Notes
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[1]
Cette enquête a été menée dans le cadre du projet ANR LGPN-Ling « Analyse étymologique et sémantique des anthroponymes grecs antiques : dictionnaire numérique et imprimé » (http://clas-lgpn4.classics.ox.ac.uk:8080/exist/apps/lgpn-ling/about.html?lang=fr), dirigé par S. Minon, que je remercie d’avoir relu une première version de cet article. Merci également aux relecteurs anonymes de la Revue de Philologie pour leurs précieuses suggestions. Si des erreurs subsistent, cependant, j’en suis le seul responsable.
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[2]
Schol. Od. xiv 327 (= FGrH 703 F 7), d’après l’édition récente de N. Ernst, Die D-Scholien zur Odyssee, Kritische Ausgabe (thèse de doctorat), Cologne, 2006, p. 297-298, qui procède à un certain nombre de corrections par rapport à l’édition de Dindorf. Cette dernière, qui servit de base à la plupart des études citées dans cet article, comportait des passages qui n’étaient pas sans poser problème (cf. A. Lesky, « Hellos- Hellotis », Wiener Studien, 46, 1928, p. 60-61). Merci à C. Le Feuvre de m’avoir orienté vers l’ouvrage de N. Ernst. La traduction de la scholie, comme les suivantes, est personnelle.
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[3]
H. W. Parker, The Oracles of Zeus, Oxford, 1967, p. 36-37 ; F. Quantin, « Aspects épirotes de la vie religieuse antique », REG, 112, 1999, p. 92.
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[4]
Sur les traditions liées au sanctuaire de Dodone, voir G. Rachet, « Le Sanctuaire de Dodone, origine et moyens de divination », BAGB, 1962, p. 86-99.
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[5]
Rachet, op. cit. (n. 4), p. 90-91, voit dans Dodone « un sanctuaire primitif établi par les Égéens » et « dédié à la déesse-mère et à son parèdre, un jeune dieu au taureau et seigneur de l’eau fécondante », avant que les Hellènes d’origine indo-européenne ne s’approprient le sanctuaire en le consacrant à Zeus, « qui conserva les symboles des divinités vaincues ».
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[6]
Sur le lien entre les prêtresses et les colombes, voir, avec la bibliographie, le commentaire de J. C. Kamerbeek aux Trachiniennes, v. 172 (The Plays of Sophocles. II. The Trachiniae, Leiden, 1959). Les prêtresses purent également être appelées ainsi en raison de la couleur grise de leurs cheveux, semblable à celle des colombes, comme le suggère la glose d’Hésychius (π 1308 Hansen) πελείους · Κῷοι καὶ οἱ Ἡπειρῶται τοὺς γέροντας καὶ τὰς πρεσβύτιδας (cf. P. Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque. Histoire des mots [DELG], Paris, 1968-1980 [2e éd. 2009], s.u. πέλεια). Voir aussi L. Bodson, ἹΕΡΑ ΣΩΙΑ, Contribution à l’étude de la place de l’animal dans la religion grecque ancienne, Bruxelles, 1975, p. 101-117 et A. Gartziou-Tatti, « L’oracle de Dodone. Mythe et rituel », Kernos, 3, 1990, p. 181.
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[7]
Philostr., Im., ii, 33 ; Schol. A, Il., xvi, 234 = Pind., fr. 68 Turyn. Cf. Parker, op. cit. (n. 3), p. 35-36 et p. 44 n. 5.
-
[8]
Sur le lien entre Ἕλλος, Σελλοί et Ἑλλοί, voir R. Velardi, « L’oracolo di Dodona in Omero. Critica omerica antica e tradizioni locali », dans G. Cerri, A.-T. Cozzoli et M. Giuseppetti (éd.), Tradizioni mitiche locali nell’epica greca. Convegno internazionale di studi in onore di Antonio Martina per i suoi 75 anni. Roma, 22-23 ottobre 2009, Rome, 2012, p. 67-72.
-
[9]
Ce mythe local n’a laissé que peu de traces. C. Carapanos, Dodone et ses ruines, Paris, 1878, p. 186-187 et pl. xiv, n° 2, croit reconnaître notre berger – qu’il appelle Mandylas, d’après une autre leçon de la scholie, depuis écartée – dans une statuette de bronze du ive siècle av. J.-C. retrouvée à Dodone et qui représente un homme nu avec une chlamyde sur l’épaule gauche, tenant un bâton ou une massue dans la main droite et sans doute coiffé d’un pétase, dont il ne reste plus que des vestiges de fixation. Cette identification est suivie par N. G. L. Hammond, Epirus. The Geography, the Ancient Remains, the History and the Topography of Epirus and Adjacent Areas, Oxford, 1967, p. 509.
-
[10]
R. Schmitt, Iranisches Personennamenbuch, Bd. V, Fasz. 5A, Iranische Personennamen in der griechischen Literatur vor Alexander d. Gr., Vienne, 2011, p. 237-238.
-
[11]
On a parfois suspecté que certains noms en ‑(α)υλᾱς, comme Φεραύλᾱς, avaient une origine iranienne. Mais, selon R. Schmitt, op. cit., p. 394, cela est indémontrable car aucun radical ou morphème de ce type n’est connu en iranien.
-
[12]
Ainsi, Hdt. ii, 52 : τὸ γὰρ δὴ μαντήιον τοῦτο νενόμισται ἀρχαιότατον τῶν ἐν Ἕλλησι χρηστηρίων εἶναι, καὶ ἦν τὸν χρόνον τοῦτον μοῦνον, « cet oracle (scil. à Dodone) est en effet tenu pour le plus ancien des oracles chez les Grecs et, en ce temps-là, il était le seul » ; et Plat. Phaed. 275b : οἱ δὲ γ’, ὦ φίλε, ἐν τῷ τοῦ Διὸς τοῦ Δωδωναίου ἱερῷ δρυὸς λόγους ἔφησαν μαντικοὺς πρώτους γενέσθαι, « on disait, mon cher, que dans le sanctuaire de Zeus à Dodone sortirent d’un chêne les premières paroles divinatoires ». Pour un aperçu sur l’histoire du sanctuaire à travers les sources littéraires, archéologiques et historiques, voir É. Lhôte, Les lamelles oraculaires de Dodone, Genève, 2006, p. ix-xv, avec références.
-
[13]
Ainsi Parker, op. cit. (n. 3), p. 38, attribue-t-il l’allure étrange du nom Mardylas à une origine non grecque, peut-être molosse ou d’un autre peuple pré-hellénique.
-
[14]
IG IX (2) 332, 6-7 ([Ἀ]ρ[ισ]ταγόρου) et Ἀρχαιολογικὴ Ἐφημερίς, 1913, p. 144 ([Πυ]θ̣αγ[όρου]).
-
[15]
Il faut distinguer ce nom de Βάρδυλλις (Théopompe hist.) ou Βάρδυλις (D.S.), porté par un roi illyrien du ive siècle av. J.-C. et par le beau-père de Pyrrhus. Βάρδυλ(λ)ις, parfois considéré comme un nom illyrien (H. Krahe, Lexikon Altillyrischer Personennamen, Heidelberg, 1929, p. 16), est à tout le moins un nom d’assonance gréco-illyrien, voire un nom de facture grecque. Comme dans Βαρδίας ou Βαρδίων, on y retrouve, en effet, le radical de βραδύς « lent, paresseux » (sup. βράδιστος et βάρδιστος ; < i.-e. *gwr̥du- ; cf. Chantraine, DELG, s.u. βραδύς), voire celui de (ϝ)άρδω « arroser ; soigner ».
-
[16]
La légende rapportée indirectement par Proxénos attribue une origine proprement épirote à l’oracle de Dodone, à une époque où, dans d’autres versions des origines du sanctuaire de Dodone, l’oracle était transféré depuis la Thessalie. Sur ces récits divergents et leur dimension politique, voir Parker, op. cit. (n. 3), p. 38-40. Sur la volonté de Pyrrhus de faire de Dodone un sanctuaire panhellénique de premier plan, voir notamment M. Dieterle, Dodona. Religionsgeschichtliche und historische Untersuchungen zur Entstehung und Entwicklung des Zeus-Heiligtums, Hildesheim-Zurich-New York, 2007, p. 94-96 et E. Eidinow, Oracles, Curses, and Risk among the Ancient Greeks, Oxford, 2007, p. 62.
-
[17]
M. Egetmeyer, Le dialecte grec de Chypre, vol. 2, Berlin, 2010, § 424 et L. Dubois, « Des noms en ‑ᾶς », dans A. Alonso-Déniz, L. Dubois, C. Le Feuvre et S. Minon (éd.), La suffixation des anthroponymes grecs antiques (SAGA), p. 324.
-
[18]
J. Curbera, « Simple Names in Ionia », dans R. Parker (éd.), Personal Names in Ancient Anatolia, Oxford, 2013, p. 127.
-
[19]
Pace F. Bechtel, Lexilogus zur Homer, Halle, 1914, s.u. ἀμέρδω, l’adjectif βραδύς, mentionné supra (n. 15) à propos de Βάρδυλ(λ)ις, ne remonte pas à la même racine que celle de ἀμέρδω, mais à i.-e. *gwr̥du- (cf. lit. gurdùs « lent », lett. gur̃ds « fatigué »).
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[20]
Sur le suffixe -ύλος, voir A. Mathys, « Anthroponymes et morphologie dérivationnelle : les anthroponymes en ‑λος, ‑ιλ(λ)ος et ‑υλ(λ)ος et la gémination expressive », dans SAGA, p. 333-377.
-
[21]
F. Bechtel, Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (HPN), p. 331-332 (pour les composés en Νικο-) et p. 335 (Νίκυλλος, Νικυλίδας).
-
[22]
Ibid., p. 123-126 (pour les composés en Δᾱμο-/Δημο-) et p. 130 (Δημύλος, Δημυλίδας).
-
[23]
Str. 11, 7, 1 et 13, 3. Cf. St.B. : Ἀμαρδοί · ἔθνος Ὑρκανῶν ἐγγύς. Στράβων ια. εἰσὶ καὶ Περσῶν Μαρδοί δίχα τοῦ α et Μάρδοι · ἔθνος Ὑρκανῶν. Ἀπολλόδωρος Περὶ γῆς β. λῃσταὶ δ’ οὗτοι καὶ τοξόται. Cet ethnonyme doit probablement être rapproché du nom iranien de l’« homme », *marta-, cf. parth. mrd-, m.-perse mard- « homme » etc. < i.-e. *mr̥tó- « mortel » (M. Mayrhofer, Etymologisches Wörterbuch des Altindoarischen, II. Bd., 15, Heidelberg, 1994, p. 327, s.u. márta-).
-
[24]
C. D. Buck, The Greek Dialects. Grammar, Selected Inscriptions, Glossary, Chicago-Londres-Toronto, 1961, § 12 ; J. Méndez Dosuna, Los dialectos dorios del Noroeste, Salamanque, 1985, p. 395-412.
-
[25]
Sur ce type de composés, voir dernièrement O. Tribulato, Ancient Greek Verb-Initial Compounds: Their Diachronic Development within the Greek Compound System, Berlin-Boston, 2015, p. 166-167.
-
[26]
Il s’agirait, à notre connaissance, du seul composé avec le radical de μέρδω. Tribulato, op. cit. (n. 25), p. 218 et 367, signale en revanche qu’il existe des composés poétiques et tardifs en ἀμερσι-, sur ἀμέρδω (sur ce verbe et son lien supposé avec μέρδω, voir infra, § 3) : ἀμερσί-γαμος « depriving of wedlock », ἀμερσί-νοος « depriving of mind » (Nonn.), ἀμερσί-φρων « id. » (Hsch.).
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[27]
Bechtel, Lexilogus, s.u. ἀμέρδω ; H. Frisk, Griechisches etymologisches Wörterbuch I, Heidelberg, 1960, s.u. ἀμέρδω ; Chantraine, DELG, s.u. ἀμέρδω ; B. Snell et al., Lexikon des frühgriechischen Epos, Göttingen, 1995, s.u. ἀμέρδω ; R. S. P. Beekes, Etymological Dictionary of Greek (EDG), en ligne sur le site Indo-European Etymological Dictionaries Online, s.u. ἀμέρδω.
-
[28]
Voir aussi ἄμερσεν · ἄμοιρον ἐποίησεν, ἐστέρησεν (Hsch. α 3607 Latte et Cunningham) et ἀμέρσαι · ἀμαυρῶσαι, ἄμοιρον ποιῆσαι (Hsch. α 3610 Latte et Cunningham).
-
[29]
Il existe un autre doublet ἀμείρω (Pi., P., 6, 27), de même sens que ἀμέρδω, également identifiable dans le composé ἀπαμείρω (A.R.), aussi attesté au passif (Hés., Th., 801). Il s’agit là d’une formation secondaire ancienne, à partir de l’aoriste ἀμέρσαι : voir F. Solmsen, « Sigma in Verbindung mit Nasalen und Liquiden im Griechischen », KZ, 29/3-4, 1888, p. 354 ; id., Beiträge zur griechischen Wortforschung I, Strasbourg, 1909, p. 354 ; Bechtel, Lexilogus, s.u. ἀμέρδω ; M. Leumann, Homerische Wörter, Bâle, 1950, p. 162-163.
-
[30]
H. Rix, Lexikon der Indogermanischen Verben, Wiesbaden, 2001 (2de édition), p. 280.
-
[31]
R. S. P. Beekes, The Development of the Proto-Indo-European Laryngeals in Greek, La Haye-Paris, 1969, p. 43 et 84-85.
-
[32]
Cette association a déjà été effectuée sous la racine *mer‑d‑ par J. Pokorny, Indogermanisches etymologisches Wörterbuch, 1. Bd., Berne-Munich, 1959, p. 736-737.
-
[33]
L’évolution sémantique de « redoutable » à « force, puissance » ne doit pas surprendre et trouve des parallèles : cf. δεινός et δεινότης « force, habileté » (Chantraine, DELG s.u. σμερδαλεός).
-
[34]
E. Schwyzer, Griechische Grammatik. I. Bd. Allgemeiner Teil, Lautlehre, Wortbildung, Flexion, Munich, 1939, p. 310-311 ; M. Lejeune, Phonétique historique du mycénien et du grec ancien, Paris, 1972, § 113.
-
[35]
P. Chantraine, La formation des noms en grec ancien, Paris, 1933, p. 193 et, pour les formations en ‑αλέος, p. 253-255 : le suffixe expressif ‑αλέος entre dans la formation d’adjectifs exprimant des propriétés physiques (sec, humide, chaud, froid) ou des états moraux (audacieux, terrible, craintif). Voir aussi É. Benveniste, Origines de la formation des noms en indo-européen, Paris, 1935, p. 44-47.
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[36]
Beekes, EDG, s.u. σμερδαλέος, évoque la possibilité d’échanges entre *h2merd- et *smerd‑.
-
[37]
Respectivement, IG IX (2) 472, 7 (Atrax : adj. patr. Μερδίαιος) et SEG 35, 531 (Atrax : lap. Μερ[δ]ίας, mais corr. Helly Μεί̣[δε]ιος ?).
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[38]
PMG p. 346, fr. 14 ; p. 366 ; p. 402 ; p. 503 ; Ael., VH, ix, 4.
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[39]
G. E. Bean et T. B. Mitford, Journeys in Rough Cilicia, 1962-1963, Vienne, 1965, n° 34, l. 5.
-
[40]
Keilschrifturkunden aus Boghazköi (KUB) 40, 106 Ro.
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[41]
Σμέρδις et Σμερδίης sont présentés chez Bechtel (HPN, 403) comme les raccourcis de composés du type *Σμερδι-μένης. À propos du nom d’assonance gréco-iranien Σμερδομένης, voir à la fin du paragraphe.
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[42]
Schmitt, op. cit. (n. 10), p. 239 et 259.
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[43]
Ibid., p. 336-337.
-
[44]
Thasos : J. Pouilloux, Recherches sur l’histoire et les cultes de Thasos I. De la fondation de la cité à 196 avant J.-C., Paris, 1954, p. 16, n° 1 et 2 (ve s. av. J.-C.) ; Abdère : J. M. F. May, The Coinage of Abdera (540-345 B. C.), Londres, 1966, p. 110-111, n° 108-111 (Σμόρδ[ος], ca 475-450 av. J.-C.) et p. 126-126, n° 134-138 (ca 450-425 av. J.-C.) ; Panticapée : V. V. Struve et al., Corpus Inscriptionum Regni Bosporani, Moscou et Leningrad, 1965, n° 171 (ive siècle av. J.-C.).
-
[45]
H. R. Immerwahr, Attic Script. A Survey, Oxford, 1990, p. 40 = id., Corpus of Attic Vase Inscriptions, 2008, n° 6868 (pdf téléchargeable : https://avi.unibas.ch/images/pdf/Inscriptions.pdf).
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[46]
Voir supra et n. 32.
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[47]
Sur Σμόρδος et Σμόρδων, voir O. Masson, « Quelques noms de magistrats monétaires grecs », dans C. Dobias et L. Dubois (éd.), Onomastica Graeca selecta, 2, p. 433-434 et J. Curbera, art. cit. (n. 18), p. 140-141.
1 – Un mythe de la fondation de Dodone [1]
1Une scholie à l’Odyssée livre un récit de la fondation du sanctuaire de Dodone, selon une tradition attribuée à Proxénos, historien du iiie siècle av. J.-C. La voici rapportée [2] :
Ποιμὴν κατανέμων πρόβατα ἐν τοῖς τῆς Δωδώνης ἕλεσι τοῦ πέλας ὑφείλατο νομὴν καλλίστην, καὶ εἴρξας εἰς τὴν σφετέραν αὐλὴν ἐφύλασσεν. Ὅθεν φασὶ τὸν δεσπότην ζητεῖν παρὰ τοῖς ποιμέσι τὰ κεκλεμμένα πρόβατα, μὴ εὑρόντα δὲ ἐρωτᾶν τὸν θεὸν τίς ἐστι. Τότε πρῶτόν φασι τὴν δρῦν φωνὴν ἀφεῖναι ὅτι τῶν ἀκολουθούντων ὁ νεώτατος. Ἐξετάσαντα δὲ τὸ λόγιον εὑρεῖν παρὰ τῶι ποιμένι νεωστὶ βοσκήσαντι τῶι χωρίωι · ἀκόλουθοι δὲ λέγονται οἱ ποιμένες. Ἦν δὲ τὸ ὄνομα Μαρδύλας ὁ κλέψας. Τοῦτον λέγεται προσοργισθέντα τῆι δρυῒ θελῆσαι αὐτὴν ἐκκόψαι νύκτωρ, πελειάδα δὲ ἐκ τοῦ στελέχους ἀνακύψασαν ἐπιτάξαι μὴ τοῦτο δρᾶν. Τὸν δὲ δειματωθέντα μηκέτι τοῦτο τολμῆσαι {μὴ θιγεῖν τοῦ ἱεροῦ τούτου δένδρου}. Οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ διὰ τὸ τόλμημα μηνίσαι αὐτῶι τοὺς Ἠπειρώτας · ὅθεν καὶ λαβόντας δίκην ταύτην εἰσπράξασθαι τῆς ἀπ’ αὐτοῦ ὑπομονῆς {τὸν μάντιν προάγει}. Ἡ ἱστορία παρὰ τῶι Προξένωι.
Un berger qui paissait ses moutons dans les marécages de Dodone en vola à son voisin une excellente part et, après l’avoir enfermée dans son propre enclos, la garda. De là, on raconte que le propriétaire chercha auprès des bergers les moutons qu’on lui avait volés, mais que, ne les trouvant pas, il demanda au dieu qui était le coupable. Alors, pour la première fois, dit-on, le chêne émit une voix, disant que c’était le plus jeune des suivants. Après examen de l’oracle, il trouva ses moutons chez le berger venu nouvellement paître ses troupeaux dans la région : les bergers sont appelés des accompagnateurs. Mardylas était le nom du voleur. On raconte que ce dernier, irrité contre le chêne, voulut l’abattre de nuit, mais qu’une colombe qui avait sorti la tête du tronc lui ordonna de ne pas commettre cet acte. Lui, pris de frayeur, n’en eut plus le cœur. Toutefois, à cause même de son audace, les Épirotes exercèrent leur courroux contre lui ; de là aussi, l’ayant condamné, ils lui infligèrent cette punition comme réparation pour son impudence. L’histoire se trouve chez Proxénos.
4Ce mythe, intéressant à plusieurs titres, raconte donc qu’un propriétaire dont le troupeau a été dérobé, parce qu’il désespère de retrouver ce dernier, demande de l’aide au dieu : c’est à cette occasion que le chêne de Dodone parle pour la première fois. La réponse de l’oracle est cependant doublement équivoque, en ce que ὁ νεώτατος peut désigner « le plus jeune », mais aussi « le plus récent », tandis que τῶν ἀκολουθούντων, qui se réfère habituellement à des « serviteurs », désigne ici les bergers « qui suivent » les troupeaux. Cette ambiguïté oblige donc le propriétaire à se livrer à une analyse du message divin (ἐξετάσαντα τὸ λόγιον) avant de pouvoir identifier le coupable, qui n’est pas « le plus jeune des serviteurs », mais « le dernier arrivé parmi les accompagnateurs de troupeaux » [3]. Le récit s’attache ensuite au personnage du voleur, Mardylas, qui, parce qu’il est contrarié de s’être fait ainsi démasquer, entreprend d’abattre nuitamment le chêne oraculaire, avant d’en être dissuadé par une colombe (πελειάδα) ayant surgi du tronc. Or la colombe est généralement associée à l’oracle de Dodone : Hérodote (ii, 55) le premier, raconte que c’est une colombe noire partie de Thèbes en Égypte qui se serait posée sur un chêne en déclarant qu’il fallait établir un oracle en ce lieu [4]. Le nom de cet oiseau (πελειάς), qui représente la déesse-mère honorée à Dodone aux côtés de Zeus sous le nom de Dioné [5], est également associé par les Anciens à celui des prêtresses du sanctuaire, les Péléiades [6]. Le récit explique enfin que les Épirotes furent scandalisés davantage par l’outrecuidance de Mardylas que par le vol qu’il avait commis, en raison de son caractère sacrilège.
5Il faut noter que le personnage impie de Mardylas fait écho à celui de Hellos, qui apparaît dans une autre version du mythe sur les origines de Dodone [7]. Cette dernière raconte qu’un « coupeur de chêne » (δρυτόμος) nommé Hellos, alors sur le point d’abattre un chêne à Dodone, fut averti par une colombe perchée sur ses branches qu’il s’agissait d’un chêne sacré. Hellos abandonna alors sa hache pour devenir le premier des prêtres de Zeus à Dodone, appelés les Σελλοί [8].
6Mardylas, dans notre version, semble d’autant plus central qu’aucun autre berger, pas même celui qui subit le vol, ne reçoit de nom [9]. Cet anthroponyme, qui est un hapax, pose donc question et mérite par conséquent un examen attentif.
2 – La formation du nom Μαρδύλας
2.1 – Préambule méthodologique
7Une solution par défaut consisterait à faire de cet anthroponyme une forme non grecque. Il faudrait toutefois identifier le nom étranger qui se trouve derrière Μαρδύλας : on a parfois tenté de lui attribuer une origine iranienne, en le rapprochant du bien connu Μαρδόνιος, qui correspond au vieux perse Mr̥duniya‑, probablement lui-même bâti sur l’iranien *mr̥du- « doux, tendre » (cf. véd. mr̥dú- « id. »), avec suffixe hypocoristique *-iya- à partir du thème élargi *mr̥du-na‑ [10]. Néanmoins, aucun **Mr̥dula‑ n’est attesté en iranien [11]. Aucune mention n’est faite, du reste, d’une éventuelle origine étrangère du berger de Dodone, dans ce mythe qui raconte la fondation du premier oracle grec, d’après la tradition des Anciens [12]. Il est toujours possible, bien sûr, d’invoquer une forme pré-hellénique, ressortissant à une langue méconnue [13], mais ce serait là user de facilité.
8Comme l’interprétation morphologique et sémantique de cet anthroponyme n’est pas évidente, il convient d’aborder cette question avec méthode pour envisager les différentes hypothèses possibles. Le plus pertinent dans ce cas est de procéder en partant de la fin du nom, afin d’isoler d’éventuels suffixes anthroponymiques nous permettant d’identifier un radical.
9Avant d’entamer l’analyse morphologique proprement dite, signalons que Μαρδύλας, uniquement fictif en l’état actuel de nos connaissances, peut être rapproché d’un anthroponyme attesté dans une dédicace thessalienne de Phalanna, datée du iiie siècle av. J.-C. Cette dernière mentionne, en effet, parmi les dédicants, un dénommé Μάρδυλις [Ἀ]ρ[ισ]ταγόρου ou [Πυ]θ̣αγ[όρου] [14]. L’inscription remonte alors à une époque où la Thessalie, conquise par Pyrrhus, était rattachée au royaume d’Épire [15]. C’est d’ailleurs à cette même époque que Proxénos, qui est historien à la cour de Pyrrhus, a livré le récit de la fondation de l’oracle de Dodone [16]. Le nom de Μαρδύλας, associé au mythe de la fondation de Dodone, a pu servir de base anthroponymique dans une aire d’influence épirote, alors que le sanctuaire prenait de plus en plus d’ampleur.
2.2 – Les noms en °ΥΛΑΣ
10Il existe des sobriquets en °ΥΛΑΣ, représentant avant tout d’anciens noms de métiers ou d’oiseaux en ‑ᾶς formés sur des bases en °υλ- : p. ex. Κοτυλᾶς « Fabricant de pots » < κοτύλη « jatte, coupe » [17] ou Κορυλᾶς, à rapprocher de la glose d’Hésychius (κ 3698 Latte) κορυλλίων · ὄρνιθος εἶδος [18]. Toutefois, l’hypothèse qui ferait de ΜΑΡΔΥΛΑΣ un sobriquet en ‑ᾶς, outre le fait qu’elle induirait d’abord une correction de l’accent transmis, ne peut être soutenue que s’il existe une base *μαρδυλ-. Or le lexique n’en offre aucune attestation : il faut donc écarter cette explication.
11Parmi les noms grecs en °ΥΛΑΣ se trouvent aussi des composés à premier membre en °υ- et second membre ‑λας < λᾱ(ϝ)ός : p. ex. Θρασύ-λας (variante de ion.-att. Θρασύ-λεως et non ion.-att. Θρασύ-λᾱος) ou Ἀρτύ-λας (variante de non ion.-att. Ἀρτύ-λᾱος). Dans le cas de Μαρδύλας, cependant, cette voie conduit à une impasse, puisqu’il n’existe aucun candidat **μαρδυ-, **μερδυ- ou **μορδυ- qui fournirait la première base nominale ou verbale d’un tel composé [19].
12On connaît également des hypocoristiques de composés comportant le suffixe -ύλας, secondaire par rapport à ‑ύλος [20] : p. ex. Νεικύλας (en face de Νικύλος), hypocoristique de l’un des nombreux composés en Νικο- (< νίκη) [21], ou Δᾱμύλας (en face de Δᾱμύλος/Δημύλος), hypocoristique d’un composé en Δᾱμο-/Δημο- (< δῆμος) [22]. Dans notre cas, toutefois, une étape fait défaut : celle de l’hypocoristique *Μαρδύλος. Les noms du type Νεικύλας ou Δᾱμύλας sont, en effet, attestés à partir de l’époque impériale et sont secondaires par rapport au type Νικύλος ou Δᾱμύλος, tandis que Μαρδύλας remonte à l’époque hellénistique voire au-delà, puisque Proxénos est susceptible de transmettre une tradition bien plus ancienne. L’hypothèse d’un nom dérivé au moyen du suffixe secondaire ‑ύλας semble donc devoir être écartée elle aussi pour des raisons de cohérence chronologique.
13Une dernière possibilité s’offre à nous. En faisant, en effet, de cet anthroponyme non pas un dérivé, mais un composé à segmenter comme Μαρδ-ύλας, on isolerait alors un second membre pouvant reposer sur le radical de ὕλη « bois, forêt ». Ce dernier se rencontre dans le lexique au premier membre d’un grand nombre de composés, où il désigne à la fois le bois comme matériau, comme ὑλο-τόμος (Hom.+) ou ὑλᾱ-τόμος (Théoc.) « bûcheron », et la région boisée, comme dans ὑλο-νόμος « qui vit dans les bois » (Arist.+) ou ὑλη-κοίτης « qui couche dans les bois » (Hés.) ; on l’y rencontre aussi, certes plus rarement et surtout chez des auteurs d’époque hellénistique, comme second membre : p. ex. ἄν-υλος « sans bois » (Thphr.) ou l’hypostatique ἔν-υλος « qui se trouve dans la matière » (Arist.+).
2.3 – Quel premier membre ?
14Pour le premier membre du supposé composé Μαρδ-ύλας, les candidats ne sont pas légion. On pense d’abord à μάρδος, attesté chez Hérodien (i, 142 Lentz), qui le glose ainsi : αὐλοῦ εἶδος καὶ ἔθνος Ὑρκάνιον. Le nom de cette « sorte de flûte » semble donc calqué sur l’ethnonyme des Mardes, Μάρδοι et sa variante Ἄμαρδοι : les Mardes sont présentés comme un peuple iranien belliqueux, voisin des Hyrcaniens ou hyrcanien lui-même [23]. Si c’est bien cette base qui constitue le premier membre de notre composé anthroponymique, le sens en serait alors « (Du) bois de flûte », voire « (Du) bois des Mardes ». Pour irréprochable que soit formellement cette hypothèse, le résultat sémantique qui en découle convainc beaucoup moins, surtout pour un nom fictif placé au cœur d’un mythe de fondation d’oracle.
15Il est néanmoins possible de proposer comme premier membre de ce composé un autre candidat, qui présenterait l’avantage de faire de Μαρδ-ύλας un nom parlant, s’inscrivant parfaitement dans le cadre narratif au sein duquel il apparaît. Compte tenu de l’ancrage local du mythe qui mentionne Mardylas, on peut raisonnablement envisager la présence d’un trait phonétique dialectal. Or l’on sait que, dans les parlers doriens du nord-ouest notamment, une séquence /ar/ peut résulter de l’évolution de /er/ : ce phénomène phonétique est bien attesté dans les inscriptions archaïques de Delphes, de Locride occidentale et d’Élide, quoiqu’il ne soit pas spécifique au groupe nord-occidental, comme le confirment les nombreux parallèles typologiques [24]. Le radical μαρδ- est donc susceptible de remonter à μερδ-, qui évoque alors immédiatement la glose d’Hésychius (μ 870 Latte) μέρδει · κωλύει, βλάπτει. Dès lors, Μαρδ-ύλας peut être analysé comme un composé à premier membre verbal régissant, du type φερέ-οικος [25]. Son sens s’éclaire alors aussitôt : « Qui nuit au bois » [26].
16Ce nom, qui est le seul à être mentionné dans cette version du mythe, serait alors parfaitement à propos, dans la mesure où il désigne précisément l’homme châtié par les Épirotes pour avoir tenté d’abattre le chêne sacré et responsable malgré lui de l’instauration de l’oracle. Cet anthroponyme parlant servirait donc tout à la fois à nommer et à caractériser le personnage central du mythe. Comme cela a été rappelé précédemment, la figure du coupeur d’arbre est aussi centrale dans la version du mythe avec Hellos : tandis que le nom de ce dernier est accompagné de l’épithète δρυτόμος, le personnage de Mardylas serait, quant à lui, défini par son nom même.
3 – Grec μερδ-, ἀμερδ- et σμερδ-
17Ce nom nous donne l’occasion de revenir sur le radical verbal isolé μερδ-, connu grâce à la glose d’Hésychius. Il est généralement associé à celui de ἀμέρδω [27], qui signifie « priver (de ce qui est légitime) », notamment accompagné du génitif ὀφθαλμῶν (Od., viii, 64) [28]. Le rapprochement entre les deux formes verbales est encouragé par leur ressemblance formelle et leur proximité sémantique, si bien que le DELG (s.u. ἀμέρδω) considère μέρδει comme un doublet sans α initial de ἀμέρδω [29], tout en se demandant s’il en constitue la forme ancienne ou bien une altération secondaire. En faveur de la seconde hypothèse, on peut invoquer une autre glose d’Hésychius, dans laquelle les deux formes apparaissent clairement comme des doublets : μερθεῖσα · στερηθεῖσα. ἀμερθεῖσα (μ 872 Latte). Dans ce cas, on peut le rapprocher du skr. mr̥dnāti, mardati « zerreiben, zerdrücken » et de l’avest. mōrǝndat̃ « vernichtet », ce qui permettrait de poser une racine i.-e. *h2merd- « ein Leid antun, mißhandeln » [30]. Cette paire supposée peut être comparée au couple μέλδομαι « fondre » (Il.) / ἀμέλδειν · τήκειν (Hsch. α 3568 Latte et Cuningham) [31], représentant deux radicaux avec ou sans voyelle prothétique, mais de sens identique.
18Toutefois, pour le cas où ce ne serait pas le radical de μέρδει qui est secondaire, mais bien plutôt son rapprochement avec celui de ἀμέρδω, il serait possible de le lier à la paire σμερδαλεός / σμερδνός « terrible, épouvantable » [32]. À ces deux adjectifs attestés depuis Homère – bien que le second soit plus rare – il convient d’associer deux termes transmis par des gloses d’Hésychius, à savoir le thème en -s- σμέρδ[ν]ος · λῆμα, ῥώμη, δύναμις, ὅρμημα (σ 1233 Hansen) et le composé εὐσμερδής · εὔρωστος (ε 7190 Latte) [33]. Ils sont en outre rapprochés, hors du grec, d’un groupe germanique représenté par v.h.a. smerzan « causer de la douleur, faire du mal », v.ang. smeortan « id. », v.ang. smeart « qui fait mal », ang. mod. smart « cinglant, vif, habile » etc. Il est parfaitement plausible que le radical μερδ- appartienne à cette famille, puisque l’on sait qu’en grec le groupe *sm- initial a connu deux traitements, à savoir /sm/ (p. ex. σμῑ́λη « couteau », cf. germ. com. *smiþu « forgeron » > v.norr. smiđr, v.ang. smiđ) et /m/ (p. ex. μειδιάω « sourire » < i.-e. *smeyd- « id. », cf. lett. smaîda, skr. smáyate, ang. smile etc.), traitements qui ont pu coexister pour une même racine, comme en témoigne l’exemple bien connu de (σ)μῑκρός [34]. On aurait alors affaire au radical verbal (σ)μερδ-, à la base de σμερδνός et de σμερδαλέος et dont Chantraine notait l’absence au sein du grec [35]. Cela conviendrait donc parfaitement pour la formation mais aussi pour le sens : (σ)μερδ- « causer du mal » → σμερδ‑νός et σμερδ-αλέος « qui fait du mal », d’où « terrible, épouvantable ».
19Qu’il y ait un lien ou non entre *h2merd- et *smerd‑ [36], une collision entre ces deux racines dans la synchronie du grec ne serait, du reste, pas surprenante, compte tenu de leur similarité à la fois phonétique et sémantique.
4 – Anthroponymes apparentés
20Si l’on ne connaît à ce jour aucun nom de personne bâti sur un thème du verbe ἀμέρδω, quelques anthroponymes sont formés sur les bases μερδ- et σμερδ-. La forme Μερδίας, avec un vocalisme e, est attestée en Thessalie au ive et peut-être au iie siècle av. J.‑C. [37], pourrait constituer le raccourci d’un composé en Μερδ(ε)‑. À moins qu’il ne s’agisse là de la variante sans s initial de Σμερδίης, connu comme nom d’un Thrace du vie siècle av. J.‑C. dans plusieurs sources littéraires [38] et formé sur le radical σμερδ-. Il est plus hasardeux de se prononcer au sujet de Μερδους, attesté en Cilicie Trachée au ier siècle ap. J.-C., dans une inscription où les noms anatoliens sont largement majoritaires [39]. Il doit plutôt représenter un nom de substrat anatolien, peut-être – mais cela est pure spéculation – à mettre en rapport avec le toponyme Martuwa, attesté en hittite [40].
21À côté de Σμερδίης, le radical σμερδ- sert également à former le nom d’assonance gréco-iranien Σμέρδις [41], connu à partir d’Hérodote (iii, passim), comme le nom du frère de Cambyse, à côté de Μάρδος, pour le même personnage chez Eschyle (Pers., 774). La forme de ce nom en v.perse est, en effet, Bṛdiya-, sans s initial, et n’est autre que l’hypocoristique d’un composé dont le premier membre remonte à l’iranien *bṛzi- « haut, élevé » [42]. Contrairement à Μάρδος, qui constitue une hellénisation minimale du nom iranien, la forme employée par Hérodote voit donc le radical grec σμερδ- « terrible, épouvantable » se substituer au radical iranien dans un jeu d’assonance. Un procédé similaire explique l’adaptation du v.perse *Bṛdi-manah-/-maniš- « À l’esprit élevé, sublime » chez Hérodote, où il est devenu Σμερδο-μένης, qui signifie « À l’ardeur terrible » [43].
22Rappelons, enfin, l’existence d’un petit groupe de noms grecs en Σμορδ°, Σμόρδος et Σμόρδων : le premier est connu grâce à cinq attestations à Thasos, à Abdère et à Panticapée entre le ve et le ive siècle av. J.-C. [44], tandis que le second apparaît sur une amphore datant du premier quart du vie siècle av. J.-C. et retrouvée à Kamarina [45]. Leur radical est résiduel, puisqu’il est attesté seulement dans l’anthroponymie et dans les gloses d’Hésychius suivantes : σμορδοῦν · συνουσιάζειν (σ 1273 Hansen) et σμορδονεύς · ὑποκοριστικῶς ἀπὸ τῶν μορίων · ὡς πόσθωνες (σ 1274 Hansen). Tout semble donc indiquer qu’il a existé un substantif populaire *σμόρδος, formé sur le degré o de la racine *smerd-, servant à désigner le sexe masculin. Ce sens procède peut-être de l’évolution sémantique de « faire du mal » à « être puissant », déjà attestée pour σμέρδ[ν]ος et εὐσμερδής [46], mais il est aussi permis de supposer que *σμόρδος désignait un objet ou un outil utilisé pour détruire, casser, broyer vel sim. et qu’à la suite d’un emploi métaphorique, dont les parallèles ne manquent pas dans le registre familier, il a désigné le membrum virile. À partir de *σμόρδος, converti dans l’anthroponyme Σμόρδος, ont été dérivés σμόρδων « membré », également employé comme sobriquet dans l’anthroponymie [47], et le verbe dénominatif σμορδόω « futuo ». Les attestations septentrionales de Σμόρδος pourraient, néanmoins, suggérer qu’il s’agit là aussi d’un nom d’assonance gréco-iranien, comparable à Σμερδίης et Σμέρδις, examinés précédemment.
5 – Bilan
23Le nom fictif Μαρδύλας est porté par le personnage d’un mythe de fondation de l’oracle de Dodone, mythe transmis indirectement par l’historien Proxénos (iiie siècle av. J.‑C.). Le personnage même de Mardylas y est central, non pas seulement parce que c’est à l’occasion du vol commis par ce dernier que le chêne oraculaire fait entendre sa voix pour la première fois, mais surtout parce que c’est lorsqu’il tente de l’abattre que l’arbre révèle sa nature sacrée. Jusqu’à présent, aucune explication satisfaisante n’a permis d’éclairer la formation de cet anthroponyme. Compte tenu du contexte proprement épirote du mythe où il apparaît, l’hypothèse d’un nom d’origine non grecque – iranienne ou pré-hellénique – ne s’impose pas.
24La formation de Μαρδύλας peut, en outre, s’expliquer au sein du grec : en admettant un trait phonétique dialectal banal (/er/ > /ar/), il est possible d’en faire un composé de rection verbale Μαρδ-ύλας, avec, au premier membre, le radical de μέρδει, connu grâce à une glose d’Hésychius, et celui de ὕλη « bois », au second. Mardylas porterait alors un nom parlant signifiant « Qui nuit au bois ».
25Revenant sur μέρδει, généralement tenu pour un doublet de ἀμέρδω « priver (de ce qui est légitime) », nous avons suggéré qu’il pouvait aussi avoir pour radical une variante de σμερδ- (cf. σμερδαλεός / σμερδνός « terrible, épouvantable »), qui trouve des parallèles dans d’autres langues indo-européennes avec le sens de « faire du mal ».
26Nous avons, enfin, réexaminé les anthroponymes en Μερδ° et Σμερδ° : alors que certains sont sans nul doute de facture grecque, d’autres constituent plutôt des noms d’assonance gréco-iraniens, étant à ce titre porteurs de sens dans les deux langues. Σμόρδος et Σμόρδων sont, quant à eux, formés sur un nom familier du sexe masculin, *σμόρδος, qui présente au radical le degré o de la racine *smerd-.
Notes
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[1]
Cette enquête a été menée dans le cadre du projet ANR LGPN-Ling « Analyse étymologique et sémantique des anthroponymes grecs antiques : dictionnaire numérique et imprimé » (http://clas-lgpn4.classics.ox.ac.uk:8080/exist/apps/lgpn-ling/about.html?lang=fr), dirigé par S. Minon, que je remercie d’avoir relu une première version de cet article. Merci également aux relecteurs anonymes de la Revue de Philologie pour leurs précieuses suggestions. Si des erreurs subsistent, cependant, j’en suis le seul responsable.
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[2]
Schol. Od. xiv 327 (= FGrH 703 F 7), d’après l’édition récente de N. Ernst, Die D-Scholien zur Odyssee, Kritische Ausgabe (thèse de doctorat), Cologne, 2006, p. 297-298, qui procède à un certain nombre de corrections par rapport à l’édition de Dindorf. Cette dernière, qui servit de base à la plupart des études citées dans cet article, comportait des passages qui n’étaient pas sans poser problème (cf. A. Lesky, « Hellos- Hellotis », Wiener Studien, 46, 1928, p. 60-61). Merci à C. Le Feuvre de m’avoir orienté vers l’ouvrage de N. Ernst. La traduction de la scholie, comme les suivantes, est personnelle.
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[3]
H. W. Parker, The Oracles of Zeus, Oxford, 1967, p. 36-37 ; F. Quantin, « Aspects épirotes de la vie religieuse antique », REG, 112, 1999, p. 92.
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[4]
Sur les traditions liées au sanctuaire de Dodone, voir G. Rachet, « Le Sanctuaire de Dodone, origine et moyens de divination », BAGB, 1962, p. 86-99.
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[5]
Rachet, op. cit. (n. 4), p. 90-91, voit dans Dodone « un sanctuaire primitif établi par les Égéens » et « dédié à la déesse-mère et à son parèdre, un jeune dieu au taureau et seigneur de l’eau fécondante », avant que les Hellènes d’origine indo-européenne ne s’approprient le sanctuaire en le consacrant à Zeus, « qui conserva les symboles des divinités vaincues ».
-
[6]
Sur le lien entre les prêtresses et les colombes, voir, avec la bibliographie, le commentaire de J. C. Kamerbeek aux Trachiniennes, v. 172 (The Plays of Sophocles. II. The Trachiniae, Leiden, 1959). Les prêtresses purent également être appelées ainsi en raison de la couleur grise de leurs cheveux, semblable à celle des colombes, comme le suggère la glose d’Hésychius (π 1308 Hansen) πελείους · Κῷοι καὶ οἱ Ἡπειρῶται τοὺς γέροντας καὶ τὰς πρεσβύτιδας (cf. P. Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque. Histoire des mots [DELG], Paris, 1968-1980 [2e éd. 2009], s.u. πέλεια). Voir aussi L. Bodson, ἹΕΡΑ ΣΩΙΑ, Contribution à l’étude de la place de l’animal dans la religion grecque ancienne, Bruxelles, 1975, p. 101-117 et A. Gartziou-Tatti, « L’oracle de Dodone. Mythe et rituel », Kernos, 3, 1990, p. 181.
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[7]
Philostr., Im., ii, 33 ; Schol. A, Il., xvi, 234 = Pind., fr. 68 Turyn. Cf. Parker, op. cit. (n. 3), p. 35-36 et p. 44 n. 5.
-
[8]
Sur le lien entre Ἕλλος, Σελλοί et Ἑλλοί, voir R. Velardi, « L’oracolo di Dodona in Omero. Critica omerica antica e tradizioni locali », dans G. Cerri, A.-T. Cozzoli et M. Giuseppetti (éd.), Tradizioni mitiche locali nell’epica greca. Convegno internazionale di studi in onore di Antonio Martina per i suoi 75 anni. Roma, 22-23 ottobre 2009, Rome, 2012, p. 67-72.
-
[9]
Ce mythe local n’a laissé que peu de traces. C. Carapanos, Dodone et ses ruines, Paris, 1878, p. 186-187 et pl. xiv, n° 2, croit reconnaître notre berger – qu’il appelle Mandylas, d’après une autre leçon de la scholie, depuis écartée – dans une statuette de bronze du ive siècle av. J.-C. retrouvée à Dodone et qui représente un homme nu avec une chlamyde sur l’épaule gauche, tenant un bâton ou une massue dans la main droite et sans doute coiffé d’un pétase, dont il ne reste plus que des vestiges de fixation. Cette identification est suivie par N. G. L. Hammond, Epirus. The Geography, the Ancient Remains, the History and the Topography of Epirus and Adjacent Areas, Oxford, 1967, p. 509.
-
[10]
R. Schmitt, Iranisches Personennamenbuch, Bd. V, Fasz. 5A, Iranische Personennamen in der griechischen Literatur vor Alexander d. Gr., Vienne, 2011, p. 237-238.
-
[11]
On a parfois suspecté que certains noms en ‑(α)υλᾱς, comme Φεραύλᾱς, avaient une origine iranienne. Mais, selon R. Schmitt, op. cit., p. 394, cela est indémontrable car aucun radical ou morphème de ce type n’est connu en iranien.
-
[12]
Ainsi, Hdt. ii, 52 : τὸ γὰρ δὴ μαντήιον τοῦτο νενόμισται ἀρχαιότατον τῶν ἐν Ἕλλησι χρηστηρίων εἶναι, καὶ ἦν τὸν χρόνον τοῦτον μοῦνον, « cet oracle (scil. à Dodone) est en effet tenu pour le plus ancien des oracles chez les Grecs et, en ce temps-là, il était le seul » ; et Plat. Phaed. 275b : οἱ δὲ γ’, ὦ φίλε, ἐν τῷ τοῦ Διὸς τοῦ Δωδωναίου ἱερῷ δρυὸς λόγους ἔφησαν μαντικοὺς πρώτους γενέσθαι, « on disait, mon cher, que dans le sanctuaire de Zeus à Dodone sortirent d’un chêne les premières paroles divinatoires ». Pour un aperçu sur l’histoire du sanctuaire à travers les sources littéraires, archéologiques et historiques, voir É. Lhôte, Les lamelles oraculaires de Dodone, Genève, 2006, p. ix-xv, avec références.
-
[13]
Ainsi Parker, op. cit. (n. 3), p. 38, attribue-t-il l’allure étrange du nom Mardylas à une origine non grecque, peut-être molosse ou d’un autre peuple pré-hellénique.
-
[14]
IG IX (2) 332, 6-7 ([Ἀ]ρ[ισ]ταγόρου) et Ἀρχαιολογικὴ Ἐφημερίς, 1913, p. 144 ([Πυ]θ̣αγ[όρου]).
-
[15]
Il faut distinguer ce nom de Βάρδυλλις (Théopompe hist.) ou Βάρδυλις (D.S.), porté par un roi illyrien du ive siècle av. J.-C. et par le beau-père de Pyrrhus. Βάρδυλ(λ)ις, parfois considéré comme un nom illyrien (H. Krahe, Lexikon Altillyrischer Personennamen, Heidelberg, 1929, p. 16), est à tout le moins un nom d’assonance gréco-illyrien, voire un nom de facture grecque. Comme dans Βαρδίας ou Βαρδίων, on y retrouve, en effet, le radical de βραδύς « lent, paresseux » (sup. βράδιστος et βάρδιστος ; < i.-e. *gwr̥du- ; cf. Chantraine, DELG, s.u. βραδύς), voire celui de (ϝ)άρδω « arroser ; soigner ».
-
[16]
La légende rapportée indirectement par Proxénos attribue une origine proprement épirote à l’oracle de Dodone, à une époque où, dans d’autres versions des origines du sanctuaire de Dodone, l’oracle était transféré depuis la Thessalie. Sur ces récits divergents et leur dimension politique, voir Parker, op. cit. (n. 3), p. 38-40. Sur la volonté de Pyrrhus de faire de Dodone un sanctuaire panhellénique de premier plan, voir notamment M. Dieterle, Dodona. Religionsgeschichtliche und historische Untersuchungen zur Entstehung und Entwicklung des Zeus-Heiligtums, Hildesheim-Zurich-New York, 2007, p. 94-96 et E. Eidinow, Oracles, Curses, and Risk among the Ancient Greeks, Oxford, 2007, p. 62.
-
[17]
M. Egetmeyer, Le dialecte grec de Chypre, vol. 2, Berlin, 2010, § 424 et L. Dubois, « Des noms en ‑ᾶς », dans A. Alonso-Déniz, L. Dubois, C. Le Feuvre et S. Minon (éd.), La suffixation des anthroponymes grecs antiques (SAGA), p. 324.
-
[18]
J. Curbera, « Simple Names in Ionia », dans R. Parker (éd.), Personal Names in Ancient Anatolia, Oxford, 2013, p. 127.
-
[19]
Pace F. Bechtel, Lexilogus zur Homer, Halle, 1914, s.u. ἀμέρδω, l’adjectif βραδύς, mentionné supra (n. 15) à propos de Βάρδυλ(λ)ις, ne remonte pas à la même racine que celle de ἀμέρδω, mais à i.-e. *gwr̥du- (cf. lit. gurdùs « lent », lett. gur̃ds « fatigué »).
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[20]
Sur le suffixe -ύλος, voir A. Mathys, « Anthroponymes et morphologie dérivationnelle : les anthroponymes en ‑λος, ‑ιλ(λ)ος et ‑υλ(λ)ος et la gémination expressive », dans SAGA, p. 333-377.
-
[21]
F. Bechtel, Die historischen Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit (HPN), p. 331-332 (pour les composés en Νικο-) et p. 335 (Νίκυλλος, Νικυλίδας).
-
[22]
Ibid., p. 123-126 (pour les composés en Δᾱμο-/Δημο-) et p. 130 (Δημύλος, Δημυλίδας).
-
[23]
Str. 11, 7, 1 et 13, 3. Cf. St.B. : Ἀμαρδοί · ἔθνος Ὑρκανῶν ἐγγύς. Στράβων ια. εἰσὶ καὶ Περσῶν Μαρδοί δίχα τοῦ α et Μάρδοι · ἔθνος Ὑρκανῶν. Ἀπολλόδωρος Περὶ γῆς β. λῃσταὶ δ’ οὗτοι καὶ τοξόται. Cet ethnonyme doit probablement être rapproché du nom iranien de l’« homme », *marta-, cf. parth. mrd-, m.-perse mard- « homme » etc. < i.-e. *mr̥tó- « mortel » (M. Mayrhofer, Etymologisches Wörterbuch des Altindoarischen, II. Bd., 15, Heidelberg, 1994, p. 327, s.u. márta-).
-
[24]
C. D. Buck, The Greek Dialects. Grammar, Selected Inscriptions, Glossary, Chicago-Londres-Toronto, 1961, § 12 ; J. Méndez Dosuna, Los dialectos dorios del Noroeste, Salamanque, 1985, p. 395-412.
-
[25]
Sur ce type de composés, voir dernièrement O. Tribulato, Ancient Greek Verb-Initial Compounds: Their Diachronic Development within the Greek Compound System, Berlin-Boston, 2015, p. 166-167.
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[26]
Il s’agirait, à notre connaissance, du seul composé avec le radical de μέρδω. Tribulato, op. cit. (n. 25), p. 218 et 367, signale en revanche qu’il existe des composés poétiques et tardifs en ἀμερσι-, sur ἀμέρδω (sur ce verbe et son lien supposé avec μέρδω, voir infra, § 3) : ἀμερσί-γαμος « depriving of wedlock », ἀμερσί-νοος « depriving of mind » (Nonn.), ἀμερσί-φρων « id. » (Hsch.).
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[27]
Bechtel, Lexilogus, s.u. ἀμέρδω ; H. Frisk, Griechisches etymologisches Wörterbuch I, Heidelberg, 1960, s.u. ἀμέρδω ; Chantraine, DELG, s.u. ἀμέρδω ; B. Snell et al., Lexikon des frühgriechischen Epos, Göttingen, 1995, s.u. ἀμέρδω ; R. S. P. Beekes, Etymological Dictionary of Greek (EDG), en ligne sur le site Indo-European Etymological Dictionaries Online, s.u. ἀμέρδω.
-
[28]
Voir aussi ἄμερσεν · ἄμοιρον ἐποίησεν, ἐστέρησεν (Hsch. α 3607 Latte et Cunningham) et ἀμέρσαι · ἀμαυρῶσαι, ἄμοιρον ποιῆσαι (Hsch. α 3610 Latte et Cunningham).
-
[29]
Il existe un autre doublet ἀμείρω (Pi., P., 6, 27), de même sens que ἀμέρδω, également identifiable dans le composé ἀπαμείρω (A.R.), aussi attesté au passif (Hés., Th., 801). Il s’agit là d’une formation secondaire ancienne, à partir de l’aoriste ἀμέρσαι : voir F. Solmsen, « Sigma in Verbindung mit Nasalen und Liquiden im Griechischen », KZ, 29/3-4, 1888, p. 354 ; id., Beiträge zur griechischen Wortforschung I, Strasbourg, 1909, p. 354 ; Bechtel, Lexilogus, s.u. ἀμέρδω ; M. Leumann, Homerische Wörter, Bâle, 1950, p. 162-163.
-
[30]
H. Rix, Lexikon der Indogermanischen Verben, Wiesbaden, 2001 (2de édition), p. 280.
-
[31]
R. S. P. Beekes, The Development of the Proto-Indo-European Laryngeals in Greek, La Haye-Paris, 1969, p. 43 et 84-85.
-
[32]
Cette association a déjà été effectuée sous la racine *mer‑d‑ par J. Pokorny, Indogermanisches etymologisches Wörterbuch, 1. Bd., Berne-Munich, 1959, p. 736-737.
-
[33]
L’évolution sémantique de « redoutable » à « force, puissance » ne doit pas surprendre et trouve des parallèles : cf. δεινός et δεινότης « force, habileté » (Chantraine, DELG s.u. σμερδαλεός).
-
[34]
E. Schwyzer, Griechische Grammatik. I. Bd. Allgemeiner Teil, Lautlehre, Wortbildung, Flexion, Munich, 1939, p. 310-311 ; M. Lejeune, Phonétique historique du mycénien et du grec ancien, Paris, 1972, § 113.
-
[35]
P. Chantraine, La formation des noms en grec ancien, Paris, 1933, p. 193 et, pour les formations en ‑αλέος, p. 253-255 : le suffixe expressif ‑αλέος entre dans la formation d’adjectifs exprimant des propriétés physiques (sec, humide, chaud, froid) ou des états moraux (audacieux, terrible, craintif). Voir aussi É. Benveniste, Origines de la formation des noms en indo-européen, Paris, 1935, p. 44-47.
-
[36]
Beekes, EDG, s.u. σμερδαλέος, évoque la possibilité d’échanges entre *h2merd- et *smerd‑.
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[37]
Respectivement, IG IX (2) 472, 7 (Atrax : adj. patr. Μερδίαιος) et SEG 35, 531 (Atrax : lap. Μερ[δ]ίας, mais corr. Helly Μεί̣[δε]ιος ?).
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[38]
PMG p. 346, fr. 14 ; p. 366 ; p. 402 ; p. 503 ; Ael., VH, ix, 4.
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[39]
G. E. Bean et T. B. Mitford, Journeys in Rough Cilicia, 1962-1963, Vienne, 1965, n° 34, l. 5.
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[40]
Keilschrifturkunden aus Boghazköi (KUB) 40, 106 Ro.
-
[41]
Σμέρδις et Σμερδίης sont présentés chez Bechtel (HPN, 403) comme les raccourcis de composés du type *Σμερδι-μένης. À propos du nom d’assonance gréco-iranien Σμερδομένης, voir à la fin du paragraphe.
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[42]
Schmitt, op. cit. (n. 10), p. 239 et 259.
-
[43]
Ibid., p. 336-337.
-
[44]
Thasos : J. Pouilloux, Recherches sur l’histoire et les cultes de Thasos I. De la fondation de la cité à 196 avant J.-C., Paris, 1954, p. 16, n° 1 et 2 (ve s. av. J.-C.) ; Abdère : J. M. F. May, The Coinage of Abdera (540-345 B. C.), Londres, 1966, p. 110-111, n° 108-111 (Σμόρδ[ος], ca 475-450 av. J.-C.) et p. 126-126, n° 134-138 (ca 450-425 av. J.-C.) ; Panticapée : V. V. Struve et al., Corpus Inscriptionum Regni Bosporani, Moscou et Leningrad, 1965, n° 171 (ive siècle av. J.-C.).
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[45]
H. R. Immerwahr, Attic Script. A Survey, Oxford, 1990, p. 40 = id., Corpus of Attic Vase Inscriptions, 2008, n° 6868 (pdf téléchargeable : https://avi.unibas.ch/images/pdf/Inscriptions.pdf).
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[46]
Voir supra et n. 32.
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[47]
Sur Σμόρδος et Σμόρδων, voir O. Masson, « Quelques noms de magistrats monétaires grecs », dans C. Dobias et L. Dubois (éd.), Onomastica Graeca selecta, 2, p. 433-434 et J. Curbera, art. cit. (n. 18), p. 140-141.