Notes
-
[1]
Salvador Miranda a été directeur de la gestion des collections à la bibliothèque de l’Université internationale de Floride à Miami. Le site (http://www.fiu.edu/~mirandas/cardinals.htm) est recommandé par certaines des institutions culturelles les plus importantes du web. Des recherches approfondies ont toutes confirmé la grande précision et la validité de cette source.
-
[2]
L’effectif moyen du Sacré collège était de 58,3 cardinaux en 1751-1800, 55,3 en 1801-1850, et 60,0 en 1851-1900.
-
[3]
Pour standardiser les taux, nous utilisons une structure par âge type : la population moyenne des cardinaux entre 1585 et 1958.
-
[4]
Par exemple, aucun pic de mortalité n’a été décelé chez les cardinaux lors de certaines épidémies bien connues, comme celle de choléra en 1837 (Castiglioni, 1878 ; Sonnino, 1998).
-
[5]
Les résultats de Savorgnan portent sur les cardinaux « qui étaient membres du Sacré collège le 1er janvier 1845 et ceux qui le sont devenus ensuite jusqu’au 13 mars 1868, et qui étaient nés avant 1810 ». Les niveaux de mortalité ne sont donc relatifs ni à une cohorte, ni à une période. Dans ces conditions, les résultats sous-estiment les taux de mortalité.
-
[6]
Ceci semble contredire ce que nous savons des risques affectant la mortalité des représentants religieux en général, dans la mesure où les futurs cardinaux pouvaient avoir été exposés à certains de ces risques avant même leur nomination. Mais nous ne pouvons évidemment pas apprécier la mortalité encourue par ceux qui n’appartenaient pas encore au groupe étudié.
-
[7]
De nombreuses victimes de mort violente due à des changements au sommet de l’Église ont déjà été exclues du numérateur dans nos calculs, dans la mesure où ils avaient souvent été démis de leur titre avant leur exécution.
1Les cardinaux forment un groupe dont l’étude démographique présente un double intérêt. En tant que groupe d’effectif limité – leur nombre maximum est resté fixé à 70 entre 1586 et 1973 – et dont le recrutement se fait à des âges élevés, la dynamique démographique de son renouvellement révèle les relations entre âge au recrutement et au décès d’une part, rythme des nominations d’autre part. Par ailleurs, en tant que groupe d’hommes habitant pour la plupart la ville de Rome et appartenant à l’élite économique, la comparaison de leur mortalité avec celle des populations italiennes et européennes permet de mettre en lumière certaines particularités. Tirant parti d’une base de données sur les cardinaux disponible sur Internet et bien documentée, Alessio Fornasin, Marci Breschiet Matteo Manfredinimontrent ainsi que, au-delà des variations associées aux difficultés politiques au sein de l’Église catholique, la longévité des cardinaux s’est détériorée au XIXe siècle, jusqu’à devenir inférieure en moyenne à celle des populations européennes au début du XXe. Les auteurs proposent différentes pistes pour expliquer ce résultat contre-intuitif.
2La démographie historique a une longue tradition d’étude de la mortalité de populations spécifiques, qu’on peut subdiviser en trois catégories : les minorités nombreuses (comme les juifs), les élites (le plus souvent des nobles) et les groupes définis par des attributs particuliers comme l’activité professionnelle (mineurs, pêcheurs, communautés religieuses, etc.). Ces travaux ne se contentent pas d’examiner le comportement démographique de ces populations, ils retracent aussi leur évolution à long terme (Houdaille, 1970 et 1989 ; Hollingsworth, 1977). Plusieurs séries remontent au Moyen Âge, concernant les classes supérieures et certaines communautés religieuses, en particulier monastiques, impossibles à atteindre avec des méthodes démographiques classiques (Hollingsworth, 1975 ; Biraben, 1977 ; Davis, 1998). On peut ainsi étudier l’évolution de la mortalité de quelques groupes sur plusieurs siècles (Zhao, 1997 ; Vandenbroucke, 1985). Il faut bien sûr tenir compte des caractéristiques propres à certaines de ces populations. Par exemple, on peut supposer que le style de vie de la plupart des groupes religieux les protégeait de certaines des maladies auxquelles était exposé le reste de la population (Levin, 1996).
3Cet article étudie les caractéristiques de la mortalité des cardinaux de l’Église catholique. Cette fonction date du IIe siècle et, bien que le rôle des cardinaux aujourd’hui diffère sensiblement de ce qu’il était à l’origine, l’institution a fait preuve d’une remarquable continuité au cours des cinq cents dernières années, non seulement dans ses modalités d’accès, mais aussi dans les charges qui lui incombent et le nombre de ses membres.
4L’information disponible sur les cardinaux est extrêmement complète et détaillée, sans la plupart des difficultés habituelles de données tronquées ou censurées (Jonker, 2003 ; Houston, 1995 ; Houston et Prest, 1995). La source utilisée ici est le fichier des cardinaux établi et constamment mis à jour par Salvador Miranda, et disponible gratuitement en ligne [1]. Le fichier contient les biographies de plus de 4 000 cardinaux depuis l’an 492. Chacune comprend des références et une grand quantité d’information sur chaque membre du Sacré collège du Ve siècle jusqu’aujourd’hui, en particulier la date et le lieu de naissance, la date d’ « élévation à la pourpre cardinalice », ainsi que la date et le lieu du décès, mais la cause du décès manque malheureusement souvent.
Afin d’étudier sur plusieurs siècles les différents aspects de la survie de ce groupe particulier, l’article est divisé en quatre parties. La première traite des principaux événements ayant affecté le Sacré collège aux époques moderne et contemporaine. La deuxième établit les caractéristiques démographiques de cette population et leur évolution au fil du temps. La troisième examine la mortalité des cardinaux et établit des comparaisons avec d’autres groupes de la population. La quatrième et dernière partie est une discussion des résultats de ces analyses.
I – Qui sont les cardinaux et quelles sont leurs fonctions ?
5Les cardinaux sont de hauts dignitaires qui jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement de l’Église catholique. Ils élisent le pape et l’assistent (Cardia, 1993, p. 104-105), tâches qui diffèrent très peu de ce qu’elles étaient il y a huit cents ans.
6Les cardinaux sont nommés par le pape. La cérémonie d’élévation se déroule pendant le consistoire (assemblée des cardinaux) lors duquel le pape annonce sa décision d’élever des prélats au rang de cardinaux. Il peut cependant choisir de ne pas révéler l’identité de certains, la gardant « dans le secret de son cœur », in pectore. Il relève ensuite de la prérogative papale de les désigner publiquement (espettorare), ce qui peut survenir après quelques mois ou quelques années, voire jamais si le pape emporte son secret dans la tombe, auquel cas le cardinal in pectore n’est pas nommé.
7Comme le pape était libre dans la désignation des cardinaux, les critères de sélection pouvaient varier en fonction des sensibilités et des besoins de l’Église et de son pontife. Cette prérogative s’accommodait souvent de compromis avec les autorités extérieures.
8Les obligations des cardinaux ont pu subir quelques changements au long des siècles, mais les règles générales, les pratiques et les traditions du Sacré collège se sont maintenues dans une uniformité et une cohérence remarquables.
9Nous avons choisi 1586 et 1958 comme début et fin de notre période d’étude, pour des raisons davantage démographiques qu’historiques, puisque ces deux années marquent des changements dans la réglementation concernant la taille du Sacré collège. Alors qu’aucun effectif maximum n’était jusque-là spécifié, le pape Sixte V le fixa à 70 dans sa bulle Postquam verus en 1586, pour contrecarrer la tendance de ses prédécesseurs à conférer le titre à un nombre sans cesse croissant de candidats. À cette même date furent précisés le rôle des cardinaux et leurs fonctions officielles auprès du pape. En 1973, le nombre maximum fut officiellement porté à 120 par le pape Paul VI, et le droit de vote au conclave réservé aux cardinaux de moins de 80 ans. Mais avant même cette date, le pape Jean XXIII fut le premier à déroger à la constitution de 1586 lors du consistoire inaugurant sa papauté en 1958, et depuis le nombre de cardinaux dépasse sa limite d’origine (Riccardi, 1993).
En plus de respecter pendant quasiment cinq siècles le même effectif maximum et le même rôle institutionnel, les membres du Sacré collège ont aussi formé un groupe relativement homogène. Les cardinaux appartenaient à une élite économique, certains étant extrêmement riches et ceux qu’on qualifiait de « pauvres » étant loin de l’être (Rosa, 1979, p. 1015). La nationalité était un autre facteur d’uniformité. Malgré la nature universelle de l’Église catholique, même au début du XXe siècle, presque tous les cardinaux étaient européens et une très large majorité italiens, au moins jusqu’à la fin du pouvoir temporel de l’Église (Broderick, 1987 ; Reinhard, 2000). Le lieu de résidence était un facteur supplémentaire d’homogénéité. Les membres de la curie, qui formaient une large part du Collège, devaient vivre à Rome, et seuls ceux qui avaient la responsabilité d’un diocèse, comme les évêques de Milan, Paris et Madrid, échappaient à cette obligation. Les cardinaux peuvent donc être comparés à une population urbaine.
II – Caractéristiques de la population des cardinaux
10La date d’élévation au rang de cardinal étant connue ainsi que celle de cessation de fonction (quelle qu’en soit la raison), nous pouvons déterminer jour après jour la taille du Sacré collège. La figure 1 retrace l’évolution du nombre de cardinaux au 1er janvier de chaque année entre 1585 (papauté de Sixte V) et 1958 (Jean XXIII), en distinguant les cardinaux nommés de ceux qui étaient réservés in pectore.
Effectifs de cardinaux (désignés officiellement et in pectore), 1585-1958
Effectifs de cardinaux (désignés officiellement et in pectore), 1585-1958
11L’indication de la limite supérieure (ligne horizontale au niveau du chiffre 70) montre que le nombre maximum de cardinaux a été parfois atteint, mais jamais dépassé. La nomination des cardinaux étant effectivement entre les mains du pape et n’étant affectée ni par des facteurs biologiques ni par des contraintes de calendrier, les fluctuations de la population dépendaient davantage des nouvelles admissions que des départs, ou plutôt de la vitesse à laquelle les postes vacants étaient pourvus, en fonction des stratégies du pape.
12L’effectif du Sacré collège approche ou atteint souvent la limite supérieure dans les 180 premières années, et le plus long intervalle continu d’effectif incomplet (moins de 70) se situe entre 1617 et 1670. Par la suite, le sous-effectif est plus systématique : il est ininterrompu pendant plus de 150 ans entre 1760 et 1938. Pendant cette période, la structure de l’Église reposait sur un nombre de cardinaux plus proche de 50 ou 60 que de son maximum [2].
13La pratique de la nomination in pectore prenait plus d’importance à certaines périodes qu’à d’autres. La limite supérieure du nombre de cardinaux s’appliquant aussi à ceux dont le nom restait caché, cela suppose que le groupe « nommé » était d’autant plus restreint que la population « cachée » était nombreuse. Le nombre de cardinaux in pectore s’accroissait lorsque le pape avait intérêt à dissimuler l’identité de plusieurs candidats, de façon à alimenter les espoirs des aspirants qui se sentaient proches de recevoir les honneurs et les inciter ainsi à se montrer accommodants (Broderick, 1987, p. 57). Retenir l’information n’était pas seulement un moyen de retarder la décision, mais surtout de la rendre dépendante de la bonne conduite des candidats dont le nombre excédait immanquablement celui des sièges disponibles. Cette pratique était adoptée fréquemment quand la pression politique s’avérait particulièrement forte.
14Le sous-effectif du Sacré collège était particulièrement marqué après le milieu du XVIIIe siècle où, dans le contexte des Lumières, l’Église était confrontée à un repositionnement général des valeurs au profit d’une société plus laïque, pendant que dans une autre perspective, l’émergence des doctrines jansénistes contestait certains des fondements du pouvoir séculier. Ce climat culturel a sans doute affecté le nombre de nominations de cardinaux, mais après la Révolution française, l’effectif du Sacré collège dépendait surtout des événements politiques. L’un des deux moments où le nombre de cardinaux fut le plus faible coïncide avec l’avènement de la République romaine (1798-1799), lorsque le pape fut forcé de s’installer hors de Rome et que sa destitution entraîna une réduction de la population de la ville (Schiavoni et Sonnino, 1982 ; Caravale et Caracciolo, 1978). Le deuxième moment se situe pendant la seconde guerre mondiale (Riccardi, 1993).
L’âge moyen des cardinaux offre une autre illustration des transformations démographiques du Sacré collège (figure 2). Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, l’âge moyen s’élève régulièrement, d’un peu plus de 50 ans à plus de 60 ans, avant de fortes fluctuations jusqu’au milieu du siècle suivant. On observe ensuite une période de relative stabilité pendant environ 50 ans, suivie de nouveaux accroissements à partir des années 1930.
Âge moyen des cardinaux du Sacré collège et âge moyen à l’élévation (nomination), 1585-1958
Âge moyen des cardinaux du Sacré collège et âge moyen à l’élévation (nomination), 1585-1958
Note : L’âge moyen à la nomination se réfère à l’âge des cardinaux l’année de leur désignation.15Divers facteurs peuvent avoir affecté l’âge moyen des cardinaux. Son augmentation au cours du XVIIe siècle marque en partie la fin progressive du recrutement de candidats jeunes (voire très jeunes), qui étaient souvent les futurs héritiers de grandes dynasties italiennes et européennes. Les fortes fluctuations entre le milieu du XVIIIe et le milieu du XIXe siècle se produisent à une période où l’âge à la nomination est stable. Ces « vagues » reflètent donc le fait que le remplacement des cardinaux les plus âgés par de plus jeunes était moins fréquent à une époque où l’effectif du Sacré collège était au plus bas. Leur atténuation après le milieu du XIXe siècle – l’âge moyen étant de l’ordre de 67-68 ans autour de 1900 – et la hausse de l’âge moyen à partir des années 1940 sont dues aux progrès de l’espérance de vie de l’ensemble de la population italienne et à l’augmentation de l’âge des cardinaux à leur nomination.
16La figure 3 présente la répartition des cardinaux selon leur lieu de naissance. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, environ 80 % des cardinaux étaient italiens. Un sensible recul suivit l’accession au trône papal en 1846 de Pie IX, qui nomma si peu d’Italiens, en particulier après la fin du pouvoir temporel de l’Église (1870), que leur proportion s’en trouva réduite à près de 50 %. L’annexion des États du pape par le royaume d’Italie ayant fait des Italiens des étrangers, citoyens d’un état hostile, on comprend que le pape ait choisi de réduire l’influence des cardinaux nés en Italie sur les affaires de l’Église (Broderick, 1987).
La proportion de cardinaux nés en Italie resta néanmoins proche de 50 % jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale. Le règne de Pie XII (1939-1958) marque le début d’une phase de croissance du nombre de cardinaux non-européens (Reinhard, 2000).
Proportion de cardinaux nés en Italie, 1585-1958
Proportion de cardinaux nés en Italie, 1585-1958
Note : L’année 1870 marque la fin du pouvoir temporel de l’Église.III – La mortalité des cardinaux
17Avec un effectif maximum de 70 cardinaux et bien que beaucoup d’entre eux soient âgés, le nombre annuel de décès n’a jamais dépassé 10, la moyenne étant de 3,9 pour l’ensemble de la période. L’étude de l’évolution au fil du temps nécessite cependant le calcul de taux bruts de mortalité, car le nombre de cardinaux est très variable. La population exposée au risque ne compte que les cardinaux en titre au moment de leur décès ; ceux qui avaient quitté la charge ou avaient été nommés pape, ne serait-ce qu’un jour avant, ont été exclus du numérateur. La même méthode a été utilisée pour la construction des tables de mortalité (détails en annexe).
18La figure 4 présente des données calculées à partir d’une moyenne mobile des taux bruts de mortalité sur 25 ans, de façon à faire apparaître une tendance ascendante jusqu’au début du XXe siècle. Cette évolution est en partie associée – à court comme à long terme – aux variations de l’âge moyen des cardinaux, une relation interrompue à la fin du XIXe siècle seulement, lorsque la baisse irrévocable de la mortalité commença à s’étendre à un contexte européen plus large.
Taux brut de mortalité, âge moyen des cardinaux et âge moyen au décès, 1585-1958 (moyennes mobiles sur 25 ans)
Taux brut de mortalité, âge moyen des cardinaux et âge moyen au décès, 1585-1958 (moyennes mobiles sur 25 ans)
Note : L’âge moyen au décès se réfère à l’âge des cardinaux l’année de leur décès.19Le taux de mortalité standardisé connaît une évolution beaucoup plus claire (figure 5) [3]. Il diminue sur le long terme, ce qui signifie que les accroissements du taux brut sont dus au vieillissement progressif de la population des cardinaux. Toutefois, même après élimination de ces effets structurels, il subsiste trois périodes importantes lors desquelles le recul de la mortalité s’interrompt : le troisième quart du XVIIIe siècle, le début puis la fin du XIXe siècle. Les première et troisième périodes sont des moments particulièrement difficiles dans l’histoire de l’Église catholique. La seconde moitié du XVIIIe siècle est marquée par un ralentissement du processus de renouvellement du Sacré collège, alors qu’un siècle plus tard il s’agit d’une modification profonde de sa composition par nationalité.
Taux brut standardisé de mortalité, 1585-1958 (moyenne mobile sur 25 ans)
Taux brut standardisé de mortalité, 1585-1958 (moyenne mobile sur 25 ans)
20Les épidémies ont très peu affecté la mortalité des cardinaux. Le très faible nombre annuel de décès rend certes fragile l’interprétation des mouvements de court terme, mais il n’y a guère de corrélation entre la mortalité des cardinaux et celle de la population de Rome, où vivaient la plupart des cardinaux [4]. Les cardinaux constituent un groupe sélectionné, sortant de l’ordinaire, composé essentiellement d’hommes âgés, peut-être protégés contre certaines causes de décès affectant le reste de la population.
21Le mouvement saisonnier des décès de cardinaux est de même type que celui de la population masculine âgée de la région du Latium (dont Rome est la capitale), et plus largement de l’ensemble de l’Italie : un maximum en hiver, un niveau moyen-haut en été (en particulier en août-septembre), des minima au printemps et à l’automne (figure 6). Avec les réserves qu’impose le nombre réduit d’observations, ce modèle ne semble pas se modifier au cours des quatre siècles étudiés.
Mouvement saisonnier des décès des cardinaux (1850-1900) et de la population masculine de la région du Latium âgée de 60 ans et plus (1873-1875)
Mouvement saisonnier des décès des cardinaux (1850-1900) et de la population masculine de la région du Latium âgée de 60 ans et plus (1873-1875)
22L’interprétation d’un taux brut de mortalité est évidemment difficile dans une population composée presque exclusivement d’adultes, en majorité âgés. Il est plus intéressant d’y mesurer l’espérance de vie à un âge donné. C’est ce que nous avons fait par période de 25 ans de 1575 à 1950. Nous pouvons ainsi rechercher des fluctuations de court terme et faire des comparaisons avec certaines populations européennes. L’essentiel des données disponibles pour les populations nationales passe par l’établissement de tables de mortalité transversales, par période d’observation. La figure 7 illustre l’évolution de l’espérance de vie des cardinaux à 60 ans, un âge proche des âges moyen et médian des membres du Sacré collège pour la période étudiée.
23On peut faire plusieurs observations. Entre 1575 et 1949, l’espérance de vie à 60 ans s’accroît significativement, passant de 8,5 ans (± 1,9 an) à 13,4 ans (± 1,8 an), l’accroissement moyen étant d’environ 1,3 an par siècle. Le rythme du progrès est irrégulier : à l’accroissement des premier et deuxième quarts du XVIIe siècle succède une relative stagnation jusqu’au début du XVIIIe siècle, puis une chute progressive qui, malgré une brutale inversion de tendance, amène un cardinal de 60 ans à espérer vivre environ 14,5 ans (± 1,8 an) au premier quart du XIXe siècle. Dans les 125 dernières années (de 1825 à 1949), non seulement il n’y a plus d’accroissement, mais l’espérance de vie régresse même par rapport au maximum de 1820-1824. Enfin, les indicateurs de 1775-1799 et 1875-1899 révèlent deux périodes « difficiles ».
Espérance de vie des cardinaux à 60 ans par période de 25 ans (1575-1950)
Espérance de vie des cardinaux à 60 ans par période de 25 ans (1575-1950)
Note : Les détails des calculs sont en annexe.Espérance de vie à 60 ans (e60) des cardinaux et de certaines populations masculines en Europe, 1755-1955
Espérance de vie à 60 ans (e60) des cardinaux et de certaines populations masculines en Europe, 1755-1955
24Le plus frappant est l’absence de tout progrès de l’espérance de vie à partir du deuxième quart du XIXe siècle, en contraste flagrant avec ce qui se passe dans le reste de l’Europe. La figure 8 le montre en représentant l’évolution de l’espérance de vie dans neuf populations masculines européennes entre les décennies 1750-1759 (Suède seulement) et 1950-1959. Les courbes de toutes ces populations (sauf la Finlande) sont croissantes depuis la fin du XIXe siècle, mais celle des cardinaux – qui utilise des valeurs moyennes sur des intervalles de 25 ans – échappe à cette tendance et, surtout, se situe en dessous de toutes les autres. L’écart est le plus fort avec la Norvège (près de 5 ans), mais il est aussi significatif avec l’Italie (environ 2 ans). L’espérance de vie des cardinaux est au même niveau que la plupart des populations européennes uniquement avant 1870.
Espérance de vie à 60 ans (e60) des cardinaux et de l’ensemble de la population en France, Angleterre, Italie et Suède, 1587-1955
Espérance de vie à 60 ans (e60) des cardinaux et de l’ensemble de la population en France, Angleterre, Italie et Suède, 1587-1955
25Les cardinaux n’ont donc pas participé à la baisse importante de la mortalité qui a commencé à bénéficier aux âges élevés à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Cette situation correspond à celle de l’ensemble de la population anglaise, seul exemple disponible – quoique fondé sur un échantillon – d’évolution de l’espérance de vie à 60 ans depuis le milieu du XVIIe siècle (figure 9). Ces données concernent la population anglaise (hommes et femmes) dans son ensemble jusqu’en 1810, puis la population masculine et la population générale de 1840 à 1960. Sur le graphique figurent aussi les valeurs de l’espérance de vie à 60 ans par intervalle de 10 ans pour la Suède (depuis 1750), la France (depuis 1805) et l’Italie (depuis 1872). Les deux premières séries ont été choisies à la fois pour leur portée historique et leur divergence pendant la transition ; les résultats italiens, malgré leur brièveté, sont particulièrement pertinents du fait que la plupart des cardinaux, non seulement étaient à une écrasante majorité italiens, mais vivaient habituellement à Rome.
26Ce qui est frappant est la moindre espérance de vie des cardinaux depuis le début du XIXe siècle ainsi que le prix élevé payé par les cardinaux en termes de longévité dans le dernier quart du XVIIIe siècle, un recul partagé dans une certaine mesure avec les populations anglaise et suédoise. Durant la période la plus ancienne, les cardinaux ne paraissent pas avoir bénéficié d’avantages (au moins en matière d’espérance de vie) sur la population anglaise dans son ensemble, dont la fraction masculine n’était sans doute pas affectée par la même surmortalité que celle observée à partir du milieu du XIXe siècle (Wrigley et al., 1997, p. 305-306).
Plusieurs observations sont donc confirmées :
- Les cardinaux n’ont pas bénéficié du recul général de la mortalité qu’a connu l’Europe à partir de la seconde moitié du XIXe siècle.
- Les cardinaux ont traversé une période défavorable vers la fin du XVIIIe siècle, et une autre, moins marquée, vers la fin du XIXe siècle, période d’augmentation forte de l’espérance de vie à 60 ans dans le reste de l’Europe (en particulier le Nord).
- L’espérance de vie d’un cardinal de 60 ans, bien qu’elle ait stagné entre 1630 et 1770 ou entre 1830 et 1940, n’était pas supérieure à celle d’un villageois anglais ordinaire aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Il y a cependant des différences importantes entre les groupes religieux. Au sein du clergé régulier, par exemple, l’écart des espérances de vie est important entre les Bénédictins, qui vivaient dans des monastères, et les Jésuites en contact étroit avec la société. Quant au clergé séculier, son espérance de vie était en tout point semblable à celle des communautés locales dans lesquelles ils travaillaient et étaient, dans une certaine mesure, immergés, tout comme les évêques d’Amérique latine ou de France aux époques moderne et contemporaine (Gutierrez, 1986 ; Houdaille, 1980). Il semble que les cardinaux soient plus proches des religieux « exposés au risque » comme les Jésuites ou les missionnaires, dont l’espérance de vie était inférieure à celle de la population générale (Salvini, 1979 ; Boldrini et Uggé, 1926), que des ordres monastiques, qui bénéficiaient pour la plupart d’une vie plus calme et plus longue.
IV – Discussion – Conclusion
28Pour interpréter les caractéristiques de la mortalité des cardinaux, il est bon de prendre en compte le contexte culturel et politique dans lequel les espérances de vie ont chuté, en particulier pendant le dernier quart du XVIIIe siècle et la seconde moitié du XIXe siècle. La première période coïncide avec la Révolution française et l’imposition de l’autorité napoléonienne sur la péninsule, quand, après la déposition du pape Pie VI comme souverain temporel (1798), la capitale de la chrétienté devint territoire hostile, des cardinaux furent emprisonnés et le pape mourut en captivité. La seconde recouvre largement la période du Risorgimento, durant laquelle les États pontificaux furent constamment sous pression, d’abord du fait du royaume de Sardaigne, puis de celui d’Italie. En 1848, le pape et de nombreux cardinaux durent chercher refuge à Gaeta à cause du climat insurrectionnel qui conduisit à la création de la république de Rome. En 1859, un grand nombre des territoires papaux furent annexés au royaume de Sardaigne, et le pouvoir temporel de l’Église définitivement suspendu en 1870 (Zizola, 2005). Toutefois, malgré le poids vraisemblable de ces facteurs, il reste difficile de justifier, pour les autres périodes, le bas niveau de l’espérance de vie d’un groupe aussi sélectionné.
29Les cardinaux constituent une sous-population urbaine, dont la plupart des membres vivent dans la même ville, Rome. Leur espérance de vie relativement faible peut donc être rapprochée des fortes mortalités urbaines. En plus des mauvaises conditions hygiéniques et sanitaires caractéristiques d’une grande agglomération, Rome était entourée jusqu’au début du XXe siècle de vastes marécages, expliquant l’importance de la malaria comme cause de décès de ses habitants (Corti, 1987). Le pape Urbain VII en fut victime (Benzoni, 2000). On sait par ailleurs que la malaria cause un nombre élevé de décès, surtout parmi la population âgée.
30L’espérance de vie des cardinaux décédés à Rome n’était cependant pas plus courte que celle de cardinaux morts hors de Rome. Il existe donc sans doute d’autres facteurs, peut-être rattachés à d’autres caractéristiques de ce groupe particulier.
31Franco Savorgnan attribue la longévité des groupes religieux à leur « quiétude spirituelle » ainsi qu’à la « régularité de leurs habitudes quotidiennes […], leur sobriété, leur modération » (Savorgnan, 1940, p. 19). Si les cardinaux présentaient un risque relativement élevé de décéder, c’est donc peut-être que leur style de vie était moins sobre et modéré que celui du reste de la population masculine. Il est cependant toujours dangereux de généraliser à partir de cas individuels et il serait difficile de démontrer que le mode de vie des cardinaux était moins « vertueux » que celui des laïcs.
32Des études antérieures ont souvent montré que les élites bénéficiaient d’une espérance de vie supérieure à la moyenne (Vedrenne-Villeneuve, 1961 ; Perrenoud, 1975 ; Hollingsworth, 1977 ; Blum et al., 1990). Ces différences étaient déterminées dès l’enfance et le début de l’âge adulte : par exemple, l’écart de 7 ans entre l’espérance de vie de la noblesse anglaise et celle de la population générale trouve son origine presque entièrement dans les premières années de vie (Hollingsworth, 1977, p. 342). C’est encore plus visible à Genève au XVIIe siècle, puisque l’écart des espérances de vie à la naissance entre les classes les plus pauvres et les plus riches atteint 17 ans (Perrenoud, 1975, p. 238). Bien sûr, ce type d’observation ne peut pas concerner les cardinaux qui étaient désignés par nomination et à un âge généralement tardif. Cependant, le fait que la grande majorité des cardinaux appartenait à des familles fortunées, situation certainement bénéfique à leur espérance de vie, nous conduit à penser que leur longévité réduite reflétait des conditions postérieures à leur nomination. Peut-être que pour certains, le titre était une « récompense » accordée par le pape à des individus méritants, mais aussi de santé fragile. La mortalité des années immédiatement postérieures à la nomination ne corrobore toutefois pas cette hypothèse.
33Les cardinaux ne sont pas les seuls exemples de ce phénomène. À certains âges, des élites peuvent perdre l’avantage qu’elles avaient jusqu’alors en termes de mortalité : c’est le cas des pairs anglais à l’âge adulte, dont l’espérance de vie est tombée au-dessous de celle de la population générale alors qu’ils combattaient au service de la couronne. Mais on ne peut pas toujours identifier ces facteurs défavorables. Le degré d’exposition à certains risques pour un individu qui rejoignait l’élite à un âge donné pouvait être modifié du fait d’une protection accrue à compter de son accession au groupe. On a l’exemple, à l’époque moderne, d’avocats écossais – fonction héréditaire, mais de niveau socioéconomique modeste par rapport aux nobles ou hauts dignitaires de l’église – dont l’espérance de vie ne devenait supérieure à celle du reste de la population qu’à un âge avancé. Ceci semble avoir été dû à des habitudes propres à leur classe sociale d’origine (déplacements fréquents, résidence urbaine, vie étudiante dissipée), susceptibles d’éliminer les plus faibles et de renforcer les survivants (Houston, 1992, p. 54). On peut faire l’hypothèse inverse pour les cardinaux qui, bien qu’issus d’une classe très protégée, perdaient en partie cet avantage du fait des charges de leur nouvelle fonction [6].
34Nous pouvons donc identifier quatre caractéristiques partagées par presque tous les cardinaux qui pourraient avoir contribué au faible niveau de leur espérance de vie :
35• Les cardinaux exerçaient un pouvoir important et ne manquaient donc pas d’ennemis, ce qui les exposait à un risque élevé de mort violente. C’était particulièrement vrai lors de certaines périodes, pendant lesquelles les cardinaux étaient l’objet de tentatives d’assassinat ou victimes de complots ourdis par eux-mêmes ou par d’autres. L’empoisonnement était courant aux XVe et XVIe siècles (hors de notre période d’étude) et suspecté d’être la cause de décès d’une dizaine de cardinaux. Ce n’était évidemment pas le seul mode d’assassinat, et des morts apparemment naturelles ont peut-être dissimulé des morts violentes. Ceux qui échappaient à des attentats en gardaient parfois des blessures qui raccourcissaient certainement leur existence [7].
36• La carrière ecclésiastique jusqu’à l’élévation à la pourpre cardinalice était généralement réservée à des familles riches ou à des individus dotés d’un pouvoir reconnu. Dans les deux cas, l’accès à une position aussi éminente nécessitait un patrimoine aristocratique familial ou, pour les moins fortunés, une accumulation de relations construites au fil du temps avec des gens influents. La formation ou l’entretien de telles relations au sein de la haute société impliquaient des déplacements longs et fréquents, et le chemin conduisant au cardinalat comportait de nombreuses étapes, non seulement en termes de fonctions mais aussi de lieux spécifiques. La biographie d’un cardinal, quelle que soit sa renommée, montre des études dans diverses écoles et universités à travers le monde. Les missions diplomatiques étaient également fréquentes, certaines en tant que nonce papal dans des capitales européennes, d’autres pour remplir des objectifs précis, ou encore en début de carrière, au service de nobles ou de hauts prélats de l’Église.
37• Même ceux qui menaient une vie plus sédentaire après leur nomination ne restaient pas toujours dans la même ville. Bien que résidant la plupart du temps à Rome, il leur fallait souvent voyager, en partie pour satisfaire à leurs obligations de hauts dignitaires. L’élection du pape contraignait également certains électeurs à des voyages longs et parfois très pénibles. La forte mobilité des cardinaux peut avoir eu des répercussions sur leur survie, à cause de l’inconfort des voyages, y compris de courte distance jusque récemment, et du fait des dangers réels qu’il fallait parfois affronter.
38• La journée des cardinaux comportait généralement de nombreuses rencontres et obligations avec des amis, compagnons, subordonnés, mendiants, etc., qui étaient tous astreints au baiser rituel de l’anneau. Ces contacts en face-à-face accroissaient sans doute, dans une proportion évidemment non quantifiable, le risque de contracter certaines maladies contagieuses et ont probablement contribué au décès de certains d’entre eux.
39• Des auteurs suggèrent aussi que la mortalité élevée de certaines élites pourrait être due aux excès alimentaires. Le régime d’un cardinal était certainement plus riche et plus abondant que la moyenne, et sans doute ni sain ni équilibré ; c’était vrai de nombreux autres religieux, dont par exemple les moines bénédictins de l’abbaye de Canterbury (Hatcher, 1986, p. 34). Les anecdotes fourmillent sur les habitudes alimentaires du clergé, en particulier le clergé régulier, mais il subsiste des doutes sur les répercussions que cela aurait pu avoir sur leur mortalité (Livi Bacci, 1989, p. 108).
En conclusion, il semble que les particularismes de la mortalité des cardinaux tiennent à des risques associés à leurs comportements et leur style de vie. Les périodes lors desquelles on observe les espérances de vie les plus faibles coïncident avec celles qui sont les plus difficiles pour l’Église d’un point de vue politique. Les cardinaux furent néanmoins pénalisés en termes de longévité tout au long des XVIIIe et XIXe siècles, et c’est seulement à partir des années 1930 que leur espérance de vie commença réellement à progresser, se rapprochant de celle de la population générale.
Ce retard reflète probablement l’exposition à des facteurs de risque différents de ceux auxquels est confronté l’ensemble de la population. Les améliorations du niveau de vie des populations européennes jusqu’à la fin du XIXe siècle proviennent davantage de la sphère socioéconomique que de la santé et l’hygiène publique. Les cardinaux n’ont connu d’amélioration de leur espérance de vie et n’ont rejoint le reste de la population sur ce point que lorsqu’ils ont pu tirer bénéfice de ces progrès – dans la vie de cour, les transports et la médecine – réduisant ainsi les facteurs de risque spécifiques auxquels ils étaient jusqu’alors exposés.
Calcul de l’espérance de vie
40Pour construire les tables de mortalité des cardinaux, il faut tenir compte de certaines caractéristiques propres à cette population :
- la faible taille du groupe (maximum 70) ;
- l’admission dans le groupe à un âge relativement avancé (en moyenne 55,4 ans) ;
- l’admission dans le groupe uniquement par nomination (comparable à une immigration) ;
- le départ du groupe non seulement en cas de décès, mais aussi d’élection comme pape ou de renonciation au titre (3,7 % de l’effectif total, comparable à une émigration) ;
- la relative brièveté de la durée d’appartenance au groupe (en moyenne 15,4 ans).
41Pour que des comparaisons soient possibles avec d’autres populations, les tables ont été construites par période de décès. L’espérance de vie a été calculée dans des tables couvrant 25 années consécutives. Sur chacun de ces intervalles, les probabilités de décès ont été calculées par année d’âge.
42Dans le calcul des probabilités de décès, le numérateur est le nombre de décès sur une période de 25 ans à chaque âge. Le dénominateur est le nombre de cardinaux en poste au début de chaque année plus les fractions d’année en poste de ceux nommés en cours d’année ou qui ont perdu leur titre avant la fin d’année. D’un point de vue théorique, les cardinaux accédant à leur fonction par nomination et la perdant par renoncement, démission ou élévation au trône papal, les admissions et départs du groupe (hors décès) peuvent être traités comme des immigrations et des émigrations.
43Cette méthode nous a permis de maintenir la cohérence entre numérateur et dénominateur dans le calcul des probabilités. Le dénominateur s’étant avéré toujours supérieur ou égal au numérateur, l’égalité q?-1 = 1 est toujours respectée.
44Nous ne pouvons cependant pas exclure certains biais. En nous référant au diagramme de Lexis, nous pouvons écrire que la probabilité de décès à l’âge x et au temps t est comprise entre ABEF/AB et BCDE/BC.
45Choisir l’une des deux mesures pourrait biaiser le calcul de l’espérance de vie, qui serait inférieure ou supérieure à la réalité de quelques mois. Pour en tenir compte, nous avons établi deux tables de mortalité pour chaque période de 25 ans, et l’espérance de vie à 60 ans est la moyenne arithmétique entre les valeurs des deux tables.
46Une autre méthode transversale consiste à calculer des probabilités par génération. Les résultats sont à peu près identiques. Il y a là aussi une erreur mineure due au fait que, dans les intervalles de 25 ans, il manque les décès du triangle en bas à gauche pour la première des 25 années, alors que sont ajoutés les décès du triangle en haut à droite de la 26e année. Cette seconde méthode a été rejetée au profit de la première pour que la période de 25 ans soit parfaitement respectée.
Références
- Benzoni Gino, 2000, « Urbano VII », Enciclopedia dei Papi, Roma, Istituto della Enciclopedia Italiana, vol. III, p. 222-230.
- Biraben Jean-Noël, 1977, « La mortalité des évêques siégeant entre 1220 et 1458 sur le territoire actuel de la France », Population, Numéro spécial, p. 467-480.
- Blum Alain, Houdaille Jacques, Lamouche Marc, 1989, « Éléments sur la mortalité différentielle à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle », Population, 44(1), p. 29-53.
- Boldrini Marcello, Uggè Albino, 1926, La mortalità dei missionari, Milano, Vita e Pensiero, 62 p.
- Broderick John F., 1987, « The Sacred College of Cardinals: Size and geographical composition (1099-1986) », Archivum Historiae Pontificiae, 25, p. 7-71.
- Caravale Mario, Caracciolo Alberto, 1978, « Lo Stato pontificio da Martino V a Pio IX », Storia d’Italia, Vol. XIV, Torino, Utet, 796 p.
- Cardia Carlo, 1993, Il governo della Chiesa, Bologna, Il Mulino, 301 p.
- Castiglioni Pietro, 1878, Della popolazione di Roma dalle origini ai nostri tempi, Roma, Tipografia Elzeviriania nel Ministero delle Finanze, 210 p.
- Corti Paola, 1987, « La malaria nell’agro romano e pontino dell’Ottocento », Sanità e società, Udine, Casamassima, vol. II, p. 283-324.
- Davis Virginia, 1998, « Medieval longevity: The experience of members of religious orders in late medieval England », Medieval Prosopography, 19, p. 111-124.
- Flannelly Kevin J., Weaver Andrew J., Larson David B., Koenig Harold G., 2002, « A review of mortality research on clergy and other religious professionals », Journal of Religion and Health, 41(1), p. 57-68.
- Gutierrez Hector, 1986, « La mortalité des évêques latino-americains au XVIIe et XVIIIe siècles », Annales de démographie historique, p. 29-39.
- Harvey Barbara, 1993, Living and Dying in England 1100-1540. The Monastic Experience, Oxford, Claredon Press, 291 p.
- Hatcher John, 1986, « Mortality in the fifteenth century: Some new evidence », The Economic History Review, 39(1), p. 19-38.
- Hollingsworth Thomas H., 1975, « A note on the medieval longevity of the secular peerage 1350-1500 », Population Studies, 29(1), p. 155-159.
- Hollingsworth Thomas H., 1977, « Mortality in the British peerage families since 1600 », Population, 32, Numéro spécial, p. 323-352.
- Houdaille Jacques, 1970, « La mortalité de la noblesse de robe à Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles », Population, 25(3), p. 637-641.
- Houdaille Jacques, 1980, « Mortalité dans divers groupes de notables du XVIIe au XIXe siècles », Population, 35(4-5), p. 966-968.
- Houdaille Jacques, 1989, « La noblesse française 1600-1900 », Population, 44(3), p. 501-513.
- Houston Richard A., 1992, « Mortality in early modern Scotland: The life-expectancy of advocates », Continuity and Change, 7(1), p. 47-69.
- Houston Richard A., 1995, « Writers to the signet: Estimates of adult mortality in Scotland from the 16th to the 19th century », Social History of Medicine, 8(1), p. 37-53.
- Houston Richard A., Prest Wilfred A., 1995, « “To die in the term”: The mortality of English barristers », Journal of Interdisciplinary History, 26(2), p. 233-249.
- Jonker Marianne A., 2003, « Estimation of life expectancy in the Middle Ages », Journal of the Royal Statistical Society, Series A (Statistics in Society), 166(1), p. 105-117.
- King Haitung, Bailar John C., 1969, « The health of the clergy: A review of demographic literature », Demography, 6(1), p. 27-43.
- Le Bras Hervé, Dinet Dominique, 1980, « Mortalité des laïcs et mortalité des religieux : les Bénédictins de Saint-Maur aux XVIIe et XVIIIe siècles », Population, 35(2), p. 347-384.
- Levin Jeffrey S., 1996, « How religion influences morbidity and health: Reflections on natural history, salutogenesis and host resistance », Social Science & Medicine, 43(5), p. 849-864.
- Livi Bacci Massimo, 1989, Popolazione e alimentazione. Saggio sulla storia demografica europea, Bologna, Il Mulino, 180 p.
- MAIC, 1873-1875, Popolazione e Movimento dello stato civile, Ministero dell’Agricoltura, Industria e Commercio, Roma, volumi annuali.
- Perrenoud Alfred, 1975, « L’inégalité sociale devant la mort à Genève au XVIIe siècle », Population, 30, Numéro spécial, p. 221-243.
- Reinhard Wolfgang, 2000, « Le carriere papali e cardinalizie. Contributo alla storia sociale del papato », in Fiorani Luigi, Prosperi Adriano (a cura di), Roma, la città del papa. Vita civile e religiosa dal giubileo di Bonifacio VIII al giubileo di papa Woitila, p. 261-290.
- Riccardi Andrea, 1993, Il potere del papa. Da Pio XII a Giovanni Paolo II, Roma-Bari, Laterza, 446 p.
- Rosa Mario, 1979, « Curia romana e pensioni ecclesiastiche, secoli XVI-XVIII », Quaderni Storici, 14(3), p. 1015-1055.
- Salvini Silvana, 1979, « La mortalità dei gesuiti in Italia nei secoli XVI e XVII », Firenze, Quaderni del Dipartimento Statistico, 3, 26 p.
- Savorgnan Franco, 1940, « Studi di microstatistica », Annali di Statistica, s. VII, 6, p. 5-43.
- Schiavoni Claudio, Sonnino Eugenio, 1982, « Aspects généraux de l’évolution démographique à Rome : 1598-1824 », Annales de démographie historique, p. 91-109.
- Sonnino Eugenio, 1998, « Popolazione e territori parrocchiali a Roma dalla fine del’ 500 all’unificazione », in Sonnino Eugenio (a cura di), Popolazione e società a Roma dal medioevo all’età contemporanea, Roma, Il Calamo, p. 92-111.
- Vandenbroucke Jan P., 1985, « Survival and expectation of life from the 1400’s to the present. A study of the knighthood order of the golden fleece », American Journal of Epidemiology, 122(6), p. 1007-1015.
- Vedrenne-Villeneuve Edmonde, 1961, « L’inégalité sociale devant la mort dans la première moitié du XIXe siècle », Population, 16(4), p. 665-698.
- Wrigley E. Anthony, Davies Ros S, Oeppen Jim E., Schofield Roger S., 1997, English Population History from Family Reconstitution, 1580-1837, Cambridge, Cambridge University Press, 657 p.
- Zizola Giancarlo, 2005, Il Conclave. Storia e segreti, Roma, Newton Compton, 422 p.
- Zhao Zhongwei, 1997, « Long-term mortality patterns in Chinese history: Evidence from recorded clan population », Population Studies, 51(2), p. 117-127.
Mots-clés éditeurs : mortalité, XVIe-XXe siècles, cardinaux, espérance de vie à 60 ans, religion
Date de mise en ligne : 16/05/2011
https://doi.org/10.3917/popu.1004.0731Notes
-
[1]
Salvador Miranda a été directeur de la gestion des collections à la bibliothèque de l’Université internationale de Floride à Miami. Le site (http://www.fiu.edu/~mirandas/cardinals.htm) est recommandé par certaines des institutions culturelles les plus importantes du web. Des recherches approfondies ont toutes confirmé la grande précision et la validité de cette source.
-
[2]
L’effectif moyen du Sacré collège était de 58,3 cardinaux en 1751-1800, 55,3 en 1801-1850, et 60,0 en 1851-1900.
-
[3]
Pour standardiser les taux, nous utilisons une structure par âge type : la population moyenne des cardinaux entre 1585 et 1958.
-
[4]
Par exemple, aucun pic de mortalité n’a été décelé chez les cardinaux lors de certaines épidémies bien connues, comme celle de choléra en 1837 (Castiglioni, 1878 ; Sonnino, 1998).
-
[5]
Les résultats de Savorgnan portent sur les cardinaux « qui étaient membres du Sacré collège le 1er janvier 1845 et ceux qui le sont devenus ensuite jusqu’au 13 mars 1868, et qui étaient nés avant 1810 ». Les niveaux de mortalité ne sont donc relatifs ni à une cohorte, ni à une période. Dans ces conditions, les résultats sous-estiment les taux de mortalité.
-
[6]
Ceci semble contredire ce que nous savons des risques affectant la mortalité des représentants religieux en général, dans la mesure où les futurs cardinaux pouvaient avoir été exposés à certains de ces risques avant même leur nomination. Mais nous ne pouvons évidemment pas apprécier la mortalité encourue par ceux qui n’appartenaient pas encore au groupe étudié.
-
[7]
De nombreuses victimes de mort violente due à des changements au sommet de l’Église ont déjà été exclues du numérateur dans nos calculs, dans la mesure où ils avaient souvent été démis de leur titre avant leur exécution.