Notes
-
[*]
UMR Inra-Enesad en économie et sociologie rurales, Dijon (France).
Une version antérieure de cet article a été présentée au 4e colloque transfrontalier CLUSE sur Les défis migratoires à l’aube du troisième millénaire qui s’est tenu à Neuchâtel (Suisse) les 10 et 11 septembre 1998. Ce travail n’aurait pu être réalisé sans le soutien actif de l’Insee : l’accès à la source utilisée a fait l’objet d’une convention entre l’UMR Inra-Enesad et la Direction régionale de l’Insee-Bourgogne. Nous remercions son directeur, A. Ravet, ainsi que toutes les personnes qui nous ont facilité l’utilisation de cette source. Les remarques et conseils des deux relecteurs anonymes nous ont été précieux et nous tenons à les en remercier. -
[1]
Une décision de migration peut être le fait d’un ménage. Différents travaux (Mincer, 1978; Jayet, 1997; Lin, 1997) se sont intéressés aux modes de prise de décision au sein d’un ménage. Comme on le verra plus loin, nous avons choisi dans ce travail d’analyser les comportements individuels en y intégrant les caractéristiques du ménage et plus largement celles de la famille pour expliquer les choix de mobilité.
-
[2]
Voir la définition au tableau 2.
-
[3]
Pour une présentation détaillée de l’EDP, on pourra se reporter à Sautory (1987) ou à Rouault (1995).
-
[4]
De même, chez les plus jeunes, la mobilité peut être liée à celle de la famille et ne pas résulter d’un choix individuel. Avec les données de l’EDP, rien ne nous permet de distinguer avec certitude cette situation. Notons cependant que sur les 3 937 enfants d’une famille en 1982 et en 1990 présents dans notre échantillon, seuls 310 ont migré.
-
[5]
Cet échantillon est obtenu à partir des 806 096 individus de l’EDP, en éliminant ceux pour lesquels les informations ne sont pas renseignées pour le recensement de la population de 1990 (227 186) ou pour celui de 1982 (671 369, nombre important lié au fait que les informations ne sont disponibles que pour les individus appartenant à l’échantillon au 1/4). Lorsque l’on a retiré les personnes ayant moins de 15 ans et plus de 64 ans, ainsi que les enregistrements incohérents, il reste 77 845 individus répartis sur l’ensemble du territoire métropolitain.
-
[6]
Variable issue de l’Atlas des zones d’emploi (Insee, 1994).
-
[7]
L’introduction simultanée des caractéristiques des lieux de départ et d’arrivée, seule façon de prendre véritablement en compte les effets push et pull de ces variables, a été rendue délicate du fait de l’importante multicolinéarité entre variables explicatives que la présence des non-migrants (pour qui ces caractéristiques sont identiques en 1982 et en 1990) entraîne.
-
[8]
En effet, les 6 869 individus ayant changé de commune à l’intérieur de la même unité urbaine entre 1982 et 1990 viendraient s’ajouter aux 18 594 migrations déjà prises en compte et entraîneraient une augmentation de 37 % du nombre des migrations dans l’échantillon. Or, la plupart de ces migrations internes aux unités urbaines concernent les pôles urbains, ce qui reviendrait à renforcer le poids des migrations de pôles urbains à pôles urbains, dont le nombre passerait alors de 4 795 à 11 477.
-
[9]
C’est ainsi que peut s’interpréter le rôle joué par des logements antérieurs de grande taille (5 pièces et plus) sur les migrations des jeunes originaires des pôles urbains et de l’espace rural. On peut voir là un effet secondaire des processus de décohabitation.
-
[10]
Voir la définition au tableau 2.
-
[11]
Rappelons que nous avons retenu la PCS de 1990 et non celle de 1982 ainsi que le niveau de diplôme obtenu en 1990 et non celui de 1982. En effet, une grande partie des jeunes de cette classe d’âges étaient inactifs en début de période et leur niveau de diplôme en 1982 n’est souvent révélateur que du déroulement des études en cours.
-
[12]
Seuls les résultats concernant les modalités du croisement PCS-diplôme sont présentés dans le tableau 4, les autres coefficients étant peu affectés par ce changement de variables.
-
[13]
Les résultats n’en sont pas présentés ici mais sont disponibles auprès des auteurs.
-
[14]
Un premier test en ce sens a été réalisé sur le même échantillon (Détang-Dessendre et al., 2000).
1La décision de changer de logement et, le cas échéant, de commune de résidence fait intervenir un grand nombre de facteurs où s’entremêlent les situations familiale, résidentielle et professionnelle de départ, celles espérées au lendemain de la migration, les caractéristiques des communes de départ et d’arrivée en termes d’emploi et d’agrément de vie, les contraintes liées à la situation professionnelle du conjoint éventuel, les penchants psychologiques au changement, etc. Cécile Détang-Dessendre, Virginie Piguet et Bertrand Schmitt ont choisi ici de privilégier les caractéristiques professionnelles, familiales et résidentielles de la situation de départ, mesurées à la fois au niveau individuel (grâce à l’échantillon démographique permanent de l’Insee) et au niveau de la commune ou de l’unité urbaine (grâce aux descriptions statistiques disponibles à ce niveau). Ils montrent ainsi que les poids respectifs des déterminants familiaux, résidentiels et professionnels se modifient fortement au cours du cycle de vie, sans parler des perspectives de retraite à partir de 50 ans ; ces déterminants sont aussi influencés par les caractéristiques des communes de départ et l’histoire migratoire antérieure de l’individu.
2Les travaux consacrés à l’analyse des phénomènes migratoires et distinguant les phases du cycle de vie des individus mettent en évidence différentes périodes particulièrement propices à la mobilité (Courgeau, 1985; Boudoul, Faur, 1987; Inra, Insee, 1998). La sortie du système de formation initiale et l’entrée dans la vie active est la première. Les migrations alors effectuées sont essentiellement motivées par l’insertion professionnelle et elles sont globalement défavorables aux espaces ruraux (Détang-Dessendre, Perrier-Cornet, 1996; Galland, Lambert, 1993). La seconde période est celle qui couvre le déroulement de la carrière; elle correspond également à la période de croissance et d’évolution de la famille. Deux grandes catégories de migrations doivent alors être distinguées, surtout si l’on se place du point de vue d’une différenciation des migrations selon un gradient urbain-rural : i) les migrations liées à des déterminants d’ordre résidentiel, dont une part importante s’effectue en direction d’espaces ruraux sous influence urbaine et constitue ce que l’on appelle les flux de périurbanisation (Goffette-Nagot, 1996); ii) les migrations liées à la situation professionnelle, le sens de ces migrations (urbain-rural/rural-urbain) étant a priori indéterminé. Enfin, le départ en retraite constitue un troisième temps favorable aux migrations, même si la mobilité a, comme on le sait, tendance à décroître avec l’âge. Les migrations sont alors largement déterminées par des motifs résidentiels (Cribier, Kych, 1992) et l’on observe un solde migratoire positif pour les espaces ruraux (Inra, Insee, 1998).
3Alors que l’approche en termes de position dans le cycle de vie est une piste qui a souvent été considérée comme féconde pour comprendre les phénomènes migratoires, les travaux économiques menés dans cette direction sont restés embryonnaires (Jayet, 1996; Molho, 1986) et l’on a le plus souvent analysé de façon séparée les migrations liées à l’emploi et celles à logique résidentielle. Les exemples évoqués plus haut montrent, s’il en était besoin, qu’une telle distinction est centrale pour qui veut analyser les migrations entre espaces urbains et ruraux. L’objectif de cet article est, d’une part, de proposer un cadre de réflexion intégré et, d’autre part, de l’appliquer à un échantillon de la population française réparti selon l’âge des individus et la nature urbaine, périurbaine ou rurale de leur lieu de résidence antérieure à la migration. La présentation de ce cadre de réflexion fait l’objet de la première section. La seconde section décrit la méthodologie mise en place pour l’analyse factuelle – les modèles probabilistes – ainsi que les données utilisées, en l’occurrence l’échantillon démographique permanent (EDP). La troisième section présente les principaux résultats obtenus.
I – Un cadre d’analyse des migrations urbain-rural
4L’étude des flux migratoires peut être abordée selon différents points de vue : démographique, sociologique, géographique, économique, etc. Au sein même d’une discipline comme l’économie, des approches très différentes peuvent être adoptées, suivant notamment le clivage entre une perspective micro-économique et une optique macro-économique. Dans cette contribution, nous optons pour une approche micro-économique des déterminants des migrations, en limitant notre propos aux seules migrations internes des individus [1].
5Pour un économiste, une décision de migration est le résultat d’un arbitrage entre les gains et les pertes (monétaires ou non monétaires) qu’un individu retire des lieux (de départ et d’arrivée), déduction faite des coûts de migration. Ces gains et ces pertes concernent les conditions de vie dans leur ensemble, et notamment ce qui a trait au logement, au travail, etc. Or, d’une part, tous les lieux n’offrent pas en quantité et qualité équivalentes tous les biens et services nécessaires à l’individu, un critère fort de différenciation entre les lieux résidant dans leur caractère plus ou moins rural ou urbain; d’autre part, les besoins de l’individu en ces biens et services évoluent avec son âge, son statut matrimonial, etc. De là découle l’hypothèse centrale que nous tenterons par la suite de tester, celle d’une différenciation, selon la phase du cycle de vie et selon la nature du lieu de résidence, des déterminants de la migration.
1 – Choix professionnel et choix résidentiel : deux domaines de décision interdépendants
6Les choix de migration vont tout d’abord dépendre des besoins des individus, lesquels s’expriment plus particulièrement dans deux domaines : professionnel et résidentiel. Dans le premier cas, les individus considèrent essentiellement les caractéristiques locales du marché de l’emploi : évolution de l’emploi, niveau de chômage, caractéristiques et niveau de qualification des emplois proposés, etc. Dans le second cas, ils considèrent notamment les caractéristiques du logement (type de logement, surface habitable, niveau de confort, etc.) et du foncier (demande en terrain attenant par exemple) ainsi que les attributs des lieux. Ces derniers désignent un ensemble complexe de caractéristiques au sein duquel s’opposent des aménités naturelles plus spécifiquement rurales telles que le paysage ou la faible densité de population, et des attributs plus spécifique ment urbains tels que la présence de services et d’équipements supérieurs [2].
7Ainsi que Jayet (1996) le préconise, il convient de tenir compte de l’ensemble de ces facteurs pour bien comprendre les décisions de migration. Nous faisons l’hypothèse que les motivations professionnelle et résidentielle se combinent (Détang-Dessendre, Molho, 1999) et que, selon ses caractéristiques personnelles (âge, sexe, origine sociale, statut matrimonial, niveau de formation, etc.), l’une ou l’autre dominera le choix de l’individu (Gordon, Vickerman, 1982). Certaines de ces caractéristiques telles que le statut matrimonial ou le niveau de formation peuvent évoluer avec le temps et entraîner une modification profonde des besoins de l’individu et/ou des contraintes auxquels il a à faire face. La position adoptée est ainsi assez proche de celle de Clark et Hunter (1992).
2 – Dimension historique des phénomènes migratoires
8La décision de migrer prise à un instant t dépend de la situation de l’individu en t et de son passé. En d’autres termes, l’enjeu est ici de tenir compte de l’histoire personnelle dans l’analyse des migrations. L’introduction des caractéristiques de l’individu à l’instant t et notamment de sa position dans le cycle de vie permet d’appréhender ses besoins et ses attentes (Molho, 1986) dont l’évolution contribue non seulement à l’explication des choix de résidence mais aussi à celle des migrations successives.
9On peut ainsi faire l’hypothèse que les individus en début de cycle de vie arbitrent leur décision de migration de façon à répondre à leurs besoins en matière d’insertion professionnelle et sociale. La qualification joue alors pleinement dans les processus migratoires de ces individus. Dans un deuxième temps, lorsque la famille est créée et s’agrandit, la satisfaction des besoins résidentiels (principalement centrés sur les caractéristiques du logement) détermine plus nettement les mouvements migratoires. Mais les motifs résidentiels n’agissent pas seuls puisque les préoccupations professionnelles continuent à se faire sentir tout au long de la carrière. Enfin, à l’approche de la retraite, on peut assister à une nouvelle modification des besoins des individus. La cessation de l’activité professionnelle peut en effet permettre l’expression des demandes concernant les attributs des lieux tant en termes d’aménités rurales qu’en termes d’équipements supérieurs.
10Mais outre la phase du cycle de vie dans laquelle se trouve l’individu, la trajectoire personnelle influe également sur les choix faits en t. C’est ainsi le cas de l’expérience antérieure de migration. Un individu qui a une expérience de prospection, de recherche d’information, d’organisation de la mobilité et de l’insertion dans un nouvel espace peut être plus disposé à considérer la migration comme une possibilité (Gordon, Molho, 1995). Nous tenterons donc d’introduire dans l’analyse des variables explicatives relatives à l’expérience migratoire antérieure de l’individu.
3 – Prise en compte des opportunités locales offertes aux individus
11On ne peut bien sûr pas dissocier les choix de localisation résidentielle des individus des opportunités qui leur sont offertes localement tant dans le domaine professionnel que résidentiel (Gordon, Vickerman, 1982). Or, de ce point de vue, espaces urbains, périurbains et ruraux diffèrent radicalement. Ainsi, les logements offerts dans le rural ou les communes périurbaines sont plus souvent des maisons individuelles que des logements en immeuble collectif; ils sont en outre plus grands et moins onéreux que dans les pôles urbains, essentiellement en raison du prix du foncier (Inra, Insee, 1998). À l’inverse, l’offre locale de commerces, services et équipements est, du fait de la dispersion de la population sur le territoire, moins importante en milieu rural qu’en milieu urbain (Firlej, Hilal, 2000). De la même façon, les opportunités d’emploi sont plus rares dans les zones rurales, en raison de la faiblesse conjointe de la densité et du turn-over des emplois ruraux (Blanc et al., 1999).
12Il ne suffit cependant pas de prendre en compte les seules caractéristiques des lieux, comme le font les analyses classiques des flux migratoires (Jayet, 1996). Les travaux menés notamment dans le cadre de la nouvelle économie urbaine montrent qu’il convient aussi de tenir compte de l’accessibilité du lieu de travail (Goffette-Nagot, 1996) et des lieux d’approvisionnement, qui induisent des coûts de transport.
13* * *
14Dans cet article, nous nous proposons d’analyser les décisions de migration interne des individus, au départ des différents types d’espace (urbain, rural), en recourant à un cadre d’analyse micro-économique. Les choix de migration résultent ainsi d’un arbitrage entre des besoins à satisfaire en biens et services, localisés ou non localisés, compte tenu des contraintes liées aux prix et aux coûts d’accès à ces biens. Ces différents besoins varient selon les caractéristiques propres de l’individu et ils évoluent notamment au cours de son cycle de vie. Si les plus jeunes cherchent d’abord à s’insérer dans le marché du travail, les préoccupations résidentielles prennent de l’importance avec l’avancée en âge, pour finir par être seules présentes après la retraite.
15De plus, les opportunités, qu’elles soient résidentielles ou professionnelles, sont inégalement distribuées dans l’espace, et jouent un rôle important dans la distinction entre espaces urbains et espaces ruraux.
16D’une part, les caractéristiques du marché du travail et du parc de logements y diffèrent profondément; d’autre part, les premiers offrent toute la gamme des biens et services dont les ménages ont besoin, alors que les seconds offrent des aménités rurales dont le rôle a eu tendance à s’accroître au cours des dernières décennies. La variabilité, dans l’espace, des dotations en biens localisés et de leurs prix, et celle, dans le temps, des besoins et contraintes de l’individu amènent ce dernier à changer de lieu de résidence.
II – Méthodologie, sources et données utilisées
17Le test des hypothèses présentées dans la section précédente se centrera sur l’analyse des déterminants de la prise de décision de mobilité sans chercher à expliquer, au moins dans ce premier travail, les destinations choisies. En revanche, on cherchera à différencier ces déterminants selon la classe d’âges dans laquelle se trouvait l’individu antérieurement à la migration et selon la nature urbaine ou rurale de son lieu de résidence antérieure. On s’appuiera, pour ce faire, sur des données issues de l’échantillon démographique permanent (EDP) de l’Insee.
18Mis en chantier en 1967, l’EDP rassemble, pour tous les individus nés chaque année au cours de quatre jours de référence, un ensemble d’informations concernant leur état civil et issues de leurs bulletins des recensements de 1968, 1975, 1982 et 1990 [3]. Cet échantillon, qui comprend un peu plus de 1 % de la population française, constitue un outil intéressant pour les analyses longitudinales en démographie (Richard, 1999; Chenu, 1999; Molinié, 1999). L’étude de Courgeau et al. (1999) montre bien les richesses et limites d’un travail sur les trajectoires de mobilité résidentielle s’appuyant sur cette source : « Dans un pays sans registre de population, l’EDP constitue un suivi géographique unique des individus, bien qu’il ne donne le lieu de résidence qu’à certaines dates (recensement, mariage, naissance d’enfants) » (p. 163). Par la constitution de biographies fragmentaires, les auteurs analysent alors les parcours migratoires des individus mariés. La limitation du champ d’étude aux seuls époux leur permet de mobiliser l’ensemble des informations issues des recensements et des fichiers d’état civil. Dans ce travail, notre objectif est d’étudier les motivations migratoires non pas uniquement sous l’angle résidentiel, mais aussi professionnel, dans une perspective de cycle de vie. Dès lors, il nous faut prendre en compte des individus se situant aux différentes étapes du cycle de vie et nous avons retenu la population âgée de 15 à 64 ans. Comme les informations issues des fichiers d’état civil ne sont pas mobilisables puisqu’elles ne sont pas disponibles pour les individus non mariés, nous nous basons sur la population âgée de 15 à 64 ans lors du recensement de 1982 et nous en étudions les migrations internes à la France métropolitaine au cours de la période intercensitaire 1982-1990. La limite principale d’une telle approche est de ne pas prendre en compte les migrations multiples (avec ou sans retour), migrations dont la probabilité est non négligeable au cours d’une période aussi longue. En outre, le fait de repérer la mobilité par comparaison des lieux de résidence en 1982 et 1990 implique que l’on ne date pas cette mobilité. Les liens de causalité entre migration et certains événements (naissance d’enfants, constitution et dissolution du couple, etc.) intervenus durant cette période sont alors difficiles à interpréter. Ainsi, la naissance d’un enfant peut entraîner une mobilité tandis qu’à l’inverse, c’est la mobilité (avec agrandissement du logement, obtention d’un emploi, etc.) qui peut rendre possible l’agrandissement de la famille [4]. Les résultats obtenus seront donc à discuter avec prudence, à la lumière d’autres travaux ayant déjà précisé le sens des causalités en question.
19Pour des raisons techniques, il n’a pas été possible de prendre en compte dans l’analyse l’ensemble des 800 000 individus qui composent l’échantillon démographique permanent. L’absence d’informations importantes (telles que la PCS par exemple) dans certains bulletins individuels de l’un des deux recensements mobilisés (1982, 1990), associée aux contraintes que nous nous sommes imposées en matière d’âge, a réduit à 77 845 individus la population étudiée [5]. D’après les tests de représentativité que nous avons réalisés, cet échantillon de la population française sous-représente légèrement les individus résidant dans les pôles urbains en 1990 qui avaient entre 15 et 24 ans ou entre 25 et 44 ans en 1982.
20Les variables explicatives du choix de migration sont, pour une partie d’entre elles, issues des informations présentes dans l’EDP. Il est en effet possible de connaître, à partir de cette source, les caractéristiques de l’individu (sexe, PCS, diplôme, type de ménage, etc.) et de son logement (type de logement, nombre de pièces, confort, date de construction, etc.) ainsi que les évolutions de ces caractéristiques au cours de la période intercensitaire considérée. Le tableau 1 présente un descriptif précis des variables introduites dans les analyses et de leurs modalités. On notera que les caractéristiques de l’individu (diplôme et PCS, notamment) ont été, le plus souvent, mesurées en début de période (1982). Cependant, il y a risque, lorsque l’on procède de la sorte, de ne pas avoir une information de qualité pour les plus jeunes; c’est pourquoi nous avons retenu le niveau atteint en 1990 pour le groupe d’âges des 15-24 ans en 1982. Les caractéristiques du logement sont celles du logement occupé en 1982 : on cherche donc ici à voir si les caractéristiques du logement initial ont un rôle répulsif.
Variables caractérisant l’individu et son logement
Variables caractérisant l’individu et son logement
21Si, au regard de notre problématique, les caractéristiques individuelles et celles du logement apparaissent comme des déterminants importants de la migration, elles ne sont pas seules à jouer sur la décision de mobilité. Comme on l’a vu plus haut, les caractéristiques des lieux, qu’il s’agisse de leurs attributs résidentiels ou des caractéristiques des marchés locaux du travail, peuvent motiver ou, au contraire, décourager certaines migrations. Afin d’être en mesure d’estimer le rôle que peuvent jouer ces caractéristiques spatiales, il a été nécessaire d’introduire des informations provenant de sources externes à l’EDP. Ainsi, l’inventaire communal de 1980 a été mobilisé pour connaître la situation des communes de résidence antérieure en termes d’accessibilité des commerces, services et équipements (tableau 2). Différents indicateurs caractérisant le marché du travail ont été testés. Nous avons notamment introduit le taux d’évolution de l’emploi dans la zone d’emploi de résidence [6]. L’impact négligeable de ces variables nous a conduit à ne retenir que le taux de chômage pour qualifier les différents marchés du travail, même si nous sommes bien conscients de la pauvreté de cet indicateur. Différentes hypothèses peuvent être avancées pour expliquer ce manque de sensibilité des choix de migration aux caractéristiques des marchés du travail : la première concerne la perception toute relative qu’ont les individus de la situation économique; la seconde remet en cause la qualité des indicateurs disponibles pour appréhender les phénomènes à l’œuvre. Dans un cas comme dans l’autre, des travaux complémentaires sont indispensables.
Variables caractérisant les communes et zones d’emploi de résidence
Variables caractérisant les communes et zones d’emploi de résidence
22Comme pour le logement, les caractéristiques des lieux sont celles de la commune et de la zone d’emploi de résidence en 1982. On cherche donc à voir si les caractéristiques du lieu de départ ont, sur la migration, un rôle répulsif, et non à savoir si ce sont les caractéristiques des lieux de destination qui ont un rôle attractif [7].
23L’ensemble des variables caractérisant l’individu, son logement et son lieu de résidence sont utilisées pour mettre en évidence les déterminants des décisions de migration. L’analyse est effectuée par groupe d’âges et selon la nature urbaine, périurbaine ou rurale de la commune de résidence en début de période. L’encadré 1 présente la façon dont la nature de la commune de résidence est appréhendée par le zonage en aires urbaines (ZAU).
24La variable expliquée est de nature dichotomique : « réside dans la même commune ou unité urbaine en 1982 et en 1990 » ou bien « a changé de commune ou d’unité urbaine de résidence entre 1982 et 1990 ». Le choix de cette définition, qui diffère de la définition classique s’appuyant sur les seuls changements de commune, conduit à considérer comme non-migrants les individus (6 869 dans notre échantillon) ayant changé de commune au sein de la même unité urbaine. Notre objectif étant l’analyse des déterminants des migrations urbain-rural, ces mouvements ne sont pas ici essentiels et leur prise en compte nous conduirait en fait à décentrer l’analyse de son objet initial, en l’orientant vers l’analyse de migrations essentiellement urbaines [8].
25De par la structure des données à notre disposition (observation discrète des localisations des individus), nous avons opté pour l’estimation de modèles logit qui permettent l’analyse de phénomènes qualitatifs. Le principe général de cette méthode consiste à faire l’hypothèse que la variable discrète, qui peut être résumée ici par « a migré »/« n’a pas migré », est la manifestation d’une variable continue non observable ou variable latente.
26Cette variable latente peut s’interpréter en termes économiques, comme un niveau d’utilité atteint pour chaque terme du choix (Gouriéroux, 1989). L’individu choisira la solution qui lui offrira le niveau d’utilité maximum. C’est alors cette variable continue que l’on explique. Connaissant la fonction de répartition suivie par les termes d’erreur (une loi logistique dans notre cas), on peut estimer les probabilités qu’un individu retienne telle ou telle solution qui s’offre à lui.
Encadré 1 : Le zonage en aires urbaines (ZAU)
- les pôles urbains regroupent les unités urbaines offrant 5 000 emplois ou plus (et n’appartenant pas à la couronne périurbaine d’un autre pôle urbain);
- les communes périurbaines rassemblent les communes des couronnes périurbaines (ensemble des communes rurales ou unités urbaines dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans un pôle urbain ou dans les communes attirées par celui-ci) et les communes multipolarisées (ensemble des communes rurales ou unités urbaines n’appartenant pas aux catégories précédentes et dont au moins 40 % de la population résidente ayant un emploi travaille dans plusieurs pôles urbains et leurs couronnes périurbaines, sans atteindre ce seuil avec un seul d’entre eux et qui forment avec ces espaces un ensemble d’un seul tenant);
- l’espace à dominante rurale est constitué de toutes les communes rurales ou unités urbaines n’appartenant pas aux deux catégories précédentes.
27Pour interpréter ces estimations, deux caractéristiques propres à ces modèles sont importantes. D’une part, les modèles étant additifs, on raisonne toutes choses égales par ailleurs et on peut donc ainsi séparer les effets des différentes variables explicatives. D’autre part, les probabilités estimées sont définies les unes par rapport aux autres : il s’agit de probabilités relatives. Concrètement, on estime dans ce travail des probabilités d’avoir changé de lieu de résidence entre 1982 et 1990 plutôt que d’être resté dans la même commune ou unité urbaine.
III – Les facteurs explicatifs des décisions de mobilité
28Une de nos hypothèses de base stipule que le pouvoir explicatif des différents facteurs intervenant dans la décision de migration varie selon la position de l’individu dans le cycle de vie et selon la nature urbaine ou rurale de la commune dans laquelle il réside. Pour pouvoir tester cette hypothèse, les estimations ont été réalisées en distinguant trois classes d’âges (15-24 ans, 25-44 ans et 45-64 ans, l’âge étant entendu en début de période, soit en 1982) et trois catégories de communes de résidence antérieure (pôle urbain, commune périurbaine, espace à dominante rurale). On trouvera en annexe, au tableau A, la répartition de notre échantillon selon ces catégories.
29Nous avons pris le parti de présenter les résultats en fonction de ces catégories; pour éviter une certaine lourdeur inhérente à cette démarche, les résultats ne sont pas tous détaillés et le lecteur plus intéressé par telle ou telle dimension pourra se reporter au tableau 3 (pages précédentes) présentant l’ensemble des résultats.
Analyse des migrations entre 1982 et 1990 selon le groupe d’âges et la commune de résidence en 1982. Résultats des modèles logit (coefficients du modèle)
Analyse des migrations entre 1982 et 1990 selon le groupe d’âges et la commune de résidence en 1982. Résultats des modèles logit (coefficients du modèle)
1 – Motivations professionnelle et résidentielle se combinent largement pour inciter à la migration les 15-24 ans, notamment ruraux et périurbains
30Chez les plus jeunes, les motivations professionnelle et résidentielle pèsent dans les décisions de migration. Tout d’abord, les caractéristiques de la famille et leur évolution, dont on suppose qu’elles interviennent dans la définition des besoins résidentiels, jouent ici un rôle important. Ainsi, la mise en couple ou la naissance d’enfants augmentent la probabilité de migrer des individus (en comparaison de ceux pour lesquels la structure familiale reste stable), mais alors que la probabilité de migrer des jeunes résidant dans les communes périurbaines et le rural en 1982 est particulièrement sensible aux premières phases de constitution de la famille (mise en couple et arrivée du premier enfant), celle des jeunes résidant dans les pôles urbains en 1982 l’est davantage à l’arrivée des enfants suivants. On peut rapprocher ce résultat de l’offre de logements dans les différents espaces. En effet, la constitution d’un couple, qui entraîne souvent la location d’un logement, incite plus souvent les ruraux et les habitants des communes périurbaines à la migration par manque de logements locatifs disponibles dans leurs espaces d’origine. A contrario, dans les pôles urbains, la mise en couple impose moins souvent le changement de lieu de résidence, du fait de l’abondance du parc locatif : c’est alors l’agrandissement de la famille au-delà du premier enfant qui augmentera plus nettement la probabilité de migrer, du fait de la combinaison entre nécessité d’accroître la surface du logement et coûts fonciers urbains.
31Les caractéristiques du logement occupé en 1982 jouent peu dans les décisions de migration des plus jeunes. Seuls les jeunes des pôles urbains sont incités au départ lorsqu’ils habitaient un logement de dimension restreinte (une ou deux pièces). Le peu d’influence du logement antérieur, surprenant de prime abord, est en grande partie dû au fait que les caractéristiques prises en compte sont le plus souvent celles du logement des parents [9] ou du jeune vivant seul; les disparités enregistrées ne permettent donc pas de conclure à des différences de comportement.
32Notons par ailleurs que la difficulté d’accès aux services, prise en compte par la distance à un pôle de services [10], augmente la probabilité de migrer des jeunes qui en étaient éloignés et qui résidaient dans les communes périurbaines ou le rural en 1982. On peut voir là un signe révélateur du rôle des motivations résidentielles dans les migrations de ces jeunes.
33Pour appréhender le rôle du statut professionnel, nous disposons de la PCS de l’individu en 1990 et du niveau de diplôme atteint en 1990 [11]. Deux mécanismes bien connus sont ici à l’œuvre : les jeunes migrent pour se former et parce qu’ils sont formés (Détang-Dessendre, Perrier-Cornet, 1996). L’influence du niveau de diplôme atteint sur la migration apparaît plus marquée chez les jeunes qui résidaient dans le rural en 1982 que chez les autres. Ceci est cohérent avec le fait que les marchés ruraux du travail offrent peu d’emplois très qualifiés (Jayet, 2000), ce qui incite les jeunes qui y résident à migrer vers des lieux où le marché du travail est plus vaste, à savoir les pôles urbains. L’examen du rôle de la PCS est lui aussi cohérent avec les résultats obtenus par ailleurs (Inra, Insee, 1998) : les jeunes cadres sont les plus mobiles, les ouvriers et les agriculteurs les moins mobiles, ces deux phénomènes étant plus particulièrement marqués dans les espaces périurbains et à dominante rurale. La mobilité professionnelle, prise en compte à l’aide de la variable « mobilité sociale », ne joue pas un rôle significatif chez les plus jeunes, rentrés depuis peu sur le marché du travail.
34Niveau de formation et emploi occupé ne sont pas indépendants l’un de l’autre. Pour tenir compte de cette liaison, nous avons introduit l’interaction entre PCS et niveau de diplôme (voir tableau 4 [12]). Les résultats sont particulièrement probants pour cette classe d’âges. Pour les jeunes résidant en 1982 dans le rural, le fait d’être devenu cadre en 1990 augmente très fortement la probabilité d’avoir migré, que la personne soit ou non diplômée de l’enseignement supérieur. C’est alors la fonction qui détermine la migration. Pour les professions intermédiaires, les employés et les ouvriers, en revanche, on observe une double hiérarchie. Tout d’abord, les ouvriers sont les moins mobiles, puis viennent les employés et enfin les professions intermédiaires. Et à l’intérieur de chaque catégorie, les plus formés migrent plus que les moins formés. Chez les jeunes urbains, cette double hiérarchie s’observe pour l’ensemble de la population, y compris les cadres. Les structures des marchés du travail évoquées précédemment sont certainement la cause de cette différenciation des comportements entre jeunes urbains et jeunes ruraux.
Analyse des migrations entre 1982 et 1990. Extraits des résultats des modèles logit croisant la PCS et le niveau de diplôme (coefficients du modèle)
Analyse des migrations entre 1982 et 1990. Extraits des résultats des modèles logit croisant la PCS et le niveau de diplôme (coefficients du modèle)
35L’analyse de l’impact de la distance à une ville de plus de 200 000 habitants montre que, d’une part, les jeunes urbains quittent moins souvent une grande ville qu’une plus petite et que, d’autre part, les jeunes résidant dans les communes périurbaines ou le rural proche d’une grande ville ont une probabilité de migrer plus faible que les autres. La proximité d’un marché du travail de grande taille diminuerait donc la probabilité de migrer, l’accessibilité des structures de formation supérieure jouant certainement un rôle complémentaire. Enfin, les coefficients associés aux différents niveaux de chômage ont les signes attendus pour les jeunes vivant dans les pôles urbains : on quitte plus les villes à fort taux de chômage que les villes à marché du travail moins tendu. À l’inverse, pour les autres jeunes, les coefficients estimés ne sont pas significativement différents de zéro. Ce résultat est à rapprocher d’autres travaux, notamment ceux de Descours et Jacquot (1992), qui mettent en évidence la relation complexe existant entre taux de chômage et migration.
36Certaines caractéristiques propres à l’individu peuvent favoriser la migration, comme c’est le cas de l’expérience migratoire accumulée. Un individu qui a déjà migré avant 1982 a une probabilité de changer de résidence entre 1982 et 1990 très supérieure aux autres. Différentes hypothèses peuvent être avancées pour expliquer ce phénomène. Selon la théorie de Becker (1975), la migration fait partie intégrante du capital humain. Un individu qui a déjà migré a donc accumulé des connaissances qui lui permettent ensuite de migrer à moindre coût. Gordon et Molho (1995) insistent, quant à eux, sur le rôle de l’ancrage dans un territoire comme frein à la migration. Ainsi, un individu qui a déjà migré a toutes les chances d’avoir moins d’attaches là où il réside que celui qui y a passé une grande partie de sa vie. Il migrera donc plus facilement.
37Finalement, et conformément à nos hypothèses, l’insertion professionnelle motive une part importante des décisions de migration des jeunes, comme le montrent l’influence du niveau de formation, de la PCS et de la distance à une agglomération urbaine de grande taille sur la probabilité de migrer, toutes caractéristiques ayant un impact sur la mobilité des jeunes, notamment ruraux. S’y ajoutent des motifs résidentiels : la situation familiale et son évolution modifient fortement les caractéristiques de la demande de logement des jeunes, entraînant des mouvements migratoires plus importants parmi les habitants des communes périurbaines et de l’espace à dominante rurale que parmi ceux des pôles urbains. Ainsi, c’est au travers de la combinaison entre des préoccupations professionnelles et des motivations résidentielles que peuvent être comprises les décisions de migration des jeunes.
2 – Les motivations résidentielles prennent le pas sur les motivations professionnelles pour inciter les 25-44 ans, notamment urbains, à migrer
38Les mécanismes précédemment décrits pour les plus jeunes concernant l’influence de la constitution du couple et de la naissance des enfants sont à l’œuvre de la même façon au sein de la population des adultes ayant entre 25 et 44 ans en 1982. Si l’influence de ces événements familiaux tend à s’atténuer un peu pour les habitants des communes périurbaines et de l’espace à dominante rurale, l’impact de la constitution d’une famille monoparentale (suite à la naissance d’un enfant vivant avec un parent isolé, la séparation du couple ou le décès d’un des conjoints) se renforce et augmente très significativement leur probabilité de migrer. Il en va de même lorsqu’une personne se retrouve seule suite à un divorce ou au décès du conjoint, l’effet jouant cette fois-ci également, bien que moins fortement, chez les originaires des pôles urbains. On peut supposer que ces événements familiaux qui concernent une faible part de notre population (tableau B en annexe) entraînent changement de logement et retour vers les centres urbains.
39Les caractéristiques du logement occupé en 1982 ne semblent pas jouer un rôle plus significatif chez les 25-44 ans que chez les plus jeunes. En revanche, le fait d’être propriétaire en 1982 diminue désormais de façon très nette la probabilité de migrer, et ce, quelle que soit la nature du lieu de résidence. Deux phénomènes sont certainement en jeu ici : d’une part, être propriétaire renforce l’attachement au lieu de résidence et, d’autre part, le désir d’accession à la propriété en maison individuelle, souvent présenté comme un des éléments clés des comportements sociaux contemporains (Goffette-Nagot, 1996), contribue à la mobilité des locataires qui souhaitent devenir propriétaires. Soulignons que le frein à la mobilité que constitue le fait d’être propriétaire se fait moins sentir chez les habitants des pôles urbains que chez les ruraux et les habitants des communes périurbaines.
40La distance à un pôle de services ne joue aucun rôle pour les habitants des communes périurbaines et joue peu pour les ruraux. Seuls les ruraux habitant à plus de 6 km d’un pôle de services sont incités à migrer, probablement pour se rapprocher des équipements concernés. En revanche, nos résultats montrent un effet contraire à celui attendu de prime abord en ce qui concerne les habitants des pôles urbains en 1982 : la probabilité de migrer diminue avec la distance à un pôle de services. Bien que rares, les communes appartenant à un pôle urbain et n’étant pas pôle de services sont surtout des banlieues résidentielles. Nous faisons ici l’hypothèse que ce résultat traduit moins le rôle de l’éloignement des services que celui des « atouts » des communes considérées (habitat pavillonnaire, faible densité, cadre de vie, etc.), mais nous n’avons malheureusement pas les moyens de tester plus avant cette hypothèse.
41Les caractéristiques professionnelles jouent un rôle nettement moins important sur les migrations des adultes de 25 à 44 ans que sur celles des plus jeunes, ce qui nous amène à penser à une atténuation des motivations professionnelles dans les migrations de ces adultes. Dans le rural, on retrouve, mais avec une ampleur moindre, la plus faible mobilité des agriculteurs et des ouvriers et la plus forte mobilité des cadres et des professions intermédiaires. La PCS exerce une influence très faible pour les individus résidant en 1982 dans les communes périurbaines (seuls les cadres sont un peu plus mobiles que les autres) et les comportements des cadres, des professions intermédiaires et des employés deviennent très proches dans les pôles urbains. De même, le niveau de diplôme a un pouvoir explicatif nettement plus faible et le test des effets croisés du diplôme et de la PCS (tableau 4) ne met plus en évidence la double hiérarchie présente chez les plus jeunes.
42Toutefois, la prise en compte de « l’ascension sociale » de l’individu, appréhendée par comparaison de sa PCS en 1982 et en 1990, met en lumière un rôle positif d’une trajectoire ascendante sur la migration, et ce, quel que soit l’espace d’origine. Tout se passe comme si l’essentiel des migrations liées à des motifs professionnels s’effectuaient dans la première période de la vie, une modification importante du statut professionnel pouvant cependant être à l’origine de migrations ultérieures.
43Comme c’est le cas chez les plus jeunes, les individus âgés de 25 à 44 ans en 1982 quittent moins les grandes villes que les plus petites. En revanche, la proximité d’une grande ville ne contribue plus à diminuer la mobilité au départ des espaces périurbains et ruraux.
44Le niveau de chômage semble, quant à lui, jouer un rôle plus souvent significatif chez les 25-44 ans que chez les plus jeunes, mais cet effet reste d’une ampleur limitée. Ainsi, quel que soit le type de commune de résidence, un taux de chômage élevé dans la zone d’emploi incite les 25-44 ans à la migration, alors que chez les plus jeunes, c’était surtout vrai parmi les habitants des pôles urbains. Est-ce à dire que les individus de ce groupe d’âges sont un peu plus à même de percevoir la situation économique locale que ne le sont les plus jeunes ?
45Enfin, comme chez les plus jeunes, une expérience migratoire entre 1968 et 1982 augmente très nettement la probabilité de migrer entre 1982 et 1990. En outre, les personnes qui résidaient en 1982 dans un département différent de leur département de naissance ont une probabilité plus élevée de migrer que les autres. S’agit-il déjà de l’amorce des migrations de « retour au pays » ?
46Finalement, les évolutions de la structure familiale jouent un rôle fort dans les décisions de migration des individus lorsque ceux-ci sont en pleine phase d’activité. Pour autant, ceci ne signifie pas que les préoccupations professionnelles n’exercent plus aucune influence sur les migrations. Moins prégnantes, elles s’expriment différemment aux âges adultes.
3 – Les migrations des 45-64 ans : le poids de la retraite et les changements de la structure familiale
47On retrouve pour les 45-64 ans l’effet marqué de l’appartenance socioprofessionnelle sur les probabilités de migrer, effet qui était atténué pour les personnes âgées de 25 à 44 ans en 1982. En effet, un certain nombre des individus encore actifs en 1982 ont pris leur retraite entre 1982 et 1990. Nous faisons l’hypothèse que le comportement plus contrasté selon la PCS exprime en fait les réactions différenciées des individus face à la retraite, les cadres, les professions intermédiaires et les artisans, commerçants et chefs d’entreprise étant plus enclins à migrer que les autres, et nous y voyons plus un effet du revenu des ménages qu’un effet du statut professionnel antérieur.
48Notons par ailleurs que le fait d’être à la retraite en 1982 (qui concerne en premier lieu les individus les plus âgés de notre échantillon) incite à migrer entre 1982 et 1990 les seuls habitants des communes périurbaines. On fait ici l’hypothèse que cet effet traduit un changement des besoins en services qui se concrétise par un retour vers les zones urbaines de personnes déjà âgées et qui s’étaient installées dans les communes périurbaines dans une période antérieure de leur cycle de vie. À l’inverse, des estimations complémentaires [13] réalisées sur la base des PCS d’appartenance en 1990 (et non celles de 1982) montrent que les retraités en 1990 ont la probabilité d’avoir migré la plus forte lorsqu’ils résidaient en 1982 dans un espace urbain. On peut y voir un effet « désertion » des villes lors du passage à la retraite.
49En ce qui concerne les modifications de la structure familiale, la constitution d’un couple (événement marginal concernant juste un peu plus de 1 % de la population à ces âges) augmente toujours la probabilité de migrer, de même que la dissolution du couple (par séparation ou décès). Ce dernier effet est plus marqué chez les personnes résidant dans les communes périurbaines ou dans le rural. On peut faire l’hypothèse que, dans ce cas, les migrations sont essentiellement orientées vers les zones urbaines et qu’elles sont motivées par la baisse de revenu qu’engendre la séparation ou la disparition du conjoint et la recherche d’une proximité des services et/ou de contacts familiaux ou sociaux. A contrario, le départ des enfants, qui ne semble pas pousser les habitants des communes périurbaines ni ceux des espaces ruraux à migrer, a un impact significatif et positif sur la probabilité de migrer des habitants des pôles urbains. A-t-on affaire à des mobilités vers des résidences plus adaptées aux demandes de surface habitable d’une famille de taille réduite ? S’agit-il de migrations vers des zones plus amènes, où peuvent se localiser des résidences antérieurement secondaires ? Ou s’agit-il de « retours au pays » ?
50L’hypothèse de l’existence de ce dernier type de migrations semble renforcée par le fait que les personnes qui ne résidaient pas dans leur département de naissance ont une probabilité de migrer supérieure à celle des autres, et ce, quelle que soit la catégorie de la commune de résidence en 1982. En outre, comme pour les plus jeunes, l’expérience antérieure de la migration renforce très nettement la probabilité de migrer, quel que soit le lieu de résidence en 1982.
51Enfin, notons que, pour les personnes résidant dans les espaces à dominante rurale en 1982, le fait d’être éloigné d’un pôle de services augmente significativement la probabilité de migrer. On retrouve là l’importance de la proximité des services, notamment sanitaires et sociaux, pour ce type de population.
52Au total, les déterminants des comportements migratoires des 45-64 ans ont changé de nature par rapport à ceux des populations plus jeunes et ils se différencient assez nettement selon que l’individu réside initialement en milieu urbain ou non urbain. Ainsi, le comportement migratoire des habitants des pôles urbains semble plus sensible à l’évolution de la structure familiale : leur probabilité de migrer augmente non seulement en cas de dissolution du couple mais aussi avec le départ des enfants. Le passage à la retraite entre 1982 et 1990 favorise aussi les départs des pôles urbains, surtout parmi les catégories sociales les plus aisées. En outre, un effet « quatrième âge » semble se dégager pour les personnes résidant dans les communes périurbaines, les plus âgés ayant une probabilité plus élevée de quitter ce type d’espace.
Conclusion
53La réflexion menée ici a eu pour but de proposer un cadre d’analyse des déterminants micro-économiques de la mobilité tenant compte d’une possible différenciation des comportements selon la position dans le cycle de vie et les caractéristiques des espaces de résidence. D’un côté, les besoins et les contraintes de l’individu évoluent avec l’âge; de l’autre, les espaces, urbains ou ruraux, n’offrent pas le même type d’opportunités, amenant ainsi les individus à changer d’espace de résidence selon l’évolution de leurs besoins et de leurs contraintes. On a été conduit à distinguer deux grands types de motifs de migration : ceux qui résultent de préoccupations professionnelles et ceux qui relèvent d’une logique résidentielle, l’articulation entre ces deux logiques évoluant avec l’âge.
54Les résultats empiriques obtenus à partir de l’échantillon démographique permanent corroborent très largement les hypothèses avancées quant à l’effet de la position dans le cycle de vie sur les décisions de migration. Ainsi, motivations professionnelle et résidentielle se combinent largement chez les jeunes (ceux qui avaient de 15 à 24 ans en 1982). Les motivations résidentielles prennent le pas sur les motivations professionnelles chez les 25-44 ans, sans que, pour autant, ces dernières ne disparaissent. Enfin, le passage à la retraite et les changements dans la structure familiale motivent essentiellement les migrations des plus âgés (45-64 ans en 1982).
55Outre la volonté d’analyser conjointement les motivations résidentielle et professionnelle des migrations, l’apport de ce travail réside dans l’introduction des caractéristiques des lieux (proximité des services, accès et situation du marché local du travail) et dans la distinction des individus selon leur espace d’origine. Cette dernière distinction a ainsi permis de mettre en évidence que les jeunes ruraux sont plus susceptibles de migrer au moment de la constitution du couple que les jeunes vivant dans les pôles urbains, ceux-ci ayant davantage tendance à quitter leur pôle urbain de résidence à partir de la naissance du deuxième enfant. Parmi les plus âgés, le comportement migratoire des habitants des pôles urbains est, quant à lui, plus sensible à des événements tels que le passage à la retraite ou le départ du dernier enfant tandis que les migrations des habitants du rural ou des communes périurbaines sont surtout influencées par la séparation ou le décès du conjoint. Les migrations des premiers peuvent avoir pour cause l’importance des coûts fonciers en milieu urbain, tandis que celles des seconds peuvent être motivées par la recherche d’une proximité sociale ou de services.
56Notons également le caractère toujours très discriminant des variables caractérisant les expériences migratoires antérieures que nous avons introduites dans nos analyses : migration au cours de la période 1968-1982; résidence dans un département autre que le département de naissance. Le fait d’avoir vécu une migration antérieurement à la période considérée favorise les migrations futures. Ceci confirme que la dimension « historique » des phénomènes migratoires va au-delà de la position dans le cycle de vie et que c’est l’ensemble de la trajectoire personnelle antérieure qui détermine les choix migratoires actuels.
57Au-delà de ces résultats et de leur intérêt, le travail réalisé souffre de plusieurs limites, en raison notamment de difficultés méthodologiques. Il y aurait, tout d’abord, nécessité de mieux préciser le rôle des caractéristiques des lieux. Outre le travail nécessaire pour élaborer des indicateurs complémentaires, un tel objectif pose un problème redoutable : celui lié à la présence au sein d’un même modèle de caractéristiques individuelles et de données agrégées, les secondes risquant d’être fortement corrélées entre elles. Ce risque de multicolinéarité est, dans notre cas, encore aggravé par la distinction que nous cherchons à opérer selon la nature des espaces de résidence et le caractère urbain-rural de la migration.
58Ce problème nous a amené à limiter ici l’analyse à la seule prise en compte de la nature et des caractéristiques des espaces de résidence en début de période. Or, il apparaît souhaitable de prolonger l’analyse en abordant la question du choix des espaces de destination. À cette fin, plusieurs voies s’offrent à nous. Il est tout d’abord possible de reprendre le même type d’analyse en substituant les caractéristiques des lieux de résidence finale à celles des lieux de résidence initiale : il est fort probable que les résultats en seraient peu modifiés. On peut également envisager de modifier la variable expliquée et de la remplacer par une variable multinomiale caractérisant plus précisément l’orientation des flux migratoires : il serait alors nécessaire de limiter l’analyse aux seuls individus ayant migré au cours de la période [14]. Enfin, la solution la plus élégante mais en même temps la plus complexe consiste en l’élaboration de modèles emboîtés analysant simultanément la décision de migrer et le choix de la destination.
Répartition de la population selon les modalités de la variable expliquée, l’âge en 1982 et la catégorie de la commune de résidence en 1982
Répartition de la population selon les modalités de la variable expliquée, l’âge en 1982 et la catégorie de la commune de résidence en 1982
Fréquences observées dans la population pour les modalités des variables du modèle (en %)
Fréquences observées dans la population pour les modalités des variables du modèle (en %)
Bibliographie
RÉFÉRENCES
- Becker Gary, 1975, Human Capital: A Theorical and Empirical Analysis with Special Reference to Education (second edition), New York, Columbia University Press, 264 p.
- Blanc Michel, Aubert Francis, Détang-Dessendre Cécile, 1999, « Le fonctionnement des marchés du travail ruraux : entre influence du paternalisme et difficultés d’appariement », Économie rurale, 250, p. 31-39.
- Boudoul Jacques, Faur Jean-Paul, 1987, « Trente ans de migrations intérieures », Données sociales 1987, p. 262-268.
- Chenu Alain, 1998, « De recensement en recensement, le devenir professionnel des ouvriers et employés », Économie et statistique, 316-317, p. 127-145.
- Clark David, Hunter William, 1992, « The impact of economic opportunity, amenities and fiscal factors on age-specific migration rates », Journal of Regional Science, 32 (3), p. 349-365.
- Courgeau Daniel, 1985, « Interaction between spatial mobility, family and career life cycle: a French survey », European Sociological Review, 1 (2), p. 139-162.
- Courgeau Daniel, Lelièvre Éva, Wolber Odile, 1999, « Reconstruire des trajectoires de mobilité résidentielle. Éléments d’une analyse biographique des données de l’EDP », Économie et statistique, 316-317, p. 163-173.
- Cribier Françoise, Kych Alexandre, 1992, « La migration des retraités parisiens : une analyse de la propension au départ », Population, 37 (3), p. 677-718.
- Détang-Dessendre Cécile, Molho Ian, 1999, « Migration and changing employment status: a hazard function analysis », Journal of Regional Science, 39 (1), p. 105-125.
- Détang-Dessendre Cécile, Perrier-Cornet Philippe, 1996, « Insertion professionnelle des jeunes d’origine rurale : les enjeux des choix de localisation », Revue d’économie régionale et urbaine, 96 (2), p. 343-362.
- Détang-Dessendre Cécile, Goffette-Nagot Florence, Schmitt Bertrand, 2000, « Can Agglomeration Forces Explain Life-Cycle Migration Flows Between Urban and Rural Areas », communication au 6th World Congress of the Regional Science Association International, Lugano (Suisse), 16-20 mai.
- Descours L., Jacquot Alain, 1992, « Comment se sont équilibrés les marchés régionaux du travail depuis 10 ans ? », Économie et statistique, 253, p. 15-27.
- Firlej Annie, Hilal Mohamed, 2001, « L’équipement des campagnes », Insee-Synthèses “L’inventaire communal 1998”, n° 52, p. 117-134.
- Galland Olivier, Lambert Yves, 1993, Les jeunes ruraux, Paris, Inra/L’Harmattan (coll. Alternatives rurales), 253 p.
- Goffette-Nagot Florence, 1996, « Choix résidentiels et diffusion périurbaine », Revue d’économie régionale et urbaine, 96 (2), p. 229-246.
- Goffette-Nagot Florence, Schmitt Bertrand, 1999, « Agglomeration economics and spatial configurations in rural areas », Environment and Planning, A, 31, p. 1239-1257.
- Gordon Ian, Molho Ian, 1995, « Duration dependence in migration behaviour: cumulative inertia versus stochastic change », Environment and Planning, A, 27, p. 1961-1975.
- Gordon Ian, Vickerman Roger, 1982, « Opportunity, preference and constraint: an approach to the analysis of metropolitan migration », Urban Studies, 19, p. 247-261.
- Gourieroux Christian, 1989, Économétrie des variables qualitatives, 2e édition, Paris, Economica, 430 p.
- Inra, Insee, 1998, Les campagnes et leurs villes, Paris, Insee (coll. Contours et caractères), 203 p.
- Insee, 1994, Atlas des zones d’emploi, Paris, Insee.
- Jayet Hubert, 1996, « L’analyse économique des migrations : une synthèse critique », Revue économique, 3, p. 194-226.
- Jayet Hubert, 1997, « Collective location », Annales d’économie et de statistique, 45, p. 139-160.
- Jayet Hubert, 2000, « Rural versus urban location: the spatial division of labor » in Economics of Cities, ed. J.M. Huriot, J.F. Thisse, Cambridge, Cambridge University Press, p. 391-414.
- Le Jeannic Thomas, 1996, « Une nouvelle approche territoriale de la ville », Économie et statistique, 294-295, p. 25-45.
- Lin G., 1997, « Elderly migration: household versus individual approaches », Papers in Regional Science, 76 (3), p. 285-300.
- Mincer Jacob, 1978, « Family migration decisions », Journal of Political Economy, 86 (5), p. 748?773.
- Molho Ian, 1986, « Theories of migration: a review », Scottish Journal of Political Economy, 33 (4), p. 396-419.
- Molinié Anne-Françoise, 1998, « Déclin et renouvellement de la main-d’œuvre industrielle. Une lecture des structures d’âge », Économie et statistique, 316-317, p. 109-125.
- Richard Jean-Luc, 1998, « Rester en France, devenir Français, voter : trois étapes de l’intégration des enfants d’immigrés », Économie et statistique, 316-317, p. 151-162.
- Rouault Dominique, 1995, « L’échantillon démographique permanent a pris un coup de jeune », Courrier des statistiques, 73, p. 35-41.
- Sautory Olivier, 1987, « L’échantillon démographique permanent de l’Insee », Courrier des statistiques, 41, p. 51-55.
Notes
-
[*]
UMR Inra-Enesad en économie et sociologie rurales, Dijon (France).
Une version antérieure de cet article a été présentée au 4e colloque transfrontalier CLUSE sur Les défis migratoires à l’aube du troisième millénaire qui s’est tenu à Neuchâtel (Suisse) les 10 et 11 septembre 1998. Ce travail n’aurait pu être réalisé sans le soutien actif de l’Insee : l’accès à la source utilisée a fait l’objet d’une convention entre l’UMR Inra-Enesad et la Direction régionale de l’Insee-Bourgogne. Nous remercions son directeur, A. Ravet, ainsi que toutes les personnes qui nous ont facilité l’utilisation de cette source. Les remarques et conseils des deux relecteurs anonymes nous ont été précieux et nous tenons à les en remercier. -
[1]
Une décision de migration peut être le fait d’un ménage. Différents travaux (Mincer, 1978; Jayet, 1997; Lin, 1997) se sont intéressés aux modes de prise de décision au sein d’un ménage. Comme on le verra plus loin, nous avons choisi dans ce travail d’analyser les comportements individuels en y intégrant les caractéristiques du ménage et plus largement celles de la famille pour expliquer les choix de mobilité.
-
[2]
Voir la définition au tableau 2.
-
[3]
Pour une présentation détaillée de l’EDP, on pourra se reporter à Sautory (1987) ou à Rouault (1995).
-
[4]
De même, chez les plus jeunes, la mobilité peut être liée à celle de la famille et ne pas résulter d’un choix individuel. Avec les données de l’EDP, rien ne nous permet de distinguer avec certitude cette situation. Notons cependant que sur les 3 937 enfants d’une famille en 1982 et en 1990 présents dans notre échantillon, seuls 310 ont migré.
-
[5]
Cet échantillon est obtenu à partir des 806 096 individus de l’EDP, en éliminant ceux pour lesquels les informations ne sont pas renseignées pour le recensement de la population de 1990 (227 186) ou pour celui de 1982 (671 369, nombre important lié au fait que les informations ne sont disponibles que pour les individus appartenant à l’échantillon au 1/4). Lorsque l’on a retiré les personnes ayant moins de 15 ans et plus de 64 ans, ainsi que les enregistrements incohérents, il reste 77 845 individus répartis sur l’ensemble du territoire métropolitain.
-
[6]
Variable issue de l’Atlas des zones d’emploi (Insee, 1994).
-
[7]
L’introduction simultanée des caractéristiques des lieux de départ et d’arrivée, seule façon de prendre véritablement en compte les effets push et pull de ces variables, a été rendue délicate du fait de l’importante multicolinéarité entre variables explicatives que la présence des non-migrants (pour qui ces caractéristiques sont identiques en 1982 et en 1990) entraîne.
-
[8]
En effet, les 6 869 individus ayant changé de commune à l’intérieur de la même unité urbaine entre 1982 et 1990 viendraient s’ajouter aux 18 594 migrations déjà prises en compte et entraîneraient une augmentation de 37 % du nombre des migrations dans l’échantillon. Or, la plupart de ces migrations internes aux unités urbaines concernent les pôles urbains, ce qui reviendrait à renforcer le poids des migrations de pôles urbains à pôles urbains, dont le nombre passerait alors de 4 795 à 11 477.
-
[9]
C’est ainsi que peut s’interpréter le rôle joué par des logements antérieurs de grande taille (5 pièces et plus) sur les migrations des jeunes originaires des pôles urbains et de l’espace rural. On peut voir là un effet secondaire des processus de décohabitation.
-
[10]
Voir la définition au tableau 2.
-
[11]
Rappelons que nous avons retenu la PCS de 1990 et non celle de 1982 ainsi que le niveau de diplôme obtenu en 1990 et non celui de 1982. En effet, une grande partie des jeunes de cette classe d’âges étaient inactifs en début de période et leur niveau de diplôme en 1982 n’est souvent révélateur que du déroulement des études en cours.
-
[12]
Seuls les résultats concernant les modalités du croisement PCS-diplôme sont présentés dans le tableau 4, les autres coefficients étant peu affectés par ce changement de variables.
-
[13]
Les résultats n’en sont pas présentés ici mais sont disponibles auprès des auteurs.
-
[14]
Un premier test en ce sens a été réalisé sur le même échantillon (Détang-Dessendre et al., 2000).