L’Essai sur les Révolutions de Chateaubriand fait un usage très fréquent de la référence à l’Amérique. Cette même Amérique le laisse à court d’idées : « sur la foi des livres et des intéressés, au seul nom des Américains, nous nous enthousiasmons de ce côté-ci de l’Atlantique. Nos gazettes ne nous parlent que des Romains de Boston ». L’Amérique de Dany Laferrière se définit à la fois en termes de conquête et de rupture. « L’Amérique est un énorme téléviseur avec plein d’images dedans ». On pense à ce regard aux accents baudelairiens : « et les yeux attirants comme ceux d’un portrait », « La valley girl travaille, mange, boit, baise, fête et à la fin je suppose meurt dans un accident d’automobile. Tout est permis dans cet univers, sauf une seule chose : penser. »
À la manière d’un Kerouac, on retrouve dans Cette grenade dans la main du jeune nègre est-elle une arme ou un fruit ? cette recherche frénétique de l’identité personnelle et collective. Ainsi, de la route de Kerouac à la vie bucolique du peintre Rockwell en passant par l’énigme de la peau, l’auteur de La chair du maître nous invite à un voyage d’études. Nous nous proposons d’analyser ces trois « nouvelles » dont la trame nous ramène à cette réflexion de Charles Fourier : « Existe-t-il une fausse civilisation ? »Sur la route est un hymne à la liberté, à l’irrespect, une dénonciation de l’Amérique puritaine et rétrograde ; tout ce que François Duval résume dans cette formule à propos de la beat génération « chez les beats, littérature et vie ne sont jamais séparées (ils sont sur la route jamais cloîtrés très longtemps dans une chambre, façon Virginia Woolf) »…