1Pour Familles Rurales, la vie associative permet à chacun de se réaliser et d’être intégré à la société. Elle ouvre un espace de liberté nécessaire à la réalisation des projets et à la construction de la personne en tant que citoyen actif. Les jeunes l’ont bien compris, car, pour pallier les problèmes d’accessibilité aux équipements et événements culturels, artistiques et récréatifs en milieu rural, ils initient, expérimentent et réalisent une multitude de projets, de petite ou de grande envergure, parfois entre eux, mais aussi dans le lien intergénérationnel. Voilà la dynamique que Familles Rurales a voulu initier grâce aux Trophées J.PASS.
2Depuis une quarantaine d’années, la question de la jeunesse est au centre des préoccupations de Familles Rurales. En effet, les jeunes du milieu rural sont souvent amenés à participer en famille, dès leur plus jeune âge, aux projets des accueils de loisirs, à des manifestations et événements dans leur commune (fêtes de village, vide-greniers, festivals, fête de la musique, fête des écoles), à des actes solidaires (solidarité entre voisins, avec les aînés, Téléthon…) et se préparent ainsi à prendre le relais de leurs aînés.
3Tout au long de son histoire, Familles Rurales a contribué à l’émergence de nombreux projets et à la prise de responsabilités associatives par des jeunes, en leur donnant les moyens de concrétiser leurs idées et de prendre de réelles initiatives.
4C’est dans cette perspective que la Dynamique Jeunes s’est développée. Son socle est constitué d’une charte jeunes, établie lors d’un congrès national à Angers en 2001. Elle avait pour objectif de donner, en dix engagements, un nouvel élan à l’action en direction des jeunes au sein du réseau, en structurant un réseau jeunesse en milieu rural, en favorisant l’engagement des jeunes dans le mouvement et en accompagnant la prise d’autonomie des jeunes dans la société.
Les outils de la Dynamique Jeunes
5Aujourd’hui, la Dynamique Jeunes propose une palette de moyens et d’outils qui ont vocation à favoriser l’apprentissage de la citoyenneté par les jeunes et à proposer des loisirs cohérents avec les valeurs du mouvement et les besoins des familles vivant en milieu rural. Y figurent notamment une carte d’adhésion spécifique (jpass.fr), des espaces de loisirs et de projets (les Relais Jeunes), des commissions jeunesse, la conduite accompagnée associative et l’appel à projets Trophées J.PASS.
6La carte JPASS.fr permet aux jeunes d’adhérer individuellement au sein d’un Relais Jeunes, d’avoir accès à des activités et à des séjours de vacances, d’être membre de la commission jeunesse, de désigner leur représentant au conseil d’administration de l’association locale et de participer à l’assemblée générale de celle-ci. Ainsi, la carte sensibilise les jeunes à la vie associative et développe un sentiment d’appartenance au mouvement.
7À noter que dès 16 ans, les jeunes ont la possibilité d’adhérer et d’être administrateurs de leur l’association locale.
8Les Relais Jeunes, espaces de loisirs et de projets (activités, séjours de vacances, temps de convivialité, actions de prévention, organisation de manifestations culturelles, sportives …) sont des lieux d’apprentissage de l’engagement. Mineurs et/ou majeurs peuvent s’y organiser en bureau avec un président, un trésorier, un secrétaire, au sein même de l’association locale Familles Rurales et sous la responsabilité de son président.
9Pour assurer le suivi et la qualité de leurs activités, ils se dotent d’un règlement intérieur et constituer une commission jeunesse, équivalente d’un comité de pilotage, composée le plus souvent de jeunes, de responsables référents de l’association locale (salariés et/ou bénévoles), parfois d’un représentant de la municipalité, voire d’un animateur fédéral.
10Un adulte référent doit pouvoir assurer la liaison entre l’association locale et le groupe de jeunes, tout en les guidant dans leurs premières démarches vers la citoyenneté associative. Ce rôle d’adulte référent peut être confié à un bénévole actif, à un parent ou encore à un animateur… Il s’agit de la « conduite accompagnée associative ».
11Enfin, les Trophées J.PASS, appel à projets destiné aux jeunes de 12 à 25 ans, répondent au respect de deux engagements de la charte : « Soutenir les initiatives menées avec les jeunes pour concrétiser leurs projets » et « Accompagner les jeunes dans leur prise de responsabilités ».
12Cet appel à projets a été conçu et formalisé en 2004 avec la participation des membres du groupe-projet national jeunesse (instance consultative émettant des propositions et des avis, composée de jeunes bénévoles et de salariés en charge des questions de jeunesse du réseau), mais aussi à partir de l’expression de jeunes du mouvement lors d’un rassemblement national. Le lancement de la première édition des Trophées J.PASS a eu lieu en janvier 2005.
13Les échanges avec les jeunes ont permis d’identifier les erreurs à ne pas reproduire dans les appels à projets ou dispositifs d’aide aux projets existants, souvent mal adaptés aux jeunes : délais trop courts, budgets complexes, dossiers trop longs à remplir, critères d’éligibilité trop exigeants… Le règlement et le dossier de candidature ont donc été conçus en tenant compte de ces remarques et en ouvrant l’appel à projet aux jeunes dès 12 ans.
14Ces temps de rencontre ont également permis de souligner la nécessité d’un outil spécifiquement destiné aux jeunes issus du milieu rural pour des projets ancrés sur leur territoire, souvent éloignés des dispositifs publics. Moins ambitieux que bon nombre de projets humanitaires notamment, mais tout aussi utiles et pertinents, les projets éligibles ont vocation à favoriser l’accessibilité, qu’elle soit culturelle, sociale, géographique, artistique ou générationnelle et le Vivre mieux !, slogan fédérateur de Familles Rurales.
15La construction d’une rampe d’accès facilitant l’accueil des jeunes à mobilité réduite, l’apprentissage de la langue des signes au sein d’un accueil de loisirs pour communiquer avec des enfants malentendants, l’aménagement de jardins surélevés destinés aux personnes âgées d’une maison de retraite pour leur permettre de continuer à jardiner, ou l’organisation d’un festival de hip-hop pour amener les cultures actuelles en milieu rural sont autant de projets conduits par les jeunes qui illustrent cette volonté récurrente.
16Pour accompagner ce dispositif et le rendre viable, il a fallu trouver des partenaires. Le choix s’est rapidement porté sur le Crédit Mutuel, banque mutualiste intervenant comme Familles Rurales en milieu rural, désireux de valoriser les talents et ressources des jeunes et porteur des mêmes valeurs : proximité, solidarité et famille.
17Sur ces bases communes, chaque partenaire a défini des objectifs spécifiques.
Familles Rurales en bref
Plaçant l’enfant, le jeune et sa famille au cœur de son projet, Familles Rurales entend, par sa démarche citoyenne, contribuer concrètement à la création d’un environnement économique, social, éducatif et culturel favorable.
L’association s’adresse à un public indifférencié d’enfants, jeunes, adultes, aînés (un million de personnes vivant en milieu rural et suburbain).
Principales activités :
- défendre, promouvoir, représenter les familles auprès des pouvoirs publics et autres organismes ;
- conduire des réflexions et des actions intéressant les familles et les territoires (environnement, santé, consommation, parentalité, etc.) ;
- gérer tout service améliorant la qualité de la vie des familles (accueil de la petite enfance, accueil de loisirs et séjours de vacances, loisirs et culture, relais familles, services aux personnes âgées…).
- 2 500 associations locales implantées dans 10 000 communes ;
- 94 fédérations départementales et régionales ;
- 180 000 familles adhérentes ;
- 45 000 bénévoles ;
- 20 000 salariés ;
- 1 100 accueils de loisirs ;
- 500 groupes de jeunes ;
- 5 500 stagiaires Bafa et BAFD ;
- Un site consacré aux formations Bafa et BAFD : www.ma-formation-bafa.fr ;
- 400 lieux d’accueil de la petite enfance ;
- 2 000 associations proposant des activités culturelles, créatives et sportives.
18Pour Familles Rurales, les Trophées J.PASS permettent de :
- faire émerger des groupes locaux de jeunes autour d’un projet ;
- valoriser les formidables capacités d’initiative et d’engagement des jeunes, en donnant un coup de pouce à leurs projets ;
- dynamiser les territoires ruraux par une implication des jeunes dans la vie locale.
19Du côté du Crédit Mutuel, il s’agit de :
- soutenir et accompagner les jeunes dans l’accomplissement de leurs projets ;
- être perçu comme un partenaire pertinent ;
- favoriser l’implication des jeunes dans la vie locale à partir de la conduite de projets associatifs.
20Solidarité et citoyenneté, culture et patrimoine, inter-génération, ouverture internationale et santé sont les thèmes retenus par les deux partenaires pour cet appel à projets, car ils couvrent une palette assez large des domaines qui intéressent les jeunes aujourd’hui.
21Depuis 2005, l’appel à projets ne cesse de se développer : 70 projets primés (de 1 000 euros à 2 500 euros par projet) sur 450 dossiers de candidature, ce qui représente 2 480 jeunes, qui ont 17 ans en moyenne. L’amplitude d’âge, de 12 ans à 25 ans, nécessite une grille d’analyse qui tienne compte de la différence de maturité et d’expérience des jeunes participants afin de ne pas pénaliser les plus jeunes, moins expérimentés, au profit de leurs aînés.
22D’abord réservé aux jeunes adhérents du mouvement, il s’est ouvert depuis 2009 à tous les jeunes du milieu rural, ce qui a quadruplé le nombre de dossiers de candidature.
23En plus d’être un véritable atout pour les jeunes, en leur permettant d’organiser et de financer pour partie leurs projets, le Trophée J.PASS constitue un réel outil éducatif dans la mesure où il les mobilise et les fédère autour d’une réalisation collective qui a du sens, et les sensibilise progressivement à la notion d’intérêt général.
24Pour faciliter l’accès des jeunes à la démarche projet, un accompagnement souple et évolutif est proposé par les associations Familles Rurales à ceux qui souhaitent présenter un dossier de candidature. L’écoute, l’information, le conseil et l’orientation sont autant de compétences que l’adulte (qu’il soit animateur professionnel ou adulte référent) met à disposition des jeunes pour qu’ils soient acteurs du projet, en veillant à ajuster la démarche en fonction des capacités des jeunes et de l’évolution du projet.
25De plus, la mise en œuvre mobilise souvent divers acteurs locaux : parents, élus, commerçants, écoles, associations, comités des fêtes… ce qui contribue fortement à l’apprentissage de la solidarité, de la négociation et de la dynamique partenariale, favorisant ainsi la création ou le maintien du lien social et de la convivialité.
26Par ailleurs, la participation aux Trophées J.PASS permet aux jeunes d’acquérir et de renforcer de nombreuses compétences aussi bien techniques que sociales, complémentaires à celles acquises à l’école ou au sein de la famille, et ce, même pour ceux qui ne sont pas primés. Élaborer un budget, s’organiser en équipe et répartir les rôles, réaliser des actions d’autofinancement, rédiger un projet et le défendre auprès de partenaires : autant de compétences qui, si elles sont reconnues et valorisées, seront transférables dans les parcours personnels et professionnels des jeunes.
27La réussite de cette dynamique repose sur l’articulation entre la motivation des jeunes et l’implication des adultes dans la conduite de projets, car la reconnaissance des jeunes et de leurs projets repose sur l’établissement d’une confiance réciproque entre eux et leurs aînés.
28Les Trophées J.PASS récompensent la créativité, l’esprit solidaire et l’engagement des jeunes, tout en dynamisant le milieu rural en général et la vie locale en particulier. Lorsqu’on interroge les jeunes ayant tenté l’aventure des Trophées, les avis sont unanimes : ils en sortent grandis. Certains jeunes évoquent même la naissance d’une vocation.
29Plus globalement, la Dynamique Jeunes, bien qu’inégalement développée au sein du réseau, conséquence directe de la baisse de moyens pour mener des actions et des projets associatifs, permet d’assurer une continuité éducative de la petite enfance à l’entrée dans l’âge adulte.
30Les jeunes qui participent aux actions et activités de Familles Rurales ont souvent fréquenté les crèches, les accueils de loisirs, les activités sportives et culturelles, les Relais Jeunes, et deviennent ensuite animateurs et directeurs à leur tour, voire formateurs Bafa/BAFD. Leur statut évolue, et après avoir été jeunes bénévoles, beaucoup deviennent salariés au sein du mouvement.
31L’éloignement, pour des raisons scolaires ou professionnelles, peut rendre intermittent l’engagement associatif, voire le stopper. Pourtant, ceux qui choisiront le retour sur leur territoire d’origine constitueront la relève de nos associations. Et plus tard peut-être, leurs enfants fréquenteront les crèches et les accueils de loisirs Familles Rurales…
32L’engagement est une donnée fondamentale de notre Mouvement et les jeunes constituent une véritable ressource pour l’avenir de nos associations.
Festi Jongl’hop 2 + : retour d’expérience sur une initiative culturelle portée par des jeunes en milieu rural (Boufféré, Vendée)
33Lauréat du trophée J.PASS en 2007, Festi Jongl’hop est conçu à l’origine commeun festival invitant les cultures urbaines en milieu rural. Au programme, hip-hop (musique, danse, graffiti, human beatbox, DJ’s…) et jonglerie (bâton du diable, diabolo, balles, bolas…) pendant une journée. Durant l’après-midi, les jeunes de la région sont invités à découvrir et à s’initier gratuitement aux disciplines et activités urbaines. Le soir, concerts et performances présentés par cinquante artistes du Grand Ouest et de la région parisienne sont proposés aux milliers de festivaliers, issus de milieux tant ruraux qu’urbains. Ce festival a connu sa dernière et 5e édition en l’état en 2010.
34Le point de départ est donc un atelier hiphop du foyer rural de l’association Familles Rurales. Un spectacle clôture l’année. Pour continuer de financer un intervenant hip-hop à l’année, il faut innover : l’idée d’un événement, d’un festival, naît à la faveur de la mobilisation d’un certain nombre de jeunes très motivés pour s’emparer du projet, accompagnés de l’animateur jeunesse. L’animateur décrit les jeunes (sept ou huit jeunes de 17 à 20 ans), au départ du futur projet comme assumant difficilement leur autonomie de jeune adulte, sous le joug d’une certaine addiction à l’alcool, laissés un peu à eux-mêmes, rebelles en quelque sorte. Parmi ceux-ci, majoritairement des garçons, on trouve des vrais mordus de hip-hop et du jonglage. Trois d’entre eux vont se révéler véritablement leaders du projet : un jeune maçon, entrepreneur/meneur et jongleur, porté sur la technique, la logistique, l’organisation matérielle ; un étudiant en communication événementiel (niveau 5) ; son frère, ouvrier en ferronnerie et porté lui aussi sur le jonglage et la technique. Les deux frères sont issus d’une famille de professionnels du spectacle. Les filles, sous-représentées dans la partie du festival proprement dite du projet, trouveront leur place dans la relation aux familles et aux enfants en soutien à l’action élargie de l’animateur.
35Celui-ci, salarié de Familles Rurales, est sur un poste financé dans le cadre d’un contrat temps libre (CAF/commune) à l’attention des 3-17 ans. Vis-à-vis de l’initiative de départ, il a eu un rôle de catalyseur (un potentiel, les jeunes avec des objectifs pouvant aboutir à un projet jeune), d’ordre technique (cadrage/ accompagnement du projet au démarrage), politique (relation aux élus), institutionnel : accrochage au programme Trophée J.PASS, intégration garante de la politique d’animation des territoires locaux prônée par Familles Rurales qui inclut les différentes strates de la famille. Ainsi, Familles Rurales a porté un temps le risque juridique et financier du festival jusqu’à la 4e édition (2009). La 5e édition, en 2010, a été portée juridiquement par une association créée par les jeunes (Art Devil).
36La prégnance du cadre institutionnel (FR et le Trophée jeunes) qui a permis et accompagné l’initiative, a été mal vécue par les jeunes. La commune, elle, qui finance pour partie l’animateur, semble avoir plutôt suivi du bout des lèvres ce projet.
37L’animateur évoque ainsi la difficulté qu’il a rencontrée pour faire prendre conscience aux jeunes de la nécessité de maintenir leur initiative connectée avec l’environnement local. Le succès aidant (6 000 participants à la dernière édition, venus de la France entière), il est apparu difficile de cantonner le projet collectif initial au seul objectif d’expression des jeunes en quête d’affirmation et d’outil d’animation du territoire. L’intégration du festival dans le contexte local, son ouverture par des animations parallèles à différents publics a été un objet de tension avec les jeunes animateurs du projet. La dimension médiatique et showbiz du festival n’ont rien arrangé, faisant perdre beaucoup de la convivialité originelle et de spontanéité sous couvert de professionnalisme.
38Les divergences de stratégie des jeunes au regard de l’avenir du festival et de leur projet professionnel illustrent ces ambiguïtés : certains jeunes ont inscrit leur avenir professionnel dans la dynamique créée, en lançant l’idée d’un événement de plus grande envergure encore ; d’autres ont souhaité se cantonner à une action associative, plus modeste, dans l’esprit de ce qui a été réalisé finalement en 2011 sous une autre appellation (dance connexion). Une action jeune plus proche de la vocation des projets soutenus par Familles Rurales, mais somme toute difficile à faire vivre sans les parents et autres bénévoles.
39Marc LACAILLE
Fais-moi signe : retour d’expérience sur une initiative solidaire portée par des jeunes en milieu rural (Maine-et-Loire) [1]
40L’action démarre fin 2008. Au sein du Relais J, se côtoient des collégiens et lycéens dont deux malentendants. Afin de s’affranchir des difficultés de communication, cinq jeunes font part à l’animatrice de leur désir d’apprendre la langue des signes. L’atelier mensuel animé par l’animatrice du Relais J, compétente en la matière, ne suffit bientôt pas. Ils décident donc d’aller se former dans une structure adéquate à Angers pendant une semaine et de créer les outils d’apprentissage qui leur permettront de progresser ensuite et de diffuser cet apprentissage. Par l’intérêt que leur démarche a suscité, ils sont amenés à concevoir des animations autour de la langue des signes dans leur environnement.
41Les quatre filles et le garçon à l’origine du projet sont majoritairement collégiens. Ils sont issus de milieux sociaux variés. Sur les recommandations de l’animatrice, ils vont commencer par désigner un chef de projet, qui sera l’interlocuteur de celle-ci.
42Le fait que l’animatrice référente du projet possède certaines connaissances de base de la langue des signes s’avère déterminant dans la première phase du projet d’une part (avant le séjour à Angers), dans le montage de demande de subvention d’autre part (Trophée J.PASS) et enfin dans la gestion des relations avec l’environnement au nom du groupe de jeunes (relations aux élus, à l’institution, relations aux associations de malentendants).
43L’initiative a fait l’objet, via le réseau Familles Rurales, d’une information nationale, et le Trophée J.PASS a été déterminant en termes financiers.
44Dans l’environnement proche, des structures (bibliothèque, municipalités) manifestent leur intérêt pour cette initiative à des fins d’animations spécifiques (soirée, expo). Les relations avec les associations de malentendants locales semblent paradoxalement plus difficiles.
45Cette démarche de projet n’a pas rencontré de réelles difficultés autres que celle de trouver du temps de disponibilité et celle qui consistait à associer des acteurs spécialisés de ce handicap.
46La dynamique du groupe a eu des effets sur la conduite du projet lui-même et des effets pédagogiques vis-à-vis des autres jeunes extérieurs au projet. Le nombre de jeunes impliqués dans l’action a crû, ainsi que le nombre de jeunes malentendants.
47L’initiative privée des cinq jeunes est devenue peu à peu une action publique, un véritable catalyseur d’animations non seulement au sein du Relais J (création d’un nouvel atelier vidéo), mais aussi dans l’environnement local. C’est une action intergénérationnelle également puisque des ateliers pour adultes vont être organisés.
48D’après l’animatrice, le regard des adultes et des élus en particulier a ainsi foncièrement changé vis-à-vis de la capacité des jeunes à mener à bien un projet.
49À travers ce projet collectif, les jeunes acteurs les plus impliqués ont éclairci indéniablement leurs choix d’avenir (animation, institutrice spécialisée, éducatrice…).
50M. L.
Affiniam solidarité : retour d’expérience sur un initiative en termes de solidarité internationale porté par des jeunes en milieu rural (Brain-sur-Allonnes, Maine-et-Loire) [2]
51Il s’agit d’une action de solidarité internationale (France-Sénégal), vieille de quatre ans et portée par une douzaine de jeunes, âgés de 12 à 24 ans. Après une correspondance de plusieurs années entre des jeunes Sénégalais du village d’Affiniam et les jeunes de Brainsur-Allonnes, un séjour autofinancé par diverses actions a été organisé en décembre 2010, notamment autour d’un projet de rénovation du collège du village des jeunes Sénégalais. Deux films ont été réalisés sur place, un documentaire et un court métrage fiction servant d’une part à sensibiliser (tournée des écoles et collèges de Maine-et-Loire) sur la réalité des jeunes en Afrique, le développement et les problématiques des pays du Sud et d’autre part à stimuler d’autres jeunes pour une démarche de projet menée collectivement.
52La genèse de cette initiative s’inscrit dans l’histoire d’une association préexistante (25 ans d’existence, envergure nationale en termes de réseau d’adhérents), vieillissante, en mal de dynamisation et de rajeunissement. La proximité d’un relais jeunes du réseau Familles Rurales à proximité a permis la synergie.
53L’association fondatrice d’Affiniam solidarité Allonnes a donc présenté ses actions et le village du Sénégal, cible de celles-ci, au cours d’une animation au sein du relais. Les jeunes du Relais, connus pour leur dynamisme, se sont engagés sur le projet dans un environnement bienveillant. La directrice du Relais Jeunes a accompagné la montée en puissance du projet dans ses différentes démarches de représentation.
54L’animatrice souligne que cette dynamique de projet de jeunes, reconnue aujourd’hui en termes d’outil d’animation dans l’environnement local, en termes d’outil de socialisation pour certains jeunes mal partis, nécessite du temps aussi pour éclore. Si les paroles des jeunes, leurs désirs sont exprimés et entendus par les adultes, il faut du temps pour qu’ils soient acceptés et intégrés.
55C’est un projet constructeur pour les jeunes, que se soit en termes de projet de vie ou encore en termes de projet professionnel.
56M. L.