Pour 2013/2 N° 218

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Article de revue

Le bois-énergie, une solution d'avenir ?

Pages 137 à 144

Notes

1Depuis des millénaires, le bois est une source d’énergie utilisée traditionnellement pour se chauffer et pour cuisiner les aliments. Le sujet du bois-énergie ne semble donc pas nouveau en soi. Pourtant, la notion de bois-énergie entendue comme une ressource qui puisse concurrencer les énergies fossiles traditionnelles, gaz, pétrole ou charbon, est relativement récente. Elle est due aux avancées techniques réalisées dans les matériels de chauffage au bois, dans leur optimisation et leur automatisation qui ont ouvert de nouvelles perspectives d’utilisation pour ce matériau naturel et renouvelable. On assiste ainsi depuis quelques années à un intérêt accru pour le bois-énergie qui semble allier de précieux atouts comme l’indépendance énergétique, la réduction de gaz à effet de serre, la protection de l’environnement, le développement des emplois locaux non délocalisables et une gestion raisonnée et optimisée des ressources en bois. Tous les acteurs de la filière bois sont concernés par ce secteur émergent : les forestiers, les producteurs de bois, les industries de transformation, les distributeurs d’énergie, les fabricants de matériels de broyage ou de chauffage mais aussi les agriculteurs.

2Or la France dispose d’un atout majeur puisque la forêt couvre plus d’un tiers de la surface du pays [1] soit plus de 15 millions d’hectares. La croissance naturelle du bois étant en moyenne de 5,7 m3/ha/an soit environ 81 millions de m3 par an, la France dispose d’un gisement important en bois potentiellement exploitable, qui apparaît comme une opportunité de développement.

3L’énergie bois constitue déjà 54 % des énergies renouvelables utilisées en France, principalement sous forme de bois bûche pour des appareils domestiques (cheminées, poêles, inserts, cuisinières) mais le parc d’appareils de chauffage au bois est majoritairement vétuste, polluant et peu performant. L’objectif pour 2020 est de faire fonctionner avec la même quantité de bois, 7,4 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep), 9 millions d’appareils en 2020 contre 5,7 millions d’appareils en 2006, grâce à une amélioration significative de leur performance et à la mise au point de labels comme le label flamme verte obligatoire sur les nouveaux appareils de chauffage.

4Toutefois, outre le bois-bûche, la notion de bois-énergie recouvre plusieurs produits : les résidus de scierie, certains bois de rebuts dits propres, les broyats de palettes, les granulés, reconstitués à partir de sciure compressée, les plaquettes forestières ou bocagères. À chacune de ces catégories, correspond un usage privilégié : les granulés sont utilisés surtout pour les poêles ou chaudières à granulés des particuliers, tout comme le bois-bûche largement présent dans les cheminées ou inserts. Les sciures, connexes de scierie et les plaquettes forestières alimentent des chaudières ou des chaufferies de moyenne ou grande capacité alimentant un réseau de chaleur ou une cogénération exigeant un volume important de matière. Les fabricants de chaudières, d’Autriche ou d’Allemagne notamment, ont mis au point, depuis une vingtaine d’années, le principe de chaudières à bois déchiqueté. Le bois est d’abord broyé pour obtenir des petites plaquettes d’environ 5 cm de long sur 2 de large, qui sont entreposées dans un silo. Grâce à un système de vis sans fin, le bois déchiqueté est amené dans une chambre de combustion. L’alimentation automatique de la chaudière lui donne une autonomie et un confort d’utilisation comparable à ceux d’un autre mode de chauffage. Des filtres réduisent l’émission de particules polluantes et la quantité de cendre générée est réduite à son minimum car le rendement de la chaudière dépasse généralement les 90 %.

5Quelles que soient les essences de bois déchiqueté, la valeur calorifique de la plaquette forestière est la même et dépend seulement de son hygrométrie : plus elle est faible, plus le rendement est élevé. Elle peut varier de 2 500 à 3 900 kWh/tonne. Le second critère important est la granulométrie, c’est-à-dire la taille des plaquettes qui varie entre 3 et 10 cm. L’offre doit ainsi s’adapter à deux types de demande différents. Équipées pour recevoir de gros volumes quotidiens, les chaufferies industrielles peuvent se fournir en grosses plaquettes humides (45 % d’humidité), directement issues d’un chantier d’exploitation forestière. Les plaquettes forestières doivent représenter 50 % du combustible, elles sont mélangées à d’autres types de bois-énergie (broyats de palettes…). En revanche, pour les petites chaudières, les plaquettes doivent avoir séché à l’abri pendant plusieurs mois pour atteindre un taux d’humidité inférieur à 25 % et leur taille ne doit pas excéder 5 cm, ce qui nécessite de disposer d’une aire de stockage et d’immobiliser le stock. Son prix de vente est nécessairement plus élevé mais il reste largement plus compétitif que tous les autres combustibles (3 à 4 fois moins cher selon les énergies considérées). Il faut compter entre 0,015 et 0,025 centimes d’euros pour un MWh produit avec du bois déchiqueté contre 0,10 pour le fuel, et 0,13 pour l’électricité en 2012 [2].

6L’ONF [3] et l’UCFF [4] ont élaboré ensemble une marque de plaquettes forêt énergie obéissant aux normes européennes. Ils fournissent une grande partie de la demande des grosses chaufferies industrielles. Des filiales de grands groupes énergéticiens tels que Cofely ou Dalkia ont investi le secteur de la production d’énergie biomasse et captent également de gros volumes. En revanche, le secteur domestique des particuliers ou des petites collectivités est alimenté par des entreprises locales servant d’intermédiaire entre les propriétaires de la ressource et les clients, par des Scic, par des agriculteurs, des exploitants forestiers ou des sylviculteurs. Les acteurs de la filière ont donc des statuts et des volumes d’affaire très variés.

7Lors de son premier colloque [5], le Syndicat des entreprises indépendantes du bois-énergie a avancé des estimations sur l’emploi généré par cette filière en 2012.

8Le bois-bûche avec environ 7 Mtep produites par an nécessiterait environ 32 000 emplois équivalent temps plein (ETP) mais dont moins de 7 000 sont déclarés. La productivité est d’environ 750 tonnes de combustible par emploi ETP. Les produits connexes de l’industrie du bois représentent 1 Mtep/an et environ 1 000 emplois. La plaquette forestière emploierait 1 300 personnes ETP pour une production supérieure à 1 Mtep/an. Et le granulé a une production de 700 000 Tep/an pour environ 500 ETP. Ainsi environ 10 000 emplois déclarés proviennent de la filière bois-énergie. Comparés à ceux de toute la filière bois, génératrice de 400 000 emplois au sens large, ces chiffres montrent le caractère encore restreint du bois-énergie dans l’économie du bois.

9Le bois-énergie arrive à la fin de la chaîne d’exploitation du bois. On ne peut dissocier la production de plaquettes forestières de celle de bois d’œuvre et de bois d’industrie. Ne doit être valorisé en énergie que le bois qui ne peut être employé à d’autres usages et toute la question réside dans une juste évaluation de cette répartition pour éviter les conflits d’usage. Chacun a sa place dans l’objectif ultime de la gestion productive d’une forêt qui est de sortir du bois d’œuvre de qualité. Mais les opérations intermédiaires, ainsi que la coupe définitive peuvent donner lieu à la production de bois-énergie. Ainsi, les dépressages ou éclaircies fournissent généralement le bois d’industrie ou de trituration. Les rémanents de ces coupes restent inemployés et peuvent dans certains cas être déchiquetés ce qui peut éviter de les brûler sur place. De même, lors de coupes de cloisonnement, ou de renouvellement de taillis pauvre, l’utilisation en bois-énergie est un débouché intéressant. À chaque opération correspond une utilisation optimale et le bois-énergie doit être pris en compte dans un projet économique global d’exploitation forestière.

10Le coût écologique et économique du transport est tel que l’utilisation du bois-énergie n’est rentable que si elle se fait dans un rayon géographique raisonnable, inférieur ou égal à environ 100 km. L’enjeu est donc d’utiliser les ressources boisées, forestières ou bocagères du territoire, ce qui est illusoire dans certaines régions peu boisées dotées de cogénération. En revanche, l’installation d’un réseau de chaleur communal constitue, pour les collectivités, un excellent moyen de valoriser leur capital en bois tout en maintenant ou en créant des emplois locaux. Il acquiert ainsi, en plus de son aspect écologique, une dimension économique et sociale intéressante. Les investissements réalisés sont rentabilisés trois à cinq ans plus tard par les économies sur les factures de combustible. Une communication autour de ces projets et de l’utilisation du bois-énergie dans la commune permet de sensibiliser les populations à cette ressource locale et renouvelable qui est alors mieux entretenue. De nombreux exemples de réalisations le prouvent. La ville de Besançon, par exemple, a mis en place plusieurs réseaux de chaleur alimentés par le bois-énergie (BE) provenant des ressources boisées de la commune.

11Acquérir une indépendance énergétique et ne plus être soumis aux variations imprévisibles des cours des énergies fossiles est un argument percutant qui séduit de plus en plus. La courbe probable de l’évolution du prix du bois n’a rien à voir avec les fortes oscillations des autres énergies et permet une anticipation des frais de fonctionnement. Ainsi le BE concentre en lui de nombreux atouts à la fois écologiques, économiques et sociaux. Pourtant il se heurte à de nombreuses contraintes.

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12La mobilisation de la ressource, surtout en forêt, est souvent délicate. Lorsque les parcelles sont éloignées, peu ou pas desservies par des chemins, les moyens à mettre en œuvre pour aller chercher le bois sont importants et énergivores. Le coût d’extraction du bois n’est pas compensé par le fruit de sa vente et il est alors laissé sur place. Une solide organisation logistique comme la mise en place d’une rotation de camions qui sont chargés directement en bois déchiqueté à la sortie de la broyeuse pour l’emporter sur le lieu de combustion s’avère parfois possible. Il s’agit alors de bois au taux d’humidité élevé destiné aux chaufferies puissantes ou aux cogénérations. Ce type d’opération, lorsque les conditions sont réunies, permet d’éviter les ruptures de charges et de valoriser au mieux la matière sur un chantier d’exploitation. C’est le prix de vente de la plaquette qui conditionne sa mobilisation en forêt ou non, car nul ne peut travailler à perte. Le stockage et le transport sont également des éléments déterminants dans l’élaboration d’un prix de vente. La logistique est un des enjeux majeurs car le transport représente jusqu’à 33 % du prix du combustible, d’où la nécessité de privilégier les circuits courts de proximité, ce que les grandes chaufferies peinent parfois à respecter.

13La filière commence à se structurer mais manque encore d’organisation et de visibilité. Si des mercuriales de prix sont publiées depuis deux ans, les prix sont encore assez disparates et demandent à être régulés. De grands projets de cogénération ont été réalisés sur la base de prix qui ne correspondent pas toujours aux coûts de production réels et cela entraîne des tensions sur les cours. De même, le risque de conflits d’usage entre le bois-énergie et le bois-industrie inquiète les industriels qui craignent d’être concurrencés par ce nouveau matériau. Une réflexion sur le recyclage des meubles en bois et des bois souillés en bois-énergie est engagée afin d’alléger la pression sur les ressources forestières.

14Le morcellement de la propriété forestière française est un frein à l’exploitation et à la valorisation du bois en général et a fortiori du bois-énergie. La forêt privée représente les trois quarts de la forêt française qui est divisée entre 3,5 millions de propriétaires forestiers. La surface moyenne des propriétés est de 9 ha et 1/5e d’entre elles font moins de 3 ha, surface qui ne permet pas de tirer un revenu du bois le plus souvent laissé à l’abandon.

15Le bois déchiqueté, qui se présente sous la forme de copeaux de bois, n’a pas la même valeur symbolique et affective que la bûche et nombreux sont les professionnels du bois, bûcherons, exploitants, ou utilisateurs, qui ont du mal à accepter cette nouvelle apparence du matériau. Pour eux, broyer du bois est une forme de sacrilège qui le dénature et lui enlève la valeur que lui conférait son volume. De même, la population ignore que la surface forestière s’accroît chaque année et que le fait de couper du bois non seulement ne met pas en péril la ressource, mais permet de l’améliorer. De gros efforts de communication et d’information doivent être poursuivis pour faire évoluer les mentalités.

16La prise en compte de l’intérêt du bois-énergie par les bureaux d’études, les installateurs ou les architectes est encore marginale. Par manque d’information et par crainte devant la nouveauté, rares sont ceux qui proposent ce type de chauffage au même titre que les énergies traditionnelles. La réticence est souvent palpable. Il est question de pérennité de l’approvisionnement, de qualité du matériel et du combustible. La nouveauté et le manque d’expérience sont des freins à la décision. Dans l’installation d’une chaufferie au bois déchiqueté, de nombreux éléments sont à prendre en compte comme l’approvisionnement, l’accès au silo et son entretien. Il est parfois à regretter que certains installateurs ne se soucient pas suffisamment de ces éléments et que l’utilisateur rencontre des difficultés techniques pour se faire livrer par un camion (poids et encombrement ou aire de manœuvre). De même, lorsque la livraison doit se faire par camion souffleur, le prix du combustible en est significativement augmenté. Il s’agit souvent d’un manque de formation des intervenants qui sont source d’erreurs et ternissent l’image de ce combustible.

17Comme tout secteur en plein essor, le bois-énergie attire des entreprises peu scrupuleuses qui profitent du manque de recul et d’expérience pour tromper les acteurs (sur la qualité du matériel, la fiabilité des approvisionnements ou les prix) ce qui menace un équilibre fragile et jette le discrédit sur la filière tout entière. La définition de normes de qualité existe pour le bois-bûche et se met en place pour la plaquette forestière, de même que la certification de développement durable (PEFC), ce qui permettra au consommateur d’avoir une meilleure visibilité du produit.

18Depuis le Grenelle de l’environnement qui a fixé à 23 % la part des énergies renouvelables utilisées en France en 2020 contre 14 % en 2008, de nombreuses incitations et initiatives ont été prises. La mise en place du fonds chaleur qui encourage les projets de production d’énergie thermique et électrique à partir d’énergie renouvelable a donné un coup de fouet à la filière et lui a apporté un intérêt accru. De même des réductions d’impôts ou des prêts préférentiels ont été accordés pour favoriser l’installation de matériel de chauffage au bois.

19Pour le chauffage collectif, tertiaire ou industriel, l’objectif est de passer de 1,8 Mtep en 2006 à 9 Mtep en 2020. Concernant la production d’électricité, la biomasse devrait passer de 0,2 Mtep en 2006 à 1,4 Mtep en 2020 [6].

20Les organisations professionnelles se sont adaptées en développant un axe dédié au bois-énergie ou en créant de nouvelles structures. L’Ademe [7] est un acteur majeur pour l’essor de la filière par son rôle de conseil et de référent pour les projets. Le syndicat des énergies renouvelables, créé en 1993, a une filière spécifique biomasse qui inclut le bois-énergie et qui a participé activement au Grenelle de l’environnement. Le Comité interprofessionnel du bois-énergie (Cibe), créé en 2006, met des outils d’information et de formation à la disposition de ses membres. Le salon du bois-énergie, créé en 2000, réunit tous les maillons de la filière : syndicats, organismes professionnels, matériels forestiers, producteurs de chaudières ou de chaufferies etc. Il est devenu le rendez-vous majeur des professionnels de la filière et prend une envergure croissante.

21Malgré les différentes contraintes inhérentes à une nouvelle activité, la filière bois-énergie tend à se développer et à s’organiser de manière autonome. Les entreprises indépendantes veulent faire valoir leur droit à exister face aux grands groupes et ont créé en 2011, le Syndicat des entreprises indépendantes du bois-énergie (Seibe). Il regroupe des PME et TPE indépendantes qui partagent plusieurs objectifs précis : « structurer la filière, influer sur les prix, représenter la filière bois-énergie auprès des pouvoirs publics, participer à la mobilisation de la ressource forestière française et contribuer à l’amélioration du patrimoine forestier ». Il se veut force de proposition et soumet des requêtes très précises aux pouvoirs publics comme l’amélioration de la desserte forestière, la lutte contre l’économie parallèle du bois-bûche, les aides au renouvellement des peuplements pauvres, une harmonisation des taxes en matière de stockage ou de transports etc.

22Le ministère de l’Agriculture et de la Forêt a organisé, dans le courant de l’hiver 2012, des consultations nationales des professionnels de la filière bois-forêt dans son ensemble pour déterminer des orientations et des priorités de développement. Le bois-énergie a été souvent au cœur des débats. Le succès de la démarche mise en place dans certaines régions sert d’exemple aux autres et permet peu à peu de se lancer dans ces projets.

23Depuis le début des années 2000 le bois-énergie connaît un essor qui va croissant. Les orientations du Grenelle de l’environnement lui ont donné une réelle impulsion et de nombreux projets se concrétisent dans le pays, des petites installations domestiques qui consomment quelques dizaines de m3 par an aux projets CRE (Commission de régulation de l’énergie) qui engloutissent des centaines de milliers de tonnes par an. La demande grandissante de bois pour la fourniture d’énergie est une opportunité à saisir pour la filière dans son ensemble à condition qu’elle prenne les orientations nécessaires qui lui permettront d’y répondre, aidée en cela par des décisions politiques et fiscales adaptées.

24L’enjeu est de parvenir à articuler la production de bois noble, de bois-bûche et de plaquettes forestières en améliorant la qualité des gisements afin qu’ils se renouvellent davantage et plus rapidement sans épuiser les sols. Pour mobiliser le bois difficilement accessible, des progrès dans la mécanisation de la production permettraient de réduire les coûts, et une juste rémunération de la matière inciterait les propriétaires à s’occuper de leurs ressources. En effet, le potentiel productif de la forêt mais aussi des haies bocagères ne peut être exploité que s’il offre une rentabilité ou au moins ne coûte rien. Malgré des axes d’amélioration, dont certains ont été évoqués, le BE semble bien correspondre aux exigences environnementales, économiques et sociales actuelles et est considéré désormais comme un combustible d’avenir.

À lire

  • La valorisation de la forêt française, rapport du Conseil économique, social et environnemental présenté par Marie de l’Estoile, octobre 2012.

Date de mise en ligne : 23/04/2014

https://doi.org/10.3917/pour.218.0137

Notes

Domaines

Sciences Humaines et Sociales

Sciences, techniques et médecine

Droit et Administration

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