D’une actualité remarquable, l’héritage ferenczien propose des repères fondamentaux sur la clinique du traumatisme. Dans cette lignée de pensée, le différentiel trauma/traumatisme met à jour comment le trauma, en suscitant des effractions particulièrement désorganisatrices, touche des aménagements psychiques archaïques, alors que le traumatisme génère un niveau de désorganisation plus secondarisé qui n’entrave pas la relation à l’objet, ni l’intrication pulsionnelle. Si, le traumatisme se réfère au traumatisme sexuel de la théorie freudienne de la séduction, celui de l’identification hystérique et du refoulement, le trauma lui empêche toute possibilité d’appropriation subjective, pour devenir une source permanente d’excitation. Il induit un clivage narcissique avec l’apparition de deux personnalités qui ne veulent rien savoir l’une de l’autre, avec pour corolaire la rupture entre éprouvés et intelligence. Pour le sujet, la confiance dans le témoignage de ses propres sens est brisée et il devient impossible pour lui de relier ce qui est pensé et ce qui est ressenti. Le travail clinique auprès de ces patients, devra être particulièrement attentif aux résurgences progressives des éléments sensoriels qui émergent lors du processus d’historicisation favorisé par le site analytique, afin que ceux-ci puissent se relier avec l’intellect et avec les éprouvés traumatiques. Pour parvenir à atténuer la portée subjective de ces « traumatismes sans fin », il faut que se produise également une domestication du trauma grâce au reflet traumatique qui s’opère chez l’analyste, celui-ci subissant l’impact du « trauma désorganisateur », mais en réussissant à le vivre de son côté dans le registre du traumatisme organisateur.
- clivage narcissique
- culpabilité de l’agresseur
- trauma
- traumatisme
- viol
From trauma to organizing trauma: interplay of transfero/counter-transferential reflections
Remarkable in its relevance today, the legacy of Ferenczi offers us fundamental points of reference on the clinical aspects of traumatism. Following this line of thought, the trauma/ traumatism differential brings up to date the ways in which trauma, by creating highly disorganising breaches, touches on archaic psychological adjustments, whereas traumatism generates a more secondary level of disorganisation which hinders neither object relations nor the entanglement impulse. If traumatism refers to the sexual traumatism of Freudian seduction theory, that of hysteria and repression, it is trauma that prevents any possibility of subjective assimilation, rendering it a permanent source of excitation. It induces a narcissistic split with the appearance of two personalities which each refuse to have anything to do with the other, bringing in its wake the corollary of a split between experience and intellect. For the subject, this means that confidence in the evidence of his or her own senses is shattered and it becomes impossible for him or her to reunite thoughts and feelings. Therapeutic work with these patients needs to give particular focus to the progressive re-emergence of sensory elements which emerge during a process of historicisation encouraged by therapy, so that these elements may reunite with the intellect and with the traumatic experience. In order to be able to mitigate the subjective reach of these “endless traumatisms”, there must also be a domestication of the trauma made possible by the traumatic reflection instigated by the therapist which although suffering from the impact of the “disorganising trauma” nevertheless succeeds in being experienced as an organising traumatism.
- narcissistic split
- the aggressor’s guilt
- trauma
- traumatism
- rape
Mots-clés éditeurs : viol, trauma, culpabilité de l’agresseur, clivage narcissique, traumatisme
Mise en ligne 16/07/2021
https://doi.org/10.1051/ppsy/2021601011