Notes
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[1]
A. Mbembe et M. Mamdani critiquent à juste titre la propension des intellectuels à dresser des comparaisons négatives entre l’Afrique et d’autres lieux, défavorables à cette première. Voir A. Mbembe, On the Postcolony, Berkeley, University of California Press, 2001, p. 9 ; M. Mamdani, Citizen and Subject : Contemporary Africa and the Legacy of Late Colonialism, Princeton, Princeton University Press, 1996, p. 13.
-
[2]
Pour un commentaire des enquêtes Afrobaromètres sur les attitudes populaires à l’égard de la démocratie en Afrique, voir M. Bratton et R. Mattes, Public Opinion, Democracy and Market Reform in Africa, Cambridge, Cambridge University Press, 2005.
-
[3]
Voir N. van de Walle, African Economies and the Politics of Permanent Crisis, 1979-1999, Cambridge, Cambridge University Press, 2001, p. 244 ; C. Manning, « Competition and accommodation in post-conflict democracy : the case of Mozambique », Democratization, n° 8 (2), été 2001, p. 142.
-
[4]
Pour un rapport détaillé des irrégularités auxquelles a donné lieu l’élection, lire Awepa, « Mozambique political process bulletin. Election e-mail special issues », Mozambique Elections Bulletin, n° 29-39, 19 décembre 2004-17 février 2005, http://www.mozambique.mz/awepa/issues.htm.
-
[5]
Le Carter Center est une organisation internationale pour les droits de l’homme fondée par l’ancien président américain Jimmy Carter et sa femme, Rosalynn Carter, en 1982. Appelé par le gouvernement du Mozambique pour contrôler les élections générales de 2004, le Carter Center a envoyé une délégation de 60 observateurs de court et long terme, menée par J. Carter et sa femme, ainsi que par l’ancien président du Bénin, Nicéphore Soglo, afin de surveiller les élections dans chacune des dix provinces et la ville de Maputo. Voir http://www.cartercenter.org.
-
[6]
Voir Electoral Institute of Southern Africa (EISA), « Election observer mission to the 2004 Mozambican presidential elections », Interim Statement, Maputo, ESA, décembre 2004.
-
[7]
I. Ruigrok, « Mozambique’s 2004 general elections », Situation Report, Institute for Security Studies, 3 février 2005, p. 6.
-
[8]
Voir les tableaux 1 et 2.
-
[9]
Voir « Council endorses October elections, New Parliament installed », United Nations Chronicle, n° 32 (1), mars 1995, p. 13-16 ; Carter Center, « Postelection Statement on Mozambique elections, December 4, 2005 (Portuguese and English) », et « Postelection Statement on Mozambique elections, January 26, 2005 (Portuguese and English) », sur le site du Carter Center.
-
[10]
Voir S. Lean, The Transnational Politics of Democracy Promotion : Election Monitoring in Latin America, Irvine, université de Californie, 2004, p. 35-39.
-
[11]
Sur les mobilisations au sujet de la loi foncière, et d’autres exemples d’engagement civique contrastant avec le mode de gouvernement par le haut, voir E. Braathen et A. Palmero, « Towards pro-poor governance? The case of Mozambique », in F. Wilson, N. Kanji et E. Braathen (eds), Poverty Reduction : What Role for the State in Today’s Globalized Economy ?, New York, Zed Books, 2001, p. 269-320.
-
[12]
J. Pereira, I. Raimundo, A. Chikwanha, A. Saute et R. Mattes, « Eight years of multiparty democracy in Mozambique : the public’s view », Afrobarometer Working Paper, n° 30, août 2003, p. 6-8.
-
[13]
Voir L. Anderson et L. Dodd, Learning Democracy: Citizen Engagement and Electoral Choice in Nicaragua, 1990-2001, Chicago, Chicago University Press, 2005 (à paraître).
-
[14]
Voir, à ce sujet, J. Hanlon, « Bank corruption becomes site of struggle in Mozambique », Review of African Political Economy, n° 91, 2002, p. 53-72.
-
[15]
Voir A. Pitcher, Transforming Mozambique : The Politics of Privatization, 1975-2000, Cambridge, Cambridge University Press, 2002, p. 47 ; W. Finnegan, A Complicated War : The Harrowing of Mozambique, Berkeley, University of California Press, 1992, p. 191.
-
[16]
Lire I. Verdier, Mozambique. 100 Men in Power, Paris, Indigo Publications, 1996, p. 76.
-
[17]
Voir W. Finnegan, A Complicated War…, op. cit., p. 191.
-
[18]
Lire M. Mosse, « Armando Guebuza: the new Frelimo candidate », African Security Review, n° 13 (1), 2004, p. 79-82.
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[19]
Voir Economist Intelligence Unit (EIU), Country Report : Mozambique, Londres, EIU, juillet 2004, p. 7 et 15.
-
[20]
J’analyse les dynamiques de ce processus dans A. Pitcher, Transforming Mozambique…, op. cit.
-
[21]
Ministério da Agricultura, « Mapa das empresas alienadas no ministério da Agricultura em 23-05-95 », Maputo, 18 mai 1995, miméo.
-
[22]
Voir « Mais alguma informação sobre a portagem », Metical, n° 580, 8 octobre 1999 ; « Mozambique », Boletim da República, n° 1, 5 janvier 2000, p. 8-10 ; n° 10, 7 mars 2001, p. 253-254 ; n° 11, 14 mars 2001, p. 290 ; A. Pitcher, Transforming Mozambique…, op. cit., p. 160 et 163 ; M. Mosse donne le détail des holdings de Guebuza dans « Corrupção em Moçambique : alguns elementos para debate », 2004, p. 10-16, miméo.
-
[23]
M. Mosse, « Corrupção… », art. cit., p. 10-12.
-
[24]
Voir J. Pereira et al., « Eight years of multiparty democracy… », art. cit., p. 15-16.
-
[25]
Voir Mozambique News Agency, « President Chissano hands over to Guebuza », AIM Reports, n° 292, 3 février 2005, http://www.poptel.org.uk/mozambique-news/newsletter/aim292.html.
-
[26]
Voir M. Mosse, « Corrupção… », art. cit., p. 16-22.
-
[27]
J. Katzenellenbogen, « The past and future lives of “Mr Guebusiness” », Business Day, 24 décembre 2004, p. 3.
-
[28]
Mozambique News Agency, « Interior Minister to battle corruption », AIM Reports, n° 293, 16 février 2005, http://www.poptel.org.uk/mozambique-news/newsletter/aim293.html ; « President Guebuza demands better performance from justice sector », AIM Reports, n° 294, 4 mars 2005, http://www.poptel.org.uk/mozambique-news/newsletter/aim294.html.
-
[29]
Voir EIU, Country Report…, op. cit., p. 20.
-
[30]
Voir P. Ratilal, « Percepções sobre a economia », in B. Mazula (ed.), Moçambique : dez anos de paz, Maputo, Centro de democracia e desenvolvimento, 2002, p. 253-297.
-
[31]
J. Pereira et al., « Eight years of multiparty democracy… », art. cit., p. 13-16.
-
[32]
Voir Comité de Conselheiros, Agenda 2025 : visão e eda nação, Documento preliminar, versão para debate público, Maputo, 25 juin 2003, p. 40-41, miméo.
-
[33]
Voir Republic of Mozambique, « Review of the economic and social plan for 2003 », mars 2004, p. 26-31, www.poverty2.forumone.com/files/BPES_2003_Ingls_FMI.pdf.
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[34]
Awepa, « Mozambique political process bulletin. Election e-mail special issues », Mozambique Elections Bulletin, n° 39, 17 février 2005.
-
[35]
Mozambique News Agency, « President Chissano… », art. cit.
-
[36]
L’Agenda 2025 était patronné par le gouvernement mozambicain, avec le soutien financier et technique du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), du Carter Center et des agences de développement de différents gouvernements étrangers. Le projet était géré indépendamment par une commission de conseillers sélectionnés au sein d’un large spectre de la société.
1La controverse semble être la marque de fabrique des nombreuses élections générales qui ont eu lieu de par le monde ces dernières années. En Ukraine, les électeurs ont été rappelés dans l’isoloir après l’invalidation des élections initiales pour cause de fraude. Au cours des récentes élections irakiennes, les électeurs des régions sunnites ont massivement boycotté le vote. Ailleurs, aux États-Unis, une campagne de diffamation sournoise dirigée contre le candidat de l’opposition a influencé le résultat en faveur du président en exercice, George W. Bush. Et, pour finir, au Mozambique, des soupçons de bourrages d’urnes, le défaut ponctuel de registres d’inscription des électeurs, des défaillances de logiciels, des arrestations, des tentatives d’intimidation et une faible participation sont venus troubler les troisièmes élections générales du pays, à la présidentielle et aux législatives.
2Pour une fois, par conséquent, un pays africain ne pourra pas être analysé en creux, en insistant sur des traits qu’il ne présente pas [1]. Au contraire, les caractéristiques de la démocratie mozambicaine, même si elles ne sont pas reproduites exactement de la même manière dans chaque pays, sont assurément tout à fait communes. Le Mozambique a connu trois élections nationales dans la dernière décennie, rejoignant ainsi la liste toujours plus longue des pays présentés comme des « démocraties émergentes ». Des vices et des irrégularités ont émaillé chacune de ces élections, mais il s’agit d’une caractéristique également attachée aux démocraties d’ailleurs, y compris aux États-Unis. Mieux, il s’agit de la mise en scène d’un scénario familier, où l’avantage appartient plutôt au sortant, où l’opposition est privée de ressources et où des électeurs, patients et impliqués, ne recueillent dans l’ensemble que peu d’attention de la part de leurs représentants, ce qui mène au désenchantement et au désintérêt. Tout cela confirme ce que chacun savait déjà : à savoir, la démocratie est imparfaite, néanmoins la majorité des citoyens la préfère la plupart du temps à un régime dictatorial [2].
3Les expériences électorales du Mozambique peuvent bien incarner l’idéal type des démocraties émergentes, il n’en reste pas moins que, pour le Mozambicain ordinaire, l’issue des élections a des conséquences réelles et durables. Dans cet article, j’examine les caractéristiques particulières des troisièmes élections nationales mozambicaines et m’interroge sur ce qu’elles nous apprennent au sujet des électeurs, des partis et du processus de démocratisation. Je discute ensuite de la signification politique et économique de la victoire d’Armando Guebuza à la présidentielle et des choix que celui-ci a faits au niveau ministériel. J’examine les divers défis auxquels le nouveau gouvernement se trouve confronté et les probables solutions qu’il adoptera. Je montre la rupture que constitue le choix de Guebuza par rapport au mode de gouvernement de Joaquim Chissano, mais aussi la manière dont la permanence de la domination du Frelimo (Front de libération du Mozambique) maintient le statu quo.
4Selon moi, malgré la persistance des irrégularités et des vices qui avaient caractérisé les précédentes élections, de nouveaux modes de participation et de protestation sont apparus chez les Mozambicains. Leur implication croissante, en tant qu’observateurs ou membres de bureaux de vote, à travers des associations et dans des réunions communautaires, pourrait, au final, renforcer le système politique et accroître la responsabilité gouvernementale. De manière aussi significative toutefois, les élections constituent le point culminant du tournant néolibéral mozambicain et incarnent une nouvelle phase de la consolidation du capitalisme. Elles signalent la fin d’un long processus initié dans les années 1980, mais qui s’est largement accéléré après 1994, visant à liquider les possessions étatiques, construire une culture entrepreneuriale, attirer les investissements et, ce faisant, faire émerger une élite politique et économique très intégrée et centralisée. Maintenant que la transition économique est achevée, le parti au pouvoir et l’élite grandissante sont confrontés à de nouveaux défis concernant les droits à la sécurité de la propriété privée, les accusations de corruption, l’expansion des réseaux criminels, le chômage, la pauvreté persistante et le VIH/sida. Le choix de Guebuza, d’abord par le parti au pouvoir, le Frelimo, et ensuite par l’électorat, puis les choix ministériels mêmes de Guebuza montrent que, dans les années à venir, on peut s’attendre à ce que le parti au pouvoir protège les biens privés et accentue l’ancrage du Mozambique au capitalisme de fin de millénaire. En même temps, dans un contexte de mécontentement grandissant, le gouvernement va probablement dénoncer la corruption mais non l’éradiquer, et gérer l’inégalité, le chômage et la pauvreté mais non les éliminer. J’esquisse plus bas les contours de ces imperfections et anticipe leur traitement par le parti.
Une démocratie ordinairement imparfaite
5Les élections générales de 2004 ne sont pas représentatives de tout ce qui est bon ou mauvais dans la démocratie mozambicaine. Comme différents chercheurs l’ont soutenu, l’« illusion de l’électoralisme », autrement dit la tendance à assimiler les élections à la démocratie, peut mener, dans de nombreux cas, à des appréciations bien trop optimistes, considérant l’amplitude des choix politiques signifiants qui s’offrent à l’électorat, l’étendue des libertés politiques, les droits qu’ont les citoyens de participer au processus politique en dehors des périodes de campagne électorale, et la capacité de ces mêmes citoyens à engager la responsabilité des représentants par d’autres moyens que la seule sanction des urnes [3]. Ces chercheurs nous avertissent que, lorsque les élections sont envisagées comme une preuve de la force de la démocratie dans un pays, les défis et les obstacles à une participation et une contestation importantes peuvent être ignorés.
6Par opposition, trop s’appesantir sur les élections mozambicaines de 2004 peut entraîner des conclusions incontestablement pessimistes au sujet de la santé du système politique du pays – beaucoup des commentaires sur les élections produits par les partis d’opposition, la plupart des observateurs internationaux et locaux, les journalistes et les citoyens ordinaires ont en effet été négatifs. Pendant la campagne, dans certains endroits du pays, les sympathisants du parti au pouvoir ont harcelé et intimidé les membres de l’opposition dont des partisans ont été arrêtés sur la base d’accusations inventées de toutes pièces et détenus des jours durant. Au cours des deux journées du scrutin, des observateurs électoraux locaux ou représentant le parti de l’opposition ont eu des difficultés à recevoir leur accréditation afin de suivre la procédure dans les quelque 12 807 bureaux de vote. Après la fin du scrutin, les résultats de plus de 5,5 % des votes n’ont pas été pris en considération dans le décompte final, en raison de diverses « erreurs » commises sur les bulletins et de la perte, du vol ou de la falsification de rapports concernant les résultats. Des logiciels de décompte informatisé des voix n’ont pas fonctionné ; des membres de la Commission nationale des élections (CNE) ont empêché certains observateurs de répercuter le résultat final ; et le taux de participation a été très bas, témoignant d’un large mécontentement à l’égard des candidats [4].
7La province de Tete, où j’ai rempli les fonctions d’observatrice internationale sur le court terme pour le Carter Center [5], illustre à échelle réduite les irrégularités et l’incompétence ayant entaché l’élection. Plusieurs cas de provocation, d’intimidation et de harcèlement policier sont à noter. Des réunions programmées par la Renamo-UE (Résistance nationale du Mozambique-Union électorale, coalition réunissant le principal parti d’opposition, la Renamo, et neuf partis plus petits) ont été perturbées par des invectives et des cris.
8Au fur et à mesure que les élections approchaient, l’incompétence et la fraude ont fini par se conjuguer pour dénier leur droit de vote aux citoyens. Quoique leur date ait été connue bien à l’avance, plusieurs bureaux dans les régions les plus reculées de la province n’avaient toujours pas reçu le matériel nécessaire à leur organisation le jour du scrutin. Dans le district de Changara, où les observateurs sur le long terme du Carter Center et moi-même avons surveillé l’élection durant les deux jours du suffrage, il manquait, dans l’un des bureaux que nous avons inspectés, un registre d’inscription des électeurs, ce qui privait potentiellement 500 d’entre eux du droit de vote. Le flux des participants, important le premier jour, a ralenti jusqu’à presque se tarir dès le lendemain midi. Dans la moitié des bureaux de vote, aucun représentant des partis d’opposition n’était présent pour observer la procédure électorale et le décompte des voix. Pire, des sympathisants du parti au pouvoir auraient bourré des urnes durant la nuit pour octroyer au Frelimo une écrasante victoire dans un district âprement disputé avant l’élection. Des agissements similaires ont eu lieu dans des provinces et des districts sélectionnés de par le pays. On estime que ces « irrégularités » ont affecté les résultats de 15 % des bureaux de vote environ. Des actions au niveau national se sont également ajoutées aux irrégularités locales.
9La CNE surveille la totalité du processus électoral et travaille en lien étroit avec le Secrétariat technique de l’administration électorale (STAE), pour tout organiser, depuis l’inscription des électeurs jusqu’au recueil des résultats finals. Elle est constituée de dix représentants issus du Frelimo et de huit de la Renamo, et, dans la mesure où l’unanimité est préconisée mais non requise, le parti au pouvoir a la majorité des votes pour chacune des décisions. Par conséquent, ses détracteurs considèrent que cet organe est devenu hautement politisé et contrôlé par le parti au pouvoir [6]. La CNE a été critiquée par des observateurs internationaux et des journalistes nationaux, mais aussi par le Conseil constitutionnel. Avant l’élection, par exemple, la Commission a refusé de communiquer le nombre exact de bureaux de vote et d’électeurs inscrits, rendant complexes le calcul précis du taux et la répartition de la participation. De plus, la procédure de compilation finale des voix a été menée dans un secret total, laissant ouverte la possibilité d’une manipulation des résultats [7].
10Ces manigances ont jeté le doute sur l’engagement du gouvernement en faveur d’un processus électoral transparent et honnête. Par ailleurs, elles n’étaient probablement pas nécessaires, puisque Armando Guebuza a remporté un succès éclatant à la présidentielle avec 63,74 % des suffrages, pendant que le Frelimo recueillait 62 % des voix aux législatives. Cette marge de victoire a été confirmée par un décompte de voix parallèle effectué par des observateurs nationaux, ayant donné 60 % des voix à Guebuza et au Frelimo.
11Même en présence de bourrages d’urnes présumés, une victoire aussi disproportionnée n’est pas due à une augmentation du soutien au Frelimo, mais plutôt à un déclin massif du soutien accordé à la Renamo et à la faiblesse du taux de participation (43 % ). Afonso Dhlakama, candidat présidentiel de la Renamo, a perdu plus d’un million de voix par rapport à 1999 et a été dépossédé de provinces comme Tete, Niassa et Nampula. Il a réussi, de justesse, à conserver la province de Manica, pourtant l’un des bastions de la Renamo. En ce qui concerne les élections législatives, alors que le nombre total de scrutins pour le Frelimo diminue légèrement par rapport à 1999, les voix pour la coalition Renamo chutent de plus d’un million. Le Frelimo a aussi progressé au Parlement : sur 250 parlementaires, 160 sont membres du Frelimo contre 90 issus de la coalition Renamo-UE. Par rapport à 1999, le Frelimo gagne ou conserve des sièges parlementaires dans chacune des provinces. Aucun autre parti ne gagne de sièges [8].
Résultats de l’élection présidentielle par province, 2004 et 1999 (en pourcentage des suffrages exprimés)
Résultats de l’élection présidentielle par province, 2004 et 1999 (en pourcentage des suffrages exprimés)
Élections parlementaires : résultats par province, 2004 et 1999 (en nombre de sièges obtenus)(*)
Élections parlementaires : résultats par province, 2004 et 1999 (en nombre de sièges obtenus)(*)
(*) Le nombre total de sièges au Parlement est de 250. Entre 1999 et 2004, certaines provinces ont gagné ou perdu un siège. Deux sièges supplémentaires ont été ajoutés pour représenter les Mozambicains résidant dans le reste de l’Afrique ou en Europe. Sources : résultats pour 2004 tirés de Awepa, « Mozambique political process bulletin. Election e-mail special issues », Mozambique Elections Bulletin, n° 36, 27 janvier 2005, http://www.mozambique.mz/awepa/issues.htm ; pour les résultats de 1999, voir M. Cahen, « Mozambique : l’instabilité comme gouvernance ? », Politique africaine, n° 80, décembre 2000, p. 132.12Ces résultats mériteraient une analyse bien plus détaillée que celle qu’il est permis de fournir ici, mais il semble néanmoins que les électeurs n’étaient ni mobilisés, ni motivés pour voter Renamo. Peut-être est-ce dû au fossé grandissant, en termes de ressources, de pouvoir et de légitimité, qui sépare ces deux principaux partis. Le Frelimo s’appuie sur son exercice ininterrompu du pouvoir depuis 1975 pour s’attirer des soutiens financiers, contrôler l’accès à la police et aux médias et accaparer la plupart des institutions formelles et informelles constituant le système politique. Comme l’ont démontré les élections de 1999, ce parti est prêt à aller jusqu’à de singulières extrémités pour garder le pouvoir, même si cela engendre une démotivation des électeurs. Les partisans de la Renamo ont sans aucun doute été découragés de voter pour le parti, et le Frelimo n’a pas recueilli de soutien supplémentaire.
13En outre, les man œuvres du Frelimo et son monopole des ressources financières ont affaibli la Renamo. Cependant, les luttes intestines au sein de cette dernière, une mauvaise maîtrise de l’agenda politique et un leadership inconséquent ont diminué sa crédibilité aux yeux de ses propres partisans. Même si Afonso Dhlakama a reproché à l’agent électoral national de la Renamo, Francisco Machambisse, sa mauvaise prestation et l’a en conséquence écarté du Parlement, il doit lui-même endosser la plupart des responsabilités. Il a désormais perdu trois élections présidentielles, et sa dépendance vis-à-vis de marchandages informels et des revendications contradictoires devient de plus en plus contre-productive. Par ailleurs, l’habitude qu’il a acquise d’éliminer du parti toute personne considérée comme une menace pour les assises de son pouvoir a privé la Renamo de cadres compétents et impliqués. Le départ de Raul Domingos, qui était aussi qualifié que populaire, en est symptomatique. Même si le parti formé par Domingos n’a gagné aucun siège au Parlement, et si son dirigeant n’a pas recueilli plus de 85 000 voix dans sa course à la présidence, le Parti pour la paix, le développement et la démocratie (PDD) a mené une campagne disciplinée. Si le PDD réussit à récupérer les électeurs déçus de la Renamo dans les prochaines années, il constituera une menace sérieuse. Mais, pour le moment, aucun parti d’opposition ne peut égaler la force du Frelimo.
L’importance de l’engagement civique
14Face à ces résultats, il serait aisé de conclure que le Mozambique est une « pseudo-démocratie », une démocratie « non libérale » ou « virtuelle » – de façade plus que réelle, mettant en scène des parodies d’élections afin de camoufler un État autoritaire. Ce genre de considération ne doit pas être totalement écarté, mais un certain nombre d’éléments viennent relativiser cette conclusion, leurs répercussions dépassant le seul moment électoral. En témoignent le professionnalisme et la composition des membres de la majorité des bureaux de vote, l’essor de l’Observatoire électoral, l’engagement civique et le comportement général des citoyens mozambicains à l’égard de la démocratie.
15Tout d’abord, nombre d’observateurs internationaux, par le passé et au cours de ces élections, ont souligné que les membres locaux des bureaux de vote se conduisaient avec beaucoup de professionnalisme (par opposition aux membres de la CNE, épinglés pour leur incompétence [9]). Les autorités électorales locales, dont beaucoup étaient des femmes, ont pris leur travail au sérieux et ont expliqué patiemment aux électeurs le secret du vote et comment remplir le bulletin. Dans un bureau où j’ai observé le décompte la nuit de l’élection, les membres comptaient et recomptaient les bulletins parce qu’ils obtenaient un écart de trois votes entre les suffrages effectifs et le nombre de votants enregistrés ayant pénétré dans l’isoloir. Ils ont consulté régulièrement le manuel électoral sur des points de procédure et ont méticuleusement consigné les résultats à plusieurs reprises sur les formulaires officiels.
16Ensuite, ces élections ont témoigné d’une implication plus grande de la part des observateurs électoraux locaux. Suite aux irrégularités manifestes et à la violence des élections générales de 1999, un certain nombre d’institutions religieuses et d’organisations non gouvernementales (ONG) ont créé un groupe baptisé Observatoire électoral, afin de contrôler les élections mozambicaines de manière plus systématique et de revendiquer une plus grande responsabilité des partis politiques. Elles ont contribué à amener les partis en lice à signer, en mai 2004, un code électoral de conduite, par lequel ils promettent de respecter la loi électorale et d’œuvrer pour qu’un climat pacifique règne durant la campagne. Par ailleurs, l’Observatoire a formé une équipe de 1 600 Mozambicains à l’observation électorale dans les bureaux de vote. Avec l’appui du Carter Center, ils ont mené un décompte parallèle des voix, collectant les résultats d’un échantillon représentatif de 792 bureaux à travers le pays afin d’en vérifier l’exactitude. Leur présence a permis la détection de fraudes et a contribué à une diminution du niveau de violence. Contrairement à ce qui s’est passé en 1999, peu de vies ont été perdues du fait de la campagne électorale de 2004.
17L’importance de ces 1600 observateurs, qui valorisent la transparence, qui se conduisent avec professionnalisme, qui cherchent à mobiliser d’autres personnes pour les impliquer dans le processus démocratique, et qui sollicitent la responsabilité des hommes politiques et des partis, pourrait bien dépasser ces seules élections et influencer le système politique futur du Mozambique. Selon une étude de Sharon Lean, les observateurs électoraux locaux peuvent donner aux citoyens le ton de l’engagement dans la politique démocratique – ils peuvent « enseigner la démocratie ». S’ils dirigent leur propre organisation de manière responsable et transparente sur le plan fiscal, ils sont en mesure, à travers leurs actions, de « façonner la démocratie », en montrant aux autres comment celle-ci peut être pratiquée au niveau local. Ils peuvent même « transmettre la démocratie », en servant d’interlocuteurs entre le gouvernement et la population, ou en portant leur expérience civique au sein d’organismes gouvernementaux ou professionnels, contribuant, par ce biais, à en changer la culture organisationnelle [10]. L’impact des observateurs électoraux locaux sur le système politique mozambicain nécessiterait une étude systématique, mais leur apparition et leur rôle actif dans les élections de 2004 sont porteurs de promesses. Leur présence pourrait inciter les électeurs découragés à reprendre dans l’avenir le chemin des urnes.
18Ce faible taux de participation n’implique pas une inaptitude ou une inappétence des citoyens à jouer un rôle sur d’autres scènes de la vie politique nationale. En ce qui concerne le scrutin de 2004, les électeurs qui ont fait l’effort de participer l’ont fait avec sérieux. Dans plusieurs bureaux de vote de la province de Tete que j’ai inspectés, des électeurs jeunes, âgés, masculins, féminins, alphabètes, analphabètes attendaient patiemment sous le soleil brûlant de donner leur suffrage. Des conversations informelles avec certains d’entre eux ont montré qu’ils étaient attachés à l’opportunité de voter et qu’ils désiraient que leur voix compte. Des faits identiques dans d’autres parties du pays ont été rapportés. De plus, malgré les réticences du gouvernement à y prêter oreille, les Mozambicains sont de plus en plus mobilisés autour de sujets comme le chômage ou le VIH/sida. Ils ont participé à des discussions concernant la loi foncière et la vision stratégique du Mozambique pour l’avenir, l’« Agenda 2025 [11] ».
19Par ailleurs, le faible taux de participation doit être mis en perspective au regard du climat politique général du Mozambique et des attitudes du peuple à l’égard de la politique. Le pays continue, treize ans après la signature de l’accord de paix, de jouir d’une grande stabilité politique. Les deux partis, en dépit des tensions qui les divisent, parviennent néanmoins à trouver un terrain d’entente sur les questions majeures, comme la récente révision de la Constitution. Et, fait le plus éloquent, l’ancien président, Joaquim Chissano, a volontairement quitté le pouvoir après avoir exercé deux mandats, ouvrant la voix à une transition sans heurts à la direction du Frelimo. Cette décision crée un précédent institutionnel en termes de limitation à deux mandats présidentiels, ce qui pourrait jouer comme un frein décisif sur le pouvoir exécutif et sur les pratiques népotistes, et constituer, par ailleurs, un exemple pour les autres pays de la région.
20Mais les changements politiques intervenus durant les dix dernières années ont aussi influencé le comportement civique des Mozambicains. Les sondages d’opinion effectués en 2003 montraient qu’ils étaient très intéressés par la politique et qu’une majorité des sondés avait participé à au moins une réunion communautaire en 2002. La plus grande part (59 % ) exprimait également sa confiance en la capacité de former un groupe en vue de porter, si nécessaire, des revendications auprès des représentants. En outre, une majorité énonçait qu’elle appréciait les avancées en matière de libertés politiques en cours depuis les années 1990, notamment la liberté d’expression, la liberté d’adhérer à « toute organisation politique » et la capacité à influer sur le gouvernement. Même si les Mozambicains ne trouvaient pas les représentants élus très attentifs à leurs préoccupations, 66 % considéraient le niveau de démocratie dans le pays satisfaisant. Fait important par ailleurs, même dans la partie centrale du territoire, qui constitue le soutien le plus fort à l’opposition, 80 % des sondés exprimaient leur satisfaction au regard de la démocratie mozambicaine, qu’ils considéraient comme une « démocratie pleine et entière », ou ne présentant que des « problèmes mineurs [12] ».
21En dépit des imperfections qui ont émaillé les élections, le dévouement collectif des autorités électorales, le rôle des observateurs locaux et le comportement des électeurs et des citoyens font penser que de nombreux Mozambicains sont en train d’« apprendre la démocratie », c’est-à-dire qu’ils sont de plus en plus préparés à contester les comportements contraires à l’éthique, qu’ils comprennent l’importance du choix électoral et qu’ils accordent une grande valeur à leurs libertés politiques. De telles constatations viennent étayer la thèse défendue par Leslie Anderson et Lawrence Dodd dans un ouvrage à paraître sur la démocratisation au Nicaragua. Ils contestent les conventions répandues au sujet des prérequis de la démocratie et mettent en avant la capacité et le désir des citoyens ordinaires, même dans des situations très difficiles, de s’engager de manière significative dans le système politique [13]. Si le Mozambique a une histoire et des institutions différentes de celles du Nicaragua, ses citoyens font preuve eux aussi d’un engagement réfléchi et en appellent à la responsabilisation des dirigeants. L’importance de ces événements s’étend donc au-delà du moment électoral pour toucher le système politique dans son ensemble.
Est-ce qu’Armando Guebuza fera la différence ?
22Si les manifestations d’un engagement civique empêchent de jeter le Mozambique au rebut des « pseudo-démocraties », il n’en existe pas moins une tension entre les promesses et la réalité du processus démocratique, entre les attentes des citoyens mozambicains et la conduite de ceux qui occupent une position de pouvoir au niveau politique. Cette tension est prégnante au niveau économique également. Il existe au Mozambique un gouffre entre ce dont a besoin le citoyen ordinaire et ce dont dispose l’élite, entre une rhétorique officielle soucieuse des pauvres et une pratique qui avantage le secteur privé. Que signifie dès lors l’issue des élections ? Que représente le choix d’Armando Guebuza, frélimiste convaincu, qui a embrassé le capitalisme entrepreneurial aussi ardemment qu’il avait épousé le marxisme-léninisme et le socialisme vingt ans auparavant ? Enfin, de quelle manière les choix ministériels de Guebuza vont-ils influencer l’avenir économique et politique du Mozambique ?
23Rappelons que le Frelimo a la réputation, sur le continent africain, d’être un parti discipliné et cohérent. Durant la période où le marxisme-léninisme était la ligne officielle, les tentatives pour en tirer profit ont été très limitées, particulièrement dans les hauts échelons du parti-État et des grandes entreprises nationales. Néanmoins, quand de tels comportements se sont produits, ils ont été ouvertement et vivement condamnés. Mais, ces dernières années, le parti et, par extension, le gouvernement se sont relâchés : la tolérance s’est développée à l’égard de la corruption et de la criminalité, et des scandales ont terni l’image du pays. L’assassinat d’un journaliste très respecté, Carlos Cardoso, et celui du directeur provisoire de Banco Austral, Antonio Siba-Siba Macuacua, ont choqué les Mozambicains. Après la faillite de Banco Austral, les deux hommes avaient travaillé inlassablement à dénoncer les bénéficiaires influents, dotés de réseaux politiques puissants, de nombreux prêts à fonds perdus accordés par Banco Austral et à enquêter sur des fraudes suspectées dans le domaine bancaire. Leur mort violente a mis à mal l’image du parti, sapé la crédibilité du gouvernement et gêné le pays dans les cercles internationaux [14].
24Pour répondre aux critiques croissantes, le parti a alors choisi Armando Guebuza qui a participé au mouvement de libération dans les années 1960 et qui est réputé pour sa discipline stricte, sa ténacité, son sens de l’organisation et sa gestion efficace. Le slogan de campagne du Frelimo, « Aforça da mudança » [Une force de changement], symbolise avec justesse son parcours professionnel. Durant les quarante dernières années, Guebuza a vogué avec succès au gré des fortunes changeantes du Mozambique et a même survécu à ses propres erreurs de jugement. En tant que ministre de l’Intérieur, juste après l’indépendance, il a gagné le surnom de « Senhor Vintequatro/vinte » [M. Vingt-quatre/vingt], en référence à la terrible injonction « 24/20 » – signifiant que vous aviez 24 heures pour quitter le pays avec 20 kilos de bagages. Guebuza se serait servi de cette injonction pour atteindre les colons portugais dont les activités étaient considérées comme contraires aux buts de la révolution [15]. En outre, en tant que ministre de l’Intérieur à nouveau, en 1983, il fut en charge de l’« Operação produção » [Opération production], tentative désastreuse visant à rassembler les sans-emploi de Maputo et à leur confier un travail dans des usines et des champs en d’autres endroits du pays. Entre ces deux expériences au ministère de l’Intérieur, sa pratique de la loi et de l’ordre s’est étendue à la Défense, où, en tant que vice-ministre de la Défense, de 1977 à 1983, il a participé à la coordination des premières répliques du gouvernement à la montée de la Renamo [16].
25À cette image d’homme fort, Guebuza a ajouté une réputation d’efficacité en tant que ministre du Transport et des Communications, de 1987 à 1994, en raison notamment de la gestion des aéroports mozambicains [17]. Plus important encore, il est devenu un diplomate et un politicien habiles : il fut à la tête de l’équipe de négociation du gouvernement qui a obtenu la signature d’un accord de paix avec la Renamo, mettant ainsi fin à une guerre de seize ans ; il a alors occupé un poste dans la commission des Nations unies qui a suivi la transition vers la paix et les premières élections démocratiques du pays, en 1994 ; enfin, depuis 1994, Guebuza a rempli par deux fois les fonctions de chef du groupe parlementaire Frelimo et il est extrêmement populaire auprès des fidèles du parti [18].
26Pendant la campagne, les engagements de Guebuza ont reflété sa prédilection pour l’efficacité et la force. Il a promis de s’attaquer à la corruption, de moraliser le processus politique, d’accélérer les procédures légales et d’accentuer la responsabilité gouvernementale. Cependant, le nombre total de voix accordées à Guebuza laisse penser que les électeurs ne partagent pas à son égard le même enthousiasme que celui nourri par les adhérents du parti. Il a recueilli 15 % de suffrages de moins que Chissano, alors que le Frelimo obtenait approximativement le même nombre de voix qu’en 1999 aux élections législatives. Dans aucune province, à l’exception de Tete (où la fraude est quasi avérée) et de Sofala, il n’est parvenu à obtenir plus de voix que Chissano. Le fléchissement du soutien est particulièrement perceptible à Cabo Delgado, Nampula et Zambezia, où Guebuza a recueilli entre 50 000 et 100 000 voix de moins que son prédécesseur, même s’il a emporté les deux provinces de Nampula et Cabo Delgado. Ce résultat montre qu’il devra gagner la confiance des simples électeurs dans les années à venir.
27Sur le plan politique, que peut-on attendre de la victoire de Guebuza ? Il est trop tôt pour savoir s’il tiendra ses promesses électorales, mais sa réputation nous permet au moins d’augurer la manière dont le système politique en sera affecté. Concernant le processus électoral, il est probable que les flottements, si évidents lors des dernières élections, s’estomperont et que le gouvernement deviendra plus efficace dans la conduite des scrutins. Des améliorations pourraient avoir lieu dans la distribution de matériel électoral, l’utilisation de logiciels plus fiables et, probablement, la rapidité des résultats. On peut s’attendre à ce que Guebuza fasse régner une plus grande discipline partisane et politique, mette un frein aux abus – ou du moins évite qu’ils ne soient rendus publics – et recherche une plus grande coordination entre les organes étatiques en charge du processus électoral. Ce même caractère relatif à la loi et à l’ordre laisse cependant penser qu’il traitera avec fermeté toute man œuvre de la Renamo ou des autres partis d’opposition, ce qui pourrait exacerber les divisions dans le pays [19]. En outre, l’intimidation et le secret continueront probablement d’exister et le parti au pouvoir de contrôler la plupart des ressources.
La consolidation de la richesse et la protection des riches
28La réputation d’homme fort de Guebuza va également rejaillir sur un autre secteur qui a significativement évolué durant les deux dernières décennies : l’économie. Comme de nombreux observateurs du Mozambique le savent déjà, le gouvernement, sur la recommandation du Fond monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, a poursuivi dans les années 1990 une politique agressive de vente des entreprises d’État aux investisseurs nationaux et étrangers, et a courtisé le capital privé en promettant un climat favorable à l’investissement. Avec la construction de Mozal I et II, deux usines de fonte d’aluminium, le Mozambique peut maintenant se vanter d’avoir été le bénéficiaire du montant le plus élevé d’investissements étrangers ces dernières années. Les discours des membres du gouvernement font écho à ces changements économiques, en se référant de manière récurrente à des « initiatives de développement spatial », de « corridors », de « méga-projets », de « joint-ventures », et autres expressions associées au capitalisme du xxie siècle.
29Maintenant que la majeure partie des possessions étatiques a été vendue au secteur privé, une nouvelle phase de consolidation du capitalisme est engagée. Il va falloir diversifier et faire fructifier ces biens, légaliser et protéger la propriété, renforcer et soutenir les nouvelles institutions économiques. Comme le président Guebuza a été le principal bénéficiaire de la privatisation, il a tout intérêt, aussi bien sur le plan personnel que sur le plan politique, à favoriser ce processus. Il est réputé constituer l’une des plus grosses fortunes du Mozambique, ce qui lui a valu le nouveau surnom de « M. Gue-business ». Il est à la tête d’un vaste conglomérat industriel, financier et de services, lié de manière horizontale et verticale à d’autres membres importants du Frelimo, aux forces armées, à l’État mozambicain et aux investisseurs étrangers par le biais de partenariats, de participations croisées, de détention de sociétés, de consortiums et de cumul de fonctions d’administrateur. L’idée de « conservation transformatrice » décrit assez bien la manière dont ce processus s’est déroulé au cours des dix dernières années : le gouvernement Frelimo a mis en œuvre une transition d’un État à parti unique à une démocratie électorale, d’une économie planifiée à une économie laissée au secteur privé, et ce de façon à ce que les membres centraux du parti conservent le pouvoir politique tout en ayant accès à de nombreuses et lucratives entreprises anciennement étatisées [20].
30Guebuza a fait son entrée dans le secteur privé en achetant un élevage de canards à l’extérieur de Maputo en 1991 [21]. Bien qu’il ait déclaré que cet élevage était la source de sa richesse (affirmation qui a déclenché nombre de plaisanteries et de dessins humoristiques dans les blogs et les journaux mozambicains), il a fait en réalité de multiples investissements rentables. Sa famille et lui ont des intérêts dans des secteurs aussi divers que les transports, la construction, l’eau, les matériaux électriques, la vente automobile, la pêche, l’hôtellerie et les médias. Ses sociétés ou lui-même ont investi dans la nouvelle route à péage qui va de Maputo à Witbank en Afrique du Sud, ainsi que dans : Cornelder, une compagnie en charge de la gestion des ports ; Aguas de Moçambique, une compagnie privée qui gère la distribution de l’eau dans cinq chefs-lieux de province et à laquelle participe aussi l’un de ses rivaux lors de la présidentielle, Raul Domingos ; et Sinergisa, un holding ayant engagé des investissements dans l’eau, l’électricité, les télécommunications et autres services [22]. L’une au moins de ses entreprises a reçu un prêt de deux millions et demi de dollars du Trésor mozambicain. Ce prêt pourrait en fait être un don, dans la mesure où, selon le tribunal administratif chargé de contrôler les comptes de l’État, « la majorité des prêts ne sont pas remboursés [23] ».
31Cependant, que va faire le président « Guebusiness » maintenant qu’il a réussi à ajouter la plus haute position politique dans le pays à ses vastes responsabilités commerciales? Logiquement, du fait de son expérience, de ses compétences et de ses intérêts financiers, on peut s’attendre à ce que son gouvernement et lui accentuent la protection des personnes et des biens, raffermissent la loi sur la sécurité de la propriété privée, durcissent les amendes et les peines sanctionnant le vol, et renforcent le pouvoir judiciaire en matière de marchés et d’actes délictueux – tant que cela sert les intérêts du capital. En cherchant à diminuer les actes criminels à l’encontre des personnes et de la propriété, le gouvernement se confronterait à un problème que de nombreux Mozambicains ont identifié à travers les sondages d’opinion comme une faiblesse du bilan gouvernemental à travers le temps [24]. De plus, on peut attendre du nouveau pouvoir qu’il augmente les possibilités de développement du secteur privé, simplifie les procédures de création d’entreprises et diminue la paperasserie nécessaire, efforts qui ne manqueront pas de satisfaire ce secteur. En outre, le gouvernement va continuer à favoriser la mise en place de « partenariats intelligents » dans le transport, le tourisme, les services et l’industrie pour les riches Mozambicains dotés de bons réseaux, et à rendre le climat plus favorable à l’investissement. Nationaliste notoire, Guebuza, par ailleurs, va sûrement poursuivre un équivalent mozambicain du Black Economic Empowerment en favorisant les investisseurs nationaux et en utilisant son puissant charisme pour encourager les investisseurs étrangers à renforcer leurs liens avec eux [25].
32Devant l’ampleur des holdings et des investissements de Guebuza, certains ont prédit qu’un conflit entre ses intérêts économiques et politiques ne manquerait pas d’éclater maintenant qu’il est président. S’il souhaitait favoriser ses propres affaires ou recourir au Trésor pour les financer, peu de moyens existeraient en fait pour le contrôler ou réfréner de tels agissements, s’inquiète Marcelo Mosse, journaliste mozambicain et chercheur indépendant [26]. En réponse à ces inquiétudes, Guebuza a déclaré à un journal sud-africain qu’« aucun conflit d’intérêts n’émergerait tant qu’il est président, pour la raison qu’il s’est déjà largement coupé de la gestion de ses investissements. “Mes affaires seront des affaires politiques” [27] ». Par ailleurs, juste après les élections, il s’est engagé, avec le nouveau ministre de l’Intérieur, José Pacheco, en faveur de l’éradication de la corruption et a dénoncé les « pratiques contraires à l’éthique [28] ».
Faire front à l’inégalité ou s’y soustraire ?
33Même s’il tient sa promesse de ne pas mêler affaires et politique, Guebuza a aidé à forger et fait indubitablement partie d’une nouvelle élite cosmopolite, solidement retranchée dans les secteurs urbains du Mozambique. Le style de vie et les intérêts des membres de cette élite contrastent largement avec ceux de la majorité des Mozambicains et une différenciation croissante, même si elle n’est pas exacerbée par la corruption, apparaît de manière visible. Alors que l’élite occupe des maisons dans des quartiers luxueux comme Sommerschield et Polana à Maputo, nombre des pauvres de la capitale vivent dans des cabanes en pisé le long de chemins en terre. En dépit de la croissance à Maputo et dans les environs (60 % des investissements se font dans cette zone), le pourcentage de Mozambicains vivant dans la pauvreté atteint son plus haut niveau dans la capitale, et Maputo est la région du pays où a cours la plus grande inégalité, avec un coefficient Gini atteignant 0,52 [29]. La région Maputo-Matola a connu une explosion du chômage, résultant de la réduction de la force de travail préalable aux privatisations ou de la faillite d’entreprises après leur vente au secteur privé [30].
34Même si le parti au pouvoir continue de recevoir un soutien écrasant de la part des électeurs du Sud, celui-ci ne vaut pas approbation sans faille de la politique économique du gouvernement, ce qui préoccupe très certainement le parti. Selon un sondage d’opinion, la moitié environ des habitants du Sud interrogés avaient le sentiment que leurs conditions d’existence étaient pires que celles des autres Mozambicains. Par opposition, une majorité (plus de 70 % ) des sondés dans le nord et le centre du pays jugeaient leurs conditions meilleures. De telles réponses reflètent l’inégalité croissante à l’œuvre dans le Sud et permettent d’expliquer le faible taux d’approbation de la politique économique du gouvernement par les habitants de cette région interrogés, particulièrement en matière de création d’emplois [31].
35En plus de cette réprobation, le gouvernement est confronté à un mouvement ouvrier très organisé, qui, ces dernières années, a protesté avec vigueur contre les licenciements et s’est appuyé sur les promesses faites aux travailleurs pendant les années socialistes pour formuler ses revendications. Le mouvement a condamné la « rationalisation » à laquelle se livrent les grandes entreprises étatiques comme les sociétés portuaires et ferroviaires, et la discrimination à l’encontre des travailleurs mozambicains résultant de l’utilisation d’une main-d’œuvre étrangère croissante dans les secteurs nouvellement privatisés. Ainsi, le chômage constitue sans conteste l’un des principaux défis auxquels devra faire face le parti au pouvoir. En outre, dans la mesure où la plupart des licenciements dans les ports et les chemins de fer ont eu lieu dans le centre du pays – zone où la Renamo a la majorité des sièges parlementaires et contrôle l’exécutif de la ville de Beira –, le gouvernement va également devoir engager des négociations délicates pour mettre en place un dialogue avec le niveau local, c’est-à-dire les élus Renamo, sur cette question.
36En dehors des capitales nationales et provinciales, la situation est précaire. Malgré un taux de croissance conséquent, de l’ordre de 8 % par an ces cinq dernières années, les statistiques disponibles montrent que 54 % environ des Mozambicains vivent sous le seuil de pauvreté. La plupart d’entre eux continuent de résider dans des zones rurales, de travailler dans l’agriculture et de gagner un salaire individuel situé entre 210 et 860 dollars par an, suivant l’endroit du pays où ils vivent. La plupart n’ont ni l’électricité, ni l’eau courante et ont un accès insuffisant aux soins de santé et à l’éducation. Les inégalités entre sexes demeurent. La faible productivité et les variations du prix mondial des récoltes aggravent encore les conditions de vie dans la campagne [32].
37La situation est pire avec le VIH/sida, dont le taux de contamination national atteint environ 15 % en 2005 et dont on prévoit qu’il aura tué 1 300 000 personnes en 2010, malgré l’utilisation des antirétroviraux. Ce chiffre est équivalent aux pertes causées par la guerre, ou en marge de la guerre, entre 1977 et 1992. Comme elle, le sida va avoir des conséquences désastreuses sur les familles mozambicaines, multiplier le nombre d’orphelins, de maris sans femme et de sœurs sans frères. On s’attend à ce que le sida grève l’espérance de vie de 10 ans, pour lui faire atteindre 36 ans en 2010. De telles pertes vont également affecter le taux de croissance en raison de la diminution de la productivité et du capital humain [33].
38Les nominations faites par Guebuza aux postes de ministres et de gouverneurs provinciaux montrent qu’il est conscient de la fragilité économique. Plusieurs des ministres et vice-ministres, parmi lesquels Felicio Zacarias, Helena Taipo, José Pacheco et Soares Nhaca, ont acquis une expérience importante dans les provinces et les districts hors de la capitale, grâce aux fonctions de gouverneur ou de ministre de province qu’ils ont récemment occupées. Ils apportent au gouvernement une conscience aiguë et une connaissance précise des problèmes de chômage, d’infrastructures routières, de marchés, d’iniquités envers les femmes et de pauvreté dans les zones rurales [34]. À tous les niveaux, le gouvernement est équilibré du point de vue régional, avec une représentation égale au sud, au centre et au nord du pays. Les femmes représentent également 27 % du cabinet. En outre, le ministre et le vice-ministre du Travail ont tous deux une connaissance approfondie des conditions de travail à travers le pays. Le vice-ministre du Travail, Soares Nhaca, est l’ancien dirigeant du mouvement syndical national et sa présence sera fort utile pour apaiser les revendications des travailleurs. Ces nominations laissent penser que le président accorde une grande attention aux inégalités et aux déséquilibres dans le pays.
39Cependant, pour accomplir cette tâche, il est clair, au regard du premier discours de Guebuza, que ses projets n’incluent pas la création d’un État développemental, la redistribution des richesses et la promotion de l’exploitation collective, comme dans les années ayant immédiatement suivi l’indépendance. Il attend plutôt que les Mozambicains jouent eux-mêmes un rôle prépondérant. Comme il l’a déclaré, « […] il ne saurait être de Mozambicain qui, sans distinction d’affiliation politique, de croyance religieuse, d’origine ethnique, de race, de sexe, d’âge ou de condition physique, ne soit en mesure, par le biais de son propre travail, d’assurer pour lui-même et les personnes à sa charge un ensemble de conditions élémentaires de subsistance, de bien-être et de dignité [35] ». Ainsi, une éthique libérale du travail remplace désormais la rhétorique socialiste d’hier, alors que le parti de la libération et l’un de ses plus éminents protagonistes gardent un contrôle strict sur l’État.
Une perspective pour le Mozambique : la chèvre, le crabe ou l’abeille ?
40Alors que le Mozambique approchait du 25e anniversaire de son indépendance, en 2000, le président Chissano a lancé un projet visant à encourager les citoyens de toutes origines sociales à réfléchir aux défis politiques, économiques et sociaux auxquels le pays pourrait être confronté au cours des vingt-cinq prochaines années. Des Mozambicains représentant des partis et convictions politiques variés, des régions et des groupes ethniques et religieux différents, et des professions diverses ont participé pendant deux ans, à l’échelle nationale, à des discussions visant à évaluer les forces et les faiblesses du pays, le poids de son passé et les espoirs et les peurs de ses citoyens. Au cours de ces débats, qui ont débouché sur la formulation d’un projet national pour le Mozambique appelé « Agenda 2025 », on a demandé aux Mozambicains d’imaginer quatre scénarios possibles pour leur avenir, allant d’un scénario très négatif appelé « scénario de la chèvre », à une perspective très romantique, nommée « scénario de l’abeille ». Le premier donnait la vision cauchemardesque d’un Mozambique caractérisé par la corruption, l’intolérance politique, l’enrichissement individuel, l’exclusion sociale et, éventuellement, la guerre, alors qu’à l’autre bout du spectre le deuxième scénario imaginait un Mozambique productif, où la participation des citoyens était valorisée, où prévalait une volonté de justice sociale et où la croissance économique était mutuellement bénéfique à l’ensemble des citoyens.
41Même si les participants reconnaissaient que la situation du Mozambique n’était pas aussi mauvaise que dans le scénario de la chèvre, ils ne considéraient pas qu’elle s’approchait davantage de celui de l’abeille. En revanche, elle ressemblait plutôt à un troisième scénario, le « scénario du crabe ». Dans celui-ci, le pays fait montre de traits contradictoires. Les politiques et leurs décideurs hésitent dans leur engagement en faveur du bien-être général et le résultat en est que le pays connaît des progrès dans certains domaines, tels que l’éducation ou la croissance économique, mais des reculs dans d’autres. Dans ce scénario, il manque au pays une impulsion, et il échoue à mettre en place un dialogue constructif entre les hommes politiques, les partis et le peuple, entre les petits paysans et les gros investisseurs commerciaux, ou encore entre les employeurs et les employés. L’instabilité sociale et la corruption sont endémiques, non exceptionnelles, et l’accès inégal aux ressources et au pouvoir est la norme [36].
42Malheureusement, il n’existe pas de variable unique qui permettrait la mise en place d’un scénario plus enthousiasmant pour le Mozambique. Les progrès de l’économie mondiale, la réalisation de la stabilité macroéconomique, une meilleure gouvernance, le développement des infrastructures et du capital humain, l’accomplissement de la justice sociale et la réduction des inégalités entre sexes sont juste quelques-uns des facteurs mis en évidence par l’« Agenda 2025 » comme nécessaires pour que se réalise un avenir meilleur. Parmi ces facteurs, il est utile de s’attarder sur l’influence de l’économie mondiale. En raison de la privatisation et d’une stratégie économique orientée vers l’exportation, le destin du Mozambique est désormais largement lié à ce qui se passe à l’extérieur du pays. Même si les exportations ont augmenté de manière significative durant les cinq dernières années, cet accroissement est essentiellement lié à l’aluminium. De plus, l’investissement étranger représente la majeure partie de la valeur globale des investissements dans le pays, et la préférence va alors aux méga-projets comme les complexes métallurgiques, les mines et le tourisme, dans le sud du pays. Ces projets ne favorisent pas nécessairement le développement local et leur implantation géographique fait peu pour aplanir les déséquilibres économiques régionaux. Parmi les dix plus gros investisseurs, on trouve l’Afrique du Sud, l’île Maurice et le Zimbabwe. Ainsi, des entraves ou des difficultés dans ces pays ont des répercussions dans la région : les ratés de la croissance économique sud-africaine et l’instabilité politique permanente au Zimbabwe pourraient avoir des conséquences sur l’ampleur et la qualité des investissements futurs au Mozambique.
43Les acteurs politiques et les citoyens mozambicains se doivent clairement de jouer un rôle central dans la définition de ce que sera l’avenir. À travers une conduite exemplaire, une coopération, la création d’un sentiment de confiance et des politiques qui favorisent le bien-être général, le président et le parti au pouvoir, mais également les partis d’opposition dans et hors du Parlement peuvent contribuer de manière significative à ce qu’advienne un avenir plus porteur d’espoir pour les Mozambicains. Par ailleurs, les citoyens ordinaires auront à jouer un rôle central dans la réalisation de ce rêve, non seulement parce que les politiques du xxie siècle l’exigent, mais aussi parce qu’ils sont les seuls à pouvoir enjoindre les législateurs à être politiquement responsables. Les signes montrant qu’ils rempliront ce rôle sont évidents. Leur participation a considérablement augmenté durant la dernière décennie. Beaucoup d’entre eux ont voté pour trois élections nationales et deux scrutins municipaux. Beaucoup ont adhéré à des associations professionnelles de commerçants ou d’exploitants, formé et entretenu des coopératives. Beaucoup se sont battus pour obtenir une loi foncière plus juste et ont dénoncé les violences de la campagne électorale et les fraudes lors du scrutin. Cette mobilisation croissante et diversifiée pourrait déterminer qui, de la chèvre ou de l’abeille, symbolisera la trajectoire de développement du Mozambique dans les années à venir.
Notes
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[1]
A. Mbembe et M. Mamdani critiquent à juste titre la propension des intellectuels à dresser des comparaisons négatives entre l’Afrique et d’autres lieux, défavorables à cette première. Voir A. Mbembe, On the Postcolony, Berkeley, University of California Press, 2001, p. 9 ; M. Mamdani, Citizen and Subject : Contemporary Africa and the Legacy of Late Colonialism, Princeton, Princeton University Press, 1996, p. 13.
-
[2]
Pour un commentaire des enquêtes Afrobaromètres sur les attitudes populaires à l’égard de la démocratie en Afrique, voir M. Bratton et R. Mattes, Public Opinion, Democracy and Market Reform in Africa, Cambridge, Cambridge University Press, 2005.
-
[3]
Voir N. van de Walle, African Economies and the Politics of Permanent Crisis, 1979-1999, Cambridge, Cambridge University Press, 2001, p. 244 ; C. Manning, « Competition and accommodation in post-conflict democracy : the case of Mozambique », Democratization, n° 8 (2), été 2001, p. 142.
-
[4]
Pour un rapport détaillé des irrégularités auxquelles a donné lieu l’élection, lire Awepa, « Mozambique political process bulletin. Election e-mail special issues », Mozambique Elections Bulletin, n° 29-39, 19 décembre 2004-17 février 2005, http://www.mozambique.mz/awepa/issues.htm.
-
[5]
Le Carter Center est une organisation internationale pour les droits de l’homme fondée par l’ancien président américain Jimmy Carter et sa femme, Rosalynn Carter, en 1982. Appelé par le gouvernement du Mozambique pour contrôler les élections générales de 2004, le Carter Center a envoyé une délégation de 60 observateurs de court et long terme, menée par J. Carter et sa femme, ainsi que par l’ancien président du Bénin, Nicéphore Soglo, afin de surveiller les élections dans chacune des dix provinces et la ville de Maputo. Voir http://www.cartercenter.org.
-
[6]
Voir Electoral Institute of Southern Africa (EISA), « Election observer mission to the 2004 Mozambican presidential elections », Interim Statement, Maputo, ESA, décembre 2004.
-
[7]
I. Ruigrok, « Mozambique’s 2004 general elections », Situation Report, Institute for Security Studies, 3 février 2005, p. 6.
-
[8]
Voir les tableaux 1 et 2.
-
[9]
Voir « Council endorses October elections, New Parliament installed », United Nations Chronicle, n° 32 (1), mars 1995, p. 13-16 ; Carter Center, « Postelection Statement on Mozambique elections, December 4, 2005 (Portuguese and English) », et « Postelection Statement on Mozambique elections, January 26, 2005 (Portuguese and English) », sur le site du Carter Center.
-
[10]
Voir S. Lean, The Transnational Politics of Democracy Promotion : Election Monitoring in Latin America, Irvine, université de Californie, 2004, p. 35-39.
-
[11]
Sur les mobilisations au sujet de la loi foncière, et d’autres exemples d’engagement civique contrastant avec le mode de gouvernement par le haut, voir E. Braathen et A. Palmero, « Towards pro-poor governance? The case of Mozambique », in F. Wilson, N. Kanji et E. Braathen (eds), Poverty Reduction : What Role for the State in Today’s Globalized Economy ?, New York, Zed Books, 2001, p. 269-320.
-
[12]
J. Pereira, I. Raimundo, A. Chikwanha, A. Saute et R. Mattes, « Eight years of multiparty democracy in Mozambique : the public’s view », Afrobarometer Working Paper, n° 30, août 2003, p. 6-8.
-
[13]
Voir L. Anderson et L. Dodd, Learning Democracy: Citizen Engagement and Electoral Choice in Nicaragua, 1990-2001, Chicago, Chicago University Press, 2005 (à paraître).
-
[14]
Voir, à ce sujet, J. Hanlon, « Bank corruption becomes site of struggle in Mozambique », Review of African Political Economy, n° 91, 2002, p. 53-72.
-
[15]
Voir A. Pitcher, Transforming Mozambique : The Politics of Privatization, 1975-2000, Cambridge, Cambridge University Press, 2002, p. 47 ; W. Finnegan, A Complicated War : The Harrowing of Mozambique, Berkeley, University of California Press, 1992, p. 191.
-
[16]
Lire I. Verdier, Mozambique. 100 Men in Power, Paris, Indigo Publications, 1996, p. 76.
-
[17]
Voir W. Finnegan, A Complicated War…, op. cit., p. 191.
-
[18]
Lire M. Mosse, « Armando Guebuza: the new Frelimo candidate », African Security Review, n° 13 (1), 2004, p. 79-82.
-
[19]
Voir Economist Intelligence Unit (EIU), Country Report : Mozambique, Londres, EIU, juillet 2004, p. 7 et 15.
-
[20]
J’analyse les dynamiques de ce processus dans A. Pitcher, Transforming Mozambique…, op. cit.
-
[21]
Ministério da Agricultura, « Mapa das empresas alienadas no ministério da Agricultura em 23-05-95 », Maputo, 18 mai 1995, miméo.
-
[22]
Voir « Mais alguma informação sobre a portagem », Metical, n° 580, 8 octobre 1999 ; « Mozambique », Boletim da República, n° 1, 5 janvier 2000, p. 8-10 ; n° 10, 7 mars 2001, p. 253-254 ; n° 11, 14 mars 2001, p. 290 ; A. Pitcher, Transforming Mozambique…, op. cit., p. 160 et 163 ; M. Mosse donne le détail des holdings de Guebuza dans « Corrupção em Moçambique : alguns elementos para debate », 2004, p. 10-16, miméo.
-
[23]
M. Mosse, « Corrupção… », art. cit., p. 10-12.
-
[24]
Voir J. Pereira et al., « Eight years of multiparty democracy… », art. cit., p. 15-16.
-
[25]
Voir Mozambique News Agency, « President Chissano hands over to Guebuza », AIM Reports, n° 292, 3 février 2005, http://www.poptel.org.uk/mozambique-news/newsletter/aim292.html.
-
[26]
Voir M. Mosse, « Corrupção… », art. cit., p. 16-22.
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[27]
J. Katzenellenbogen, « The past and future lives of “Mr Guebusiness” », Business Day, 24 décembre 2004, p. 3.
-
[28]
Mozambique News Agency, « Interior Minister to battle corruption », AIM Reports, n° 293, 16 février 2005, http://www.poptel.org.uk/mozambique-news/newsletter/aim293.html ; « President Guebuza demands better performance from justice sector », AIM Reports, n° 294, 4 mars 2005, http://www.poptel.org.uk/mozambique-news/newsletter/aim294.html.
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[29]
Voir EIU, Country Report…, op. cit., p. 20.
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[30]
Voir P. Ratilal, « Percepções sobre a economia », in B. Mazula (ed.), Moçambique : dez anos de paz, Maputo, Centro de democracia e desenvolvimento, 2002, p. 253-297.
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[31]
J. Pereira et al., « Eight years of multiparty democracy… », art. cit., p. 13-16.
-
[32]
Voir Comité de Conselheiros, Agenda 2025 : visão e eda nação, Documento preliminar, versão para debate público, Maputo, 25 juin 2003, p. 40-41, miméo.
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[33]
Voir Republic of Mozambique, « Review of the economic and social plan for 2003 », mars 2004, p. 26-31, www.poverty2.forumone.com/files/BPES_2003_Ingls_FMI.pdf.
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[34]
Awepa, « Mozambique political process bulletin. Election e-mail special issues », Mozambique Elections Bulletin, n° 39, 17 février 2005.
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[35]
Mozambique News Agency, « President Chissano… », art. cit.
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[36]
L’Agenda 2025 était patronné par le gouvernement mozambicain, avec le soutien financier et technique du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), du Carter Center et des agences de développement de différents gouvernements étrangers. Le projet était géré indépendamment par une commission de conseillers sélectionnés au sein d’un large spectre de la société.