Notes
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[*]
Certaines des données empiriques de cet article sont reprises de : Kitagawa F. ( 2004) « Universities and Regional Advantage : Higher Education and Innovation Policies in English Regions » in European Planning Studies, Vol. 12, N° 6, septembre 2004, pp. 835-852. »
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[1]
Il faut noter que, par suite du processus de déconcentration mis en œuvre au Royaume-Uni, les situations sont très différentes en Écosse, au pays de Galles, en Irlande du Nord et en Angleterre qui n’ont ni les m êm es organism es de financement ni les mêmes politiques de l’enseignement supérieur. En Écosse, l’Intermediary Technology Institute a été mis en place en 2003 afin d’établir des liens solides entre les universités et Scottish Enterprise, l’organism e chargé du développement. Cet article s’intéresse au processus de « régionalisation » engagé en Angleterre, les politiques nationales du Royaume-Uni étant examinées lorsqu’il y a lieu.
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[2]
Les données empiriques sur les mécanismes régissant la collaboration entre les universités et leurs partenaires régionaux ont été recueillies entre octobre 2000 et juin 2003, alors que l’auteur était étudiant en doctorat au Centre for Urban and Regional Studies, School of Public Policy, de l’Université de Birmingham. Aux fins de cet exposé, dans l’optique du système d’enseignement supérieur britannique, les termes « universités » et « établissem ents d’enseignement supérieur » sont employés plus ou moins comme synonymes, sauf indication contraire.
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[3]
Un certain nombre de pays comme la Norvège, l’Australie, la Finlande, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et, dans une certaine mesure, le Japon, s’appuient depuis longtemps sur les universités pour mettre en œuvre des mesures de politique régionale. Il s’agit souvent de maintenir l’équité entre les régions dans l’offre de services, mais les dispositions prises à cette fin ont eu indirectement pour effet d’assurer une répartition beaucoup plus égale des activités de recherche-développem ent que dans le secteur des entreprises et le secteur public (Benneworth et Charles, 2004). Jusqu’à une date relativement récente, une grande part des publications concernant la contribution concrète des universités à la compétitivité économique ont essentiellement traité deux questions de portée assez restreinte, à savoir soit « l’analyse économétrique du multiplicateur associé aux dépenses consacrées au personnel universitaire et aux étudiants dans l’économie locale », soit le rôle des universités dans le « transfert de technologie » entre leurs départements techniques et des utilisateurs de l’industrie et d’ailleurs. La seconde renvoie souvent aux entreprises issues de la recherche universitaire et à la création de parcs scientifiques.
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[4]
L’« essaimage » représente désormais une activité importante des universités : d’après les chiffres de l’Association of University Technology Managers (AUTM), les universités des Etats-Unis ont créé environ 500 entreprises en 2001 (AUTM, 2003). En 2000, les entreprises issues de la recherche universitaire ont été au nombre de 199 au Royaume-Uni (HEFCE, 2001). En Australie, il y en a eu 47 (ARC, 2000). D’après Benneworth et Charles, 2004.
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[5]
Par exemple, les services fournis par la Fondation Steinbeis dans le Bade-Wurtemberg, en Allemagne, offrent un exemple de bonnes pratiques (Hassink, 1996, cité par Lorenzen, 2001 : 177). De grandes entreprises utilisent avec profit les services de la Société Fraunhofer et passent ainsi des contrats avec ses instituts de recherche industrielle spécialisés dans les applications technologiques, ainsi qu’avec les instituts de recherche fondamentale Max-Planck et les universités. Les PME font quant à elles largement appel aux activités de transfert de technologie de la Fondation Steinbeis, aux cham bres de com merce et d’industrie et aux organismes de conseil pour résoudre des problèmes liés à l’innovation.
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[6]
Cependant, l’incidence globale du fonctionnement du marché du travail sur le dynamisme technologique et organisationnel, notamment des établissements d’enseignement supérieur, reste à étudier. L’importance du fonctionnement du marché du travail local va au-delà de la seule efficacité des opérations visant à mettre en adéquation l’offre et la demande de main-d’oeuvre. C’est notamment à travers les déplacem ents des travailleurs et des étudiants que s’effectue le transfert des connaissances et de l’expérience. Ce lien entre la structure du m arché du travail et les m écanism es de l’innovation et de l’évolution technologique, n’a pas été examiné (Angel, 2000, p. 127-128).
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[7]
Après son arrivée au pouvoir, le New Labour a mis en œuvre un programme de déconcentration et de régionalisation qui a conduit à une refonte totale de la politique et de l’administration territoriales au Royaume-Uni.
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[8]
Le Science Enterprise Challenge, initiative nationale ayant des prolongements au niveau régional qui a été prise en février 1999 par le Department of Trade and Industry (DTI) (ministère du Commerce et de l’Industrie) en vue de promouvoir l’entreprenariat, est destiné à encourager le transfert des innovations scientifiques et technologiques réalisées dans l’enseignement supérieur vers le secteur des entreprises. Plusieurs Science Enterprise Centres (SEC) ont constitué des groupements d’universités dans les régions avec le soutien des agences de développement régional (RDA), et offrent divers services dont une formation à la création d’entreprises dispensée dans les universités.
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[9]
Le Rapport Dearing sur l’enseignement supérieur a souligné l’importance de la coopération régionale pour améliorer l’efficacité des universités et les rendre plus réceptives aux besoins régionaux. Depuis la fin 1997, le HEFCE emploie dans chacune des régions de l’Angleterre un conseiller régional dont la mission est entre autres d’assurer la coordination avec les agences de développement régional et les « government offices » (chacune des neuf régions possède un de ces « bureaux administratifs ») pour la détermination des montants qui doivent être alloués par le HEFCE.
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[10]
Lord Dearing, discours inaugural annuel du Higher Education Policy Institute (HEPI), 18 février 2003 http :// www. hepi. ac. uk/ lecture/ text. doc, mise en ligne le 24/02/03.
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[11]
L’OST va intégrer les sommes destinées aux Science Entreprise Centres et au dispositif University Challenge dans les ressources de l’HEIF qui passeront à 90 millions de livres par an en 2005-2006.
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[12]
S’agissant des activités de recherche, il est important de noter qu’à l’exception partielle du Fonds européen de développem ent régional (FEDR), il n’y a en Angleterre pratiquement pas de crédits de recherche disponibles dans le cadre de dispositifs de portée régionale. Les universités ont exprimé leur inquiétude face à la perspective de voir les fonds destinés aux travaux de recherche utiles aux entreprises distribués par l’intermédiaire des agences de développement régional, en raison du manque de moyens et d’expérience de ces dernières.
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[13]
Dans tout le pays, il existe un certain nombre de partenariats au niveau infrarégional dont les universités sont les principaux acteurs. La région des West Midlands, par exemple, en compte plusieurs cas notables. Les universités de Warwick et de Coventry ont développé au fil des ans des relations de coopération avec les autorités locales et font ainsi partie des Coventry, Solihull and Warwickshire Partnerships (CSWP). Citons également la collaboration instaurée entre l’université de Keele et l’université du Staffordshire pour la revitalisation et le développement économique du North Staffordshire.
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[14]
Une distinction doit aussi être faite entre retombées et résultats (par exemple, nombre de sociétés créées, de concessions de licences).
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[15]
En 1999 et 2000, le HEFCE a encouragé la formation d’associations régionales en offrant des crédits de lancement de faible montant, et toutes les régions de l’Angleterre en ont mis sur pied. Dans la région du Yorkshire et Humber et dans celle du Nord-Est, ces associations sont antérieures à 1999. Le nom bre d’établissements d’enseignement supérieur dans les régions de l’Angleterre va de six dans le Nord-Est à plus de 40 dans le Grand Londres. Voir l’annexe.
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[16]
Les sociétés multinationales sont souvent considérées comme d’importantes sources de connaissances pour les régions. A travers la coopération intergouvernementale, l’Union européenne est l’un des principaux « animateurs » des politiques concernant la recherche, l’innovation au niveau régional, ainsi que l’enseignement et la formation, rôle qu’elle joue en procédant à des évaluations comparatives, en m enant des actions de sensibilisation, en encourageant l’échange de bonnes pratiques, etc. Plusieurs régions de l’Angleterre ont ouvert des bureaux à Bruxelles en vue de se procurer des ressources au niveau européen, ce qui influe sur les fonds disponibles pour les établissements d’enseignement supérieur et leurs partenaires tant au niveau régional qu’au niveau transrégional. S’agissant des liens avec le monde des entreprises à l’échelle internationale, la région du Sud-Est se caractérise par le fait qu’elle se positionne dans l’économie mondiale du savoir en menant des activités d’étalonnage international et en entretenant des relations avec des sociétés multinationales.
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[17]
Réalisé sous l’égide du HEIF, Spinner est un projet qui associe huit universités de la région et est financé à hauteur de 7.5 millions de livres par des fonds du HEFCE et d’Advantage West Midlands, l’agence de développement régional. Spinner vise à faire passer le nombre d’entreprises issues de la recherche universitaire dans les West Midlands de 10 à 27 par an d’ici à 2005. Deux des huit universités, à savoir celles de Warwick et de Birmingham, ont une grande expérience du transfert de technologie, et avaient créé 19 entreprises avant 2002. Les autres universités n’en comptent en revanche qu’une seule à elles six. Dans le cadre de ce projet est mis en place un réseau de 16 directeurs du développement des entreprises pour les huit universités, Warwick et Birmingham assurant une formation aux méthodes les plus récentes de transfert de technologie et de création d’entreprises, ainsi que le soutien y afférent. Pour l’heure, 50 « proto-sociétés » se sont portées candidates avec succès. Les huit universités, dont plusieurs étaient auparavant inactives dans le domaine de la création d’entreprises, ont contribué à la constitution de ce total. Voir Ederyn Williams – « Spinner Project » hhttp :// www. unisdirect. com/ conference/ programme/abstracts/ederyn_williams.html mise en ligne le 05/02/03.
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[18]
En ce qui concerne le financement public de la R-D, en 2000, Londres et le Sud-Est ont reçu 49 % des fonds provenant directement de l’État; c’est à ces deux régions que vont 47 % du financem ent de la R-D assuré par l’interm édiaire de l’enseignement supérieur.
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[19]
« Je pense que ces conseils peuvent jouer un rôle majeur en reliant les universités à l’industrie dans les régions et en créant les meilleures conditions possibles pour les groupements locaux d’entreprises, aussi nous encourageons maintenant d’autres régions à mettre sur pied des organismes similaires » (LordSainsbury, 2003 ; citation traduite pour les besoins du présent exposé). http :// www. unisdirect. com/ conference/ programme/ presentations/ Lord_Sainsbury. pdf mise en ligne le 06/02/03.
Introduction [*]
1Depuis quelques années, les responsables politiques de nombreux pays voient dans les universités le socle du développement des connaissances indispensables à l’économie du savoir (ex., OCDE, 1996 ; pour le Royaume-Uni, voir DTI, 1998 ; DTI/DfES, 2001 ; DfES, 2003 ; Porter et Ketels, 2003). Dans beaucoup de pays, le gouvernement a reconnu le rôle fondamental que les universités jouent dans l’économie car elles constituent un puissant moteur de l’innovation et du changement économique. Le débat sur ce sujet se déroule avec pour toile de fond le constat selon lequel la production de connaissances et la contribution de ces établissements au développement de l’économie ainsi que du prestige et de l’influence des pays, sont en train de transformer rapidement un système d’enseignement supérieur autrefois désintéressé en un marché concurrentiel. Comme à cela s’ajoutent les sentiments mêlés de la population vis-à-vis des dépenses publiques et la pression des facteurs qui poussent à élargir l’accès à l’enseignement supérieur, les gouvernements se demandent si les modes actuels d’organisation et de financement de ce secteur sont appropriés et viables (Hazelkorn, 2003). La question se pose de savoir si le financement de la recherche doit être réparti équitablement entre des établissements nombreux, ou si seul un petit nombre d’entre eux doit se concentrer sur la recherche tandis que les autres privilégieront l’enseignement et la formation. Le « cœur du problème », comme l’affirme B. Clark ( 2001, p. 9), c’est la façon dont les universités réagissent aux nombreuses forces qui s’exercent sur elles et comment, à leur tour, elles façonnent ces forces. L’accent mis actuellement sur le rôle économique des universités peut offrir à certaines d’entre elles l’occasion d’accroître leur « avantage cumulatif » par une réforme de la logique qui les régit et de leur mode d’organisation (Owen-Smith, 2003, p. 1082). Des concepts comme celui de l’université « entrepreneuriale » ou « innovante » servent à caractériser les établissements qui prospèrent dans ce nouvel environnement et nourrissent des ambitions de plus en plus grandes quant à leur rôle économique (Clark, 1998 ; 2001).
2On constate que les universités jouent un rôle déterminant dans le développement de zones consacrées aux technologies de pointe à travers la production de connaissances, la formation de main d’oeuvre et la création d’entreprises par essaimage (Castells et Hall, 1994). Les gouvernements les exhortent à faire preuve d’esprit d’entreprise et à commercialiser les savoirs qu’elles produisent. Estkowitz et Leydesdorff ( 1997) parlent de « modèle de la triple hélice » pour désigner ces relations entre les universités, l’industrie et l’État. A propos de la politique suivie au Royaume-Uni, certains font valoir que la finalité de la recherche universitaire a été définie à partir d’un discours économique fortement utilitariste dont le seul objectif est d’accroître la compétitivité nationale par l’amélioration de la base scientifique (Henkel et Little, 1999). On dispose d’une quantité non négligeable de données concrètes sur les résultats des initiatives récentes des pouvoirs publics (fournies, par exemple, par la HE-Business Interaction Survey – enquête sur les relations entre enseignement supérieur et entreprises), mais en dehors de certaines informations bien précises comme le nombre de créations d’entreprises ou de licences, on ne voit pas bien dans quelle mesure le discours officiel en faveur d’une démarche d’entreprise influe sur le comportement des universités.
3Cet article s’intéresse tout particulièrement à la dimension géographique des politiques de promotion de l’esprit d’entreprise dans l’enseignement supérieur. L’action des pouvoirs publics et les études théoriques s’intéressent de plus en plus aux universités comme facteur de développement régional car porteuses d’atouts spécifiques pour la région dans une économie du savoir qui se mondialise. Dans une grande part des publications consacrées à l’innovation et à l’évolution technologique, celles-ci sont considérées comme partie intégrante de l’infrastructure régionale de l’innovation. Dans les « régions qui réussissent », elles passent pour jouer un grand rôle en facilitant les processus d’innovation et d’apprentissage. Par exemple, les dirigeants du monde entier ont constaté la croissance rapide de l’économie infrarégionale aux États-Unis, comme dans le comté de Santa Clara en Californie (Silicon Valley) grâce à la contribution de l’Université Stanford, ou à Boston et ses environs (Route 128) grâce à celle du Massachussets Institute of Technology (MIT) (voir Saxennian, 1994 ). Le rôle des universités dans la réussite de certaines localités, comme Cambridge au Royaume-Uni, est aussi largement reconnu (SQW, 1985 ; 2000).
4Cependant des questions se posent quant à la possibilité ou non d’appliquer les modèles fondés sur le cas du MIT et quelques autres exemples de réussite dans des pays où le contexte institutionnel et les relations entre l’industrie et la science sont totalement différents (OCDE, 2002). Par exemple, Gunasekara ( 2004), qui a étudié en détail la validité du modèle de la triple hélice pour l’Australie, a constaté que celui-ci fonctionnait mal dans le cas des universités et des régions de moyenne importance (cité par Cooke, 2004). Dans la pratique, on tend à considérer que les universités sont difficiles à intégrer dans une stratégie régionale (Lagendijk et Rutten, 2000). Il semble y avoir un fossé entre le rôle attendu de la part des universités dans les modèles de développement régional et la réalité de leur implication dans le processus d’innovation. Les questions essentielles sur lesquelles il convient de se pencher sont les suivantes : quels sont les obstacles qui empêchent les universités de jouer un rôle plus actif dans le développement de leur région ? Les universités peuvent-elles emprunter des voies institutionnelles différentes pour apporter une contribution utile à leur région ? Quels sont les mécanismes de soutien qui permettent d’associer efficacement les universités au développement régional ? Nous replaçons ces questions dans le contexte stratégique et institutionnel actuel du Royaume-Uni, en particulier des neuf régions de l’Angleterre, en les considérant parfois dans l’optique de la comparaison internationale [1].
5Cet exposé comporte quatre parties. Faisant suite à l’introduction, la deuxième partie donne une vue d’ensemble des travaux publiés sur les universités et le développement régional, et définit un cadre conceptuel en rapport avec le récent débat sur la dimension territoriale de la recherche et ce qu’on appelle le « troisième volet de l’activité des universités. La troisième partie présente une analyse empirique sur neuf régions de l’Angleterre, centrée sur les mesures récemment prises par les pouvoirs publics et les mécanismes institutionnels régissant concrètement différentes approches de la collaboration instaurée au niveau régional [2]. Enfin, dans la dernière partie, on constate que, pour établir dans la pratique des relations stratégiques dynamiques aux niveaux mondial, national et régional, les universités et les responsables politiques doivent s’appuyer sur un ensemble cohérent d’orientations, de moyens d’action et d’indicateurs adaptés aux besoins des premières. Un cadre comparatif axé sur les mécanismes institutionnels peut permettre de faire ressortir la complexité du processus d’ordre spatial à mettre en oeuvre pour resituer l’économie mondiale dans une optique non seulement nationale et internationale, mais aussi transrégionale. Les instruments d’action existant à différents niveaux, notamment les dispositifs locaux, régionaux et nationaux, ainsi que certains programmes européens ayant une incidence sur les universités, doivent être mis à profit pour doter ces établissements, tout comme les régions, de nouveaux atouts.
Connaissances, universités et régions
6L’importance de l’innovation comme stimulant de la croissance économique et de la création de richesses est aujourd’hui largement reconnue. C’est pourquoi la conception qu’ont les gouvernements du rôle des universités, et en particulier de leur contribution au développement économique, a évolué. Comme ceux-ci sont à la recherche de nouveaux modèles de compétitivité économique, ils attendent désormais des universités qu’elles apportent une contribution majeure au progrès de l’innovation et de l’apprentissage dans l’économie du savoir. Pour obtenir l’appui du public, les universités doivent répondre aux besoins de la société en général, et des collectivités régionales et locales dont elles font partie en particulier (Shattock, 1997). Les universités recherchent aussi des moyens nouveaux de demeurer des acteurs de premier plan de l’économie du savoir, et voient dans l’industrie une nouvelle source de financement propre à remplacer une partie des ressources qu’elles ont perdues du fait de la réduction des crédits publics de recherche. Alors que les entreprises commencent à se définir en termes de création de connaissances (Nonaka et Takeuchi, 1995), les universités réagissent en se considérant comme partie intégrante de l’économie du savoir (Etzkowitz et Leyesdorff, 199 7 ). Du point de vue stratégique, l’exploitation du « capital de connaissances » au profit de la compétitivité économique semble revêtir une importance particulière.
7Il est à la fois opportun et intéressant en soi d’examiner la dimension géographique du (re)positionnement des universités par rapport à d’autres acteurs dans l’économie du savoir. Si les questions d’ordre régional se posent pour les universités au moins depuis les années 60, bon nombre de celles qui sont bien établies ne partagent pas le même point de vue à leur sujet [3]. Depuis le milieu des années 90, plusieurs auteurs (ex., de Gaudemar, 1997) appellent l’attention sur des questions concernant tout particulièrement l’université en tant qu’« acteur régional », et des projets internationaux ont été menés dans ce domaine (CRE, 1998 ; IMHE, 1999 ; Boucher et al., 2003). Depuis une date plus récente, on constate de plus en plus nettement que les établissements d’enseignement supérieur suivent une approche dynamique. Elles adoptent ainsi une démarche entrepreneuriale en collaborant avec l’industrie, par exemple à travers la passation de contrats de recherche, l’offre de services de conseil, la concession de licences de brevets, l’essaimage d’entreprises [4], etc. (Charles et Conway, 2001).
8Aujourd’hui, les études à caractère stratégique et les publications universitaires font une place importante au resserrement des liens entre l’université et sa région. À l’ère de la mondialisation et de l’économie du savoir, la production de connaissances, en particulier de savoirs tacites « d’ancrage local », est considérée comme un atout précieux pour la région (OCDE, 2001). On constate que les universités et d’autres organismes publics jouent un rôle central dans certains systèmes d’apprentissage et d’innovation « d’ancrage local » car ils peuvent mener des activités de R-D et faire office de réservoir de connaissances d’origine locale (Lorenzen, 2001). Pour aller plus loin dans cette idée, on peut dire que le « processus de territorialisation » en cours (Lawton Smith et de Bernardy, 2001, p. 7) semble modifier les frontières géographiques du savoir. Compte tenu du contexte politique qui marque actuellement l’activité de l’enseignement supérieur, il apparaît que les universités ne peuvent plus avoir une philosophie neutre du point de vue territorial (Lawton Smith et de Bernardy, 2001, p. 6). En tant qu’infrastructures du savoir, elles agissent sur les flux de connaissances existant entre elles et d’autres organismes et acteurs à différentes échelles géographiques. On peut schématiquement distinguer trois types de relations entre l’industrie et la science ayant l’université pour support, qui constituent autant de catégories utiles (OCDE, 2002 ; voir aussi Kitagawa, 2004) :
- les relations entre des entreprises multinationales et des universités « de classe mondiale » ;
- les relations entre des universités et des petites entreprises de haute technologie ;
- les relations qui se développent dans un contexte régional entre des entreprises et l’université locale.
9L’internationalisation des relations entre l’université et l’industrie (Drilhon, 1993, p. 97) progresse rapidement. Les universités jouent un rôle utile en gommant les frontières entre ces différents niveaux car elles « régionalisent » les relations entre universités de classe mondiale et petites entreprises de haute technologie et rendent les connaissances accessibles à des acteurs qui mènent des activités d’innovation dont le centre de gravité a un caractère beaucoup plus régional.
10L’expérience acquise dans les années 70 et au début des années 80 par quelques régions modèles, et le rôle joué au cours des années 90 dans le développement régional par certaines « universités entrepreneuriales et innovantes » [Clark, 1998 ; Schutte et van der Sijde (dir. pub.), 2000], ont été marqués par un bouillonnement d’initiatives, comme la création de parcs scientifiques et d’organismes spécialisés dans le transfert de technologie, dont les résultats ont cependant été très variables d’un cas et d’un pays à l’autre (Charles, 2003, p. 22). L’attention a d’ailleurs été attirée sur le fait que, de façon surprenante, les politiques technologiques régionales visant à encourager l’innovation dans le cadre des travaux de R-D menés par les universités, avaient des effets positifs limités dans beaucoup de régions d’Europe, à quelques notables exceptions près comme le Bade-Wurtemberg en Allemagne [5]. Au cœur du débat sur le sujet réside l’idée que les universités devraient davantage s’attacher à transférer leurs technologies, leur savoir-faire et leurs compétences vers l’économie locale. Mais celles-ci ont encore des difficultés à surmonter pour pouvoir avoir des relations fructueuses avec les entreprises ou d’autres organismes de leur région. Selon Shattock ( 2003, p. 117):
« il va sans dire que toute collaboration avec une administration locale ou régionale prendra plus de temps et sera plus décevante et plus compliquée qu’avec un conseil de la recherche ou une grande entreprise, parce que la politique locale et régionale jouera un rôle dans la décision finale. »
12Les universités sont poussées à rechercher des moyens de concilier prise de risques, satisfaction de leurs intérêts propres et réponse aux aspirations locales et régionales, et doivent donc trouver le mécanisme de décision approprié.
13Afin de rendre compte de la façon dont les universités travaillent avec leur région, il faut réexaminer toute la gamme des activités et des missions de l’enseignement supérieur, ainsi que les instruments d’action mis en oeuvre au sein de structures de gestion à plusieurs niveaux en vue d’influer sur les stratégies de chaque établissement. Les régions semblent devenir de plus en plus des espaces stratégiques à l’intérieur desquels des acteurs institutionnels tant individuels que collectifs s’engagent dans des processus stratégiques d’apprentissage; toutefois, s’agissant de savoir si et dans quelle mesure il y a transfert de connaissances et apprentissage au niveau régional et autre (national et mondial), la réponse relève des données empiriques (voir Leydesdorff et al., 2002). Du point de vue de la gestion des établissements, l’une des principales préoccupations des universités est de savoir d’où proviendront les ressources financières et quelles activités pourront et devront être prises en charge par les budgets existants. Seules quelques études (ex., Jones-Evans et al., 1999) ont été consacrées aux stratégies et aux politiques conduites par les départements universitaires pour accroître l’interaction entre le monde des universités et celui des entreprises, surtout en ce qui concerne le rôle joué par des structures internes comme les bureaux de liaison avec l’industrie ( Industrial Liaison Offices – ILO) ou les bureaux des brevets ( Technology Licensing Offices – TLO).
14Bon nombre des modèles existants sur les relations entre universités et industrie qui font une place privilégiée au transfert de connaissances technologiques de haut niveau et aux activités entrepreneuriales des universités, semblent sous-estimer l’importance du rôle de ces dernières dans l’apprentissage interactif, à travers lequel elles créent des réseaux à caractère social, et pas seulement technologique, et développent la confiance sociale (Morgan, 2002). Les services de soutien technologique des universités ou ceux qui s’occupent du transfert de technologie (par exemple, les structures qui assurent la liaison entre les universités, les établissements publics de recherche et les petites et moyennes entreprises, comme les bureaux de liaison avec l’industrie et les bureaux des brevets, les organismes de conseil ou les centres de technologie) n’ont pas nécessairement pour seul rôle celui de fournisseur de technologie au sens strict. Ils peuvent aussi faciliter le processus d’apprentissage et de communication en créant des réseaux d’établissements et en renforçant le capital social (Putnam, 1995) à travers des mécanismes collectifs d’apprentissage, ce qui permet souvent de relier les établissements aux ressources disponibles à l’extérieur de la localité. Le développement du capital humain constitue un autre grand moyen d’ancrer localement le savoir (Van der Meer, 1996, cité par Charles, 2003 ). Les universités ont toujours formé des diplômés pour un marché du travail national dominé par des employeurs importants, sans beaucoup se préoccuper des besoins des PME ou de la nécessité d’assurer le maintien des diplômés sur le marché du travail local. Ce modèle a commencé à se défaire avec l’évolution des exigences des employeurs, due, par exemple, à la décentralisation des grandes entreprises qui ont constitué des groupements d’unités industrielles et commerciales de taille plus réduite, ou au rôle plus grand que les petites entreprises se sont mises à jouer comme sous-traitants, fournisseurs et franchisés (Charles, 2003). L’impact des universités ne se limite donc pas à la sphère technologique, mais peut aussi s’exercer plus largement à travers des effets sociaux et économiques sur la ville et la région [6].
15Des analyses plus approfondies sont nécessaires pour déterminer l’aptitude des universités à produire différents types de connaissances en assurant selon des modalités diverses l’affectation interne des ressources à l’enseignement, à la recherche et à la commercialisation des résultats de cette dernière. Les liens que les universités établissent entre elles afin de tirer parti de leur complémentarité dans le cadre de la région à la suite des initiatives récemment prises par les pouvoirs publics, demandent un examen attentif. Il paraît essentiel de comprendre les mécanismes et les modalités de gestion des réseaux mis en place entre les universités et d’autres organismes de soutien de l’innovation pour permettre aux régions d’acquérir un avantage cumulatif.
Universités et processus de développem ent régional
Contexte des politiques suivies au niveau européen et au Royaume-Uni
16Dans le contexte européen, les niveaux de décision locaux, régionaux, nationaux et supranationaux sont fortement interdépendants et imbriqués. L’objectif principal de l’action menée par l’Union européenne est semble-t-il toujours la compétitivité de l’Europe par rapport au reste du monde (Lawton Smith, 2003 a, p. 2). De fait, beaucoup d’analyses consacrées aux points faibles de l’Union européenne relativement à ses concurrents, à savoir les États-Unis et le Japon, ont souligné que ses insuffisances en matière d’innovation étaient à l’origine d’un retard très important aussi bien dans la compétitivité des entreprises que, plus largement, dans les efforts qu’elle déploie pour renforcer la prospérité, la cohésion et l’intégration en son sein (CCE, 1995, cité dans Cooke, 2002, p. 60). Plus récemment, l’accent a été mis sur le grand rôle que les régions peuvent jouer dans la mobilisation des efforts de recherche et d’innovation en vue d’assurer l’intégration de l’Europe dans l’économie fondée sur le savoir (CCE, 2001 ). Dans une récente communication, la Commission européenne a insisté sur la contribution des universités dans le domaine du transfert des connaissances (CCE, 2003, p. 8 ). Le tableau ci-dessous cite les documents d’orientation publiés par la Commission sur ce sujet au cours de la dernière décennie.
Orientations concernant la compétitivité,
Orientations concernant la compétitivité,
17En ce qui concerne le Royaume-Uni et, notamment, l’Angleterre, plusieurs livres blancs ont affirmé l’importance du rôle des connaissances et de l’innovation, et une série d’initiatives ont été prises par les pouvoirs publics en vue d’attirer l’attention sur la contribution des universités dans ces domaines (tableau 2).
18Les livres blancs de 1998 et 2000 ont souligné l’importance de la science et de la technologie dans un monde de plus en plus concurrentiel, et le rôle privilégié que les établissements d’enseignement supérieur ont à jouer dans l’économie car ils constituent un puissant moteur de l’innovation et du changement. La publication de ces livres blancs a eu lieu au moment du processus de territorialisation de l’enseignement supérieur qui a été associé à la politique de déconcentration et à la régionalisation de l’économie du savoir [7]. La mise en place et le développement d’administrations locales travaillant ensemble au niveau régional a été perçus comme un point de départ possible pour la constitution d’un appareil régional démocratique plus responsable. Des agences de développement régional ( Regional Development Agencies – RDA) ont été créées en Angleterre en 1999 et en 2000 afin de revitaliser les régions et de bâtir des infrastructures. Le livre blanc sur l’entreprise, les compétences et l’innovation intitulé Opportunity for All in a World of Change ( 2001), soulignait l’intérêt qu’il y a à « construire une région forte », « investir pour l’innovation », « favoriser la croissance des entreprises » et « renforcer les liens avec l’Europe et le monde ».
19La contribution que les universités peuvent apporter au développement régional a été reconnue par le National Committee of Inquiry into Higher Education (NCIHE, 1997). Le Livre blanc sur l’avenir de l’enseignement supérieur (DfES), publié en janvier 2003, affirme que l’engagement des établissements d’enseignement supérieur dans le développement social et économique des régions est essentiel ; il encourage le renforcement du partenariat entre les universités de chaque région et les agences de développement régional et autres organismes chargés de promouvoir le développement économique (DfES, 2003). En 1999, le Higher Education Funding Council for England (HEFCE) a institué, en partenariat avec d’autres instances, une troisième « filière » de financement qui est venue compléter ses dotations à l’enseignement et à la recherche. Le but était d’apporter aux universités des ressources financières afin de les encourager à resserrer leurs liens avec les entreprises, l’industrie et les services publics et, ce faisant, à contribuer à l’amélioration de la croissance économique et de la compétitivité, en particulier dans les régions où elles sont implantées.
20Il importe de noter que, lors du premier cycle d’attribution de fonds par les dispositifs de financement concernés, les besoins des établissements ont été étudiés au cas par cas, de sorte que des sommes très variables leur ont été allouées, ce qui a engendré des disparités entre eux quant au niveau de leurs ressources et à leur impact sur les régions. Lors des cycles ultérieurement mis en œuvre par le HEROBC et l’HEIF ainsi que le Science and Enterprise Challenge Fund [8], et comme le souhaitait le HEFCE, les demandes de financement de projets de collaboration régionale et interrégionale ont été plus nombreuses, ce qui a sensiblement contribué à la constitution de mécanismes de coopération régionale dans l’enseignement supérieur. Au moins au niveau de la réflexion stratégique, le « décloisonnement » (Goddard et Chatterton, 1999, p. 685) entre la politique relative à l’enseignement supérieur et les questions de développement régional, est de plus en plus encouragé par l’administration centrale. L’émergence de groupements géographiques d’universités a coïncidé avec la multiplication des partenariats régionaux [9].
Livres blancs du gouvernement du Royaume-Uni
Livres blancs du gouvernement du Royaume-Uni
21Les pouvoirs publics sont soucieux à la fois d’assurer l’efficacité dans l’utilisation des ressources à l’intérieur des universités, et d’améliorer celle de la contribution qu’elles apportent à la bonne santé de l’économie locale, régionale et nationale [10]. Le Livre blanc sur l’avenir de l’enseignement supérieur a annoncé le renforcement du Higher Education Innovation Fund (HEIF) grâce à un financement de l’Office of Science and Technology (OST), afin de stimuler dans les régions la création d’entreprises à partir de la recherche (DfES, 2003 ) [11]. Ce fonds rénové et mieux doté, à la gestion duquel collaboreront l’OST et l’HEFCE, aura deux objectifs principaux : premièrement, mettre à profit les résultats positifs auxquels toutes les universités ont contribué dans le domaine du transfert de technologie, et deuxièmement, accroître encore l’accessibilité aux activités menées en la matière, notamment en soutenant dans ce sens les départements universitaires qui font moins de place à la recherche. Le Livre blanc propose la création d’un réseau d’une vingtaine de « bourses des connaissances » ( Knowledge Exchanges) qui constitueraient un nouveau volet de l’action de l’HEIF et seraient représentatives des bonnes pratiques à suivre dans les échanges entre les établissements relativement peu impliqués dans la recherche et les entreprises, tout en faisant ressortir la mission particulière qui incombe aux premiers (DfES, 2003, p. 39). Dans ce document apparaissent des catégories et une terminologie nouvelles, comme les research-intensive universities (universités fortement impliquées dans la recherche) et les less research-intensive universities (universités relativement peu impliquées dans la recherche), ce qui confirme la reconnaissance de l’existence d’une hiérarchie à la fois implicite et explicite dans l’enseignement supérieur.
22Le gouvernement a invité les universités à choisir le rôle qui correspond le mieux à leurs points forts, ce choix étant facilité par des fonds publics qui serviront à encourager les établissements à s’engager davantage dans l’entreprenariat (OST, 2002). La contribution que les nouvelles universités peuvent apporter à l’économie régionale a été définie comme suit : rendre celles-ci accessibles aux étudiants de la région, soutenir les petites et moyennes entreprises et répondre aux besoins de la région en matière de compétences ; les universités anciennes considèrent quant à elles que leur mission est principalement d’attirer des étudiants extérieurs à la région ou de collaborer avec l’industrie dans la recherche ou le transfert de technologie (Waters et Lawton Smith, 2002, p. 636 ). Néanmoins, une dichotomie aussi simple ne répondra pas nécessairement aux besoins réels des entreprises et de l’industrie, et des mesures efficaces s’imposent pour encourager ces dernières, en particulier les PME, à s’associer à différents types d’universités (cf. Rapport Lambert, 2003). Nous allons maintenant examiner de quelle façon cette « réflexion décloisonnée » se concrétise au niveau régional, si un processus de développement régional fondé sur les universités est effectivement en train de voir le jour, et en quoi cette évolution influe sur le comportement des différentes universités.
L’enseignement supérieur et les politiques d’innovation
23Pour établir des comparaisons entre différentes structures régionales, trois autres observations doivent être faites concernant la spatialité, les politiques et l’évaluation. Premièrement, si la quasi-totalité des universités estiment que la prise en compte des considérations régionales fait partie de leur mission et qu’elle sert leurs intérêts (Universities UK/HEFCE, 2001, p. 24), l’incidence directe de ces dernières sur leurs stratégies de recherche dans leur ensemble est en général faible [12]. Beaucoup d’universités estiment plutôt que l’impact régional de leur recherche sera plus grand si elles l’ouvrent sur l’extérieur (c’est-à-dire aussi bien sur le reste du pays que sur le monde), que si elles suivent une « orientation régionaliste » (Hagen, 2002, p. 206). Dans les cas où les universités ont expressément axé leurs activités sur l’échelon local, il s’agit souvent du niveau infrarégional plutôt que du niveau régional [13].
24Deuxièmement, si la notion de frontière régionale est relativement nouvelle pour l’enseignement supérieur, la région est rapidement en train de devenir l’un des espaces stratégiques des universités. L’expansion de la troisième filière de financement et la mise en place des agences de développement régional (dont nous avons parlé plus haut) ont amené les universités à se préoccuper davantage de la « dimension régionale », en les plaçant devant des possibilités et des contraintes diverses et en leur imposant la définition de différentes stratégies. Les questions régionales doivent également être appréhendées dans l’optique des profondes inégalités qui marquent l’économie territoriale au Royaume-Uni. La proposition du gouvernement de réorienter les crédits de la recherche vers un nombre plus restreint de départements risque d’entraîner une redistribution de grande ampleur des activités menées dans ce domaine, et d’avoir des effets très disparates non seulement sur les revenus qu’elles procurent aux établissements universitaires, mais aussi sur les capacités de recherche au niveau régional et la diversité des activités en la matière (Universities UK, 2003, p. 7).
25Troisièmement, il convient de distinguer certains concepts pour pouvoir évaluer l’incidence du troisième volet de l’activité des universités sur le plan régional (voir Molas-Gallard et al., 2002 ). Les activités d’ouverture des universités vers l’industrie et la collectivité, encouragées par la troisième « filière » de financement, représentent apparemment un énorme potentiel pour les universités, l’économie et la société. Il est par conséquent important d’établir une distinction entre ces activités d’ouverture et leurs retombées [14]. Rappelons que l’objet de notre étude est principalement de mettre en lumière les différentes formes d’activités d’ouverture associées à une collaboration que les universités commencent à engager dans les neuf régions de l’Angleterre, par suite de l’évolution de leurs stratégies et de leur comportement sous l’effet de l’orientation donnée à la politique européenne, nationale et régionale. Il y a donc lieu d’examiner les liens entre les initiatives définies par les pouvoirs publics concernant l’enseignement supérieur et les priorités de la politique territoriale fixées dans le cadre de structures de gestion à plusieurs niveaux. Compte tenu de ces trois observations, la section suivante décrit plusieurs types de mécanismes de collaboration sur lesquels s’appuient les universités à l’intérieur de leur région, et étudie différentes voies qui s’offrent à elles pour développer leur avantage cumulatif au niveau régional et interrégional.
Typologie et comparaison des interactions entre université et région
26Des mécanismes régionaux de collaboration ont été institués par le secteur de l’enseignement supérieur avec le soutien du HEFCE, de l’Union européenne, des Government Offices et des agences de développement régional. D’une manière générale, deux sortes de ces mécanismes se développent dans les régions de l’Angleterre depuis la fin des années 90. La première est celle des Higher Education Regional Associations (HERA – Association régionale de l’enseignement supérieur). Le HEFCE a encouragé la création de groupements régionaux d’universités, afin de faciliter la coopération dans les domaines de la recherche, de l’enseignement et de l’accès à l’enseignement supérieur à l’échelle régionale [15]. Le but était aussi de mettre en place un interlocuteur unique pour représenter le secteur dans chaque région, afin de faire pendant à la création des agences de développement régional et d’autres instances régionales de gestion. Parmi les autres types de mécanismes de coopération de l’enseignement supérieur qui apparaissent sur la scène régionale, figurent des formes de partenariat régional ayant une finalité plus ponctuelle, comme la présentation de demandes communes de fonds pour la réalisation de projets. Les dispositifs constituant la troisième filière de financement, comme le HEROBC, University Challenge, Science Enterprise Challenge, l’HEIF, ainsi que les programmes de financement européens comme le Fonds européen de développement régional et les Fonds structurels européens, ont favorisé la formation de ces alliances.
27Les mécanismes régionaux de coopération instaurés dans l’enseignement supérieur ont pris des formes très diverses selon les régions. Ces différences tiennent à l’histoire et aux ressources des établissements concernés, ainsi qu’à la nature des réseaux mis en place, et sont importantes dans le cas des liens européens et internationaux [16]. En annexe, le tableau 3 dresse la liste des agences de développement régional, des HERA et des principaux programmes régionaux de coopération de l’enseignement supérieur qui bénéficient depuis peu du soutien des dispositifs nationaux mis en place pour l’Angleterre dans le cadre de la troisième filière de financement. Ces programmes correspondent à des réseaux d’universités constitués sous la forme d’alliances spatiales stratégiques à la suite des initiatives récemment prises par les pouvoirs publics en matière de financement. Comme le tableau le montre en partie, ces réseaux diffèrent quant au nombre d’établissements participants, à leur finalité, à la durée de leur activité, à leurs ressources financières et à leur portée géographique. Les relations qui s’instaurent entre les agences de développement régional et les universités dans chaque région jouent un rôle essentiel dans la construction de l’architecture régionale de l’économie du savoir. Les pouvoirs publics encouragent les agences de développement régional à créer des liens entre les entreprises et les universités (voir ci-dessus), et il semble que dans toutes les régions de l’Angleterre, les « stratégies économiques régionales » élaborées par les agences mettent l’accent sur le rôle de l’enseignement supérieur dans le développement régional. Il est manifeste que pour un grand nombre d’agences de développement régional, le transfert de technologie et de connaissances des universités vers les entreprises de la région sera profitable à l’économie régionale. Il est apparemment jugé possible pour les entreprises privées d’une région d’améliorer le niveau et l’efficacité de leur R-D en établissant des liens avec les départements de recherche concernés des universités de la région. Dans certaines régions, les HERA et d’autres groupements ont des liens étroits avec les agences de développement régional, alors que dans d’autres, ce n’est pas nécessairement le cas. Ainsi, la région du Nord-Est, où la pratique de la coopération régionale dans l’enseignement supérieur est la plus ancienne, a créé un système de transmission des connaissances entre les PME et les universités (dénommé Knowledge House), et Unis4ne, l’HERA de la région, a des relations très étroites avec One North East (ONE), l’agence de développement régional.
28Dans la région des West Midlands, on assiste depuis quatre ans à un développement rapide des programmes de coopération entre établissements d’enseignement supérieur. L’un d’eux mérite tout particulièrement d’être cité car il a permis d’établir des relations entre divers types d’universités de la région. Mercia Spinner est un projet dont le but est d’accroître le nombre d’entreprises issues de la recherche universitaire [17]. Financé par le HEFCE et l’agence de développement régional, il regroupe huit universités de la région qui bénéficient des divers savoir-faire et des ressources de deux d’entre elles, établissements d’envergure internationale de par leurs travaux de recherche qui mènent de solides activités dans le domaine des technologies. Il a joué un rôle de catalyseur à travers les services de conseil assurés aux six autres universités, et on le considère comme l’un des exemples les plus fructueux de collaboration entre une agence de développement régional et l’enseignement supérieur, car il a eu des effets positifs aussi bien pour les universités que pour la région dans son ensemble en reliant production et exploitation des connaissances et en créant des liens entre les établissements très actifs dans le domaine de la recherche et ceux qui le sont moins. Dans d’autres régions, des groupements visant les mêmes objectifs ont été formés mais, dans bien des cas, seules les universités fortement impliquées dans la recherche en font partie.
29La récente création des Regional Science/Research Councils (conseils régionaux de la science/de la recherche) dans certaines régions de l’Angleterre est l’illustration d’un vaste processus stratégique de constitution de réseaux régionaux dont les universités sont l’un des principaux acteurs. Dans la région du Nord-Ouest notamment, la convergence des priorités économiques des universités et de la région s’est traduite par l’instauration d’une collaboration étroite entre l’agence de développement régional et les Universités de Manchester pour tenter de maintenir les installations de Diamond Radiation Synchrotron dans le Nord-Ouest. De plus, le projet de fusion entre l’Université de Manchester et l’University of Manchester Institute of Science and Technology (UMIST) a bénéficié d’un important soutien financier de la part de l’agence de développement régional, afin de créer dans la région une « université de classe mondiale » qui s’inscrive dans le vaste espace territorial sur lequel doit se déployer l’économie du savoir au Royaume-Uni [18]. Le système des conseils régionaux de la science ( Regional Science Council ) témoigne de la profonde nécessité de réunir à un niveau stratégique les principales parties prenantes de la R-D dans chaque région. Les conseils des régions du Nord-Ouest et du Nord-Est, où les activités de R-D sont relativement peu importantes, comptent parmi leurs membres de premier plan des dirigeants d’entreprise, des présidents d’université et des responsables d’autres organismes publics comme le NHS (Service national de la santé), et des services de secrétariat leur sont fournis par l’agence de développement régional. Lord Sainsbury a reconnu que la collaboration entre les agences de développement régional et les conseils régionaux de la science et de l’industrie a déjà beaucoup contribué à améliorer les liens entre les universités et l’économie régionale [19]. Ce constat encourageant a suscité, en février 2003, la création du South East Science and Technology Advisory Council (Conseil consultatif pour la science et la technologie dans le Sud-Est) dont la présidence a été confiée au président de l’une des universités de la région. Cependant, des craintes ont été exprimées au sujet du niveau inégal des compétences et de l’expérience d’autres agences de développement régional, qui pourrait freiner le développement de la collaboration entre les universités et les entreprises dans la recherche scientifique (voir Roberts, cité dans THES, 2003 ; et Lambert, cité dans le Financial Times, 2004).
30Les relations entre les agences de développement régional et les universités des différentes régions se sont rapidement développées, individuellement ou collectivement, sous l’influence des récentes initiatives gouvernementales. Si dans toutes les universités un consensus s’est fait sur l’importance grandissante d’une approche collective associant différents organismes, dans la pratique, la concurrence entre les universités pour obtenir des ressources et des marchés est très vive, et celles-ci s’emploient à mettre au point des stratégies qui leur permettent de produire des revenus dans le cadre du nouveau système des droits de scolarité complémentaires ( top-up fees). La valeur accordée à tel ou tel dispositif de collaboration dépend de la composition du groupe des participants, des sources de financement, de l’encadrement des établissements et, surtout, de l’importance stratégique que revêt ce dispositif pour chacun de ces derniers. Il est encore trop tôt pour dire si ces relations permettent réellement de procurer des avantages aux régions, mais il ne fait aucun doute que les universités font partie de l’architecture de l’économie régionale du savoir.
Les universités et la formation de réseaux
31Nous avons vu que les nouvelles mesures prises dans le cadre de la politique relative à l’enseignement supérieur mettent l’accent sur l’innovation et l’entreprenariat et que, depuis peu, des mécanismes de collaboration s’instaurent entre les universités et leurs partenaires régionaux. Les groupements régionaux d’universités qui associent des savoir-faire, des ressources et des expériences différents, peuvent constituer un moyen très efficace d’accélérer le progrès de la collaboration régionale dans le domaine de la création et de l’exploitation des connaissances et celui de l’innovation. L’engagement des universités dans le processus de développement régional, s’il se conjugue, dans une optique stratégique, à une déconcentration des politiques de la recherche, de l’enseignement et de la formation, peut réellement favoriser la prospérité régionale, notamment sur le plan social, grâce à l’intégration de la production des connaissances et du développement du capital humain et social. Cependant, même lorsqu’un système d’apprentissage d’ancrage local est très dynamique, les connaissances locales ne sont nullement suffisantes pour assurer l’avènement d’une « région apprenante » vraiment innovante. De plus en plus d’interactions s’exercent entre les dimensions locale et mondiale, ce qui brouille les frontières entre acteurs locaux et acteurs non locaux. Les universités jouent un grand rôle en « régionalisant » les flux mondiaux de connaissances. Il est indispensable que ces connaissances se diffusent des universités vers les entreprises et la société afin de relier les acteurs locaux à ceux du monde entier. Cette intensification des relations entre les universités et leur région constitue un important problème de fond sur lequel il faut que tous, universités, industrie, collectivités et pouvoirs publics, se penchent, afin que les régions puissent développer leurs atouts dans le cadre de la structure de gestion à plusieurs niveaux qui caractérise l’économie du savoir.
32Les tensions qu’engendrent les processus décrits ci-dessus doivent être prises en considération et résolues. Les universités ont présenté des projets de collaboration et constitué des groupements régionaux et interrégionaux afin de répondre aux exigences imposées par certains dispositifs de financement. Mais beaucoup de ces projets doivent survivre par eux-mêmes ; or, surtout lorsque le financement public prend fin, ils peuvent entrer les uns avec les autres dans une concurrence féroce et improductive. Un juste équilibre doit être trouvé entre concurrence et coopération malgré la diversité des composantes du système d’enseignement supérieur et son caractère stratifié. On peut dire que, globalement, au Royaume-Uni, ce système a davantage amené les établissements universitaires à se faire concurrence qu’à collaborer. Il est en effet difficile pour eux de coopérer au niveau régional ou interrégional alors qu’ils doivent rivaliser pour accroître leurs effectifs d’étudiants, élargir l’accès à leur enseignement, obtenir des subventions de recherche et offrir des services aux entreprises.
33Il existe aussi, à un niveau plus général, des tensions entre les intérêts des systèmes nationaux et régionaux d’administration (Charles et Benneworth, 2001). On constate en particulier que de graves problèmes se posent dans les régions dites peu favorisées, qui ont un niveau de ressources trop faible pour accroître le potentiel d’innovation. Les activités entrepreneuriales des universités de ces régions ont donc d’autant plus d’importance pour le processus d’innovation et ses retombées. Les mécanismes stratégiques régionaux de coopération se développent entre les universités et leurs partenaires, mais ils ne sont pas suffisamment solides pour aider les régions peu performantes à réussir dans l’économie du savoir. La latitude accordée à chaque université pour lui permettre de jouer un rôle actif à l’échelon territorial constitue à cet égard un facteur déterminant (Lawton Smith, 2003 b). Le degré de concentration de la recherche scientifique nationale et les modalités d’affectation des ressources qui lui sont destinées ont aussi dans ce domaine une forte incidence.
34La formation et le développement des réseaux doivent être étudiés sous l’angle de leur situation particulière sur le plan de l’espace et du temps. Différents types de réseaux se constituent entre les universités et leurs partenaires. Les instruments d’action associés à certaines possibilités de financement servent essentiellement à encourager la création de réseaux régionaux. Les partenariats sont parfois imposés par les conditions de financement (comme dans le cas des Fonds structurels européens). Réseaux et partenariats sont parfois suscités par la volonté de renforcer la crédibilité des demandes de financement des participants. Les fonds peuvent provenir de plusieurs organismes à la fois qui fonctionnent à divers niveaux géographiques (par exemple, la Commission européenne, les conseils nationaux de recherche, les conseils de financement de l’enseignement supérieur, les collectivités locales et les agences de développement régional). La connectivité entre les différentes structures précitées permettra non seulement d’allier judicieusement les concours financiers, mais aussi d’apporter des « compétences en matière de communication » (Leyesdorff et Etzkowitz, 2001 ), ce qui améliorera le fonctionnement des mécanismes de mise en œuvre et rendra ainsi plus durables les structures régionales et interrégionales assurant un apprentissage d’ancrage local.
35La production de connaissances dans le cadre d’une structure de gestion à plusieurs niveaux doit reposer sur de nouvelles relations sociales. Le développement des réseaux vient s’inscrire dans cette structure complexe. Les réseaux régionaux et les partenariats de niveau infrarégional doivent établir entre eux des contacts stratégiques et se coordonner avec des organismes nationaux voire transnationaux si nécessaire, afin de pouvoir accéder au financement public à long terme et profiter durablement des moyens (inter)organisationnels de mise en œuvre des projets. La participation des agences de développement régional à ce processus constitue un facteur important, mais certains craignent que cela n’alourdisse les procédures administratives. La présence de « carrefours » institutionnels comme les bureaux de liaison avec l’industrie, ainsi que la proximité physique des acteurs et les possibilités qu’ils ont de communiquer, sont semble-t-il essentiels au progrès des réseaux. Comme nous l’avons vu ailleurs (Kitagawa, 2003), dans le cadre des initiatives liées à la troisième filière de financement, de nouveaux postes ont été créés dont les titulaires ont pour mission de jouer le rôle d’« animateur » au sein des différents départements universitaires, établissements et secteurs, ou de « repousser les frontières » qui les séparent. Ces fonctions ont dû être pleinement intégrées dans la culture organisationnelle des universités avec l’aide d’un dispositif d’incitation approprié.
Conclusions
36Nous avons étudié dans cet exposé l’interaction entre les politiques menées aux niveaux national et transnational concernant l’enseignement supérieur, la science et la technologie, ainsi que l’industrie et d’autres domaines, et mis en lumière certains des effets qu’elle exerce sur le plan de l’organisation géographique dans différents contextes régionaux. En ce qui concerne le Royaume-Uni, un rôle régional a été assigné aux universités à la fin des années 90, avec la mise en place d’un certain nombre de dispositifs de financement qui ont permis à celles-ci de tisser des liens plus solides avec des organismes régionaux et les ont encouragées à développer des services répondant aux besoins des entreprises. La coordination des universités et leur collaboration avec leurs partenaires au niveau régional n’ont pas suivi la même direction dans les neuf régions de l’Angleterre. Il ressort des travaux examinés ici que la nature et l’importance de l’engagement des universités à l’échelon régional sont influencées par les instruments d’action mis en oeuvre dans le cadre de structures de gestion à plusieurs niveaux.
37La question qui se pose est de savoir s’il est possible d’encourager les universités à réaliser pleinement leur potentiel dans le processus social complexe et multidimensionnel sur lequel repose la production de connaissances dans une économie du savoir qui se mondialise. Les responsables de l’élaboration des politiques doivent créer des conditions qui permettent aussi bien aux individus qu’aux établissements de jouir d’une grande autonomie, car ils pourront ainsi plus facilement exercer leur esprit d’entreprise et leur sens stratégique et faire face à la concurrence internationale avec la promptitude nécessaire. La gestion des universités doit tenir compte des initiatives ascendantes et de l’importance que revêtent la coordination et la définition des priorités à l’échelon central (Shattock, 2003). Les instruments d’action ayant des effets d’« uniformisation et de nivellement qui empêchent établissements et individus de tenter des expériences et de prendre des risques, conduisent généralement des universités surchargées et insuffisamment financées à se montrer encore plus conservatrices et réactionnaires. Le renforcement des restrictions concernant les chercheurs pourrait provoquer une fuite des cerveaux (Lawton Smith, 2003 b). L’ambition de parvenir à un niveau « de classe mondiale (Kanter, 1995) est aussi présente dans le secteur de l’enseignement supérieur qu’au sein des collectivités locales/régionales. Plusieurs voies peuvent être empruntées pour la réalisation de cet objectif qui passe par une réinterprétation de l’économie mondiale dans une optique locale, ainsi que par une prise en compte de la grande diversité des ressources et des mécanismes institutionnels requis.
38Du point de vue de l’action des pouvoirs publics et de celui des universités, il convient, pour conclure, d’attirer l’attention sur les points suivants. Premièrement, les politiques relatives à l’enseignement supérieur qui ont une dimension territoriale, doivent s’inscrire dans le cadre global des orientations définies pour l’ensemble du système. Ce cadre comprendra non seulement des orientations concernant l’innovation, la science et la technologie, mais également des orientations en matière sociale. Deuxièmement, les activités entrepreneuriales des universités doivent faire partie intégrante :
- des activités de base et de la culture de gestion des universités ;
- des mécanismes régionaux et locaux de collaboration entre les établissements et d’affectation des ressources ;
- de l’ensemble des flux de connaissances qui traversent l’économie et la société du savoir.
39Enfin, chercheurs, gestionnaires des universités et responsables de l’élaboration des politiques doivent mieux connaître la nature et l’importance de l’engagement des universités au niveau régional, ainsi que les facteurs qui en déterminent la forme (Boucher et al., 2003). Avec leurs partenaires, celles-ci doivent définir des stratégies et des instruments adaptés à la situation qui leur est propre, en tirant parti des ressources offertes par une économie du savoir qui se mondialise.
ANNEXE
Régions de l’Angleterre où ont été prises des initiatives associant
Régions de l’Angleterre où ont été prises des initiatives associant
Bibliographie
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Notes
-
[*]
Certaines des données empiriques de cet article sont reprises de : Kitagawa F. ( 2004) « Universities and Regional Advantage : Higher Education and Innovation Policies in English Regions » in European Planning Studies, Vol. 12, N° 6, septembre 2004, pp. 835-852. »
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[1]
Il faut noter que, par suite du processus de déconcentration mis en œuvre au Royaume-Uni, les situations sont très différentes en Écosse, au pays de Galles, en Irlande du Nord et en Angleterre qui n’ont ni les m êm es organism es de financement ni les mêmes politiques de l’enseignement supérieur. En Écosse, l’Intermediary Technology Institute a été mis en place en 2003 afin d’établir des liens solides entre les universités et Scottish Enterprise, l’organism e chargé du développement. Cet article s’intéresse au processus de « régionalisation » engagé en Angleterre, les politiques nationales du Royaume-Uni étant examinées lorsqu’il y a lieu.
-
[2]
Les données empiriques sur les mécanismes régissant la collaboration entre les universités et leurs partenaires régionaux ont été recueillies entre octobre 2000 et juin 2003, alors que l’auteur était étudiant en doctorat au Centre for Urban and Regional Studies, School of Public Policy, de l’Université de Birmingham. Aux fins de cet exposé, dans l’optique du système d’enseignement supérieur britannique, les termes « universités » et « établissem ents d’enseignement supérieur » sont employés plus ou moins comme synonymes, sauf indication contraire.
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[3]
Un certain nombre de pays comme la Norvège, l’Australie, la Finlande, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et, dans une certaine mesure, le Japon, s’appuient depuis longtemps sur les universités pour mettre en œuvre des mesures de politique régionale. Il s’agit souvent de maintenir l’équité entre les régions dans l’offre de services, mais les dispositions prises à cette fin ont eu indirectement pour effet d’assurer une répartition beaucoup plus égale des activités de recherche-développem ent que dans le secteur des entreprises et le secteur public (Benneworth et Charles, 2004). Jusqu’à une date relativement récente, une grande part des publications concernant la contribution concrète des universités à la compétitivité économique ont essentiellement traité deux questions de portée assez restreinte, à savoir soit « l’analyse économétrique du multiplicateur associé aux dépenses consacrées au personnel universitaire et aux étudiants dans l’économie locale », soit le rôle des universités dans le « transfert de technologie » entre leurs départements techniques et des utilisateurs de l’industrie et d’ailleurs. La seconde renvoie souvent aux entreprises issues de la recherche universitaire et à la création de parcs scientifiques.
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[4]
L’« essaimage » représente désormais une activité importante des universités : d’après les chiffres de l’Association of University Technology Managers (AUTM), les universités des Etats-Unis ont créé environ 500 entreprises en 2001 (AUTM, 2003). En 2000, les entreprises issues de la recherche universitaire ont été au nombre de 199 au Royaume-Uni (HEFCE, 2001). En Australie, il y en a eu 47 (ARC, 2000). D’après Benneworth et Charles, 2004.
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[5]
Par exemple, les services fournis par la Fondation Steinbeis dans le Bade-Wurtemberg, en Allemagne, offrent un exemple de bonnes pratiques (Hassink, 1996, cité par Lorenzen, 2001 : 177). De grandes entreprises utilisent avec profit les services de la Société Fraunhofer et passent ainsi des contrats avec ses instituts de recherche industrielle spécialisés dans les applications technologiques, ainsi qu’avec les instituts de recherche fondamentale Max-Planck et les universités. Les PME font quant à elles largement appel aux activités de transfert de technologie de la Fondation Steinbeis, aux cham bres de com merce et d’industrie et aux organismes de conseil pour résoudre des problèmes liés à l’innovation.
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[6]
Cependant, l’incidence globale du fonctionnement du marché du travail sur le dynamisme technologique et organisationnel, notamment des établissements d’enseignement supérieur, reste à étudier. L’importance du fonctionnement du marché du travail local va au-delà de la seule efficacité des opérations visant à mettre en adéquation l’offre et la demande de main-d’oeuvre. C’est notamment à travers les déplacem ents des travailleurs et des étudiants que s’effectue le transfert des connaissances et de l’expérience. Ce lien entre la structure du m arché du travail et les m écanism es de l’innovation et de l’évolution technologique, n’a pas été examiné (Angel, 2000, p. 127-128).
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[7]
Après son arrivée au pouvoir, le New Labour a mis en œuvre un programme de déconcentration et de régionalisation qui a conduit à une refonte totale de la politique et de l’administration territoriales au Royaume-Uni.
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[8]
Le Science Enterprise Challenge, initiative nationale ayant des prolongements au niveau régional qui a été prise en février 1999 par le Department of Trade and Industry (DTI) (ministère du Commerce et de l’Industrie) en vue de promouvoir l’entreprenariat, est destiné à encourager le transfert des innovations scientifiques et technologiques réalisées dans l’enseignement supérieur vers le secteur des entreprises. Plusieurs Science Enterprise Centres (SEC) ont constitué des groupements d’universités dans les régions avec le soutien des agences de développement régional (RDA), et offrent divers services dont une formation à la création d’entreprises dispensée dans les universités.
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[9]
Le Rapport Dearing sur l’enseignement supérieur a souligné l’importance de la coopération régionale pour améliorer l’efficacité des universités et les rendre plus réceptives aux besoins régionaux. Depuis la fin 1997, le HEFCE emploie dans chacune des régions de l’Angleterre un conseiller régional dont la mission est entre autres d’assurer la coordination avec les agences de développement régional et les « government offices » (chacune des neuf régions possède un de ces « bureaux administratifs ») pour la détermination des montants qui doivent être alloués par le HEFCE.
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[10]
Lord Dearing, discours inaugural annuel du Higher Education Policy Institute (HEPI), 18 février 2003 http :// www. hepi. ac. uk/ lecture/ text. doc, mise en ligne le 24/02/03.
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[11]
L’OST va intégrer les sommes destinées aux Science Entreprise Centres et au dispositif University Challenge dans les ressources de l’HEIF qui passeront à 90 millions de livres par an en 2005-2006.
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[12]
S’agissant des activités de recherche, il est important de noter qu’à l’exception partielle du Fonds européen de développem ent régional (FEDR), il n’y a en Angleterre pratiquement pas de crédits de recherche disponibles dans le cadre de dispositifs de portée régionale. Les universités ont exprimé leur inquiétude face à la perspective de voir les fonds destinés aux travaux de recherche utiles aux entreprises distribués par l’intermédiaire des agences de développement régional, en raison du manque de moyens et d’expérience de ces dernières.
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[13]
Dans tout le pays, il existe un certain nombre de partenariats au niveau infrarégional dont les universités sont les principaux acteurs. La région des West Midlands, par exemple, en compte plusieurs cas notables. Les universités de Warwick et de Coventry ont développé au fil des ans des relations de coopération avec les autorités locales et font ainsi partie des Coventry, Solihull and Warwickshire Partnerships (CSWP). Citons également la collaboration instaurée entre l’université de Keele et l’université du Staffordshire pour la revitalisation et le développement économique du North Staffordshire.
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[14]
Une distinction doit aussi être faite entre retombées et résultats (par exemple, nombre de sociétés créées, de concessions de licences).
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[15]
En 1999 et 2000, le HEFCE a encouragé la formation d’associations régionales en offrant des crédits de lancement de faible montant, et toutes les régions de l’Angleterre en ont mis sur pied. Dans la région du Yorkshire et Humber et dans celle du Nord-Est, ces associations sont antérieures à 1999. Le nom bre d’établissements d’enseignement supérieur dans les régions de l’Angleterre va de six dans le Nord-Est à plus de 40 dans le Grand Londres. Voir l’annexe.
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[16]
Les sociétés multinationales sont souvent considérées comme d’importantes sources de connaissances pour les régions. A travers la coopération intergouvernementale, l’Union européenne est l’un des principaux « animateurs » des politiques concernant la recherche, l’innovation au niveau régional, ainsi que l’enseignement et la formation, rôle qu’elle joue en procédant à des évaluations comparatives, en m enant des actions de sensibilisation, en encourageant l’échange de bonnes pratiques, etc. Plusieurs régions de l’Angleterre ont ouvert des bureaux à Bruxelles en vue de se procurer des ressources au niveau européen, ce qui influe sur les fonds disponibles pour les établissements d’enseignement supérieur et leurs partenaires tant au niveau régional qu’au niveau transrégional. S’agissant des liens avec le monde des entreprises à l’échelle internationale, la région du Sud-Est se caractérise par le fait qu’elle se positionne dans l’économie mondiale du savoir en menant des activités d’étalonnage international et en entretenant des relations avec des sociétés multinationales.
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[17]
Réalisé sous l’égide du HEIF, Spinner est un projet qui associe huit universités de la région et est financé à hauteur de 7.5 millions de livres par des fonds du HEFCE et d’Advantage West Midlands, l’agence de développement régional. Spinner vise à faire passer le nombre d’entreprises issues de la recherche universitaire dans les West Midlands de 10 à 27 par an d’ici à 2005. Deux des huit universités, à savoir celles de Warwick et de Birmingham, ont une grande expérience du transfert de technologie, et avaient créé 19 entreprises avant 2002. Les autres universités n’en comptent en revanche qu’une seule à elles six. Dans le cadre de ce projet est mis en place un réseau de 16 directeurs du développement des entreprises pour les huit universités, Warwick et Birmingham assurant une formation aux méthodes les plus récentes de transfert de technologie et de création d’entreprises, ainsi que le soutien y afférent. Pour l’heure, 50 « proto-sociétés » se sont portées candidates avec succès. Les huit universités, dont plusieurs étaient auparavant inactives dans le domaine de la création d’entreprises, ont contribué à la constitution de ce total. Voir Ederyn Williams – « Spinner Project » hhttp :// www. unisdirect. com/ conference/ programme/abstracts/ederyn_williams.html mise en ligne le 05/02/03.
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[18]
En ce qui concerne le financement public de la R-D, en 2000, Londres et le Sud-Est ont reçu 49 % des fonds provenant directement de l’État; c’est à ces deux régions que vont 47 % du financem ent de la R-D assuré par l’interm édiaire de l’enseignement supérieur.
-
[19]
« Je pense que ces conseils peuvent jouer un rôle majeur en reliant les universités à l’industrie dans les régions et en créant les meilleures conditions possibles pour les groupements locaux d’entreprises, aussi nous encourageons maintenant d’autres régions à mettre sur pied des organismes similaires » (LordSainsbury, 2003 ; citation traduite pour les besoins du présent exposé). http :// www. unisdirect. com/ conference/ programme/ presentations/ Lord_Sainsbury. pdf mise en ligne le 06/02/03.