Couverture de POLAM_012

Article de revue

Livres signalés

Pages 119 à 124

Notes

  • [1]
    Georges Corm, Orient-Occident, la fracture imaginaire, La découverte, Paris, 2002.
  • [2]
    Jean-Pierre Filiu, L’apocalypse dans l’islam, Paris, Fayard, 2008, (compte rendu dans Maghreb-Machrek n° 197, p. 132).
  • [3]
    Youssef Courbage et Emmanuel Todd, Le rendez-vous des civilisations, Seuil, Paris, septembre 2007.
  • [4]
    « La Méditerranée apparaît souvent comme un mot-valise pour apaiser une relation tumultueuse, un stratagème pour tourner autour de ce qui fâche : autrefois la question du califat et du panarabisme, aujourd’hui l’État israélien et le peuple palestinien. » Daniel Rivet, « La France et l’Algérie : le présent du passé colonial », Maghreb-Machrek n° 197, automne 2008, p. 28.

Terreur et Martyre. Relever le défi de civilisation, Gilles KEPEL, Flammarion, Paris, 2008, 366 p.

1Gilles Kepel continue, à travers ce livre, son grand œuvre sur l’islamisme radical, entamé il y a près de vingt-cinq ans. Après des ouvrages comme le Prophète et Pharaon, Jihad ou Fitna (pour ne citer que ceux-là), le directeur de la chaire Moyen-Orient Méditerranée de Science Po nous donne une nouvelle analyse de l’évolution du phénomène islamique, au prisme désormais de la réponse américaine posée par la Maison Blanche dans une dynamique toute huntingtonienne. Il met en perspective deux types de représentation par la confrontation des discours entre la vision américaine de la « guerre contre la terreur » et celle de l’islamisme radical véhiculé par ses principaux théoriciens ou acteurs (d’al-Zawahiri à al-Zarqawi). L’Europe, troisième protagoniste (passif ?), est prise en étau par ces demandes contradictoires et devient un enjeu de puissance pour les deux premiers, autour du contrôle idéologique des communautés musulmanes locales.

2Au-delà des faits que nous connaissons tous, c’est à un double récit que nous sommes confrontés depuis le 11 septembre 2001, et ce, même si les éléments du drame étaient en place bien avant. Tout d’abord le récit de « la guerre contre la terreur », produit de l’idéologie américaine fonde la légitimité de son action sur la riposte à l’agression (peu importe si l’Irak n’a rien à voir à l’affaire), sur un supposé combat contre le mal (les islamistes), sur la lutte entre la démocratie et la dictature, etc. C’est ce que Georges Corm nommait en son temps « le western biblique [1] ».

3De l’autre côté, les idéologues radicaux développent un discours sur l’injustice historique faite aux musulmans, sur ses prétendues persécutions, sur la dignité, mais celui-ci est transmuté en propagande auto-sacrificielle appelant à l’éradication de l’autre-différent. Pour les radicaux, il faut alors dupliquer à l’infini le 11 septembre jusqu’à la confrontation finale qui verra la chute du « Malin ». Il s’agit de rédimer le monde musulman en chassant toute trace d’occidentalisme et le purifiant. Kepel reprend à son compte, en y apportant ses propres analyses, les travaux de Jean-Pierre Filiu sur L’Apocalypse dans l’Islam[2] et réinscrit la tradition apocalyptique dans ce nouveau discours à la fois politique et téléologique.

4Ainsi, aux images des égorgés et des attentats suicides en Europe ou ailleurs, répondent celles d’Abou Graïb et de Guantanamo, la répression en Palestine, etc.

5Face à ceux qui ne voient le fait radical que par le petit bout de la lorgnette, Kepel fait justement apparaître la complexité d’un monde musulman en mutation dont les phénomènes de violence sont peut-être aussi la manifestation du changement. La place politico-stratégique désormais considérable du monde chiite dans le monde arabo-musulman, fruit de la guerre d’Irak et du Liban, est une donnée nouvelle. L’évolution démographique (en baisse dans de nombreux pays, comme l’ont décrite Courbage et Todd [3]), sociale (la percée des femmes) et démocratique du monde arabe sera aussi à prendre en compte dans les perspectives d’avenir.

6La dernière partie du livre est consacrée à l’Europe. Ces questions avaient déjà été abordées par Kepel dans plusieurs ouvrages, dont le fondateur Les Banlieues de l’Islam en 1987. Jihad et Fitna n’avaient fait qu’évoquer ce problème ; il y revient en profondeur dans ce dernier livre car la situation se tend à travers une série de crises aux faits générateurs différents mais faisant ressortir une image de victimisation du monde musulman qui, par le simple effet de la mondialisation, a eu des conséquences planétaires. La dizaine de millions de musulmans est devenue une cible idéologique pour les islamistes et, d’un autre côté, les pouvoirs publics et les autres religions ont compris que la sérénité et la stabilité d’un certain nombre de pays européens devaient passer par la prise en compte du fait musulman tout en empêchant les dérives radicales.

7L’enjeu européen est majeur. Les radicaux ont compris qu’il y a en Europe un vivier de populations en crise identitaire forte qui peut représenter une masse de man œuvre. C’est donc sur le modèle d’intégration que se jouera une partie du succès des politiques anti-radicales. Kepel analyse donc avec une grande finesse l’affaire des caricatures de Mahomet, l’assassinat de Théo Van Gogh aux Pays-Bas, les émeutes des banlieues en France et, notamment, la polémique de Ratisbonne suite à la déclaration du pape Benoît XVI sur l’islam.

8La Méditerranée est-elle la solution au rapprochement de ces mondes et l’occasion d’écrire de nouveaux récits ? Kepel milite pour une prise en charge via l’option méditerranéenne. C’est ce qu’il appelle « relever le défi de civilisation ». Le vieux « méditerranéiste » auteur de ces lignes ne peut que souscrire à ce discours qu’il défend depuis vingt-cinq ans. Mais n’arrive-t-il pas trop tard ? Comme l’ont montré des historiens comme Daniel Rivet ou Robert Ilbert, la Méditerranée est perçue, côté arabe, comme un concept dissimulant un néocolonialisme plus ou moins tempéré [4]. Certes les pays du Sud adhèrent à toutes les initiatives (pour peu qu’elles soient accompagnées financièrement) du Nord. Mais le fond reste suspect alors même que les opinions publiques les ignorent carrément. Quoi qu’il en soit, la piste est à suivre et à poursuivre mais les efforts devront être considérables de part et d’autre.

9On terminera la critique de ce très important livre en formulant une interrogation. Faut-il souscrire à la suppression de l’appareil critique qui, dans ce cas, est renvoyé pour partie en fin de volume sans référence directe de numérotation dans le corps du texte, et pour le reste au site Internet du livre www.terreuretmartyre.com qui propose toutes les références audio et vidéo ainsi que les textes de référence disponibles sur la Toile ? Autant cette seconde initiative est particulièrement heureuse, autant on reste perplexe sur les motivations de l’éditeur concernant la première : fluidité de lecture, peur de rebuter un certain lectorat, mais on se demande bien lequel ? Gilles Kepel a le talent de faciliter l’accès à des sujets très complexes. Il n’a pas besoin d’être comme lavé d’un péché scientifique. Ce cas, qui n’est pas le premier, ne laisse pas d’être inquiétant. Les éditeurs, dans le désir légitime de vendre au plus grand nombre, ne sont-ils pas, à travers un « toilettage » éditorial, en train de progressivement affaiblir la recherche en sciences sociales ? Peut-être la solution réside-t-elle en un appareil de notes normal mais allégé, et un renvoi à un site Internet donnant accès à l’ensemble des sources.

10Cela étant, ne boudons pas le plaisir et l’intérêt scientifique et politique de la lecture de ce livre qui nous renvoie à la question centrale du « vivre ensemble » et différents, et appelle à relever le défi de la civilisation par une nouvelle vision de la Méditerranée.

11Jean-François Daguzan

Vertiges de la puissance. Le « moment américain » au Moyen-Orient, Philippe DROZ-VINCENT, La Découverte, Paris, 2007, 369 p.

12C’est une contribution originale qui nous est proposée avec cet ouvrage, car l’auteur n’est pas, comme on pourrait s’y attendre, un spécialiste de la politique américaine mais bien plutôt un fin connaisseur des systèmes politiques du Moyen-Orient. Cette particularité permet donc de découvrir une analyse de l’Amérique de G. W. Bush construite à partir de la problématique moyen-orientale. Et c’est précisément ce qui permet à l’auteur de soutenir l’hypothèse de l’existence d’un « moment américain », à la fois dans une acception temporelle – celle des premières années du mandat de G. W. Bush – et entendu comme logique idéologique, celle de la volonté transformatrice de la région.

13Cette transformation, nous dit-il, est devenue avec le 11 septembre 2001 une sorte de moto afin d’éviter le statu quo, état désormais analysé comme source de menaces plus ou moins apocalyptiques (il est alors question d’un « 11 septembre nucléaire »). À cette aune, l’instabilité créée par l’intervention américaine constituerait une solution permettant « d’assécher les marécages » (dry up the swamp) de l’ennemi afin de combattre une menace homogène faite de tyrannie, de terrorisme et d’armes de destruction massives, émanant d’un certain nombre d’États au premier rang desquels il y aurait l’Irak (p. 20). En outre, cette logique transformatrice aurait pour corollaire la démocratisation de l’Irak suivi d’un effet vertueux entraînant les pays voisins. Si l’on ajoute à cela la confusion entre causes et conséquences des violences dans la région – pour nombre d’élites et de médias américains, c’est la montée du terrorisme, le despotisme irakien puis la guerre civile irakienne, les flambées de violence israélo-palestiniennes qui produit l’attitude transformatrice voulue par le président et son entourage – il apparaît bien que ce « moment américain » au Moyen-Orient rejoint précisément la définition de l’idéologie selon Marx : l’inversion de la réalité.

14Les sept chapitres, d’une grande densité et fourmillant de détails qui témoignent de l’importance des connaissances engrangées, organisent une montée en puissance de l’explication de cette situation inédite dans la relation entre les États-Unis et le Moyen-Orient. Une large part de la démonstration repose sur l’étude de l’imaginaire américain, moins en termes de représentations de l’Autre – même si Philippe Droz-Vincent laisse place à l’impact de celles-ci sur les façons de faire – qu’en termes de modalités de concrétisation d’une idéologie : qui sont les acteurs décisionnels, comment arrivent-ils aux postes de commande, quels sont les organismes de prise de décisions, comment sont prévues les étapes de ce grand projet de démocratisation ?

15Le cas irakien est à cet égard fort bien amené. On y voit d’abord à l’œuvre une « obsession » qui, loin d’être un agenda caché, ressortit plutôt à une génération d’acteurs déjà confrontés à la problématique irakienne lors de la guerre du Golfe de 1990-1991, sous l’administration de Bush père, et qui fourbissent leurs armes dès avant le 11 septembre, lequel fournit l’impulsion décisive. Ces idéologues qui entourent le président sont les civils du Pentagone qui ont pour nom P. Wolfowitz, D. Rumsfeld, R. Perle ou R. Cheney (vice-président) et qui vont monopoliser la décision stratégique de la guerre avec l’Irak. On découvre ensuite de nouveaux centres de décisions comme ce Conseil de Sécurité Nationale en miniature mis en place par le vice-président Cheney afin de fournir des preuves de l’existence d’armes de destruction massive irakienne (pp.108-109). Ou encore cet Office of Special Plans qui, sous la houlette de P. Wolfowitz au Pentagone argumente dans le même sens en lien avec le parti (CNI) de l’opposant irakien Ahmad Chalabi, spécialisé dans « une véritable industrie de la révélation par transfuge irakiens interposés » (p. 123). L’on comprend enfin que le degré d’impréparation en termes de reconstruction confine à la criminalité à force d’aveuglement – notamment de la part de Paul Bremer et la Coalition Provisional Authority (CPA) qui, un an durant (été 2003-2004), a systématiquement torpillé toutes les instances qui auraient pu permettre d’éviter un vide institutionnel en raison d’une analyse erronée de ce qu’impliquait l’appartenance au parti Baas et, dans le même temps, a cru à l’existence d’un vide politique, cooptant les partis irakiens d’exilés au sein d’un organe faisant office de gouvernement local. Les désastreux effets d’une telle politique ne se sont pas fait attendre en termes d’exclusion des forces politiques réelles en Irak, de l’alimentation de la violence de ce fait chez les groupes résistants à l’occupation américaine, de la progressive communautarisation des acteurs définis a priori par leur appartenance communautaire, notamment lors des élections de 2005 et du terreau fertile que l’Irak devint de la sorte pour les groupes djihadistes.

16Le désastre irakien rappelle en écho celui de la Palestine où l’auteur montre bien le jeu subtil d’un Ariel Sharon qui sut profiter de rapports de proximité avec le président américain pour faire passer son agenda de la « séparation » après avoir torpillé la feuille de route (roadmap) du Quartet (p. 316). Un agenda qui a mené l’administration américaine à épouser au plus près les positions israéliennes, cautionnant au passage la marginalisation de Yasser Arafat, la division de l’Autorité palestinienne entre groupes rivaux, le retrait unilatéral de Gaza (non négocié), ou plus ordinairement les exactions régulières de l’armée israélienne. Or, dans ce dossier, les autorités américaines n’ont pas vu que les intentions israéliennes n’étaient pas aussi pacifiques que le souhaitait la « vision » présidentielle (2002) de deux États vivant pacifiquement côte à côte. Dans ce contexte, on ne s’étonne plus de la naïveté américaine dans son projet de démocratisation pour la région, lequel ouvre des boîtes de Pandore dans les relations déjà problématiques entre régimes autoritaires (alliés pour une partie) et sociétés. Avec des effets collatéraux inattendus : le renforcement des radicalismes et des groupes islamistes qui sortent vainqueurs de processus électoraux tant voulus par l’administration américaine !

17Au final, l’ensemble produit un effet de connaissance significatif incarné par la notion de « moment américain » qui est appelée à faire date. En outre, par le démontage des rouages de cette administration Bush Jr., un tel ouvrage constitue un remède contre toute tentation de soutenir la thèse du complot. Mais, il n’est pas plus possible d’ignorer qui sont les responsables du désastre qui frappe le Moyen-Orient. Ça aussi, c’est précieux.

18Daniel Meier

Après Bush. Pourquoi l’Amérique ne changera pas, Yannick MIREUR, Préface Hubert VÉDRINE, Éditions Choiseul, 2008, 232 p.

19Après huit années de présidence Bush, chacun s’attend à un profond changement. Nourrie de la symbolique de la candidature démocrate, pour l’opinion européenne le président de 2009 devait en effet être celui d’une nouvelle ère. Yannick Mireur prend le contre-pied du sentiment dominant en annonçant que l’Amérique ne changera pas.

20L’argument central d’Après Bush est que l’Amérique restera fidèle à elle-même, attachée à des valeurs et à des caractéristiques qui la distinguent nettement de l’Europe. Bien sûr, cette affirmation presque solennelle ne doit pas être prise au pied de la lettre. Fondateur de la revue Politique Américaine, l’auteur connaît suffisamment les États-Unis pour savoir que leur relation avec le reste du monde ne peut que changer avec la fin de l’emprise néoconservatrice sur la politique étrangère du pays.

21C’est moins l’élection de Barack Obama que la crise financière puis économique – qui a bénéficié à la candidature démocrate – qui pourrait être l’agent de changements sur des sujets entre-temps devenus clé, et qui sont aussi au cœur de l’ouvrage. Après Bush souligne que les questions de politique étrangère sont moins cruciales dans l’Amérique de 2006-2008 que l’anxiété de la classe moyenne américaine devant les incertitudes économiques. L’éclatement de la crise donne ainsi raison à l’auteur alors que le sous-titre de l’ouvrage pourrait laisser penser à une lecture erronée des événements. Le « malaise américain » évoqué par l’auteur et les questions intérieures sont, bien plus que l’Irak, devenus le défi majeur de la nouvelle présidence, ainsi que l’a confirmé le discours sur l’état de l’Union du 24 février 2009.

22Mais revenons à l’ouvrage. Reprenant l’idée de cycles de l’histoire américaine d’Arthur Schlesinger, Yannick Mireur souligne qu’après une longue domination, depuis Franklin Roosevelt, du libéralisme, c’est-à-dire du centre gauche américain, un cycle conservateur s’est ouvert dont la force laissait penser que les républicains avaient toutes leurs chances en 2008, surtout avec un candidat connu pour être en rupture avec le parti de Bush comme John McCain. L’ouvrage met en exergue la force de ce cycle conservateur autant que la singularité de la présidence Bush dans l’histoire politique des États-Unis. L’auteur voit dans « les années W » ce qu’il appelle « un moment américain », une période particulière qui trahit l’héritage républicain traditionnel. Pour bien la comprendre, il amène le lecteur à plonger dans « l’âme du Sud », donnant à lire quelques pages passionnantes sur l’histoire et la culture américaines. L’histoire apparaît en effet constamment en filigrane de l’ouvrage.

23Plus près de nous, c’est la trajectoire des Bush comme fil conducteur de l’évolution du parti républicain et de son ancrage méridional qui est aussi retracée. L’ouvrage est parsemé de référents culturels et politiques communs aux Américains, offrant une mine d’informations qui enrichissent la familiarisation du lecteur avec les États-Unis.

24Après Bush insiste d’autre part, on l’a dit, sur le malaise ressenti devant la mondialisation. La deuxième partie de l’ouvrage explique les immenses difficultés socio-économiques auxquelles est confrontée l’Amérique. Yannick Mireur démystifie aussi, rappelant le poids réel de l’État et de la protection sociale. La crise actuelle montre ainsi comment l’État était prêt à intervenir pour sauver des établissements de crédit et prévenir un effondrement du système bancaire.

25Après avoir parlé des Américains, Mireur aborde « l’Amérique et le monde ». Il jette toute la lumière sur le dévoiement des années Bush Jr. et ce qu’il appelle la « guerre des purs », qui oppose deux radicalismes, celui des néoconservateurs de l’invasion de l’Irak et de l’alliance avec la droite dure israélienne, et celui des fondamentalistes islamistes. L’auteur voit là un « danger yankee » fait d’une certitude aveugle, alors que le grand défi du temps est de gérer ce qu’il nomme « le choc des prospérités » – en premier lieu celui avec la Chine.

26L’auteur achève son analyse en faisant le tour des grandes questions internationales qui attendent le nouveau président. Le Pakistan arrive en tête du palmarès car il est, pour Yannick Mireur, le danger le plus redoutable pour la sécurité internationale dans les années à venir – les positions du président Obama sur le redéploiement des troupes en Afghanistan vont dans ce sens. Il rappelle la position favorable de l’opinion publique vis-à-vis des États-Unis en Iran puis évoque la Russie, considérant que l’élargissement de l’OTAN fut la grande erreur de l’après-Guerre froide. Sont ensuite longuement traitées l’Asie-Pacifique, Israël et la Palestine et enfin l’Europe. C’est d’elle-même, conclut l’auteur, que l’Europe doit attendre une nouvelle impulsion des relations transatlantiques, plus que des États-Unis. Le vieux continent doit se départir de son « complexe viennois » selon une expression assez baroque de l’auteur. Son analyse des principales questions internationales est basée sur une approche géographique plus que thématique, ce qui explique l’absence regrettable de commentaires approfondis sur la prolifération nucléaire, les défis énergétiques ou les aspects politiques des questions d’environnement.

27La perspective longue qu’emprunte l’auteur – « comme l’Orient en a coutume » – donne cependant une certaine profondeur à son explication des défis internationaux.

28Après Bush permet d’éclairer d’un œil neuf les enjeux auxquels est confrontée « la plus grande puissance de tous les temps », comme l’appelle Hubert Védrine dans sa préface. L’intime connaissance du pays et le fond documentaire sur lesquels l’auteur appuie son travail permettent d’apporter une compréhension qui va bien au-delà de ce qu’offre l’information quotidienne qu’égrènent les dépêches.

29Elle amène à pondérer les espoirs d’un changement majeur en 2009. Même si, comme le dit l’auteur avec plus d’optimisme, l’élection de 2008 est déjà un moment historique.

30Paul De Fombelle

Notes

  • [1]
    Georges Corm, Orient-Occident, la fracture imaginaire, La découverte, Paris, 2002.
  • [2]
    Jean-Pierre Filiu, L’apocalypse dans l’islam, Paris, Fayard, 2008, (compte rendu dans Maghreb-Machrek n° 197, p. 132).
  • [3]
    Youssef Courbage et Emmanuel Todd, Le rendez-vous des civilisations, Seuil, Paris, septembre 2007.
  • [4]
    « La Méditerranée apparaît souvent comme un mot-valise pour apaiser une relation tumultueuse, un stratagème pour tourner autour de ce qui fâche : autrefois la question du califat et du panarabisme, aujourd’hui l’État israélien et le peuple palestinien. » Daniel Rivet, « La France et l’Algérie : le présent du passé colonial », Maghreb-Machrek n° 197, automne 2008, p. 28.
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