Claude Wauthier propose à la lecture une étude magistrale et inédite d’un phénomène trop méconnu : l’histoire des églises afro-chrétiennes à travers leurs sectes et leurs prophètes. Le choix de Wauthier est judicieux de plusieurs points de vue. D’un point de vue géographique d’abord. L’auteur couvre toute l’Afrique noire (francophone, anglophone, lusophone, hispanophone) en s’intéressant aux manifestations christiques et sectaires qui ont eu lieu dans ces régions soumises à la diffusion de la religion chrétienne à partir de la présence européenne. Il maintient ainsi une unité de préoccupation qui donne son originalité à cet ouvrage.
D’un point de vue historique ensuite. L’auteur exclut d’emblée de son essai l’Église chrétienne d’Éthiopie, considérée par certains comme une Église authentiquement africaine qui n’a rien à voir avec l’Église chrétienne d’Orient ou l’Église chrétienne d’Occident. Il fait ainsi le choix d’une histoire des conséquences de la colonisation. De fait, l’essai retrace plus de trois siècles d’histoire de la religion chrétienne occidentale en Afrique noire en allant du plus connu au moins connu, du plus ancien au plus actuel. De Dona Béatrice brûlée vive pour hérésie en 1706 en Angola par les pères capucins, à l’Église du christianisme céleste, florissante en République centrafricaine, une multiplicité de sectes et de prophètes divers ont émergé en Afrique noire.
On connaît Matsoua, tout à la fois prophète et homme politique dont les actions d’éclat ont marqué durablement l’histoire et la conscience du Congo français colonial…