignement formel ou non, et par conséquent, susceptibles d’exercer une certaine influence, présente ou future, sur la société à laquelle elles appartiennent et où des institutions d’origine occidentale sont en place.

11C’est cette génération littéraire des années 1940, dont font partie ces poètes angolais, qui marque la rupture dans le domaine du discours littéraire, en inscrivant ce dernier dans le cadre d’une intervention politique plus sophistiquée, soit la transition du nationalisme nativiste au nationalisme culturel et politique des années 1950 et 1960, grâce à la formation de partis ou de mouvements politiques dans le cadre de l’État Nouveau et de ses institutions de surveillance politique.

12Parmi les événements les plus marquants qui ont eu lieu en Angola au début du XXe siècle et qui constituent des étapes de référence en matière d’éducation et d’enseignement, on relèvera la création de lycées dans deux des plus grandes villes du territoire?: en 1919, le lycée central de Luanda qui est devenu par la suite le « Lycée Salvador Correia »?; dix ans plus tard, en 1929, à Lubango, le « Lycée National de Huila » [4]. Agostinho Neto s’inscrit au Lycée Salvador Correia en 1934 et est l’un des rares noirs à fréquenter cet établissement d’enseignement.

13Des valeurs humanistes basées sur la tradition portugaise sont inculquées aux jeunes de la génération ayant fréquenté le lycée dans les années 1930. Les programmes et la structure scolaires des lycées de l’époque – tout comme les autres programmes de l’enseignement colonial jusqu’en 1974 – obéissent à des dispositifs légaux obligatoires qui définissent les limites du précepte colonial (l’ensemble d’œuvres de la littérature portugaise et d’autres littératures européennes recommandé par le système d’enseignement officiel, pendant la période coloniale). Il s’agit d’un précepte fondé sur des critères visibles dans le cadre d’une culture coloniale. Quant à l’enseignement des disciplines de Littérature, Langue portugaise, Histoire et Géographie du Portugal, on constate une certaine homogénéité dans tout le dénommé « Empire » colonial portugais. Les orientations pédagogiques, comme on peut s’en douter, ne sont pas en adéquation avec l’univers culturel des peuples colonisés.

14En troisième année, on recommandait que les textes choisis pour l’enseignement de la langue accordent une plus grande place aux thèmes portugais. Le programme de 5e et sa pédagogie soutiennent « l’illustration de l’esprit et l’éducation civique des élèves, à travers l’exposition méthodique de l’histoire de la littérature portugaise, à la lumière de nombreux documents qui permettent de suivre l’évolution des sentiments, des idées et de l’art, mais aussi du langage, dans une synthèse de la vie mentale de la Nation » portugaise.

15C’est contre ce précepte colonial, institutionnalisé à partir de 1919, que les générations littéraires de 1940 et 1950 proposent de créer une véritable littérature angolaise autonome. Comme nous le verrons par la suite, les textes publiés par Agostinho Neto au début des années 1940 s’inscrivent dans les manifestations de protestation contre l’imposition des valeurs portugaises. Cette imposition, par son caractère pernicieux, est à l’origine de l’aliénation qui n’échappe pas aux critiques de cet auteur.

16Les remous de la Seconde Guerre mondiale, les vents du Panafricanisme, dans son modèle nord-américain, les échos du nationalisme dans les anciennes colonies britanniques et françaises, et la prolifération des partis communistes européens et latino-américains, sont des facteurs de rénovation des stratégies idéologiques et littéraires de la génération de 1940. On constate la réapparition d’interrogations qui sont thématisées dans les textes publiés dans la presse locale.

17Attentifs au contexte de reconstruction de l’Europe et à l’évolution de la politique internationale, conscients des effets catastrophiques de la guerre et interprétant les signes de changement qui se dessinent à l’horizon, la génération d’Agostinho Neto commence à donner une consistance à sa formation idéologique et à construire son œuvre littéraire. Pour Mario Pinto de Andrade, ils ont fondé ce qu’il appelle la « Génération des années 20, car ils sont tous nés entre 1920 et 1930 ». À la même période, on constate la présence d’une communauté significative d’étudiants originaires des colonies portugaises de l’époque, dans les villes de Lisbonne et Coimbra. On peut dire qu’en ce qui concerne l’Angola, dans les années 1950, les écrivains répartissent les centres de leur activité intellectuelle à travers les villes de Luanda, Benguela, Huambo et Lubango, et dans les villes de Lisbonne et Coimbra, les deux centres de la vie universitaire au Portugal. Au cours de la longue rencontre accordée à Michel Laban [5], Mario Pinto de Andrade considère que les années 1950 ont représenté en réalité l’apogée d’une activité intellectuelle jamais égalée au cours des générations précédentes. La création du Centre d’Études africaines à Lisbonne, dans les années 1950, en est la preuve.

Les idées nativistes d’Agostinho Neto. Leur évolution entre 1940 et 1959

18Le nativisme est un concept qui détermine la façon dont l’idéologie nationaliste se manifeste dans l’espace territorial angolais, de la fin du XIXe et au début du XXe siècle jusqu’aux années 1940. Dans une perspective périodologique, on peut dire que la génération littéraire d’Agostinho Neto s’inscrit dans le troisième nativisme[6] ou nationalisme nativiste.

19Selon Mario Pinto de Andrade, le nativisme était une idée projective « diffusée par les érudits africains dès les années 1880 […] c’était un « terme grâce auquel le segment intellectuel des ‘fils de la terre’ […] exprimait le sentiment collectif d’être le porteur de valeurs propres, la référence en matière d’identification et de convergence de ses aspirations à une autonomie et à une future indépendance [7] ».

20Si le nativisme concilie idées et valeurs d’autonomie, de séparation et d’indépendance, dans le cadre de l’organisation de l’État colonial, l’associationnisme, quant à lui, exprime la concrétisation d’intentions politiques collectives, grâce à l’action collective, dans ce cas précis, d’associations telles que la Ligue angolaise, de journaux existants et adoptant ce courant idéologique.

21L’associativisme nativiste des années 1940 comptait deux associations importantes, toutes deux basées à Luanda?: la Ligue Nationale Africaine et l’Association des Natifs d’Angola. Sur les traces de la tradition journalistique de la fin du XIXe siècle, on publie dans les années 1940 des journaux qui, en précurseurs du discours fondé sur des stratégies rhétoriques appropriées aux circonstances politiques, conservent encore les marques de l’idéologie nativiste. Farolim (Petit phare) et O Estandarte (L’Étendard) sont seulement deux des publications périodiques de cette décennie, auxquelles Agostinho Neto collabore. Entre 1942 et 1944, il publie quelques poésies dans le journal. O Estandarte (L’Étendard), notamment Natal do Mundo – Salvação (Noël du monde – Rédemption)?; Da Oração (De la prière)?; Mais Alto (Plus haut)?; Canto Congregacional (Chant communautaire). En 1940, il publie deux articles, parmi lesquels, « O Segredo de Viver » (Le secret de vivre) et publie en 1943, « As multidões esperam » (Les foules attendent) dans O Estandarte. Dans ce même journal, il glorifie son père, le révérend Agostinho Pedro Neto avec des textes tels que « O Segredo da Paz » (Le secret de la paix) en 1936 et « É preciso divertir a Juventude Evangélica » (Il faut amuser la Jeunesse Évangélique) en 1944.

22De 1944 à 1953, il publie neuf textes d’opinion, notamment?: « A Nova ordem começa em nossa Casa » (Le nouvel ordre commence chez nous)(1944?); « A Paz que esperamos » (La paix que nous attendons) (1945)?; « Instrução ao nativo » (Instruction au natif) (Estandarte (Étendard), 1945)?; « Uma Causa Psicológica?: a “Marcha para o Exterior” » (Une cause psychologique?: la « Marche vers l’extérieur ») (1946)?; « Uma Necessidade » (Un besoin) (1946)?; « Da Vida Espiritual em Angola » (De la vie spirituelle en Angola), « Meridiano » (Méridien) (1949), « O Rumo da Literatura Negra » (Le destin de la littérature noire) (Centre d’Études Africaines, 1951)?; « A propósito de Keita Fodeba » (À propos de Keita Fodeba), (Angola, Magazine de la Ligue Africaine, 1953)?; « Introdução ao Colóquio sobre Poesia Angolana » (Introduction au Colloque sur la Poésie angolaise) (1959).

23Parmi les textes énumérés ci-dessus, cinq feront l’objet de cette recherche.

24Dans « A Nova ordem começa em nossa Casa » (Le nouvel ordre commence chez nous), Agostinho Neto définit l’égalité et la liberté comme étant les piliers d’un ordre ancien. Pour lui, l’ordre en vigueur est basé sur une fondation qui, n’étant pas la Bible, discrimine les fils du même Père. C’est pour cela qu’il soutient que « quand l’église met les riches d’un côté et les pauvres de l’autre?; les érudits ici et les ignorants là, quand l’église elle-même ne les considère pas tous comme les fils du même Père, elle ne peut pas s’attendre à ce que le monde, qui dans sa majorité ne croit pas en Dieu, établisse de meilleures règles ».

25La concentration de ces valeurs d’inspiration biblique a entraîné ce que l’on appelle la « paix chrétienne », insérée dans un contexte idéal où il est censé exister une « réelle fraternité ». Et lance, tout d’abord, le défi aux évangélistes, à l’église méthodique, car si « Le nouvel ordre commence chez nous », alors « il ne peut exister ni séparations, ni distinctions, ni échelles où certains seraient en haut et d’autres en bas ». L’analogie entre l’église et la maison s’applique à la famille. Si « la femme est esclave, les domestiques des machines et les enfants des sources d’ennuis, à qui l’on ne donne pas l’affection, l’amour et une certaine liberté qu’ils méritent en tant que personnes, nous ne pouvons nous attendre à ce que le nouvel ordre nous libère de cet assujettissement à nos supérieurs ».

26Agostinho Neto fait dans ce texte l’apologie d’une justice ancrée dans l’égalité qui est supposée se traduire par la concrétisation des principes moraux chrétiens. La logique des hiérarchies et de la stratification sociale se heurte à la vision de l’anthropologie théologique selon laquelle tous les hommes sont les créatures de Dieu, dans un monde de sa conception.

27Dans le texte « La paix que nous attendons », écrit le 28 août 1945, publié dans O Estandarte (L’Étendard) (n° 113), Agostinho Neto réfléchit aux conséquences de la Seconde Guerre mondiale. Par exemple, il déclare que?:

28

« Diminuer le spectre de la faim et de la sous-alimentation?; éloigner le spectre du chômage?; chasser l’ignorance qui révolte?; réconcilier les nations?; empêcher de nouvelles guerres – c’est ce à quoi nous prétendons tous, au fond ».
« L’amélioration des conditions de vie et la facilité de transport – promesse de la fantastique avancée scientifique?; la baisse des prix de l’énergie utilisée par les locomobiles – promesse optimiste de l’ère atomique?; l’augmentation de la production agricole?; la réduction des distances?; la rapidité?; la sécurité?; la tranquillité – c’est ce que nous souhaitons. »

29Il affiche une connaissance des idéologies et des doctrines en vogue lorsqu’il explique que la « juste récompense du travail du Grec et du Troyen?; la fin du despotisme capitaliste?; l’accès accordé équitablement aux Juifs et aux Païens, en fonction de l’intelligence et de la capacité de production de chacun, la fin des classes privilégiées et des classes défavorisées?; les facilités accordées équitablement à toutes les races afin qu’elles aient les mêmes moyens d’avancer – c’est ce que nous espérons sincèrement ».

30Avant d’articuler mes propos avec les idéologies en vogue, j’attire votre attention sur la rhétorique de la répétition, dans ce dernier extrait, du mot équitablement et sur sa sémantique associée à l’affirmation et à la volonté d’abolir les classes privilégiées et les classes défavorisées. On est de nouveau face à un discours de la justice distributive et égalitaire d’inspiration religieuse. Toutefois, ce n’est plus la paix chrétienne qu’il défend. Désormais, c’est la paix civile. Malgré ce changement, il affirme que?: « La PAIX ne viendra pas de l’autre côté des frontières, comme c’est le cas de la guerre?; elle ne vient pas de l’extérieur?; elle doit venir de l’intérieur ». Et il ajoute?: « C’est ainsi que nous l’entendons ».

31Dans « Instrução ao nativo » (Instruction au natif), publié en 1945 dans le journal O Estandarte (L’Étendard), il thématise de nouveau la justice, et en fait désormais un bien essentiel pour les natifs ou autochtones, tout comme elle est nécessaire « à la population de toutes les régions du Portugal ». Agostinho Neto soulève ici « le problème de l’augmentation du niveau d’instruction dispensée aux natifs ».

32À ses yeux, la discrimination dont il préconise l’abolition dans le texte précédent est visible. C’est pour cela qu’il signale l’existence d’un « développement scolaire qu’enregistrent les grandes agglomérations de population européenne et l’intérêt porté à l’éducation de l’enfant blanc, mais rien n’a été fait dans le but d’instruire le natif ».

33Les initiatives qui contribuent au changement de cet état de faits se remarquent dans l’action des Missions Religieuses, en particulier celle des Missions Évangéliques dont les écoles « ont vu passer nombre de natifs qui sont aujourd’hui fonctionnaires, professeurs, pasteurs et représentent une bonne partie de la classe ouvrière autochtone, ainsi que quelques Européens ».

34Par conséquent, face aux exemples des églises qui pendant ce temps se débattaient contre des problèmes d’ordre financier et l’indifférence des autorités du dénommé « Empire colonial », d’après Agostinho Neto, celles-ci auraient pu faire bien plus « à condition qu’il existe un réel intérêt permettant au natif, du moins augmentant ses chances de s’instruire, d’engager davantage de professeurs et d’ouvrir plus d’écoles ». Cependant, sans tenter de cacher son appartenance à l’église évangélique, il insiste sur le rôle de la société méthodiste, dont le Fonds à constituer n’a pas été accordé par le gouvernement colonial, mais qui devrait être appliqué en faveur des natifs.

35Dans les textes évoqués ci-dessus, publiés dans O Estandarte (L’Étendard), l’auteur s’est peut-être adressé à la communauté méthodiste et évangélique, malgré la portée générale du contenu de ses textes.

36Un texte qui marque sa collaboration avec un journal qui, dans les années 1940, suivait encore les traditions du XIXe siècle, porte un titre suggestif?: « Une cause psychologique?: la “Marche” vers l’extérieur ».

37Il s’agit d’un texte publié dans le journal O Farolim en 1946. C’est de ce texte dont parle Domingos Van-Dunem, alors secrétaire de rédaction, dans un entretien accordé à Michel Laban. Lu et situé dans son contexte temporel, il révèle une certaine maturité. Agostinho Neto y donne de la consistance aux idées précédemment citées, en diagnostiquant le manque d’unité entre « les éléments de la classe native » qui ont tendance à s’isoler les uns des autres. Ressentant en lui une sorte d’idéal, Agostinho Neto constate le danger qui guette?: « La désunion entre nous, natifs, est paradoxale, nous qui devons lutter ensemble pour notre économie et pour l’augmentation de notre niveau culturel, pour ne pas citer d’autres intérêts communs. »

38Selon lui, l’une des plus graves faiblesses de la classe native est la « psychologie distordue » qui, entre autres aspects, s’analyse dans le suivi aveugle des modes chez les jeunes. Mais ce fait n’est pas fortuit. Il dérive de la « désunion entre les natifs », celle-ci étant concomitante « à la fabrication en série du jeune homme moderne ». On observe également le cas de la « femme africaine moderne assimilant la non-objectivité de la vie, se distinguant de la grand-mère crochetant paisiblement, adoptant l’insouciance, le rouge à lèvres, la semelle en liège et la jupe montante?; elle s’est simplement laissée emporter par le mouvement général qui a transformé l’homme, auquel (soit dit en passant) il est difficile d’échapper?! ».

39La déformation de la psychologie collective et la désunion n’arrivent pas par hasard. Elles trouvent leur origine dans les contenus du système d’enseignement. Il déclare donc?:

40

Les natifs sont éduqués comme s’ils étaient nés et résidaient en Europe. Avant d’atteindre l’âge où ils sont capables de penser par eux-mêmes, ils ne connaissent pas l’Angola. Ils voient leur terre de l’extérieur et non de l’intérieur, comme cela semblerait évident. Ils étudient à l’école, minutieusement, l’Histoire et la Géographie du Portugal, tandis que, de la Colonie, ils ne feuillettent que quelques résumés ou l’étudient superficiellement.

41Et quelle en est la conséquence??

42Agostinho Neto répond?:

43

Les individus ainsi formés ont la tête posée sur des vertèbres natives, mais son contenu s’ancre sur des vertèbres étrangères, de sorte que les idées, les expirations de l’esprit sont étrangères à leur terre. D’où le fait qu’ils voient cette dernière, son peuple et ses coutumes, le monde qui les entoure, comme étrangers – d’ailleurs (…)
Il se produit chez le natif une déformation de sa personnalité qui se reflète dans la vie sociale, en la déséquilibrant.

La poésie de la rupture dans le recueil espérance sacrée [8] à travers une brève lecture de cinq poèmes

44La lecture des livres de poésie d’Agostinho Neto, Espérance Sacrée et Renúncia Impossível (Renonciation impossible), ce dernier ayant été publié à titre posthume, permet effectivement de détecter les divers signaux de discontinuité qui donnent naissance au discours poétique de rupture. Je me concentrerai sur le premier.

45Afin de tenter de tracer le profil identitaire du poète, je vais commencer par l’identification des groupes thématiques développés par le livre?:

  1. Thèmes libertaires?: Adeus à hora da largada (Adieu à l’heure du départ), Consciencialização (Prise de conscience), Assim clamava esgotado (Ainsi clamait-il épuisé), Noites de cárcere (Nuits au cachot), Aqui no cárcere (Ici au cachot), O içar da bandeira (Hisser le drapeau), Depressa (Vite), Luta (Lutte), Campos verdes (Champs verts), Havemos de voltar (Nous reviendrons), Criar (Créer), Não me peças sorrisos (Ne me demande pas de sourires)?;
  2. Thèmes radicalement lyriques?: Um aniversário (Un anniversaire), Mussunda Amigo (Mussunda ami), Poema (Poème), Um bouquet de rosas para ti (Un bouquet de roses pour toi), Para enfeitar os teus cabelos (Pour décorer tes cheveux), Dois anos de distância (Deux années de distance), Desterro (Exil), Sombras (Ombres), Desfile de sombras (Défilé d’ombres)?;
  3. Thèmes de la relation de l’homme angolais avec son paysage?: Sinfonia (Symphonie), Caminho do Mato (Chemin de la brousse), Kinaxixi, O verde das palmeiras da minha mocidade (Le vert des palmiers de ma jeunesse)?;
  4. Thèmes de la misère sociale collective?: Desfile de sombras (Défilé d’ombres), Civilização Ocidental (Civilisation occidentale), Noite (Nuit), Para além da poesia (Au-delà de la poésie), Meia-noite na quitanda (Minuit dans l’échoppe), Quitandeira (Marchande), Crueldade (Cruauté), Sábados nos Musseques (Samedis dans les bidonvilles), Contratados (Employés)?;
  5. Thèmes panafricains?: Velho negro (Vieux nègre), Comboio africano (Train africain), Confiança (Confiance), Aspiração (Aspiration), Saudação (Salut), Pausa (Pause), O caminho das estrelas (Le chemin des étoiles), A reconquista (La reconquête), Sangrantes e germinantes (Sanglants et germants), Na pele do tambor (Dans la peau du tambour), Massacre de S.Tomé, As terras sentidas (Les terres senties), Bamako, Fogo e Ritmo (Feu et rythme), Mãos esculturais (Mains scupturales), O choro de África (Les larmes de l’Afrique), A voz igual (La même voix).
La classification présentée est seulement une ressource d’analyse critique. De ce point de vue, le livre dans sa macrostructure réunit un ensemble de poèmes essentiellement épiques, affichant une narrativité régulière dans laquelle l’énonciation discursive revient à un sujet reconnaissable en particulier par l’utilisation du pronom de la première personne du pluriel ou de la première personne du singulier dans un registre synecdochique, ainsi que de nombreuses références à certains sujets collectifs.

46« Adieu à l’heure du départ » (p. 47), le premier poème d’Espérance Sacrée, est immédiatement révélateur d’une discontinuité qui prétend instaurer un devenir. Vivant loin de sa patrie, le sujet lyrique fait une profession de foi et personnifie le destin collectif de tous les fils qui allaient « à la recherche de la lumière ». Dans le premier vers du poème, Minha Mãe (Mère) est un énoncé qui présente l’interlocuteur du sujet poétique?:

47

Minha mãe / (todas as mães negras / cujos filhos partiram) / tu me ensinaste a esperar / como esperaste paciente nas horas difíceis / Mas a vida / matou em mim essa mística esperança / Eu não espero / sou aquele por quem se espera /
(Mère / (toutes les mères nègres / dont les fils sont partis) / tu m’as appris à attendre / comme tu as attendu patiemment dans les heures difficiles / Mais la vie / a tué cette mystique espérance en moi / Je n’attends pas / je suis celui que l’on attend / )

48Les expectatives s’inversent, dans la mesure où les fils qui allaient à la recherche de la lumière et à la recherche de la vie ont désormais des responsabilités importantes. Il en découle que le poète a conscience de l’épuisement auquel est arrivée la mère patrie. En même temps, il révèle une fine perception des contingences inscrites dans le temps réellement vécu et leurs projections?:

49

Hoje / somos as crianças nuas das sanzalas do mato / os garotos sem escola a jogar bola de trapos / nos areais ao meio dia / somos nós mesmos /
[…]
Amanhã / entoaremos hinos à liberdade / quando comemorarmos / a data da abolição desta escravatura /
(Aujourd’hui / nous sommes les enfants nus des brousses / les gamins sans école jouant avec un ballon en chiffons / sur les plages à midi / c’est bien nous /
[…]
Demain / nous entonnerons des hymnes à la liberté / quand nous commémorerons / la date de l’abolition de cet esclavage / )

50Les déictiques aujourd’hui et demain marquent la temporalité d’une interlocution fondée sur des constatations et des certitudes. Les liens entre le présent et le futur établissent à la fois une discontinuité et une continuité. Dans les strophes où les déictiques sont utilisés, sont énumérées les situations qui dans une logique temporelle traduisent une dialectique, la négation et le changement. Les enfants nus des brousses (aujourd’hui), entonneront des hymnes à la liberté et commémoreront la date de l’abolition de l’esclavage (demain). L’énonciation est faite à la première personne du pluriel, exprimant ainsi la relation entre une identité collective et un sujet collectif.

51Il faut prêter une attention particulière à la relation qui, dans la première et la troisième strophes, s’établit entre le sujet énonciateur (je) et son interlocuteur (tu)?: (…) tu m’as appris à attendre (…) Je n’attends pas / je suis celui qu’on attend /. Nous sommes face à une « corrélation de subjectivité », selon Émile Benveniste [9]. La relation dialogique rend évidente l’existence de deux sujets.

52« Hisser le drapeau » (p.141) est un texte qui s’intègre dans le spectre des sentiments que désigne le premier poème du livre?:

53

Quando voltei / as casuarinas tinham desaparecido da cidade / E também tu / Amigo Liceu / voz consoladora dos ritmos quentes da farra / nas noites dos sábados infalíveis // Também tu / harmonia sagrada e ancestral / ressuscitada nos aromas sagrados / do Ngola Ritmos // Também tu tinhas desaparecido / e contigo / os Intelectuais / a Liga / o Farolim / as reuniões das Ingombotas / a consciência dos que traíram sem amor /
(Quand je suis revenu / les casuarinas avaient disparu de la ville / Et toi aussi / Ami Liceu / voix consolatrice des rythmes chauds de la fête / les nuits des samedis infaillibles // Toi aussi / harmonie sacrée et ancestrale / ressuscitée dans les arômes sacrés / de Ngola Ritmos // Toi aussi tu avais disparu / et avec toi / les Intellectuels / la Ligue / Le Farolim / les réunions des Ingombotas / la conscience de ceux qui ont trahi sans amour / )

54Le « demain » devient présent lorsque le sujet poétique revient à sa patrie. Mais la satisfaction n’est pas entière. On observe l’absence des objets, des personnes et des valeurs qui identifient ce lieu et auxquels il s’identifie. Le recours à l’anaphore syntaxique de la flexion du verbe disparaître, conjugué à la forme composée, crée une intensité de la carence à travers la répétition de l’adverbe aussi et l’énumération des éléments connexes.

55L’absence d’amis et de personnes connues ainsi que d’objets familiers du monde naturel est un symptôme qui dénonce les transformations de la société angolaise dans les années 50?:

56

Cheguei no momento preciso do cataclismo matinal / em que o embrião rompe a terra humedecida pela / chuva
[…]
Cheguei para ver a ressurreição da semente / a sinfonia dinâmica do crescimento da alegria nos / homens // E o sangue e o sofrimento / eram uma corrente tormentosa que dividia a cidade // Quando eu voltei / O dia estava escolhido / e chegava a hora /
(Je suis arrivé au moment précis du cataclysme matinal / quand l’embryon rompt la terre humidifiée par / la pluie
[…]
Je suis arrivé pour voir la résurrection de la semence / la symphonie dynamique de la croissance de la joie chez / les hommes // Et le sang et la souffrance / étaient un courant tourmenteur qui divisait la ville // Quand je suis revenu / Le jour était choisi / et l’heure arrivait / )

57Le cataclysme matinal et la résurrection de la semence, deux métaphores qui évoquent la naissance de quelque chose de nouveau, s’articulent dans les vers de la strophe suivante?:

58

Quando eu voltei / qualquer coisa gigantesca se movia na terra / os homens nos celeiros guardavam mais / os alunos nas escolas estudavam mais / o sol brilhava mais / e havia juventude calma nos velhos / mais do que esperança era certeza / mais do que bondade era amor / […]
Tudo todos tentavam erguer bem alto / acima da lembrança dos heróis / Ngola Kiluanji / Rainha Ginga / Todos tentavam erguer bem alto / a bandeira da independência.
(Quand je suis revenu / quelque chose de gigantesque était en mouvement dans le pays / les hommes récoltaient plus / les élèves dans les écoles étudiaient plus / le soleil brillait plus / et il y avait une jeunesse calme chez les vieux / plus que de l’espérance c’était de la certitude / plus que de la bonté c’était de l’amour / […]
Tous tentaient de hisser bien haut / au-dessus du souvenir des héros / Ngola Kiluanji / Reine Ginga / Tous tentaient de hisser bien haut / le drapeau de l’indépendance.)

59Lors du retour à la patrie, on célèbre la transformation, le futur devient présent?: « quelque chose de gigantesque était en mouvement dans le pays ». On évoque ici la mémoire collective, en recourant à une Histoire qui n’apparaît pas dans les livres officiels dont les héros sont Ngola Kiluanji et la Reine Njinga, célébrés par la tradition. La téléologie de l’Histoire renvoie à l’indépendance du territoire, de l’espace physique et social habité par des femmes et des hommes qui manifestent leur fierté et revendiquent la gloire de ces héros. Ce territoire est l’Angola. Enfin, le texte du poème contient une dédicace suffisamment éloquente?: Poema dedicado aos Heróis do povo angolano (Poème dédié aux Héros du peuple angolais).

60Les allusions faites aux personnages référentiels jouent le rôle de la représentation mémorielle, d’autant que la mémoire collective, qui est transmissible, s’actualise ainsi à travers la mémoire individuelle du poète. Lorsque l’individu scrute sa mémoire individuelle, il manifeste un sentiment d’appartenance à une communauté, à un lieu. Il peut être intéressant de mentionner le fait que le poème « Hisser le drapeau » ait été écrit en 1960, dans la Prison de Aljube à Lisbonne, dans un contexte où il est nécessaire de convoquer la mémoire sociale.

61« Exil ». Ce texte est dès le départ dédié à des êtres chers au poète, notamment sa mère, ses sœurs (probablement ses nièces) et son grand-père [10].

62

Para ti também / mamã / há uma só palavra / nesta nova partida para o desterro / -Coragem, voltaremos a encontrar-nos // Irene, Elisa, Dady / nomes de uma ternura de sangue // -Coragem, voltaremos a encontrar-nos / […] Meu pobre Kajokolo / poeta frustrado duma existência de evasões / não será sobre a sepultura / que nossas lágrima cairão / será na alegria do grande abraço / ao festejarmos o ressurgimento /
(Pour toi aussi / maman / il n’y a qu’un seul mot / dans ce nouveau départ vers l’exil / -Courage, nous nous retrouverons // Irene, Elisa, Dady / noms d’une tendresse de sang // -Courage, nous nous retrouverons / […] Mon pauvre Kajokolo / poète frustré d’une existence d’évasions / ce ne sera pas sur une tombe / que nos larmes couleront / ce sera dans la joie d’une grande étreinte / en fêtant la résurrection / )

63Mais dans la troisième strophe on voit que le poète réintègre la perspective d’une identité collective, en élargissant le spectre des destinataires du poème, en le dédiant également à son peuple?:

64

O que no meu coração existe por todos vós / irmãos do meu sangue, da minha raça, do meu povo / Para ti “Ti Duia”, rei no Cemitério Novo / é esta palavra de luta e de fogo / -Coragem até o regresso /
(Ce qui dans mon cœur existe pour vous tous / frères de mon sang, de ma race, de mon peuple / Pour toi « Ti Duia », roi du Cimetière Nouveau / c’est ce mot de lutte et de feu / -Courage jusqu’au retour / )

65Il s’agit d’un poème daté dans lequel l’auteur exalte radicalement le « je ». Il y exprime un sentiment de nostalgie, vivant une situation d’exil. Dans d’autres parties, on observe l’adjectif possessif de la première personne du singulier mon, surdéterminé par l’adjectif possessif du pluriel notre. On peut lire, dans la dernière strophe?: No meu coração de exilado / todos vós com o vigor do nosso povo / (Dans mon cœur d’exilé/vous tous avec la vigueur de notre peuple /). Le registre autobiographique sous-jacent permet d’arriver à cette conclusion, étant donné qu’Agostinho Neto était un prisonnier politique isolé sur la Ponta do Sol (Pointe du Soleil) dans l’Archipel du Cap Vert où il avait été transféré après avoir été détenu par la PIDE, à Luanda.

66Cependant, la répétition du mot « courage » à la fin des trois premières strophes et du dernier vers des deux premières produit un bel effet d’un point de vue rythmique, mais permet surtout d’intensifier l’aspect affectif qui s’imprime dans le poème.

67« Ombres ». Partant d’une introspection faisant appel à la mémoire, le poète projette l’ombre matérielle de la négation. Pour cela, il élabore une antithèse entre les phrases, grâce à la relation syntaxique disjonctive entre les deux termes des phrases qui forment les vers de la première strophe?:

68

« Lembro-me dos caminhos que ninguém pisou / ouço as vozes longínquas / dos homens que não cantaram / recordo dias felizes que não vivi / existem-me vidas que nunca foram / vejo luz onde só há trevas. / »
(« Je me souviens des chemins jamais empruntés / j’entends les voix lointaines / des hommes qui n’ont pas chanté / je me souviens des jours heureux que je n’ai pas vécus / il m’existe des vies qui n’ont jamais été / je vois la lumière où il n’y a que les ténèbres. / »).

69On remarque le verbe exister dans le cinquième vers conjugué à la forme pronominale qui, si ce n’était la liberté poétique, serait une erreur grammaticale. Mais l’idée sous-jacente ici est celle de l’expérience d’anéantissement et d’aliénation totale, que l’on retrouve dans la cinquième strophe?: « viver nas coisas, nos rumos fechados » (« vivre dans les choses, dans les destins fermés »).

70La conclusion à laquelle on arrive après la lecture se résume à l’oxymore de la strophe suivante?: « Sou um dia em noite escura » (« je suis un jour dans une nuit sombre »). Cette sémantique d’annulation que nous rencontrons également ailleurs?: « vejo luz onde só há trevas » (« je vois la lumière où il n’y a que les ténèbres »), ne permet ni le souvenir ni la saudade (nostalgie). Le poète s’interroge?: « Nunca vi o sol/ que tenho a recordar?? » (« Je n’ai jamais vu le soleil/ de quoi puis-je me souvenir?? »).

71En réalité, celui qui imagine être dépouillé de sa mémoire et de son identité, dominé par la nuit et par les ténèbres, ne peut que s’exclamer?:

72

Ah?! / Esta mania de imaginar / e de inventar mundos / homens, sistemas, luz?! / viver nas coisas, nos rumos fechados / na escuridão das noites / a palpitante existência / dos dias de sol. /
(Ah?! Cette manie d’imaginer / et d’inventer des mondes / hommes, systèmes, lumière?! / vivre dans les choses, dans les destins fermés / dans l’obscurité des nuits / la palpitante existence / des jours de soleil. / )

73Tout cela est de l’ordre du rêve, dans une circonstance de réclusion absolue, car pour le poète « cette saudade de rien » est en même temps « cette folie ». Mais il faut affronter la réalité, observer le destin de l’homme en chair et en os. Il comprend ainsi que?:

74

« Lá vai ele / o homem / com os olhos no chão. / Vê-se-lhe o dorso sob a camisa rota / e carrega o pesado fardo / da ignorância e do temor. // Não grita seus enaseios / no receio de perturbar um mundo / que o ofusca / com o falso brilho dos seus ouropéis. / »
« Le voilà / l’homme / avec la tête baissée. / On aperçoit son dos sous sa chemise trouée / et il porte le lourd fardeau / de l’ignorance et de la crainte. // Il ne crie pas ses désirs / de crainte de perturber le monde / qui l’offusque / avec le faux éclat de ses oripeaux. / »

75Toutefois, cette homme humilié qui marche tête baissée, « já foi senhor /foi sábio / antes das leis de Kepler/foi destemido/antes dos motores de explosão. / » ( « a déjà été seigneur / a été savant / avant les lois de Kepler / a été intrépide/avant les moteurs de l’explosion. / »).

76Avec cet homme qui personnifie la souffrance des fils de l’Afrique éparpillés dans le monde, dans les circonstances les plus diverses et les plus tragiques, se confond le destin du poète?:

77

« Esse homem / essa miséria… // É dos seus dias de glória / que tenho saudade / Saudade sim?! / […] De ti meu irmão / de mim / em busca de todas as áfricas do mundo. / »
(« Cet homme / cette misère… // Ce sont ses jours de gloire / qui me manquent / Qui me manquent oui?! / […] Toi mon frère / moi / à la recherche de toutes les afriques du monde. / »).

78« Le vert des palmiers de ma jeunesse » est un poème dans lequel le sujet poétique projette dans le temps les images d’un passé marqué de façon indélébile par le régime saisonnier de la rivière Kwanza dont dépendait le rythme de vie des populations qui y vivaient. Nous accompagnons le poète qui revisite les lieux de sa jeunesse au moment de l’inclémence de la rivière Kwanza débordante, lorsqu’il écrit?:

79

Eu fugia do verde / do verde negro das palmeiras / da minha mocidade // Todos os deuses da mística dos séculos / e os seus sacrifícios / cruentos ou incruentos / o sopro metafísico das florestas sagradas / a inspiração divinizada dos xinguilamentos / e dos feiticeiros / ficavam, ficavam encharcados nas águas / da insegurança que me dançava no peito. /
(Je fuyais le vert / le vert noir des palmiers / de ma jeunesse // Tous les dieux de la mystique des siècles / et leurs sacrifices / anglants ou non sanglants / le souffle métaphysique des forêts sacrées / l’inspiration divinisée des xinguilamentos / et des sorciers / restaient, restaient trempés dans les eaux / de l’insécurité qui dansait dans mon cœur. / )

80Si l’on part du postulat théorique selon lequel, dans le texte poétique, il existe une relation d’implication entre l’auteur textuel et l’auteur empirique, nous pouvons être en présence d’une référence à un petit bourg de Kaxicane, situé sur le bord de la rivière Kwanza.

81

O Kwanza transbordante / de ameaça e despotismo / avançava sobre a terra / num parto alastrante de chuvas torrenciais / e os crocodilos / vencido o elemento / iam banquetar-se nos currais abandonados. /
(La rivière Kwanza débordante / de menace et de despotisme / avançait sur la terre / donnant naissance à des pluies torrentielles / et les crocodiles / une fois l’élément vaincu / allaient s’allonger dans les étables abandonnées. / )

82Rien ne résistait au pouvoir écrasant de la rivière. Ni même « os deuses da mística dos séculos e os seus sacríficios » ou « a inspiração divinizada dos xinguilamentos » (« les dieux de la mystique des siècles et leurs sacrifices » ou « l’inspiration divinisée des xinguilamentos »). Avec le vocable xinguilamento (du verbe de la langue Kimbundu Kuxingila – Évoquer les esprits, les morts), il est fait allusion aux rituels réalisés en hommage à Kituta ou à Kianda, divinités des eaux et des rivières, ce qui révèle une connaissance qui lui est transmise par l’expérience vécue dans la communauté ethnique Kimbundu dont il est originaire, comme on peut le voir grâce aux extraits d’une prière en langue Kimbundu?:

83

Tata ietu uala ku diulu / Fukamenu?! / Lengenu / O ituxi?! O ituxi?! / […]
(Notre Père qui êtes aux cieux / Agenouillez-vous / Fuyez / Péchés?! / Péchés?! / […])

84L’univers référentiel de ce poème renvoie à un espace physique et social d’une certaine région de l’Angola.

85Comment peut-on déterminer l’identité d’un poète grâce à une présentation synthétique des références biographiques et à la lecture de certains de ses poèmes??

86Dans un travail comme celui-ci, il n’est pas possible de donner des réponses définitives à cette question. Toutefois, j’ai tenté de faire un peu la lumière sur ce poète angolais de la génération littéraire de 1940, en essayant de révéler les idées, les sentiments et les valeurs qui habitent sa pensée et sa poésie pendant deux décennies.

87Si par identité individuelle on entend l’expression de la différence comme résultat du processus de socialisation auquel se soumet la personnalité de l’individu dans une tension complexe entre les filtres de la mémoire de l’individu lui-même et des groupes auxquels il appartient (famille, amis, associations), dans l’itinéraire du poète Agostinho Neto on détecte clairement les traits d’une conscience individuelle fondée sur la mémoire collective du peuple angolais. Sa poésie est marquée par l’affirmation d’une connaissance de l’histoire des peuples africains et de leurs diasporas. Mais le souvenir des expériences collectives en termes symboliques, puisque c’est dans le domaine de la littérature que nous nous trouvons, permet de comprendre l’émergence d’une intentionnalité esthético-littéraire et l’instauration d’un nouveau discours légitimant dans le sens large du terme. Or, si l’on inscrit le poète dans son époque, ce discours légitimant donne naissance à des filiations identitaires d’un autre ordre. Les péripéties biographiques d’Agostinho Neto et le type de discours poétique qu’il construit nous conduisent rapidement au portrait d’une personnalité avide d’assumer un engagement du point de vue éthique. Avec une action qui tend vers la dénonciation de l’injustice, de l’oppression et du colonialisme, on voit le poète embrasser l’idéologie nationaliste. Le poète est à la recherche de l’identité nationale dans un effort qui écarte toute menace d’oubli et d’aliénation, en défendant une dignité collective et un destin partagé.

Bibliographie active

  • Agostinho Neto, Sagrada Esperança, Lisbonne, Librairie Sá da Costa, 1974.
  • Agostinho Neto, Espérance Sacrée, Éditions Delroisse, Union des écrivains angolais, 1980.
  • Agostinho Neto, Poesia, Luanda, INALD, 1998.
  • Bibliographie passive

    • Centre d’Études Historiques du MPLA, Agostinho Neto. Ensaio Biográfico, Luanda, Editorial Vanguarda, 1990.
    • Centre de Documentation et de Recherche Historique du MPLA, Agostinho Neto. Ensaio Biográfico, Luanda, 2000.
  • Bibliographie générale

    • Amaral, Ilídio, O Rio Cuanza (Angola), da Barra a Cambambe?: reconstituição de aspectos geográficos e acontecimentos históricos dos séculos XVI e XVII, Lisbonne, Institut de Recherche Scientifique et Tropicale, 2000.
    • Andrade, Costa, Opiniões, critérios. Ensaios, palestras, conferências sobre tudo e coisa nenhuma (1993-2006), Luanda, Kilombelombe, 2007.
    • Andrade, Mario Pinto de, Origens do Nacionalismo Africano, Lisbonne, Dom Quixote, 1997.
    • Benveniste, Émile, Problemas de Linguística Geral I, 4ª edição, Campinas, Editora da Universidade de Campinas, 1995.
    • Benveniste, Émile, Problèmes de Linguistique Générale, Paris, Gallimard, 1993.
    • Ervedosa, Carlos, Roteiro da Literatura Angolana, Luanda, União dos Escritores Angolanos, 1979.
    • Ferreira, Manuel, No reino de caliban II, 3e édition, Lisbonne, Platano Editora, 1997.
    • Gambarte, Eduardo Mateo, El concepto de generación literaria, Madrid, Síntesis, 1996.
    • Gasset, Ortega y, El Tema de Nuestro Tiempo, Madrid, Allianza Editorial, 1981.
    • Hamilton, Russell G., Literatura Africana, Literatura Necessária I-Angola, Lisbonne, Éditions 70, 1975.
    • Laban, Michel, Angola. Encontro com Escritores, Lisbonne, Fondation Eng° Antonio de Almeida, 1990.
    • Laban, Michel, Mário Pinto de Andrade. Uma entrevista, Lisbonne, Éditions João Sá da Costa, 1997.
    • Laranjeira, Pires, Ensaios Afro-Literários, Lisbonne, Novo Imbondeiro, 2001.
    • Makouta-Mboukou, Jean-Pierre, Sytèmes, théories et méthodes comparés en critique littéraire vol. II. Des nouvelles critiques à l’éclectisme négro-africain, Paris, L’Harmattan, 2003.
    • Margarido, Alfredo, Estudos sobre literaturas das nações Africanas de língua portuguesa, Regra do Jogo, 1980.
    • Menezes, Filinto Elísio de, « Apontamento sobre a poesia de Angola », in separata do jornal Cultura, Luanda, 1949, p.67.
    • Oliveira, Mário António Fernandes de, A Formação da literatura angolana (1851-1950), Lisbonne, Imprensa Nacional – Casa da Moeda, 1997.
    • Oliveira, Mário António Fernandes de, Reler África, Coimbra, Département d’Anthropologie de l’Université de Coimbra, 1990.
    • Rocha, Jofre, Intervenções sobre literatura, artes e cultura, Luanda, Kilombelombe. 2004.
    • Trigo, Salvato, A Poética da « Geração da Mensagem », Porto, Brasília Editora, 1979.
    • Wheeler, Douglas, « Origins of African Nationalism in Angola?: Assimilado Protest Writings, 1859-1929 », in Chilcote Ronald (ed.), Protest & Resistance in Angola & Brazil. Comparative Studies, Berkeley, Los Angeles, London, University of California Press, 1972.
    • Divers, A Voz Igual. Ensaios sobre Agostinho Neto, Luanda, MPLA, 1996.
  • Périodiques

    • O Estandarte, Luanda, (1938-1950).
    • Farolim, Luanda, (1932-1952).
    • África. Literatura, Arte e Cultura, revue trimestrielle, vol. II, n° 7 (janv.-mars), Lisbonne. 1980.

Date de mise en ligne : 28/01/2013

https://doi.org/10.3917/presa.184.0101

Notes

  • [*]
    Professeur à la Faculté des Lettres de l’Université Agostinho Neto et à l’Université Méthodiste de l’Angola.
  • [1]
    Voir Arrêté n° 6119 qui détermine les normes régissant le Concours de Littérature coloniale, Journal Officiel d’Angola n° 7, 1926.
  • [2]
    Ortega y Gasset (José), El Tema de Nuestro Tiempo, Madrid, Allianza Editorial, 1981, p.78
  • [3]
    Il est intéressant d’attirer l’attention sur le texte de Mario Antonio Fernandes de Oliveira, « Facteurs d’« élitisation » de natifs de Luanda pendant la seconde moitié du XIXe siècle », publié dans Mensário Administrativo (Mensuel administratif) n° 186 à 191, janvier / juin 1963, pages 89-91. Par élite angolaise moderne, j’entends ce groupe d’individus qui, en s’appropriant des comportements, des instruments et des concepts de la modernité occidentale, organise des stratégies discursives qui masquent des intérêts internes. C’est à partir de cette idée que j’effectue la schématisation chronologique qui commence avec la 1re élite dont fait partie José de Fontes Pereira, entre autres. Contrairement aux défenseurs de la théorie de la créolité, dont le fondateur est Mario Antonio, on n’accorde pas d’importance à la classification biologique dans le concept en question.
  • [4]
    Antonio Jacinto, Viriato da Cruz, Alexandre Dáskalos, Aires Almeida Santos, appartenant tous à la génération d’Agostinho Neto, ont fréquenté respectivement le Lycée Salvador Correia de Luanda et le Lycée Diogo Cão de Lubango. Mario Pinto de Andrade est l’exception?: il a fait ses études au séminaire de Luanda.
  • [5]
    Laban (Michel), Mário Pinto de Andrade, Uma entrevista, Lisbonne, Sá da Costa, 1997.
  • [6]
    Le premier nativisme a lieu au XIXe, et José de Fontes Pereira est le représentant de la 1re génération, à laquelle succède la génération de Joaquim Dias Cordeiro da Mata.
  • [7]
    Pinto de Andrade (Mario), Origens do Nacionalismo Africano (Origines du Nationalisme africain), Lisbonne, Dom Quixote, 1997 p. 110.
  • [8]
    L’édition utilisée est celle de 1974 de la Librairie Sá da Costa Editora.
  • [9]
    Benveniste (Émile), Problemas de Linguística Geral I, 4ª edição, Campinas, Editora da Universidade de Campinas, 1995, p. 255. Benveniste (Émile), Problèmes de Linguistique Générale, Paris, Gallimard, 1993.
  • [10]
    Concernant la référence au grand-père, « pauvre Kajokolo », Costa Andrade affirme que dans le langage de la région de Catete, au début du XXe siècle, les paysans étaient connus sous le nom de « Kajokolos ». Le grand-père d’Agostinho Neto, qui s’appelait Pedro Agostinho « a maintenu en vie ce nom sous lequel il a toujours été connu?: Petele Kajokolo (…) est le grand-père à qui Agostinho Neto rend hommage ». Andrade (Costa), Opiniões, Critérios. Ensaios, palestras, conferências sobre tudo e coisa nenhuma (1993 a 2006), Luanda, Kilombelombe, 2007, p. 180.

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