Couverture de POLAF_118

Article de revue

Les pionniers de la franchise de football : l'Ajax Amsterdam au Cap

Pages 43 à 61

Notes

  • [1]
    Le présent article s’appuie sur des entrevues et des données ethnographiques recueillies au cours de deux visites à l’Académie ACT, en avril 2005 et mars 2006. Les entrevues ont été menées avec les membres-clés du personnel du club, tandis que les observations ethnographiques se sont déroulées à l’Académie lors des tournois de jeunes et lors de visites dans les Cape Flats (voir note 15).
  • [2]
    Les statuts, règlements et circulaires de la Fifa sont disponibles sur fr.fifa.com.
  • [3]
    Voir P. Donnelly et L. Petherick, « workers’ Playtime? Child Labour at the extremes of the Sporting Spectrum », Sport in Society, vol. 7, n° 3, 2004, p. 301–321; L. Krushelnycky, « Belgium’s Soccer “Slave Trade” », BBC News Online, 10 mars 1999 ; E. Maradas, « Human Traffic », African Soccer, n° 66, 2001, p. 8-9; r. Poli, « Africans’ Status in the european Football Players’ Labour market », Soccer and Society, vol. 7, n° 2-3, 2006, p. 278-291.
  • [4]
    Cité dans P. Darby, Africa, Soccer and FIFA: Politics, Colonialism and Resistance, Londres/Portland, Frank Cass, 2002, p. 171.
  • [5]
    « Blatter Condemns european Clubs », BBC News, 17 décembre 2003. Voir aussi « Somali Boss Blows whistle on Bribery », BBC News, 28 février 2002.
  • [6]
    J. Bale, « Three Geographies of African Footballer migrat ion: Patterns, Problems and Postcoloniality », in G. Armstrong et r. Giulianotti (dir.), Soccer in Africa : Conflict, Conciliation and Community, Basingstoke, Palgrave, 2004, p. 229-246.
  • [7]
    P. Darby, G. Akindes et M. Kirwin, « Soccer Academies and the migration of African Soccer Labor to europe », Journal of Sport and Social Issues, vol. 31, n° 2, 2007, p. 143-161.
  • [8]
    La Feyenoord Academy de Gomo Fetteh, au Ghana, entre dans cette dernière catégorie. elle a été fondée par un club néerlandais, le Feyenoord Rotterdam, en 1998. Il existe en outre dans le football mondial un certain nombre de jumelages entre clubs africains et européens. Le Sheffield United a ainsi des accords avec le Ferencváros de Budapest, les Chengdu Blades chinois et les West Coast Mariners australiens dans le but avoué – mais pas encore atteint – de voir un jour ces clubs envoyer leurs joueurs les plus prometteurs dans le Yorkshire. en retour, le Sheffield United envoie les joueurs qui n’ont pas le niveau requis pour la Coca-Cola Championship dans un des trois clubs jumelés – si tant est que l’on puisse parler de jumelage, le président du Sheffield United dirigeant également les trois entreprises qui possèdent les clubs « jumelés ». Il existe d’autres arrangements qui permettent de contourner la législation sur les permis de travail. Le Manchester United a un arrangement avec le Royal Antwerp Belge. Le club anglais « garde » les joueurs extra-européens jusqu’à ce qu’ils soient éligibles à un passeport européen. Arsenal fait de même avec le club de Beveren, en Belgique, auquel il est affilié.
  • [9]
    A. Klein, Sugarball: The American Game, the Dominican Dream, New Haven, Yale University Press, 1991, p. 60.
  • [10]
    A. G. Frank, Capitalism and Underdevelopment in Latin America. Historical Studies of Chile and Brazil, New York, Monthly Review Press, 1967; K. Nkrumah, Neo-Colonialism : The Last Stage of Imperialism, Londres, Thomas Nelson & Sons, 1965, p. 196.
  • [11]
    D. Chirot, Social Change in the Modern Era, New York, Harcourt Brace Jovanovich, 1986 ; R. Collins, « Weber’s Last Theory of Capitalism : A Systematization », American Sociological Review, vol. 45, 1980, p. 925–942; T. Skocpol, « Wallerstein’s World Capitalist System : A Theoretical and Historical Critique », American Journal of Sociology, vol. 82, 1977, p. 1075-1090; A. Szymanski, « The Socialist World-System », in C. Chase-Dunn (dir.), Socialist States in the World System, Beverly Hills, Sage, 1982, p. 57-74.
  • [12]
    G. Jarvie, Class, Race and Sport in South Africas Political Economy, Londres, Routledge/Keegan Paul, 1984; d. Booth, « United Sport: An Alternative Hegemony in South Africa », International Journal of the History of Sport, vol. 12, n° 3, 1995, p. 105–124; J. Nauright, Sports, Cultures and Identities in South Africa, Londres, Leicester University Press, 1997; M. Keech, « Contest, Conflict and Resistance in South Africa’s Sport’s Policies », in J. Sugden et A. Tomlinson (dir.), Power Games : A Critical Sociology of Sport, Londres, Routledge, 2002.
  • [13]
    J. Nauright, Sports, Cultures and Identities in South Africa…, op. cit. ; M. Meredith, Diamonds, Gold and War : The Making of South Africa, Londres, Pocket Books, 2008.
  • [14]
    P. Alegi, Laduma ! Soccer, Politics and Society in South Africa, Natal, Kwazulu Natal Press, 2004; G. Jarvie, Class, Race and Sport…, op. cit. ; m. Bose, Sporting Colours: Sport and Politics in South Africa, Londres, Robson, 1994.
  • [15]
    Les Cape Flats sont un ensemble de quartiers noirs et colored créés en grande partie au temps de l’apartheid, à la périphérie de la ville blanche située entre le port et la montagne de la Table (NdT).
  • [16]
    H. Kormelink et T. Seeverens, The Coaching Philosophies of Louis Van Gaal and the Ajax Coaches, États-Unis, Reedswain, 1997, p. 10.
  • [17]
    Technique, Intelligence, Personality, Speed.
  • [18]
    H. Kormelink et T. Seeverens. The Coaching Philosophies…, op. cit., p. 8.
  • [19]
    Ancien nom de l’actuelle Ligue Europa (UEFA Europa League), rebaptisée en novembre 2008 pour la saison 2009-2010 (NdT).
  • [20]
    L’arrêt Bosman est un arrêt de la Cour de justice des communautés européennes de décembre 1995 qui a jugé que les règlements de l’UEFA, en particulier ceux qui instauraient des quotas liés à la nationalité, étaient contraires à l’article 39 du Traité de Rome sur la libre circulation des travailleurs entre les États-membres. Il a conduit à une déréglementation du marché du travail des footballeurs professionnels (NdT).
  • [21]
    Actuelle Coupe du monde des clubs de la Fifa (NdT).
  • [22]
    Cité dans S. Kuper, « Out of Africa. Wilful Daughters and Absent Mothers », The Observer, 14 mars 1999.
  • [23]
    Voir R. Rangongo, « Football Corruption Probe May Follow World Cup », The Times (of South Africa), 13 février 2010.
  • [24]
    Entretien avec le directeur de l’ACT, Le Cap, mars 2006.
  • [25]
    Entretien avec le responsable du marketing de l’ACT, Le Cap, avril 2005.
  • [26]
    Les vacances les plus importantes en Afrique du Sud (NdT).
  • [27]
    Entretien avec le directeur du recrutement des joueurs de l’ACT, Le Cap, avril 2005.
  • [28]
    Le nom « Seven Stars » (« Les sept étoiles »)a précisément été choisi en référence à la constellation de sept townships qui entoure le siège du club.
  • [29]
    Il est remplacé en 2009 par un entraîneur néerlandais, Foppe de Haan, l’ancien manager de l’équipe nationale néerlandaise des moins de 21 ans et du SC Heerenveen.
  • [30]
    J. Bale, « Three Geographies… », art. cit.., p. 220.
  • [31]
    I. Wallerstein, The Modern World System, New York, Academic Press, p. 220.
  • [32]
    P. Darby, Africa, Soccer and FIFA…, op. cit., p. 166.
  • [33]
    I. Wallerstein, The Modern World System…, op. cit.
  • [34]
    S. Cornelissen, « Sport Mobility and Circuits of Power: The Dynamics of Football migration in Africa and the 2010 World Cup », Politikon, vol. 34, n° 3, 2007, p. 295-314.
  • [35]
    À ce jour, les meilleures performances du club sont la Rothmans Cup en 2000 et l’Amalgamated Banks of South Africa (Absa) Cup en 2007.
  • [36]
    M. Broere et R. van der Drift, Soccer Africa !, Oxford, Worldview, 1997.
  • [37]
    Voir l’article d’Éliane de Latour dans ce dossier.
  • [38]
    En anglais, « farm club ». Le terme « pépinière » a vocation à rappeler cette notion d’« élevage » (NdT).
  • [39]
    J. Bale, « Three Geographies… », art. cit., p. 238.
  • [40]
    M. Milner, « Cape Town Soccer Club Goes Dutch », The Guardian, 12 janvier 1999.
  • [41]
    « Pienaar Signs For Dortmund », BBC Sport, 18 janvier 2006.
  • [42]
    Depuis, après avoir été prêté au club d’Everton en 2007, Pienaar a signé avec ce club en avril 2008 pour un montant de 2,2 millions d’euros.
  • [43]
    La pratique consistant pour un club à réclamer une indemnité de transfert pour un joueur en fin de contrat a été abandonnée dans la plupart des pays européens avant l’arrêt Bosman, mais elle est devenue impossible depuis ce jugement (NdlR).
  • [44]
    Par exemple, en 1999, le milieu de terrain ghanéen Michael Essien a quitté son club ghanéen, les Liberty Professionals, et a rejoint Bastia pour un montant symbolique. en 2003, il a été transféré à l’olympique Lyonnais pour 7,8 millions d’euros.

1Recourir à la franchise n’est pas une nouvelle forme de production du travail dans le milieu sportif. C’est une stratégie américaine qui existe depuis trois décennies, en particulier dans le base-ball professionnel. C’est une nouveauté, en revanche, pour le football mondial. en 1999, l’Ajax Amsterdam (AA) a pris une participation majoritaire dans deux clubs de la Premier League sud-africaine, les Cape Town Spurs et les Seven Stars. de cette fusion est né un club nommé, comme on pouvait s’y attendre, l’Ajax Cape Town (ACT) – et surnommé les « Urban warriors » – qui est la première franchise mondiale du football [1]. Cet accord témoigne des changements d’organisation et de répartition des forces à l’œuvre dans l’industrie du sport. Il a eu lieu dans un climat d’intenses débats politiques sur la migration des jeunes talents footballistiques africains (les joueurs de moins de 18 ans) vers l’europe. Le vocabulaire utilisé alors (évoquant par exemple l’« esclavage footballistique ») est significatif des allégations et des rumeurs du moment. C’est en partie pour répondre à ces inquiétudes que l’instance de régulation du football, la Fédération internationale de football association (Fifa), a posé en 2007 le principe d’interdiction des transferts internationaux de joueurs de moins de 18 ans [2]. en outre, la législation de l’Union européenne précise désormais que les joueurs aspirants doivent posséder un permis de travail pour pouvoir jouer comme professionnels en europe. La plupart des anciens pays colonisateurs – Belgique, France, Espagne et Pays-Bas – applique ces règles de manière plus souple que les autres pays de l’Union. Le royaume-Uni, contrairement aux autres pays européens, permet aux joueurs de signer des contrats professionnels dès 16 ans. Il existe donc une large marge de manœuvre pour esquiver les règles.

2Le nœud de ce problème est la migration massive de jeunes garçons, principalement africains, qui veulent devenir joueurs de football professionnels en europe. Les compétitions organisées par les clubs professionnels européens permettent souvent d’identifier un ou deux joueurs susceptibles d’être à la hauteur. Ces compétitions fournissent ainsi aux clubs une main-d’œuvre bon marché. Les agents et intermédiaires qui fournissent cette « marchandise » s’assurent par ailleurs un profit conséquent. On présume que les autres joueurs, qui ne font pas l’affaire et forment la majorité, tombent dans l’oubli et/ou sont abandonnés. Ce qui attire les joueurs est évident : la richesse fabuleuse et la gloire qui viennent récompenser le talent des joueurs internationaux. Ce qui les conduit à accepter les contrats est en revanche moins connu et plus controversé. Qui a rendu ces « affaires » possibles en Afrique? Qui en ont été les principaux bénéficiaires ? Dans de nombreux cas, les parents des jeunes gens ont payé de grosses sommes (aux standards africains) à des intermédiaires pour qu’ils fassent participer leurs enfants à ces compétitions [3].

3Ces dix dernières années, les défenseurs du football mondial se sont alarmés du nombre de jeunes joueurs africains qui quittaient leur continent pour aller trouver des emplois profitables dans les riches clubs européens. Ils ont pointé le caractère inégal de ces échanges et la vénalité des agents et des émissaires. Issa Hayatou, le président camerounais de la Confédération africaine de football (CAF), a exprimé ses inquiétudes en 1998:

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« Après la fuite des cerveaux, nous devons faire face à l’exode des muscles. Les pays riches importent la matière première – le talent – et envoient bien souvent sur le continent leurs moins bons techniciens. L’inégalité de l’échange est indiscutable. Cela crée une situation de dépendance […]. des clubs prestigieux sont régulièrement privés de leurs meilleurs éléments. même les juniors n’échappent pas à la voracité des agents, qui profitent de la vénalité de leurs leaders [4] ».

5En 2003, Joseph Blatter, dont les méthodes pour s’assurer des voix en Afrique lors de sa candidature à la Fifa ont pourtant été discutables, s’en est violemment pris aux méthodes de recrutement des jeunes talents africains par le nord:

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« Je trouve malsain, pour ne pas dire méprisable, que les clubs riches envoient des recruteurs faire leur marché en Afrique […] pour y « acheter » les joueurs les plus prometteurs […]. Ceux qui les ont entraînés quand ils étaient plus jeunes se retrouvent sans rien, si ce n’est un peu d’argent pour les dédommager. Les principaux clubs européens sont de plus en plus néocolonialistes. Ils se fichent éperdument de l’héritage et de la culture. Ils dépouillent les pays en développement de leurs meilleurs joueurs. C’est un viol social et économique [5] ».

7Les recours à ce registre politique radical ne manquent pas sur le sujet. Cela n’a rien de surprenant car ce dernier est étroitement lié à des questions politiques : l’héritage colonial, les migrations (y compris le trafic d’enfants), l’inégalité des échanges, ainsi que le sous-développement économique et social du continent. mais que sait-on de la réalité de ces échanges?

8L’attrait du continent européen pour les jeunes Africains s’est accentué avec la Coupe du monde des moins de 17 ans (la Fifa U-17 world Cup) dominée par l’Afrique de l’ouest. depuis 1983 en effet, le Nigeria a gagné trois fois la compétition et terminé trois fois deuxième, tandis que le Ghanaa gagné deux fois et s’est retrouvé également deux fois en finale. La Côte d’Ivoire, la Guinée et le Burkina Faso ont tous été demi-finalistes. Dans ces conditions, les meilleurs clubs du monde auraient tort de ne pas rechercher et acheter de tels talents. Pour le géographe John Bale, l’exploitation des jeunes talents africains par les clubs professionnels européens est de type néocolonialiste et prend trois formes: « La première est la mise en place par les méga-clubs européens de “pépinières de joueurs” en Afrique. La deuxième est l’exploitation des jeunes recrues africaines en Europe. La troisième a trait au rôle des “agents" dans l’exploitation des talents africains domiciliés en europe [6] ». Paul Darby et ses collègues proposent la typologie suivante pour analyser les différents types de structures de formation des jeunes joueurs [7] : on trouve dans la première catégorie les centres de formation africains, détenus et exploités par des clubs africains ou des fédérations nationales; viennent ensuite des centres de formation financés par des entreprises privées qui utilisent souvent d’anciens joueurs vedettes (dont beaucoup sont africains) comme émissaires ; les centres de formation non-affiliés, souvent improvisés à la hâte, mal équipés, et dont le personnel n’a pas l’expérience adéquate, forment une troisième catégorie ; enfin, les centres de formation afro-européens constituent une quatrième catégorie. Il s’agit d’arrangements entre un club ou un centre de formation préexistant et un club européen ou bien d’une prise de participation majoritaire dans un club africain par un club européen [8].

9Dans son étude sur la dépendance dans le base-ball, Alan Klein signale une condition importante pour évaluer les effets de ces échanges: « Il faut déterminer le moment où les nuisances sociales l’emportent sur les bénéfices individuels [9] ». C’est la division mondiale du travail au sein du football international qui nous intéresse ici et, plus particulièrement, l’apparition de la première franchise dans un pays, l’Afrique du sud, que la communauté du football ne voit pas a priori comme un vivier de jeunes talents. Pour l’analyse de la franchise de l’ACT, nous avons combiné des données ethnographiques avec des matériaux issus d’entretiens menés en 2006 et 2008. nous voulons discuter les affirmations de Joseph Blatter et d’Issa Hayatou à partir du cas de l’ACT. Pour cela, nous utiliserons les travaux d’Immanuel wallerstein sur le système-monde contemporain ainsi que les notions de dépendance et de néocolonialisme telles qu’elles sont développées respectivement par Andre Franck et Kwame Nkrumah [10]. Les critiques de ces modèles sont connues et certaines de ces analyses sont datées [11]. néanmoins, les propositions faites par la théorie de la dépendance permettent de mieux identifier les inégalités systématiques de ces échanges.

L’Ajax Amsterdam: de l’enracinement néerlandais à la greffe sud-africaine

10Le football a été introduit en Afrique du Sud dans la deuxième moitié du xixe siècle: il est rapidement devenu un espace de mobilisation politique pour la majorité noire [12]. Le sport a fortement contribué à forger l’identité masculine et a donné corps à des valeurs guerrières et athlétiques héritées de la période précoloniale [13]. des notions telles que l’autorité, le patriarcat et le sens de l’organisation sont encouragées par et dans le jeu [14]. dans ce contexte, quand le véhicule officiel de l’ACT, décoré des couleurs du club, entre dans les Cape Flats [15] du Cap, il est accueilli par un concert de klaxons et s’impose à tous les spectateurs, qu’ils soient jeunes ou vieux. Ce club, qui n’a pas de précédent dans l’histoire du pays, souhaite apporter un nouvel espoir aux supporters du Cap, et leur permettre de profiter du spectacle de jeunes talents avant leur départ – si possible à bon prix – pour l’europe. Il s’agit en l’occurrence des Pays-Bas et de leur club le plus éminent, l’Ajax Amsterdam.

L’Ajax Amsterdam à la recherche de nouveaux talents

11Ce club a des méthodes innovantes et réputées sans égales pour identifier et entraîner de nouveaux talents. Ceux qui font vivre l’Ajax sur le terrain disent que la philosophie du club est inspirée de la ville d’Amsterdam, connue pour son contexte politique particulier:

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« C’est pour cela qu’Amsterdam, c’est l’Ajax et que l’Ajax, c’est Amsterdam, qui est mondialement connue pour sa créativité… on explore constamment les frontières de la liberté, et les limites des comportements politiques, culturels et sociaux. C’est un climat fertile pour faire éclore des talents footballistiques [16] ».

13Depuis les années 1970, l’Ajax est connu pour ses réseaux de recrutement et sa politique envers les jeunes. dès l’âge de 9 ans, les enfants sont emmenés à l’entraînement et ramenés chez eux dans les véhicules que le club met gracieusement à disposition, ce qui est une nouveauté, à l’époque, pour les professionnels du football junior. en outre, à la même période, le club innove en recrutant de jeunes joueurs issus des minorités.

14Ce système attire des joueurs talentueux et permet des innovations, tant sur le terrain qu’à l’extérieur. Le club et ses supporters profitent de cette politique de promotion précoce des jeunes, ce qui force l’admiration de la communauté internationale du football. L’entraînement de l’AA est fondé sur des prescriptions techniques, le « TIPS » (Technique, Intelligence, Personnalité, rapidité [17]), et la formation en 3-4-3 qui encourage la discipline en laissant néanmoins une marge de manœuvre aux joueurs. Les manuels d’entraînement de l’Ajax prétendent que cette philosophie vient de l’environnement du club, qui partage avec la ville d’Amsterdam cette idéologie libérale ouverte: « à l’Ajax, […] ce qui compte, ce sont l’audace, le courage, l’obstination, la créativité, l’ingéniosité et la technique! [18] ».

15À la fin des années 1980, l’Ajax n’est cependant plus un grand club, même en championnat national. Une victoire à la Coupe de l’UEFA [19] en 1995 avec Louis van Gaal et une victoire en Ligue des champions en 1995 annoncent le début d’une nouvelle ère. La saison suivante, l’AA va jusqu’en finale de la Ligue des champions, où il perd contre la Juventus de Turin. Cette même année, l’arrêt Bosman [20] permet à de nombreux joueurs-clés de partir vers des clubs plus riches. en outre, au cours des années 1990, de nouvelles forces émergent dans le monde du football de haut niveau : l’Ajax Amsterdam devient le premier club néerlandais coté en bourse. depuis 1995 cependant, l’Ajax n’a gagné aucun trophée important et n’attire plus les joueurs internationaux. Il fournit des talents à la Premier League anglaise et à la Liga espagnole. Quatre ans après avoir gagné la Coupe intercontinentale [21], l’effectif de l’Ajax ne compte presque plus de joueurs formés au club. déterminé à trouver de jeunes talents, l’Ajax se tourne alors vers l’étranger.

16L’AA ayant une image de club innovant et axé sur le développement de la jeunesse, il décide, au milieu des années 1990, de faire de son nom une marque internationale. Il passe donc des accords avec les Ghanéens de l’Obusai Goldfields, les Belges du Germinal Beerschot d’Anvers, puis, finalement, avec l’ACT. Les dirigeants comprennent que leur objectif doit être avant tout de travailler au succès du club: de là émerge une rhétorique en partie centrée sur le succès mondial du label « Ajax Amsterdam ». Il faut alors identifier et affiner le recrutement de joueurs de classe internationale. Cette recherche de jeunes talents hors d’europe est cependant entravée par la Fifa qui, en 2007, interdit aux clubs européens d’acheter des joueurs africains de moins de 18 ans. en apparence, cette mesure réduit les mouvements intercontinentaux des joueurs. mais l’AA, tout comme d’autres clubs d’europe de l’ouest, essaye d’entraîner des joueurs étrangers selon ses propres règles pour les faire jouer en championnat néerlandais une fois arrivés « à maturité ». Le club espère ainsi revenir sur le devant de la scène du football européen. Pour créer les meilleures conditions possibles, l’AA décide dès janvier 1999 de supprimer les « agents » et les intermédiaires et de contrôler, directement, un club africain. Comme leurs méthodes sont pionnières, les dirigeants et les entraîneurs du club néerlandais considèrent qu’ils n’ont pas besoin de médiateurs pour identifier et prendre en charge les jeunes talents. La circulation des valeurs entre le club et son environnement immédiat, la ville d’Amsterdam, est alors une belle idée, dont le club se glorifie. Ses officiels n’ouvrent donc pas de débat public sur la manière dont les méthodes, la tactique et l’idéologie de l’AA vont être introduites en Afrique du Sud et plus particulièrement au Cap.

17L’accord signé entre l’AA et l’ACT en 1999 provoque une restructuration des méthodes de repérage et d’entraînement de l’ACT et de ses infrastructures. Les perspectives du nouveau club, né de la fusion de deux clubs du Cap, les Cape Town Spurs et les Seven Stars, sont encourageantes. à tel point qu’Afzal Kahn, le président d’un autre club du Cap, Santos, prédit audacieusement que « dans un futur proche, presque tous les clubs sud-africains seront alignés sur les clubs européens [22] ». L’accord est entériné après une audience de la haute cour, qui s’inquiétait du fait qu’un club de football local puisse être détenu par une organisation dont le siège était à l’étranger. La cour décide finalement que tant que l’AA a une implantation en Afrique du Sud et que ses parts dans l’ACT n’excédent pas 75 %, on ne peut légalement parler d’accords offshore.

18Les accusations d’Issa hayatou accusant les riches clubs européens de « voracité » dans leur recrutement en Afrique et d’avoir tendance à « envoyer sur le continent leurs moins bons techniciens » entrent en résonance avec la création, un an plus tard, de la première franchise de football en Afrique du sud, le club néerlandais employant une méthode de travail typiquement néerlandaise pour identifier, valoriser et transférer les jeunes talents.

L’Ajax Cape Town: le club, ses acteurs, sa philosophie

19Le centre de formation de l’ACT est situé à Parow, un quartier de la classe moyenne (aux standards sud-africains) distant du centre du Cap d’environ 10 km. Il est au bord d’une route très fréquentée et possède une vue sublime sur la montagne de la Table. Le site offre six terrains et des bureaux dans un immeuble à deux étages. Il est entouré d’une clôture sans barbelés, ce dont la direction est très fière. Les sens du devoir et de la tolérance y sont valorisés. Six paires de chaussures de football données par d’anciens joueurs sont accrochées à côté de leur photographie, célébrant le fait qu’ils aient accepté de donner leur équipement au moment où, sortis du centre de formation, ils faisaient leurs débuts dans le football professionnel. Un ballon de football est incrusté dans une plaque de verre, qui semble – à dessein – brisée, peut-être pour rappeler que si on vise l’excellence, il faut aussi accepter ses erreurs. à côté, la profession de foi du club est sans équivoque sur ses ambitions: « Être le meilleur club d’Afrique en termes de succès, de professionnalisme et de rentabilité.

20Le club partage, sur le terrain comme à l’extérieur, la même philosophie que la maison mère en matière commerciale, publicitaire et de jeu. en particulier, il fait sien le désir de développer les talents plutôt que de les acheter. L’ACT entraîne pour cela des jeunes dès l’âge de 6 ans et jusqu’à 19 ans. 50 % des frais du club concernent ainsi les activités d’entraînement des jeunes joueurs, ce qui est un chiffre exceptionnel pour l’Afrique du Sud. L’Ajax Amsterdam élabore les prévisions budgétaires et les envoie à son satellite sud-africain. Pendant la première saison, le club a enregistré des pertes records, officiellement dues à des « raisons structurelles ». Ses résultats opérationnels durant les quatre années suivantes ont inclus le revenu des ventes d’actifs, c’est-à-dire, en l’occurrence, de joueurs. Un bon transfert par an de 70 000 euros couvre les coûts d’exploitation du centre de formation, en plus des 1,5 millions d’euros nécessaires pour le fonctionnement courant du club, somme tirée des ventes de billets pour les matchs, des récompenses, des subventions de la ligue et des sponsors.

21Durant la saison 2005-2006, l’ACT a réuni en moyenne 7 000 supporters quand il jouait à domicile, soit la quatrième meilleure fréquentation de la Premier League sud-africaine. Le club n’a cependant pas de stade attitré, ce quia empêché l’émergence d’un sentiment d’unité et d’appartenance chez ses supporters. L’ACT doit jouer au stade de Newlands mais les supporters n’aiment pas l’endroit. d’une part, ce stade, qui peut accueillir plus de 50 000 spectateurs est la résidence de la western Province rugby Union club et, de ce fait, les 6 000 à 7 000 spectateurs réguliers de l’ACT sont perdus dans un tel espace. en outre, le stade se situe dans un « mauvais » quartier de la ville: un quartier blanc. Ceci ne contribue pas à créer une atmosphère accueillante et chaleureuse pour des supporters majoritairement noirs. de fait, les frontières tracées par la « race » et la classe – visibles dans le paysage sociopolitique sud-africain – se retrouvent lors des matchs à domicile de l’ACT, où la ségrégation est évidente : les supporters blancs achètent des places confortables et séparées des tribunes plus animées et moins chères des supporters noirs. en outre, certains supporters se plaignent que, les jours de match, les officiers de police municipale aient pour instruction de verbaliser les véhicules garés illégalement. or cette mesure ne serait pas appliquée lors des matchs de rugby, qui sont pourtant disputés au même endroit, mais dont le public est majoritairement blanc.

22Ces éléments se voient confirmés par les dirigeants de l’ACT. En février 2010, lors de l’enquête lancée par la Fédération sud-africaine de football, notamment à propos de la Premier League [23], le directeur exécutif de l’ACT, le Gréco-Sud- Africain John Comitis décrit son club avec subtilité comme « un club de classe mondiale dans une structure du Tiers-monde [24] ». de son côté, le responsable du marketing, un Sud-africain blanc, tient des propos plus brutaux: « C’est un club blanc dans une structure noire », et « un club qui vend en europe, ou n’importe où, pour faire de l’argent [25] ».

23En 2005, ce directeur du marketing de 30 ans, diplômé en Grande-Bretagne, est en poste depuis deux ans. de tous les employés présents à plein-temps, un seul est noir. Il s’agit du chargé des relations publiques, « Shooz », né dans la région, et devenu littéralement le visage du club. Il a alors pour tâche de vendre la marque du club et sa philosophie aux habitants des immenses townships du Cap.

24De son côté, Gordon Igesund, l’entraîneur en chef en 2006, a obtenu avec trois équipes différentes trois titres de champions d’Afrique du Sud, ce qui en fait le plus brillant entraîneur du pays. Il doit entraîner les joueurs mais également former des entraîneurs et des recruteurs. Les premières années, les entraîneurs et les officiels de l’Ajax Amsterdam viennent au Cap tous les six mois. de temps à autre, l’entraîneur de l’équipe première de l’AA, Louis van Gaal, sélectionne lui-même certains joueurs. Quand les jeunes gens sont sélectionnés pour entrer au centre de formation de l’ACT, ils reçoivent immédiatement une tenue de sport d’une valeur d’environ 500 euros, ce qui n’est pas négligeable pour des jeunes qui arrivent souvent aux compétitions avec leurs propres vêtements sur le dos. en 2005, le recruteur en chef, d’origine anglaise, parle des qualités de jeu respectives des joueurs blancs et noirs comme étant le produit de leur environnement socioculturel:

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« [il faut] les qualités physiques des Blancs et les qualités de jeu des noirs. dans les banlieues blanches, il y a de bonnes écoles (principalement pour le rugby) mais de mauvais entraîneurs. Ils vont et viennent et ils sont absents pendant toutes les vacances de décembre [26]. Les gamins noirs de leur côté jouent sur de très mauvais terrains avec des balles de tennis et sont incroyablement précis [27] ».

26L’ACT recrute dans les Cape Flats du Cap, dans le district coloured de mitchell’s Plain et le township noir de Nyanga. Le club garde également des contacts dans le district coloured de Westbury, à Johannesburg, où sa plus célèbre recrue, Steven Pienaar, a été découverte.

27Quand les joueurs signent comme professionnels, ils reçoivent le costume et la cravate du club. Quand ils jouent dans l’équipe principale, ils voyagent en première classe. en retour, le club attend d’eux qu’ils adhèrent à ses valeurs. Tout manquement au code de conduite entraîne un durcissement de l’entraînement ou une suspension. Le Programme de responsabilité sociale de l’ACT impose contractuellement aux joueurs de participer à des activités « de proximité ». Il peut s’agir de servir des repas aux déshérités ou de ce que la littérature promotionnelle du club nomme « le soutien aux communautés ». Le centre de formation et ses joueurs ne sont pas insensibles aux tentations extérieures: des jeunes ont dû être envoyés en centre de désintoxication.

Le rejet de la greffe

28La philosophie de l’AA en matière d’entraînement des jeunes joueurs, de tactique et de recrutement a tant été célébrée en Afrique du Sud que son maigre rendement a été une surprise. Aux yeux de ceux qui ont négocié l’accord, les niveaux d’organisation, d’efficacité, de professionnalisme qui ont été mis en place sont sans précédents dans une « structure du tiers-monde », politiquement et économiquement précaire. Ils étaient donc peu enclins à envisager un échec. et, de fait, cela avait très bien commencé. durant sa première année d’existence, l’ACT bat les Orlando Pirates (4-1) devant une foule de 60 000 personnes et avec une équipe qui compte quatre joueurs de 18 ans. Quand la vague de succès international – et le triomphe à la Rothmans Cup en 2000 – retombe ensuite, l’ACT demande à ce que les entraîneurs néerlandais transférés au club dans le cadre de la franchise rentrent à Amsterdam et soient remplacés par des hommes de son choix. Ancien dirigeant des Seven Stars, Rob Moore démissionne de son poste de codirecteur exécutif de l’ACT en 2001. Selon l’un de nos informateurs, Moore estime alors que l’Ethos du club est trop éloigné de celui des Seven Stars, qui a toujours cultivé une relation spéciale avec les townships des alentours [28].

29L’ACT maintient les impératifs économiques de la maison mère mais les fans et les officiels du club prennent conscience du fardeau que représente un modèle néerlandais complètement importé dans un contexte sud-africain. Les joueurs, les entraîneurs et les fans comprennent que les formations et la tactique de l’AA manquent d’efficacité dans le jeu local. La frustration est à son comble en 2006, quand Gordon Igesund est mis à la porte sous prétexte qu’il aurait perdu confiance dans la formation en 3-4-3, adoptée avec ferveur par l’AA et qui est sa marque de fabrique. de fait, John Comitis admet que la décision de se séparer d’Igesund a été prise conjointement avec les officiels de l’AA. Pour l’AA, la présence des entraîneurs et des conseillers néerlandais n’est pas impérative, mais l’allégeance au modus operandi des néerlandais en termes d’entraînement est, elle, essentielle. de fait, le nouvel entraîneur – le Turc Muhsin Ertugral – se voit confier la mission de rétablir le style « Ajax » au sein de l’équipe [29].

30L’ACT abandonne ainsi l’histoire et la tradition des deux clubs qui le composaient initialement et se construit une nouvelle identité. Cela attire de nouveaux fans mais en écarte d’autres. Certains de ces fans sont, comme Moore, inquiets de voir le club s’éloigner des townships, qui constituaient l’identité des Seven Stars. en 2006, le responsable des activités sociales de l’ACT estime qu’un transfert dans le township de Philippe – dans les Cape Flats – est nécessaire pour reconquérir les supporters loyaux que les townships de la ville pourraient fournir. Le club cherche même un terrain dans ce quartier pour y construire un stade, mais les autorités locales refusent, se fondant sur des motifs peu clairs.

31Ces résistances locales au transfert des méthodes néerlandaises démontrent que les rouages de cette franchise ne fonctionnent pas complètement. néanmoins, la volonté initiale du club européen et les structures mises en place par la franchise s’inscrivent dans un système d’échange inégal – qui peut être lu à la lumière des théories d’Immanuel Wallerstein et des théories dépendantistes.

Système-monde et jeu mondial : les mouvements centre-périphérie du sport

32En 1974, dans The Modern World-System, Immanuel Wallerstein entreprend de retracer l’émergence du « système-monde contemporain » constitué à partir xvie siècle et de comprendre le développement de son réseau de commerce et de communications. Plus précisément, le cadre d’analyse de Wallerstein tente d’expliquer les différences d’activité économique entre les « régions » du système. Selon lui, ces activités respectives sont liées aux différentes positions dans la hiérarchie de production, de profit et de consommation. Pour le dire simplement, la division du travail est globale et s’effectue à l’échelle du système dans son ensemble. Les régions du système-monde ne sont pas des entités économiques séparées. Au contraire, le système est cohérent, c’est une unité intégrée. C’est la disparité des activités et des échanges qui définit et est définie par la typologie de Wallerstein en « centre », « semi-périphérie » et « périphérie ». Cette division nécessite que la périphérie produise les cultures commerciales primaires, qui sont échangées contre des biens manufacturés dans les autres pays, appartenant pour l’essentiel au centre. Ces échanges sont largement inégaux, parce que les termes en sont faussés par le centre, qui les impose à la périphérie.

33En localisant les athlètes kenyans au sein du système global, Bale esquisse les contours de ce qu’il perçoit comme « le système sportif global ou international [30] ». C’est un système total qui transcende les frontières nationales et qui suit les circuits politiques et économiques du globe. La typologie de Bale est tirée de celle de Wallerstein: « Les pays du “centre" ont intégré ceux de la “périphérie" dans un système sportif global – européano-centré – de compétition, d’aide et d’importation des ressources naturelles. La migration des jeunes talents est donc l’un des éléments essentiels – mais pas le seul – de ce système » [31]. Bale donne l’exemple des athlètes kenyans, attirés vers l’europe, qui est le centre du système sportif global et permet d’accéder à la très lucrative « industrie de la course ». Ces athlètes vont en Allemagne, en Espagne, dans les pays scandinaves, en Italie et en Angleterre.

34De son côté, Darby estime que, depuis la fin du xixe siècle, s’est développé un système-monde propre au football. Ce système est selon lui alimenté par la prolifération des contrats internationaux et des relations institutionnelles et politiques, ainsi que par l’augmentation constante des ressources économiques que brasse le football mondial [32]. Il partage l’opinion d’Issa Hayatou, en déplorant l’exode des jeunes talents africains vers l’europe et en mettant en cause les agents et les recruteurs sans scrupules qui sévissent sur le continent depuis les années 1990. Il insiste sur le fait que ces hommes opèrent hors de toute structure de régulation. de fait, l’Afrique ne compte que 367 agents patentés, soit moins de 10 % des agents officiels dans le monde. On ne connaît pas le nombre d’agents informels.

L’Ajax Cape Town dans le système-monde du football

35Pour Wallerstein, l’Afrique du Sud est l’une des « semi-périphéries » du système-monde capitaliste. La place que le pays occupe dans l’économie mondiale du football semble le confirmer. Le théoricien estime que la semi-périphérie est un nœud du système-monde qui relie les pays riches du centre et les pays pauvres de la périphérie, permettant ainsi de garantir une forme d’équilibre et de stabilité empêchant les crises économiques et politiques mondiales [33]. L’équipe nationale de football, les Bafana Bafana, n’est une grande équipe ni en termes de tradition de jeu ni en termes de succès. elle n’a obtenu que des résultats moyens lors des compétitions internationales. néanmoins, le pays attire de nombreux aspirants footballeurs, comme l’atteste le recrutement à l’ACT: dans le passé, le club a recruté essentiellement des joueurs venant des pays voisins ou proches (Namibie, Zambie, Congo) mais son bassin de recrutement s’est élargi. Alors que c’était la perspective d’un emploi dans les mines de Kimberley qui conduisait les migrants en Afrique du Sud, la nouvelle génération de jeunes migrants rêve peut-être, en passant la frontière, de fortunes en livres sterling ou en euros, gagnées en jouant au football [34].

36Même si le vocabulaire de la théorie de Wallerstein ne trouve pas de correspondance exacte dans celui de l’économie mondiale du football, il permet des parallèles évidents avec les allégations de néocolonialisme avancées par Blatter et Hayatou. Ce dernier point, soulevé par Wallerstein, trouve également des résonances dans l’accord de franchise entre l’AA et son satellite Sudafricain. Les termes de cet accord permettent en effet à l’AA de s’approprier les joueurs les plus prometteurs de l’ACT. Le club néerlandais peut exercer son droit de préemption sur tous les joueurs de l’ACT, joueurs dont il détermine alors lui-même la valeur. L’ACT est par conséquent dans l’incapacité de retenir ses joueurs les plus talentueux – et donc les plus vendables – et ce, bien que ce club ait espéré fonctionner en symbiose avec l’AA sur le long terme. Cela handicape naturellement l’ACT pour gagner la Premier Soccer League [35].

37On peut établir d’autres parallèles intéressants avec cette théorie, en particulier le fait que les membres-clés de la semi-périphérie sont cooptés, de manière à apaiser les éventuelles tensions. même si parler de risque de « révolte » est assez peu adapté au contexte de l’économie du football, le fait de coopter les petits clubs permet de saper leurs éventuelles revendications. de fait, sans cette cooptation, ces clubs pourraient, avec d’autres et avec des confédérations, identifier les inégalités que crée ce système d’extraction des talents « bruts » – que rappelle le terme « pépinière » – et agir collectivement contre ce système. C’est particulièrement pertinent pour l’Afrique du Sud, où le contexte socio-économique dans lequel évoluent les clubs est considéré comme le plus favorable d’Afrique sub-saharienne.

38Les impératifs économiques de l’AA ont été exportés dans le fonctionnement de l’ACT. Les résultats économiques sont aussi importants que les résultats sur le terrain, et l’ACT a pour mission de devenir le club le plus rentable d’Afrique. Cela implique d’entretenir des supporters loyaux. mais l’ACT a été adopté par un club essentiellement européen, dont l’identité, qui n’est assurément pas africaine, transparaît non seulement dans le sigle du club mais également dans les tactiques choisies sur le terrain, la formation, le recrutement et même l’esprit commercial. C’est toute l’identité sud-africaine qui a été négligée dès le départ.

La franchise de l’Ajax Cape Town: dépendance et échange inégal

39Si on devait mesurer le niveau de dépendance qui existe entre l’ACT et l’AA sur la seule base des transferts de joueurs effectués à ce jour, il apparaîtrait sans doute que le fait que l’AA détermine leur valeur n’est qu’un élément mineur. Cependant, le principal problème en termes de dépendance est de savoir non pas si la relation est inégale mais si le cadre juridique dans lequel elle s’opère porte la possibilité d’une telle inégalité. Plus précisément, il est crucial de savoir si les termes de l’accord de franchise concernant les transferts de joueurs rendent possible la dépendance.

40Nos informateurs, qui sont tous des employés – à des postes variés – de l’ACT, nous ont éclairé sur les termes très complexes qui fondent l’accord de franchise. Le nœud du problème est que les 900 000 euros « donnés » au départ à l’ACT pour réhabiliter ses infrastructures étaient en fait un prêt. Les remboursements doivent se faire en nature, la valeur du prêt correspondant à celle de trois joueurs de l’ACT sélectionnés pour un transfert à Amsterdam. Ceci vient s’ajouter au fait que l’AA a un droit de préemption sur tous les joueurs de l’ACT. Les possibilités d’exploitation sont évidemment légion: un joueur exceptionnel peut en fait servir à rembourser un montant de l’ordre de 300 000 euros, soit un tiers du prêt total (peu importe que ce joueur ait une valeur réelle supérieure). de cette manière, tant que le seuil de trois transferts n’est pas atteint, l’ACT reste dépendante de la maison mère. L’AA a ainsi pu avoir accès à la plus-value (en termes footballistiques) de son satellite à un prix qui n’en a jamais reflété la valeur réelle. Les termes de l’accord de franchise ont rendu cette opération systématique et, comme l’ACT n’a jamais eu accès à la valeur réelle de sa plus-value, il a été obligé de vendre ses joueurs à la maison mère. Il reste ainsi redevable à l’AA pour ses échanges, ce qui est, sans aucun doute, une situation de « sous-développement dépendant ».

41À ce stade, nous devons rappeler la mise en garde utile de Klein à propos du sous-développement du base-ball dominicain. même si on ne tient pas compte de ce qui se dit sur l’exploitation et la situation difficile des recrues africaines en Europe [36], on peut supposer que la ponction continuelle des meilleurs talents africains par les clubs européens empêche largement les nations africaines de développer – économiquement et qualitativement – leurs ligues nationales. La richesse des quelques joueurs africains qui atteignent le plus haut niveau en europe révèle aussi le sous-développement continuel des ligues nationales africaines. Ces facteurs semblent créer une spirale de sous-développement. L’hémorragie de jeunes joueurs talentueux vers l’europe (et, dans une moindre mesure, vers l’Asie [37]) se répercute sur le niveau des « meilleures » ligues nationales : au mieux, elles se développent très lentement, au pire, elles régressent. Les clubs africains ont donc peu d’intérêt commercial, ce qui accroît leur dépendance vis-à-vis des aides financières européennes et les rend de plus en plus serviles à l’égard des conditions que fixent ces investissements. Le système de franchise que nous analysons illustre ce cycle. de fait, les accords de franchise systématisent la dépendance.

42Dans le cas de l’ACT, c’est une méthode européenne qui est systématiquement mise en œuvre pour traiter la « matière première ». en cela, cette franchise a des accents coloniaux. même le vocabulaire qu’utilisent les centres de formation de football rappelle l’organisation coloniale du travail. L’expression « pépinière de joueurs » est empruntée à l’imaginaire agricole et évoque les plantations qui quadrillaient l’Afrique coloniale [38]. Ces pépinières existent pour: « (a) trouver de la matière première, c’est-à-dire des joueurs talentueux ; (b) les raffiner, c’est-à-dire les entraîner ; (c) exporter le produit fini, c’est-à-dire des joueurs de football [39] ». Au départ, l’ACT est une « pépinière de joueurs » : n’oublions pas que l’AA a initié cet arrangement « dans le but d’élever de jeunes talents [40] ». Il a investi (prêté, plutôt) 900 000 euros pour que les équipements soient améliorés et qu’un système de recrutement sophistiqué soit mis en place. Il semble qu’il s’agisse bien dans ce projet de raffiner la matière première. Le caractère néocolonial de la franchise se révèle également dans le fait que c’est Amsterdam qui détermine le prix d’un joueur, après l’avoir testé et avoir décidé s’il convenait pour la compétition européenne. Enfin, l’accord de franchise permet à l’AA de contourner la législation de la Fifa interdisant le transfert de joueurs mineurs.

43Le transfert de Steven Pienaar en 2002 illustre le caractère inégal de ces échanges. Pienaar quitte l’ACT pour l’AA à l’âge de 19 ans. Il n’est pas évalué à sa juste valeur, mais est alors le premier joueur – et le seul à ce jour – utilisé pour rembourser l’un des trois tiers du prêt, pour un montant de 300 000 euros. en 2005, quand les clubs européens commencent à convoiter ce milieu de terrain polyvalent, il est estimé à 2,5 millions d’euros [41]. Il refuse finalement de rester à l’AA et rejoint en 2006 [42] le Borussia Dortmund à la fin de son contrat, sans qu’aucune indemnité de transfert ne donc soit perçue par l’AA [43]. On pourrait affirmer ici que les postulats des théories de la dépendance et du système-monde ne s’appliquent pas ici car la partie dépendante, l’ACT, a gagné plus d’argent sur Pienaar que sa maison mère quatre ans plus tard. de fait, ces deux théories sont certainement lacunaires quand on en vient aux subtilités de l’arrêt Bosman ! L’augmentation de la valeur de Pienaar ainsi que le bénéfice potentiel que l’AA aurait pu tirer d’une revente – bien que cela n’ait pas été le cas en pratique – donnent du grain à moudre à ceux qui se désolent de la marchandisation de la matière première africaine quand elle est envoyée vers le nord : il s’agit ici d’un cas évident d’échange inégal. Il n’est pas exceptionnel : quand de jeunes joueurs, tels que Pienaar, sont transférés dans des clubs européens, leur valeur marchande augmente bien souvent rapidement [44].

44Aucun club de football n’a auparavant utilisé le système de la franchise, qui permet de fixer sur le long terme les moyens de production et les termes de l’échange. Quand l’AA s’adresse aux Cape Town Spurs et aux Seven Stars en 1999, son but est de développer des joueurs de football de classe mondiale. C’est la plus-value qu’il désire alors: pas encore économique, mais sportive. Les corps de jeunes hommes considérés comme de la matière première vont être raffinés selon les méthodes d’entraînement européennes, puis vendus avec profit. L’AA bénéficie ainsi du fait d’avoir franchisé son sigle, son équipement et son identité – tous mondialement connus – dans l’ACT. dès sa création, le club est dirigé par deux directeurs généraux associés, Rob Moore (l’ancien directeur général des Seven Stars) et John Comitis (l’ancien président des Cape Town Hellenic et directeur général des Cape Town Spurs). entrepreneur prospère, Comitis tente d’utiliser le renom et l’identité de la marque « Ajax Amsterdam » dans le contexte sud-africain. Il veut produire une plus-value économique plus importante qu’auparavant, ce qui se reflète dans l’ordre de mission du club, qui comporte un impératif de profit. L’autre force motrice de production de plus-value doit venir des succès sur le terrain permis par l’entraînement, le recrutement et la tactique de l’AA.

45Cela soulève des questions importantes sur l’interface entre trois éléments: le fonctionnement du système footballistique, des conditions sociales difficiles et, point peut-être le plus pertinent pour cette étude, la possibilité – douteuse – d’exporter une « philosophie de jeu » spécifique à un territoire sans qu’elle perde de son efficacité. Il semble que la dialectique entre les « philosophies » à l’œuvre sur le terrain et en dehors soit limitée dans le cas de l’ACT. Les joueurs sont sélectionnés, entraînés et placés selon les principes d’une idéologie élaborée par le nord, et ce pour permettre un passage sans heurt à la philosophie et au style de jeu de la maison mère. Cette « matière première » prend une valeur monétaire, estimée à Amsterdam. La question importante est donc de savoir si l’ACT, club satellite formé pour répondre aux besoins du marché néerlandais, est emblématique d’une transformation des modes de production de l’industrie footballistique. dans les conditions actuelles de l’accord, dominent surtout l’exploitation et l’échange inégal. Cela restera le cas tant que la valeur des joueurs sera calculée à Amsterdam et que la pertinence du système de l’AA ne sera pas remise en cause.

46La théorie du système-monde et celle de la dépendance sont utiles pour analyser la franchise de l’ACT en termes économiques, c’est-à-dire en termes de marchandise, de conditions d’échanges et de plus-value. Cependant, comme les critiques l’ont souligné, ces théories sont rigides et excluent toute forme de résistance ou de capacité d’action de la part des « dominés ». L’environnement socioculturel du Cap et de l’Afrique du Sud s’est révélé peu accueillant pour une philosophie enracinée dans l’un des grands centres urbains européen. Il était impossible de discipliner le corps des joueurs, ni de systématiser leurs mouvements ou de répartir leurs compétences comme c’est l’usage à Amsterdam. L’AA avait sa propre philosophie de jeu. Tous – les directeurs de l’ACT, les entraîneurs et les fans – l’ont reconnu. Tous ont résisté à ces pratiques inconnues et étrangères qui ignoraient les capacités de la population locale à se gouverner elle-même : les directeurs ont démissionné, les entraîneurs se sont rebellés et les supporters ont fui le club. L’AA a créé l’ACT à sa propre image pour établir un système de production du travail franchisé qui soit bon marché, durable et, au bout du compte, global. La communauté mondiale du football a observé cette initiative avec intérêt. Cependant, cette franchise ne peut passer pour un succès tant les résistances locales se sont multipliées.


Date de mise en ligne : 15/11/2012.

https://doi.org/10.3917/polaf.118.0043

Notes

  • [1]
    Le présent article s’appuie sur des entrevues et des données ethnographiques recueillies au cours de deux visites à l’Académie ACT, en avril 2005 et mars 2006. Les entrevues ont été menées avec les membres-clés du personnel du club, tandis que les observations ethnographiques se sont déroulées à l’Académie lors des tournois de jeunes et lors de visites dans les Cape Flats (voir note 15).
  • [2]
    Les statuts, règlements et circulaires de la Fifa sont disponibles sur fr.fifa.com.
  • [3]
    Voir P. Donnelly et L. Petherick, « workers’ Playtime? Child Labour at the extremes of the Sporting Spectrum », Sport in Society, vol. 7, n° 3, 2004, p. 301–321; L. Krushelnycky, « Belgium’s Soccer “Slave Trade” », BBC News Online, 10 mars 1999 ; E. Maradas, « Human Traffic », African Soccer, n° 66, 2001, p. 8-9; r. Poli, « Africans’ Status in the european Football Players’ Labour market », Soccer and Society, vol. 7, n° 2-3, 2006, p. 278-291.
  • [4]
    Cité dans P. Darby, Africa, Soccer and FIFA: Politics, Colonialism and Resistance, Londres/Portland, Frank Cass, 2002, p. 171.
  • [5]
    « Blatter Condemns european Clubs », BBC News, 17 décembre 2003. Voir aussi « Somali Boss Blows whistle on Bribery », BBC News, 28 février 2002.
  • [6]
    J. Bale, « Three Geographies of African Footballer migrat ion: Patterns, Problems and Postcoloniality », in G. Armstrong et r. Giulianotti (dir.), Soccer in Africa : Conflict, Conciliation and Community, Basingstoke, Palgrave, 2004, p. 229-246.
  • [7]
    P. Darby, G. Akindes et M. Kirwin, « Soccer Academies and the migration of African Soccer Labor to europe », Journal of Sport and Social Issues, vol. 31, n° 2, 2007, p. 143-161.
  • [8]
    La Feyenoord Academy de Gomo Fetteh, au Ghana, entre dans cette dernière catégorie. elle a été fondée par un club néerlandais, le Feyenoord Rotterdam, en 1998. Il existe en outre dans le football mondial un certain nombre de jumelages entre clubs africains et européens. Le Sheffield United a ainsi des accords avec le Ferencváros de Budapest, les Chengdu Blades chinois et les West Coast Mariners australiens dans le but avoué – mais pas encore atteint – de voir un jour ces clubs envoyer leurs joueurs les plus prometteurs dans le Yorkshire. en retour, le Sheffield United envoie les joueurs qui n’ont pas le niveau requis pour la Coca-Cola Championship dans un des trois clubs jumelés – si tant est que l’on puisse parler de jumelage, le président du Sheffield United dirigeant également les trois entreprises qui possèdent les clubs « jumelés ». Il existe d’autres arrangements qui permettent de contourner la législation sur les permis de travail. Le Manchester United a un arrangement avec le Royal Antwerp Belge. Le club anglais « garde » les joueurs extra-européens jusqu’à ce qu’ils soient éligibles à un passeport européen. Arsenal fait de même avec le club de Beveren, en Belgique, auquel il est affilié.
  • [9]
    A. Klein, Sugarball: The American Game, the Dominican Dream, New Haven, Yale University Press, 1991, p. 60.
  • [10]
    A. G. Frank, Capitalism and Underdevelopment in Latin America. Historical Studies of Chile and Brazil, New York, Monthly Review Press, 1967; K. Nkrumah, Neo-Colonialism : The Last Stage of Imperialism, Londres, Thomas Nelson & Sons, 1965, p. 196.
  • [11]
    D. Chirot, Social Change in the Modern Era, New York, Harcourt Brace Jovanovich, 1986 ; R. Collins, « Weber’s Last Theory of Capitalism : A Systematization », American Sociological Review, vol. 45, 1980, p. 925–942; T. Skocpol, « Wallerstein’s World Capitalist System : A Theoretical and Historical Critique », American Journal of Sociology, vol. 82, 1977, p. 1075-1090; A. Szymanski, « The Socialist World-System », in C. Chase-Dunn (dir.), Socialist States in the World System, Beverly Hills, Sage, 1982, p. 57-74.
  • [12]
    G. Jarvie, Class, Race and Sport in South Africas Political Economy, Londres, Routledge/Keegan Paul, 1984; d. Booth, « United Sport: An Alternative Hegemony in South Africa », International Journal of the History of Sport, vol. 12, n° 3, 1995, p. 105–124; J. Nauright, Sports, Cultures and Identities in South Africa, Londres, Leicester University Press, 1997; M. Keech, « Contest, Conflict and Resistance in South Africa’s Sport’s Policies », in J. Sugden et A. Tomlinson (dir.), Power Games : A Critical Sociology of Sport, Londres, Routledge, 2002.
  • [13]
    J. Nauright, Sports, Cultures and Identities in South Africa…, op. cit. ; M. Meredith, Diamonds, Gold and War : The Making of South Africa, Londres, Pocket Books, 2008.
  • [14]
    P. Alegi, Laduma ! Soccer, Politics and Society in South Africa, Natal, Kwazulu Natal Press, 2004; G. Jarvie, Class, Race and Sport…, op. cit. ; m. Bose, Sporting Colours: Sport and Politics in South Africa, Londres, Robson, 1994.
  • [15]
    Les Cape Flats sont un ensemble de quartiers noirs et colored créés en grande partie au temps de l’apartheid, à la périphérie de la ville blanche située entre le port et la montagne de la Table (NdT).
  • [16]
    H. Kormelink et T. Seeverens, The Coaching Philosophies of Louis Van Gaal and the Ajax Coaches, États-Unis, Reedswain, 1997, p. 10.
  • [17]
    Technique, Intelligence, Personality, Speed.
  • [18]
    H. Kormelink et T. Seeverens. The Coaching Philosophies…, op. cit., p. 8.
  • [19]
    Ancien nom de l’actuelle Ligue Europa (UEFA Europa League), rebaptisée en novembre 2008 pour la saison 2009-2010 (NdT).
  • [20]
    L’arrêt Bosman est un arrêt de la Cour de justice des communautés européennes de décembre 1995 qui a jugé que les règlements de l’UEFA, en particulier ceux qui instauraient des quotas liés à la nationalité, étaient contraires à l’article 39 du Traité de Rome sur la libre circulation des travailleurs entre les États-membres. Il a conduit à une déréglementation du marché du travail des footballeurs professionnels (NdT).
  • [21]
    Actuelle Coupe du monde des clubs de la Fifa (NdT).
  • [22]
    Cité dans S. Kuper, « Out of Africa. Wilful Daughters and Absent Mothers », The Observer, 14 mars 1999.
  • [23]
    Voir R. Rangongo, « Football Corruption Probe May Follow World Cup », The Times (of South Africa), 13 février 2010.
  • [24]
    Entretien avec le directeur de l’ACT, Le Cap, mars 2006.
  • [25]
    Entretien avec le responsable du marketing de l’ACT, Le Cap, avril 2005.
  • [26]
    Les vacances les plus importantes en Afrique du Sud (NdT).
  • [27]
    Entretien avec le directeur du recrutement des joueurs de l’ACT, Le Cap, avril 2005.
  • [28]
    Le nom « Seven Stars » (« Les sept étoiles »)a précisément été choisi en référence à la constellation de sept townships qui entoure le siège du club.
  • [29]
    Il est remplacé en 2009 par un entraîneur néerlandais, Foppe de Haan, l’ancien manager de l’équipe nationale néerlandaise des moins de 21 ans et du SC Heerenveen.
  • [30]
    J. Bale, « Three Geographies… », art. cit.., p. 220.
  • [31]
    I. Wallerstein, The Modern World System, New York, Academic Press, p. 220.
  • [32]
    P. Darby, Africa, Soccer and FIFA…, op. cit., p. 166.
  • [33]
    I. Wallerstein, The Modern World System…, op. cit.
  • [34]
    S. Cornelissen, « Sport Mobility and Circuits of Power: The Dynamics of Football migration in Africa and the 2010 World Cup », Politikon, vol. 34, n° 3, 2007, p. 295-314.
  • [35]
    À ce jour, les meilleures performances du club sont la Rothmans Cup en 2000 et l’Amalgamated Banks of South Africa (Absa) Cup en 2007.
  • [36]
    M. Broere et R. van der Drift, Soccer Africa !, Oxford, Worldview, 1997.
  • [37]
    Voir l’article d’Éliane de Latour dans ce dossier.
  • [38]
    En anglais, « farm club ». Le terme « pépinière » a vocation à rappeler cette notion d’« élevage » (NdT).
  • [39]
    J. Bale, « Three Geographies… », art. cit., p. 238.
  • [40]
    M. Milner, « Cape Town Soccer Club Goes Dutch », The Guardian, 12 janvier 1999.
  • [41]
    « Pienaar Signs For Dortmund », BBC Sport, 18 janvier 2006.
  • [42]
    Depuis, après avoir été prêté au club d’Everton en 2007, Pienaar a signé avec ce club en avril 2008 pour un montant de 2,2 millions d’euros.
  • [43]
    La pratique consistant pour un club à réclamer une indemnité de transfert pour un joueur en fin de contrat a été abandonnée dans la plupart des pays européens avant l’arrêt Bosman, mais elle est devenue impossible depuis ce jugement (NdlR).
  • [44]
    Par exemple, en 1999, le milieu de terrain ghanéen Michael Essien a quitté son club ghanéen, les Liberty Professionals, et a rejoint Bastia pour un montant symbolique. en 2003, il a été transféré à l’olympique Lyonnais pour 7,8 millions d’euros.
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