« Séparatisme islamiste », projet de loi « confortant les principes républicains » parasité dans les Chambres par la question du voile, tentation d’un renforcement du contrôle des associations cultuelles, listes « communautaristes » aux élections municipales… Le débat « islam-laïcité » ressurgit une fois de plus, encore avec violence, gonflé de préjugés réciproques. Comme un soc de charrue, il vient tout labourer dans la société française, tout retourner, tout diviser. Mais que d’erreurs d’interprétation commises ! Des précisions historiques et juridiques s’imposent.
La première consiste à rappeler que le mot « laïcité » ne figure pas dans la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. La deuxième consiste à préciser que cette loi ne reflétait pas l’intransigeance sectaire de certains courants anticléricaux de l’époque, dominés par les figures d’Émile Combes, d’Édouard Vaillant ou de Maurice Allard. Lorsque la IIIe République ouvrit ce périlleux chantier législatif de la « séparation », Aristide Briand (un modéré sur ce thème au sein du Parti radical) fut nommé rapporteur du texte à la Chambre des députés. Il se montra inflexible sur les principes, en particulier sur les premières lignes du texte consacrant au sein du même article « la liberté de conscience » et « le libre exercice des cultes ». Dans un débat à la Chambre, au printemps 1905, il eut ces mots à l’adresse des républicains : « […] il est sage, avant tout, de rassurer la susceptibilité éveillée des “fidèles”, en proclamant solennellement que non seulement la République ne saurait opprimer les consciences ou gêner dans ses formes multiples l’expression extérieure des sentiments religieux, mais encore qu’elle entend respecter et faire respecter la liberté de conscience et la liberté des culte…