Professeur de philosophie à l’université de Poitiers, Philippe Grosos est l’auteur d’une œuvre qui s’inscrit – de Système et subjectivité (1996) à Questions de système (2007) et Philosophie de l’intotalisable (2013) – dans le prolongement des penseurs rebelles à la pensée systématique, de Kierkegaard à Henri Maldiney. Figure de la phénoménologie française contemporaine, il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages, dont l’un des points communs est une interrogation sur les conditions et les exigences de la pensée philosophique ; ainsi qu’une mise en dialogue de la philosophie et de l’art. Depuis Signe et forme – Philosophie de l’art et art paléolithique (Cerf, 2017), Lucidité de l’art – Animaux et environnement dans l’art depuis le paléolithique supérieur (Cerf, 2020) et surtout Des profondeurs de nos cavernes : Préhistoire, Art, Philosophie (2021 – prix La Bruyère 2022 de l’Académie française), l’art pariétal paléolithique lui apparaît comme l’objet d’étude et de réflexion le plus propre à questionner l’origine et le fondement de la philosophie. L’entretien qui suit porte plus particulièrement sur son dernier ouvrage, La philosophie au risque de la préhistoire (Cerf, 2023), qui explicite et développe la thèse selon laquelle la philosophie ne peut se comprendre correctement elle-même sans faire le détour par la connaissance de la culture préhistorique.Vincent Citot : La thèse centrale de votre dernier ouvrage est que l’anthropocentrisme est la condition de possibilité et le terrain de jeu de la philosophie…