Notes
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[1]
Maître de conférences HDR en sociologie – Laboratoire 2L2S – Université de Lorraine.
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[2]
Stéphane Kovacs et Alexia Kefalas Alexia, « L’un des kamikazes du Stade de France est bien passé par la Grèce », Le Figaro, 15 novembre 2015.
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[3]
Markus Söder, « Angela Merkel soll Fehler einräumen », Die Welt, 15 novembre 2015.
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[4]
Gabriele Bertocchi, « Il capo dei 007 Usa conferma: “Tra i profughi ci sono terroristi” », Il Giornale, 10 février 2016.
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[5]
Maïté Darnault, « À Roanne, le maire veut bien accueillir des Syriens, mais seulement s’ils sont chrétiens », Libération, 7 septembre 2015.
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[6]
Laure Andrillon, « Migrants et réfugiés : des mots aux frontières bien définies », Libération, 28 août 2015.
-
[7]
« Les attentats de Paris relancent les divisions de l’UE sur l’accueil des migrants » Le Figaro, 15 novembre 2015.
-
[8]
Cf. Le Trésor de la Langue Française informatisé.
-
[9]
« Mouscron : les réfugiés politiques ne sont pas des profiteurs », Nord Éclair, 16 octobre 2014.
-
[10]
Présidence du Conseil de l’Union européenne, Affaires économiques et sociales, « Conseil Ecofin informel – La crise des réfugiés et son impact financier », 11 septembre 2015.
-
[11]
Madelin Thibaut, « L’Allemagne affiche un excédent budgétaire record de 12 milliards d’euros », Les Échos, 14 janvier 2016.
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[12]
Isolde Van den Eynde, « Open VLD-plan tegen radicalisering: “Geen Trump- of FN-recept” », De Morgen, 9 décembre 2015.
-
[13]
Roquelle Sophie, « Aide médicale d’État : ces vérités qui dérangent », Le Figaro, 10 décembre 2010.
-
[14]
Archives départementales de Moselle, 304 M 159, Le préfet de Moselle au directeur de l’Intérieur (hygiène) à Strasbourg (réponse à une lettre du directeur de l’Intérieur demandant de faire passer une visite médicale de désinfection et épouillage aux étrangers qui arrivent), 23 mars 1920.
-
[15]
Archives départementales de Moselle, 310 M 61, lettre du maire de Longwy au préfet en date du 27 janvier 1937.
-
[16]
« Profughi dalla Libia – Rischio afta epizootica », AnmviOggi, 31 mars 2011.
-
[17]
« Gli autisti atm : rischi per la salute, niente profughi sui bus. A Monza uno sfiora la tisi », Il Cittadino, 18 juin 2015.
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[18]
Bernard Virel, « Éradiquer toute immigration bactérienne : la proposition polémique de Marine Le Pen », La Voix du Nord, 11 novembre 2015.
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[19]
Archives départementales de Moselle, 310 M 61, lettre du maire de Longwy au préfet en date du 27 janvier 1937.
-
[20]
Le Génie civil, tome XXXVII, 30 juin 1905, n° 942, feuillet n° 9, p. 452.
-
[21]
Daniel Bellet, « Les étrangers en France et les lois restrictives de l’immigration étrangère », Le Génie civil, 12 avril 1890, tome XVI, feuillet n° 24, p. 490.
-
[22]
Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, série 4 M 139-142 et Archives nationales luxembourgeoises, AE 331, Passeports, 18 décembre 1921.
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[23]
La Libre Parole, 1er juillet 1919.
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[24]
Le Gaulois, 3 août 1905.
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[25]
Gringoire, 18 septembre 1936.
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[26]
Floris de Bonneville, « L’invasion c’est maintenant ! Plus de 100 000 migrants ont débarqué en Europe en juillet », Boulevard Voltaire, 19 août 2015.
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[27]
Steve Preve, « L’État islamique annonce l’invasion violente de l’Europe grâce aux bateaux des migrants : “[…] Le Camp des Saints c’est maintenant : nous arriverons en Europe avec les barques des migrants, ce sera un enfer […]”, Site de Résistance populaire, 29 janvier 2015. L’article est une traduction d’un texte de Laurence Figa-Talamanca, paru dans le Tessin suisse dans 20 minuti, le 27 janvier 2015 et intitulé : « Isis:“Arriveremo in Europa coi barconi, sarà un inferno” ».
-
[28]
Dominique Tenza, « Marine Le Pen compare les réfugiés aux barbares qui ont envahi l’Empire romain », Rédaction de RTL, 15 septembre 2015.
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[29]
Nadine Morano, Crise des migrants, BFMTV, 22 septembre 2015.
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[30]
« La semaine d’Anne Fulda », Le Figaro, 11 septembre 2015.
-
[31]
« Migrants : “une invasion organisée” pour le président tchèque », AFP, 26 décembre 2015.
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[32]
Nathalie Versieux, « La conseillère municipale de Cologne a été attaquée parce qu’elle “inonde” l’Allemagne de réfugiés », Libération, 18 octobre 2015.
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[33]
« Können wir die Lawine aufhalten? », Der Spiegel, 8 février 2 015.
1La question des flux de réfugiés en Europe a pris une tournure dramatique au cours de l’été 2015 avec la parution d’images qui ont à la fois heurté et sensibilisé les pays européens. Ces clichés, et les discours afférents, sont à comprendre comme des révélateurs des questionnements propres aux sociétés européennes autant que comme des mises en scène faisant émerger leurs inquiétudes. Montrer, c’est avant tout désigner, terme qui, dans son origine latine designare, signifie marquer d’un signe. Ce marquage permet d’indiquer (comme dans montrer du doigt, voire mettre à l’Index), d’attirer l’attention, de signaler (là encore joue la racine latine signum qui renvoie au signe) quelque chose ou quelqu’un. Le signe est une marque distinctive faite par un geste, une représentation, un discours, une image. Le signe – et la plupart de ses dérivés (signature, signification, assignation, désignation, dessin, dessiner, voire même tocsin : cette volée de cloches sonnées pour avertir d’un danger, lancer un signal, une alarme) – sert à indiquer, autrement dit à révéler et à dénoncer ce qui provoque la peur.
2Nous nous proposons d’aborder ici certains des mécanismes qui cherchent à réduire les réfugiés à des objets de monstration afin de mieux faire émerger les craintes dont ils sont affublés.
1 – Mécanismes de monstration et mise en spectacle du réfugié
1.1 – La confusion du réfugié et du terroriste
3Au moment des attentats de Paris en 2015, une partie de la presse européenne s’est empressée d’établir un lien entre les kamikazes et les migrants cherchant à arriver en Europe par les îles grecques avant même toute confirmation. Un quotidien de Belgrade, Blic, a, le premier, diffusé une image du passeport syrien de Ahmad Almuhammad retrouvé près du Stade de France et, fort de ce cliché (sans précision de l’origine du document), de dénoncer la migration terroriste sous couvert de la demande d’asile. Malgré les déclarations du ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, mettant en garde contre tout « lien hâtif » entre les attaques terroristes de Paris et la crise migratoire en Europe et malgré les doutes sur les liens entre l’image et l’identité des kamikazes du Stade de France, rien n’a empêché des journaux tels que Le Figaro de se livrer, à chaud, à des affirmations sous couvert de précautions oratoires : « Est-il authentique ? Appartenait-il réellement au kamikaze gisant à ses côtés ? Reste que ce passeport syrien retrouvé aux abords du Stade de France mène à la piste de l’infiltration terroriste parmi les réfugiés syriens, arrivés par centaines de milliers en Europe depuis le début de l’année [2]. » Au même moment, Markus Söder, un membre influent du Parti conservateur bavarois (le CSU) martelait que « Nicht jeder Flüchtling ist ein IS-Terrorist. Aber zu glauben, dass sich kein einziger Bürgerkrieger unter den Flüchtlingen befindet, ist naiv [Tous les réfugiés ne sont pas des terroristes de l’EI. Mais croire qu’il n’y a aucun combattant parmi les réfugiés est naïf] [3]. » En Italie, Il Giornale a proclamé que « tra i profughi ci sono terroristi [parmi les réfugiés, il y a des terroristes] [4] ». En Bulgarie, afin de se prévaloir d’actes terroristes, une milice de chasse aux migrants a été créée et connaît une certaine célébrité dans le pays. Son leader Dinko Valev a déclaré à la Reppublica24 : « Gli immigrati sono persone cattive e pericolose. Dovrebbero rimanere a casa loro, sono terroristi pericolosi [Les immigrés sont des personnes méchantes et dangereuses. Elles devraient rester chez elles, ce sont de dangereux terroristes] », avant de poursuivre : « Prima o poi queste persone diventano tutte terroristi. Non hanno altra scelta [Tôt ou tard ces personnes deviennent toutes des terroristes. Elles n’ont pas d’autre choix]. » Le député-maire de Roanne, imprégné de cette idée et afin de limiter les risques, a proposé de n’accueillir que des chrétiens afin « d’avoir la certitude absolue que ce ne sont pas des terroristes déguisés [5] ».
4À travers ces déclarations proférées dans l’espace public, il apparaît qu’un lien direct a été établi entre le Réfugié, le Migrant et le Terroriste (ce dernier étant la plupart du temps réduit au musulman qui, lui-même, est limité à l’islamiste). Trois termes et trois réalités différentes mais mis en lien par les discours et les images jusqu’à l’amalgame. Celui-ci s’effectue comme une mise hors circuit de la pensée claire et distincte qui conduit à une forme de régression vers les représentations où règnent les symboles et les mythes : « La manipulation de l’âme par les associations d’idées, d’images, de sentiments est encore facilitée par l’emploi des thèmes, figurations, formules, symboles, auxquels certaines valeurs sont d’avance attachées » (Cazeneuve, 1962, p. 41). Sur ce plan, les travaux de Mary Carruthers ont montré que la mise en corrélation et la fabrication d’images mentales ou de représentations cognitives favorisent la pensée et la composition d’analogies entre des éléments distincts et disparates.
5Dans le cas des réfugiés, les associer à des actes qu’ils n’ont pas commis – voire même si, comme le souligne M. Junker avant le sommet du G20 d’Antalya, « ceux qui ont perpétré les attentats sont exactement ceux que les réfugiés fuient, et non pas l’inverse » –, c’est les exposer à un regard dépréciatif. De ce point de vue, il existe une mécanique de mise à distance de l’Autre de manière générale et du réfugié en particulier comme pour mieux s’en séparer en brouillant sa réalité. Cette perturbation revient à produire des formes vides comme autant de réceptacles pouvant accueillir des signifiés divers et successifs (Legros et al., 2006) tel un support de projection de l’imaginaire collectif (Dadoun, 1972, p. 118). Cette surface d’inscription servirait à signaler, à montrer (du latin mostrare) ce qui n’est pas Nous, le Non-Nous, réduisant l’Autre, le réfugié, le migrant à un objet de monstration et donc à devenir celui que l’on montre : le monstre.
6Cette monstration s’appuie sur divers procédés, sur des marqueurs qui deviennent ensuite comme autant de stigmates.
7Tout d’abord, l’usage de termes et d’images contribue à un amalgame entre plusieurs réalités. « Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde » (Camus, 1944). Le HCR a donné des définitions de chacune des deux catégories de migrants et de réfugiés pour mieux les distinguer. Le migrant est une catégorie large qui peut être déclinée sous différents aspects combinables entre eux (migrant économique, migrant pour regroupement familial, migrant temporaire, etc.). Le réfugié est celui qui détient un statut juridique reconnu avec une définition précisée sur le plan international par la Convention de Genève de 1951. Alors que la question des réfugiés existe et est débattue en Europe depuis au moins la Révolution française (Aprile, 2010), au moment même où les mouvements migratoires deviennent massifs – que ce soit en termes de départs de l’Europe ou au sein des pays de ce continent (Bade, 2002) – et que les recherches scientifiques ont contribué à apporter des éclairages sur l’usage des mots et leur évolution dans le temps (Noiriel, 2006), des rappels sur la nécessité de préciser le vocabulaire continuent à être lancés au cœur même de la presse, soulignant, dans ce domaine, le flou existant [6]. Ce dernier concerne l’activité de production langagière en situation sociale (Grize, 1990) qui contribue à diffuser une connaissance par le langage. Celui-ci participe de la construction et de la transmission de représentations discursives à travers une dynamique de schématisation (Marquez, 1998) qui finit par réifier le réel. De ce point de vue, déjà à la fin des années 1990, les travaux de Marcello Maneri (1996) dénonçaient les méprises entre idée d’insécurité et questions migratoires tant chez les journalistes, les autorités civiles et les entrepreneurs moraux que dans le sens commun.
8Ensuite, la mise en scène apparaît dans l’exploitation de l’iconographie exposée au public. Ainsi sur le site de la RTBF, la légende mise par la rédaction de ce journal sous une des photographies qui accompagne les commentaires semble être, par sa position, une illustration de ce que le regard aperçoit dans son contenu [7]. Or, sur l’image, on ne distingue que des silhouettes en contre-jour portant des ballots dans un champ sans que ne soient précisés le lieu, la date ou le statut des protagonistes. Ceux-ci pourraient être n’importe qui, n’importe où dans le monde à transporter on ne sait quoi dans des balluchons informes. L’usage du noir intense sur les bordures de la photographie et, sur le côté gauche, la présence d’une ruine ajoutent une tension dramatique. La légende se contente de reprendre le titre général de l’article – lui-même diffusé par l’ensemble de la presse francophone en Europe – en y adjoignant juste le nom de l’auteur du cliché : « Les attentats de Paris relancent les divisions de l’UE sur l’accueil des migrants – Dimitar Dilkoff (AFP). » De simples anonymes, marcheurs dans la pénombre d’un lieu inconnu, se retrouvent mis en lien avec des attentats sur la base de la légende en question.
9Pour le lecteur, cette image prise par un photographe de l’AFP dans la réalité (sans qu’il ne soit permis de connaître laquelle) entretient forcément un rapport d’analogie avec le réel dans la mesure où elle le prend en photo. C’est ce supposé rapport d’analogie entre image et réel qui fonde sa crédibilité aux yeux des lecteurs (Mouillaud et Tétu, 1989). Tout observateur peut renvoyer à une expérience sensible du monde – la sienne propre ou celle de ce lecteur délégué de la réalité qu’est le journaliste : l’observateur est conscient que le réel montré – et que le journaliste a d’abord « vu » pour lui – n’est qu’un segment d’un réel bien plus large ; même s’il est conscient de la démarche de sélection qui aboutit à cette image plutôt qu’à une autre, il est dans une relation contractuelle implicite avec le journaliste qui veut que la réalité soit montrée à l’aide d’images d’acteurs ou de terrains authentiques (Noyer, 2004). Cela induit que les individus de la photographie en question possèdent nécessairement l’un des attributs de la légende : soit ce sont des migrants, soit ils sont en lien avec les attentats. Soit les deux. Par ce procédé de mise en page s’établit l’idée d’une dangerosité inéluctable des migrants, voire une vision essentialiste : la violence terroriste devient inhérente aux migrants et spécifiquement à ceux qui demandent refuge.
10Il en est ainsi également du vocabulaire utilisé par les médias et entendu dans les discours des représentants politiques, qui a contribué à entretenir la confusion entre le migrant et le réfugié. La dénomination de l’Autre procède d’une typologie qui traduit un rapport de domination entre l’observateur et l’observé. Nommer l’Autre renvoie à des considérations idéologiques et subjectives dans le sens où cette forme d’ethnonymie apparaît comme un signalement qui cherche à désigner les individus tout en brouillant la complexité et l’ambivalence des relations qu’elles entretiennent entre elles et avec l’extérieur (Froidevaux, 2006). Ce lien entre le réfugié et le terroriste procède d’une pseudo-deixis qui résulte de la mise en relation de deux valeurs anaphoriques dont l’une est désignée comme point de repère pour l’autre (Meurant, 2008, p. 39) et induit le regard qui sera porté ensuite sur les réfugiés suspectés de vouloir perpétrer des actes eux-mêmes qualifiés de monstrueux.
1.2 – Le réfugié (dé)figuré : regards et mise en spectacle
11Comme la monstration qui permet de signifier, de marquer pour mieux distinguer, le spectaculaire désigne étymologiquement « ce qui parle aux yeux de l’imagination » (Le Robert, 2014), autrement dit ce qui s’offre aux regards, est susceptible d’éveiller des réactions en établissant, par des interactions, un rapport social entre les personnes. Ce rapport social étant médiatisé par des images (Debord, 1992, p. 16). Pour Agamben, dans le spectaculaire existe un dispositif toujours inscrit dans un rapport de pouvoir (Agamben, 2007) dans le sens qu’il s’affiche au regard.
12Le terme même de « regard », apparaît dès la fin du Xe siècle comme une « action ou manière de diriger les yeux vers un objet afin de voir » tout en étant l’expression des yeux de celui qui regarde [8]. Quelques siècles plus tard, au XIIe siècle, le regard sera défini comme l’attention que l’on prête à quelqu’un ou à quelque chose. Et le Littré nous apprend que ce qui attire le regard, l’attention, ce qui arrête la vue, c’est le spectacle ! Le spectacle, du latin spectaculum, vient de spectare, regarder, orienter le regard dans le sens d’une véritable exposition à l’attention publique, celle de la société d’accueil sur les réfugiés. « Le texte construit à partir et autour d’une image de l’étranger est en partie programmé, en raison du conditionnement même que suppose, dans une culture donnée à un moment historique donné, une représentation de l’étranger » (Pageaux, s.d., pp. 156-157) ». Cette mise en spectacle révèle et fait comprendre comment s’articulent les relations entre individus et groupes avec le monde social dans lequel ils évoluent et auquel ils participent. Il existe des pratiques et des symbolismes utilisés comme marqueurs d’une relation de pouvoir. Ces conduites et ces signes supposent des représentants qu’ils soient individus ou organes collectifs. Leur rôle est d’incarner de manière visible, de présenter voire de présentifier le pouvoir ou de focaliser le regard, de le canaliser vers eux. Ces schèmes de perception sont saturés de processus de classement et de hiérarchisation du monde social entre ceux qui cherchent à se mettre en avant comme les représentants légitimes et ceux qui sont désignés comme ne pouvant le prétendre. Entre les deux, des affrontements existent qui ne sont pas que physiques et palpables mais le plus souvent symboliques. La représentation a la capacité d’opérer une « substitution à la manifestation extérieure où une force n’apparaît que pour annihiler une autre force dans une lutte à mort, des signes de la force ou plutôt des signaux et des indices qui n’ont besoin que d’être vus, constatés, montrés, puis racontés et récités pour que la force dont ils sont les effets soit crue » (Marin, 1993, p. 18).
13Ces différenciations permettent de comprendre qu’une représentation est avant tout une mise en présentation (une re-présentation) de la réalité par des intermédiaires qui l’ont, au préalable, façonnée et mise en forme, c’est-à-dire mis en moule telle une figura. Dans cette optique, selon la perspective de l’image comme représentation, il convient de différencier le champ purement pictural (ou rétinien) des formes figurales (ou sensibles) (Lyotard, 1971 ; Vancheri, 2011). Figural et figuratif renvoient à la Figure comme élément construit dont Gilles Deleuze condamnait la compréhension unilatérale : « Elle [la peinture] a deux voies possibles pour échapper au figuratif : vers la forme pure, par abstraction ; ou bien vers le pur figural, par extraction ou isolation. Si le peintre tient à la Figure, s’il prend la seconde voie, ce sera donc pour opposer le “figural” au figuratif » (Deleuze, 1996, p. 9).
14La figure a une existence sur deux plans, celui figuratif qui restitue la forme des choses telle qu’on cherche à la montrer et, en filigrane, on y perçoit aussi l’ensemble des apparences possibles de la forme proposée, ainsi que l’a soulevé Maurice Merleau-Ponty : « Quand je dis que tout visible 1) comporte un fond qui n’est pas visible au sens de la figure, 2) même en ce qu’il a de figural ou de figuratif, n’est pas un quale objectif, un en Soi survolé, mais glisse sous le regard ou est balayé par le regard, naît en silence sous le regard […], quand je dis donc que tout visible est invisible, que la perception est imperception, que la conscience a un “punctum caecum”, que voir c’est toujours voir plus qu’on ne voit – il ne faut pas le comprendre dans le sens d’une contradiction – il ne faut pas se figurer que j’ajoute au visible parfaitement défini comme en Soi un non-visible (qui ne serait qu’absence objective, c’est-à-dire présence objective ailleurs, dans un ailleurs en soi) – il faut comprendre que c’est la visibilité même qui comporte une non-visibilité » (Merleau-Ponty, 1964, p. 295).
15La Figure, notamment celle du Réfugié, entretient une étroite analogie avec les notions de modèle et de forme sans que les termes ne soient ni synonymes ni symétriques. Le modèle est un objet d’imitation qu’il convient de suivre, d’imiter, telles ces personnes qui dans un atelier d’artistes prennent la pose et qu’il s’agit de reproduire, de représenter en sculpture ou en dessin. Auerbach nous rappelle qu’au sens strict, forma signifie « moule », et se rapporte à figura tout comme la cavité d’un moule correspond au corps modelé qui en provient. De ce point de vue, il est difficile sinon réducteur et contre-productif de faire usage des termes proches comme image, cliché et stéréotype puisque dans ces termes également l’idée de forme existe. Ainsi, pour « stéréotype », les dictionnaires font ressortir son origine typographique : « qui paraît sortir d’un moule, tout fait, figé » (Le Petit Robert) ou « cliché typographique obtenu par moulage qui permet la reproduction de formes » (Le Petit Larousse).
16Ce court passage en revue des accointances terminologiques met en garde contre la bivalence constitutive des notions d’image, de représentation sous toutes leurs formes déclinées qui ont tendance à relativiser ou neutraliser les aspects nuancés du phénomène (Amossy et Herschberg-Pierrot, 1997, p. 28).
17C’est donc au prix d’un détour réflexif qu’il devient possible de différencier les formes données dans ce qui est vu et présenté, des angles d’observation qui conduisent à de la déformation ou de la transformation. Autrement dit, toute exposition est imprégnée d’un souci de mise en scène visant autant à faire voir ce qui est présentable que l’irreprésentable avec des jeux de figures qui recèlent des (dé)figurations/(trans)figurations (Viennet, 2008). Le terme français d’image est tiré du latin imago qui n’atteint pas les mêmes degrés de subtilité que le vocabulaire grec. Ce dernier a eu pour souci de multiplier les points de vue selon que le regard se porte sur ce qui n’est que symbolisé (tel l’art) ou sur ce qui est le reflet de la réalité (comme dans un miroir par exemple). Loin de n’être qu’un raffinement de langue, l’abstraction introduite par les nuances des termes grecs permet de dégager la pluralité de sens et donc l’ambiguïté du mot « image ». Les images ne sont que des moyens de rendre visible ce qui touche aux sens (et à la vue en particulier) mais également ce qui n’existe nulle part et a été sécrété par le pouvoir de l’imagination ou modifié par la mémoire.
2 – Le réfugié comme monstre sanitaire et moral
2.1 – De l’idée des réfugiés comme profiteurs, dangereux et immoraux…
18Même si des voix s’élèvent pour rappeler que « les réfugiés politiques ne sont pas des profiteurs » [9], la crise des migrants a soulevé des interrogations sur les questions de déficit budgétaire en Europe [10]. En Allemagne, où le nombre de réfugiés accueilli est le plus important, les enveloppes financières consacrées à l’accueil et à l’intégration des réfugiés sont remises en cause par ceux qui regrettent que l’argent généré par le travail des Allemands aille à ces réfugiés étrangers [11]. En Flandre, la présidente de l’Open VLD Gwendolyn Rutten a proposé de leur « interdire l’accès aux allocations familiales » [12]. En France, un article paru en 2010 dans la presse accusait les étrangers venus trouver refuge dans ce pays de profiter de la Sécurité sociale et d’alourdir son déficit [13]. L’identitaire Guillaume Faye, déclare sur son blog à propos de l’accueil des réfugiés : « La France est à la fois le pays européen qui accueille proportionnellement la plus grande population extra-européenne et celui qui est décrit comme “l’homme malade de l’Europe”, à cause du niveau de la dette, des déficits budgétaires, des records de chômage en hausse, etc. Étrange coïncidence. »
19En Grande-Bretagne, le Daily Mail a publié, presque simultanément à la parution du cliché de Dimitar Dilkoff, un dessin du caricaturiste britannique Mac. Dans le croquis, parmi les réfugiés, le dessinateur a fait figurer des porteurs de valises et de balluchons qui franchissent la frontière européenne aux côtés d’autres qui, eux, sont porteurs d’armes. Ce qui est intéressant, au-delà de cette récurrence du caractère supposé terroriste des réfugiés, c’est qu’en même temps que les personnages humains franchissent la limite européenne, le lecteur distingue en bas du cadre, dès le premier plan, des rats. Ces animaux trottinent allègrement dans le même sens que la foule en fuite. Si la plupart des commentateurs se sont offusqués de l’amalgame effectué par Mac entre les réfugiés et le terrorisme, personne n’a été heurté par la présence de ces rongeurs. Or, lorsque l’on sait quel vecteur de maladie constitue cet animal dans les imaginaires occidentaux, il n’est pas difficile de comprendre que derrière l’effigie du muridé se profile l’idée que les réfugiés véhiculent un risque sanitaire.
20Déjà dans les années de l’entre-deux-guerres, en France, après la révolution russe et l’avancée des Bolcheviques, il était considéré qu’il fallait se méfier des populations slaves réfugiées en France : « Déjà peu soigneux de leur santé et de leur personne au point de vue de la propreté, ils viennent d’accomplir un voyage de 11 jours à travers l’Allemagne en wagon fermé et les journaux nous signalent des épidémies de typhus en Russie et en Pologne. » Des circulaires visaient à « instituer à l’entrée en Lorraine par la frontière allemande une barrière sanitaire par l’établissement dans chaque gare frontière d’une station sanitaire […] il me semble urgent d’installer un équipement de ce genre à Metz, où l’on pourrait refouler les étrangers venant des régions suspectes [14]. » Plus tard, ce sont les Nord-Africains qui « traînent leur indolence atavique, et les maladies symptomatiques en provenance de leur race » [15] qui seront accusés de diffuser les maladies.
21L’OMS a établi qu’il n’existe pas de lien systématique entre migration et importation de maladies infectieuses mais plutôt un lien social dans la mesure où les migrants sont plus exposés à des risques liés à la pauvreté existant tant dans leur pays d’origine que dans celui d’accueil. Nonobstant ces réalités, en Italie, l’ordre des vétérinaires de la province du Benevento a, en 2011, émis un communiqué stipulant que l’arrivée massive de réfugiés d’Afrique du Nord « potrebbe rappresentare un rischio di introduzione di agenti eziologici altamente diffusivi [pourrait représenter un risque d’introduction d’agents étiologiques extrêmement contagieux] » [16], tandis que les chauffeurs de bus des villes de Monza et de Milan ont refusé de transporter des réfugiés à cause des risques de contagion dont on les soupçonnait [17]. Aux dernières élections régionales en France, en 2015, l’une des dix propositions de la candidate du Front National pour la région Nord-Pas-de-Calais et Picardie consistait en « l’éradication de l’immigration bactérienne […] les hôpitaux font face à la présence alarmante de maladies contagieuses non européennes, liées à l’afflux migratoire » [18].
22Outre ces bacilles, virus et autres germes, il est commun d’attribuer aux réfugiés des mœurs et attitudes pathologiquement déviantes. Avant 1914, les Italiens venus se réfugier en France ont été accusés d’avoir des mœurs dépravées et d’être des dégénérés propagateurs de la syphilis (Favero, 2011). Juste avant la Drôle de Guerre, dans les régions industrielles de l’Est de l’Hexagone, certains maires étaient convaincus que l’affluence des Nord-Africains avait « coïncidé avec une recrudescence de l’exhibitionnisme, de la poursuite des femmes et fillettes dans nos venelles et sentiers, des cambriolages, des attaques et des viols nocturnes » [19]. C’est cette image récurrente de violence et de dépravation qui a été mise en circulation après les événements de la Saint-Sylvestre 2015 à Cologne.
2.2 – … à la phobie de « l’immi-vasion »
23En filigrane de ces éléments de monstration figure l’éternelle peur de l’Autre. La xénophobie, cette terreur des étrangers, qui dès la fin du XIXe siècle accapare les esprits, se poursuit inlassablement jusqu’à nos jours. Au cours des années 1880, la plupart des réglementations et des textes déposés aux Chambres étaient motivés par l’effroi que suscitait « l’envahissement de la France par les étrangers dont le chiffre s’est accru sur notre sol de 635 000 en 1866 à 1 115 214 en 1886 » [20]. Dans la revue industrielle Le Génie civil d’avril 1890, des articles proposaient une solution contre « l’envahissement étranger » à partir d’une étude rédigée par deux magistrats sur « l’invasion des étrangers », qui concluait sur l’idée d’instaurer une « taxe de séjour » [21]. L’arrivée des fuorusciti, les réfugiés antifascistes italiens dans les années 1920, a provoqué des inquiétudes de la part des autorités tant françaises que belges ou luxembourgeoises. À la sortie de la Grande Guerre, au Luxembourg, face à l’arrivée des réfugiés et autres migrants, les autorités se réjouissent que « ce sont de vraies murailles de Chine qui s’élèvent maintenant en Europe » [22], alors qu’en France des voix s’élèvent pour prévenir que : « Chacun comprend quelle sottise dangereuse était la nôtre avant la Guerre d’ouvrir les portes à tous les étrangers sans prendre aucune précaution pour prévenir le dommage que les étrangers mal intentionnés pouvaient nous causer [23]. » Dans ce dernier pays, la figure nomade des migrants et des réfugiés ne trouve pas place dans le rêve de Barrès d’un enracinement dans l’histoire de la Lorraine enchantée. « Ces réfugiés étrangers qui n’ont pas d’état civil [ils] arrivent ici, et l’on ignore d’où ils viennent. Ils s’installent, font un mauvais coup et disparaissent [24]. » Avant 1914, dans L’Invasion (1911), le romancier Louis Bertrand parlait de « l’invasion italienne », et il expliquait : « La grande affaire pour moi, c’étaient les immigrants italiens. […] Mais je dus constater bientôt qu’ils n’étaient pas les seuls réfugiés et qu’ils avaient des concurrents venus de toutes les régions méditerranéennes et même du monde entier. […] Cette plèbe arrivait à Marseille avec ses tares et ses vices, ou avec des intentions d’espionnage et de propagande subversive » (Bertrand, 1938, p. 236). En 1973, c’est Jean Raspail qui, dans Le Camp des Saints, en référence au chapitre 20 de l’Apocalypse, prolonge l’idée d’un déferlement de populations venues cette fois du tiers-monde avec, en couverture de l’édition publiée en anglais en 1994 l’image de réfugiés sur une plage, tandis que sur certaines parutions apparaît le sous-titre « The apocalyptic, controversial bestselling novel about the end of the white world » (Raspail, 1977).
24L’Europe actuelle, confrontée à l’accueil des réfugiés, laisse resurgir ces affres millénaristes dans le prolongement d’un dessin paru dans Gringoire qui, en 1936, montrait des poubelles remplies de réfugiés anarchistes, espagnols, antifascistes, juifs allemands et communistes se déverser sur la France et concluait que ce pays était devenu : « Le dépotoir de l’Europe » [25]. Sur les sites des groupuscules identitaires européens fleurissent les annonces alarmistes sur l’idée d’invasion [26], dont certaines font directement référence aux écrits de Jean Raspail [27]. En septembre 2015, la présidente du FN a même comparé l’afflux de réfugiés en Europe aux invasions barbares qui ont entraîné la chute de l’Empire romain [28]. À droite, chez les Républicains la candidate aux primaires Nadine Morano a soutenu que « les Français ressentent un sentiment d’envahissement […] nous sommes submergés » [29]. L’opinion d’un artiste populaire est même mobilisée pour tenter d’objectiver ce sentiment : « Michel Sardou, que j’ai rencontré dimanche dernier, et qui est en général un très bon baromètre de la sensibilité des Français, a une réaction intéressante. D’un côté […] il se désole du sort des réfugiés, de l’autre, il pointe du doigt ce qu’il appelle une invasion passive. […] “C’est calculé, je suis sûr que derrière, ces salauds de l’État islamique ont prévu de nous étouffer. S’ils n’avaient pas voulu qu’ils s’en aillent ils les auraient massacrés mais ce qu’ils veulent c’est bien étouffer l’Europe, la foutre dans la merde” [30]. » Le président tchèque Milos Zerman a déclaré dans son discours de Noël 2015 : « Je suis profondément convaincu que nous faisons face à une invasion organisée et non à un mouvement spontané de réfugiés [31]. » En Allemagne, en octobre 2015, la candidate à des élections locales Henriette Reker, favorable à l’accueil de réfugiés, a été blessée à coups de couteau par un inconnu sous prétexte que « Reker et Merkel nous inondent de réfugiés » [32], alors que le mouvement allemand Pegida menace l’Allemagne et l’Europe de violences inéluctables face à l’afflux de migrants : « Können wir die Lawine aufhalten [Pouvons-nous arrêter l’avalanche] [33] ? »
Bibliographie
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Notes
-
[1]
Maître de conférences HDR en sociologie – Laboratoire 2L2S – Université de Lorraine.
-
[2]
Stéphane Kovacs et Alexia Kefalas Alexia, « L’un des kamikazes du Stade de France est bien passé par la Grèce », Le Figaro, 15 novembre 2015.
-
[3]
Markus Söder, « Angela Merkel soll Fehler einräumen », Die Welt, 15 novembre 2015.
-
[4]
Gabriele Bertocchi, « Il capo dei 007 Usa conferma: “Tra i profughi ci sono terroristi” », Il Giornale, 10 février 2016.
-
[5]
Maïté Darnault, « À Roanne, le maire veut bien accueillir des Syriens, mais seulement s’ils sont chrétiens », Libération, 7 septembre 2015.
-
[6]
Laure Andrillon, « Migrants et réfugiés : des mots aux frontières bien définies », Libération, 28 août 2015.
-
[7]
« Les attentats de Paris relancent les divisions de l’UE sur l’accueil des migrants » Le Figaro, 15 novembre 2015.
-
[8]
Cf. Le Trésor de la Langue Française informatisé.
-
[9]
« Mouscron : les réfugiés politiques ne sont pas des profiteurs », Nord Éclair, 16 octobre 2014.
-
[10]
Présidence du Conseil de l’Union européenne, Affaires économiques et sociales, « Conseil Ecofin informel – La crise des réfugiés et son impact financier », 11 septembre 2015.
-
[11]
Madelin Thibaut, « L’Allemagne affiche un excédent budgétaire record de 12 milliards d’euros », Les Échos, 14 janvier 2016.
-
[12]
Isolde Van den Eynde, « Open VLD-plan tegen radicalisering: “Geen Trump- of FN-recept” », De Morgen, 9 décembre 2015.
-
[13]
Roquelle Sophie, « Aide médicale d’État : ces vérités qui dérangent », Le Figaro, 10 décembre 2010.
-
[14]
Archives départementales de Moselle, 304 M 159, Le préfet de Moselle au directeur de l’Intérieur (hygiène) à Strasbourg (réponse à une lettre du directeur de l’Intérieur demandant de faire passer une visite médicale de désinfection et épouillage aux étrangers qui arrivent), 23 mars 1920.
-
[15]
Archives départementales de Moselle, 310 M 61, lettre du maire de Longwy au préfet en date du 27 janvier 1937.
-
[16]
« Profughi dalla Libia – Rischio afta epizootica », AnmviOggi, 31 mars 2011.
-
[17]
« Gli autisti atm : rischi per la salute, niente profughi sui bus. A Monza uno sfiora la tisi », Il Cittadino, 18 juin 2015.
-
[18]
Bernard Virel, « Éradiquer toute immigration bactérienne : la proposition polémique de Marine Le Pen », La Voix du Nord, 11 novembre 2015.
-
[19]
Archives départementales de Moselle, 310 M 61, lettre du maire de Longwy au préfet en date du 27 janvier 1937.
-
[20]
Le Génie civil, tome XXXVII, 30 juin 1905, n° 942, feuillet n° 9, p. 452.
-
[21]
Daniel Bellet, « Les étrangers en France et les lois restrictives de l’immigration étrangère », Le Génie civil, 12 avril 1890, tome XVI, feuillet n° 24, p. 490.
-
[22]
Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, série 4 M 139-142 et Archives nationales luxembourgeoises, AE 331, Passeports, 18 décembre 1921.
-
[23]
La Libre Parole, 1er juillet 1919.
-
[24]
Le Gaulois, 3 août 1905.
-
[25]
Gringoire, 18 septembre 1936.
-
[26]
Floris de Bonneville, « L’invasion c’est maintenant ! Plus de 100 000 migrants ont débarqué en Europe en juillet », Boulevard Voltaire, 19 août 2015.
-
[27]
Steve Preve, « L’État islamique annonce l’invasion violente de l’Europe grâce aux bateaux des migrants : “[…] Le Camp des Saints c’est maintenant : nous arriverons en Europe avec les barques des migrants, ce sera un enfer […]”, Site de Résistance populaire, 29 janvier 2015. L’article est une traduction d’un texte de Laurence Figa-Talamanca, paru dans le Tessin suisse dans 20 minuti, le 27 janvier 2015 et intitulé : « Isis:“Arriveremo in Europa coi barconi, sarà un inferno” ».
-
[28]
Dominique Tenza, « Marine Le Pen compare les réfugiés aux barbares qui ont envahi l’Empire romain », Rédaction de RTL, 15 septembre 2015.
-
[29]
Nadine Morano, Crise des migrants, BFMTV, 22 septembre 2015.
-
[30]
« La semaine d’Anne Fulda », Le Figaro, 11 septembre 2015.
-
[31]
« Migrants : “une invasion organisée” pour le président tchèque », AFP, 26 décembre 2015.
-
[32]
Nathalie Versieux, « La conseillère municipale de Cologne a été attaquée parce qu’elle “inonde” l’Allemagne de réfugiés », Libération, 18 octobre 2015.
-
[33]
« Können wir die Lawine aufhalten? », Der Spiegel, 8 février 2 015.