Notes
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[1]
Cet article est basé sur une étude commandée par le Comité des régions de l’Union européenne dans le contexte d’un contrat cadre CDR/DE/95/2011/1 “Constitutional Affairs, Multilevel Governance and Devolution” (Rapport Comparative overview of consultative practices within the second chambers of EU national legislatures). L’auteur remercie le Comité des régions pour le soutien et le feedback. L’auteur tient aussi à remercier Diane Fromage et Kolja Raube pour leurs remarques constructives et pertinentes tout au long du processus de rédaction de cet article. Les idées développées dans ce document n’engagent que leur auteur et ne reflètent aucunement la position officielle du Tribunal de l’Union européenne. Tous les sites internet ont été consultés la dernière fois en décembre 2017.
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[2]
Article 5 (3) du traité sur l’Union européenne.
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[3]
Parmi les autres mécanismes, on peut citer le pouvoir octroyé au Comité des régions par l’article 8 du Protocole n° 2 de présenter un recours devant la Cour de Justice, à certaines conditions, à l’encontre d’un texte législatif qui violerait ledit principe. Pour plus d’informations, voir Biondi (2012, 213-227).
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[4]
Ce terme est utilisé de façon générique dans cet article. La composition et la nature plus spécifique de chaque chambre haute dans les États membres concernés sera détaillée dans la partie suivante de cet article.
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[5]
Dans l’état actuel des choses, il y a 13 chambres hautes au sein des parlements nationaux des 28 États membres suivants : l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, l’Espagne, la France, l’Irlande, l’Italie, les Pays-Bas, la Pologne, la République Tchèque, la Roumanie, le Royaume-Uni et la Slovénie.
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[6]
Article 51 (2) de la Loi fondamentale pour la République fédérale d’Allemagne.
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[7]
Pour une étude récente de la House of Lords, voir Russell (2013).
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[8]
Un projet de réforme du Sénat italien visant à transformer ce Sénat en « Sénat des régions » composé de 100 sénateurs, dont 74 seraient élus parmi les conseillers régionaux, 21 parmi les maires et 5 désignés par le président de la République, a été rejeté suite à un référendum tenu le 4 décembre 2016.
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[9]
Vingt-neuf sénateurs sont désignés par le Parlement flamand, dix par le Parlement de la Fédération wallonie-Bruxelles, huit par le Parlement wallon, deux par le groupe francophone de la Région de Bruxelles-Capitale et un par le Parlement de la Communauté germanophone.
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[10]
À titre liminaire, il convient de noter que ces procédures seront examinées dans cette section principalement dans la mesure où elles concernent les liens avec les autorités régionales. Pour plus d’informations, voir Schmitt, Ruys et Marx (2013b).
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[11]
Voir infra : Absence de tout mécanisme formel.
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[12]
Voir infra : Procédures formelles établies entre le parlement national et les parlements régionaux.
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[13]
Paragraphe 13a des règles de procédure du Bundesrat.
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[14]
Article 3j de la loi 8/1994, telle que modifiée par la loi 24/2009.
-
[15]
Article 7 de la Résolution approuvée par les bureaux du Congrès des députés et le Sénat le 27 Mai 2010, développant la loi 8/1994 (Bulletin de la Cortes Generales, A Series, n° 312, 8 juin 2010).
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[16]
Article 8.4 de la Résolution mentionnée ci-dessus.
-
[17]
Pour plus d’informations, voir Sénat Italien, « L’attività della 14a Commissione permanente Politiche dell’Unione europea », http://www.senato.it/3708?testo_generico=842.
-
[18]
Parliamentary Scrutiny of European Union Documents, Guidance for Departments, August 2013, http://europeanmemoranda.cabinetoffice.gov.uk/files/content/parliamentary-scrutiny-departments-1306.pdf EN.
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[19]
Cette partie est basée sur Schmitt, Ruys et Marx (2013b).
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[20]
Les parlements régionaux de Thuringe et de Bavière, par exemple, envoient leurs positions directement à la Commission européenne.
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[21]
Article 34a de la Constitution régionale.
-
[22]
Vereinbarung über die Unterrichtung und Beteiligung des Landtags in Angelegenheiten der Europäischen Union.
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[23]
Voir par exemple Verfahren der Länder zur Prüfung und Weiterverfolgung von EU-Initiativen vor dem Hintergrund von Subsidiarität und Verhältnismäßigkeit in der Fassung des Beschlusses der Landesamtsdirektorenkonferenz vom 28. April 2010 auf Grund eines Vorschlages der Länderexpertenkonferenz vom 26. Jänner 2010. Ce document est reproduit en allemand dans Kiefer (2011, 413-432).
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[24]
Voir, par exemple, un avis motivé du Parlement espagnol où l’opinion émise par le Parlement régional du Pays Basque fut mentionnée : Cortes Generales, Avis motivé 5/2012 du 12 juin 2012 au sujet d’une proposition de Règlement du Parlement européen et du Conseil modifiant le Règlement (CE) n° 223/2009 relatif aux statistiques européennes, COM (2012) 167.
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[25]
Pour un exemple, voir Diane Fromage (2016, 17) qui mentionne le cas d’un avis envoyé par le Parlement de Castille-et-León en 2013 à la Commission mixte, qui conclut qu’il n’y avait aucune violation du principe de subsidiarité. COM (2012) 403 final : Proposal for a regulation of the European Parliament and of the Council on the protection of species of wild fauna and flora by regulating trade therein.
-
[26]
Loi 234/2012.
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[27]
« Protocollo d’intesa fra il Senato della Repubblica, la Camera dei deputati e la Conferenza dei Presidenti delle Assemblee legislative delle Regioni e delle Province autonome ».
-
[28]
Voir par exemple le Conseil législatif de marché qui a envoyé une résolution sur une « Proposition de règlement du Conseil portant modification du règlement (CE) n° 1698/2005 concernant le soutien au développement rural par le Fonds européen agricole pour le développement rural », qui fut incorporée dans l’avis motivé émis par le Sénat italien n. 70 du 7 décembre 2010.
-
[29]
Déclaration par le Royaume de Belgique sur les parlements nationaux, C115/355, Journal officiel de l’Union européenne, 9 mai 2008.
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[30]
Voir la déclaration n° 51 annexée au traité de Lisbonne et Schmitt, Ruys et Marx (2013b, 29), pour plus d’informations.
- [31]
-
[32]
COSAC, Annex to the Thirteenth Bi-annual Report on Developments in European Union – Procedures and Practices Relevant to Parliamentary Scrutiny : Replies of National Parliaments and the European Parliament (2010, 492).
-
[33]
On rappelle à cet égard que le système belge s’écarte de ces principes pour se rapprocher des réalités institutionnelles et politiques.
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[34]
Ces chiffres sont basés sur www.ipex.eu. Pour l’année 2017, ils se limitent aux quatre premiers mois de l’année. Par ailleurs, pour l’Espagne, les chiffres concernent la Commission mixte.
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[35]
Ces chiffres sont basés sur www.ipex.eu. Pour l’année 2017, ils se limitent aux quatre premiers mois de l’année. Par ailleurs, il convient de signaler que pour l’Espagne, les chiffres concernent la Commission mixte.
-
[36]
À titre exceptionnel, il convient néanmoins de mentionner l’avis motivé émis par le Sénat Italien n. 70 du 7 décembre 2010, cité également dans la note 26.
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[37]
Cortes Generales, Avis motivé 5/2012 du 12 juin 2012 au sujet d’une proposition de Règlement du Parlement européen et du Conseil modifiant le règlement (CE) n° 223/2009 relatif aux statistiques européennes, COM (2012) 167.
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[38]
Cortes Generales, Avis motivé 2/2012 du 27 mars 2012.
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[39]
Cortes Generales, Avis motivé 4/2012 du 8 mai 2012.
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[40]
Il convient également de relever l’avis 1/2017 émis par la Cortes Generales au sujet de la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil sur le marché intérieur de l’électricité (refonte), COM (2016) 864, dans lequel cette dernière a laconiquement fait référence aux avis émis par les parlements de Catalogne, de Cantabre, de La Rioja et du Pays Basque, en indiquant que ces derniers l’ont informé de leurs analyses et de leurs positions par rapport à l’envoi ou non d’un avis motivé, sans préciser davantage quelle était l’option choisie par les parlements régionaux.
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[41]
Voir la loi 43/2006 du 25 août 2006, telle que modifiée par la loi 21/2012 du 17 mai 2012.
1 Dans le contexte du processus législatif de l’Union européenne (UE), le principe de subsidiarité vise à garantir que, dans les matières qui ne relèvent pas de la compétence exclusive de l’UE, cette dernière ne doit agir que si, et dans la mesure où, les objectifs de son action ne peuvent pas être atteints par les États membres, tant à leur niveau central qu’à leurs niveaux régional et local, mais pourraient l’être mieux au niveau de l’Union européenne [2]. Ce principe ne représente qu’une coquille vide s’il n’est pas assorti de mécanismes permettant d’en vérifier le respect (Schmitt, Ruys et Marx, 2013a, 161 ; Jančić, 2015, 939-976). Cet article se concentre sur l’un de ces mécanismes : le Mécanisme d’alerte précoce (MAP) [3]. Le MAP, introduit par le traité de Lisbonne, vise à permettre aux parlements nationaux des États membres de se prononcer pendant un délai de huit semaines sur la compatibilité avec le principe de subsidiarité de tout projet législatif européen et d’inviter l’auteur du projet à réexaminer ce même projet, voire à justifier le respect du principe de subsidiarité dans un avis motivé, à condition que certains seuils soient atteints en termes de soutiens des parlements nationaux.
2 En vertu de l’article 7, § 1 du Protocole n° 2 sur l’application des principes de subsidiarité et de proportionnalité, chaque parlement national dispose en principe de deux votes dans le cadre du MAP. En revanche, lorsque le parlement est bicaméral, chacune des chambres dispose d’un vote. Par ailleurs, le traité de Lisbonne et le Protocole n° 2 ont ouvert la porte à la participation au MAP aux parlements régionaux ayant des pouvoirs législatifs. En vertu de l’article 6 de ce même protocole, « [i]l appartient à chaque parlement national ou à chaque chambre d’un parlement national de consulter, le cas échéant, les parlements régionaux possédant des pouvoirs législatifs ».
3 La lecture combinée des dispositions précitées semble insinuer que ces parlements régionaux pourraient, à condition d’appartenir à un système étatique où ils sont représentés au niveau national, par exemple dans une chambre haute, saisir l’opportunité de cette représentation pour participer au MAP. Dans ce cas, bien que le protocole ne prévoie pas la participation directe des parlements régionaux, le vote attribué à la chambre haute viserait en réalité à protéger et défendre les intérêts régionaux (Mangiameli et Colasante, 2013, 1714).
4 Le but poursuivi par cet article est l’analyse de cette relation entre les parlements régionaux ayant des pouvoirs législatifs et les chambres hautes dans le cadre général du MAP. En particulier, cet article cherche à déterminer si ces chambres hautes peuvent être investies de la tâche de porte-parole des intérêts des parlements régionaux dans le MAP. Au vu de la référence expresse aux parlements régionaux possédant des pouvoirs législatifs dans le protocole précité, la décision a été prise de limiter le champ d’étude de cet article aux États membres comportant de tels parlements régionaux. Dans l’état actuel des choses – en incluant donc le Royaume-Uni parmi les vingt-huit États membres de l’Union européenne malgré le Brexit récemment voté – seuls huit États comportent des régions dotées de compétences législatives : l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, l’Espagne, la Finlande, l’Italie, le Portugal et le Royaume-Uni. Il existe donc un total de 75 parlements régionaux qui peuvent être potentiellement impliqués dans le MAP (Schmitt, Ruys et Marx, 2013b, 9).
5 Parmi ces huit États, seuls deux États ne comportent pas de chambre haute [4] au sein de leur système institutionnel législatif : la Finlande et le Portugal. [5] Dans les six autres États, les liens entre les chambres hautes et les institutions régionales sont plus ou moins élevés selon les systèmes nationaux.
6 Le Bundesrat allemand, composé de 69 membres qui ne sont pas directement élus mais représentent les gouvernements régionaux [6], constitue un exemple explicite de représentation directe des intérêts des gouvernements régionaux par une chambre haute. Le Bundesrat autrichien est quant à lui composé de 62 membres élus par les parlements régionaux sur la base de la représentation proportionnelle. On pourrait être tenté de considérer que ce système illustre la représentation directe des intérêts des parlements régionaux, mais il convient de préciser que les membres du Bundesrat autrichien disposent d’un mandat libre et peuvent donc représenter une opinion différente de celle défendue par leur parlement régional, notamment en raison de leur affiliation politique. À l’inverse des Bundesräte allemand et, dans une moindre mesure, autrichien, la House of Lords est composée de membres qui sont nommés par la reine ou qui sont des dignitaires ecclésiastiques [7] et qui ne représentent donc nullement les intérêts régionaux. Quant aux Senato [8] italien, composé majoritairement de parlementaires directement élus sur une base régionale, d’une part, et Senado espagnol, qui est désigné par la Section 69 (1) de la Constitution espagnole comme étant la chambre de représentation territoriale et dont 58 membres sont désignés par les communautés autonomes, d’autre part, malgré le lien existant avec les entités régionales, leurs parlementaires n’ont pas un mandat régional explicite. De même, le Sénat belge est, depuis la réforme 2012-2014, majoritairement composé de parlementaires désignés par les parlements des entités fédérales [9] mais l’article 42 de la Constitution belge demeure inchangé en ce que « les membres des deux chambres représentent la Nation, et non uniquement ceux qui les ont élus ».
7 Ces observations démontrent que, malgré la diversité institutionnelle des six États examinés, il existe bel et bien dans la majorité de ces États des liens institutionnels entre les chambres hautes et les autorités régionales, que ce soit au niveau de la composition des chambres hautes ou du mandat de leurs parlementaires.
8 Cet article se fonde sur cette prémisse pour examiner si les chambres hautes pourraient, voire devraient, exploiter cette spécificité et offrir une voix à la défense des intérêts des parlements régionaux dans le cadre du MAP. Cette analyse requiert, en premier lieu, un examen des procédures d’évaluation du droit européen mises en place au sein de ces chambres hautes (partie II). Ensuite, il convient de relever les mécanismes permettant aux parlements régionaux d’exprimer leur opinion au sein de ces chambres hautes en matière de subsidiarité (partie III). Enfin, au-delà de l’analyse théorique de ces questions, il convient d’évaluer la pratique des chambres hautes et des parlements régionaux dans ce domaine (partie IV). In fine, cet article s’inscrit également dans une perspective plus large, dans la mesure où cette qualité de porte-parole des parlements régionaux pourrait avoir un effet sur la légitimité et la raison d’être des chambres hautes, qui sont régulièrement remises en question dans de nombreux États et, par conséquent, sujettes à de nombreuses réformes ou tentatives de réformes.
Les procédures d’évaluation du droit européen au sein des chambres hautes [10]
9 À l’exception des cas particuliers que constituent la Belgique [11] et l’Espagne, [12] dans tous les autres systèmes, les deux chambres disposent d’un vote au sein du MAP.
10 En Allemagne, les projets législatifs européens sont distribués aux parlementaires des deux chambres. Au sein du Bundesrat, le président, tout membre ou un Land peuvent demander le début d’une procédure de monitorage de subsidiarité. Un rapport est préparé par le comité des Affaires européennes, ainsi qu’une recommandation de résolution, et les membres votent en bloc.
11 En Autriche, l’article 23 de la Constitution fédérale prévoit une obligation de coopération entre le Bundesrat et les Länder. Un comité spécialisé en matières européennes au sein du Bundesrat est chargé d’examiner le droit européen au nom de la chambre haute [13]. Tout membre de ce comité peut demander la soumission d’un avis motivé par requête motivée, sur laquelle le comité prend une décision à la majorité simple. Si le Bundesrat ou la moitié des représentants d’au moins trois Länder l’exigent, le comité doit déléguer la procédure à l’assemblée plénière et y présenter un rapport sur le sujet.
12 En Belgique, tous les documents envoyés par la Commission européenne arrivent dans une boîte mail spécifique qui est gérée par le Sénat. Ces documents sont automatiquement transférés à tous les parlements belges. Au sein du Sénat, chaque comité compétent selon la matière visée peut rédiger un avis qui sera soumis au vote par l’assemblée plénière.
13 En Espagne, tout projet de législation européen est envoyé au secrétariat de la Commission mixte pour les affaires européennes, qui est chargée de conduire l’examen de subsidiarité pour les deux chambres du parlement [14]. Pour chaque document, le bureau de la Commission mixte et les porte-paroles des groupes politiques peuvent décider soit d’accepter le projet tel quel, soit de préparer un rapport [15]. Dans le premier cas, l’examen de subsidiarité est en principe considéré comme étant terminé, sauf si le bureau ou les porte-paroles changent d’avis en raison notamment de rapports négatifs soumis par les parlements régionaux. Ensuite, chaque chambre peut entamer un débat pendant quatre semaines [16] et la décision d’envoyer un avis motivé est prise, en principe, à la majorité simple au sein de la Commission mixte. En Italie, les projets européens sont analysés par les comités compétents dans le domaine matériel du projet ou, en cas de passivité, par le comité en charge des Affaires européennes [17]. Par ailleurs, le dossier peut être envoyé à l’assemblée plénière si un tiers des membres du comité compétent la demande.
14 Au Royaume-Uni, l’examen de subsidiarité est mené au sein de la House of Lords par le comité de l’Union européenne ou l’un de ses sous-comités. Sur base d’un avis émis par le secrétaire du comité ou par les juristes, le président du comité filtre les documents à partir d’un examen du mémorandum d’explication remis par le gouvernement et à partir de tous les documents associés. Les sous-comités se réunissent une fois par semaine, analysent ces documents [18] et examinent les projets législatifs. Durant ce processus, une alerte peut être lancée quant à une violation du principe de subsidiarité par une autorité régionale. Le comité/sous-comité présente un rapport ainsi qu’un avis motivé à la House of Lords.
15 Ces observations démontrent que toutes les chambres hautes des six États analysés dans cet article ont élaboré des règles et procédures pour conduire l’examen de subsidiarité. Toutefois, l’implication des parlements régionaux dans ces procédures diffère selon les systèmes, tel que démontré ci-dessous.
Mécanismes institutionnels permettant aux acteurs sous-nationaux d’exprimer leur opinion [19]
16 En Allemagne et Autriche, la composition spécifique de la chambre haute permet aux régions d’y exprimer leurs opinions en matière de subsidiarité et de les porter à travers ce biais à l’attention des autorités européennes. Dans les autres États où les régions ne sont pas représentées directement dans les chambres hautes, comme en Italie, ou ne le sont que partiellement, comme en Espagne, nous constatons que des procédures de consultation sont prévues par les chambres hautes. Enfin, un troisième cas de figure se présente parmi les pays analysés, où aucun mécanisme formel n’est prévu au sein de la chambre haute, comme en Belgique et au Royaume-Uni.
Représentation régionale au sein de la chambre haute
17 Parmi les six chambres hautes examinées dans cet article, les systèmes allemands et autrichiens présentent deux exemples de chambres hautes composées par des autorités régionales – les gouvernements en Allemagne et les parlements en Autriche.
18 En Allemagne, de par cette participation au Bundesrat, les gouvernements régionaux participent automatiquement au MAP. Les positions de chacun des parlements régionaux sont envoyées au gouvernement régional, qui les prend en considération lors du vote au sein du Bundesrat. Par ailleurs, chaque Land peut demander au Bundesrat à travers ses représentants (du gouvernement régional) de faire un monitorage de subsidiarité d’un projet européen. Dans certains cas exceptionnels, les parlements régionaux envoient directement leurs avis aux institutions européennes, indépendamment de leur participation à travers le Bundesrat [20]. Néanmoins, en principe, l’impact des parlements régionaux dans le MAP dépend directement de leur relation avec leur gouvernement (Bursens et Högenauer, 2017, 127-143).
19 Ces dernières années, les parlements régionaux ont adopté de nouvelles procédures de contrôle de subsidiarité, renforcé leur contrôle sur les activités du gouvernement et revendiqué leur droit à l’information. Si un gouvernement régional prévoit de déposer une motion pour avis motivé au sein du Bundesrat, il en informe son parlement, qui peut effectuer un contrôle de subsidiarité de son côté et remettre son avis au gouvernement. Dans la majorité des cas, les gouvernements régionaux ne sont pas liés par ces avis. Cela signifie que les parlements ont le droit d’exprimer leur désaccord avec la position adoptée par leur gouvernement mais que leurs recommandations ne lient pas le gouvernement. Néanmoins, dans certaines régions (comme la Bavière et la Saxe) les gouvernements se sont engagés à prendre en considération les positions parlementaires dans la mesure où ces dernières concluent à l’existence d’une violation du principe de subsidiarité. Les parlements de Baden Württemberg [21], Bavière (Abels, 2013, 353-378) et de Thuringe [22] sont actuellement les seuls dont les décisions lient le gouvernement. Quoi qu’il en soit, si les autorités régionales souhaitent voir leurs opinions défendues par le Bundesrat, elles doivent coordonner leur action afin que leurs opinions réunissent la majorité des voix pour être adoptées par le Bundesrat et soient transmises aux institutions européennes.
20 En Autriche, tout projet législatif européen est automatiquement transféré par les services du Bundesrat à ses membres ainsi qu’aux parlements régionaux grâce au point de contact national pour les Länder. Le Bundesrat informe les parlements régionaux de ses intentions quant à l’émission d’un avis motivé dans les meilleurs délais en vue de leur permettre de prendre position. Les contrôles de subsidiarité se font en parallèle au niveau des gouvernements et des parlements régionaux. Les premiers informent les seconds des résultats de leurs contrôles, tandis que les seconds s’engagent à soutenir ces positions à travers leurs représentations au sein du Bundesrat. Cependant, il s’agit là plus d’un engagement politique que d’une véritable obligation juridique [23] car le Bundesrat n’est pas tenu de suivre les positions exprimées par les parlements régionaux. Tout au plus l’article 23 g (3) BVG invite-t-il le Bundesrat à les prendre en considération. L’expérience récente a démontré que le Bundesrat a effectivement pris en considération ces positions dès lors qu’elles étaient soumises dans les temps. En outre, le Bundesrat a régulièrement invité des représentants des parlements régionaux pour exprimer leurs positions sur les contrôles de subsidiarité. Par ailleurs, plusieurs mécanismes permettent aux parlements régionaux de faire entendre leur position auprès du Bundesrat. Par exemple, il existe une plateforme pour l’échange d’information composée du président du Bundesrat et des présidents des parlements régionaux. En outre, le président de la Conférence des présidents des parlements régionaux peut être invité à s’exprimer auprès du comité des Affaires européennes du Bundesrat au nom des parlements régionaux. La conjonction de tous ces éléments tend à démontrer que le système autrichien d’une chambre haute directement composée de représentants des parlements régionaux et de mécanismes de coordination entre autorités régionales s’avère particulièrement efficace du point de vue institutionnel pour renforcer la participation des parlements régionaux dans le MAP.
Procédures formelles établies entre le parlement national et les parlements régionaux
21 Dans d’autres États membres, des procédures formelles existent afin que les parlements régionaux puissent communiquer leurs opinions au parlement national ou y être consultés. Un tel cas de figure se présente en Espagne et en Italie.
22 La particularité du système espagnol est que les procédures de contrôle de subsidiarité se font par une Commission mixte, qui est commune aux deux chambres. D’un point de vue institutionnel, ce système restreint donc le rôle du Sénat en tant que porte-parole des intérêts régionaux. Cette Commission envoie directement les projets législatifs européens aux assemblées législatives régionales, qui peuvent soumettre des résolutions en matière de subsidiarité pendant une période de quatre semaines. Ces résolutions ne lient pas le parlement national, mais le fait de recevoir une telle résolution peut déclencher la nomination d’un rapporteur pour le dossier. Si un tel rapporteur a déjà été nommé, la résolution régionale est jointe au dossier. Par ailleurs, si la Commission mixte décide d’écrire un avis motivé, elle doit prendre en considération toute résolution régionale sur le sujet [24]. Cependant, après ce délai de quatre semaines, le parlement national n’est plus obligé de prendre en considération les opinions régionales. Enfin, si la Commission mixte refuse d’écrire un avis motivé, l’avis régional ne sera pas envoyé aux institutions européennes et restera donc lettre morte [25]. La protection des intérêts régionaux au sein du système espagnol est donc faible, en raison notamment du délai extrêmement bref, et ne jouit en aucun cas d’une défense particulière au sein de la chambre haute.
23 En Italie, la loi 231/2012 du 24 décembre 2012 [26] et l’article 8 (3) du protocole du 21 juillet 2009 portant accord entre le Sénat, la Chambre des députés et la Conférence des présidents des parlements régionaux [27] prévoient que les deux chambres puissent consulter les parlements régionaux et les parlements des provinces autonomes. Cependant, il n’existe aucune obligation pour les chambres dans ce domaine. De même, les éventuels avis émis par ces parlements pourront être pris en considération par les comités, sans obligation (Vara Arribas et Bourdin, 2010, 72). Malgré cette protection institutionnelle relativement faible des autorités régionales italiennes dans le cadre du MAP, il convient de souligner plusieurs évolutions qui pourraient renforcer cette participation dans le futur. Tout d’abord, l’article 25 du protocole susmentionné prévoit la possibilité pour les présidents des parlements régionaux et pour les provinces autonomes de présenter leurs observations au sujet du principe de subsidiarité. En pratique, certains parlements régionaux ont commencé à envoyer leurs avis motivés directement au Sénat [28]. Ensuite, les avis régionaux sont de plus en plus souvent mentionnés par le Sénat dans ses avis motivés (Fasone, 2015, 19). Enfin, le 12 mars 2014, le comité des Politiques européennes au sein du Sénat a créé un sous-comité pour les relations avec les régions dans les affaires européennes. Ce comité a également approuvé un accord interinstitutionnel signé le 24 septembre 2014 entre le comité et la Conférence des présidents des conseils régionaux visant à améliorer la coordination entre le Sénat et les conseils régionaux dans le MAP, le dialogue politique et le contrôle du programme de travail annuel de la Commission (Bartolucci, 2014, 1-21).
24 Tant en Espagne qu’en Italie, on constate donc que les chambres hautes ne jouent pas de rôle actif en termes de représentation des intérêts régionaux au sein du MAP, même si les évolutions récentes en Italie pourraient consolider le rôle du Sénat dans le futur.
Absence de tout mécanisme formel
25 Enfin, dans les deux derniers États analysés dans cet article, la Belgique et le Royaume-Uni, il n’existe pas de mécanisme formel entre les chambres hautes et les autorités régionales pour le contrôle de subsidiarité.
26 En Belgique, le système est particulièrement intéressant car les parlements régionaux et les parlements communautaires ont le pouvoir d’émettre un avis motivé [29]. En pratique, neuf parlements peuvent donc participer directement au MAP en Belgique. Afin d’organiser ce système, un premier accord de coopération a été signé entre les parlements belges en 2005, mais il fut rejeté par le Conseil d’État [30]. Un nouvel accord a été conclu au niveau administratif en 2008 et, bien qu’il n’ait jamais été entériné, il a été appliqué dans les faits. Cet accord prévoyait que les deux votes attribués à la Belgique soient divisés entre le niveau fédéral et le niveau fédéré, sans qu’un consensus ne soit nécessaire au sein de chaque niveau. Une seule chambre ou un seul parlement régional pouvait activer le vote à son niveau. Dans les matières de compétence exclusive, les deux votes appartenaient exclusivement au niveau législatif correspondant. Ce système permettait donc aux parlements régionaux et communautaires d’exprimer leur opinion directement, ce qui annihilait toute nécessité de recourir au Sénat pour y faire entendre leurs voix. Le 29 mars 2017, un nouvel accord de coopération a été signé. [31] Il a instauré un nouveau système de répartition des voix permettant à tout parlement d’émettre un avis motivé même sur des matières relevant de la compétence d’autres parlements, auquel cas une voix est exprimée. En revanche, si la matière relève de sa compétence exclusive, cet avis entraînera l’émission des deux voix. Lorsque plusieurs parlements communiquent un avis motivé, des règles spécifiques régissent la répartition des voix en fonction des matières concernées.
27 Malgré ce système sophistiqué, force est de constater le désintérêt des parlements régionaux et communautaires belges face à leur pouvoir dans le cadre du MAP (Vande Bosch, 2014, 5 ; Vandenbruwaene et Popelier, 2017, 181-198). Cette observation a conduit certains à souhaiter une participation plus active du Sénat dans la coordination horizontale et verticale entre les parlements belges, notamment en vue de résoudre d’éventuels conflits (Fasone, 2015, 27). Il est vrai que la nouvelle composition du Sénat semble idéale pour soutenir cette évolution. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que les entités fédérées sont directement représentées dans le processus législatif européen à travers le Conseil, compte tenu du système rotatif mis en place au niveau exécutif en Belgique. Dès lors, les entités régionales préfèrent concentrer leur action sur les activités du Conseil plutôt que de miser leur participation au processus législatif européen sur les avis motivés (Schmitt, Ruys et Marx, 2013b, 39).
28 Au Royaume-Uni, aucun système formel de coordination n’existe entre le parlement national et les assemblées décentralisées. La House of Lords dispose d’un pouvoir discrétionnaire pour alerter ces assemblées sur la compatibilité d’un projet européen avec le principe de subsidiarité au cas par cas. En revanche, les assemblées régionales peuvent décider d’entamer un contrôle de subsidiarité et d’en informer le comité chargé d’examiner les Projets européens au sein de la House of Commons. Si le comité partage le point de vue défendu par l’assemblée décentralisée, il rédige un projet d’avis qui est d’abord envoyé aux assemblées décentralisées qui ont la possibilité de le commenter avant d’être transmis à la House of Lords. En principe, cet avis mentionnera l’avis émis par l’autorité régionale. En revanche, si le comité ne partage pas le point de vue régional, aucun avis ne sera émis mais l’opinion régionale pourra être transmise au gouvernement national [32]. Dans tous les cas, il est intéressant de noter qu’aucun délai n’est imposé aux autorités décentralisées pour remettre leurs opinions en matière de subsidiarité, ce qui n’est pas sans poser problème.
Évaluation pratique
Participation des chambres hautes au MAP
29 En 2012, Philipp Kiiver écrivait – à juste titre – que l’institutionnalisation à terme du MAP pouvait conduire à une expansion des chambres hautes (the rise of second chambers) dans la mesure où cette procédure place les chambres hautes sur un pied d’égalité avec les chambres basses en termes de votes (Kiiver, 2012, 65-66 ; Baraggia, 2016,102-103). A priori, une telle égalité de vote au sein du MAP peut d’ailleurs sembler disproportionnée par rapport aux compétences dont elles disposent généralement au niveau national [33]. Il n’en demeure pas moins qu’elle offre une réelle opportunité aux chambres hautes d’accroître leur légitimité et leur raison d’être en ces temps où elles sont fréquemment sujettes à critiques et à de nombreuses réformes ou tentatives de réformes (Schmitt, 2014, 11).
30 A priori, on pourrait donc s’attendre à ce que les chambres hautes s’engagent activement dans cette voie offerte par le MAP. Afin de vérifier cette hypothèse, il convient de relever le nombre d’avis motivés émis par ces chambres hautes et de les comparer aux chambres basses correspondantes. Cette analyse devrait également permettre une évaluation du système plus de sept années après l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne. (voir diagramme infra)
31 Eu égard à ces chiffres, une première constatation s’impose : à part le cas du Bundesrat autrichien, le Sénat italien et, dans une moindre mesure, le Bundesrat allemand, cette opportunité n’a pas été saisie de manière spectaculaire par les autres chambres hautes dans les États analysés. D’ailleurs, si l’on reprend les chiffres des chambres hautes dans tous les États membres de l’Union européenne, on relève que seules les chambres hautes en Allemagne, Autriche, France, Italie et République tchèque ont émis plus d’avis motivés que leurs chambres basses correspondantes. Les chiffres relativement élevés des chambres hautes allemandes et autrichiennes semblent confirmer que les chambres hautes fédérales exclusivement composées de représentants des entités régionales participent plus activement au MAP que les autres chambres. Cette observation, qui s’avère particulièrement vraie pour le Bundesrat autrichien, permet de déduire que la participation régionale directe au MAP à travers la chambre haute conduit à des taux de participation plus élevés. Quant à l’Italie, cette activité semble confirmer une certaine européanisation en cours du Sénat italien (Romaniello, 2014, 151-163).
représentant les avis motivés adoptés par les deux chambres dans les six États membres de 2010 à 2017 [34]
représentant les avis motivés adoptés par les deux chambres dans les six États membres de 2010 à 2017 [34]
32 A contrario, au Royaume-Uni, la House of Commons a émis plus du double d’avis motivés que la House of Lords. À cet égard, les régions peuvent aussi s’exprimer au travers de la House of Commons. Parmi les 17 avis motivés émis par la House of Commons, un avis concernant une proposition de directive sur la passation des marchés publics (COM/2011/0896) ainsi qu’une proposition de directive relative à la passation de marchés par des entités opérant dans les secteurs de l’eau, de l’énergie, des transports et des services postaux (COM/2011/895) mentionne explicitement les positions adoptées par l’Assemblée nationale du pays de Galles, laquelle est annexée à l’avis, et le Parlement écossais. Les positions du Parlement écossais sont également mentionnées dans deux autres avis de la House of Commons, concernant respectivement une proposition de règlement portant création du Parquet européen (COM/2013/534), lequel reproduit intégralement la position écossaise en annexe, et une proposition de directive portant sur le renforcement de certains aspects de la présomption d’innocence et du droit d’assister à son procès dans le cadre des procédures pénales (COM/2013/821). Il est intéressant de noter que la House of Lords a également émis un avis motivé concernant la proposition relative au Parquet européen, dans lequel elle a indiqué avoir reçu une lettre de soutien du Parlement écossais, sans toutefois l’annexer à l’avis. Force est de constater que c’est l’unique exemple d’avis motivé émis par la chambre haute où la position d’un parlement régional est rapportée. Cet exemple démontre que, outre la participation plus active de la House of Commons au MAP, la position des parlements régionaux est également mieux défendue par cette chambre que par la House of Lords.
33 Enfin, l’Espagne et la Belgique constituent des cas particuliers. En Espagne la chambre haute travaille conjointement avec la chambre basse et il est dès lors impossible de dissocier les deux dans cette analyse. Par ailleurs, tant en Belgique (Vandenbruwaene et Popelier, 2017, 181) qu’en Espagne (Borońska-Hryniewiecka, 2017, 237), le Sénat n’intervient que rarement dans les affaires européennes.
34 Nonobstant ces disparités, il ressort du diagramme ci-dessus que, d’une façon générale, les chambres hautes n’ont pas fait preuve d’une réactivité particulièrement élevée eu égard aux opportunités offertes par le MAP. Une possible explication à ce manque d’engouement est de considérer que le MAP n’est pas encore mûr et que son institutionnalisation est toujours en cours. Comme décrit à la deuxième section de cet article, les chambres hautes ont mis en place un certain nombre de procédures internes leur permettant de réagir avec la célérité et l’expertise requises.
35 Ce type d’évolutions démontre une certaine européanisation en cours, du moins dans certaines chambres hautes comme en Italie. On peut se demander si cette évolution n’est pas liée, en ce qui concerne le Sénat italien en particulier, à la réforme constitutionnelle, qui a été rejetée lors du référendum de 2016, mais qui aurait donné un rôle de représentation territoriale accrue au Sénat italien et permis son développement en tant que relais des intérêts régionaux auprès de l’État italien et des institutions européennes (Fasone, 2017, 171). Cependant, on constate que le Sénat a été actif dès la mise en place du MAP, vu qu’il a émis cinq avis motivés en 2011, soit bien avant que les discussions relatives à la réforme constitutionnelle de 2016 ne démarrent. Comme le suggère Nicola Lupo, il semble que le Sénat italien ait pris au sérieux ce nouvel instrument introduit par le traité de Lisbonne et ait voulu saisir l’opportunité offerte par le MAP pour se départir de la domination des chambres basses, renforcer l’indépendance vis-à-vis du gouvernement et entrer directement en contact avec les institutions européennes (Lupo, 2017, 239-240). Cette même tendance se confirme d’ailleurs également dans la pratique adoptée par certaines chambres hautes, comme le Sénat italien ou le Sénat tchèque, en termes de Dialogue Politique (Romaniello, 2014, 91).
représentant le nombre total d’avis motivés annuels adoptés par les chambres hautes dans les six États membres de 2010 à 2017 [35]
représentant le nombre total d’avis motivés annuels adoptés par les chambres hautes dans les six États membres de 2010 à 2017 [35]
36 Ce diagramme démontre que, si le nombre d’avis motivés émis par les chambres hautes était relativement élevé dès les premières années, il a eu tendance à s’affaisser et à stagner à partir de 2014. Une explication possible à ce désinvestissement peut être trouvée dans le manque de réactivité de la Commission par rapport aux cartons jaunes attribués par les parlements régionaux à divers projets européens. En effet, eu égard aux douze avis motivés émis par les parlements nationaux au sujet du règlement Monti II relatif à l’exercice du droit de mener des actions collectives dans le contexte de la liberté d’établissement et de la libre prestation des services, la Commission a, tout en retirant son projet pour des motifs indépendants de la violation du principe de subsidiarité, répondu de façon standardisée aux arguments des parlements nationaux par une lettre du 14 mars 2013, sans prendre la peine de répondre individuellement à ces parlements. Pour la proposition de règlement portant création du Parquet européen, la Commission a maintenu la proposition en dépit des 14 avis motivés émis par des parlements nationaux. Une solution similaire fut adoptée face aux 14 avis motivés émis en 2016 contre la proposition de révision de la directive concernant le détachement de travailleurs. Dans ces deux derniers cas, bien que la Commission ait répondu aux critiques émises par les parlements nationaux dans des lettres individuelles, elle a décidé de maintenir ses propositions, ce qui n’est pas de nature à encourager les parlements nationaux à investir des ressources dans le MAP. Par ailleurs, le diagramme ci-dessus démontre que l’on ne peut pas considérer que l’arrivée de la nouvelle Commission en 2014 ait donné un nouvel élan à cette procédure. En effet, les chiffres relatifs aux années 2014 à 2017 sont tous inférieurs aux chiffres relatifs aux trois années précédentes. Il semble que la nouvelle Commission soit consciente du problème, ainsi qu’il ressort d’une déclaration faite par le vice-président de la Commission, Frans Timmermans, lors d’une réunion de la Conférence des organes parlementaires spécialisés dans les affaires de l’Union des parlements de l’Union européenne (COSAC) en 2014, appelant la Commission à répondre politiquement aux avis motivés.
Participation des parlements régionaux à travers et en dehors des chambres hautes au MAP
37 S’agissant particulièrement des parlements régionaux, une étude récente a démontré le nombre particulièrement bas d’avis motivés adoptés par ces parlements depuis l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne (Fromage, 2016, 21). Il semble en effet peu encourageant pour les députés régionaux de s’engager dans un contrôle de subsidiarité qui s’avère généralement technique et doit dans tous les cas s’opérer dans des délais très stricts, sans aucune garantie d’être relayé par le niveau national, ni même d’être entendu au niveau européen, étant donné les seuils élevés requis par le MAP et l’absence de réaction de la Commission à ces avis (Schmitt, Ruys et Marx, 2013b, 112).
38 Eu égard à la communication des avis régionaux par le biais des parlements nationaux, en dépit de quelques exceptions, les avis régionaux ne sont généralement pas communiqués en tant que tels par les parlements nationaux. Ce principe s’observe notamment en Allemagne, en Autriche et en Italie [36] (Vara Arribas, 2015, 134-135).
39 Dans les chambres hautes directement composées de représentants régionaux, comme en Allemagne et en Autriche, les intérêts régionaux sont, en principe, directement intégrés et représentés dans les avis motivés. Cette situation peut cependant avoir des effets pervers. En effet, le fait que les intérêts régionaux soient en principe représentés à travers l’avis motivé émis par la chambre haute est susceptible de dissuader ces parlements régionaux d’investir leurs ressources propres dans ces contrôles de subsidiarité et les conduire à se reporter exclusivement sur l’analyse faite par la chambre haute (Borońska-Hryniewiecka, 2017, 266). En outre, il peut s’avérer ardu d’identifier l’avis régional à l’origine ou en soutien de l’avis motivé émis par la chambre haute. Cette situation risque d’engendrer une certaine frustration dans le chef des autorités régionales, qui seront tentées de trouver des voies alternatives pour faire entendre leurs voix.
40 Certains parlements envoient directement leurs avis à la Commission européenne dans le cadre du dialogue politique. En Allemagne, le parlement régional de Thuringe, par exemple, envoie toutes ses contributions à la Commission depuis 2012 (Fromage, 2016, 29). Cependant, il a été observé que ce type de pratique n’est pas sans poser des questions, vu que la Commission européenne n’est pas obligée de répondre à ces avis et que ces derniers ne sont même pas rendus publics par la Commission (Fromage, 2016, 6). Par ailleurs, cette pratique va à l’encontre de l’esprit du protocole précité, selon lequel ces autorités régionales doivent passer par le canal du parlement national pour atteindre les institutions européennes.
41 En Belgique, tel qu’il a été décrit au point III.3 ci-dessus, tout parlement peut émettre un avis motivé, auquel cas une voix est exprimée. Le 8 mai 2013, le Parlement flamand a adopté un avis motivé concluant à la violation du principe de subsidiarité au sujet de la proposition de directive du Parlement européen et du Conseil établissant un cadre pour la planification de l’espace maritime et la gestion intégrée des zones côtières, COM (2013) 133. Cet avis fut soumis par le Sénat aux institutions européennes en application de la déclaration n° 51 annexée au traité de Lisbonne, par laquelle les parlements régionaux et communautaires doivent être considérés comme des chambres du parlement national dans le cadre de leurs compétences législatives. Par ailleurs, la Commission a adressé sa lettre de réponse du 23 octobre 2013 à la présidente du Sénat, bien que le contenu de cette lettre réponde en réalité aux arguments avancés par le Parlement flamand. En dehors de ce cas, il n’y a qu’un seul autre avis motivé à mettre au compte du Sénat belge, en date du 6 décembre 2011, au sujet d’une proposition de Règlement du Parlement européen et du Conseil relative à un droit commun européen de la vente, COM (2011) 635, qui ne fait nullement état d’une quelconque défense d’intérêts régionaux.
42 En ce qui concerne l’Espagne et le Royaume-Uni, les avis régionaux ne sont généralement relayés par les parlements nationaux, que lorsque ces parlements décident eux-mêmes d’émettre un avis motivé (Vara Arribas, 2015, 134). Dans ce dernier cas-de-figure, on peut effectivement retrouver un certain nombre d’exemples d’avis adoptés par les parlements régionaux, qui sont repris ou, au moins, mentionnés, dans des avis motivés émis par les parlements nationaux respectifs.
43 En Espagne, les positions régionales ont quelquefois été à l’origine de l’analyse de subsidiarité conduite par la Commission mixte, comme, par exemple, pour un avis motivé émis par le Parlement espagnol le 12 juin 2012, dans lequel la Commission mixte se base explicitement sur des rapports écrits remis par le parlement régional du Pays Basque et le parlement régional d’Aragon. [37] Cet avis motivé concerne une proposition dans le domaine des statistiques européennes, qui concernait une compétence des communautés autonomes en Espagne. Le rapport du parlement régional du Pays Basque concluait à une violation du principe de subsidiarité et suite à ce rapport, la Commission mixte a décidé de soumettre un avis motivé aux autorités européennes, basé notamment sur les arguments développés dans l’avis régional.
44 Dans deux autres avis motivés, la Commission mixte espagnole a suivi l’analyse effectuée par des parlements régionaux concluant au respect du principe de subsidiarité, à savoir respectivement par le parlement régional du Pays Basque au sujet au sujet d’une proposition de directive du Parlement européen et du Conseil relative à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel par les autorités compétentes à des fins de prévention et de détection des infractions pénales, d’enquêtes et de poursuites en la matière ou d’exécution de sanctions pénales, et à la libre circulation de ces données, COM (2012) 010 [38] et par les parlements régionaux d’Aragon, de Catalogne et du Pays Basque, au sujet d’une proposition de directive du Parlement européen et du Conseil concernant le gel et la confiscation des produits du crime dans l’Union européenne, COM (2012) 085 [39].
45 Néanmoins, il convient également de relever des avis émis par le Parlement espagnol faisant référence à une position adoptée par un parlement régional pour s’en départir. On peut mentionner, à titre d’exemple, un avis motivé 1/2013 émis le 19 janvier 2013 au sujet d’une proposition COM (2012) 724. Cet avis motivé fait état d’une position adoptée par le parlement régional d’Estrémadure, qui avait conclu à l’absence de violation du principe de subsidiarité. Cependant, la Commission mixte a décidé d’ignorer cette opinion et a, au contraire, décidé de soumettre un avis motivé. On peut également citer d’autres avis motivés émis par ce même parlement épinglant des violations du principe de subsidiarité en dépit d’avis contraires transmis par des parlements régionaux, comme l’avis motivé 1/2012 du 6 mars 2013 émis au sujet de la proposition COM (2011) 897 de directive sur l’attribution de contrats de concession, au sujet de laquelle les parlements régionaux d’Aragon, du Pays basque et d’Estrémadure avaient conclu à l’absence de violation.
46 Ces exemples démontrent que les avis régionaux peuvent dans certains cas trouver un écho auprès du Parlement espagnol, qui les cite expressément pour confirmer ou infirmer sa propre position [40].
47 Enfin, au Royaume-Uni, l’avis des parlements régionaux est davantage exprimé à travers la chambre basse du parlement national, comme dans le cas susmentionné où les points de vue émis par les parlements régionaux du Pays de Galles et d’Écosse ont été repris par la House of Commons dans un avis motivé du 6 mars 2012.
48 Ces exemples démontrent que la pratique demeure extrêmement disparate à ce stade, à tel point qu’il semble impossible de conclure à l’existence de tendances générales dans ce domaine. Néanmoins, cette étude a montré que, dans un certain nombre de cas, les chambres hautes pouvaient effectivement renforcer la participation des parlements régionaux dans le MAP et relayer leurs points de vue auprès des institutions européennes. Pour efficacement servir de porte-parole, les chambres hautes doivent garantir une meilleure visibilité aux régions et une prise en considération de leurs avis en matière de subsidiarité.
49 Cependant, cette étude ne permet pas de conclure que la participation des parlements régionaux doive nécessairement passer par une chambre haute, ou du moins idéalement. En effet, parmi les huit États membres comportant des parlements régionaux ayant un pouvoir législatif, deux États n’ont pas de chambre haute au sein de leur système législatif : la Finlande et le Portugal. Lorsque l’on analyse de plus près la participation des autorités régionales dans ces deux pays au sein du MAP, force est de constater que la situation des deux assemblées régionales portugaises et celle du parlement régional finlandais n’ont rien à envier à celles des autres parlements régionaux en Europe. En effet, les deux assemblées régionales portugaises peuvent transmettre leurs opinions au comité des Affaires européennes du parlement national et y être entendues. Ces opinions doivent être examinées par le comité et être prises en considération. En cas de désaccord, le point de vue national l’emporte mais l’avis régional est annexé à l’avis envoyé à la Commission européenne [41]. En Finlande, l’Assemblée régionale d’Åland peut déclencher la procédure de contrôle de subsidiarité au parlement national et son avis est dans tous les cas envoyé à la Commission européenne, même si le parlement national décide de ne pas émettre d’avis motivé (Vara Arribas et Bourdin, 2010).
50 Ces deux exemples démontrent que l’efficacité de la protection des parlements régionaux dépend principalement des mesures concrètes adoptées au sein de l’État membre afin de garantir cette participation, au-delà de la question de savoir s’il y a une chambre haute ou pas au sein du système législatif de cet État. Cela étant, il faut bien reconnaître qu’il est plus aisé d’accorder un traitement de faveur à un nombre restreint de parlements régionaux – un dans le cas de la Finlande et deux dans le cas du Portugal – en comparaison avec les nombreuses régions composant d’autres États membres tels que l’Italie ou l’Espagne.
Conclusion
51 Il existe une grande variété entre les mécanismes institutionnels et les pratiques développées par les chambres hautes analysées dans cet article.
52 Les systèmes institutionnels basés sur une représentation directe ou indirecte des parlements régionaux semblent particulièrement propices au développement des intérêts régionaux à travers les hautes chambres. En outre, ces chambres hautes fédérales exclusivement composées de représentants des entités régionales participent plus activement au MAP que les autres chambres, tel qu’il a été démontré dans la section précédente. Cependant, la seule existence d’une telle chambre ne suffit pas pour garantir cette participation, qui doit être encadrée par des mesures structurelles au niveau institutionnel. Par ailleurs, l’impact des parlements régionaux dépend directement du degré d’information et des rapports existant avec les exécutifs régionaux respectifs. Enfin, la visibilité de ces avis régionaux doit être garantie, notamment par l’envoi aux autorités européennes des avis régionaux, en annexe aux avis motivés émis par les chambres hautes.
53 Dans d’autres systèmes, les intérêts des parlements régionaux bénéficient d’une plus faible protection et dépendent largement du bon vouloir des chambres du parlement national. Dans ces cas, il semble nécessaire de soutenir des projets de réforme visant à renforcer la participation des parlements régionaux et l’association de ces parlements aux travaux du parlement national, notamment à travers les chambres hautes. En effet, les chambres hautes offrent un potentiel intéressant en cette matière, tel qu’il a été démontré dans cet article à travers les pratiques observées dans certains États. Cependant, ce potentiel doit être développé et une réelle volonté politique est nécessaire afin d’encadrer la participation régionale à travers des procédures clairement définies. En l’absence de telles mesures, il semble peu probable que le MAP, tel qu’il est prévu dans le Protocole n° 2 puisse persister, voire se développer.
54 Si les chambres hautes offrent donc une opportunité aux parlements régionaux pour faire entendre leur voix, elles ne constituent cependant pas la seule voie possible. Le recours aux chambres basses, comme au Royaume-Uni, ou l’envoi direct des avis régionaux à la Commission, comme le fait le parlement régional de Thuringe, constituent en effet d’autres pratiques observées.
55 Cependant, en guise de conclusion, il semble que le renforcement du rôle des chambres hautes en tant que porte-parole des intérêts régionaux dans le MAP serait profitable tant aux régions, à condition d’être encadré dans un système institutionnel garantissant la prise en considération de leurs avis et leur visibilité, qu’aux chambres hautes elles-mêmes, vu qu’il leur offrirait une opportunité d’accroître leur légitimité et leur raison d’être aux niveaux régional, national et européen.
Bibliographie
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Notes
-
[1]
Cet article est basé sur une étude commandée par le Comité des régions de l’Union européenne dans le contexte d’un contrat cadre CDR/DE/95/2011/1 “Constitutional Affairs, Multilevel Governance and Devolution” (Rapport Comparative overview of consultative practices within the second chambers of EU national legislatures). L’auteur remercie le Comité des régions pour le soutien et le feedback. L’auteur tient aussi à remercier Diane Fromage et Kolja Raube pour leurs remarques constructives et pertinentes tout au long du processus de rédaction de cet article. Les idées développées dans ce document n’engagent que leur auteur et ne reflètent aucunement la position officielle du Tribunal de l’Union européenne. Tous les sites internet ont été consultés la dernière fois en décembre 2017.
-
[2]
Article 5 (3) du traité sur l’Union européenne.
-
[3]
Parmi les autres mécanismes, on peut citer le pouvoir octroyé au Comité des régions par l’article 8 du Protocole n° 2 de présenter un recours devant la Cour de Justice, à certaines conditions, à l’encontre d’un texte législatif qui violerait ledit principe. Pour plus d’informations, voir Biondi (2012, 213-227).
-
[4]
Ce terme est utilisé de façon générique dans cet article. La composition et la nature plus spécifique de chaque chambre haute dans les États membres concernés sera détaillée dans la partie suivante de cet article.
-
[5]
Dans l’état actuel des choses, il y a 13 chambres hautes au sein des parlements nationaux des 28 États membres suivants : l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, l’Espagne, la France, l’Irlande, l’Italie, les Pays-Bas, la Pologne, la République Tchèque, la Roumanie, le Royaume-Uni et la Slovénie.
-
[6]
Article 51 (2) de la Loi fondamentale pour la République fédérale d’Allemagne.
-
[7]
Pour une étude récente de la House of Lords, voir Russell (2013).
-
[8]
Un projet de réforme du Sénat italien visant à transformer ce Sénat en « Sénat des régions » composé de 100 sénateurs, dont 74 seraient élus parmi les conseillers régionaux, 21 parmi les maires et 5 désignés par le président de la République, a été rejeté suite à un référendum tenu le 4 décembre 2016.
-
[9]
Vingt-neuf sénateurs sont désignés par le Parlement flamand, dix par le Parlement de la Fédération wallonie-Bruxelles, huit par le Parlement wallon, deux par le groupe francophone de la Région de Bruxelles-Capitale et un par le Parlement de la Communauté germanophone.
-
[10]
À titre liminaire, il convient de noter que ces procédures seront examinées dans cette section principalement dans la mesure où elles concernent les liens avec les autorités régionales. Pour plus d’informations, voir Schmitt, Ruys et Marx (2013b).
-
[11]
Voir infra : Absence de tout mécanisme formel.
-
[12]
Voir infra : Procédures formelles établies entre le parlement national et les parlements régionaux.
-
[13]
Paragraphe 13a des règles de procédure du Bundesrat.
-
[14]
Article 3j de la loi 8/1994, telle que modifiée par la loi 24/2009.
-
[15]
Article 7 de la Résolution approuvée par les bureaux du Congrès des députés et le Sénat le 27 Mai 2010, développant la loi 8/1994 (Bulletin de la Cortes Generales, A Series, n° 312, 8 juin 2010).
-
[16]
Article 8.4 de la Résolution mentionnée ci-dessus.
-
[17]
Pour plus d’informations, voir Sénat Italien, « L’attività della 14a Commissione permanente Politiche dell’Unione europea », http://www.senato.it/3708?testo_generico=842.
-
[18]
Parliamentary Scrutiny of European Union Documents, Guidance for Departments, August 2013, http://europeanmemoranda.cabinetoffice.gov.uk/files/content/parliamentary-scrutiny-departments-1306.pdf EN.
-
[19]
Cette partie est basée sur Schmitt, Ruys et Marx (2013b).
-
[20]
Les parlements régionaux de Thuringe et de Bavière, par exemple, envoient leurs positions directement à la Commission européenne.
-
[21]
Article 34a de la Constitution régionale.
-
[22]
Vereinbarung über die Unterrichtung und Beteiligung des Landtags in Angelegenheiten der Europäischen Union.
-
[23]
Voir par exemple Verfahren der Länder zur Prüfung und Weiterverfolgung von EU-Initiativen vor dem Hintergrund von Subsidiarität und Verhältnismäßigkeit in der Fassung des Beschlusses der Landesamtsdirektorenkonferenz vom 28. April 2010 auf Grund eines Vorschlages der Länderexpertenkonferenz vom 26. Jänner 2010. Ce document est reproduit en allemand dans Kiefer (2011, 413-432).
-
[24]
Voir, par exemple, un avis motivé du Parlement espagnol où l’opinion émise par le Parlement régional du Pays Basque fut mentionnée : Cortes Generales, Avis motivé 5/2012 du 12 juin 2012 au sujet d’une proposition de Règlement du Parlement européen et du Conseil modifiant le Règlement (CE) n° 223/2009 relatif aux statistiques européennes, COM (2012) 167.
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[25]
Pour un exemple, voir Diane Fromage (2016, 17) qui mentionne le cas d’un avis envoyé par le Parlement de Castille-et-León en 2013 à la Commission mixte, qui conclut qu’il n’y avait aucune violation du principe de subsidiarité. COM (2012) 403 final : Proposal for a regulation of the European Parliament and of the Council on the protection of species of wild fauna and flora by regulating trade therein.
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[26]
Loi 234/2012.
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[27]
« Protocollo d’intesa fra il Senato della Repubblica, la Camera dei deputati e la Conferenza dei Presidenti delle Assemblee legislative delle Regioni e delle Province autonome ».
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[28]
Voir par exemple le Conseil législatif de marché qui a envoyé une résolution sur une « Proposition de règlement du Conseil portant modification du règlement (CE) n° 1698/2005 concernant le soutien au développement rural par le Fonds européen agricole pour le développement rural », qui fut incorporée dans l’avis motivé émis par le Sénat italien n. 70 du 7 décembre 2010.
-
[29]
Déclaration par le Royaume de Belgique sur les parlements nationaux, C115/355, Journal officiel de l’Union européenne, 9 mai 2008.
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[30]
Voir la déclaration n° 51 annexée au traité de Lisbonne et Schmitt, Ruys et Marx (2013b, 29), pour plus d’informations.
- [31]
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[32]
COSAC, Annex to the Thirteenth Bi-annual Report on Developments in European Union – Procedures and Practices Relevant to Parliamentary Scrutiny : Replies of National Parliaments and the European Parliament (2010, 492).
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[33]
On rappelle à cet égard que le système belge s’écarte de ces principes pour se rapprocher des réalités institutionnelles et politiques.
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[34]
Ces chiffres sont basés sur www.ipex.eu. Pour l’année 2017, ils se limitent aux quatre premiers mois de l’année. Par ailleurs, pour l’Espagne, les chiffres concernent la Commission mixte.
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[35]
Ces chiffres sont basés sur www.ipex.eu. Pour l’année 2017, ils se limitent aux quatre premiers mois de l’année. Par ailleurs, il convient de signaler que pour l’Espagne, les chiffres concernent la Commission mixte.
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[36]
À titre exceptionnel, il convient néanmoins de mentionner l’avis motivé émis par le Sénat Italien n. 70 du 7 décembre 2010, cité également dans la note 26.
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[37]
Cortes Generales, Avis motivé 5/2012 du 12 juin 2012 au sujet d’une proposition de Règlement du Parlement européen et du Conseil modifiant le règlement (CE) n° 223/2009 relatif aux statistiques européennes, COM (2012) 167.
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[38]
Cortes Generales, Avis motivé 2/2012 du 27 mars 2012.
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[39]
Cortes Generales, Avis motivé 4/2012 du 8 mai 2012.
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[40]
Il convient également de relever l’avis 1/2017 émis par la Cortes Generales au sujet de la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil sur le marché intérieur de l’électricité (refonte), COM (2016) 864, dans lequel cette dernière a laconiquement fait référence aux avis émis par les parlements de Catalogne, de Cantabre, de La Rioja et du Pays Basque, en indiquant que ces derniers l’ont informé de leurs analyses et de leurs positions par rapport à l’envoi ou non d’un avis motivé, sans préciser davantage quelle était l’option choisie par les parlements régionaux.
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[41]
Voir la loi 43/2006 du 25 août 2006, telle que modifiée par la loi 21/2012 du 17 mai 2012.