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Article de revue

De l’épreuve de la critique à la critique de l’épreuve au travail et en formation

Pages 85 à 97

Notes

  • [1]
    Maître de conférences en Sciences de l’Éducation, Université Paris Est Créteil, Facultés des Sciences de l’Éducation et des Sciences sociales, LIRTES EA 7313.
  • [2]
    Le recours aux types de besoins définis par Maslow est précieux pour penser l’épreuve dans sa dimension psychosociologique.
  • [3]
    Pour Lourau, l’institution recouvre deux domaines de significations. Elle peut désigner les formes sociales établies ou bien les processus par lesquels la société s’organise.
  • [4]
    Voir, dans l’Ancien Testament, l’histoire de Job et, dans la religion musulmane, l’exemple de patience du prophète Ayoub. Dans le soufisme, deux termes indiquent la souffrance mystique : imtihan (épreuve) et balà (affliction). La première indique un état de peur, la deuxième définit une épreuve qui frappe le cœur et le corps des saints, sachant que plus ces épreuves sont dures, plus elles rapprochent de Dieu.
  • [5]
    Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, http://www.cnrtl.fr/
  • [6]
    L’histoire de Moulinex en Basse-Normandie montre assez bien les vagues successives qui traversent simultanément les capitaux expérientiels dans le champ du travail, appréhendée ici comme institution (Lourau), de l’entreprise en tant qu’organisation (Levy), des différents groupes sociaux concernés (les salariés, leurs familles, les actionnaires, les syndicats, la presse, l’opinion publique…) et les sujets eux-mêmes. Le chômage comme « format d’épreuve » vécu par les salariés de Moulinex en 2001 remettra en question ici la responsabilité sociale des entreprises et l’impérative nécessité de repenser la formation professionnelle continue en entreprise. Le cas « Moulinex » aura une grande incidence sur la réforme de la formation professionnelle en France en 2004.
  • [7]
    Se référer aux cinq types de projet selon Boutinet, du projet existentiel au projet de société.
  • [8]
    L’émancipation définie ici comme processus psychosociologique d’accès supérieur à la raison, à l’épreuve « conscientisante » que constitue le dépassement des mondes vécus, mondes colonisés par une raison d’abord et principalement instrumentale.
  • [9]
    Danilo Martuccelli définit la singularisation des sujets, qui germe comme un processus structurel qui concerne la nature de la société et des liens sociaux, avant d’être une caractéristique des biographies individuelles. Dans l’expérience individuelle – comme monde vécu –, la vie sociale est soumise à une série d’épreuves structurellement produites et inégalement distribuées. Pour Martuccelli, la notion d’épreuve permet de décrire et d’analyser les changements structuraux à l’échelle de l’individu et de saisir à la fois les nouvelles formes de domination ainsi que les nouvelles conjonctions pensables entre les individus et la société. Dans cette perspective, l’épreuve est une notion qui permet d’observer et comprendre l’élaboration et la transformation des expériences dans leurs dimensions individuelles, collectives et sociales.
« L’expérience est la mise à l’épreuve, dans la fièvre et l’angoisse, de ce qu’un homme sait, du fait d’être. »
(Georges Bataille, 1954)

1 – Introduction

1Le travail et la formation sont, dans le langage commun, des expériences façonnées par des épreuves. Souvent, celles-ci donnent forme à des projets de vie personnels et professionnels : orientation scolaire, engagement dans un métier, examen, candidature, sélection, essai professionnel, expérience de la méconnaissance, du manque [2], de l’évaluation. Au sens de l’analyse institutionnelle, ces deux champs sont aussi deux institutions [3] (Lourau, 1970) fortement liées. Dans ce sens, leur maintenance et leur transformation peuvent s’observer comme la rencontre problématique de l’instituant et de l’institué, autour de ce que nous nommerons des faisceaux d’épreuves : sujets, groupes sociaux, organisations et institutions. Ceravail et la formation sont aussi deux champs d’expériences comme renctte rencontre est problématique car elle est teintée d’un processus auto-, co- et hétéro-réflexif, critique, d’exercice de la pensée sur elle-même, processus personnel, mais toujours socialement et historiquement situé. Dans un autre cadre théorique, celui de la sociologie critique, le tontre de la réalité et du monde (Boltanski, 2009). Les institutions sont considérées alors dans leurs « fonctions sémantiques, comme des instruments orientés vers la construction de la réalité par l’intermédiaire d’opération de qualification des êtres et de définition de formats d’épreuve ». La formation professionnelle comme le travail sont des opérations de qualification des êtres, à la fois épreuves de vérité, de réalité et épreuve existentielle. Mais elles peuvent aussi être regardées comme la rencontre permanente de l’institué et de l’instituant. En quoi et comment, d’un point de vue épistémologique, méthodologique et pédagogique, la notion d’épreuve constitue-t-elle un analyseur pertinent pour explorer la formation expérientielle des adultes dans ses dimensions reproductrices et transformatrices du monde, des relations sociales et de soi ? Et partant, en quoi permet-elle de penser l’évolution des pratiques sociales d’accompagnement en formation des adultes ? C’est ce à quoi voudrait répondre cette communication qui vise à poursuivre notre contribution à la théorisation de la formation expérientielle des adultes au travail. Pour cela, nous explorerons brièvement la notion d’épreuve en sciences sociales et dans les sciences et techniques de la formation des adultes. Nous regarderons, dans une deuxième partie, les liens qui articulent les notions d’expérience et d’épreuve. Nous reviendrons sur les résultats des recherches que nous avons menées dans le champ de la formation continue des adultes (Bertrand, 2011, 2014) et observerons certains invariants qui caractérisent l’épreuve. Dans le troisième et dernier point, dans des visées de généralisation, nous aborderons l’épreuve à travers le prisme de la critique. Nous proposerons alors d’effectuer un zoom sur le concept de réflexivité, pour penser les propriétés transformantes de l’épreuve en formation des adultes.

2 – L’épreuve en Sciences sociales et humaines

2.1 – Une notion en voie de conceptualisation

2Même si la notion est absente des index de nombreux dictionnaires en Sciences sociales et humaines (Mesure et Savidan, 2006), c’est le cas de l’Index rerum du Dictionnaire des sciences humaines, nous retrouvons de manière indirecte la notion d’épreuve au cœur des grands récits théologiques, comme cheminement vers la sagesse [4]. Plus précisément, en anthropologie sociale et culturelle, notamment dans l’étude des rituels et rites d’initiation, l’épreuve accompagne un changement de place, de statut, une transformation personnelle, sociale, un passage. Elle suggère ou développe, chez Lesourd (2008), un « savoir passer ». Elle est un vecteur d’enseignements et d’apprentissages. Elle est autonomisante et socialisante, principalement dans les rituels d’initiation. Dans ce cadre, le sujet est soumis ou bien se soumet à l’épreuve de l’inconnu, au mystère de la vie dont les trois types de mythes les plus anciens constituent la matrice : d’où venons-nous (cosmogonie), qui sommes-nous (ontologie), où allons-nous (eschatologie) ? Dans son sens commun, l’épreuve est associée à des événements vécus, inattendus, brutaux : accident, deuil, séparation... Ou bien à des phénomènes liés à la condition humaine, phénomènes auxquels nous ne sommes pas toujours préparés : la parentalité, la sénescence, la maladie... Ici, le dépassement de l’épreuve est associé en psychologie aux processus thérapeutiques par lesquels les sujets en « sortent » et retrouvent un équilibre psychique majorant. L’épreuve renvoie aussi à l’outillage psychotechnique, aux tests permettant de déceler les niveaux des possibilités, connaissances, capacités physiques ou intellectuelles, de la résistance d’un individu (Grawitz, 2000). Le Lexique des sciences sociales fait référence à l’épreuve de réalité, en psychanalyse, chez Freud notamment, comme processus par lequel, dans son développement, un enfant distingue ce qui est représenté de ce qui est perçu. Ce terme est utilisé par la sociologie critique de Boltanski (2009) pour décrire un processus mis en œuvre par les institutions et ses porte-paroles, comme production de règles pour faire face à la critique et assurer l’illusion de sa permanence. L’objectif de cette communication n’est pas de faire l’inventaire de la notion d’épreuve en Sciences sociales et humaines, mais de montrer à quel point elle est une notion polysémique en voie de conceptualisation. C’est principalement la sociologie critique contemporaine (Boltanski, Thévenot) qui s’est emparée de la notion centrale d’épreuve de réalité, au cœur d’un processus critique, en rapport direct à l’héritage du pragmatisme américain, plus précisément à la notion d’expérience et d’enquête chez Dewey. Elle renvoie selon nous sans ambiguïté à la notion de réflexivité. Mais regardons maintenant ce que nous disent les sciences et techniques de la formation des adultes au sujet de l’épreuve.

2.2 – L’épreuve en formation des adultes

3L’épreuve est absente de l’index des mots clés de trois ouvrages importants dans le champ de la formation des adultes : Le traité des sciences et techniques de la formation (1999), L’encyclopédie de la formation (2009) et Pédagogie, dictionnaire des concepts clés (2014). Nous la retrouvons néanmoins dans un ouvrage de 1991 intitulé La formation expérientielle des adultes, sous la plume de Bernadette Courtois qui définit la formation expérientielle, comme la mise à l’épreuve d’un rapport à soi, aux autres et au monde.

4Cette définition interactionniste nous invite à poursuivre une exploration comparative des deux notions. Une brève recherche lexicologique [5] nous montre la proximité des mots épreuve et expérience. De nombreuses publications de chercheurs en Sciences sociales et humaines situent souvent l’épreuve dans un cadre plus large et plus flou qui serait celui d’une expérience personnelle ou sociale. Lorsque nous observons les synonymes usuels des substantifs « expérience » et « épreuve », ils le sont réciproquement l’un pour l’autre ; l’expérience est une épreuve, l’épreuve est une expérience. Mais leurs antonymes divergent en tous points. Ceux du mot « expérience » renvoient principalement au thème de la « méconnaissance » et à son possible dépassement : ignorance, raison et théorie. L’expérience étant appréhendée comme un savoir « insu » car non raisonné, non réfléchi, non théorisé. Ceux du substantif « épreuve » renvoient essentiellement à des sentiments, à des émotions de nature agréable : bonheur, joie, plaisir, satisfaction, l’épreuve étant appréhendée comme un sentiment ou une sensation désagréable. Les travaux des chercheurs issus du courant du « learning by doing », notamment des Français (Courtois et Pineau, 1991), définissent d’ailleurs l’apprentissage expérientiel comme un contact direct, sans médiation, mais réfléchi. Comment s’articulent ces deux notions floues en formation des adultes ? En nous appuyant sur nos travaux passés et en cours (Bertrand, 2011, 2014), nous proposons un début de réponse qui prendra appui, tout en les mettant en discussion, sur les apports croisés du courant de l’apprentissage transformateur (Mezirow, 2001), de l’école vincennoise (Lourau, Ardoino) et de la sociologie critique française (Boltanski, Thévenot).

3 – Quels sont les liens entre l’expérience et l’épreuve ?

3.1 – L’épreuve comme dimension de l’expérience dans le travail et la formation

5Regardons le travail et la formation comme deux champs conjoints, à travers le prisme de la notion d’expérience. Ceux-ci peuvent s’appréhender, d’un point de vue individuel, collectif et social, tantôt conjugués avec l’auxiliaire avoir, tantôt avec l’auxiliaire être. L’expérience est un ensemble de valeurs, de savoirs, de croyances. C’est un réservoir commun, contenant et contenus, que nous nommons, à la suite de Pineau et Courtois (1991), un capital expérientiel. Cet « avoir » est dynamique, plus ou moins partagé par des sociétés, des groupes sociaux et leurs membres. Il prend forme, se déforme, se transforme comme institution imaginaire du travail et de la formation. Dans ce sens, l’expérience est celle du travail et de la formation. Elle est plutôt tournée vers le passé, un passé bouillonnant car l’expérience est la vie même, un continuum selon Dewey, un phénomène psychosociologique tendu entre autonomisation individuelle et collective, socialisation, émancipation, aliénation. La démocratie, au cœur de ce phénomène, en est à la fois la condition et la visée. Dans cette perspective, l’expérience est tendue entre reproduction et transformation des institutions. Chez Boltanski, elle renvoie principalement vers des logiques de reproduction à travers des épreuves de vérité. Du point de vue des sujets, qu’ils soient actifs, apprenants, acteurs politiques, chercheurs, citoyens, l’expérience du travail et de la formation est une continuité expérientielle (Denoyel, 2014).

6Dans un autre champ, celui des sciences de gestion, les théoriciens de l’apprentissage organisationnel (Argyris et Schön, 1996) évoquent ce capital personnel et collectif dans les organisations, révélé par des formes de routines, nécessaires au travail quotidien. Mais parfois ces pratiques sont gênantes pour apprendre quand elles deviennent « des routines défensives ». Elles freinent alors les sujets, les groupes et les organisations dans le travail nécessaire à la métabolisation des épreuves vécues, à ce qui advient. Sur un autre champ enfin, celui des pratiques scientifiques, c’est tout l’apport de l’École de Francfort de montrer à quel point les sciences particulières sont ancrées dans des relations pratiques préscientifiques (Honneth, 2013), de montrer comment elles sont construites par les liens qui fondent le rapport entre la pratique, l’agir social, la constitution de la réalité et la méthodologie scientifique.

7Notre seconde acception de la notion d’expérience articulée à celle de capital expérientiel se situe dans le travail et dans la formation. Elle s’appuie sur l’origine du mot, qui est apparu dans notre langue en 1265 et qui, dérivé du latin experiri, signifie « faire l’essai, éprouver ». Dans ce sens, l’expérience est tout autant intersubjective, sociale et historique. Elle se conjugue dans un présent hyperimpératif. Elle signifie « être expérimenté », ou plus précisément « être expériencé » (Bertrand, 2014). Elle prend la forme d’événements, d’accidents, de dilemmes qui adviennent et remettent en question (ou non), du point de vue des sujets, des groupes sociaux, des organisations, la continuité expérientielle, ce qui avant l’épreuve, était tenu pour vrai, juste, stable (le capital). Elle fait davantage référence chez Boltanski à la rencontre radicale entre formats d’épreuves et épreuves existentielles, et révèle ce que l’auteur appelle les contradictions herméneutiques. Elle pose alors la question de l’expérience personnelle et sociale comme un faisceau d’épreuves, qui passe par l’observation critique des pratiques du passé, des savoirs, croyances, traditions. D’un point de vue méthodologique, elle s’observe et se comprend comme un monde déjà fait, en train de se défaire et de se refaire. Démarche potentiellement propice à des prises de conscience, cette dimension de l’expérience interroge, sur le plan croisé des sujets, des groupes sociaux et des organisations, la mise en cohérence des perspectives et des schèmes de sens, comme continuum, comme mise en perspective du passé (projets). Notons que le mot expérience contient également le radical « periri » dont la racine indo-européenne « per », « à travers », induit les notions de passage, de changement (Denoyel, 1999). Ce passage et les transformations de grilles de lecture du monde, des manières d’être, de « devenir » qu’il produit potentiellement, suggère un processus réflexif critique.

8Si les épreuves questionnent le bien-fondé des capitaux expérientiels, ils repositionnent les projets dans leurs acceptions plurielles (Boutinet, 1990), leur dimension technique et existentielle, personnelle et collective, politique, sociale et économique. L’épreuve constitue ici une composante clé de toutes expériences vécues dans le couplage ternaire : capital/passé, épreuve/présent, projet/futur. Différents types de réflexivité, au travail et en formation (nous y reviendrons en dernière partie) colorent l’expérience dans ses trois dimensions et la transforment dans des interactions itératives : sujets, groupes, environnement.

Modélisation de l’épreuve au cœur de l’expérience du et dans le travail et la formation

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Modélisation de l’épreuve au cœur de l’expérience du et dans le travail et la formation

9Cette modélisation présente l’institutionnalisation comme la rencontre de l’institué et de l’instituant, comme processus critique, réflexif au travail et en formation, de maintien et de transformation de la réalité. L’épreuve est polymorphe, comme « vécu » intersubjectif, comme événement socialement partagé, situé au sein des organisations (Levy, 2003). Elle est constitutive d’un processus plus ou moins instituant. Si l’épreuve est polymorphe, quelques invariants la caractérisent.

3.2 – Discussion autour des invariants de l’épreuve dans le travail et la formation

3.2.1 – Transformations et continuités

10Dans les champs de la formation et du travail, l’épreuve peut apparaître, du point de vue du sujet, comme un choc existentiel : réorganisation, mobilité subie, chômage, reclassement, retraite, bilan de compétence, réorientation, nouvelle qualification… D’un point de vue plus collectif, social, l’épreuve condense le sens, autant qu’elle le dilue. Elle prend davantage l’aspect d’une crise de sens. Elle n’est pas fatalement liée à des événements sidérants comme les guerres, les crises économiques, les catastrophes naturelles… Elle apparaît enfouie au cœur de processus plus longs, comme la transformation des institutions telles la famille, la justice, l’école, le travail et les formes d’emplois, la formation continue. Dans les deux cas, l’épreuve provoque une transformation des continuités. Elle impose des transitions qui durent, des boucles récursives : régressives, progressives. Si l’une des propriétés de « l’onde de choc » dans les théories mathématiques est de provoquer des transitions brutales sans intermédiaires, dans les champs du travail et de la formation, c’est tout l’enjeu des pratiques sociales d’accompagnement que de produire des médiations et de se transformer elles-mêmes.

3.2.2 – L’épreuve comme expérience de la complexité

11L’épreuve impose une déformation des représentations personnelles et sociales, des pratiques par vagues successives entremêlées : sujets, groupes sociaux, organisations sociales, dans son lent processus d’institutionnalisation. L’épreuve possède, dans cette perspective, la propriété des systèmes complexes : elle est dialogique-récursive-hologrammatique. L’histoire de l’épreuve personnelle, collective, politique, de la montée du chômage en France, illustre notre proposition [6]. L’épreuve dans le travail et la formation semble toujours « risquée », c’est-à-dire propice à la perte, à l’échec, aux formes symboliques d’une « petite mort ». Elle est la rencontre structurante de l’ordre et du désordre. Elle paraît aussi propice aux gains, à l’innovation, à la production ou à l’invention de soi, au renforcement psychologique, socioculturel et économique. Elle est dans ce sens proche des théories de la crise qui voient en la fin d’un système, d’un processus ou d’un phénomène, l’opportunité de créations nouvelles. En effet, quand l’épreuve ébranle les croyances des sujets et des groupes sociaux, elle permet une remise en question des projets plus ou moins formels [7], les saturant d’incertitudes. Les grandes réformes civilisationnelles telles que l’abolition de la peine de mort, le droit à l’avortement, le mariage pour tous sont en quelque sorte des épreuves comme « mises en crises » du sens, des schèmes de lecture et de compréhension du monde. L’épreuve est altérée autant qu’elle altère le mouvement incessant des conditions sociohistoriques d’une époque. Comment regarder la dynamique des épreuves plurielles dans le travail et la formation, comme processus plus ou moins transformateur, instituant ? Si l’épreuve nous apparaît comme consubstantielle à toutes les expériences qui s’élaborent, la question qui se pose est de savoir comment les sujets en sortent ? Pour répondre à cette question, explorons le point de vue de la critique à partir du concept de réflexivité.

4 – De la critique pour penser l’épreuve au travail et en formation

4.1 – La réflexivité en Sciences sociales et en Formation des adultes comme épreuve

12L’épreuve est un concept clé de la sociologie critique et de la sociologie pragmatique critique chez Boltanski. Ces disciplines s’inscrivent toutes deux dans un cadre plus large qui est celui des théories critiques. Elles ont pour objets communs, l’épreuve du pouvoir et de la domination, que les groupes sociaux et les sujets soient dominants ou dominés. La théorie critique a été définie dans deux grands textes, en 1937 : celui de Max Horkheimer et celui d’Herbert Marcuse. La spécificité de la théorie critique, contrairement à la théorie traditionnelle, est que cette théorie est réflexive. C’est-à-dire qu’elle se fonde sur l’identification et l’analyse des insatisfactions d’acteurs dans un travail de théorisation, de manière à transformer les rapports que les sujets entretiennent avec la réalité – c’est-à-dire eux-mêmes, les autres et le monde – mais aussi, transformer la réalité dans le sens d’une émancipation [8]. Si la critique en Sciences sociales trouve ses fondements dans l’Allemagne des années 1930, rappelons que sur les champs de l’Éducation et de la Formation, tout un courant de penseurs et de pédagogues français a travaillé cette perspective qui s’appuyait par tradition sur une praxis. Celle-ci pouvait prendre la forme de l’intervention institutionnelle (Ardoino, 2002), déjouant parfois les manœuvres de cet être sans corps (Boltanski, 2009) que constitue l’institution du travail et de la formation. Une pratique « qui posait aussi le primat de la parole et du processus démocratique dans des jeux de pouvoir, et imposait la négation comme nécessité. Une critique en formation et au travail prônant l’engagement des subjectivités et le développement de l’intersubjectivité comme constituante de toute réalité à produire, à transformer » (Bertrand, 2014). Dans cette perspective – nous n’en ferons pas l’inventaire exhaustif ici –, les travaux nord- et sud-américains (Freire, Illich, Mezirow, Fals Borda), comme ceux issus de l’Éducation populaire en France, ont montré l’importance du processus de prise de conscience dans l’exercice d’une critique transformatrice en formation.

13Pareilles aux épreuves, les formes de la critique au travail et en formation sont plurielles et se condensent autour d’un processus aux dimensions multiples : la réflexivité. Mais quelles sont les caractéristiques de ce processus transformateur des épreuves vécues au travail et en formation ?

4.2 – Les formes plurielles de la réflexivité comme processus transformateur

4.2.1 – La réflexivité comme processus de réfléchissement en formation des adultes

14Du point de vue des sujets, la réflexivité critique peut se définir comme un processus individuel et collectif par lequel des acteurs prennent conscience d’une situation de domination à transformer, en supposant ce travail réflexif freiné voire entravé par cette domination.

15En formation des adultes, la réflexivité est concrètement enclenchée par l’accueil, la mise en mot et l’accompagnement vers la théorisation du vécu des acteurs, vers un travail de métacognition de ce vécu tiré de situations de domination. Celle-ci n’est pas seulement celle exercée ou vécue par des groupes sociaux ou des sujets. Il peut s’agir aussi d’une domination instituée qui se reproduit selon des mécanismes connus (épreuve de vérité, de réalité) comme processus de maintenance de la réalité. Cette domination peut être aussi autoproduite par les sujets comme des empêchements de penser (Roelens, 2003).

16L’élucidation et la transformation des épreuves vécues passent, chez Habermas notamment, par l’activité de langage, par un processus auto- et intercompréhensif. La psychologie des profondeurs (exploration de l’inconscient) est le moyen principal de cette élucidation. Le philosophe allemand considère d’ailleurs la psychanalyse comme une science critique dont l’intérêt de la connaissance est l’émancipation des sujets. Mais le travail et la formation des adultes comme pratique sociale n’ont pas pour objectifs et moyens le care, le développement personnel. Ces pratiques s’affairent davantage à accompagner et à explorer l’expression du « non conscient » à l’œuvre dans la vie quotidienne (Vermersch, 1996) au travail et en formation, grâce à un accompagnement qui vise le réfléchissement, c’est-à-dire qui laisse revenir au plan du représenté des sujets, ce qui était agi sans conscience directe. Disons-le d’emblée, les visées et les intérêts de la connaissance en formation des adultes sont étroitement liés à l’activité de travail et aux relations sociales. Ils sont très clairement à la fois instrumentaux, communicationnels et potentiellement émancipateurs.

17Si l’on s’accorde sur cette proposition, on admettra alors la nécessité de penser l’épreuve dans la formation des adultes et les modes de réflexivité à l’œuvre, grâce à une épistémologie de liaison, du point de vue des différentes rationalités à l’œuvre, telle que nous la propose Habermas, du point de vue des sciences empirico-analytiques, historiques, herméneutiques et critiques.

4.2.2 – Zoom sur la réflexivité et le dialogue rationnel chez Mezirow

18Du point de vue des théories de l’apprentissage transformateur, l’épreuve au cœur de l’expérience se décline selon l’échelle suivante :

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Type d’expérience Type d’épreuve et réflexivité à l’œuvre 1. L’expérience est pré-réfléchie L’épreuve qui n’in-fléchit en rien l’agir pré-réfléchi et les projets tacites, explicites, conscients ou non conscients des sujets et des groupes sociaux, est souvent une épreuve peu significative ou bien refoulée voire esquivée. 2. L’expérience est pensée D’autre part, l’épreuve qui met en suspension chez les sujets et les groupes, en contexte d’organisation de travail, les « prêts à penser », ne change pourtant en rien le fond des représentations personnelles et sociales. Mais elle positionne les sujets dans un agir reproducteur mais en toute conscience. Il y aura bel et bien un conflit cognitif et sociocognitif, mais sans équilibrage majorant. 3. L’expérience est réflexive et critique L’expérience ré-fléchie, critique, est quant à elle celle pour laquelle l’épreuve met en suspension les évidences, les schèmes et perspectives de sens. Elle permet l’accueil, au sein des représentations existantes, de nouveaux savoirs, codes, valeurs, qui y trouvent leur place, sans ébranler pour autant le capital expérientiel. Cette épreuve et l’agir qui en découle peuvent cependant modifier le cours des projets. 4. L’expérience est critique et transformatrice L’agir transformateur est celui pour lequel l’épreuve et les prises de conscience qu’elle impose, les savoirs qu’elle dévoile, invalide ou réfute les schèmes et perspectives de sens des sujets. Sans faire tabula rasa des bagages personnels et collectifs, cette épreuve et les processus transformateurs qu’elle engage sont proches, pour Mezirow, des « conversions » existentielles au sens quasi religieux du terme.

19Cet apprentissage transformateur comme mise en cohérence du sens des expériences des sujets – mis à l’épreuve par des accidents, la survenance de doutes, dilemmes – peut être empêché, selon Mezirow, par ce qu’il nomme des distorsions de sens épistémiques, psychologiques et sociolinguistiques.

4.2.3 – Épreuve de la réflexivité en Sciences sociales et dans le champ politique

20La réflexivité n’est pas seulement un processus au cœur de la formation des adultes. Celle-ci serait vaine si elle n’intégrait dans sa conceptualisation ses dimensions sociales, politiques et épistémologiques. La théorie critique invite en effet à l’autoréflexion tout à la fois :

  • épistémologique, c’est-à-dire sur les principes et les méthodes scientifiques, sur la position sociale des chercheurs, des acteurs politiques, des praticiens, des apprenants, des usagers ;
  • politique, c’est-à-dire sur les valeurs sociales, les choix d’objet de recherche, d’action, les conséquences politiques qui découlent des prises de position.

21La théorie critique prône une théorisation qui dépasse le cadre des disciplines, incite au doute quant à la pertinence de leurs spécialisations et invite aux partages disciplinaires, voire à l’intégration de différentes perspectives théoriques.

4.2.4 – De la répétition à la transformation des épreuves en formation des adultes

22Les théories critiques regardent les asymétries sous l’angle de la méconnaissance par les sujets eux-mêmes de la domination dont ils sont les objets, mais aussi et surtout via l’observation des processus qui la reproduisent où la transforment. Les théories au cœur de la critique sont, pour Boltanski, des théories du pouvoir, de l’exploitation et de la connaissance. À travers la poursuite d’objectifs visant des prises de conscience, certains dispositifs de formation des adultes travaillent à la mise à jour de ces connaissances, l’épreuve du dévoilement d’une violence symbolique « vécue ». Mais la formation dans ses formats les plus classiques participe aussi à ce que Boltanski nomme un travail de qualification des individus, qui leur attribue des propriétés sociales, les classe dans des dispositifs qui exercent sur eux des champs de contraintes (rémunération, statuts, protection sociale…) et leur permet un certain type d’accès aux biens matériels et symboliques. Les modèles de la Formation Action Recherche (Eneau, Bertrand et Lameul, 2012) s’inscrivent résolument dans une perspective critique et clinique. Les dispositifs qui formalisent l’usage de l’expérience des acteurs et accompagnent un travail visant des prises de conscience et de transformation de ces expériences (analyse de pratiques, Formation Action Recherche) sont des dispositifs qui permettent aux sujets de se livrer à la critique par un travail autoréflexif, grâce à une formation à et par la recherche et l’action.

23Ces dispositifs constituent à la fois des appareils qui assurent la tenue de la réalité. Mais ils permettent également aux sujets de s’en extraire, de comprendre les « fictions nécessaires » (Boltanski, 2009), les croyances erronées, la colonisation des mondes vécus. La conduite de ces dispositifs qui sont des formations par coproduction de savoirs exige de la part des apprenants, des formateurs et chercheurs, une épistémologie de liaison, savoirs savants, savoirs pratiques, relations praticiens/acteurs/chercheurs (Bertrand, 2014), constitutive d’une forme de dialogisme qui consiste à articuler dans le milieu de la discussion des antagonismes nécessaires à la vie, à la pensée, à l’action et à la formation.

5 – Conclusion provisoire : penser l’épreuve en formation des adultes, de la sociologie pragmatique critique vers l’apprentissage transformateur

24Les visées critiques de la sociologie et de la formation sont bien les mêmes : transformer les rapports que les sujets entretiennent avec eux-mêmes, avec les autres, avec la réalité et transformer cette réalité elle-même. Dans cette perspective, les épreuves sont toujours mises en mots à travers un récit particulier [9] (Martuccelli, 2006) pour reconfigurer et nommer l’expérience vécue. Ce récit s’effectue soit dans l’après-coup soit en cours d’action nous semble-t-il, dans un discours ou dans un récit, qui dit l’émotion agréable ou désagréable de l’expérience vécue ou en train de se vivre. Quelle est la place de l’intersubjectivité et du processus intercompréhensif dans ces deux temps ? Nous faisons l’hypothèse qu’elle est consubstantielle à l’épreuve même, dans une perspective critique. L’épreuve serait ainsi autant transformée que transformante, lorsqu’elle donne lieu à un accompagnement basé sur un procès de communication dont l’architecture épistémologique serait bâtie sur le concept/processus d’intercompréhension (Bertrand, 2011). Dans sa dimension de sélection, de validation, l’épreuve du et dans le travail et la formation peut être vécue intersubjectivement et socialement comme processus instrumental réificateur, potentiellement aliénant. Mais dans sa dimension plus sociale, plus collective, quand elle donne lieu à un procès de communication démocratique, ce processus évaluateur et validant portera en lui les germes d’un mouvement émancipateur, pour peu que les conditions de possibilité de l’épreuve et de son dépassement dans sa triple temporalité posent d’emblée les conditions d’un dialogue rationnel, d’un agir communicationnel admettant et favorisant l’autoréflexivité critique des sujets, la rencontre problématique avec des agir instrumentaux et des débats quant aux valeurs, traditions du groupe social concerné.

25Si le propre de chaque épreuve « éprouve » les résistances, les ressources d’un sujet mais aussi sa capacité à en sortir (de l’épreuve), on notera ici l’importance que constitue la distribution inégale des ressources comme analyseur mais aussi l’importance d’observer et comprendre comment les sujets dépassent la position de seuls réceptacles d’un processus de distribution sociale de ressources, pour participer dans le dialogue rationnel à l’auto- et la coproduction de nouvelles ressources à la fois cognitives, sociales, culturelles et économiques.

Bibliographie

Bibliographie

  • Ardoino, J. (2002), « De l’intention critique », Pratiques de formation/Analyses, 43.
  • Bataille, G. (1954), L’expérience intérieure, Paris, Gallimard.
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Mots-clés éditeurs : formation, expérience, travail, réflexivité, épreuve

Date de mise en ligne : 01/12/2015.

https://doi.org/10.3917/pp.040.0085

Notes

  • [1]
    Maître de conférences en Sciences de l’Éducation, Université Paris Est Créteil, Facultés des Sciences de l’Éducation et des Sciences sociales, LIRTES EA 7313.
  • [2]
    Le recours aux types de besoins définis par Maslow est précieux pour penser l’épreuve dans sa dimension psychosociologique.
  • [3]
    Pour Lourau, l’institution recouvre deux domaines de significations. Elle peut désigner les formes sociales établies ou bien les processus par lesquels la société s’organise.
  • [4]
    Voir, dans l’Ancien Testament, l’histoire de Job et, dans la religion musulmane, l’exemple de patience du prophète Ayoub. Dans le soufisme, deux termes indiquent la souffrance mystique : imtihan (épreuve) et balà (affliction). La première indique un état de peur, la deuxième définit une épreuve qui frappe le cœur et le corps des saints, sachant que plus ces épreuves sont dures, plus elles rapprochent de Dieu.
  • [5]
    Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, http://www.cnrtl.fr/
  • [6]
    L’histoire de Moulinex en Basse-Normandie montre assez bien les vagues successives qui traversent simultanément les capitaux expérientiels dans le champ du travail, appréhendée ici comme institution (Lourau), de l’entreprise en tant qu’organisation (Levy), des différents groupes sociaux concernés (les salariés, leurs familles, les actionnaires, les syndicats, la presse, l’opinion publique…) et les sujets eux-mêmes. Le chômage comme « format d’épreuve » vécu par les salariés de Moulinex en 2001 remettra en question ici la responsabilité sociale des entreprises et l’impérative nécessité de repenser la formation professionnelle continue en entreprise. Le cas « Moulinex » aura une grande incidence sur la réforme de la formation professionnelle en France en 2004.
  • [7]
    Se référer aux cinq types de projet selon Boutinet, du projet existentiel au projet de société.
  • [8]
    L’émancipation définie ici comme processus psychosociologique d’accès supérieur à la raison, à l’épreuve « conscientisante » que constitue le dépassement des mondes vécus, mondes colonisés par une raison d’abord et principalement instrumentale.
  • [9]
    Danilo Martuccelli définit la singularisation des sujets, qui germe comme un processus structurel qui concerne la nature de la société et des liens sociaux, avant d’être une caractéristique des biographies individuelles. Dans l’expérience individuelle – comme monde vécu –, la vie sociale est soumise à une série d’épreuves structurellement produites et inégalement distribuées. Pour Martuccelli, la notion d’épreuve permet de décrire et d’analyser les changements structuraux à l’échelle de l’individu et de saisir à la fois les nouvelles formes de domination ainsi que les nouvelles conjonctions pensables entre les individus et la société. Dans cette perspective, l’épreuve est une notion qui permet d’observer et comprendre l’élaboration et la transformation des expériences dans leurs dimensions individuelles, collectives et sociales.
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