Notes
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[1]
Chercheur postdoctoral au Laboratoire « Gestion territoriale de l’eau et de l’environnement » à l’École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg, Institut national de recherche en services et technologies pour l’environnement et l’agriculture (GESTE UMR Irstea-ENGEES). Chercheur associé au Laboratoire « Sociétés, acteurs et gouvernement en Europe » SAGE (UMR 7363, CNRS-Université de Strasbourg).Chargé d’enseignement à l’Institut d’urbanisme et d’aménagement régional (IUAR) de la Faculté des sciences sociales de l’Université de Strasbourg.
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[2]
Cette recherche a été menée grâce au soutien du Fonds européen de développement régional (FEDER), du programme Interreg IV Rhin supérieur. Cette recherche est le fruit d’une collaboration avec l’Institut des sciences de l’environnement de l’Université de Koblenz-Landau, l’Institut de science régionale de l’Université de Karlsruhe, ainsi que le Laboratoire Image, ville, environnement (LIVE), UMR 7362 CNRS-Université de Strasbourg. Enfin, le volet sociologique de l’étude a été porté par une équipe du Laboratoire Société, acteurs et gouvernements en Europe (SAGE) UMR 7363 CNRS-Université de Strasbourg animée par Philippe Hamman, Guillaume Christen, Isabelle Hajek et Maurice Wintz. Voir le site Internet dédié : http://www.plan-ee.eu/
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[3]
http://www.es-energiesrenouvelables.fr/notre-offre/notre-offre-cle-en-main/en-5-etapes (consulté le 12 mai 2016).
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[4]
http://www.strasbourg.eu/fonctionnement-ville-cus/communaute-urbaine-strasbourg/presentation-cus (consulté le 12 mai 2016).
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[5]
http://www.sete-esplanade.fr/fr/
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[6]
Fondée en 2008 près de Thann.
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[7]
La superficie du toit solaire « citoyen » est de 200 m2 de panneaux avec une puissance de 27,91 kWc. L’engagement financier de 42 associés (soit 30 000 euros) a rendu possible le projet.
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[8]
Énergies Partagées en Alsace développe l’installation de panneaux solaires photovoltaïques sur les toitures de bâtiments publics et privés, financés par des actionnariats citoyens : http://www.energies-partagees-alsace.coop/ (consulté le 15 mars 2015).
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[9]
Association allemande, dont le siège est à Freiburg, qui promeut l’énergie coopérative et citoyenne : http://www.fesa-geno.eu/ (consulté le 15 mars 2016).
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[10]
http://www.ouest-france.fr/eoliennes-beganne-le-parc-eolien-citoyen-inaugure-samedi-2615848 (consulté le 27 février 2015).
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[11]
C’est-à-dire la capacité des acteurs à s’approprier, à traduire et à relocaliser une innovation technique dans leur espace des pratiques.
1Le terme de « transition énergétique » n’est pas neutre, mais reflète une orientation qui engage les sociétés carbones énergivores à « corriger les menaces écologiques » (Rumpala, 2010). Le caractère transitionnel signifie que le changement est gouverné, c’est-à-dire organisé selon un cadre qui « pilote » (Rumpala, 2010) les relations entre environnement et économie et ajuste la trajectoire de l’économie de marché afin de la rendre moins « impactante » sur les écosystèmes. Ce cadre fixe des orientations qui définissent ce qui peut être négocié de ce qui ne l’est pas. Dans cette acception, il n’est pas question de rupture avec une économie de marché, mais d’une adaptation des économies mondiales aux problématiques climatiques, par le passage de ce qui serait une société non durable à une société durable. Les débats sur la transition sont ainsi centrés dans un certain rapport entre continuité et rupture avec le modèle en place (Christen et Hamman, 2015), à l’image des lectures développées à la fois en termes d’« économie verte » (Mélard, 2008), ou de décroissance. Cette dynamique qui oscille entre rupture et continuité traduit les orientations contradictoires données à la transition énergétique, selon deux modèles types (Werner-Brand, 2014). Suivant le premier, les solutions sont régulées par le marché où l’innovation technique cherche à concilier enjeux climatiques et économiques. Quant au second, celui-ci réévalue les démarches citoyennes et collectives et privilégie une logique de sobriété plutôt que des technologies supplémentaires.
2Concrètement, la transition énergétique implique une transformation des collectifs sociotechniques en charge de la production et de la distribution des flux d’énergies. En effet, le modèle énergétique français est structuré autour d’une technologie sectorielle, à savoir le nucléaire civil (Évrard, 2014), qui s’appuie sur un métabolisme linéaire et long (Rumpala, 2013), suivant un schéma d’exploitation, de consommation et de production de déchets non renouvelables. L’image d’un métabolisme linéaire a souvent été empruntée afin de figurer la concentration d’un réseau par des acteurs spécialisés qui planifient en aval et en amont la production d’énergie selon un flux continu d’approvisionnement (Coutard, 2010). Outre l’aspect organisationnel, cette figure désigne également un « métabolisme doublement ouvert » (Wintz, 2015), c’est-à-dire un fonctionnement dont l’empreinte écologique puise et rejette à la fois des énergies fossiles non renouvelables.
3Dès lors, le processus transitionnel peut apparaître conflictuel, car le développement des énergies renouvelables implique une décentralisation des modèles selon un maillage de réseaux à petite échelle. Cette conception s’appuie sur un métabolisme territorial circulaire et court (Rumpala, 2013), où l’énergie produite localement est idéalement consommée sur place, ou du moins à proximité des usagers. La production et la distribution des flux d’énergies s’appuient sur des réseaux courts, où les matières prélevées et rejetées sont réutilisées ou recyclées. Le passage à un modèle décentralisé suppose une transition technique mais aussi spatiale, par le biais d’une territorialisation de la production des flux d’énergie.
4Or ce processus transitionnel n’a pas l’illusion d’aboutir vers un système définitif. La transition d’un modèle à l’autre est plus complexe et offre la possibilité de nombreuses transactions entre des systèmes centralisés et décentralisés. Dès lors, la transition énergétique s’opérationnalise-t-elle à partir de collaborations d’acteurs issus des secteurs industriels et alternatifs ? Cette coopération est-elle susceptible d’engendrer des modèles hybrides, des formes de compris ponctuels ?
5Notre propos s’appuiera sur une enquête de terrain réalisée à l’échelle du Rhin-Supérieur auprès des acteurs de la scène énergétique locale (Alsace et Land de Rhénanie-Palatinat), dans le cadre d’un programme de recherche européen « Interreg Plan énergies renouvelables [2] » (2012-2015). Pour étayer notre propos, nous mobiliserons trois cas d’études, à savoir trois projets concrets de déploiement d’énergies renouvelables. Les deux premiers se situent dans l’Eurométrople de Strasbourg (la cité de l’Ill au nord de Strasbourg) et le troisième se trouve dans un territoire rural de montagne (la commune de Saâles dans le Bas-Rhin) et concerne l’implantation d’un parc éolien dont la gestion est assurée en partie par un collectif citoyen. Outre une implantation territoriale différenciée, ces deux projets reflètent des orientations contraires que la transition énergétique est susceptible d’emprunter. En effet, ils nous informent sur deux modèles participatifs qui visent à socialiser les acteurs aux problématiques énergétiques en suscitant leur implication au processus transitionnel. C’est le second point abordé. Nous analysons les dispositifs incitatifs comme autant de médiations qui visent à reconstruire un lien social distendu entre la nature et la société. Ces dispositifs d’implication permettent-ils de (re)figurer l’empreinte de nos modes de vie sur les milieux et de (re)matérialiser la capacité d’un agir (Laigle, 2013) sur l’environnement ?
6Dans un premier temps, nous revenons sur la construction sociale des technologies énergétiques. Celles-ci dépendent fortement des collectifs d’acteurs qui leur attribuent des significations différentes, dans la mesure où elles mobilisent les intérêts divergents de différents groupes sociaux. Nous dresserons une typification des modes d’introduction des énergies renouvelables selon une régulation par le marché et une seconde qualifiée d’« alternative », essentiellement portée par des coopératives énergétiques et des initiatives associatives. Dans les faits, nous verrons que les frontières ne sont pas si rigides, il existe des perméabilités sous la forme de compromis entre les acteurs associatifs et industriels. Les modèles s’hybrident et peuvent prendre la forme de collaborations occasionnelles pour la mise en place d’un projet citoyen. Enfin, nous examinerons l’échelle de l’acteur et la possibilité qu’offre la transition énergétique à l’usager de redonner une nouvelle valeur sociale à l’énergie.
1 – L’analyse des jeux d’acteurs de la scène énergétique du Rhin-Supérieur
1.1 – La transition énergétique un processus pluriel ?
7Ce que l’on nomme un système énergétique repose sur des infrastructures et des réseaux de production et de distribution des flux de matières. Or ces réseaux ne sont pas désincarnés mais reposent sur des collectifs sociotechniques (Akrich, 1994) qui gèrent les flux de ressources (Rumpala, 2013). L’analyse proposée par Laure Dobigny (2009) permet de saisir relationnellement les dimensions suivantes : les ressources naturelles converties en puissance, les médiations techniques qui rendent possible cette conversion, et enfin les modes de régulation, c’est-à-dire les collectifs d’acteurs qui intègrent et orientent l’exploitation des ressources dans des choix politiques et de société. En effet, les technologies énergétiques se caractérisent par leur flexibilité (Akrich, 1994) et se prêtent à des configurations contradictoires en fonction des orientations données par les collectifs d’acteurs qui les portent. Dès lors, la transition énergétique apparaît comme une « question plurielle et hétérogène » (Rutherford, 2013) dont les orientations peuvent aller de l’« écologie industrielle » (Diemer et Labrune, 2007) à l’émergence de formes coopératives accompagnées d’une réflexion plus transversale sur les modes de vie (Christen et al., 2013). Ces lignes d’action différenciées traduisent plus largement une opposition entre une régulation centralisée-industrielle et décentralisée-citoyenne : les énergies renouvelables peuvent se développer comme énergie de substitution dans un système centralisé (l’hydroélectricité par exemple), ou selon des modalités décentralisées sous la forme d’une gouvernance citoyenne, à l’image de l’actionnariat populaire. La souplesse de ces technologies montre combien le choix d’une source d’énergie ne peut ainsi être réduit à une lecture technicienne, mais admet des aspects politiques, économiques, sociaux et territoriaux. À partir d’enquêtes de terrain auprès des acteurs clés territoriaux, nous définissons une typologie des modes de régulation et des orientations données à la transition énergétique. Cette caractérisation distingue une régulation industrielle et une autre, plus coopérative, portée par des initiatives citoyennes.
1.2 – Une régulation par le marché
8À l’échelle du Rhin-Supérieur, l’entrée des énergies renouvelables s‘effectue principalement par le marché (Debourdeau, 2011a-b), où la problématisation des réponses se fonde essentiellement sur une technologie verte (Hubert et Mormont, 2008) qui vise à développer une économie décarbonnée. Les acteurs du secteur (opérateur et fournisseur d’électricité) présentent désormais une gamme photovoltaïque complète sous la forme d’un véritable « pack » (Debourdeau, 2011a, 2011b), destinée aussi bien aux bailleurs sociaux et aux industriels qu’aux particuliers. Sur le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg, on peut citer un opérateur historique en charge de la distribution d’électricité, « Électricité de Strasbourg », filiale d’EDF, qui propose aux particuliers un « kit » photovoltaïque, comprenant à la fois les études préalables (un devis technique et un diagnostic), les démarches administratives, le raccordement au réseau public ainsi que le rachat de l’électricité produite à un tarif préférentiel sur une durée de vingt ans [3].
9Cette organisation en filière facilite l’interception des énergies renouvelables par les opérateurs « historiques » qui ont déjà la charge d’un réseau d’électricité ou de chaleur. Les réseaux de chaleur de certains quartiers [4] de l’Eurométrople sont ainsi gérés par des opérateurs préalablement établis : on peut citer la société Idex qui gère le réseau de la cité de l’Ill ou encore l’entreprise Dalkia qui pilote notamment le site de l’Esplanade [5]. Dans ce contexte, l’entrée des énergies renouvelables s’effectue par la conversion d’infrastructures existantes, avec pour effet de renforcer la place des entreprises historiques du secteur.
1.3 – Le développement des coopératives citoyennes
10Parallèlement à une régulation par le marché, il existe des initiatives citoyennes, dont l’ambition est de donner une justification militante à l’essor des énergies renouvelables. L’idée est de faire de l’énergie et de la transition écologique une question citoyenne et non un secteur, dont la gestion a été déléguée aux seuls opérateurs industriels. L’idée d’autonomie est avant tout symbolique et cristallise la possibilité pour les collectifs citoyens de se réapproprier la question de l’énergie
« Ce qui compte aussi pour nous, c’est de remettre l’énergie et sa gestion au cœur des discussions, c’est une question qui devrait être gérée par les citoyens, par tout le monde, et non pas une minorité d’entreprises. »
12Outre la réappropriation de la question énergétique par les habitants, la transition écologique est appréhendée de manière à inciter les acteurs à produire une réflexion sur les modes de vie. Cette acceptation du processus transitionnel rejoint la définition éco-centrée soulignée par Karl Werner-Brand (2014) qui rompt avec l’idée d’une croissance verte et l’utilisation de la technologie comme solution à la crise écologique. Les modèles de société portés par ces acteurs associatifs aspirent à la recherche d’une « sobriété » (Roudil, 2014) ou à une forme de décroissance.
13Concrètement, il s’agit de petites unités solaires photovoltaïques ou de microcentrales hydroélectriques, qui sont à l’initiative de collectifs citoyens. Leur fonctionnement repose sur une gestion coopérative – ou en société d’économie mixte – qui consiste à mutualiser l’investissement de particuliers (d’une dizaine à plusieurs centaines) afin de financer un parc éolien ou une installation solaire. En Alsace, il existe différents projets participatifs, à l’image de l’association Énergies citoyennes d’Alsace (ECA [6]) à l’initiative d’un toit solaire « citoyen » [7] de 200 mètres carrés. On peut également citer une première initiative citoyenne franco-allemande, où les associations Énergies partagées en Alsace [8] et Fesa Énergie [9] pilotent une coopérative énergétique de 2600 m2 de panneaux solaires photovoltaïques, financée à partir d’un engagement participatif.
1.4 – Des projets énergétiques à la croisée des modes de régulation
14Au-delà de cette typification, la mise en œuvre de projets concrets aboutit à une hybridation de ces deux processus qui coexistent dans les territoires. Effectivement, des coopératives citoyennes qui produisent localement de l’énergie peuvent la réinjecter dans le réseau centralisé, à l’image de l’éolien citoyen qui s’inscrit pleinement dans cette dynamique de compromis. C’est le cas, en France du parc éolien participatif de Béganne en Ille-et-Vilaine, inauguré en juin 2014, dont l’énergie produite est revendue à EDF [10]. Dans le contexte régional étudié, on trouve le site éolien de Saâles (dans le Bas-Rhin), dont la particularité est de s’appuyer sur un dispositif adossé à un opérateur industriel, en même temps qu’un processus associatif. En effet, sur les dix éoliennes, deux, situées sur la commune de Saâles, seront gérées via un dispositif d’actionnariat populaire piloté par l’association spécialisée « Énergie partagée ». En raison de la conception experte de la technologie éolienne « élaborée en dehors des utilisateurs » (Zélem, 2012), ce dispositif entend réinsérer cette technique environnementale dans le monde vécu des habitants en les associant à la transition énergétique via une participation. Le financement des deux éoliennes relevant de la démarche d’actionnariat se fait par le biais d’une société d’économie mixte, qui repose sur deux modalités d’organisation :
- D’une part, la commune possède 40 % des parts. Ceci introduit l’idée d’une territorialisation de la production d’énergie, qui, dans les faits, sera symbolique, car rejoignant le réseau EDF.
- De l’autre, une deuxième médiation prend la forme d’un actionnariat populaire : les citoyens se voient proposer d’acquérir des actions pour financer à hauteur de 60 % les deux aérogénérateurs.
15Le fonctionnement de ce système énergétique composite emprunte à la fois à la culture militante (modèle associatif et participatif) et industrielle (alimentation et distribution de l’énergie produite localement par le réseau centralisé existant). Or ce travail de collaboration entre modèle centralisé et décentralisé est facilité par le profil sociologique des porteurs de projet (membres des associations d’énergies citoyennes ou élus locaux) qui disposent des deux cultures : une intégration associative et aussi professionnelle dans des secteurs industriels de l’énergie. Le site de Saâles montre l’importance de ces acteurs « relais » qui incarnent et opèrent l’hybridation des modèles. En effet, nous avons mené une enquête auprès des porteurs de projet, qui ont participé à l’élaboration de l’actionnariat, en particulier l’adjoint chargé des questions environnementales et du dossier éolien à Saâles. Cet acteur a fait carrière chez EDF, où il est devenu chef d’agence de différents districts dans l’Est de la France (Longwy, Mulhouse et Sélestat). Au moment de son départ à la retraite, il décide de poursuivre une activité à son compte (pour la filiale EDF Énergies Nouvelle) en devenant correspondant pour le projet éolien de Saâles. Comme il le décrit, son activité consiste à piloter les dossiers techniques et administratifs : « Je suis chargé de mission par eux, c’est moi qui ai fait tous les baux emphytéotiques pour les éoliennes. Oui, parce que j’ai pris un numéro de Siret, pour pouvoir travailler. […] Moi, je suis le parc complet. Sur chaque projet, il y a un interlocuteur, en cas de problème. » Au-delà de l’aspect ingénierie de projet, ce sont aussi des dimensions plus techniques dont il a la charge, comme le suivi des mâts de mesure, qu’il relève quotidiennement pour EDF. Cet acteur dispose de « savoirs professionnels diffus » (Nez, 2011), c’est-à-dire des connaissances techniques dans le domaine de l’énergie issues du métier qu’il a exercé mais désormais mobilisées dans ce projet citoyen. Il devient le relais incontournable pour composer avec l’opérateur industriel dans l’élaboration de la démarche participative.
16Dans les faits, l’entrée des énergies renouvelables n’annonce pas la fin des réseaux centralisés, mais des systèmes hybrides apparaissent, composés d’unités décentralisées mais rattachées à des réseaux industriels préexistants. La gouvernance du processus transitionnel (Rumpala, 2010) s’inscrit dans une démarche transactionnelle entre un modèle centralisé et décentralisé, où l’hybridation des modèles s’appuie le plus souvent sur des acteurs dont les savoirs professionnels (proches des domaines de l’énergie) peuvent être réinvestis dans des initiatives locales et participatives. Les technologies énergétiques (éolien, toit solaire) sont réimplantées dans un ancrage local (en favorisant la participation citoyenne), mais ces micro-unités de production restent intégrées dans un réseau centralisé plus vaste.
2 – La participation : une possibilité pour (re)matérialiser notre dépendance à l’énergie ?
17Au-delà des compromis possibles entre une dynamique de décentralisation et de recentralisation, on constate que la transition énergétique est à l’initiative de nouvelles collaborations entre les acteurs et les entités de la nature (ressources, matières). Les dispositifs de soutien ont pour but d’associer les habitants à la transition énergétique en réintroduisant les technologies énergétiques dans « l’écoumène » (Berque, 2000), c’est-à-dire dans l’habiter et l’habitat des usagers. La transition énergétique apparaît comme une scène privilégiée afin de rénover la relation distendue entre les acteurs et leurs rapports aux ressources.
2.1 – Un rapport aux ressources voilé et invisible
18Comme le montre Maurice Wintz (2015, 2008), les interactions entre la société et la nature n’ont jamais été aussi intenses, à l’image de la quantité de matières et de ressources converties pour le fonctionnement du métabolisme des sociétés industrielles. Or la distance des acteurs à la nature concrète n’a, elle non plus, jamais été aussi grande (Wintz, 2015). Ce rapport distendu à la nature a pour origine la délégation de la maîtrise concrète des ressources à des collectifs d’experts, avec pour effet que les acteurs ordinaires ne soient plus en prise avec une nature ressource (ibid.). C’est particulièrement le cas du système énergétique français qui a été bâti autour du nucléaire civil, impliquant un réseau vertical centralisé et organisé en filières. Historiquement délégués aux ingénieurs des Mines (Lascoumes, 1994), les flux d’électricité sont médiatisés par des circuits de production et de distribution longs. Dès lors, le degré de « domestication » [11] est faible, car les acteurs n’ont pas prise sur ces dispositifs connectés au réseau impliquant un rapport dématérialisé, « abstrait, voilé et occulté » (Dobigny, 2009) à la ressource. Au sein de cette configuration, les consommateurs ne sont plus en prise directe avec des ressources mais avec des outils de régulation et de paramétrage des flux de matières, accentuant la distance sociale entre eux et les ressources (Christen, 2015).
19Face à cette distance sociale entre les usagers et les modèles de production, la participation est devenue une norme de l’action publique environnementale (Barbier et Larrue, 2011), dont le but est de domestiquer les technologies énergétiques dans le monde vécu des acteurs. L’idée soutenue postule que les possibilités d’une implication citoyenne dans la transition énergétique agiraient sur la valeur sociale que les usagers accordent à l’énergie et socialiseraient ces derniers aux problématiques énergétiques. Dès lors, les politiques énergétiques comportent désormais des dispositifs dont le rôle est d’associer les usagers au processus dit de transition, où les « maîtres mots » se réfèrent à « la sensibilisation » et à « l’implication des acteurs » (Haynes et Mougenot, 2008). Ces dispositifs de soutien aux énergies renouvelables peuvent être lus comme des « objets intermédiaires » (Haynes et Mougenot, 2008) destinés à figurer la perméabilité des frontières entre nature et société, entre pratiques sociales et réchauffement climatique (Christen et Hamman, 2015). Ces objets sont-ils susceptibles de produire de la « solidarité écologique » (2013, p. 136), au sens de Lydie Laigle, c’est-à-dire de recréer des formes d’interactions avec les ressources ? La normalisation de ces instruments limite leurs effets dans la mise en visibilité des interactions société-nature (Vinck, 2009).
2.2 – Une participation limitée à la maîtrise de la consommation
20La configuration actuelle du développement durable se lit dans une requalification marchande des problématiques environnementales (Zaccai, 2011). Dès lors, les modalités participatives s’appuient sur des leviers économiques et normatifs, via des modalités d’implication qui supposent l’a priori de l’acteur rationnel. Pour le montrer, nous retenons trois instruments d’implication.
21Le premier cas considéré correspond à l’installation d’une centrale de cogénération comme système de chauffage auprès d’un bailleur social : la Cité de l’Ill. Depuis 2012, la transition vers un nouveau mode de chauffage s’accompagne d’une rénovation thermique du bâti, échelonnée sur trois ans, afin d’éviter les pertes énergétiques. Parallèlement aux travaux, le bailleur social conduit une campagne nommée « Éco-attitude » qui vise à sensibiliser les habitants à des « éco-gestes » expliqués sous la forme de plaquettes informatives (figures 1 et 2). Ces mesures sollicitent les habitants à se mobiliser contre le gaspillage d’énergie via un ensemble de prescriptions de maîtrise de la consommation d’énergie domestique. Bien que ces mesures visent à mobiliser les habitants pour une cause globale, celle de l’environnement, elles introduisent en creux une lecture des pratiques quotidiennes (douche, chauffage, vaisselle, éclairage…) à travers un rapport « éducatif ». À titre d’exemple, on peut citer l’usage de l’eau chaude sanitaire où l’on invite les habitants à prendre une douche plutôt qu’un bain (figures 1 et 2). La mesure la plus significative concerne le chauffage, où la température dite de confort (donc maximale) sera directement fixée à 20°C à partir de la centrale. En effet, les habitants n’auront plus la possibilité d’agir sur la température de leur logement mais disposeront désormais d’une notice qui les guideront dans l’utilisation du thermostat, qualifiée de « raisonnée et rationnelle ». Cette notice explique aux usagers le fonctionnement de la graduation de 1 (le moins chaud) à 5, qui correspond à la température de confort. On constate un paradoxe inhérent aux processus participatifs : d’une part, on fait appel à l’image d’un citoyen actif pour se mobiliser contre le réchauffement climatique et, de l’autre les instruments soutiennent la figure de l’acteur à « éduquer », par une pédagogie qui rappelle une métaphore scolaire de l’enfant (Hamman et Blanc, 2009 ; Hamman, 2012). Les instruments visent à encourager la participation des acteurs tout en les cadrant. Dès lors, les possibilités d’action restent limitées à une maîtrise de la consommation d’énergie domestique en « bout de tuyau » (Coutard, 2010).
Plaquette de sensibilisation « Rénov’Ill » à destination des locataires de la Cité de l’Ill
Plaquette de sensibilisation « Rénov’Ill » à destination des locataires de la Cité de l’Ill
Plaquette de sensibilisation « Adopter l’éco-attitude » à destination des locataires de la Cité de l’Ill
Plaquette de sensibilisation « Adopter l’éco-attitude » à destination des locataires de la Cité de l’Ill
22Outre une possibilité d’action limitée à la maîtrise de la consommation d’énergie, ces objets intermédiaires ne participent pas à (re)matérialiser l’empreinte écologique des pratiques sociales. Au contraire, à défaut de renouer un lien social distendu entre nature et société, ces instruments sont davantage perçus comme des injonctions, voire des instruments de contrôle susceptibles de condamner des comportements désormais qualifiés d’énergivores. En plus d’être imposés selon une diffusion verticale et descendante, ils traduisent et légitiment un système socio-normatif (Tozzi, 2013) qui spécifie les « bonnes pratiques », qualifiées de « durables », de celles qui seraient désormais à bannir. Ces normes qui classifient les pratiques d’« énergivores » ou de « sobres », peuvent potentiellement générer de nouveaux critères de stigmatisation des acteurs les plus précaires ou de mise sous tutelle des ménages fragiles (Roudil, 2014). Sous couvert d’une participation habitante et au motif d’une sensibilisation à la durabilité, ces instruments participent à former un droit de regard des décideurs sur des pratiques quotidiennes, voire intimes.
2.3 – Des modalités participatives fondées sur la figure de l’« homo ecologicus »
23Parallèlement, le second site étudié, celui de Plobsheim, a permis d’investiguer les incitations à destination des particuliers et plus précisément des propriétaires. Leurs modalités d’implication s’appuient essentiellement sur des leviers économiques. On peut citer différents dispositifs de soutien financier à l’image des « chèques énergie » octroyés par la commune ou la Région, notamment dans le cadre du programme « Je rénove BBC ». Au niveau national, le Crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE) permet aux propriétaires de bénéficier d’un crédit d’impôt de 30 % pour la réalisation de travaux d’isolation thermique et d’installation de chaudières utilisant des sources renouvelables. Dès lors, les possibilités d’action se centrent autour d’installations types, telles que le photovoltaïque ou les centrales bois-énergie à pellets. Au moment de l’enquête, 18 des 120 propriétaires de l’échantillon à Plobsheim avaient installé une technique de ce type, pour l’essentiel des chaudières à bois-énergie ou des panneaux solaires. Quant aux justifications exprimées par les acteurs, elles se concentrent autour de motivations économiques : le crédit d’impôt (pour 20 % des interrogés) et la réduction de la facture d’électricité (pour 33 %). Le photovoltaïque apparaît également comme un placement financier. Dans cette configuration, les possibilités d’agir en faveur de la transition écologique sont aussi prescrites et non négociables où la participation est réduite à l’achat d’un « kit » photovoltaïque. Ces dispositifs censés encourager et familiariser les acteurs à la transition écologique restent adossés à un « homo ecologicus » (Comby, 2013) qui agirait de manière rationnelle et en situation d’information pure et parfaite. Ces instruments attestent de la « faiblesse institutionnelle de l’environnement » (Lafaye et Thévenot, 1993) qui s’exprime par une domination des intérêts économiques dans la traduction des solutions apportées en termes de durabilité.
2.4 – La procéduralisation de la participation
24Enfin, nous revenons sur le site éolien de Saâles, plus particulièrement sur les modalités de l’actionnariat populaire présentées plus haut. L’intéressement participatif, comme modalité d’implication des citoyens à la transition énergétique, se normalise autour d’un « kit participatif » (Bonaccorsi et Nonjon, 2012), que les associations spécialisées peuvent essaimer pour différents projets. En effet, les associations telles que « ERCISOL », ou « Alsace énergies partagées », se sont spécialisées dans l’ingénierie technique et sociale nécessaire à la coordination et à la conduite de coopératives énergétiques. Dès lors, les expériences sur des projets antérieurs servent de modèles pour les projets à venir :
« Un parc éolien dans le Jura, on a monté une association qui s’appelle les Vents du Grimont. […] On est aussi sur un projet hydraulique dans le Lot-et-Garonne : la commune qui est propriétaire du moulin nous demande de faire une étude, puisque c’est un moulin qui est arrêté depuis perpète, refaire une centrale hydraulique dessus, mais avec une participation de la population. »
26Les modalités de l’implication citoyenne prennent la forme d’une prestation de type « clefs en main », c’est-à-dire transférable et reproductible d’un projet à l’autre, avec pour effet de faciliter la « captation d’un marché de la participation » (Nonjon, 2012) des projets de coopérative énergétique.
27Outre un effet de concentration autour d’associations spécialisées, la standardisation des modalités d’implication a pour effet d’associer dispositif et participation pour les amalgamer au final. Pour ces acteurs associatifs, la participation implique seulement l’adhésion au dispositif d’actionnariat. Dès lors, les conditions et les modalités de la participation sont effacées derrières le dispositif, comme si celui-ci pouvait suffire à lui seul, comme en témoigne l’explication fournie par le président d’Ersicol :
« Ah non, mais aux habitants je ne vais pas leur apporter de l’expertise, je dis simplement qu’ils peuvent s’associer au projet, en devenant… ben actionnaires tout simplement… Voilà, c’est comme ça qu’on peut s’impliquer dans un projet. »
29Les modalités de la participation reposent sur un « usager normalisé » (Barbier, 2002), c’est-à-dire un acteur familiarisé à ces « savoir-faire et savoir-être de la participation » (Claeys-Mekdade, 2006), faisant l’économie d’une explication du mode d’emploi participatif. Or la souscription d’une action, voire l’existence même de l’actionnariat ne vont pas de soi pour les habitants, contrairement à l’a priori des acteurs associatifs qui promeuvent l’outil. L’ingénierie participative autour des projets énergétiques endosse un « contrat de lecture » (Comby, 2013) dans lequel les acteurs représentent un public homogène et stable. La réception des innovations environnementales fait l’impasse sur la diversité des contextes sociaux locaux.
3 – Conclusion
30La flexibilité des énergies renouvelables génère des modèles à la croisée des modes de régulation, traduisant le caractère mouvant et instable des modèles énergétiques (Christen, 2014). Ceux-ci oscillent entre décentralisation et recentralisation, suscitant des formes hybrides. La transition énergétique s’opérationnalise dans des systèmes « transitoires » (Zélem, 2012), empruntant des ressources à la fois aux modèles coopératifs et à l’« écologie industrielle ». Le solaire – ou l’éolien – illustre les potentialités de compromis qu’offrent les technologies énergétiques. L’éolien citoyen traduit les transactions possibles entre un outil participatif et la dimension industrielle d’un parc éolien dont la gestion est déléguée à un opérateur privé (Christen, 2014). Cet exemple montre combien des compromis peuvent donner lieu à des configurations d’acteurs originales, susceptibles de donner des « styles techniques » (Akrich, 2006) différenciés à la transition énergétique.
31On a constaté que la transition énergétique a renforcé la place des opérateurs historiques des secteurs de l’énergie. Il serait intéressant d’observer si ces projets composites ne conduiraient pas, sur le long terme, à une « recentralisation » des initiatives citoyennes autour d’acteurs industriels. Ces compromis entre logiques citoyennes et industrielles restent précaires, du moins révocables et susceptibles d’évoluer en fonction des rapports de force. Si l’on adopte une lecture plus critique, il est possible d’envisager l’éolien citoyen comme une « participation instrumentale » (Barbier et Larrue, 2011) qui revient à assurer l’acceptation d’un projet à dimension industrielle. Le caractère participatif adossé à l’éolien industriel peut alors être perçu comme une compensation économique des gênes liées à son implantation.
32La forme que prend la participation des habitants à la transition énergétique reste insuffisante pour désenclaver la relation distendue entre les acteurs et les ressources. Que ce soit l’actionnariat populaire ou l’incitation à des éco-gestes, ces dispositifs ne parviennent pas à figurer les effets des activités socio-économiques sur le réchauffement climatique. Au contraire, ces objets intermédiaires suivent un chemin de dépendance (Abric, 1989), celui d’une problématisation technicienne et experte des modes d’implication. Les modalités participatives en faveur de la transition énergétique se normalisent, voire se procéduralisent, autour de « kit » fondé sur un usager normalisé. L’exemple de l’actionnariat populaire montre que la conception des instruments alternatifs révèle d’un « transcodage politico-économico-technique » (Lascoumes, 1994), au risque de s’adresser exclusivement à des acteurs spécialisés et initiés et d’en exclure d’autres de la possibilité de contribuer à la production de l’énergie « verte » comme bien commun. Dans le cas du logement social, la participation habitante est limitée à une maîtrise de la consommation, où les injonctions aux « éco-gestes » disciplinent les usages domestiques des ressources (Tozzi, 2013).
33De manière générale, les modalités d’action restent traduites dans des variables techniques (Laigle, 2013) construites en extériorité des savoirs et du monde vécu des acteurs. À défaut de renouer la rupture entre société-nature, ces solutions ne font qu’accentuer la séparation existante et renforcent de facto un sentiment d’impuissance face à la crise écologique (ibid.). Pour Lydie Laigle (2013), l’opportunité de renouer les liens société-nature reste envisageable, à condition d’interroger la hiérarchie des savoirs mobilisés dans la formulation des solutions. Les exemples étudiés montrent que le confinement des solutions autour de savoirs experts est à l’origine d’une distance entre la représentation des enjeux contenus dans les innovations énergétiques et ceux formulés par les usagers. Il est important que « l’agir sur l’environnement » soit construit autour d’un registre de savoir commun et partagé. L’idée exposée est celle d’une dynamique de transition qui s’appuierait sur des innovations écologiques facilement appropriables par un nombre important d’acteurs, garants d’une « solidarité écologique » (ibid.). La construction des modes d’action à l’initiative des habitants permettrait non seulement de maintenir et de renouer des formes d’interactions avec les entités de la nature (ressources, énergies), mais envisagerait également la transition écologique comme un outil de cohésion sociale. Ces aspects examinent les possibilités d’intégrer l’expertise d’usage des acteurs dans le cycle de fabrication des solutions. Or ces enjeux, qui questionnent la place et la forme que prennent les savoirs ordinaires sur l’énergie, ne sont pas formalisés autour de connaissances expertes. Pour le dire autrement, existe-t-il une « écologie populaire » (Le Strat, 2002), quels sont ses contours, ses formes et sa reconnaissance ?
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Mots-clés éditeurs : transition écologique/énergétique, inégalités écologiques, démocratie environnementale, collectifs sociotechniques
Date de mise en ligne : 04/11/2016
https://doi.org/10.3917/pp.043.0139Notes
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[1]
Chercheur postdoctoral au Laboratoire « Gestion territoriale de l’eau et de l’environnement » à l’École nationale du génie de l’eau et de l’environnement de Strasbourg, Institut national de recherche en services et technologies pour l’environnement et l’agriculture (GESTE UMR Irstea-ENGEES). Chercheur associé au Laboratoire « Sociétés, acteurs et gouvernement en Europe » SAGE (UMR 7363, CNRS-Université de Strasbourg).Chargé d’enseignement à l’Institut d’urbanisme et d’aménagement régional (IUAR) de la Faculté des sciences sociales de l’Université de Strasbourg.
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[2]
Cette recherche a été menée grâce au soutien du Fonds européen de développement régional (FEDER), du programme Interreg IV Rhin supérieur. Cette recherche est le fruit d’une collaboration avec l’Institut des sciences de l’environnement de l’Université de Koblenz-Landau, l’Institut de science régionale de l’Université de Karlsruhe, ainsi que le Laboratoire Image, ville, environnement (LIVE), UMR 7362 CNRS-Université de Strasbourg. Enfin, le volet sociologique de l’étude a été porté par une équipe du Laboratoire Société, acteurs et gouvernements en Europe (SAGE) UMR 7363 CNRS-Université de Strasbourg animée par Philippe Hamman, Guillaume Christen, Isabelle Hajek et Maurice Wintz. Voir le site Internet dédié : http://www.plan-ee.eu/
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[3]
http://www.es-energiesrenouvelables.fr/notre-offre/notre-offre-cle-en-main/en-5-etapes (consulté le 12 mai 2016).
-
[4]
http://www.strasbourg.eu/fonctionnement-ville-cus/communaute-urbaine-strasbourg/presentation-cus (consulté le 12 mai 2016).
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[5]
http://www.sete-esplanade.fr/fr/
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[6]
Fondée en 2008 près de Thann.
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[7]
La superficie du toit solaire « citoyen » est de 200 m2 de panneaux avec une puissance de 27,91 kWc. L’engagement financier de 42 associés (soit 30 000 euros) a rendu possible le projet.
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[8]
Énergies Partagées en Alsace développe l’installation de panneaux solaires photovoltaïques sur les toitures de bâtiments publics et privés, financés par des actionnariats citoyens : http://www.energies-partagees-alsace.coop/ (consulté le 15 mars 2015).
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[9]
Association allemande, dont le siège est à Freiburg, qui promeut l’énergie coopérative et citoyenne : http://www.fesa-geno.eu/ (consulté le 15 mars 2016).
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[10]
http://www.ouest-france.fr/eoliennes-beganne-le-parc-eolien-citoyen-inaugure-samedi-2615848 (consulté le 27 février 2015).
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[11]
C’est-à-dire la capacité des acteurs à s’approprier, à traduire et à relocaliser une innovation technique dans leur espace des pratiques.