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Article de revue

L’engagement politique des immigrés après-guerre

Pages 49 à 52

Notes

  • [1]
    Catherine Wihtol de Wenden, Citoyenneté, nationalité et immigration, Arcantère Éditions, 1987, p. 21.
  • [2]
    Serge Slama, Le privilège de national. Étude historique de la condition civique des étrangers en France, thèse de doctorat, université Paris-X, 2003.
  • [3]
    Voir Ralph Schor, Jérémy Guedj (dir.), « Une France des sans voix ? Immigration et vie politique en France (XIXe-XXe siècles) », Parlement[s]. Revue d’Histoire politique, n° 27, 2018.
  • [4]
    Abdelmalek Sayad, L’immigration ou les paradoxes de l’altérité, t. II : Les enfants illégitimes [1991], Raisons d’agir, 2006, p. 13 et 24.
  • [5]
    Le décret-loi de 1939 – qui ne sera abrogé qu’en 1981 – soumet les associations étrangères au contrôle étroit du ministre de l’intérieur.
  • [6]
    Danièle Lochak, Étrangers : de quel droit ?, PUF, 1985, p. 133.
  • [7]
    Voir Ralph Schor, « Les pouvoirs publics français et les activités politiques des étrangers dans l’entre-deux-guerres », Parlement[s]. Revue d’Histoire politique, n° 27, 2018, p. 59-76.
  • [8]
    Jérémy Guedj, Gouverner ou choisir. La IVe République et l’immigration, thèse d’histoire contemporaine sous la direction de Ralph Schor, université de Nice, 2015, vol. II.
  • [9]
    Circulaire de Jules Moch adressée aux préfets, 4 décembre 1947.
  • [10]
    Rapport de police du 9 octobre 1948.
  • [11]
    Rapport du congrès confédéral, Paris, CGT, 1948, p. 106.
  • [12]
    Une estimation d’ensemble est impossible. Ces expulsions se prévalaient de l’article 23 de l’ordonnance du 2 novembre 1945 dans les cas où « la présence de l’étranger sur le territoire constitue une menace pour l’ordre public ».
  • [13]
    Journal Officiel. Débats parlementaires, Assemblée Nationale, 2e séance du 6 avril 1949, p. 2155.
  • [14]
    « Le sort des ouvriers polonais en France fait l’objet d’une controverse à l’ONU », Le Monde, 17 octobre 1949.
  • [15]
    Sur cette association, Jérémy Guedj, Gouverner ou choisir…, op. cit., p. 356 sq. et Alexis Spire, « La bataille pour un statut des étrangers (1935-1945) », Plein droit, n° 79, 2008.
  • [16]
    « Projet de statut juridique des immigrés déposé par le CADI », dans Les immigrés de la Résistance déposent leur cahier de justes revendications, Cadi de Marseille, s.d.
  • [17]
    Gérard Noiriel, Immigration, antisémitisme et racisme en France (XIXe-XXe siècles). Discours publics, humiliations privées, Fayard, 2007, p. 486.
  • [18]
    Raymond Sarraute, De la Libération à la répression. Étude sur la situation des immigrés en France, Imprimerie centrale commerciale, 1953, p. 7. Voir aussi la brochure La dissolution du CADI : un acte injuste et arbitraire, 1949.
  • [19]
    Ralph Schor, « L’intégration des Italiens dans les Alpes-Maritimes », in Antonio Bechelloni, Michel Dreyfus, Pierre Milza (dir.), L’intégration italienne en France. Un siècle de présence italienne dans trois régions françaises (1880- 1980), Complexe, 1995, p. 274.
  • [20]
    Stéphane Dufoix, Politiques d’exil. Hongrois, Polonais et Tchécoslovaques en France après 1945, PUF, 2002, p. 53.
  • [21]
    Alain Girard, Jean Stoetzel, Français et immigrés, t. II : Nouveaux documents sur l’adaptation. Algériens, Italiens, Polonais. Le Service social d’aide aux émigrants, PUF, 1954, p. 82.
  • [22]
    Alain Girard, Jean Stoetzel, Français et immigrés, t. I : L’attitude française. L’adaptation des Italiens et des Polonais, PUF, 1953, p. 235 et 237.
  • [23]
    Voir Natacha Lillo, « La politique, facteur d’intégration ? L’exemple des exilés et immigrés espagnols communistes en France », in Pilar González-Bernaldo, Manuela Martini, Marie-Louise Pelus-Kaplan (dir.), Étrangers et Sociétés. Représentations, coexistences et interactions dans la longue durée, Presses universitaires de Rennes, 2008, p. 174 ; également Florence Vychtytil-Baudoux, « Le Comité électoral des Polonais naturalisés (1953- 1976). Une expérience polonienne en France », Relations Internationales, n° 141, hiver 2010, p. 65-81.
  • [24]
    Georges Orefice, « Une association », La Voce d’Italia, 6 décembre 1954, traduit en annexe de la lettre envoyée par Paul Bacon, ministre du travail et de la sécurité sociale, à Antoine Pinay, ministre des affaires étrangères, 25 février 1955, dans Archives du ministère des Affaires étrangères, Europe, Italie, 268.
  • [25]
    Ibid.
  • [26]
    Voir Vincent Geisser et Schérazade Kelfaoui, « Tabous en enjeux autour de l’ethnicité maghrébine dans le système politique français », Revue européenne des migrations internationales, vol. 14, n° 2, 1998, p. 19-32.

1L’« espace politique » [1] occupé par les immigrés constitue un révélateur pertinent du rapport que la France entretient avec le politique, et plus largement avec la nationalité et la citoyenneté. Les temps contemporains se sont employés à mettre les immigrés à bonne distance de la politique nationale. Mais il était d’autres moyens de faire de la politique. Une politique marquée – et peut-être dictée – par l’origine ; en d’autres termes, par l’identité. Les choses ne sont toutefois en rien linéaires. Les lendemains de la Seconde Guerre mondiale, après le choc des années noires et le désir de renouveau, au sommet de l’État comme parmi les immigrés, donnent une claire illustration de changements décisifs en termes d’engagement et de mobilisation politiques, rapidement tempérés par le poids des traditions françaises. La possibilité d’un engagement politique demeurait en fait « le privilège du national » [2], mais les immigrés trouvaient plus d’une voie de contournement.

Immigration et politisation : les ressorts d’une apparente antinomie

2Pendant longtemps, immigration et engagement politique n’ont pas fait bon ménage. Dans les faits comme dans l’historiographie du reste [3]. Abdelmalek Sayad écrivait avec raison qu’en réalité, la politique relevait du devenir même de l’immigré : « Exister, c’est exister politiquement. […] C’est le droit d’avoir des droits, c’est-à-dire d’être sujet de droit, au même titre que le national, et non pas seulement un objet de droit[4]. » On retrouve ici la dichotomie essentielle entre l’immigré considéré soit comme un sujet devant se cantonner à un apolitisme strict, soit comme un acteur véritable de la politique. Rien ne facilitait le second cas de figure.

3Les raisons tenaient à la fois de la structure et de la conjoncture. La participation politique passait pour l’une des prérogatives exclusives du citoyen, que n’était pas l’étranger, tandis que les immigrés qui avaient obtenu la nationalité française éprouvaient souvent une certaine gêne à intervenir dans l’espace politique, du moins en tant que tels. Si leur liberté d’association était restreinte [5], rien n’interdisait en théorie aux étrangers de s’exprimer sur le terrain politique ni d’adhérer à des partis politiques, et beaucoup ne s’en privèrent pas, dans l’entre-deux-guerres notamment. « Mais une doctrine gouvernementale constante n’en prétend[ait] pas moins contraindre les étrangers à s’abstenir de toute manifestation politique, sous peine de se voir expulsés du territoire ; et la violation de cette obligation de stricte neutralité politique [était] effectivement un motif d’expulsion fréquemment invoqué », rappelle très justement Danièle Lochak [6].

4En parfaite continuité avec les conceptions qui prévalaient dans l’entre-deux-guerres [7], les gouvernements de la IVe République réaffirmèrent ce principe, qui trouvait certes son fondement dans la tradition française en la matière mais s’expliquait aussi par le contexte de la Guerre froide [8]. Son expression la plus claire réside dans une circulaire du ministre de l’intérieur socialiste Jules Moch, en 1947. Aux préfets, il expliquait : « Des étrangers ont […] été appréhendés alors qu’ils participaient à des manifestations violentes sur la voie publique, ou ont été vus distribuant des tracts de caractère politique, etc. Dans la période difficile que nous traversons, je suis décidé à ne pas tolérer une telle intrusion des ressortissants étrangers dans la vie politique française.

5S’il ne peut être question, en effet, d’interdire aux étrangers de professer les opinions de leur choix, au point de vue politique, philosophique ou religieux, et s’ils ne doivent à aucun moment être inquiétés de ce fait, il va de soi que la liberté de conscience et de pensée qui est la règle en France ne saurait impliquer pour eux le droit de s’immiscer dans le jeu normal de nos institutions et, à plus forte raison, de le contrarier, en prenant part à des manifestations de nature à troubler l’ordre ou la sécurité publics.

6Vous voudrez bien, en conséquence, me signaler immédiatement, aux fins d’expulsion, les étrangers qui, à l’avenir, contreviendraient ainsi aux lois élémentaires de l’hospitalité. […]

7J’appelle tout spécialement votre attention sur l’intérêt que j’attache à ce que, dans l’application de ces instructions, il soit fait preuve à la fois de la fermeté qu’imposent les circonstances, et de l’esprit de discernement, de compréhension et de pondération qui est conforme aux traditions de notre pays[9]. »

8Toute la logique gouvernementale se trouve ici résumée : une conception restrictive de « l’hospitalité » à même de garantir « l’ordre et la sécurité publics », sans toutefois oublier que le pendant de la « fermeté » doit demeurer la « compréhension ». Terme qui ne relevait pas uniquement de la clause de style, mais qui ne trompait personne. L’heure était à la suspicion. Une preuve en était donnée par le rôle des immigrés – où l’on confondait pêle-mêle étrangers et Français par acquisition bien que seuls les premiers fussent expulsables – dans les grandes grèves de 1947-1948. Un rapport de la cité minière de Biver, dans les Bouches-du-Rhône, donnait le ton : « On a l’impression, à Biver, que ce sont les étrangers qui font la loi et il est malheureux de constater que c’est la vérité[10]. » La CGT, de son côté, se félicitait : « Dans toutes les actions de grève, les immigrés se montrent parmi les plus combatifs. On se plaît à rendre hommage à leur courage, à la combativité dont ils font preuve dans les conflits du travail, à l’esprit internationaliste qu’ils manifestent en toutes circonstances[11]. » Or, les expulsions se multiplièrent [12] et suscitèrent d’importantes réactions, en fonction des positionnements partisans sur la question migratoire. Tandis que les uns saluaient l’œuvre de salut public que représentait l’expulsion d’étrangers responsables de troubles ou meneurs de grève, les autres, à l’image du député communiste de l’Aveyron, Edmond Ginestet, fustigeaient « le rétablissement de la lettre de cachet à l’encontre des travailleurs immigrés[13] ». Les échos de semblables événements traversaient d’ailleurs les frontières, à tel point qu’en octobre 1949, un délégué polonais à la Commission sociale des Nations unies avait déposé une résolution contre « les discriminations en vigueur dans certains États à l’endroit de la main-d’œuvre émigrée[14] » : la France était accusée d’avoir violé la convention franco-polonaise de 1920… Son gouvernement ne manqua pas de répliquer, arguant de la liberté qui soufflait sur son territoire, contrairement aux pays situés derrière le rideau de fer. Cette image nouvelle d’une France durcissant son attitude rompait pourtant avec le cap qui avait paru se dessiner dans l’immédiat après-guerre.

Une brève embellie

9À l’issue de la guerre, les plus grands espoirs étaient permis et, à ce titre, la Guerre froide marque plutôt une rupture avec la brève situation des immigrés dans l’après-guerre qu’une continuité avec la IIIe République finissante. Compte tenu de l’engagement massif des immigrés dans la Résistance, pouvaient-ils accepter, une fois les armes posées, un retour à leur ancienne condition ? Négative, la réponse faisait valoir que les temps avaient changé et, surtout, que les immigrés devaient recevoir la juste reconnaissance qu’ils méritaient. Une association proche du Parti communiste, qui vit le jour à la Libération, s’était fixé cet ambitieux objectif : le Centre d’action et de défense des immigrés (Cadi) [15]. Par bien des aspects, ce groupe de pression, car c’en était un, allait fort loin eu égard à la période et à l’impréparation des esprits face à l’altérité. Le Cadi réclamait un nouveau statut pour les immigrés ; « on a toujours évité d’affronter le problème vital et de le résoudre d’une manière rationnelle – on pourrait dire scientifique », affirmait-il avec raison [16]. Si l’assimilation – maître-mot de l’époque – était présentée comme le couronnement de ce projet à long terme, le Cadi n’en insistait pas moins sur l’identité des étrangers et, plus généralement, des immigrés en tant que tels. Aussi s’agissait-il véritablement de l’« apparition d’une parole immigrée dans l’espace public » [17]. Au sujet de la jeunesse, le propos, dans Unir, l’organe du Centre, était sans ambiguïté, dès 1944 : « Les jeunes de toutes les immigrations peuvent ainsi être le plus magnifique trait d’union entre le peuple français et les immigrés, les meilleurs artisans d’une fraternisation toujours plus grande entre les peuples. »

10« Fraternisation » et non assimilation, comme l’aurait voulu l’époque… Ces revendications et l’influence grandissante du Cadi finirent par attirer la méfiance de l’État. Et on retrouve ici Jules Moch. Par un arrêté du 25 novembre 1948 et en application du décret-loi du 12 avril 1939 relatif à la constitution des associations étrangères, il prononça la dissolution du Centre, comme il l’avait déjà fait pour des dizaines d’autres associations étrangères. Dans un opuscule à charge, Raymond Sarraute, représentant du Cadi, concluait : « Depuis 1947, toutes les associations démocratiques issues de la Résistance ont été l’une après l’autre interdites[18] ». Italia Libera avait ainsi connu une histoire voisine, de même que d’autres rassemblements historiques comme la Solidarité internationale antifasciste ou la Fédération des Espagnols résidant en France. Mais les immigrés avaient goûté à la liberté qui découlait de l’engagement politique. Malgré les interdits, l’atmosphère de suspicion, ils n’avaient pas abandonné la mobilisation.

Quelle « existence » politique ?

11Revenons ici au mot de Sayad : point d’« existence » qui ne soit politique. L’observation ne vaut sans doute pas pour ceux des immigrés qui, par indifférence ou prudence, ne prêtaient pas d’intérêt aux choses de la cité. Bienheureux qui pourrait déterminer la part des immigrés politisés. Les estimations à échelle réduite tiennent lieu de certitude, tant les études manquent : 20 % des Italiens du département des Alpes-Maritimes avaient ainsi opté pour un « apolitisme total » selon Ralph Schor [19]. Stéphane Dufoix rapporte que sur les 12497 Hongrois de France recensés en 1956, 5 500, soit 40 % étaient politiquement engagés : parmi eux, 1 500 penchaient en faveur du régime communiste et 4000 appartenaient à des organisations antigouvernementales [20]. Une grande enquête menée au début des années 1950 sur un échantillon d’Algériens avançait que 30 % environ manifestaient un désintérêt total pour toute politique, au point que l’un d’entre eux déclarait : « Ça ne m’intéresse pas. Tout le monde bourre le crâne, aussi bien à nous, Nord-Africains, qu’aux Européens. J’ai assez de soucis sans m’occuper de ces histoires[21]. » Qu’entendait-on par politisation ? Militer ? Adhérer ? Être sympathisant ? Quand ce n’était pas la simple lecture d’un journal qui passait pour preuve irréfutable d’engagement. La discrétion avait aussi diverses raisons. La même enquête, à propos des Italiens cette fois, distinguait par exemple deux cas de figure. De l’un d’entre eux, il était dit : « Bien que socialiste de cœur, il se garde bien de faire de la politique. Il trouve que c’est trop dangereux pour un étranger. » Même remarque de l’un de ses compatriotes : « Pour me faire chasser de France ? ah ! non ». D’un autre, ce propos moins attendu : « Cet Italien ne fait partie d’aucune association politique, sportive, syndicale, artistique. Il ne m’a pourtant pas caché ses sentiments d’admiration en faveur du national socialisme [sic] de Mussolini, dont la politique, à l’égard de la jeunesse reste un exemple frappant. Après la guerre, il a freiné cet élan, mais ses idées n’en restent pas moins marquées par ce régime[22]. »

12Chaque touche contribue à enrichir un tableau qui n’en demeure pas moins incomplet. Plusieurs paramètres se dégagent, qui expliquent les facteurs et degrés de politisation : la situation administrative et sociale de l’immigré, la date et les causes de son arrivée, le contexte dans son pays d’origine – plus ou moins brûlant dans l’après-guerre selon les nationalités –, les liens avec des formations politiques françaises, surtout avérés à gauche, et les objectifs de l’immigration, souhaitée temporaire ou définitive… Transnational par essence, le phénomène migratoire place ceux qu’il agite entre deux pays, dans un processus d’aller-retour plus ou moins long selon les expériences. Ainsi, de nombreux Espagnols et Polonais demandaient-ils la naturalisation en France pour peser politiquement, avec quelquefois un espoir de retombée politique dans leur pays d’origine et ce, même si l’intention de rester en France était solide [23]. La contrée de départ n’oubliait pas ses enfants partis, fût-ce plusieurs générations auparavant. Bien après le temps des combats politiques liés au fascisme et en période de basses eaux mobilisatrices pour les Italiens, un journal transalpin, La Voce d’Italia, se proposait « de réveiller dans l’âme des Italiens à l’étranger l’esprit d’organisation, de solidarité et de défense de leurs intérêts trop souvent ignorés dans leur patrie » [24]. L’article poursuivait : en aucun cas la structure à construire ne devait être politique, « mais comment pourra-t-on empêcher qu’au cours d’une réunion de nos compatriotes, la politique chassée par la porte n’entre par la fenêtre ? Refuser cette vérité serait nier l’évidence[25] ».

13Il fallut attendre le vent de 1968 et, plus encore, celui qui porta les années 1980, décennie décisive dans l’histoire de l’immigration en France, pour que les immigrés franchissent les portes de l’« espace politique ». Les temps comme les esprits n’étaient pas encore mûrs après la guerre. Il y avait donc loin entre l’image fantasmée d’une France terre de liberté politique et les faits, d’un prosaïsme moins exaltant. La progression de la politisation s’accompagnait d’un mouvement d’ancrage en France, où se superposaient les motifs et objectifs d’engagement, lesquels dépassaient de très loin la simple dichotomie entre le citoyen et l’étranger. Entre ces derniers, l’identité renvoyait à des sentiments d’appartenance complexes qui insèrent une forme de passion dans l’engagement politique. La question de l’identité ne doit donc pas être repoussée pour comprendre les ressorts de l’insertion en politique. Elle en est même la clé [26].

Notes

  • [1]
    Catherine Wihtol de Wenden, Citoyenneté, nationalité et immigration, Arcantère Éditions, 1987, p. 21.
  • [2]
    Serge Slama, Le privilège de national. Étude historique de la condition civique des étrangers en France, thèse de doctorat, université Paris-X, 2003.
  • [3]
    Voir Ralph Schor, Jérémy Guedj (dir.), « Une France des sans voix ? Immigration et vie politique en France (XIXe-XXe siècles) », Parlement[s]. Revue d’Histoire politique, n° 27, 2018.
  • [4]
    Abdelmalek Sayad, L’immigration ou les paradoxes de l’altérité, t. II : Les enfants illégitimes [1991], Raisons d’agir, 2006, p. 13 et 24.
  • [5]
    Le décret-loi de 1939 – qui ne sera abrogé qu’en 1981 – soumet les associations étrangères au contrôle étroit du ministre de l’intérieur.
  • [6]
    Danièle Lochak, Étrangers : de quel droit ?, PUF, 1985, p. 133.
  • [7]
    Voir Ralph Schor, « Les pouvoirs publics français et les activités politiques des étrangers dans l’entre-deux-guerres », Parlement[s]. Revue d’Histoire politique, n° 27, 2018, p. 59-76.
  • [8]
    Jérémy Guedj, Gouverner ou choisir. La IVe République et l’immigration, thèse d’histoire contemporaine sous la direction de Ralph Schor, université de Nice, 2015, vol. II.
  • [9]
    Circulaire de Jules Moch adressée aux préfets, 4 décembre 1947.
  • [10]
    Rapport de police du 9 octobre 1948.
  • [11]
    Rapport du congrès confédéral, Paris, CGT, 1948, p. 106.
  • [12]
    Une estimation d’ensemble est impossible. Ces expulsions se prévalaient de l’article 23 de l’ordonnance du 2 novembre 1945 dans les cas où « la présence de l’étranger sur le territoire constitue une menace pour l’ordre public ».
  • [13]
    Journal Officiel. Débats parlementaires, Assemblée Nationale, 2e séance du 6 avril 1949, p. 2155.
  • [14]
    « Le sort des ouvriers polonais en France fait l’objet d’une controverse à l’ONU », Le Monde, 17 octobre 1949.
  • [15]
    Sur cette association, Jérémy Guedj, Gouverner ou choisir…, op. cit., p. 356 sq. et Alexis Spire, « La bataille pour un statut des étrangers (1935-1945) », Plein droit, n° 79, 2008.
  • [16]
    « Projet de statut juridique des immigrés déposé par le CADI », dans Les immigrés de la Résistance déposent leur cahier de justes revendications, Cadi de Marseille, s.d.
  • [17]
    Gérard Noiriel, Immigration, antisémitisme et racisme en France (XIXe-XXe siècles). Discours publics, humiliations privées, Fayard, 2007, p. 486.
  • [18]
    Raymond Sarraute, De la Libération à la répression. Étude sur la situation des immigrés en France, Imprimerie centrale commerciale, 1953, p. 7. Voir aussi la brochure La dissolution du CADI : un acte injuste et arbitraire, 1949.
  • [19]
    Ralph Schor, « L’intégration des Italiens dans les Alpes-Maritimes », in Antonio Bechelloni, Michel Dreyfus, Pierre Milza (dir.), L’intégration italienne en France. Un siècle de présence italienne dans trois régions françaises (1880- 1980), Complexe, 1995, p. 274.
  • [20]
    Stéphane Dufoix, Politiques d’exil. Hongrois, Polonais et Tchécoslovaques en France après 1945, PUF, 2002, p. 53.
  • [21]
    Alain Girard, Jean Stoetzel, Français et immigrés, t. II : Nouveaux documents sur l’adaptation. Algériens, Italiens, Polonais. Le Service social d’aide aux émigrants, PUF, 1954, p. 82.
  • [22]
    Alain Girard, Jean Stoetzel, Français et immigrés, t. I : L’attitude française. L’adaptation des Italiens et des Polonais, PUF, 1953, p. 235 et 237.
  • [23]
    Voir Natacha Lillo, « La politique, facteur d’intégration ? L’exemple des exilés et immigrés espagnols communistes en France », in Pilar González-Bernaldo, Manuela Martini, Marie-Louise Pelus-Kaplan (dir.), Étrangers et Sociétés. Représentations, coexistences et interactions dans la longue durée, Presses universitaires de Rennes, 2008, p. 174 ; également Florence Vychtytil-Baudoux, « Le Comité électoral des Polonais naturalisés (1953- 1976). Une expérience polonienne en France », Relations Internationales, n° 141, hiver 2010, p. 65-81.
  • [24]
    Georges Orefice, « Une association », La Voce d’Italia, 6 décembre 1954, traduit en annexe de la lettre envoyée par Paul Bacon, ministre du travail et de la sécurité sociale, à Antoine Pinay, ministre des affaires étrangères, 25 février 1955, dans Archives du ministère des Affaires étrangères, Europe, Italie, 268.
  • [25]
    Ibid.
  • [26]
    Voir Vincent Geisser et Schérazade Kelfaoui, « Tabous en enjeux autour de l’ethnicité maghrébine dans le système politique français », Revue européenne des migrations internationales, vol. 14, n° 2, 1998, p. 19-32.
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