Notes
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Centre Français de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement
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Après trois ans d’existence, la U-Farm® se décline sous deux modes : l’un en container simple destiné aux entreprises ou aux maraîchers cherchant à se diversifier, l’autre sous forme d’unité productive installée au MIN de Rungis
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De l’ordre de 85 % des tomates-cerises consommées en France viennent de l’hydroponie pratiquée en zones rurales françaises, belges, danoises, etc. Si les serres en ville permettent de produire la même chose (ou mieux cf. texte) en limitant les dépenses de transport voire les dépenses énergétiques, ne seraient-elles pas alors une voie intéressante du point du vue du « métabolisme urbain » » (Barles, 2002).
Introduction
1Agriculture périurbaine, intra-urbaine, urbaine ? Derrière ces mots, objets parfois de polémiques aussi virulentes que stériles, se cache un monde de formes, de fonctions pour la ville, de questionnements multiples autour des rôles, des performances technico-économiques, des conséquences environnementales et sociales de ces agricultures, monde que la recherche a pour rôle d’explorer et de faire connaître. Nous adopterons ici une définition, volontairement très large, du terme agriculture urbaine, en nous référant à « l’agriculture localisée dans la ville ou à sa périphérie, dont les produits sont (majoritairement) destinés à la ville et pour lesquelles il existe une alternative entre usage agricole et non agricole des ressources, (débouchant) sur des concurrences mais aussi des complémentarités » (Moustier et M’Baye, 1999). Une majorité d’auteurs considèrent en effet aujourd’hui que, moins que la localisation précise (intra ou péri urbain), ce sont les liens fonctionnels entre l’agriculture et la ville qui définissent le plus son « urbanité ». Urbanité qui est alors objet d’un gradient en fonction de l’étroitesse de ces liens. De même la distance à la ville entraîne un gradient de contraintes (sur le foncier en particulier) ou d’atouts (sur la commercialisation directe des produits notamment) et peut générer des formes plus ou moins spécifiques d’agriculture. À titre d’illustration, les données de l’INSEE définissant les aires d’influence des villes (Figure 1) stipulent que 46 % des exploitations agricoles françaises étaient situées dans les couronnes périurbaines de ces aires en 2010.
Les zones urbaines en France en 2010
Les zones urbaines en France en 2010
2Est-ce à dire que l’agriculture de notre pays serait presque pour moitié « urbaine » ? Non, bien s ûr et loin de là. Car toutes ces exploitations relativement proches des villes ne sont pas en lien fort avec elles, par exemple elles ne produisent pas pour la demande alimentaire de la ville, mais dans un modèle de production majoritaire de la filière, pour un marché global : c’est le cas de la majorité des exploitations de grande culture en Ile-de-France ou de la majorité des éleveurs laitiers situés en périphérie de Rennes (Nahmias et Le Caro, 2012). Pour devenir « urbaines » (Fleury et Donadieu, 1 999), ces exploitations périurbaines auraient à développer de nouveaux liens (d’approvisionnement, de services, etc.) avec la ville, conduisant à coup sûr à une forte évolution de leurs systèmes de production et de commercialisation.
3Cet objet multiple et quelque peu insaisissable qu’est l’agriculture urbaine, dans les pays industrialisés tout au moins, a historiquement interrogé d’abord les géographes, notamment français, mais pas seulement (Bryant, 2003). Un séminaire rapporté dans un numéro spécial du Bulletin de l’association des géographes français, tenu au début des années 1990 (Brunet et Charvet, 1994), faisait état de cette orientation forte des recherches vers la compréhension des questions liées à l’occupation de l’espace périurbain et à ses évolutions, aux consommations de terres agricoles, le bâti étant souvent irréversible, à la participation des agricultures périurbaines à la conservation d’un paysage de qualité, etc. Cette (riche) implication des sciences géographiques et de l’aménagement du territoire se poursuit heureusement (Charvet, 2013 ; Poulot, 2013), mais elle partage aujourd’hui l’objet avec d’autres sciences, dont les sciences agronomiques (Aubry, 2013). Dans les pays du Sud, aux côtés des géographes, ce sont beaucoup d’économistes, dont les spécialistes de l’analyse de filières, qui ont mené des recherches sur l’agriculture urbaine (et en France, les collègues du CIRAD [1]) : en effet l’agriculture urbaine est, dans ces contextes marqués par des difficultés considérables de transport, une contributrice majeure, voire pour certains produits, unique, de l’approvisionnement urbain, à travers des exploitations intra ou périurbaines très variées dans leur taille, leur structure, leur orientation économique (Moustier et Danso, 2006). Ces économistes interrogent alors les sciences techniques sur les performances possibles de production et les contraintes techniques à l’accroissement quantitatif et/ou qualitatif de la production (de Bon et al., 2010). Au cours de la dernière décennie, mêlant pays du sud et du nord, on a assisté (Figure 2) à une véritable explosion des recherches internationales sur « Urban agriculture » (Daniel, 2013).
Évolution du nombre de publications scientifiques en anglais contenant les mots-clés « Urban agriculture » depuis quatre décennies
4Cette production de la recherche porte sur la géographie ou l’économie, mais aussi sur une multiplicité de disciplines, dont certaines fort pointues (chimie de l’environnement, bioclimatologie pour les problèmes relatifs aux effets des pollutions urbaines sur l’agriculture, effets réciproques de l’agriculture sur le climat local et du changement climatique sur l’agriculture, etc.). Il est aujourd’hui difficile voire impossible de tracer la carte mondiale des équipes travaillant sur l’agriculture urbaine, de près ou de loin. Mais il est clair que des formes de structuration de cette communauté émergent depuis cinq à dix ans, avec un nombre croissant de colloques spécialisés, écoles d’été, programmes de recherche en commun, etc. Notre propre équipe de recherches de l’INRA intitulée « Agricultures Urbaines » s’est individualisée en 2012, bien que ses membres aient travaillé sur le sujet depuis bien avant : multidisciplinaire (de la sociologie à la bioclimatologie en passant par l’agronomie et la géographie), elle est un témoignage direct de cette histoire récente de la recherche en agriculture urbaine.
1 – Comment les agricultures urbaines et leur multifonctionnalité interrogent-elles la recherche ?
5La diversité des formes et localisations de l’agriculture urbaine de par le monde n’est plus à démontrer (Figure 3) : au champ, hors sol, sur ou dans le bâti, pour l’autoproduction ou pour la vente, parfois les deux, avec des systèmes high tech ou non, c’est une véritable profusion de formes que l’on constate (Daniel 2013 op. cit.) et nous n’en sommes très probablement qu’au début !
Plaine de Montesson (Ile-de-France)
Plaine de Montesson (Ile-de-France)
Ferme Planète Lilas
Ferme Planète Lilas
Projet de Tour maraîchère à Romainville
Projet de Tour maraîchère à Romainville
6Qui aurait pensé il y a seulement 5 ans, qu’à Paris, la société UpCycle® développerait, à partir d’un container de bateau, un prototype de ferme urbaine basée sur l’économie circulaire pour produire des pleurotes vendus à des restaurants, à partir du marc de café récupéré des machines à café des entreprises (Figure 4) [2]? Et que le résidu de cette « culture », du marc de café inséminé de mycélium de pleurotes, s’avérerait un fort intéressant amendement organique urbain, réutilisable pour faire pousser des légumes sur des toits (Aubry, Bel et al., 2014 under review) ?
7Il est très probable que dans cinq ans, nous verrons apparaître des formes non imaginées aujourd’hui. En particulier, l’apparition récente au sein des villes industrialisées, de formes intra-urbaines occupant pas ou peu d’espace, que nos collègues allemands ont nommées Zfarming pour Zero-acreage Farming, est une (r)évolution qui engendre de nombreuses questions pour la recherche (Specht et al., 2014). Cette puissante dynamique d’innovation suffirait largement à justifier la curiosité des chercheurs, à susciter des analyses critiques et à leur montrer l’étendue de leur ignorance.
8Au-delà, c’est largement le caractère très multifonctionnel de toutes ces formes d’agriculture qui intrigue et appelle à la réflexion (Poulot, 2014, dans ce numéro). Là encore, le constat que ces agricultures servent souvent à plusieurs choses à la fois (à nourrir la ville, à produire des revenus et susciter des emplois, à construire le paysage, à absorber des déchets organiques urbains, à recréer du lien social, à éduquer les jeunes urbains, etc.) a depuis longtemps été fait (Fleury, 2005 ; Poulot, 2011 ; Zasada 2011). Mais aujourd’hui, l’enjeu générique des recherches sur les agricultures urbaines consiste, pour toutes les disciplines, à instruire ces fonctions, c’est-à-dire à les qualifier, les quantifier, les hiérarchiser en fonction des formes diverses d’agriculture et en fonction des parties prenantes. Car il est clair que les acteurs de l’agriculture urbaine sont nombreux : agriculteurs bien sûr, mais aussi urbains, dans leur rôle d’habitants et de consommateurs, de citoyens aussi ; et, détenant souvent les clés de l’avenir, les élus et les planificateurs urbains. Tout ce monde n’a pas, loin s’en faut, les mêmes attentes au même moment vis-à-vis de l’agriculture urbaine : source professionnelle de revenus pour les agriculteurs voire patrimoine familial ; maintien d’un cadre de vie pour les habitants du périurbain, lesquels, souvent, se sont installés sur des terres agricoles largement consommées pour l’extension urbaine… mais ne sont guère favorables à la poursuite de l’urbanisation à leur porte ; source de produits frais, qu’on veut de qualité et produits de manière écologique pour les consommateurs, remettant en cause de manière plus ou moins militante le « globalized agri-food system » (Morgan et al., 2006) ; lieu de retour aux origines pour nombre d’urbains déracinés ; infrastructure qu’élus et planificateurs conçoivent pour permettre, par un usage policé de l’espace, d’éviter les usages asociaux (trafics divers) qu’entraînent trop souvent les situations de friche urbaine ; instrument permettant, aux côtés d’autres formes, de participer à la dynamique de la biodiversité en ville ou à ses abords, d’améliorer le climat urbain, etc.
9Il est clair que ces différentes fonctions, diversement attendues par un panel de parties prenantes pas toujours d’accord entre elles, suscitent naturellement des approches pluridisciplinaires, où sciences sociales et sciences biotechniques, agronomiques et écologiques, doivent apprendre à travailler ensemble pour éclairer les fonctions et aider aux décisions publiques. Il est rare en effet que la recherche en agriculture urbaine soit totalement détachée de l’opérationnel : peu ou prou, ces recherches sont des recherches-actions, ancrées dans les territoires d’application et en lien étroit avec un ou plusieurs acteurs. Une des difficultés actuelles de cette recherche est précisément de pouvoir sortir des cas particuliers pour aller vers une vision plus globale et générique des fonctions de l’agriculture urbaine. Cependant, selon que l’on se place pour telle ou telle étude, sur telle ou telle forme d’agriculture en privilégiant tel ou tel acteur, les fonctions attendues ou remplies par l’agriculture urbaine vont changer et certaines vont en dominer d’autres. C’est pourquoi il est toujours possible, tout en étant conscient de la multifonctionnalité intrinsèque de ces formes d’agriculture, de traiter majoritairement d’une fonction, considérée ou souhaitée par un acteur comme dominante, ce qui explique notamment que ce dossier soit organisé en chapitres par grandes fonctions.
2 – Quelques questions phares liées à la diversité des formes et fonctions de l’agriculture urbaine
10Du fait de cette diversité de formes et de cette multifonctionnalité, les agricultures urbaines posent à la recherche de nombreuses questions qu’on ne peut toutes lister ici. Considérons alors trois grands groupes, qui s’adressent à des disciplines variées.
11Les questions techniques portent notamment sur la conception des modalités techniques de production (en plein champ, en hors-sol, sur substrats inertes ou pas, en hydroponie, etc.), leurs niveaux de performance et leurs adaptations aux différentes configurations locales. Par exemple, certains projets à Paris, déjà au stade de la réalisation outre-atlantique, visent à produire en ville en serre hydroponique sur les toits. Des questions techniques (et environnementales) peuvent se poser quant à la consommation énergétique de ces systèmes, bien maîtrisés sur le plan des conduites techniques des végétaux et fort productifs (Sanyé-Mengal et al., 2012) : peuvent-ils, comment, pendant quelle période de l’année, récupérer de la chaleur urbaine pour le chauffage de la serre ? Une autre question est celle de l’adéquation entre systèmes de production et systèmes de commercialisation : ces systèmes hydroponiques, très productifs, sont aujourd’hui, dans leur version « rurale » [3], liés au commerce de gros, d’exportation et de grande distribution, donc produisent des espèces et variétés sélectionnées pour supporter le transport en étant cueillies avant maturité, d’où une réputation de « peu goûteuses ». Ces systèmes peuvent-ils migrer demain, comme des concepteurs de tels projets le prévoient, vers des ventes en circuit court sous forme de paniers type Amap ? C’est ce qui se fait aujourd’hui au Canada avec l’exemple fameux de la Lufa Farm à Montréal. Outre les questions d’acceptation sociale par des consommateurs parisiens (assimilant aujourd’hui plus hydroponie à consommation de masse qu’hydroponie à produits de qualité en circuit court), la question technique posée est la suivante : si on produit, en ville, du fait de l’absence de transports, des légumes en hydroponie mais de fait cueillis à maturité et pouvant être des variétés différentes, dont certaines anciennes et goûteuses, le mode de production sensu stricto conduit-il encore à des produits de faible qualité gustative ou pas ? En d’autres termes, quelle est la part de « responsabilité » dans le caractère peu goûteux de produits de l’hydroponie, du système technique lui-même et celle de l’ensemble système technique plus mode de commercialisation ?
12Des questions environnementales nombreuses sont aussi posées par ces formes diverses d’agriculture urbaine. Par exemple, comment contribuent-elles à la protection, voire à la dynamique, de la biodiversité et comment peuvent-elles s’inscrire dans les trames vertes présentées ici par Philippe Clergeau ? Des données montrent que les maraîchers périurbains en circuit court produisent une grande diversité de légumes et offrent donc une forte biodiversité cultivée, de même d’ailleurs que les jardins associatifs urbains (Pourias, 2010, 2011) : ces deux formes sont aussi souvent le lieu de pratiques culturales « écologiques », dont celles d’entretenir certaines formes de biodiversité « sauvage » floristique et faunistique autour ou dans les parcelles (Pourias, 2010, op. cit. ; Petit 2013). A contrario, des formes très high-tech (serres, in-door) sont de peu d’intérêt de ce point de vue. Mais il reste cependant beaucoup de données à recueillir pour pouvoir établir les contributions respectives de ces différentes formes à la biodiversité en milieu urbain et périurbain. Un autre exemple de « service écosystémique » que peut rendre l’agriculture urbaine est celui de la régulation thermique que permettrait, en milieu urbain dense, la colonisation agricole des immeubles, à l’échelle de l’immeuble ou du quartier : cet effet est souvent avancé par les concepteurs de projets d’agriculture urbaine, mais rarement quantifié. Or cette fonction, si elle est avérée, pourrait être des plus intéressantes pour « justifier » l’implantation de tels projets sur des toits ou des murs urbains. Même évocation d’effet concernant la rétention de pluies et l’évitement d’inondations par une utilisation agricole des sols périurbains, mais aussi urbains, ainsi que par la couverture agricole des toits : si la rétention d’eau par un espace cultivé est probablement supérieure à une imperméabilisation due à la construction (sols) ou à la protection des bâtiments, elle est là encore rarement quantifiée. Ceci n’empêche pas la ville de New York, par exemple, de subventionner directement des fermes sur les toits au nom de ce service de rain captation. Enfin, agriculture périurbaine de grande culture et aussi agriculture intra-urbaine pourraient participer largement au recyclage des déchets organiques urbains, que l’on sait en forte augmentation : dans les zones de grande culture, ce recyclage pourrait contribuer à faire remonter des taux de matière organique parfois dramatiquement bas : certaines études montrent l’intérêt productif d’une telle utilisation (Dhaouadi, 2014) mais d’autres montrent aussi les réticences fréquentes d’agriculteurs professionnels pour utiliser de telles matières, notamment les boues de stations d’épuration urbaines, du fait de risques possibles de contamination par des métaux lourds et de déclassement commercial des récoltes (Joncoux, 2013). Enfin, qui dit agriculture urbaine entend risques de contamination des produits par les pollutions urbaines (sol, atmosphère, etc.) : l’état actuel des recherches montre des situations pourtant très contrastées (Säumel et al., 2012 ; Aubry et al., 2014 under review) et appelle largement à une intensification des recherches sur ce point.
13Des questions relatives aux fonctions sociales et éducatives de ces formes d’agriculture urbaine émergent aussi fortement : quelles sont les capacités de ces agricultures urbaines à créer ou recréer des liens sociaux, à l’échelle de quartiers notamment, voire de villes entières lorsqu’elles sont en voie de paupérisation comme l’exemple connu de Détroit aux USA (Paddeu, 2012) ; quels intérêts présentent-elles pour éduquer les enfants à l’environnement mais aussi à la nutrition : de ce point de vue, on sait que les jardins associatifs ont un rôle fort et bien établi outre Atlantique (Litt et al., 2011 ; Alaimo et al., 2008) et que des recherches sont en cours en France sur ces points. Comment ces jardins associatifs peuvent-ils permettre de faire face à des situations de pauvreté ? On en verra des exemples à Madagascar (Aubry, dans ce numéro), et en Europe aujourd’hui, des réflexions sont en cours sur les fonctions de résilience sociale permises notamment par le jardinage associatif en situation de crise (Puente, dans ce numéro ; Anthopoulou, 2012). Et même en dehors de ces situations de crise, les villes sont de manière croissante en train de construire des stratégies alimentaires, où les formes d’agriculture urbaine sont parties prenantes (Mansfield & Mendes, 2012 ; Pourias, 2013).
Conclusion
14Les agricultures urbaines sont à l’heure actuelle en forte évolution partout dans le monde : diversité de formes, de fonctions, de liens à la ville, de soutien par les politiques. Aujourd’hui, pour beaucoup de villes, petites ou plus grandes, la question du devenir, de l’orientation, des formes de soutien local aux agricultures présentes sur leur territoire est une vraie problématique. La recherche a là un rôle important à jouer pour accompagner, par la quantification des fonctions et par la compréhension des mécanismes, les décisions politiques.
15Il paraît plus que jamais majeur, dans le monde mouvant que nous connaissons, de ne pas pousser à l’opposition, plus souvent idéologique que correctement instruite, entre les formes d’agriculture, intra versus péri-urbaine, commerciales versus militantes, professionnelles versus non professionnelles, écologiques versus intensives, etc. Le poste d’observation privilégié que constitue notre position de chercheur au sein de l’équipe Agricultures Urbaines de l’INRA montre que les hybridations entre ces formes d’agriculture sont bien plus courantes que leurs confrontations. Et qu’il est hautement souhaitable que les chercheurs ne se cantonnent pas à telle ou telle forme, mais essayent d’étudier avec le plus d’honnêteté possible, au sein des débats, postures, prises de position partisanes auxquels ils ne peuvent totalement échapper bien sûr, les complémentarités, les perméabilités voire les synergies possibles entre toutes ces formes d’agriculture urbaine. Car il reste beaucoup à faire pour mieux connaître leurs modes de développement, leurs atouts, leurs difficultés, et ce dans les contextes de pays du sud comme dans ceux du nord.
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