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Article de revue

Fragments sur le beau

Pages 167 à 176

Notes

  • [1]
    Les fragments du Cahier B (MS 249 du Fonds J. Lequier, Bibliothèque de l’Université de Rennes 1) ont été transcrits et publiés sous la forme de fac similés par G. Le Brech dans les Cahiers Jules Lequier, n° 3, Association les amis de J. Lequier, Gentilly, 2012.
  • [2]
    Les fragments de f° 88 et 89 du Cahier C (Ms 250) ont été transcrits et publiés par J. Grenier dans les Œuvres complètes de J. Lequier, section « Réflexions et pensées diverses », Editions de la Baconnière, Collection « Être et penser », 33 et 34 Cahiers, Neuchâtel, 1952, p. 470-472. Le fragment du f° 90 est inédit.
  • [3]
    Il s’agit des f° 3 à 10 du Cahier D (Ms 251) transcrits et publiés par J. Grenier dans les Œuvres complètes de J. Lequier, section « La Liberté », Partie III « 5. Le Postulatum », p. 385-391. Ce texte a été reproduit en annexe du conte breton de Lequier, La fourche et la quenouille, textes présentés et annotés par G. Le Brech, éditions Folle Avoine, 2010.
  • [4]
    F° 74-75 du Cahier H, transcrits et publiés par J. Grenier dans les Œuvres complètes de J. Lequier, section « Réflexions et pensées diverses », p. 478-479.
English version

Cahier B (MS 249) [1]

Fol 2

1Le sentiment du Beau se révolte contre les conclusions de l’Evidence. Mais l’intelligence l’emporte. Orgueil et satisfaction de la science. Le possible n’existe plus. Postulatum. Il se réduit à l’être. Nullité de la science (faiblesse, impuissance, incertitude de l’individu).

Fol 19

21? Du possible : idée de la cause

32° Du nécessaire : idée de l’effet. Relation de l’effet à la cause ; enchaînement des effets et des causes.

43° Principe de la causalité. Alliance du possible et du nécessaire ; Loi du devoir. Postulatum.

tableau im1
Le possible Cause..……….…………..….Effet Le nécessaire

5L’origine du possible réside dans la puissance qu’a la cause de se déterminer elle-même. Le possible humain. Le possible divin répond à une cause éternelle qui ne dérive que d’elle-même. Le nécessaire est la relation de l’effet à la cause en tant que l’effet dérive de la cause. On pourrait dire que l’effet est le mouvement par lequel la cause se détermine, c’est-à-dire qui accompagne la détermination de la cause.

6…À un certain point de vue le possible est nécessaire (seulement dans ce sens qu’il est nécessaire que le possible existe) et le nécessaire est le possible déterminé.

7L’ordre est la manifestation du nécessaire au sein du possible.

8Le BEAU est le type de l’ordre.

Fol 35 et 37

9La liberté humaine peut être définie [comme] la plus haute puissance de contingence.

10Le contingent n’existe pas dans la nature, hormis dans la sphère d’action de la puissance humaine.

11La contingence résulte du combat que se livre le possible et le nécessaire dans l’organisation humaine.

12Dieu est l’alliance paisible, immuable et féconde du possible et du nécessaire unie et confondue dans une absolue identité.

13Dieu considéré de ce point de vue ne nous apparaît, il est vrai, que comme une abstraction. L’abstraction en effet est la seule voie par laquelle nous pouvons arriver à lui dans l’ordre intellectuel.

14Mais il est une substance de laquelle nous avons détaché cette abstraction ; et cette substance qui est la nôtre nous est inconnue en Dieu. Lorsque nous considérons cette absolue identité du possible et du nécessaire en Dieu, et que l’idée du possible est en quelque sorte engloutie dans celle du nécessaire, nous avons la notion de l’ordre.

15Lorsque nous considérons cette absolue identité du possible et du nécessaire en Dieu, et que l’idée du nécessaire s’efface un moment l’idée du possible, nous avons la notion du Beau.

16Ou pour parler plus exactement, considérant cette absolue identité du possible et du nécessaire, elle fait briller seulement une de ces faces à notre esprit ; si nous avons l’idée du nécessaire nous voyons l’ordre et si nous avons l’idée du possible, nous voyons la beauté.

17Mais au fond l’ordre et la beauté ne sont qu’une seule chose ; l’ordre est la nécessité de la beauté et la beauté est la puissance de l’ordre.

Cahier C (MS 250) [2]

Fol 15

18LE SPECTRE DU BEAU, DERNIÈRE DIVINITÉ DE L’HOMME QUI PENSE.

Fol 88

19Le beau est tout ce qui donne à l’âme humaine une plus haute idée d’elle-même.

20Le beau est une lumière qui montre à l’homme sa puissance.

21Le beau est la variété ordonnée conformément à l’unité par la puissance.

22Le beau est une synthèse.

23La vie consiste dans la conscience de la convergence des rapports variés.

24La vie est la conscience de rapports successifs et convergents.

25Elle exige que le centre de convergence soit permanent.

Fol 89

26Le beau est l’image de la vie.

27Le principe de la vie réside au centre de convergence.

28La vie augmente, se développe, s’agrandit, par le nombre et la qualité des rapports, par la vitesse de la succession, par la force de convergence, par la permanence et la clarté de la conscience.

29La convergence commence au règne végétal

30La conscience au règne animal

31La connaissance à l’homme.

32Le beau est la représentation visible de la puissance humaine.

33L’activité se mesure par la résistance.

34Le beau est la représentation claire et spontanée de la puissance humaine.

35Le beau est un miroir où la puissance humaine se contemple.

36Le beau est la représentation claire et spontanée de la puissance humaine. C’est une perspective qui s’ouvre et qui montre à l’âme sa propre image.

37C’est une perspective qui s’ouvre et qui montre à notre âme l’étendue des champs du possible.

Fol 90

38Qui dit puissance dit unité de direction ou (unité de résistance) et variété d’efforts.

39Le beau moral, comme marqué du sceau de la suprême unité et s’accomplissant avec les facultés de l’homme est aussi le beau suprême.

40Du possible dans la logique. Il est vrai que le sentiment du possible (de l’actif) est le secret du beau que dans l’intelligence, sans le sentiment du possible, nous n’éprouverions aucun plaisir dans la vérité. Si le plaisir de l’évidence est si grand pour nous c’est que par un acte de la volonté nous pouvons à notre gré assembler les idées qui le produisent.

Cahier D (MS 251) [3]

Science et poésie

Postulatum

Origine de la science

41La Science a son origine dans cette idée générale du nécessaire. Cette idée du nécessaire fait de tous les phénomènes une longue chaîne qui se déroule anneaux par anneaux, se résume dans chacun des anneaux. C’est elle qui établit l’unité entre tous ces phénomènes (autrement la succession des phénomènes n’aurait lieu que par l’effet de créations successives). La science a pour objet de mettre en lumière la succession des phénomènes liés les uns aux autres par des rapports nécessaires (savoir, c’est voir ces rapports ; les voir pour ainsi dire d’une seule vue, les embrasser du regard ; apprendre, c’est le voir successivement. Enseigner, c’est les montrer). De là autant de Sciences que d’espèces de phénomènes … (développement vulgaire). La formule qui exprime, par une seule affirmation, la nature des relations ou dépendances réciproques des phénomènes, est l’expression la plus parfaite et la plus concise de la science. Mais en même temps que se déroule et dans l’espace considéré comme le lieu des existences simultanées et dans le temps considéré comme le lieu des existences successives, cette chaîne non interrompue des phénomènes, il se forme dans mon esprit, alors que je fixe mon attention sur elle une autre chaîne dont chaque anneau correspond à chacun des anneaux de la première, c’est-à-dire qu’en observant les phénomènes correspond l’idée de ce phénomène, et à la succession de ces phénomènes correspond l’idée de cette succession.

42Or ces phénomènes de la pensée correspondant aux phénomènes du monde extérieur ou de la nature ne sont pas enchaînés les uns aux autres par des rapports nécessaires comme les premiers. Je peux à mon gré saisir cette chaîne par un bout ou par l’autre, par cet anneau ou par cet autre, la rouler ou la dérouler, la replier en cent façons. La Science repose sur un pivot en quelque sorte indépendant de ces phénomènes, lequel est l’esprit de l’homme. En même temps que l’intelligence recherche l’enchaînement nécessaire de ces phénomènes, elle se conçoit comme libre relativement à la formation de cette chaîne. Je sens que les idées correspondant aux phénomènes se succèdent en moi par un mouvement autonomique qui ne peut être assimilé à l’autre. De là un sentiment de plaisir pour l’âme qui complète le sentiment de son existence. Elle se sent indépendante, active, puissante. Le mouvement des idées s’exerce alors avec plénitude. Elle peut s’assurer en variant pour ainsi dire les évolutions de la pensée, qu’elle n’a pas été surprise ; après avoir ainsi considéré l’enchaînement des phénomènes, elle peut revenir sur elle-même et comparer entre elles les diverses portions de cette autre chaîne qu’elle a formée sur le modèle de la première. Elle peut se mettre en contact avec tous les points du système qu’elle a observé hors d’elle et les examiner l’un après l’autre ou dans leur ensemble. Elle arrive ainsi à la notion de l’ordre qui a été défini l’unité dans la variété et qu’on pourrait définir aussi en d’autres termes le rapport unique et nécessaire qui dérivant de l’existence de plusieurs rapports nécessaires, les lie tous les uns aux autres en sorte que l’ordre constitue la dernière ressemblance (ou l’extrême uniformité, postrema uniformitas).

figure im2

Définition de l’ordre

43L’ordre est l’uniformité des différences. L’objet de la Science est de saisir dans la production des phénomènes cette uniformité qui manifeste l’ordre (Aristote, A. Comte). Tant qu’il n’existe point d’uniformité, il n’existe point de lien, il ne peut y avoir Science (De Gerando, probabilités, Poinsot, opuscule de mécanique).

Notion du Beau

44Parvenue à la notion de l’ordre, par l’examen de la succession des phénomènes, l’intelligence qui voit hors d’elle-même cet ordre, en contemple en elle-même l’image. Cet ordre intérieur, semblable à l’extérieur, elle l’organise, le détruit ou le rétablit à son gré. Cet ordre intérieur lui apparaît tour à tour comme copie et comme modèle, c’est par ses seules forces qu’elle enfante tour à tour et le modèle et la copie. L’ordre ainsi considéré résout l’opposition de ces deux notions : le nécessaire dans les phénomènes ; le libre ou l’autonomie dans l’intelligence. L’intelligence le conçoit alors comme de l’ordre ; elle le contemple avec amour. Ce regard de l’âme est l’idée du BEAU et cette joie intérieure en est le sentiment.

45Notion du BEAU dérivant des notions d’ordre et de Puissance.

46L’ORDRE est engendré par la puissance et le Beau est l’empreinte de la Puissance dans l’ordre en d’autres termes.

47L’ordre étant l’effet général et dernier de la Puissance considérée comme cause primitive le beau est cet aspect sous lequel se présente à nous l’unité qui embrasse l’effet extrême et la cause primitive les confond l’un dans l’autre. C’est par le Beau que se manifeste la relation de l’ordre avec la puissance.

Poésie

48Ainsi par l’idée du nécessaire nous nous élevons à l’idée de l’ordre et par celle de l’ordre, à l’idée du beau.

49Mais avant que la science soit parvenue à saisir dans tout son en s emble l’ordre des phénomènes, l’amour du beau qui s’empare de toutes les facultés de notre âme précipite ou devance la marche de la science. De là ces inspirations de la Poésie qui sont comme le pressentiment de la Science.

Poésie

50Le sentiment que l’âme humaine a de sa puissance est l’enfant de la Poésie.

51L’idéal est le domaine de la Poésie. L’idéal est l’ensemble des rapports possibles établis conformément à l’idée du Beau. Mais il importe de préciser cette notion du possible.

52Le BEAU c’est la conscience de l’ordre, l’âme de L’ORDRE. Le BEAU est la RAISON qui brille dans L’ORDRE (ou qui éclate).

53Le BEAU est la manifestation de la puissance dans l’ordre.

54Or je ne puis concevoir l’ordre sans une Raison qui l’a conçue et une puissance qui l’a produit.

55L’idée du possible est suggérée à l’esprit de l’homme par le sentiment qu’il a de pouvoir.

56L’homme, en effet, se conçoit comme cause par rapport aux actes qu’il produit, c’est-à-dire qu’il se sent animé par un principe actif et indépendant, qui lui donne l’initiative du mouvement, dans l’ordre physique et dans l’ordre intellectuel. Ainsi l’enfant sait qu’en étendant la main il prendra l’objet qu’il désire ; à mesure que son intelligence se développe et que ses idées s’étendent, il comprend qu’il est maître de beaucoup de choses, que, s’il fait ceci, il arrive cela, etc. Mais, si l’homme se sent ainsi dépositaire d’une sorte d’autorité sur le monde extérieur, il possède encore un empire d’un ordre plus relevé sur son intelligence elle-même. Il donne le mouvement à ses pensées. Si elles s’engendrent les unes les autres, ce n’est jamais que conformément à la direction que leur imprime la volonté.

57« Notre âme, en dominant cette partie où aboutissent les nerfs (le cerveau), se rend arbitre des mouvements et tient en main pour ainsi dire les rênes par où tout le corps est poussé et retenu. Soit donc qu’elle ait le cerveau entier immédiatement sous sa puissance, soit qu’elle y ait quelque maîtresse pièce par où elle contienne les autres parties, comme un pilote contient tout le navire par le gouvernail, il est certain que le cerveau est son siège principal et que c’est de là qu’elle préside à tous les mouvements du corps » (Bossuet, Connaissance de Dieu).

58Considéré, soit dans l’ordre naturel, soit dans l’ordre intellectuel, l’homme est une cause et il est une cause toujours nouvelle et toujours indépendante d’elle-même.

59Il se possède, il se gouverne ; et, dans cet empire de l’homme sur lui-même, il y a quelque chose d’absolu, d’entier et d’indivisible. Il est roi, il est souverain, il est Dieu à sa manière. Il est véritablement et absolument auteur et créateur de quelque chose : il est maître enfin du possible.

60Le possible est un champ indéfini ouvert à l’activité de l’homme. À chaque instant de son existence il se sent investi d’un pouvoir qu’il exerce avec une autorité suprême. Vient-il à rencontrer au dehors des obstacles qui lui annoncent les limites de son empire, il se retire en soi, dans ce royaume intérieur qui n’a point de bornes, où lui seul commande et qu’il administre à son gré. L’avenir lui appartient. Il brise, il renoue comme il lui plaît la chaîne de ses volontés et de ses pensées. Et, si son âme, se repliant sur elle-même, s’efforce de se rendre compte de ses propres déterminations, elle n’en voit point d’autre raison, sinon qu’elle veut de cette manière, et non point de telle ou telle autre, etc.

61Il est donc essentiel de remarquer que la volonté, qui a son siège dans les régions supérieures de l’âme, domine l’ordre intellectuel tout entier, c’est-à-dire la logique elle-même. Car « c’est proprement par l’attention que commencent le raisonnement et les réflexions et l’attention commence elle-même par la volonté de considérer et d’entendre … L’attention est une application volontaire de notre esprit sur un objet » (Bossuet).

62Mais ou l’exercice de l’activité humaine est soumis à des lois nécessaires et inviolables, qui en déterminent avec précision tous les modes, et alors cette activité, purement illusoire, n’est plus qu’un jeu d’apparences, tel que celui qui, dans l’ordre physique, attribue le semblant du mouvement à des objets immobiles, ou l’exercice de l’activité humaine, dans un certain nombre de cas, est absolument libre, auquel cas il est arbitraire. Or cet exercice arbitraire, inexplicable pour la raison, lui répugne, la révolte. Qu’est-ce, en effet, que l’arbitraire, sinon ce qui n’a pas la raison d’être ? Autrement, l’existence engendrée par le néant ?

63Le nécessaire est la limite du possible. Qu’est-ce, en effet, que le possible ? C’est ce qui peut être et le nécessaire est ce qui ne peut pas ne pas être. Ils se définissent l’un par l’autre parce qu’en effet ils se limitent l’un par l’autre.

64Un certain instinct de poésie, un amour inné des merveilles, tend sans cesse à reculer les limites de cette région du possible où l’activité humaine est appelée à se déployer. La science ouvre encore dans les champs du possible de nouveaux horizons. Mais dans la multitude des actes qu’il produit et qui lui apparaissent d’abord comme des créations successives de sa puissance, l’homme ne tarde point à reconnaître un lien secret, un enchaînement caché, pareil à celui qu’il avait déjà observé dans les phénomènes naturels. Bientôt même la pensée humaine conteste à la volonté son existence, etc.

Cahier H (MS 255) [4]

65Tous les produits de l’imagination de l’homme, n’ayant aucun objet en ce sens que cet objet n’existait pas avant d’avoir été créé par l’homme, sont un témoignage éclatant de notre liberté. Nous combinons à volonté des idées, et nous nous formons un certain objet qui n’existe que dans notre esprit, bien que nous ayons pris dans la nature les éléments qui le compose.

66Les classiques prétendent qu’il faut suivre dans les œuvres d’art le type du beau idéal ; les romantiques disent, au contraire qu’il faut imiter strictement la nature. Cette discussion n’eût pas été un été soulevée si l’on eût remarqué que la nature est présentement dans un état de dégradation, qu’elle est altérée dans sa primitive beauté ; le type du beau idéal supérieur au modèle que nous offre actuellement la nature représente à notre âme la beauté du premier ordre, nous fait concevoir une harmonie plus excellente et plus parfaite que celle qui se montre à nous dans l’univers ; c’est grâce à cette idée du beau idéal que l’esprit peut s’élever à la notion de la beauté du premier ordre et à la connaissance d’une altération sensible, résultat et punition du mauvais usage de notre Liberté.

67En supposant que l’artiste pût venir à bout de créer une statue qui, par la beauté de ses proportions, égalât la beauté du premier homme, par exemple (ce qui est impossible parce qu’une statue n’a pas de vie), cette œuvre d’art, toute parfaite qu’elle fut, ne laisserait que de ne nous pas satisfaire entièrement. Pourquoi ? Parce qu’elle serait déplacée dans les circonstances où nous vivons, tandis que l’âme nous fait concevoir toute la nature en harmonie avec la beauté d’Adam.

68Ainsi les romantiques avaient tort, parce qu’ils oubliaient l’état d’altération de la nature, ils avaient raison, parce qu’ils sentaient que la nature devait avoir une beauté et une harmonie parfaite ; les Classiques, eux, avaient d’abord raison puis tort (beau idéal – beau naturel).

69Le sens commun, la poésie, la philosophie ; la philosophie c’est l’explication rationnelle du sens commun ; la poésie, l’expression animée du sens commun.

70Platon – le beau est la splendeur du bien et du vrai.

71Les beaux-arts ont précédé la philosophie ; c’est que les peuples vivent plus d’une vie extérieure ; c’est que l’humanité sortait de son berceau et n’avait pas une longue histoire ; maintenant que l’esprit humain est plus mûr et plus recueilli, c’est la philosophie qui prend la place des beaux-arts et instruits les peuples ; les peuples ont besoin de soif de vérité ; les beaux-arts ne font qu’exciter un sentiment et traduire une pensée confuse ; cette vie toute poétique ne leur suffit plus : la philosophie et le christianisme vont se partager les esprits.

Notes

  • [1]
    Les fragments du Cahier B (MS 249 du Fonds J. Lequier, Bibliothèque de l’Université de Rennes 1) ont été transcrits et publiés sous la forme de fac similés par G. Le Brech dans les Cahiers Jules Lequier, n° 3, Association les amis de J. Lequier, Gentilly, 2012.
  • [2]
    Les fragments de f° 88 et 89 du Cahier C (Ms 250) ont été transcrits et publiés par J. Grenier dans les Œuvres complètes de J. Lequier, section « Réflexions et pensées diverses », Editions de la Baconnière, Collection « Être et penser », 33 et 34 Cahiers, Neuchâtel, 1952, p. 470-472. Le fragment du f° 90 est inédit.
  • [3]
    Il s’agit des f° 3 à 10 du Cahier D (Ms 251) transcrits et publiés par J. Grenier dans les Œuvres complètes de J. Lequier, section « La Liberté », Partie III « 5. Le Postulatum », p. 385-391. Ce texte a été reproduit en annexe du conte breton de Lequier, La fourche et la quenouille, textes présentés et annotés par G. Le Brech, éditions Folle Avoine, 2010.
  • [4]
    F° 74-75 du Cahier H, transcrits et publiés par J. Grenier dans les Œuvres complètes de J. Lequier, section « Réflexions et pensées diverses », p. 478-479.
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