Couverture de PHIL_891

Article de revue

Gloses et témoignages épigraphiques : l’exemple du crétois

Pages 73 à 108

Notes

  • [1]
    Voir G.M. Kleemann, De universa creticae dialecti indole, adiecta glossarum creticarum collectione, Halle, 1872 ; B. Marzullo, « Hesychii glossae cretensibus tribuendae vel emendandae », dans Πεπραγµένα του Β᾿ Διεθνοῦς Κρητολογικοῦ Συνεδρίου, Athènes, 1968, B, p. 126-129 ; R.A. Brown, Evidence for Pre-Greek Speech on Crete from Greek Alphabetic Sources, Amsterdam, 1985 ; A. Th. Vasilakis, Το κρητικό λεξιλόγιο. Αναφορές στην Κρήτη από τους αρχαίους λεξικογράφους, Héraklion, 1998.
  • [2]
    O. c., p. 20.
  • [3]
    Idem en IC IV 75 A 8-12 (restitué d’après l’inscription citée). Le mot apparaît également vers 500 av. J.-C. à Axos et à Datala dans des contextes mutilés (IC II, V 2, 10 ; IC II, V 4, 2 ; SEG 27, 631 A 18 : ἀπλοπία̣ : sur cette variante, voir L.H. Jeffery – A. Morpurgo-Davies, « Ποινικαστάς and ποινικάζεν : BM 1969. 4-2.1, A New Archaic Inscription from Crete », Kadmos 9 (1970), p. 118-154, spéc. 136-137 et 141 : sur la base de formes comparables (ex. κλεῦο̢ος pour γλεῦκος à Datala et ἀντρήιον pour ἀνδρήιον à Axos vers la même époque, cf. Hsch. κ 2837 L. : κλάγος · γάλα. Κρῆτες, en face de γλάγος « lait » chez Homère et Pindare) et d’exemples inverses (δρίωτον et βρυτανεῖον à Gortyne, ive et iiie s.), les auteures étaient tentées d’expliquer ce phénomène par une neutralisation phonétique de l’opposition sourde/sonore devant liquide. Voir aussi le présent article s. u Ὄθρυς – Ὀθρυονεύς.
  • [4]
    Cf. la formule de serment citée par Thucydide (V 47, 8 : ἐµµενῶ τῇ ξυµµαχίᾳ … δικαίως καὶ ἀβλαβῶς καὶ ἀδόλως), courante dans les inscriptions attiques du ve s. : IG I3 54, 23, 26-27 ; IG I3 89, 29, etc.
  • [5]
    Cf. P. Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque. Histoire des mots, nouvelle édition avec, en supplément, les Chroniques d’étymologie grecque (1-10) rassemblées par A. Blanc, Ch. de Lamberterie et J.-L. Perpillou, Paris 2009 [ci-après DELG], s.u. βλάβη ; M. Bile, Le dialecte crétois ancien. Étude de la langue des inscriptions. Recueil des inscriptions postérieures aux IC [ci-après Dialecte], Paris, 1988, p. 123-124 ; F.R. Adrados et al., Diccionario griego-español, Madrid, 1980 [ci-après DGEsp], s.u. ἀβλοπία.
  • [6]
    Kleemann, o.c. [n. 1], p. 20 et 26 ; cf. Brown, o.c. [n. 1], p. 33.
  • [7]
    DELG, l.c. ; Brown, o.c., p. 21-22. – En ce qui concerne la finale, le crétois s’apparente ici à l’ionien, qui, en face de l’attique ἀβλάβεια, présente pour le même mot un dérivé en -ίη attesté en poésie à date ancienne (H. h. Herm., 393 : ἐπ᾿ ἀβλαβίῃσι νόοιο « sans arrière-pensée ») et employé à Érythrées comme épiclèse euphémistique des Érinyes (Ἀβλαβίαι) dans une vente de prêtrises du iiie s (Syll.3 1014, l. 68). Le doublet à thème sigmatique ἀβλάβεια est attesté chez Eschyle (Ag. 1024) et ne réapparaît pas avant Plutarque. Sur l’alternance -εια/-ίᾱ dans la finale des substantifs abstraits dérivés d’adjectifs sigmatiques, voir à présent A. Blanc, « La troncation présuffixale en grec ancien : les dérivés du type de ἀλήθειᾰ et ἀµαθίᾱ », BSL 108 (2013), p. 197-222, spéc. p. 208 pour ἀβλοπία.
  • [8]
    O. Masson, « Anthroponymie grecque et dialectologie », R. Ph. 37 (1963), p. 214-223, spéc. p. 214-217 (= id., Onomastica graeca selecta, éd. C. Dobias-Lalou et L. Dubois [ci-après OGS], I-II, Paris, 1990, p. 39-42).
  • [9]
    P. Perdrizet – G. Lefebvre, Les graffites grecs du Memnonion d’Abydos, Nancy – Paris – Strasbourg, 1919, n° 60, l. 2 (iiie/iie s., cf. M. Launey, Recherches sur les armées hellénistiques I, Paris, 1949, p. 265-266) ; IC I, XXII 47, 2 (Olonte, iie s.) ; H. van Effenterre, « Fortins crétois », dans Mélanges d’archéologie et d’histoire offerts à Charles Picard, II, Paris, 1949, p. 1033-1046, spéc. p. 1039 (région d’Olonte, époque gréco-romaine) ; IC IV 387, 3 (Gortyne, iie s., Κ̣λήτωρ Ἀχάντω Χερσον[άσιος] Guarducci, [Ἀ]λήτωρ Masson, o.c., p. 215 = SEG23, 594). Cf. P.M. Fraser – E. Matthews, A Lexicon of Greek Personal Names [ci-après LGPN], I, Oxford, 1987, p. 28.
  • [10]
    Comme beaucoup d’autres noms de desservants : cf. F. Bechtel, Die historische Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit [ci-après HPN], Halle, 1917, p. 516-517.
  • [11]
    IG V 2, 405 (ve s.) : appellatif ou anthroponyme ? cf. Masson, o.c., p. 217 ; L. Dubois, Recherches sur le dialecte arcadien, Louvain-la-Neuve, 1988, II, p. 215.
  • [12]
    Sur la forme λειτόρας (ou λείτορας ?) attestée au iiie s. en Hestiaiotide (SEG36, 548, 20-21), voir B. Helly, « La convention des Basaidai », BCH94 (1970), p. 161-189, spéc. p. 179-180 ; O. Masson, « Variétés thessaliennes », R. Ph. 1980, p. 226-232, spéc. p. 227-228 ; J.L. García Ramón, « Cuestiones de léxico y onomástica tesalios », dans A.C. Cassio (éd.), ΚΑΤΑ ΔΙΑΛΕΚΤΟΝ, Atti del III Colloquio Internazionale di Dialettologia Greca, ΑΙΟΝ 1997, Naples, 1999, p. 521-552, spéc. p. 537 : la réfection de -τωρ en -τορας préfigure un développement du grec moderne.
  • [13]
    IG II2 4817, 25, iie/iiie s. apr. (λείτωρ) ; IG II2 1369, 38, fin iie s. apr. (ὁµολείτωρ). Influence béotienne ? Cf. la glose d’Hésychius λείτειραι · ἱέρειαι (λ 550 Latte, λείτειρη Schmidt) qui est sans doute béotienne : E. Kretschmer, « Beiträge zur Wortgeographie der altgriechischen Dialekte », Glotta 18 (1929), p. 67-100, spéc. p. 83-84 ; Masson, o.c. (n. 8), p. 217.
  • [14]
    Hsch., λ 912 Latte : λῃτῆρες · ἱεροὶ (à lire ἱερεῖς ?) στεφανηφόροι. Ἀθαµᾶνες.
  • [15]
    C’est la conclusion de Masson, l. c., déjà suggérée par Kretschmer, o.c., p. 84. Cf. aussi DELG, s.u. λήτωρ : l’étymologie n’est pas établie, le rapport souvent proposé avec λειτουργός se heurtant à des difficultés phonétiques.
  • [16]
    Cette fluctuation – notamment l’alternance sourde/sonore – suggère un emprunt au substrat préhellénique ; cf. A. Heubeck, Praegraeca. Sprachliche Untersuchungen zum vorgriechisch-indogermanischen Substrat, Erlangen, 1961, p. 23 et n. 3 ; Brown, o.c. [n. 1], p. 25 ; I. Hajnal, « Zur Sprache der ältesten kretischen Dialektinschriften », Teil 2 : IF 93 (1988), p. 62-87, spéc. p. 67 et n. 61 ; EDG, s.u. ἄρκευθος.
  • [17]
    La graphie ϝεδίµνονς pour µεδίµνονς suppose une articulation arrondie du son w, sans doute proche de b. Comme l’avait déjà remarqué G. de Sanctis (cité par M. Guarducci, « Ordinamenti dati da Gortina a Kaudos in una iscrizione inedita di Gortina », RFIC 58 [1930], p. 471-482, ici p. 473-474), on observe le même type de dissimilation dans le participe βαρνάµενος = µαρνάµενος couramment attesté dans des épigrammes funéraires d’époque archaïque et classique (Athènes, Corcyre, Acarnanie, Lemnos, Eion/Amphipolis, cf. M. Lejeune, Phonétique historique du mycénien et du grec ancien [ci-après Phonétique], Paris, 1972, p. 151-152 ; L. Threatte, The Grammar of Attic Inscriptions I. Phonology, Berlin – New York, 1980, p. 492-493).
  • [18]
    Le mot φορά « action de porter (des fruits), production, récolte », se réfère ici au mode de fructification du genévrier, dont les baies arrivent à maturité au bout de deux ans environ, d’où une alternance de production (Théophraste, H.P., III 4, 1 et 5) dont les Gortyniens tiennent compte dans leurs exigences annuelles vis-à-vis des Caudiens ; cf. Guarducci, o.c., p. 478-479 ; A. Petropoulou, Beiträge zur Wirtschafts- und Gesellschaftsgeschichte Kretas in hellenistischer Zeit, Francfort – Berne – New York – Paris, 1985, p. 53 ; Chaniotis, Verträge, p. 416 et n. 1992.
  • [19]
    O. Rackham – J. Moody, Η δηµιουγία του κρητικού τοπίου (The Making of the Cretan Landscape), trad. gr. annotée et munie d’une bibliographie complémentaire par A. Chaniotis, Héraklion, 2004 [1996], p. 87-88.
  • [20]
    Chaniotis, Verträge, p. 416 et n. 1994 et 1995 : des sources égyptiennes attestent que la Crète minoenne exportait du bois ou des baies de genévrier vers l’Égypte.
  • [21]
    G. Daux, BCH 100, 1976, p. 211-213 = SEG26, 1046 (cf. J. et L. Robert, BE 1977, n° 372) ; cf. A. Lebessi, « Ἡ συνέχεια τῆς κρητοµυκηναϊκῆς λατρείας. Ἐπιβιώσεις καὶ ἀναβιώσεις », AE 1981 [1983], p. 1-24, spéc. p. 4-5 et notes ; ead., Το ιερό του Ερµή και της Αφροδίτης στη Σύµη Βιάννου, I. Χάλκινα κρητικά τορεύµατα, Athènes, 1985, p. 73, 150-152.
  • [22]
    Autres occurrences : ibid. l. 55 et 74 ; IC I, XVI 5, 56 et Chaniotis, Verträge, n° 61 A, l. 56.
  • [23]
    Voir G.P. Shipp, Modern Greek Evidence for the Ancient Greek Vocabulary, Sidney, 1979, p. 98 : ἄρος est attesté en tsaconien (référence également donnée par Chantraine dans le DELG, s.u. ἄρος) ainsi qu’à Chios, Skyros et Carpathos.
  • [24]
    A. Ξανθινάκης, Λεξικό του δυτικοκρητικού γλωσσικού ιδιώµατος4, Héraklion 2009, p. 128. Voir P. Faure, Recherches de toponymie crétoise. Opera selecta, Amsterdam, 1989, p. 128-129 et 151, qui évoque les pierres à cupules, et surtout Chaniotis, Verträge, p. 156 et n. 986.
  • [25]
    Chaniotis, Verträge, p. 347, hésite entre « source » et « étang », et traduit « zur heiligen Quelle (?) » (p. 343). Cf. DGEsp, s.u. ἄρος (« réservoir d’eau »). H. van Effenterre – M. Bougrat, « Les frontières de Lato », Kretika Chronika 21 (1969), p. 9-53, spéc. p. 18 et n. 13, rapprochaient à tort le mot de ἄρουρα et traduisaient « lieu saint ». H. et M. van Effenterre, « La terminologie des bornages frontaliers », dans E. Olshausen – H. Sonnabend (éd.), Stuttgarter Kolloquium zur historischen Geographie des Altertums 4, 1990, Amsterdam, 1994, p. 111-125, spéc. p. 118, n’excluent pas l’hypothèse de Faure (cf. n. 24). Bile, Dialecte, p. 356, n. 116, ne se prononce pas.
  • [26]
    Tel doit être en effet le sens de ἀφέταιρος dans ce contexte religieux.
  • [27]
    N. Platon, « Ἐπιγραφὴ ἱεροῦ ἐκ Κνωσοῦ », Kretika Chronika 2 (1948), p. 93-108, spéc. p. 104-105 ; O. Masson « Cretica VI-IX », BCH 109 (1985), n° VI, p. 189-194, en particulier p. 192.
  • [28]
    Voir déjà les doutes de J. et L. Robert, BE 1949, n° 140.
  • [29]
    Apud Masson, o.c. (n. 27), p. 200 (note de correction).
  • [30]
    Cette interprétation est également jugée plus satisfaisante par Bile, Dialecte, p. 361 et n. 133, qui explique le double sigma par « les échanges graphiques d’époque tardive entre consonnes simple et double ».
  • [31]
    DELG, s.u. ἀσυρής : « l’α serait augmentatif ».
  • [32]
    Voir le commentaire de H. van Effenterre – F. Ruzé, Nomima. Recueil d’inscriptions politiques et juridiques de l’archaïsme grec [ci-après Nomima] I, Rome, 1994, n° 26, p. 118-119, dont j’adopte la restitution ; cf. P. Perlman, « Tinker, Tailor, Soldier, Sailor : The Economies of Archaic Eleutherna, Crete », ClAnt 23 (2004), p. 95-137, spéc. p. 108.
  • [33]
    Cf. IC I, XVI 5, 55 (Lato – Olonte, Chaniotis, Verträge, n° 61 A), l. 54-55 (fin iie s.).
  • [34]
    Hsch., α 8642 Latte : ἄφηµοι · ἀνώνυµοι, ἀκλεεῖς ; α 8644 : ἀφηµοῦντας · ἀγροίκους ; α 8640 : ἀφηµιάστους · ἀγροικίας, qu’il faut sans doute corriger avec Schmidt (α 8728) en ἀφηµ<ίας · τὰς> ἀγροικίας. Sur ces gloses, voir Marzullo, o.c. [n. 1], p. 126.
  • [35]
    Pour l’étymologie, voir F. Bechtel, Die griechischen Dialekte [ci-après GD] II, Berlin, 1923, p. 781 ; DELG, s.u. φηµί ; F. Gschnitzer, Studien zur griechischen Terminologie der Sklaverei. Zweiter Teil : Untersuchungen zur älteren, insbesondere homerischen Sklaventerminologie, Wiesbaden, 1976, p. 76-78 et n. 166.
  • [36]
    Pour l’aspect historique, voir R.F. Willetts, Aristocratic Society in Ancient Crete, Londres, 1955, p. 46-48 ; van Effenterre – Bougrat, o.c. [n. 25], p. 39-41 ; Gschnitzer, l. c. ; G. Audring, Zur Struktur des Territoriums griechischer Poleis in archaischer Zeit, Berlin, 1989, p. 95-96 ; R. Koerner, Inschriftliche Gesetzestexte der frühen griechischen Polis, Cologne, 1993, n° 115*, p. 363 ; Nomima I, l. c. ; Chaniotis, Verträge, p. 20, n. 75 ; Perlman, o.c. [n. 32], p. 103.
  • [37]
    Le manuscrit d’Hésychius présente la leçon βρέκος, mais βρεῦκος (correction de Vossius) était garanti par l’ordre alphabétique avant même d’être confirmé par l’épigraphie ; cf. Kleemann, o.c. [n. 1], p. 29.
  • [38]
    Repris dans A. Jacquemin – D. Mulliez – G. Rougemont, Choix d’inscriptions de Delphes, traduites et commentées, Paris – Athènes, 2012, n° 192, p. 345-348.
  • [39]
    Bechtel, GD II, p. 722 ; O. Masson, « Onomastique et lexique. Noms d’hommes et termes grecs pour “ver”, “sauterelle”, “cigale”, etc. », Mus. Helv. 43 (1986), p. 250-257, spéc. p. 250-251 (= OGS II, p. 485-492 [485-486]). – Βρεῦκος est également attesté à Épidamne (I. Epid. 143, 1, ép. imp.) et en Macédoine (IG X 2, 2, 323, 19, ier s. apr.) ; cf. respectivement LGPN IIIA, p. 94 et IV, p. 75. Sur le rapport éventuel de cet anthroponyme avec l’ethnique des Βρῦγοι, peuple illyrien établi à proximité d’Épidamne, voir O. Masson, « Encore les noms grecs et les noms illyriens à Apollonia et Dyrrhachion », dans P. Cabanes (éd.), Grecs et Illyriens dans les inscriptions en langue grecque d’Épidamne-Dyrrhachion et d’Apollonia d’Illyrie, Paris, 1993, p. 77-80 (= id., OGS III, Genève, 2000, p. 160-163).
  • [40]
    Le mot ἀττέλεβος (ou ἀττέλαβος) désigne une espèce de sauterelle comestible (cf. DELG, s.u. ἀττέλαβος). – La forme à aspirée βροῦχος apparaît dans la Septante et survit en grec moderne comme appellatif et comme anthroponyme ; cf. Shipp, o.c. [n. 23], p. 178 et, pour le crétois, Ξανθινάκης, o.c. [n. 24], p. 167.
  • [41]
    SEG 9, 46 (ive s.), l. 8 et 35 (LGPN I, p. 105) ; cf. C. Dobias-Lalou, Le dialecte des inscriptions grecques de Cyrène, Paris, 2000, p. 282.
  • [42]
    SEG32, 281 (iiie s.), l. 1 (LGPN II, p. 90).
  • [43]
    IG XII 3, 1140 (Mélos, ve s.) ; IG XII 7, 58, 8 (Amorgos, iiie s.) ; cf. Bechtel, HPN, p. 581 ; LGPN I, p. 105.
  • [44]
    On ne dispose pas de confirmation épigraphique à ce jour pour Chypre et Tarente. En ce qui concerne le chypriote, M. Egetmeyer, Le dialecte grec ancien de Chypre, Berlin – New York, 2010, I, p. 96, interprète le -ου- de βροῦκα comme une graphie de -ῡ- en comparant le verbe βρῡ́κω « ronger, dévorer », mais ce rapprochement déjà opéré dans l’antiquité ne repose sans doute que sur une étymologie populaire (cf. DELG, s.u. βροῦκος).
  • [45]
    Cf. R. Hitchman, « Some Personal Names from Western Crete », Oxford University Working Papers in Linguistics, Philology & Phonetics, 11 (2006), p. 77-88, spéc. p. 81.
  • [46]
    Cet âge ne nous est pas connu mais doit être proche de la vingtième année ; cf. notamment Guarducci, IC IV, p. 150 ; R.F. Willetts, The Law Code of Gortyn, Berlin, 1967, p. 11 ; Y.Z. Tzifopoulos, « “Hemerodromoi” and Cretan “Dromeis” : Athletes or Military Personnel ? The Case of the Cretan Philonides », Nikephoros 11 (1998), p. 137-170, spéc. p. 153-155.
  • [47]
    Guarducci, IC IV, p. 170, rapproche un passage de Plutarque (Lyc., 25) indiquant qu’à Sparte les citoyens jouissaient de la plénitude de leurs droits civils à trente ans révolus ; elle observe qu’à Gortyne l’âge correspondant devait tourner autour de trente-cinq ans. Cf. Willetts, o.c., p. 79 ; I. Calero Secall, Leyes de Gortina, Madrid, 1997, p. 303-304 ; Tzifopoulos, l. c. Tirant argument de la catégorisation des δεκάδροµοι et πεντεκαιδεκάδροµοι, G. Seelentag, Das archaische Kreta. Institutionalisierung im frühen Griechenland, Berlin – Boston, 2015, p. 281-282 (et 500-503), estime que le terme δροµεύς ne s’appliquait qu’aux jeunes citoyens âgés de vingt à trente ans, ce qu’aucun texte ne permet toutefois d’affirmer.
  • [48]
    E. Stavrianopoulou, « Ἡµερολόγιο θυσιῶν τῆς Ἐλεύθερνας », dans Th. Kalpaxis (éd.), Ἐλεύθερνα. Τοµέας II, 1. Ἐπιγραφές ἀπό τό Πυργί καί τό Νησί, Réthymno, 1991, n° E 5α, p. 31-50, spéc. p. 33 et 38 ; cf. E. Lupu, Greek Sacred Law. A Collection of New Documents, Leyde, 2005, n° 23, p. 334-335.
  • [49]
    Pour ὀπε̄́λο̄ν (= att. ὀφείλων), voir Bile, Dialecte, p. 92 et 330.
  • [50]
    Sur les emplois de ἀναδέχεσθαι dans les parlers où ἐγγυᾶσθαι n’est pas attesté – ce qui est le cas du crétois ancien –, voir J. Partsch, Griechisches Bürgschaftsrecht, Leipzig, 1909, p. 117-118.
  • [51]
    D’autres commentateurs (C.D. Buck, The Greek Dialects, Chicago, 1955 [ci-après GD], p. 329 ; Willetts, o.c. [n. 46], p. 74 ; Calero Secall, o.c. [n. 47], p. 281-282) préfèrent donner à διαβάλλοµαι le sens de « tromper (par de faux discours) », qui est attesté en ionien-attique. Les deux options sont mentionnées dans le DGEsp, s.u. διαβάλλω B III 1 « quizá complicado en fraude » ou « el que está comprometido (a pagar) por escrito ». H. Liddell – R. Scott – H.S. Jones, A Greek-English Lexicon, 9e éd., Oxford, 1940 [ci-après LSJ], s.u. διαβάλλω VIII, donnent seulement « contract an obligation ».
  • [52]
    Ce sens est répertorié dans le LSJ, s.u. διεῖπον II, et dans le DGEsp., s.u. διαλέγω B I 4. Le moyen διειπέσθαι est attesté dans deux passages du corpus aristotélicien (Économique II 29a, 1351b, et Éthique à Eudème 1243a 31) au sens de « se mettre d’accord, s’engager (verbalement) ». Selon F. Pringsheim, The Greek Law of Sale, Weimar, 1950, p. 246 et n. 7, l’emploi de διειπέσθαι « suggests a formal contract, probably a συγγραφὴ δανείου ».
  • [53]
    Notamment κοῖον · ἐνέχυρον (κ 3264) ; κῶιον · ἐνέχυρον (κ 4794) ; κῷα · ἐνέχυρα (κ 4766) ; κοιάζει · ἐνεχυράζει (κ 3223) ; κῳάζειν · ἀστραγαλίζειν, ἐνεχυράζειν (κ 4767) ; κῳασθείς · ἐνεχυρασθείς (κ 4768). Voir le commentaire de K. Latte, Hesychii Lexicon II, Copenhague, 1966, p. 818 : à la lumière de l’ensemble des données, il faut probablement partir de κῷον avec abrègement de la diphtongue à premier élément long, la forme gortynienne étant ambiguë (ἐνκοιο̄ταί ou ἐνκο̄ιο̄ταί).
  • [54]
    SEG 40, 348, 5 ; cf. J. et L. Robert, BE 1976, n° 267.
  • [55]
    IG I, V 210, 57 ; 211, 53 ; 212, 61 (Ier s. av.). Le sens serait « garant » selon E. Fraenkel, Nomina agentis : Geschichte der griechischen Nomina agentis auf -τήρ, -τωρ, -της (-τ-), I, Strasbourg, 1910, p. 158. Les autres hypothèses présentées par É. Bourguet, Le dialecte laconien, Paris, 1927, p. 112-114, sont moins convaincantes.
  • [56]
    Gages : Guarducci, IC IV, p. 145 et 166 ; Calero Secall, o.c., p. 186 et 280-281. – Garanties en argent : Buck, GD, p. 357 ; Willetts, o.c. [n. 46], p. 47 et 71 ; Á. Martínez Fernández, « Estudio sobre el vocabulario económico en el dialecto cretense », dans Actas del Congresso Internacional de Semántica 1997, II, Madrid, 2000, p. 1139-1150, spéc. p. 1148 ; DGEsp, s.u. ἐγκοιο̄τός.
  • [57]
    DELG, s.u. 1 ἐρέω ; EDG, s.v. εἴροµαι.
  • [58]
    Les ἐρευταί sont également mentionnés dans un traité du iie siècle entre Hiérapytna et Cnossos (IC I, VIII 13 ; Chaniotis, Verträge, n° 50, l. 18), ainsi que dans un traité non encore publié entre Gortyne, Cnossos et leurs alliés, datant de l’époque du Koinon crétois, où ils sont chargés de la perception d’amendes pour faits de désertion (SEG 60, 985).
  • [59]
    F. Aura-Jorro, Diccionario micénico [ci-après Dmic] I, Madrid, 1985, p. 243.
  • [60]
    A. Bartoněk, Handbuch des mykenischen Griechisch, Heidelberg, 2003, p. 254 et 363 (« Prüfer, Aufseher, Inspektor ? »).
  • [61]
    Ainsi Chaniotis, Verträge, p. 145-146 et 314 (« Untersucher »). Cf. DELG, l.c. : « enquêteurs qui font rentrer les impôts ». Il est à noter que dans le nouveau traité les ἐρευταί apparaissent aussi investis de compétences judiciaires ; cf. A 17-18 d’après A. Chaniotis, « Prozeßrechtliches aus dem hellenistischen Kreta », dans G. Thür (éd.), Symposion 2009, Vienne, 2010, p. 169-183, spéc. p. 177 (SEG 60, 985) : ὧν δέ κα κα[τακρίνωντι] | οἱ ἐρευταὶ καὶ πρατόντων τούτος αὐτοὶ κατὰ τὸ [διάγρανµα] ; les restitutions sont dues à A. Chaniotis et Ch. Kritzas, qui préparent la publication de l’inscription.
  • [62]
    Voir Guarducci, IC II, p. 42-43 ; P. Perlman, « Crete », dans M.H. Hansen, – T.H. Nielsen (éd.), An Inventory of Archaic and Classical Poleis, Oxford, 2004, n° 950, p. 1153-1154. La forme à initiale w est ancienne ; elle est attestée chez Hérodote (IV 154) sous la graphie Ὄαξος (pour l’accentuation, voir Hérodien, I, p. 186, 19 Lentz), qui est courante jusqu’au iie s. en dehors de Crète (cf. Bile, Dialecte, p. 118 et n. 192). La légende Ϝακσίο̄ν (début ive s.) ou Ϝαξίων est aussi la plus fréquente sur les monnaies de la cité (J. Svoronos, Numismatique de la Crète ancienne, Mâcon, 1890, p. 36-41 et pl. II 30, 31, 36, 38 ; III 2-6, 11).
  • [63]
    H. Frisk, Griechisches etymologisches Wörterbuch, Heidelberg, 1960-1973 [ci-après GEW], DELG et EDG, s.u. ἄγνυµι.
  • [64]
    Ainsi P. Faure, « Toponymes préhelléniques dans la Crète moderne », Kadmos 6 (1967), p. 41-79, spéc. p. 51 (= Faure, o.c. [n. 24], p. 85-123 [95]) ; Brown, o.c. [n. 1], p. 126-127. A. Fick, Vorgriechische Ortsnamen als Quelle für die Vorgeschichte Griechenlands, Göttingen, 1905, p. 28 et 126, évoquait une origine carienne ou lycienne. – Le rapprochement parfois proposé avec le toponyme crétois e-ko-so attesté dans les tablettes mycéniennes de Cnossos est insoutenable : cf. Dmic I, p. 214 ; J.K. McArthur, Place Names in the Knossos Tablets. Identification and Location, Salamanque, 1993, p. 134-135, 244.
  • [65]
    P. Kretschmer, « Zur griechischen Lautlehre », ZVS 33 (1895), p. 466-473, spéc. p. 472.
  • [66]
    Bechtel, GD II, p. 694-695 ; E. Schwyzer, Griechische Grammatik I. Allgemeiner Teil. Lautlehre. Wortbildung. Flexion [ci-après GG I], Munich, 1939, p. 473 ; Buck, GD, p. 129 ; H. Rix, Historische Grammatik des Griechischen. Laut- und Formenlehre2, Darmstadt, 1992, p. 165. Le degré radical de ϝεκών en regard de véd. uśánt- pourrait être une création du grec, par élimination de l’alternance indo-européenne e/zéro observée en véd. (vaś-mi / uś-ant-) et généralisation du degré plein (voir Ch. de Lamberterie dans DELG, Suppl., p. 1293-1294).
  • [67]
    Bile, Dialecte, p. 146 : la graphie -θθ- (à côté de -ττ-) est attestée depuis le ve s. Curieusement, l’auteure rejette pourtant sans raison l’attribution de la glose au crétois.
  • [68]
    Dobias-Lalou, o.c. [n. 41], p. 135.
  • [69]
    KN Ai 1037.1 : ?do-]e-ra we-ka-sa[; cf. Dmic II, Madrid, 1993, p. 418 ; Bartoněk, o.c. [n. 60], p. 181, 303.
  • [70]
    La forme ἴαττα (att. οὖσα) est l’équivalent dialectal, avec traitement -ττ- du groupe *tj, du mycénien a-pe-a-sa (DMic I, p. 77) et de l’arcadien ἔασα (Dubois, o.c. [n. 11] I, p. 74, et III, p. 26) qui reflètent la flexion originelle de l’indo-européen *H1s-n̥t-yH2 (Lejeune, Phonétique, p. 108, 198 ; M. Meier-Brügger, Griechische Sprachwissenschaft, Berlin – New York, 1992, II, p. 63). Ce vieux participe apparaît ailleurs en dorien dans une lamelle oraculaire de Dodone (fin vie s.) dont l’auteur est sans doute originaire d’une colonie corinthienne (É. Lhôte, Les lamelles oraculaires de Dodone, Genève, 2006, n° 41, p. 106-107 = SEG 51, 746, l. 6-7), dans un acte d’affranchissement de Messénie (IG V 1, 1470, 8, début iiie s.), en cyrénéen sous la forme contracte ἦσσα (SEG 9, 11, 17, ive s. ; cf. Dobias-Lalou, o.c., p. 47 et 135-136) ainsi que dans le Timée de Locres et chez quelques Pythagoriciens écrivant en dialecte dorisant. Il est sans doute aussi attesté en éolien à la fin du iiie s. (R. Hodot, Le dialecte éolien d’Asie, Paris, 1990, p. 28).
  • [71]
    Gortyne : IC IV 3, 1 a-c ([Ϝ]ελχα̣νί[ο̄ι], viie-vie s.) ; IC IV 184 A (Chaniotis, Verträge, n° 69), l. 3 (Ϝευχανίω, iie s.) ; Cnossos : IC I, XVI 3* (Chaniotis n° 54), l. 2 (Ἐλχανίω, fin iie s.) ; Lyttos : IC I, XVIII 11, 3 (Βελχανίοις, iie/iiie s. apr.).
  • [72]
    Svoronos, o.c. [n. 62], p. 259, n° 29-31 (pl. XXIII 24-26) ; G. Le Rider, Monnaies crétoises du ve au ier siècle av. J.-C., Paris, 1966, p. 22, n° 31, et 91, n° 38-40 (pl. IV 6, XXII, 20-24) ; G. Capdeville, Volcanus. Recherches comparatistes sur les origines du culte de Vulcain, Rome, 1995, p. 159-160.
  • [73]
    Le gamma initial est une notation graphique du digamma sorti de l’usage à l’époque du lexicographe. Pour l’accentuation, voir G. Neumann, « Zwei kretische Götternamen », dans H.M. Ölberg et al. (éd.), Sprachwissenschaftliche Forschungen. Festschrift für Johann Knobloch, Innsbruck, 1985, p. 265-270, spéc. p. 266.
  • [74]
    On rapproche habituellement les monnaies de Gortyne au droit desquelles figure cette fois une jeune femme assise dans un arbre et au revers un taureau (Svoronos, o.c., p. 161-172, n° 26-31, 34-36, 51-78, 81-86, 98-106, 109-112 ; pl. XIII-XV ; Le Rider, o.c., p. 56-79, n° 10-72 ; pl. XI 20-26, XII-XVIII, XIX 1-10). Le personnage féminin n’est pas nommé, mais on s’accorde à y reconnaître Europe, qui sur les émissions précédentes apparaissait assise sur le taureau, d’autant que c’est à Gortyne que la légende situait son union avec Zeus, précisément sur un arbre sacré : voir M. Nilsson, The Minoan-Mycenaean Religion and its Survival in Greek Religion2, New York, 1950, p. 550-553 ; K. Sporn, Heiligtümer und Kulte Kretas in klassischer und hellenistischer Zeit, Heidelberg, 2002, p. 202-203 ; Capdeville, o.c. [n. 72], p. 169-177 ; id., « L’épiphanie du dieu dans l’arbre et le culte de l’arbre sacré en Crète et à Chypre », dans A. Motte – Ch.-M. Ternes (éd.), Dieux, fêtes, sacré dans la Grèce et la Rome antiques, Turnhout, 2003, p. 23-52, passim. – L’origine du nom demeure obscure (DELG, s.u. Ϝέλχανος). En faveur de l’origine préhellénique : R.F. Willetts, Cretan Cults and Festivals, Londres, 1962, p. 250-251 ; M. Nilsson, Geschichte der griechischen Religion, I3. Die Religion Griechenlands bis auf die griechische Weltherrschaft, Munich, 1967, p. 323, n. 2 ; C. Trümpy, Untersuchungen zu den altgriechischen Monatsnamen und Monatsfolgen, Heidelberg, 1997, p. 189, n. 793.
  • [75]
    Ainsi Willetts, l.c. [n. 74] ; H. Verbruggen, Le Zeus crétois, Paris, 1981, p. 144.
  • [76]
    P.G. Themelis – A.P. Matthaiou, « Συνθήκη Ἐλευθερναίων καὶ Ῥαυκίων », Tekmeria 9 (2008), p. 209-216, spéc. p. 212 ; Y.Z. Tzifopoulos, « Eleutherna, Sector I : The Inscriptions », dans P.G. Themelis (éd.), Ancient Eleutherna, Sector I, vol. 1, Athènes, 2009, p. 103-152, ici n° 6, p. 110.
  • [77]
    IC I, XXIII 5 (Ϝευχάνω), cf. Capdeville, o.c. [n. 72], p. 160-162 ; Sporn, o.c. [n. 74], p. 205-206 ; D. Lefèvre-Novaro, « Culti e santuari a Festòs in epoca altoarcaica. Per un’ analisi funzionale », Creta Antica 10 (2009), p. 563-597, spéc. p. 582-586.
  • [78]
    H. van Effenterre, « Inscriptions archaïques crétoises », BCH 70 (1946), n° 4, p. 600-602 (= id., Minos et les Grecs. La cité revisitée [études rassemblées par Fr. Ruzé], Paris, 2013, p. 409-411), texte repris dans Y. Duhoux, L’étéocrétois : les textes, la langue, Amsterdam, 1982, n° D.6, p. 29 ; Bile, Dialecte, n° 6, p. 30-31 ; Koerner, o.c. [n. 36], n° 93, p. 341-342 ; P.J. Rhodes – D.M. Lewis, The Decrees of the Greek States, Oxford, 1997, p. 301.
  • [79]
    Dans le même sens, M. Gagarin, « Writing Sacred Laws in Archaic and Classical Crete », dans A.P.M.H. Lardinois et al. (éd.), Sacred Words : Orality, Literacy and Religion, Leyde – Boston, 2011, p. 101-111, spéc. p. 105. Il est plus que tentant de restituer [ϝ]ῖσο[ν] en rapprochant notamment la formule ϝῖσον λακέν du contrat de Spensithios (SEG 27, 631 A 21 et B 1) ; cf. Jeffery – Morpurgo-Davies, o.c. [n. 3], p. 141 ; Duhoux, o.c., p. 29 et n. 16 ; Koerner, l.c.
  • [80]
    Ce substantif est absent de l’ouvrage de J. Casabona, Recherches sur le vocabulaire des sacrifices en grec des origines à la fin de l’époque classique, Aix-en-Provence, 1966, p. 144-146, où ne sont cités que l’adjectif θυστάς, -άδος et le nom d’agent θυτήρ, tous deux attestés chez les tragiques. – Pour d’autres dérivés sur un radical θυσ-, DELG, s.u. 2 θύω, B. 7.
  • [81]
    La notice d’Hésychius permet d’écarter l’hypothèse de K.R. Kristensen, « Archaic Laws and the Development of Civic Identity in Crete, ca. 650-450 BCE », dans O. Pilz – G. Seelentag (éd.), Cultural Practices and Material Culture in Archaic and Classical Crete. Proceedings of the International Conference, Mainz, May 20-21, 2011, Berlin – Boston, 2014, p. 141-157, spéc. p. 148, selon laquelle θυστᾶ[σι] (ainsi accentué) désignerait les citoyens faisant une offrande (θύω). – Dans sa réédition de Nomima I (n° 27, p. 120-121), van Effenterre propose une autre lecture (τοῖς ἰθυντᾶ[σι] … µισθὸ[ν ?]), mais la première hypothèse, outre qu’elle peut s’appuyer sur la glose, est plus satisfaisante pour le sens compte tenu des emplois fréquents de λαγχάνειν dans les lois sacrées. Il faut rappeler enfin que le texte était gravé sur un mur du temple d’Apollon Delphinios et que deux au moins des autres inscriptions archaïques trouvées au même endroit avaient trait à la sphère cultuelle (van Effenterre, o.c. [n. 78], n° 5 et 6, p. 602-604 [= id., Minos, p. 411-413]).
  • [82]
    Ainsi Guarducci, IC I, p. 9.
  • [83]
    Hypothèse de D. Viviers, « La cité de Dattalla et l’expansion territoriale de Lyktos en Crète centrale », BCH 118 (1994), p. 229-259, spéc. p. 241, qui observe « qu’un grand nombre de flèches en fer ont été découvertes à Kato Symi, offrandes aux divinités honorées dans le sanctuaire à l’époque classique » ; cf. Lebessi, o.c. 1985 [n. 21], p. 231.
  • [84]
    I. Bekker (éd.), Γλῶσσαι κατὰ πόλεις, Anecdota Graeca III, Berlin 1821, p. 1095 ; cf. C.M. Bowra, « Γλῶσσαι κατὰ πόλεις », Glotta 38 (1959), p. 43-60, spéc. p. 60 ; Egetmeyer, o.c. [n. 44], I, p. 245.
  • [85]
    ἰόβλης · κάλαµος παρὰ Κρησίν (ι 725 Latte) ; pour le sens de κάλαµος, voir LSJ, s.u., II. 4.
  • [86]
    DELG, s.u. καµάν ; DMic I, p. 309-310 ; Bartoněk, o.c. [n. 60], p. 262 ; Fr. Rougemont, Contrôle économique et administration à l’époque des palais mycéniens (fin du iie millénaire av. J.-C.), Athènes, 2009, p. 123 ; en dernier lieu M.F. Lane, « Linear B wo-wo/wo-wi-ja », Pasiphae 6 (2012), p. 117-183, spéc. p. 128 : ka-ma serait l’équivalent en mycénien de ἐσχατιά en grec alphabétique. L’auteur observe notamment que les terres appelées ka-ma-ha ne sont jamais qualifiées de ki-ti-me-na.
  • [87]
    Cf. M. Lejeune, « Essais de philologie mycénienne, 11-13 », R. Ph. 42, 1968, p. 233-234 = id., Mémoires de philologie mycénienne [ci-après MPhM], III, Rome, 1972, p. 273. Voir toutefois E. Džukeska, « ka-ma Revisited », www.systasis.org/pdfs/systasis_20_5.pdf (s.d.), qui reprend et développe une ancienne hypothèse de M.D. Petruševski interprétant ka-ma comme un nom féminin radical en -ā.
  • [88]
    Lejeune, o.c., n. 70. Selon A. Heubeck (c.r. de Brown [n. 1], Kratylos 31 [1986], p. 97-104, spéc. p. 99), le -ᾱ de la forme crétoise aurait une valeur « collective ».
  • [89]
    DELG, l.c. ; idem Brown, o.c. [n. 1], p. 66-67 (origine minoenne ?).
  • [90]
    C.J. Ruijgh, « Observations sur les neutres en -s/h- », dans A. Heubeck – G. Neumann (éd.), Res Mycenaeae, Göttingen, 1983, p. 391-407, spéc. p. 404. Dans le même sens, I. Hajnal, « Griechisch χαµαί – ein Problem der Rekonstruktion ? », dans R. Beekes et al. (éd.), Rekonstruktion und relative Chronologie. Akten der VIII. Fachtagung der Indogermanischen Gesellschaft, Innsbruck, 1992, p. 207-220, spéc. p. 215-216.
  • [91]
    DELG, s.u. κτίζω ; DMic I, p. 390-393 ; M. Casevitz, Le vocabulaire de la colonisation en grec ancien, Paris, 1985, p. 16-17, 60-61.
  • [92]
    Sur cette inscription, rédigée dans le dialecte conservateur caractéristique des textes religieux, voir Th. Baunack, « Inschriften aus dem kretischen Asklepieion », Philologus 49 (1890), p. 577-606, spéc. p. 586-601 ; Guarducci, IC I, p. 153-155 ; Fr. Sokolowski, Lois sacrées des cités grecques, Paris, 1969, n° 144 A, p. 244 ; M. Melfi, Il Santuario di Asclepio a Lebena, Athènes, 2007, n° 7, p. 160-163. Cl. Brixhe, « Le déclin du dialecte crétois : essai de phénoménologie », dans E. Crespo – J.L. García Ramón – A. Striano (éd.), Dialectologica Graeca. Actas del II Coloquio Internacional de Dialectología Griega, Madrid, 1993, p. 37-71, spéc. p. 62, y remarque notamment l’absence de traces de koiné.
  • [93]
    Ainsi Guarducci, IC I, p. 154-155. Pour la formation, voir P. Chantraine, La formation des noms en grec ancien, Paris, 1933, p. 333-334 ; DELG, s.u. κάννα.
  • [94]
    Hésiode, fr. 302, 3 Merkelbach – West ; Nicophon (Pollux, VI 86, II, p. 25, 9-10 Bethe) ; IG I3 421, 210 (sous la forme καναῦστρον, restituée en IG I3 386, 139). Une variante κάνυστρον est signalée par Pollux, X 86, II, p. 215, 2-3 Bethe : οὐ κάναστρον µόνον ἀλλὰ καὶ κάνυστρον εὑρίσκοµεν.
  • [95]
    Réf. : DMic 1985, p. 313-314 ; cf. notamment L.R. Palmer, The Interpretation of Mycenaean Greek Texts, Oxford, 1963, p. 365 et 424 ; L.A. Stella, La civiltà micenea nei documenti contemporanei, Rome, 1965, p. 124 et n. 70. D’autres savants lisent κάνασθον (entre autres, C.J. Ruijgh, Études sur la grammaire et le vocabulaire du grec mycénien, Amsterdam, 1967, p. 122, n. 115, et p. 309, n. 91), qui serait de toute façon apparenté.
  • [96]
    A. Morpurgo-Davies, « Cretan δρίωτον », CR 20 (1970), p. 280-282, avec des références archéologiques. Sur la graphie δρίωτον pour τρίωτον, voir aussi Jeffery – Morpurgo-Davies, o.c. [n. 3], p. 136-137 ; Bile, Dialecte, p. 127, n. 224, et supra, s.u. ἀβλοπία.
  • [97]
    Bechtel, GD II, p. 787 ; DELG, s.u. 2 κάρα ; J.-L. Perpillou, « L’hétéroclisie r/n et l’élément sigmatique dans le groupe de κάρᾱ », ZVS 88 (1974), p. 230-234, spéc. p. 231 ; Brown, o.c. [n. 1], p. 67-68 ; M. Bile – R. Hodot, « Dialectes et lexique », Verbum 10 (1987), p. 239-252, spéc. p. 241.
  • [98]
    Ainsi N. Contossopoulos, intervention dans Bile – Hodot, o.c., p. 249-250.
  • [99]
    Brown, l.c. (Latte, o.c. [n. 53], p. 411, rapprochait aussi κράδη, mais considérait κάρα comme une forme fautive).
  • [100]
    Gortyne : IC IV 90, A 2-3 (ve s.) ; IC IV 146, 8 (ive) ; IC IV 160 B 10 (ive/iiie) ; IC IV 172, 10 (iie/ier) ; Axos : IC II, V 35, 8 et 12 (ier s.).
  • [101]
    Spirantisation de δ à date ancienne (J. Brause, Lautlehre der kretischen Dialekte, Halle, 1909, p. 36-37 ; Bechtel, GD II, p. 671-672 ; S.T. Teodorsson, The Phonology of Attic in the Hellenistic Period, Göteborg, 1978, p. 113, n. 215) ou évolution *werg-yo > *werdzo > *werzo (sans interversion du groupe dz) > wēro (traitement normal du groupe rs) ; cette dernière analyse est celle de M. Bile, Dialecte, p. 137-138, affinée par Cl. Brixhe, Phonétique et phonologie du grec ancien, I. Quelques grandes questions, Louvain-la-Neuve, 1996, p. 103-105.
  • [102]
    Cf. (sans indication géographique) π 2220 Hansen : πήραξον · ἀφόδευσον ; κ 2559 Latte : κήρεα · τὰ κέρδη. Sur ces formes, voir Bechtel, GD II, p. 671 et 688 ; Bile, Dialecte, p. 137. De la même catégorie relève, selon E. Kaczyńska, « The Cretan Origin of Numenius Heracleotes in the Light of Ancient Dialectology », Kretika Chronika 33 (2013), p. 35-43, spéc. p. 38, le mot κουρύλος « triton » attesté chez Numénius d’Héraclée au lieu de la forme attique κορδύλος ; l’auteure en conclut que Numénius, inconnu par ailleurs, serait originaire du port d’Hérakleion en Crète. – L’évolution phonétique κράδᾱ > *κάρδᾱ > κᾱ́ρᾱ a un parallèle exact dans la glose βάριον · (…) καὶ τὸ βράδιον (Hsch. β 231 Latte), qui est sans doute d’origine crétoise : voir E. Kaczyńska, « A Newly Identified Cretan Gloss (βάριον) », Graeco-latina Brunensia 19 (2014), p. 61-69, spéc. p. 63-67.
  • [103]
    Traduction de Cl. Prêtre – Ph. Charlier, Maladies humaines, thérapies divines. Analyse épigraphique et paléopathologique de textes de guérison grecs, Lille, 2009, n° 7, p. 133. Même interprétation chez Guarducci, IC I, p. 163 ; Melfi, o.c. [n. 92], p. 174 et n. 107. À noter que Cl. Prêtre (o.c., p. 134) préfère rattacher le sens de « figue » à κάρᾱ « tête », par analogie à la forme du fruit.
  • [104]
    Voir Bechtel, HPN, p. 582 ; id., GD II, p. 788 ; DELG, s.u. κεκήν ; Bile, Dialecte, p. 167 ; Masson, OGS III, p. 147. Latte, o.c. [n. 53], p. 454, doute du rapprochement avec l’anthroponyme crétois.
  • [105]
    Ainsi F. Solmsen, Beiträge zur griechischen Wortforschung, Strasbourg, 1909, p. 144-146, qui par ailleurs attribuait le mot au substrat prédorien.
  • [106]
    D. Comparetti, « Iscrizioni inedite di Gortyna », ASAA 3 (1921), p. 193-202, spéc. p. 199 ; Guarducci, IC IV, p. 213 ; Bile, Dialecte, p. 359 et n. 124.
  • [107]
    DELG, s.u. κοσυβ[άτ]ᾱς.
  • [108]
    Ainsi W. Schulze, Kleine Schriften2, Göttingen, 1966, p. 293-294, qui rapprochait Κοσυµφίς de Κοσσύφα (sur ce nom de femme, attesté à Théra dès l’époque archaïque, voir DELG, s.u. κόσσυφος ; Masson, OGS III, p. 101).
  • [109]
    Voir DELG, s.u. 2 λῑ́ς.
  • [110]
    Od. 3, 293 ; 5, 412 ; 10, 4 (λισσὴ … πέτρη) ; Ctésias, FGrHist 688 F 13, 72 (λισσῶι ὄρει) et F 45m, 4 (πέτραις λισσαῖς). Le féminin de même sens λισσάς, -άδος est attesté chez Eschyle, Euripide, Corinne (sous la forme béotienne λιττάς), Théocrite et Apollonios de Rhodes.
  • [111]
    Svoronos, o.c. [n. 62], p. 222 et pl. XX, 28-37 (ive/iiie s.) ; IC II, XVII 1, 8 (iiie s.) ; SEG, 1314 (hellén.). Cf. Guarducci, IC II, p. 210 ; Perlman, o.c. [n. 62], p. 1174-1175.
  • [112]
    Strabon, X 4, 14, C 479 (Λισσήν) ; Ét. Byz., 654, 20 Meineke (Λισσής) ; cet auteur rapproche Od. 3, 293-294 : ἔστι δέ τις λισσὴ αἰπεῖά τε εἰς ἅλα πέτρη | ἐσχατιῇ Γόρτυνος ἐν ἠεροειδέϊ πόντῳ. Cf. Guarducci, IC I, p. 239.
  • [113]
    Bile, Dialecte, p. 181, faisant observer que le traitement attendu de -τy- en crétois serait -θθ- ou -ττ- (cf. λιττάς en béotien), attribue la graphie λισσός à l’influence de la koiné. Mais le mot pourrait aussi avoir été emprunté sous sa forme homérique.
  • [114]
    L’autorité de Dittenberger a imposé dans les dictionnaires (LSJ, s.u. λισσόω ; DELG, s.u. 2 λῑ́ς) un verbe *λισσόοµαι « être ou devenir insolvable », qu’il avait restitué dans un traité du iiie s. entre Praisos et Stalai (Syll.3 524 ; IC III, VI 7 B 19 : λισ]σωθέντων), mais le contexte permet d’autres lectures : Guarducci, IC III, p. 145-146 garde ---] σωθέντων (de σῴζω) ; Chaniotis, Verträge, n° 64, p. 384, restitue [ἐλασ ?]σωθέντων. La prudence affichée par M. Bile (Dialecte, p. 181, n. 126) est donc préférable.
  • [115]
    Cf. DMic II, p. 267-268. L’identification ru-ki-to/Λύκτος est admise par M.V. Cremona – D. Marcozzi – E. Scafa – M. Sinatra, La toponomastica cretese nei documenti in Lineare B di Cnosso, Rome, 1978, p. 114, mais rejetée par McArthur, o.c. [n. 64], p. 145-146 ; voir aussi les doutes de H. van Effenterre – D. Gondicas, « Lyttos, ville fantôme ? », dans M. Bellancourt-Valdher – J.-N. Corvisier (éd.), La démographie historique antique, Arras, 1999, p. 127-139, spéc. p. 133-134 (= van Effenterre, Minos [n. 78], p. 571-585 [577-580]).
  • [116]
    E. Kaczyńska, « Remarks on the Mycenaean name of Lyktos », DO-SO-MO 3 (2001), p. 5-9, et ead., « Hesychius on Λυκόφρων », Emerita 69 (2001), p. 263-267, spéc. p. 265-266.
  • [117]
    Ruijgh, o.c. [n. 95], p. 180 et n. 413.
  • [118]
    G. Neumann, « Kyprisch ὁ θεὸς µέκτος Ἀπόλλων », ZVS 87 (1973), p. 158-160 ; Egetmeyer, o.c. [n. 44] I, p. 85, 299.
  • [119]
    Cf. Bile, Dialecte, p. 156, n. 345.
  • [120]
    Svoronos, o.c. [n. 62], p. 230, n° 1 et 2 ; Le Rider, o.c. [n. 72], p. 174, 195-196.
  • [121]
    La légende évoquée par Étienne donne Lyctos, fils de Lycaon, roi mythique d’Arcadie, comme fondateur de la ville crétoise du même nom, dont les inscriptions comportent précisément des traits arcado-chypriotes. Selon une autre tradition mieux attestée (Aristote, Pol. II 1271b28 ; Éphore, FGrHist 70 F 149 = Strabon, X 4, 17, C 481 ; Polybe, IV 54, 6), Λύκτος serait une colonie laconienne.
  • [122]
    DELG, s.u. λύττος.
  • [123]
    Bechtel, GD II, p. 707 ; Bile, Dialecte, p. 152-153.
  • [124]
    Kaczyńska, oo. cc. [n. 116], respectivement. p. 6-7 et p. 266-267 ; cf. Brown, o.c. [n. 1], p. 161-162.
  • [125]
    Sur la relation bipolaire entre émission de lumière et perception visuelle, présente dans de nombreuses racines indo-européennes, voir les études de F. Bader, en particulier « De Pollux à Deucalion : la racine *deu-k- ‘briller, voir’ », dans A. Etter (éd.), O-O-PE-RO-SI : Festschrift für Ernst Risch, Berlin – New York, 1986, p. 463-488, spéc. p. 465-467 ; en dernier lieu, L. Dubois, « Thessalika », dans A. Blanc – L. Dubois – Ch. de Lamberterie (éd.), ΠΟΛΥΜΗΤΙΣ. Mélanges en l’honneur de Françoise Bader, Louvain – Paris 2012, p. 45-55, spéc. p. 50-54.
  • [126]
    Bekker, o.c. [n. 84], p. 1096. Sur ce qui suit, voir l’étude lexicale d’E. Dieu, Le supplétisme dans les formes de gradation en grec ancien et dans les langues indo-européennes, Genève, 2011, p. 576-579.
  • [127]
    DMic I, p. 447-448, avec bibliographie. Pour l’étymologie et la formation, voir en dernier lieu la discussion chez Dieu, o.c., p. 579-583 : il faudrait partir de *µειϝ-ίyως (racine *mei(H)- « endommager, amoindrir »), refait en *µέϝ-yως par analogie de *µέγ-yως.
  • [128]
    Cf. Dubois, o.c. [n. 11], II, p. 27. Dans ce texte, l’opposition µέζον/µεῖον est un archaïsme, comme aussi l’emploi de πρόβατον au sens premier de « bétail (en général) » (É. Benveniste, Le vocabulaire des institutions indo-européennes, Paris, 1969, I, p. 37-45).
  • [129]
    Trad. P. Mazon, CUF, 1928.
  • [130]
    IG IX 12 717 B 12-14 (Chaleion, 1ère moitié ve s.) ; CID I 9 B 9-10 (cippe des Labyades, ive s.) ; IG XIV 645, 111, 114, 115, etc. (Tables d’Héraclée, ive s.).
  • [131]
    Cf. Bile, Dialecte, p. 203-204 ; G. Genevrois, « Cretica I », REG 125 (2012), p. 693-713, spéc. p. 706-707.
  • [132]
    Autres exemples : IC IV 72 (LG) I 37 ; IX 48, 49-50 ; X 7, 16 ; IC IV 74 a-c 3 ; IC IV 84, 1 (Gortyne) ; IC I, XVII 2 b 3 (Lébèna, iie s.) ; IC II, V 52, 12 (Axos, ier s.).
  • [133]
    An. III 1, 2 ; V 4, 31 ; VII, 3, 12, etc. ; Cyr. I 3, 8 ; VIII 1, 4, etc.
  • [134]
    Régime, VI 1-2 ; XVI 7 ; Épid. VI 8, 7, etc.
  • [135]
    L. Gautier, La langue de Xénophon, Genève, 1911, p. 32-33 ; H. Seiler, Die primären griechischen Steigerungsformen, Leipzig, 1950, p. 115-116.
  • [136]
    SEG 23, 547 (Olonte – Rhodes, ca 200), l. 34-35 : ἄνδρας µὴ ἐλάσσους ἑκατόν ; cf. IC III, III 3 (Hiérapytna – Rhodes, début iie s.), l. 20-21. De même en attique, ἐλάττων remplace ὀλείζων qui disparaît pratiquement après le ve s. (cf. Threatte, o.c. [n. 17] II, Berlin – New York, 1996, p. 309-310).
  • [137]
    Athénée, VI 263f = FGrHist 461 F 4. Cf. Strabon, XII 3, 4, C 542 : καθάπερ Κρησὶ µὲν ἐθήτευεν ἡ Μνῴα καλουµένη σύνοδος, Θετταλοῖς δὲ οἱ Πενέσται.
  • [138]
    Pour le suffixe, voir Bechtel, GD II, p. 790, et G. Redard, Les noms grecs en -της, -τις et principalement en -ίτης, -ῖτις, Paris, 1949, p. 29 et n. 14 p. 238, qui juge préférable la leçon Δµωίταις des manuscrits d’Étienne de Byzance.
  • [139]
    L’étymologie n’est pas totalement assurée, mais la plupart des savants tirent le mot de la racine *dom-/*dem- de δόµος ; cf. notamment GEW, DELG et EDG, s.u. δµώς, et en dernier lieu R. Garnier dans la CEG 12, R. Ph. 83, 2009 [2012], p. 298.
  • [140]
    Hésiode, Théognis, tragiques, Aristophane, Théocrite ; rares exemples en prose, notamment chez Xénophon (poétisme selon Gautier, o.c. [n. 135], p. 92). Analyse sémantique des emplois chez Gschnitzer, o.c. [n. 35], p. 46-75.
  • [141]
    Cf. Kretschmer, o.c. [n. 13], p. 71 (origine achéenne) ; DELG, l.c.
  • [142]
    Ainsi Bechtel, GD II, p. 790.
  • [143]
    Pour la formation (*dm > *nm > *mn), voir Schwyzer, GG I, p. 208 ; Lejeune, Phonétique, p. 155 : cf. att. µεσόµνη < hom. µεσόδµη ; autres ex. chez Threatte, o.c. [n. 17] I, p. 568. Pour µνωΐα > µνοία, voir Lejeune, o.c., p. 249.
  • [144]
    Athénée, XV 695f-696a (PMG909). Des considérations diverses (style, métrique, contenu) ont amené plusieurs savants à la conclusion que ce texte, difficilement datable sous la forme transmise, doit remonter à un original ancien, sans doute archaïque (du vie s. ou même antérieur) ; voir C.M. Bowra, Greek Lyric Poetry from Alcman to Simonides2, Oxford, 1961, p. 398-403 (peu après l’avènement de Cyrus) ; Kirsten, Kreta, p. 117-119, not. p. 117, n. 133 (“noch in archaischer Zeit”) ; Willetts, o.c. [n. 74], p. 317-323, spéc. p. 323 (“sixth century B.C., even earlier, in some form”) ; G. Tedeschi, « Il canto di Hybrias il Cretese. Un esempio di poesia conviviale », Quaderni di filologia classica 5 (1986), p. 35-74, spéc. p. 59 et n. 22 (terminus ante quem : 1ère moitié ve s.). D’autres commentateurs assignent au poème une date plus basse : D.L. Page, « The Song of Hybrias the Cretan », PCPhS 11 (1965), p. 62-65 (« possibly from the fifth century B.C. ») ; M. Bile, « Quelques épigrammes crétoises (2e s. av. – 5e s. apr. J.-C.) », dans J. Dion (éd.), L’épigramme de l’Antiquité au xviie siècle ou Du ciseau à la pointe, Nancy, 2002, p. 123-141, spéc. p. 123-125 (sans doute ive s.).
  • [145]
    V. Apostolakou, « Συνθήκη συµµαχίας Ιεραπυτνίων – Απτεραίων », dans P. Adam-Veleni – K. Tzanavari (éd.), Δινήεσσα. Τιµητικός τόµος για την Κατερίνα Ρωµιοπούλου, Thessalonique, 2012, p. 629-636. L’éditrice songe aussi (p. 633) à des pâturages situés dans les ἐσχατιαί.
  • [146]
    LSJ, s.u. ναεύω ; DELG, s.u. νᾱός. Cf. Bechtel, GD II, p. 790 ; Buck, GD, p. 365 ; Bile, Dialecte, p. 359, etc. – Les textes ne nous renseignent guère sur le statut de l’esclave réfugié ; cf. A. Maffi, « L’asilo degli schiavi nel diritto di Gortina », dans M. Dreher (éd.), Das Antike Asyl, Cologne – Weimar – Vienne, 2003, p. 15-22.
  • [147]
    Même emploi en IC IV 41 IV 8 et IC IV 47, 31-32.
  • [148]
    A. Chaniotis, « Die Entwicklung der griechischen Asylie : Ritualdynamik und die Grenzen des Rechtsvergleichs », dans L. Burckhardt et al. (éd.), Gesetzgebung in antiken Gesellschaften. Israel, Griechenland, Rom, Berlin, 2007, p. 233-246, spéc. p. 242-243. Cf. SEG 53, 940bis, n. 1.
  • [149]
    Cf. o 162 ; ὀθρυόεν · τραχύ, ὑλῶδες, δασύ, κρηµνῶδες.
  • [150]
    Ainsi Schwyzer, GG I, p. 302.
  • [151]
    Contra I. Hajnal, Sprachschichten des mykenischen Griechisch, Salamanque, 1997, p. 232 et n. 419, pour qui la forme *u-du-ru serait la plus ancienne.
  • [152]
    DELG et EDG, s.u. Ὄθρυς. Sur le flottement entre sourdes aspirées et sonores, voir M. Lejeune, « Doublets et complexes », dans L.R. Palmer – J. Chadwick (éd.), Proceedings of the Cambridge Colloquium on Mycenaean Studies, Cambridge, 1966, p. 140 et n. 4 (= id., MPhM III, p. 95-96 et n. 14) ; Ruijgh, o.c. [n. 95], p. 185, n. 439 ; DMic II, p. 18-19, 385, avec la bibliographie.
  • [153]
    Voir McArthur, o.c. [n. 64], p. 169-176, et en dernier lieu J. Bennet, « The Geography of the Mycenaean Kingdoms », dans Y. Duhoux – A. Morpurgo-Davies (éd.), A Companion to Linear B. Mycenaean Greek Texts and their World. II, Louvain-la-Neuve, 2011, p. 137-168, spéc. p. 149-150.
  • [154]
    Voir E. Federico, « Dall’ Ida al Salento. L’itinerario mitico di Idomeneo cretese », Mem. Linc., sér. IX, 11 (1999), p. 255-418, spéc. p. 291-293, avec la bibliographie, à compléter par P. Wathelet, Dictionnaire des Troyens de l’Iliade, Liège, 1988, I, p. 327-328, 776-779 ; II, p. 1043-1044, 1445-1446.
  • [155]
    Il. 5, 43-47. Selon Ch. de Lamberterie, le héronyme Φαῖστος (qui apparaît au vie s. comme anthroponyme sous la forme épichorique Παῖστος : SEG 52, 862) pourrait être considéré comme une « forme allegro » de l’ethnique Φαίστιος, attesté dès le iie millénaire à Cnossos (pa-i-ti-jo, fém. pa-i-ti-ja, cf. DMic II, p. 67-68) : voir CEG 12, R. Ph. 83, 2009 [2012], p. 323-324. Il convient toutefois de noter qu’il existe en crétois d’autres exemples d’anthroponymes identiques au nom d’une cité (Ἔλυρος, Μάλλα, Συβρίτα) : voir O. Masson, « Cretica VI-IX », BCH 109 (1985), p. 189-200, spéc. p. 199 et n. 77 ; A. Chaniotis, « Phaistos Sybritas. An Unpublished Inscription from the Idaean Cave and Personal Names Deriving from Ethnics », dans R.W.V. Catling – F. Marchand (éd.), Onomatologos. Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews, Oxford, 2010, p. 15-21, spéc. p. 18.
  • [156]
    Il. 13, 384-388. Cf. Hérodien, I, p. 149 l. 17 Lentz : Ὕρτακος ἥρως καὶ πόλις Κρήτης. Hyrtakos (Ὕρτακος ou Ὑρτακός) est la cité de Crète occidentale mieux connue sous le nom de Ὑρτακίνα (Guarducci, IC II, p. 184). Asos, dont on ne connaît rien par ailleurs, serait aussi une bourgade crétoise : Ét. Byz., p. 134, l. 3 Meineke (α 481 Billerbeck) : Ἄσος, πολίχνιον Κρήτης, ὁ πολίτης Ἄσιος.
  • [157]
    Sur les anthroponymes homériques en -ονεύς, voir H. von Kamptz, Homerische Personennamen. Sprachwissenschaft und historische Klassifikation, Göttingen, 1982, p. 125 ; R. Wachter, Non-Attic Greek Vase Inscriptions, Oxford, 2001, p. 252, et, en dernier lieu, L. Bettarini, « Tra onomastica e poesia : rodio Ἰδαµενεύς in IG XII/1 737 (= CEG 459) e 904 », Glotta 90 (2014), p. 46-70, spéc. p. 57, n. 35 : c’est le nom Ἠϊον-εύς qui aurait servi de modèle pour le développement d’un suffixe long -ονεύς, d’où Ἰλιονεύς, Ἰτυµονεύς, Ὀθρυονεύς, Ἐτεωνεύς.
  • [158]
    Il. 13, 363-382. Cf. Willetts, o.c. [n. 74], p. 121 ; Wathelet, o.c. [n. 154] I, p. 776-779 ; R. Janko, The Iliad : A Commentary, IV, Cambridge, 1992, p. 94 ; Federico, o.c. [n. 154], p. 291-292. Autre explication, attribuant l’origine d’Othryoneus à la Thessalie ou à la Troade : von Kamptz, o.c. [n. 157], p. 329 ; E. Bosshardt, Die Nomina auf -ευς. Ein Beitrag zur Wortbildung der griechischen Sprache, Zurich, 1942, p. 112 (Macédoine).
  • [159]
    G. Capdeville, « Mythes et cultes des cités de la confédération des Oreioi », dans Πεπραγµένα Ι᾿ Διεθνούς Κρητολογικού Συνεδρίου, La Canée, 2011, A 5, p. 19-41, spéc. p. 36 ; cf. Federico, l. c. – On a parfois expliqué la présence de Crétois dans les rangs troyens par le rôle que la Crète aurait joué dans la fondation de Milet et par la colonisation menée ensuite par cette cité dans certaines régions d’Asie Mineure (voir notamment O. Gruppe, Griechische Mythologie und Religionsgeschichte, Munich, 1906, p. 301-315). Rien n’exclut en effet « que des récits de combats proprement crétois [aient] pu être associés à des souvenirs de contacts ou de rivalités entre Crétois et Asianiques » (Wathelet, o.c. II, p. 1044).
  • [160]
    Sans doute à rapprocher de σκάπτω (cf. DELG, s.u.). Le mot est attesté sous la même forme (sans sigma initial) chez Homère et en ionien-attique avec le sens de « tranchée, fossé » ; il désignerait ici un outil agricole (cf. σκαφεῖον). Autre piste chez Eustathe, Il. 1163, 35 : κάπετος δέ (…) ληνὸς ἢ τάφρος (le sens de « pressoir » conviendrait bien au contexte).
  • [161]
    Autres occurrences (toutes en ionien-attique) : IG I3 422, I, 24 et III, 289-290 ; IG I3 425, III, 104 (« stèles attiques », fin ve s.) ; Xén., An., I, 5, 5 ; IG XII 5, 872, 53 (registre des ventes de Ténos, ive s.) ; Alexis, fr. 13 et 207, 2 K.-A. (PCG II, p. 30 et 138) ; Hérondas, VI 83 (ὄνος seul).
  • [162]
    Cf. Bile, Dialecte, p. 176-177. En attique le mot apparaît en général sous la forme suffixée ἀλετών, -ῶνος (Chantraine, o.c. [n. 93], p. 164).
  • [163]
    Par exemple W.K. Pritchett, « The Attic Stelai : Part II », Hesperia 25 (1956), p. 178-328, spéc. p. 298 : « our inscription (les “stèles attiques”) would seem to confirm (…) that the ass-driven type was as early as the fifth century ». Cf. DELG, s.u. ὄνος, qui range ὄνος ἀλέτης parmi les cas où ὄνος s’emploie par métaphore à propos « d’objets qui “travaillent”, ou p.-ê. qui peuvent être tirés par un âne ».
  • [164]
    L.A. Moritz, Grain-mills and Flour in Classical Antiquity, Oxford, 1958, estimait que le moulin rotatif était inconnu du monde grec (voir notamment son analyse de ὄνος ἀλέτης, p. 10-17, et sa conclusion d’ensemble, p. 140-141). Son existence au iiie s. av. J.-C. est aujourd’hui établie à Délos et en Acarnanie, mais ces découvertes demeurent isolées : cf. M. Brunet, « Le moulin délien », dans D. Meeks – D. García (éd.), Techniques et économies antiques et médiévales. Le temps de l’innovation, Paris, 1997, p. 29-38 ; M.-C. Amouretti, « Textes juridiques et archéologie : nouveaux regards sur l’agriculture grecque », dans P. Sineux (éd.), Le législateur et la loi dans l’Antiquité, Caen, 2005, p. 139-148, spéc. p. 145.
  • [165]
    M.-Ch. Hellmann, Recherches sur le vocabulaire de l’architecture grecque d’après les inscriptions de Délos, Athènes, 1992, p. 55 et n. 4. Il est vrai que notre texte fait état de plusieurs meules dormantes et d’une seule mobile, et que cette dernière était plus travaillée et sûrement plus onéreuse (cf. déjà Th. Baunack, « Neue Bruchstücke gortynischer Gesetze », Philologus 55 (1896), p. 474-490, spéc. p. 480). Mais il est intéressant de constater qu’à la fin du ve s. à Athènes le prix d’un ὄνος ἀλετών oscillait entre 4 et 10 drachmes (Pritchett, o.c. [n. 163], p. 299), ce qui ne suggère pas un matériel très élaboré.
  • [166]
    J’adopte l’interprétation de Guarducci, IC IV, p. 105-106, suivie par van Effenterre – Ruzé, Nomina II, n° 85, p. 310, selon laquelle cette disposition viserait à sanctionner les dégâts provoqués lors du passage par le toit d’une maison voisine dans le cadre d’une servitude. Cf. les remarques de V. Hadjimichali à propos des maisons construites sur les pentes de l’acropole de Lato (« Recherches à Latô. III. Maisons », BCH 95, 1971, p. 167-222, spéc. p. 212) : « il semble bien que, par endroits, on montait sur le toit en terrasse des maisons du niveau inférieur pour accéder aux maisons du niveau supérieur, ce qui est souvent le cas dans les villages actuels construits sur des terrains en forte pente ».
  • [167]
    DELG, s.u. ὀπή. Les emplois classiques de ὀπή au sens de « trou d’aération » sont étudiés par V. Svoronos-Hadjimichalis, « L’évacuation de la fumée dans les maisons grecques des ve et ive siècles », BCH 80 (1956), p. 483-506, spéc. p. 485.
  • [168]
    Cf. Diphilos, fr. 85 K.-A. (PCG V, p. 103) : διακύψας ὁρῶ διὰ τῆς ὀπαίας κεραµίδος.
  • [169]
    IG I3 476, XIII, col. II, l. 112-113, 117-118, 122 (fin ve s.) : hοπαῖον (avec une aspirée non étymologique, cf. µεθόπια à Delphes au ive s., CID II 57, 3 et 5, etc.) désigne les ouvertures pratiquées dans le coffrage du plafond ; cf. A. Choisy, Études épigraphiques sur l’architecture grecque, Paris, 1884, p. 128, n. 59. Pour le passage de Plut., Péricl. 13, 7 : τὸ δ᾿ ὀπαῖον ἐπὶ τοῦ ἀνακτόρου ἐκορύφωσε, voir Hellmann, o.c. [n. 165], p. 430 et n. 10 : « il a mis en pointe l’opaion sur l’anaktoron ».
  • [170]
    C’est l’hypothèse de van Effenterre – Ruzé, l. c., qui soulignent, comme d’autres auteurs, la survivance de ce type de dispositif dans les villages de la Crète moderne. – Il convient toutefois de noter que les maisons à cheminée de Karphi, distinctes par leur mobilier du reste de l’habitat, ont été interprétées comme des édifices à caractère cultuel ou comme des demeures réservées à l’élite ; cf. J. Lamaze, « Cheminées et systèmes d’évacuation des fumées dans les édifices à caractère cultuel de la fin de l’âge du bronze au début de l’âge du fer en Égée », Ktéma 36 (2011), p. 237-267, spéc. p. 251-252.
  • [171]
    Cf. Koerner, o.c. [n. 36], n° 136, p. 404-405 : « man wird am ehesten eine einfache Öffnung im Dach, eine Rauchluke annehmen ». Les quelques cheminées attestées par l’archéologie sont généralement associées à un contexte religieux et sont exceptionnelles dans l’habitat courant : Lamaze, o.c., p. 261.
  • [172]
    Il est en tout cas remarquable que l’ensemble du corpus des maquettes architecturales présentant une cheminée (du MR III A-B au viie s.) soit exclusivement crétois ; voir Lamaze, o.c., p. 241-245, 256 et 262, avec les références.
  • [173]
    Svoronos, o.c. [n. 62], p. 158, n° 1 et 2 (pl. XII, 21) et p. 254, n° 1 (pl. XXII, 34). Curieusement, l’auteur transcrivait à tort φαῖµα.
  • [174]
    Le Rider, o.c. [n. 72], p. 166-167. Dans le même sens, L.H. Jeffery, The Local Scripts of Archaic Greece, éd. revue et complétée par A.W. Johnston, Oxford, 1990, p. 315, n° 9.
  • [175]
    M.J. Price, « The Beginnings of Coinage in Crete », dans Πεπραγµένα τοῦ Δ᾿ Διεθνοῦς Κρητολογικοῦ Συνεδρίου, Athènes, 1976, A2, p. 461-466, spéc. p. 464 ; M.I. Stefanakis « The Introduction of Coinage in Crete and the Beginning of Local Minting », dans A. Chaniotis (éd.), From Minoan Farmers to Roman Traders, Stuttgart, 1999, p. 247-268, p. 258-259 ; A. Polosa, « Strumenti di valutazione nella Grande Legge di Gortyna », dans E. Greco – M. Lombardo (éd.), La Grande Iscrizione di Gortyna. Centoventi anni dopo la scoperta, Athènes, 2005, p. 139. – La date mentionnée pour παῖµα (iie s.) dans le DELG, s.u. παίω, est en tout cas erronée.
  • [176]
    IC I, X 2 (Eltynia, ca 500), 4 et 9 ; IC IV 186 (Gortyne, iie s.), A 2. En composition sont attestés ἀµφιπαίω au sens dérivé de « contester, réclamer » (IC IV 80, début ve s., 12) et ἀπαναπαίοµαι « écarter de soi en frappant » (IC IV 41 II, ca 500, 16-17).
  • [177]
    Sur l’emploi des verbes « frapper » en attique, voir DELG, s. vv. τύπτω, πάταγος et πλήσσω, qui renvoie à A. Bloch 1940, Geschichte einiger suppletiver Verba im griechischen, Bâle, 1940, p. 83-91. Cf. aussi, plus récemment, D. Kölligan, Suppletion und Defektivität im griechischen Verbum, Brême, 2007, p. 303-321.
  • [178]
    Le mot ἀνδρήιον (ou ἀνδρεῖον), terme institutionnel crétois, désigne le local ou bâtiment dans lequel les membres d’une hétairie prenaient leurs repas en commun (syssities) ; voir Willetts, o.c. [n. 36], p. 20-25 ; P. Schmitt – Pantel, La cité au banquet, Rome, 1992, p. 60-76 ; Seelentag, o.c. [n. 47], p. 374-443.
  • [179]
    Ex. Hsch., η 515 Latte : (…) δεκάµνουν πέλεκυς καλεῖται παρὰ Παφίοις (cf. ICS2, 217, 15 et 26). Il est à noter que le masculin πέλεκυς est une correction de Latte d’après Bechtel, GD I, p. 452 ; le manuscrit d’Hésychius présente la leçon πέλεκυ.
  • [180]
    Voir notamment J. Svoronos, « Τὰ πρῶτα νοµίσµατα. Πελέκεις καὶ ἡµιπέλεκκα », Journal international d’archéologie numismatique, 9 (1906), p. 161-181. Selon B. Laum, Heiliges Geld. Eine historische Untersuchung über den sakralen Ursprung des Geldes, Tübingen, 1924, p. 120-124, l’usage prémonétaire des doubles haches, comme des trépieds, chaudrons et oboles, découlerait de leur emploi dans le cadre des banquets sacrés. Cf. aussi C.M. Kraay, Archaic and Classical Greek Coins, Londres, 1976, p. 314-315.
  • [181]
    H. Nicolet-Pierre, Numismatique grecque, Paris, 2002, p. 96.
  • [182]
    Date probable : fin iiie s. (Launey, o.c. [n. 9] II, p. 659-660).
  • [183]
    Voir Bechtel, HPN, p. 587 ; DELG, s.u. χήρ ; Masson, OGS III, p. 147. Le rapprochement avec le mot χήρ [lat. (h)ēr, ēris], autre nom du hérisson attesté chez les grammairiens et lexicographes, fait difficulté (cf. DELG, l.c.).
  • [184]
    Bechtel, GD II, p. 740 ; Buck, GD, p. 102 ; DELG, s.u. τίς ; Bile, Dialecte, p. 205 et n. 193. – Le thème *kwe- du pronom est attesté chez Homère : τέος, τέῳ, etc. (P. Chantraine, Grammaire homérique, I. Phonétique et morphologie, Paris, 1958, p. 279-280). L’adverbe πει « n’importe où » (IC I, IX 1 C 126, Dréros, iiie s.) présente un traitement analogique de la labiovélaire ; cf. Lejeune, Phonétique, p. 45 ; Bile, Dialecte, p. 142, n. 278.
  • [185]
    Autres occurrences : IC IV 5, 2 a-b (viie/vie s.) ; IC IV 72 (LG) V 1. – Peut-être doit-on également rapprocher la glose τέµµαι · τείνει (τ 458), dont le second élément se lit, à la suite de Saussure, comme une graphie iotacisante de τίνι ; τέµµαι (de *kwe-smai) serait l’équivalent de l’av. čahmāi : voir J. Wackernagel, Kleine Schriften I, Göttingen, 1953, p. 651 (« vielleicht »). Interprétation différente de C.J. Ruijgh, « Problèmes de philologie mycénienne », Minos 19 (1985), p. 105-167, spéc. p. 133-134 (= id., Scripta minora II, Amsterdam, 1996, p. 43-105 [71-72]) : selon le savant néerlandais, il faudrait lire τέµµ<ι>, de *kwe-smi avec la désinence qu’on retrouve dans ὄτιµι, datif crétois du pronom ὅστις. Or on a observé – et ceci ressort des exemples cités ci-dessus – que ὀτεῖος s’emploie précisément avec le sens de ὅστις : E. Hermann, Griechische Forschungen. I. Die Nebensätze in den griechischen Dialektinschriften in Vergleich mit den Nebensätzen in der griechischen Literatur, und die Gebildetensprache im Griechischen und Deutschen, Leipzig – Berlin, 1912, p. 232 ; Buck, GD, p. 102.
  • [186]
    Guarducci, IC IV, p. 70-71 ; Willetts, o.c. [n. 36], p. 105-106 ; Koerner, o.c. [n. 36], n° 121, p. 370 ; Bile, Dialecte, p. 236 et 240 ; Nomima I, n° 82, p. 310 ; P. Fröhlich, Les cités grecques et le contrôle des magistrats (iveier siècle avant J.-C.), Genève, 2004, p. 235-240 ; Seelentag, o.c. [n. 47], p. 187-189.
  • [187]
    Bechtel, GD II, p. 784 ; Á. Martínez Fernández, « Estudio sobre el vocabulario jurídico en el dialecto cretense », Fortunatae 9 (1997), p. 103-123, spéc. p. 121.
  • [188]
    DELG, s.u. χήρα (O. Masson) : racine *χη-/*χᾰ- notant la privation ou le vide.
  • [189]
    E. Fraenkel, Griechische Denominativa in ihrer geschichtlichen Entwicklung und Verbreitung, Göttingen, 1906, p. 222 et 282 ; I. Calero Secall, « Terminologia jurídica cretense en materia de familia y propiedad : del uso en la lengua común a tecnicismo », dans F. Cortés Gabaudan – J.V. Méndez Dosuna (éd.), Dic mihi, musa, virum. Homenaje al profesor António López Eire, Salamanque, 2010, p. 77-85, spéc. p. 79-80. Cf. M. Bile, « Quelques aperçus de la société gortynienne d’après les lois de Gortyne VI 56 – VII 10 », dans S. Adam et al. (éd.), Σύµµεικτα προς τιµήν Παναγιώτη Δ. Δηµάκη. Αρχαία δίκαια και κοινωνία, Athènes, 2002, p. 115-132, spéc. p. 125 et n. 32.
  • [190]
    Autres occurrences de κε̄ρεύονσα : LG III 44-45 ; IV 9.
  • [191]
    Sur ce texte, voir G. Manganaro, « Epigrafia e istituzioni di Creta », dans G. Rizza (éd.), Antichità cretesi. Studi in onore di Doro Levi, II, Catane 1978, p. 39-58, spéc. p. 56-58, et en dernier lieu A. Magnelli, « I culti misterici dell’Ida nel fr. 2 dei Cretesi di Euripide », Sileno 34-35 (2008-2009), p. 129-138, spéc. p. 133-136.
  • [192]
    Voir supra, s.u. κοσυβάτᾱς.
  • [193]
    Athénée, XI 502 b : ΧΟΝΝΟΙ. παρὰ Γορτυνίοις ποτηρίου εἶδος ὅµοιον θηρικλείῳ, χάλκεον · ὃ δίδοσθαι τῷ ἁρπασθέντι ὑπὸ τοῦ ἐραστοῦ φησιν Ἑρµῶναξ (cf. Eustathe, Il., 1153, 42) ; cf. Hsch., χ 630 Hansen – Cunningham : χόν<ν>ος · ποτήριον χαλκε[ῖ]ον. Sur le rite évoqué par Hermonax, voir en dernier lieu Seelentag, o.c. [n. 47], p. 475-476.
  • [194]
    D. Comparetti, « Iscrizioni inedite di Gortyna », ASAA 3 (1921), p. 193-202, spéc. p. 199-200 ; Guarducci, IC IV, p. 214 ; DELG, s.u. χόννος.
  • [195]
    On a parfois vu dans χόννοι un nom de fête, en rapprochant Χόες et Χύτροι (LSJ et EDG, s.u. χόννος), mais cette interprétation repose sur la préposition ἐπί, qui est restituée.
  • [196]
    G. Maddoli, « Ko-no e po-ki-ni-jo micenei in un’ iscrizione cretese arcaica », dans C. Gallavotti (éd.), Atti e Memorie del I° Congresso Internazionale di Micenologia, Rome, 1968, II, p. 645-648 et n. 18 (cf. J. et L. Robert, BE 1969, n° 470, p. 499).
  • [197]
    Cf. DMic I, p. 376-377.
  • [198]
    Y. Duhoux, « La tablette Linéaire B TH X 105 », dans A. Bernabé – E.R. Luján, Donum Mycenologicum : Mycenaean Studies in Honour of Francisco Aura Jorro, Louvain-la-Neuve, 2014, p. 31-34, spéc. p. 32 (cf. CEG 14, RPh 87, 2013 [2015], s.v. χόννος, A. Blanc).
  • [199]
    GEW et DELG, s.u. P.A. Hansen – I.C. Cunningham, Hesychii Alexandrini Lexicon IV, Berlin – New York, 2009, p. 225, citent Brown, o.c. [n. 1], p. 90, qui pose *χόϝ-νος, tout en observant qu’on ne connaît pas d’exemple d’un groupe *-wn- évoluant en *-nn- (voir Lejeune, Phonétique, p. 181-182).
  • [200]
    La restitution est garantie par la copie d’un autre exemplaire du traité, aujourd’hui perdu (Chaniotis, o.c., n° 61 B, l. 126). Une expression similaire est restituée avec une quasi-certitude dans le traité contemporain Hiérapytna-Lato (SEG 26, 1049 et Chaniotis n° 59, l. 76), où la même frontière est décrite.
  • [201]
    DELG, s.u. ὤα (J.-L. Perpillou) ; D.S. Wodtko – B. Irslinger – C. Schneider, Nomina im Indogermanischen Lexikon, Heidelberg, 2008, p. 335 et n. 19 p. 338 (Wodtko), qui écarte à tort l’occurrence crétoise.
  • [202]
    Cf. Hérodien, II, p. 557, 26-27 Lentz ; Pollux, VII 62, II p. 69, 21-23 Bethe ; Eustathe, Od., 1828, 48-59.
  • [203]
    Pour l’emploi crétois, voir M. Casevitz, « Les mots de la frontière en grec », dans Y. Roman (éd.), La Frontière, Lyon – Paris, 1993, p. 17-24, spéc. p. 20 et n. 18 ; Chaniotis, Verträge, p. 155, n. 975. Le mot est apparu également dans une inscription thessalienne (SEG 43, 311, Scotoussa, début iie s., l. B 63 : τᾶν ἐντὸς οὐιᾶν τᾶς πόλιος), où il désigne « une frange de terrain qui reste en pâturage à l’extérieur et à l’intérieur des remparts » (BE 1995, n° 206, L. Dubois).

1L’intérêt des gloses pour l’étude lexicologique des dialectes n’est plus à démontrer. Dans son séminaire Laurent Dubois aimait à citer la formule « Hesychius vindicatus » qu’employait Olivier Masson chaque fois que la découverte épigraphique d’un terme rare non usité en prose littéraire venait corroborer le témoignage du compilateur.

2L’étude du vocabulaire crétois est révélatrice à cet égard. De nombreuses notices d’Hésychius, parfois dépourvues d’indication géographique, nous conservent des particularités lexicales du dialecte souvent confirmées par les inscriptions [1]. Le répertoire exhaustif de R.A. Brown, qui recense uniquement les notices présentées comme crétoises, compte 224 entrées (incluant les gloses corrompues), mais beaucoup d’entre elles concernent des particularités phonologiques (et non lexicales) du dialecte et n’intéressent donc pas la présente étude. D’autres glossateurs, grammairiens ou compilateurs fournissent à l’occasion des indications précieuses, en particulier Athénée, Hérodien, Pollux, Étienne de Byzance et Eustathe, mais, comme le note Brown [2], presque toutes les gloses importantes figurant chez d’autres compilateurs sont aussi présentes dans le recueil d’Hésychius. C’est donc avant tout celui-ci que « vengera » l’attestation des mots énumérés ci-après, tirés du corpus épigraphique et numismatique crétois des époques archaïque, classique et hellénistique.

ἀβλοπία

3La loi gortynienne IC IV 81 (ve s.), qui décrit la procédure à suivre pour s’opposer à une prise de gage abusive, conserve la formule du serment que les voisins du demandeur prêtent à l’appui de sa requête (l. 11-15) :

ὀµνύµε̄ [ν δ|ὲ ἐ̃] µὰν τούτο̄ µέν ἐστι ἀβλο|πίαι δικαίο̄ς πρὶν µο̄λε̃θ[θαι | τὰν] δίκαν, ὀ̃ δ᾿ ἐνεκύρακσαν | µε̄̀ ἔµε̄ν.
« je jure que (le bien saisi) appartient à cette personne sans préjudice et légalement avant le début du procès, et qu’il n’appartient pas à celui qui a fait l’objet de la saisie » [3].
Employé au datif adverbial pour renforcer δικαίως [4], le substantif ἀβλοπία est un terme juridique désignant une conduite irréprochable [5]. Les textes épigraphiques crétois confirment la glose d’Hésychius ἀβλοπές · ἀβλαβές. Κρῆτες (α 150 Latte). Kleemann rapprochait judicieusement une autre glose crétoise (α 7368 L) : ἀροπῆσαι · πατ<αγ>ῆσαι. Κρῆτες (cf. ἀραβέω « faire du bruit ») [6] comportant la même confusion entre sourdes et sonores et la même vocalisation ο des sonantes liquides, qui pourrait être prédorienne [7].

Ἀλήτωρ, -ορος

4Comme l’a montré O. Masson [8], les gloses d’Hésychius ἀλήτωρ · ἱερεύς et ἀλήτορα · ἱερέα (α 2957 et 2945 Latte) trouvent confirmation dans l’anthroponyme crétois Ἀλήτωρ, attesté à l’époque hellénistique à Abydos et dans la partie orientale de l’île [9]. Ce nom de prêtre passé dans l’onomastique [10] est l’équivalent, avec voyelle prothétique, des mots λήτωρ/λείτωρ et λητήρ qui sont employés dans plusieurs régions de Grèce avec le même sens. On trouve ainsi λήτωρ (ou Λήτωρ ?) en arcadien [11], λειτόρας (avec le dénominatif λειτορεύω) en thessalien [12], λείτωρ et ὁµολείτωρ en attique récent [13] et λητήρ en dorien du Nord-ouest [14]. Ces traces dialectales peuvent être interprétées comme des reliquats du substrat achéen [15].

ἄρκευθος

5Une glose d’Hésychius (α 7035 Latte : ἄργετος · ἡ ἄρκευθος. Κρῆτες) présente une variante crétoise du mot ἄρκευθος, employé chez Hippocrate et Théophraste pour désigner diverses espèces de genévrier. Cette forme [16] n’est pas attestée à ce jour dans le corpus épigraphique crétois, mais l’on y trouve la seule occurrence épigraphique de ἄρκευθος dans le traité entre Gortyne et les habitants de l’île de Caudos (iiie/iie s.), qui impose entre autres à ces derniers la contribution suivante (IC IV 184 ; A. Chaniotis, Die Verträge zwischen kretischen Poleis in der hellenistischen Zeit [ci-après Verträge], Stuttgart, 1996, n° 69, A 15-17) :

διδόν|των δὲ καὶ ἀρκεύθων ϝεδίµνονς [17] διακατίονς ἧ κ᾿ ἦι φο|ρά, ἧ [δέ] κα µὴ ἦι φορὰ ϝεξήκοντα …
« qu’ils livrent deux cents médimnes de baies de genévrier lorsqu’il y a des fruits ; s’il n’y a pas de fruits, soixante (médimnes) … » [18].
Les baies du genévrier, encore récoltées aujourd’hui en Crète [19], étaient appréciées pour leur valeur nutritive et leurs propriétés médicinales, tandis que le bois de cet arbre était utilisé dans la construction (Théophraste, H.P., V 7, 4 et 6) [20]. L’importance du genévrier dans la Crète antique est confirmée par une dédicace à Hermès Κεδρίτης (de κέδρος, autre nom plus courant de cet arbre) trouvée dans le sanctuaire de Kato Symi (iiie s. apr. J.-C.) [21].

ἄρος

6Dans une délimitation de frontières entre Lato et Olonte (fin iie s.) apparaît un point de repère nommé θῖνος ἄρος (SEG 26, 1049 ; Chaniotis, Verträge, n° 59, l. 73-74) [22] :

… καὶ ἐς τ[ὰν ὁδὸν]| τὰν διὰ Λ̣άξον ἄγονσαν κ̣α̣ὶ̣ ἐπὶ τ[ὸν] θῖνον ἄρον καὶ …
Le sens de ἄρος est donné par Hésychius (α 7370 Latte) : ἄρος· … καὶ <πέτρας> κοίλας, ἐν αἷς ὕδωρ ἀθροίζεται ὄµβριον, et corroboré par le grec moderne : le mot survit en effet dans plusieurs régions de Grèce [23] et notamment en Crète où le composé ἀρόλιθος désigne aujourd’hui des cavités qui recueillent les eaux dans les grottes et jouent un rôle important dans l’abreuvement des troupeaux d’alpage [24]. Dans le bornage en cause on peut penser qu’il s’agit d’une pièce d’eau (mare ou étang ?) [25]. C’est en tout cas un exemple intéressant de mot rare attesté par une glose et dont l’épigraphie et la langue moderne confirment la vitalité.

ἀσυρής (?)

7La loi sacrée des Ἐπίλυκοι de Cnossos relative au culte d’Artémis comporte une interdiction formulée comme suit selon l’editio princeps (SEG 35, 989, iie/ier s., l. 11-14) :

8

καὶ τὸς ἀφεταίρος | καὶ Ἀσσυρίας | ἀπὸ τῶ ἱερῶ ἀπέ|χεθθαι

9D’après l’éditeur N. Platon, suivi par O. Masson, la disposition viserait à écarter du sanctuaire les individus non membres de l’association [26] ainsi que les hiérodules consacrées au culte de la Déesse Syrienne, assimilée à Aphrodite [27]. Toutefois, outre qu’un tel culte n’est pas attesté ailleurs en Crète, l’absence d’article devant Ἀσσυρίας rend cette interprétation difficile [28].

10La solution suggérée par van Effenterre [29] est préférable : il voit dans ἀσ(σ)υρίας l’accusatif pluriel dialectal de l’adjectif ἀσυρής au sens d’« impur » [30]. Le mot, à rapprocher de σύρω « balayer » [31], signifie « sale » (on le trouve déjà dans ce sens en IG I3 2, 11 : τἀσυρε̃ « les ordures », Marathon, ca 500) et, chez Polybe, « vil, obscène, dépravé ». Son emploi dans un contexte religieux confirme la glose d’Hésychius ἀσυρῆ · ἀκάθαρτα (α 7957 Latte).

ἀφᾱµία

11Dans une inscription lacunaire d’Eleutherna (IC II, XII 16, ca 500) apparaît (Ab 2-3) la séquence : µὴ ἰν ἀπαµίαι µ|[η]δ᾿ ἰν πόλι [32]. C’est la seule attestation ancienne du terme ἀφᾱµία, qui réapparaît toutefois dans un bornage d’époque hellénistique établissant la frontière entre Lato et Hiérapytna (SEG 26, 1049 ; Chaniotis, Verträge, n° 59, l. 71-72) : ἐπὶ τὰν Ἐξάκω̣ν̣τ[ος] ἀφαµία̣ν̣ [33].

12Le sens et la formation du mot peuvent être établis grâce à plusieurs gloses d’Hésychius. Le lexicographe atteste, à côté de l’adjectif ἄφηµος « anonyme, sans renom », un verbe ἀφηµέω signifiant « habiter à la campagne » et, probablement, le substantif ἀφηµία au sens de « ferme » (ἀγροικία) [34], qui est attesté dans la seconde inscription précitée. Toutefois, ainsi qu’il ressort de l’opposition avec πόλις dans le texte archaïque d’Eleutherna, ἀφαµία a dû désigner à l’origine les zones reculées des cités (ἐσχατιαί), considérées comme « obscures » (« dont on ne parle pas ») [35]. Les deux occurrences de ἀφαµία à quatre siècles de distance pourraient témoigner d’un conservatisme remarquable des structures agraires [36], bien que l’usage du toponyme à l’époque hellénistique ne prouve pas nécessairement la survivance de l’institution elle-même.

Βρεῦκος

13Le mot βρεῦκος « petite sauterelle », désigné comme crétois par Hésychius (β 1113 Latte : βρεῦκος · ἡ µικρὰ ἀκρίς, <ὑπὸ Κρητῶν>) [37], est attesté dans l’onomastique par un décret de Delphes (Syll.3 737, ier s. av. [38]) honorant le musicien Ἀντίπατρος Βρεύκου (l. 3 et 11) et son frère, originaires d’Eleutherna [39]. Βρεῦκος est une variante à vocalisme -e- du mot de sens voisin βροῦκος, qu’on trouve chez Théophraste (fr. 174, 4) et dans une autre glose d’Hésychius (β 1206 L.) intéressante pour les précisions géographiques qu’elle fournit : βροῦκος · ἀκρίδων εἶδος, Ἴωνες. Κύπριοι δὲ τὴν χλωρὰν ἀκρίδα βροῦκαν. Ταραντῖνοι δὲ ἀττέλεβον… [40]. Βροῦκος apparaît aussi comme anthroponyme en Cyrénaïque [41] et à Athènes [42], et son dérivé Βρουκίων à Mélos et Amorgos [43].

14Le champ dialectal couvert par les variantes de ce mot (Ionie, Attique, Chypre, Crète, Cyrénaïque, Mélos) [44] suggère un emprunt achéen à une langue préhellénique [45].

δεκάδροµος

15On sait que dans la Crète antique l’accès au δρόµος (piste de course) marquait officiellement l’entrée du jeune homme dans l’âge adulte ; il devenait alors un δροµεύς (littéralement « coureur »). Ce terme institutionnel s’appliquait à l’individu majeur ayant atteint l’âge minimum légal pour l’accomplissement de certains actes juridiques [46]. La glose d’Hésychius δεκάδροµοι · οἱ δέκα <ἔτη> ἐν τοῖς ἄνδρασι <δρόµου µετ->εσχηκότες, ὑπὸ Κρητῶν (δ 555 Latte) suggère qu’après dix ans passés dans la classe des δροµεῖς le citoyen accédait à un statut différent. Cette interprétation est confirmée par l’hapax πεντεκαιδεκάδροµος attesté dans la disposition suivante des Lois de Gortyne concernant le choix d’un citoyen appelé à témoigner (LG XI 50-55) :

16

προϝ̣ε̣ιπάτ|ο̄ δὲ ὀ ἄρκο̄ν τᾶδ <δ>ίκας … προτέταρτον ἀντὶ µ|α̣ί̣τ̣υ̣ρ̣ο̣ς̣ π̣ε̣ν̣τ̣εκαιδεκαδρόµο̄ | ἒ πρείγονος.
« le demandeur fera la sommation … trois jours à l’avance, devant un témoin majeur depuis quinze ans ou plus » [47].

δόλπαι

17Dans un calendrier sacrificiel fragmentaire d’Eleutherna (SEG 41, 744 B 3, iie s.) apparaît la séquence ---ρτωι δολπ--- que la première éditrice restitue [Δάµατρι Μεγαλά]ρτωι δολπ[άς], identifiant à juste titre un terme technique désignant des gâteaux de sacrifice, qui n’était connu auparavant que par deux gloses d’Hésychius à l’orthographe et à l’accentuation fluctuantes : δόλπαι · πλακούντια µικρά. Κῶιοι (δ 2172 Latte), et δολβαί · θύµατα. οἱ δὲ µικτὰ πλακούντια (δ 2171) [48]. Ce n’est pas la seule coïncidence lexicale entre le crétois et le coen (cf. ci-après s.u. κοσυβάτᾱς).

ἐνκοιο̄ταί

18Dans un passage difficile des Lois de Gortyne sont énumérés différents types de dettes ou autres obligations qu’une personne peut laisser en décédant (LG IX 24-28, cf. aussi 35) :

19

αἰ ἀν[δ]εκσ|άµ̣[ε]νος ἒ νενικαµένο[ς ἒ ἐν]κ|οιο̄τὰνς ὀπε̄́λο̄ν̣ [49] ἒ διαβαλόµε|νος ἒ διαϝειπάµενος ἀποθά|νοι …
« si quelqu’un mourait après s’être porté caution ou avoir perdu un procès, ou en étant redevable de gages ou après s’être lié par contrat (?) ou promesse verbale … ».

20Plusieurs termes de cette phrase méritent un commentaire : ἀναδέχοµαι « prendre sur soi, accepter la responsabilité de » s’emploie ici, comme en attique (ex. Thuc., VIII 81, 3), avec le sens de « se porter garant, cautionner » [50]. Pour la traduction de διαβαλόµενος et διαϝειπάµενος, j’adopte sans aucune certitude l’hypothèse de Guarducci (IC IV, p. 166) qui, observant que la junctura διαβαλόµενος/διαϝειπάµενος se retrouve probablement dans une autre inscription gortynienne du ve/ive s. (IC IV 141, 11 avec la graphie διαβειπάµενος), suppose que les deux participes forment une paire, le premier se référant à une obligation écrite [51], le second à une promesse ou un engagement verbal [52].

21La restitution de [ἐν]κοιο̄τάνς est assurée par la ligne 35 où le génitif ἐνκοιο̄τᾶν est intégralement conservé. Le sens du composé est suggéré, une fois encore, par une série de gloses d’Hésychius qui attestent l’existence d’un substantif κοῖον (de κόϝ-ιον) ou κῶιον et d’un verbe κοιάζω ou κῳάζω équivalant respectivement à ἐνέχυρον et ἐνεχυράζω [53]. Le témoignage du lexicographe est fiable : le verbe κοιάζω est attesté à Sparte avec le sens donné par les gloses [54], de même que le nom d’agent κο(ι)ακτήρ, désignant un officiant des Tainaria dans la même région [55]. Sur le plan morphologique, l’existence d’un verbe κοιόω/-οµαι, dont la trace nous est conservée par une autre glose du même recueil (κ 3280 : κοιώσατο · ἀφιερώσατο, καθιερώσατο), invite à voir dans ἐνκοιο̄ταί un adjectif verbal féminin substantivé (ou épithète d’un δαρκναί sous-entendu) désignant des gages ou garanties, dont les héritiers resteraient redevables après le décès du débiteur [56].

ἐρεύω – ἐρευτᾱ́ς

22Hésychius présente les gloses ἔρευε · ἐρεύνα et ἐρεύσοµεν · ζητήσοµεν (ε 5753 et 5761 Latte). Le verbe ἐρεύω (de *ἐρέϝ-ω) n’est certes pas attesté en crétois, mais c’est sur ce radical, ou sur celui d’un ancien athématique *ἔρευ-µι [57], qu’est formé le nom d’agent ἐρευτᾱ́ς, apparaissant dans plusieurs inscriptions d’époque hellénistique, dont le fameux serment des Drériens (IC I, IX 1 ; Syll.3 527, iiie s.), où se lit la disposition suivante, relative aux amendes que les bouleutes auraient omis de recouvrer (D 131-135) :

πρα[ξάν]|των δὲ οἱ ἐρευταὶ | οἱ τῶν ἀνθρωπίνων |καὶ δασσάσθωσαν | ταῖς ἑταιρείαισιν …
« que les inspecteurs préposés aux affaires civiles perçoivent (les amendes) et (en) répartissent (le produit) entre les hétairies … » [58].
Le mot ἐρευτᾱ́ς, survivance manifeste d’un terme de substrat, est apparenté au mycénien e-re-u-te-re (PY Cn 3.2), que l’on transcrit en général ἐρευτῆρες ou ἐρευτήρει (dat. sg.) [59] et que l’on traduit généralement par « inspecteurs » [60]. En crétois le contexte de Dréros a souvent conduit à voir dans les ἐρευταί des « recouvreurs de dettes ». En réalité l’étymologie suggère le sens plus large d’« enquêteurs » [61].

Ϝάξος/Ὄαξος/Ἄξος

23Ces trois orthographes [62] correspondent au nom d’une cité bâtie sur les contreforts de l’Ida, qu’une tradition ancienne, rapportée par Étienne de Byzance (p. 482, 10 Meineke ; o 3 Billerbeck), attribuait à la configuration géographique de son site :

Ὄαξος, πόλις Κρήτης, Ἐλευθέρνης οὐ πόρρω (…). τινὲς δὲ διὰ τὸ καταγῆναι τὸν τόπον καὶ κρηµνώδη ὑπάρχειν · καλοῦσι γὰρ τοὺς τοιούτους τόπους ἄξους, καθάπερ καὶ ἡµεῖς ἀγµούς.
« Oaxos, ville de Crète, non loin d’Eleutherna (…). Certains (attribuent ce nom) au fait que l’endroit résulte d’une faille et qu’il est escarpé ; en effet, ils (les Crétois) donnent aux lieux de ce genre le nom d’axos, de la même façon que nous disons agmos (“fracture”) ».
Cette explication, reprise dans les dictionnaires étymologiques [63], paraît cependant sujette à caution ; je serais plutôt enclin à y voir un exemple de ces rapprochements homonymiques et paronymiques dont les lexicographes grecs étaient friands. Comme bien d’autres toponymes crétois (cf., pour la finale, Κνωσός, Τύλισος, Ἀµνισός), Ϝάξος est plus probablement d’origine préhellénique [64].

ϝέκαθ(θ)α (?)

24Sous la glose d’Hésychius γέκαθα · ἑκοῦσα (γ 284 Latte), Kretschmer [65] avait reconnu la forme crétoise *ϝέκαθ(θ)α, féminin archaïque reposant sur *wek-n̥t-yH2 et équivalant (avec degré plein de la racine) à véd. uśatī[66]. À l’appui de cette identification, qui se fonde sur la notation typiquement crétoise du groupe -ty-[67], on peut évoquer le masculin ϝεκών (avec maintien du w initial), attesté au iiie s. à Axos (IC II, V 25 B 5).

25Le féminin ἕκασσα apparaît au ive s. dans la loi sacrée de Cyrène (SEG 50, 1638, 87) à côté de ἑκοῖσα, forme analogique du masculin (ibid., 89) [68], et peut-être déjà en mycénien de Cnossos [69]. Cette coïncidence dialectale, également constatée dans le cas du participe féminin du verbe « être » (crét. ἴαττα/cyr. ἦσσα forme contractée <*H1s-n̥t-yH2) [70] oriente vers un trait de substrat achéen.

Ϝελχάνος

26Les inscriptions témoignent de l’existence d’un mois (Ϝ)ελχάνιος (Ϝευχάνιος) à Gortyne et Cnossos, ainsi que d’une fête des Βελχάνια à Lyttos [71]. La divinité honorée est connue : son nom, Ϝέλχανος, figure notamment en légende sur des monnaies de Phaistos datées du dernier quart du ive s. représentant, au droit, un jeune homme nu et imberbe assis dans la fourche d’un arbre et, au revers, un taureau [72].

27Selon une glose d’Hésychius, Ϝελχάνος serait un autre nom de Zeus en Crète (γ 315 Latte : Γελχάνος · ὁ Ζεύς, παρὰ Κρησίν) [73]. En fait, il est vraisemblable qu’il s’agit à l’origine d’un dieu préhellénique de la végétation associé à un culte de l’arbre [74]. Cette figure typiquement crétoise aurait été ensuite assimilée à Zeus [75]. Toutefois, dans un traité hellénistique entre Eleutherna et Rhaukos récemment publié (SEG 54, 841, 8, fin iiie s.), Ϝέλχανος apparaît vers la fin de l’énumération des dieux du serment, en tête desquels figurent Zeus Widatas et Zeus Thénatas ; il ne saurait donc être question ici d’une épiclèse de Zeus, mais de l’ancienne divinité indépendante [76], remontant sans doute à l’époque minoenne, dont le culte s’était maintenu ou avait été ravivé en Crète centrale. Un autre indice de la perpétuation de ce culte est fourni par le théonyme Ϝευχάνω gravé comme inscription votive ou marque de propriété sur des tuiles appartenant à un petit temple bâti au iie s. sur le site minoen d’Agia Triada [77].

θύστᾱς

28Parmi les inscriptions archaïques découvertes à Dréros figure un fragment de loi sacrée (début vie s.) [78] :

ἔϝαδε τοῖσι θύσ̣τ̣α[σι] | ὄς µέν κα διδο̃ι.ι̣σ̣ο̣. | λ̣α̣γ̣κάνεν [τ]ὸ ἐ ---
« il a plu aux prêtres (ou sacrificateurs ?) : celui qui fera l’offrande (?) recevra (une part égale ?) ».
Comme le suggérait van Effenterre dans l’editio princeps de ce texte, il doit y être question du partage de la victime et plus précisément de la part revenant au donateur [79]. L’identification du nom d’agent θύστᾱς [80] est garantie par la glose d’Hésychius θύστας · ὁ ἱερεὺς παρὰ Κρησί (θ 973 Latte) [81].

ἰός « flèche »

29À Afrati (ve s.), la dédicace d’une Athéna en armes [82] ou, plus simplement, d’armes faisant partie d’un butin [83], s’accompagnait d’une formule imprécatoire (IC I, V 4, l. 9-13) :

ὄστι[ς] ἀπο|στερί[σκ]οι το̃ν ἰ|ο̃ν ἔµανιν ἦµε|ν̣ αὐτο̃ι τὰν Ἀθ[α]|ναίαν.
« celui qui dépouillerait (la statue ?) de ses flèches, qu’Athéna soit en colère à son endroit ».
C’est à ma connaissance la seule attestation en prose de ἰός « flèche », mot homérique et poétique (Hésiode, Alcman, tragiques, Bacchylide) qui, selon les Γλῶσσαι κατὰ πόλεις, était également d’usage en chypriote [84]. Cet emploi exceptionnel, qui n’est pas mentionné dans les dictionnaires, mérite d’être signalé. On peut en rapprocher le composé ἰόβλης « hampe de flèche » attesté dans une glose crétoise d’Hésychius [85].

καµά (ou χαµᾱ́ ?)

30La glose d’Hésychius καµάν · τὸν ἀγρόν. Κρῆτες (κ 560 Latte) atteste la survivance, en crétois du ier millénaire, du terme mycénien ka-ma qui désigne une parcelle de terre faisant l’objet d’un type d’exploitation particulier [86]. Les formes mycéniennes – notamment le dérivé ka-ma-e-u « détenteur d’un (ou une) kama » – s’expliquent le plus aisément à partir d’un neutre *κάµας [87], mais rien n’empêche qu’en crétois le mot soit passé à la flexion en -ᾱ [88] (cf. gortynien ϝήµᾱ, -ᾱς en face de εἷµα, -ατος).

31La forme et l’étymologie du mot sont discutées. Chantraine écartait les rapprochements avec κάµνω et χαµαί [89]. Au contraire, C.J. Ruijgh voyait dans myc. ka-ma un neutre *χάµας, doublet de χαµᾱ́ « terre » (cf. χαµαί, χαµᾶζε, χαµᾶθεν), auquel cas la glose d’Hésychius (qui provient d’un texte écrit comme le montre l’accusatif) reposerait sur une inscription en alphabet archaïque où κ notait χ [90]. Quoi qu’il en soit, cette continuité lexicale, suggérant un trait achéen, fait songer au cas plus connu du terme rhodien κτοῖνα (myc. ko-to-na et ko-to-i-na), également conservé par Hésychius (κ 4332 Latte) et attesté par l’épigraphie, qui désigne, là encore, un mode ancien de répartition du sol [91].

κάναστρον – καναστραῖον

32Le terme κάναστρον, défini par une glose d’Hésychius (κ 634 Latte : κάναστρον · ὄστρακον, τρυβλίον [sorte de bol], κανοῦν), apparaît dans la liste des ustensiles de culte que le gardien de l’Asclépieion de Lébèna doit remettre à son successeur (IC I, XVII 2, 9, iie s.) [92] :

33

---]ς ῑε̄, κάναστρα ῑε̄, ἀρυταίνια ῑε̄, χύτρας λ̄
« quinze (…), quinze corbeilles, quinze louches, trente marmites ».

34Formé sur κάννα à l’aide du suffixe -αστρον fournissant des noms d’instruments, le mot doit désigner un panier ou une corbeille de jonc, ou plutôt un récipient de terre cuite en forme de corbeille [93]. Peu attesté par ailleurs en grec alphabétique [94], il est peut-être à identifier dans le mycénien ka-na-to (MY Ue 611.3) [95].

35Une loi sacrée fragmentaire de Gortyne (IC IV 145, 6, ca 400) mentionne de même un καναστ[ραῖ]ον δρίωτον, dans lequel A. Morpurgo-Davies a judicieusement reconnu un vase rituel en forme de corbeille à trois anses [96]. Cet hapax dérivé de κάναστρον confirme un lemme de la Souda (κ 299 Adler) : καναστραῖα · κοῖλά τινα ἀγγεῖα.

κάρα

36Le mot κάρα est attribué au crétois par une glose d’Hésychius (κ 755 Latte) dont le détail n’est pas clair : κάρα · αἲξ ἥµερος Πολυρρήνιοι. ὑπὸ Γορτυνίων … ἄλλοι δὲ ἡ συκῆ. Ἴωνες δὲ τὰ πρόβατα. καὶ τὴν κεφαλήν. S’y ajoute κ 762 : κάραι · συκαῖ, cette fois sans indication géographique.

37Il convient, semble-t-il, de distinguer κάρα « chèvre » et κάρα « figuier ». Le premier est un emploi métonymique (« bête à cornes ») du vieux mot homérique et poétique κάρᾱ « tête », dont est issu par ailleurs le dérivé καρανώ · τὴν αἶγα. Κρῆτες (Hsch. κ 769 L.) [97], désignant peut-être la chèvre sauvage capra aegagrus cretensis (crét. mod. αγρίµι), espèce endémique des Montagnes blanches de Crète, dont un village porte encore aujourd’hui le nom de Καράνου [98]. Si l’on en croit le lexicographe, la même synecdoque aurait été d’usage en ionien (κάρα = πρόβατα).

38Quant à κάρα « figuier/figue », il ne me paraît pas interdit d’y voir une forme dialectale résultant de *κάρδᾱ, variante avec métathèse de κράδᾱ/κράδη, mot attesté en ionien-attique au sens de « (branche de) figuier » (Hésiode), d’où « figue » (Aristophane) [99]. L’évolution -αρδ- > -ᾱρ- s’expliquerait aisément à partir du parallèle -ερδ- > -ηρ- de ϝήρω, variante dialectale du présent ϝέρδω « faire », bien attestée du ve s. à la basse époque hellénistique [100]. Ce phénomène diversement expliqué [101] illustre un trait caractéristique du dialecte, à en juger par d’autres gloses dont l’origine crétoise est spécifiée (Hésychius, α 8858 Latte : ἄχηρον · ἀχράδα. Κρῆτες ; π 2224 Hansen : πῆριξ · πέρδιξ. Κρῆτες) [102].

39C’est ce mot κάρα « figue » qu’identifient les éditrices dans la séquence suivante, malheureusement fragmentaire, d’un récit de guérison de Lébèna décrivant le traitement administré à un patient de l’Asclépiéion (IC I, XVII 12 ; Melfi, o.c. [n. 92], n° 19, A 1-6, iie s.) :

40

[-----].ν εἶτεν κάρας|[----]τω ὕδατος καὶ θρί|[δα---]πιὲν δι᾿ ἀρωµάτων|[----] δάφναν τύψαν|[τα---κ]αὶ πέπερι µετ᾿ οἴ[νου---
« (…) puis des figues (…) de l’eau et de la laitue (…) et boire avec des épices (…) après avoir broyé du laurier (…) et du vin poivré (…) » [103].

Κηκήν, -ῆνος

41Ce sobriquet, attesté dans une épitaphe d’Olonte (IC I, XXII 52, iie/ier s. = LGPN I, p. 254) confirme sans doute la glose d’Hésychius κεκῆνας · λαγωούς. Κρῆτες (κ 2050 Latte) [104]. L’êta de la première syllabe de l’anthroponyme pourrait s’expliquer par une hésitation du graveur entre brève et longue ou par une assimilation régressive imputable au locuteur [105].

κοσυβάτᾱς

42Au nombre des gloses confirmées par l’épigraphie figure le lemme d’Hésychius (κ 3779 Latte) †κόσβατοι · οἱ ἐπὶ θυσιῶν τεταγµένοι, altération probable de κοσύβατοι, forme postulée par l’ordre alphabétique. Une inscription gortynienne du ve/ive s. (IC IV 145) présente en effet (l. 11-12) la séquence :

ἱα]ρέα καὶ κοσυβ[άτ]αν παρέχε[ν…… | ….. ἱα]ρώµατα
« que le prêtre et le sacrificateur fournissent des offrandes (objets consacrés ?) » [106].
Si, comme le suggère Chantraine [107], le mot fait référence à l’habit du prêtre et doit être rapproché de κοσύµβη, sorte de manteau ou de tablier (Hésychius, κ 3774 Latte : κοσύµβη · ἀνάδεσµα ἢ ἐγκόµβωµα, καὶ ὅπερ αἱ Κρῆσσαι φοροῦσι, ὅµοιον ἀσπιδίσκῃ. καὶ περίζωµα αἰγύπτιον), il est intéressant de noter la présence à Cos des métronymes Κοσυµβίς (IG XII 4, 2, 461 B 240-241) et Κοσυµφίς (IG XII 4, 1, 104 H 767), dans des listes de citoyens du début du iie s. La forme Κοσυµβίς infirme l’hypothèse selon laquelle Κοσυµφίς serait formé sur le nom du merle [108]. On observe ici une nouvelle coïncidence à verser au dossier des relations lexicales entre crétois et coen (cf. supra, s.u. δόλπαι).

λισσός

43Le serment des Drériens (iiie s.) prévoit des amendes à l’encontre de tout cosme (magistrat suprême de la cité) qui ne se serait pas acquitté de ses devoirs (IC I, IX 1 = Syll.3 527, C 115-119) :

αἰ δὲ λισσὸς εἴη {ι}, | ἀγγραψάντων | ἐς Δελφίνιον | ὅσσα κα µὴ πρά|ξωντι χρήµατα …
« au cas où il serait insolvable, ils (les bouleutes) afficheront au Delphinion les sommes non recouvrées … ».
L’adjectif rare λισσός « lisse » (refait sur *λῖσσα de *λῑ́-τ-yα ?) [109] apparaît dans l’Odyssée et chez Ctésias de Cnide comme épithète de rochers [110]. Il est sans doute à l’origine du toponyme Λισ(σ)ός, nom d’une petite cité du sud-ouest de la Crète [111], et peut-être du dérivé Λισσήν ou Λισσής localisé par des sources antiques à proximité de Matala [112], ce qui semble témoigner de l’ancienneté du terme dans le dialecte [113]. Dans le passage de Dréros, λισσός prend apparemment le sens métaphorique de « dépouillé, démuni », d’où « insolvable ». Cette acception est isolée, mais l’interprétation peut s’appuyer sur les gloses d’Hésychius λ 1127 Latte : λισσούς · δεοµένους. καὶ τοὺς ἡσυχῇ φαλακρούς, et λ 1128 : λισσόν · ἄναντες. ἀπότοµον. ὑψηλόν. ἔλασσον. ἄθλιον. On notera qu’une évolution sémantique de même type s’observe dans l’adjectif apparenté λῑτός « simple, sobre, frugal » [114].

Λύκτος/Λύττος

44La cité de Λύκτος est mentionnée sous cette forme dans le Catalogue des vaisseaux (Il. 2, 647) et dans la Théogonie (477, 482). L’ethnique correspondant est attesté à date ancienne par des inscriptions (ex. SEG 35, 991, A. 1, ca 500 : [ἔϝ]αδε Λυκτίοισι) et des légendes monétaires (ex. Svoronos, o.c. [n. 62], p. 230, n° 5, ve s. : Λυκτίο̄ν). De nombreux savants admettent l’identification du toponyme ru-ki-to et de l’ethnique ru-ki-ti-jo, fréquents dans les tablettes de Cnossos, avec Λύκτος et Λύκτιος, malgré les difficultés que pose cette interprétation, car on attendrait *ru-ko-to et *ru-ki-si-jo[115]. Elle est défendue en dernier lieu par E. Kaczyńska [116], qui, à la suite d’une suggestion de Ruijgh [117], voit dans ru-ki-to une forme Λύκιστος devenue *Λύκστος par syncope post-mycénienne, d’où Λύκτος (cf. chypr. µέκτος < µέγιστος) [118].

45La variante Λύττος apparaît à partir de l’époque hellénistique, notamment chez Polybe et Strabon [119], mais on trouve déjà Λυτίο̄ν sur des monnaies du ve s. [120] La double orthographe figure dans la notice afférente d’Étienne de Byzance (p. 422, 5-8 Meineke = λ 106 Billerbeck) :

46

Λύκτος, πόλις Κρήτης, ἀπὸ Λύκτου τοῦ Λυκάονος [121]. ἔνιοι Λύττον αὐτήν φασιν διὰ τὸ κεῖσθαι ἐν µετεώρῳ τόπῳ. τὸ γὰρ ἄνω καὶ ὑψηλὸν λύττον φασί.
« Lyktos, cité de Crète, de Lyctos fils de Lycaon. Certains la nomment Lyttos parce qu’elle est située en hauteur ; en effet, ce qui est haut et élevé se dit “λύττος” ».

47La même explication de λύττος se retrouve dans une glose d’Hésychius (λ 1470 Latte : λύττοι · οἱ ὑψηλοὶ τόποι). Selon Chantraine, il est possible que le mot ait été inventé par les lexicographes anciens pour rendre compte du toponyme crétois [122]. Toutefois, vu l’extension que prend le processus d’assimilation régressive en crétois dès le ve s., Λύττος est une évolution normale de Λύκτος (ex. de κτ > ττ : IC IV 72 II 14-15 : νυττί ; IC IV 75 D 2 : ἐσπράτται) [123], et les exemples d’oronymes réunis par E. Kaczyńska (Λυκαβηττός en Attique, Λύκαιον et Λυκώνη en Arcadie, Λυκωρεύς en Phocide, etc.) [124], sembleraient plaider en faveur de l’existence d’un radical *luk- désignant des sites montagneux. Dans le cas de Λύκτος, plutôt que d’y voir un élément de substrat préhellénique, on pourrait se demander s’il n’y a pas là une forme de la racine indo-européenne *leuk- qui exprime à la fois l’idée de « briller, être visible » et de « voir » (grec λευκός « blanc, éclatant » et λεύσσω « voir », lat. lux et luna, skr. lócate « voir » et rócate « briller ») [125]. Λύκτος serait dans ce cas la cité « bien visible » (de loin).

µείων

48L’auteur des Γλῶσσαι κατὰ πόλεις relève une particularité sémantique du dialecte crétois : Κρητῶν (…) µείων ἐλάσσων [126].

49Le comparatif µείων, déjà présent en mycénien avec le suffixe sigmatique (me-u-jo, me-wi-jo < *µείϝ-yως/*µειϝ-yίως) [127], est bien attesté en poésie depuis Homère. Dans la langue des tablettes, me-u-jo (ou me-wi-jo) signifie toujours « plus petit (en taille ou en âge) », souvent par opposition à me-zo (*µέζως < *µέγ-yως). Le sens de µείων est identique chez Homère et, vers 400 av. J.-C., l’arcadien use encore des mêmes termes que le mycénien pour exprimer la différence entre le gros et le petit bétail : τὸ µὲν µέζον πρόβατον …, τὸ δὲ µεῖον (IPArk 2, Tégée, ca 400, l. 14-15) [128]. C’est chez Hésiode que µείων apparaît pour la première fois avec le sens de « moins nombreux » comme antonyme de πλείων (Trav. 690 : ἀλλὰ πλέω λείπειν, τὰ δὲ µείονα φορτίζεσθαι « laisse à terre la plus forte part et n’embarque que la moindre ») [129]. L’évolution, perceptible dans les parlers doriens [130], est systématisée dans la langue juridique gortynienne, où le neutre µεῖον « moins » est régulièrement opposé à πλέον (dialectal πλίον) [131]. Exemple (IC IV 43 Bb 4-6, début ve s.) : utiliser l’eau de la rivière pour irriguer son terrain n’était pas interdit à condition :

50

τὰν δὲ ῤοὰν λείπ̣|εν ὄττον κατέκει ἀ ἐπ᾿ ἀγορᾶ|ι δέπυρα ἢ πλίον, µεῖον δὲ µή
« de laisser tout le volume d’eau que retient le pont de l’agora ou plus, pas moins » [132].

51Cet usage est aussi attesté chez Xénophon [133] et Hippocrate [134], où il peut passer pour un dorisme [135]. Il s’agit en tout cas d’une innovation sémantique ancienne, apparemment répandue dans le domaine dorien. Dans la partie orientale de l’île, µείων est remplacé au iie s. par ἐλάσσων sous l’influence de la koiné[136].

µνωία/µνῴα/µνοΐα – µνωΐτᾱς

52On sait par l’historien Sosicratès (iie s. av.) que le substantif collectif µνοΐα s’appliquait en Crète à une catégorie d’esclaves : τὴν µὲν κοινήν, φησί, δουλείαν οἱ Κρῆτες καλοῦσι µνοίαν, τὴν δ᾿ ἰδίαν ἀφαµιῶτας « les Crétois appellent µνοΐα l’esclavage public et ἀφαµιῶται (voir s.u. ἀφαµία) les esclaves privés » [137]. Les notices d’Hésychius sont moins précises : µνοία · οἰκετεία (µ 1518 Latte) ; µνῴα · δουλεία (µ 1523). Les compilateurs nous apprennent par ailleurs que l’individu membre de la µνοΐα était appelé µνωίτᾱς ou µνῴτᾱς. Ainsi Pollux, III 83 (I, p. 180, 21-22 Bethe) : µεταξὺ δ᾿ ἐλευθέρων καὶ δούλων … καὶ Κρητῶν κλαρῶται καὶ µνωῖται ; Hermonax cité par Athénée, VI 267c : Ἓρµων δὲ ἐν Κρητικαῖς Γλώσσαις µνώτας τοὺς εὐγενεῖς οἰκέτας (la bonne leçon ἐγγενεῖς est conservée par Eustathe, Il. 1024, 37) ; Ét. Byz., s.u. Χίος, 694, 6 Meineke : καὶ Κρῆτες Μνωίταις ; Hésychius, µ 1520 : µνωῖται · δοῦλοι [138].

53Sur le plan lexical, l’intérêt de µνοία réside dans l’origine et la formation du mot : il s’agit d’un dérivé du substantif archaïque δµώς, -ωός (le plus souvent employé au pluriel δµῶες, fém. δµωαί/δµωιαί), qui désigne les « gens de la maison », d’où les « domestiques » [139]. Ce mot homérique et poétique [140], synonyme plus ancien de οἰκεύς et οἰκέτης, appartient sans doute au fonds achéen de l’épopée, de sorte que la présence de µνοία en crétois est assignable au substrat prédorien [141].

54Supplanté par ϝοικεῖς dans le vocabulaire juridique gortynien, le pluriel δµῶες, transformé en féminin collectif *δµω-ίᾱ ou *δµω-ίψᾱ [142] > µνωΐα > µνοία [143], avait survécu dans le dialecte : on le trouve ainsi dans un σκόλιον cité par Athénée, attribué à un Crétois du nom d’Hybrias, inconnu par ailleurs [144]. L’auteur se vante de sa richesse et de son statut d’aristocrate, qu’il doit à la possession de ses armes ; c’est grâce à elles qu’il est appelé « maître des serviteurs » (v. 5 : τούτῳ δεσπότας µνοΐας κέκληµαι). Outre cet emploi, le mot, qui ne figurait pas jusqu’à présent dans le corpus épigraphique crétois, est apparu récemment dans la clause d’assistance militaire d’un traité de la fin du iiie s. entre Hiérapytna et Aptéra, où il désigne vraisemblablement les esclaves exploitant des terres marginales directement menacées par toute incursion ennemie et, par métonymie, ces terres elles-mêmes [145] :

55

καὶ εἴ τις κα ἐνβάλληι ἐς |[τὰν τῶν Ἱε]ρ̣α̣πυτνίων χώραν ἢ ἀποτάµ̣ν̣ηται τᾶς χώρας |[ἢ λιµένας ἢ νάσο]ς̣̣ φ̣ρ̣ώρια καταλαµβάνηται ἢ µνωίαν̣ |[φθείρηι …]
« et si (un ennemi) pénètre sur le territoire des Hiérapytniens ou retranche du territoire des ports ou des îles ou s’empare de fortins ou ravage (les terres occupées par) la population servile … ».

56Les restitutions sont garanties par les clauses correspondantes d’autres traités crétois, en particulier IC I, XVI 17 (Chaniotis, Verträge, n° 37, Lato – Eleutherna), l. 14-19, où apparaît dans le même contexte le mot οἰκετήια, dérivé collectif de οἰκέτης désignant aussi une population servile, dans lequel Hésychius voyait précisément un synonyme de µνοία (voir la glose µ 1518 citée plus haut).

ναεύω

57Parmi les créations lexicales du crétois de Gortyne figure le verbe ναεύω qui se dit de l’esclave cherchant asile dans un temple [146]. Exemple dans les Lois de Gortyne IC IV 72 I 39-43 (deux parties se disputent la propriété d’un esclave) :

αἰ δέ | κα ναεύε̄ι ὀ δο̃λος ὀ̃ κα νικαθε̃|ι, καλίο̄ν ἀντὶ µαιτύρο̄ν δυο̃ν δ|ροµέο̄ν ἐλευθέρο̄ν ἀποδεικσάτ|ο̄ ἐπὶ το̃ι ναο̃ι ὄπε̄ κα ναεύε̄ι
« si l’esclave pour qui l’on a perdu (un procès) est réfugié dans un temple, (le perdant), après avoir convoqué (la partie adverse) en présence de deux témoins libres majeurs, montre (l’esclave) dans le temple où il est réfugié » [147].
L’interprétation traditionnelle de ναεύω a été contestée par A. Chaniotis, qui observe que, si tel était le sens du passage, on s’attendrait à ce que le législateur eût employé le terme propre ἱκετεύω ou ἱκέτης. Selon lui, le maître de l’esclave faisant l’objet du litige le « déposait » dans un temple pendant la durée du procès pour éviter que la partie adverse ne s’en empare [148]. Cette hypothèse est ingénieuse, mais la glose d’Hésychius ναύειν · ἱκετεύειν. παρὰ τὸ ἐπὶ τὴν ἑστίαν καταφεύγειν τοὺς ἱκέτας (corrigée en ναεύειν par Latte ν 116, cf. DELG, s.u. νᾱός), corrobore la communis opinio.

Ὄθρυς – Ὀθρυονεύς

58Une glose intéressante d’Hésychius attribue au crétois un nom de la « montagne » devenu oronyme en Thessalie : ὄθρυν · Κρῆτες τὸ ὄρος (o 163 Latte) [149]. Plutôt que d’y voir une variante de ὀφρῦς [150], on peut, en invoquant, à la suite de Lejeune, une confusion entre sourdes aspirées et sonores observée dans des emprunts préhelléniques (cf. da-pu2-ri-to-jo = *Δαφυρίνθοιο en regard de λαβύρινθος), rapprocher ce mot du toponyme *o-du-ru bien attesté dans les tablettes de Cnossos (dat.-loc. o-du-ru-we, gén. o-du-ru-wo et u-du-ru-wo avec assimilation régressive [151], ethnique o-du-ru-wi-jo) [152]. La plupart des mycénologues situent Odrus en Crète occidentale, mais cette localisation n’est pas assurée [153].

59L’étymologie crétoise de ὄθρυς trouve une confirmation indirecte dans le récit homérique des exploits guerriers d’Idoménée. Comme on l’a observé depuis longtemps [154], plusieurs des héros troyens dont triomphe le chef du contingent crétois portent des noms originaires de l’île : ainsi Phaistos, éponyme de la ville bien connue [155], et Asios fils d’Hyrtakos [156]. On est donc en droit d’inclure dans cette catégorie Ὀθρυονεύς – ethnique de Odrus/Ὄθρυς avec suffixe -ονεύς [157] – dont Idoménée, après l’avoir blessé mortellement, se moque comme d’un adversaire dont il connaît bien l’histoire [158]. Ces épisodes ont sans doute été transposés dans l’Iliade à partir d’une épopée crétoise primitive. En l’occurrence, la lutte entre Idoménée et Othryoneus pourrait refléter une antique tradition évoquant les rivalités « entre des partisans des conquérants achéens et des représentants de la population préhellénique » [159].

ὄνος ἀλέτᾱς

60Une loi gortynienne interdit la saisie des outils nécessaires à la récolte et à la transformation des produits agricoles d’une famille (IC IV 75 B 5-7, milieu ve s.) :

… ἄρατ|ρον, δυγὸν βοο̃ν, κάπετον, µ|ύλανς, ὄνον ἀλέταν …
« une araire, un joug pour les bœufs, une bêche [160] (?), des meules (inférieures), une meule supérieure … ».
Ce texte contient la plus ancienne apparition (et la seule en dorien) du terme technique ὄνος ἀλέτης (ou ἀλετών), dont le sens précis nous est livré par les lexicographes : Pollux, VII 19, II, p. 57, 1 Bethe : ὄνος ὁ ἀλέτων, καὶ ἡ τράπεζα µύλη ; Hsch., o 913 Latte : ὄνος · ὁ ἀνώτερος λίθος τοῦ µύλου. Il s’agit de la meule supérieure (mobile) par opposition à µύλη (pierre dormante) [161]. Ἀλέτᾱς ne pose pas de difficulté : c’est un nom d’agent formé sur ἀλέω à l’aide du suffixe -τᾱς, très productif en dorien et notamment en crétois [162]. En revanche, le premier terme de l’expression est d’interprétation plus délicate. On ne pouvait manquer de songer à une meule rotative entraînée par un âne [163], mais aucun moulin de ce type n’est attesté archéologiquement à une date aussi haute [164] et, d’autre part, ὄνος seul se dit chez Hérondas (VI 83) d’une meule actionnée à la main. De fait, ὄνος présente une série d’emplois techniques dont le rapport sémantique avec l’animal est souvent plus éloigné, voire obscur. Ainsi, M.-Chr. Hellmann observe qu’à Délos le mot désigne le couronnement d’un mur (θριγκός), peut-être par comparaison avec le bât porté par l’âne. Comme elle le suggère, une métaphore du même genre pourrait expliquer ὄνος ἀλέτης [165].

ὀπαῖον

61Une phrase incomplète d’un fragment de règlement d’urbanisme (IC IV 46 B 1-4, début ve s.) prévoit des sanctions contre quiconque, passant par le toit en terrasse du voisin,

62

--- ρος ἐκσο̄́σαι ἢ διαϝά|κσαι ἢ ὀπαῖον δο̄́µα|τος …
« enlèverait (?) ou briserait --- ou le couvercle de cheminée du toit … » [166].

63Dérivé du mot ὀπή (racine *H3ekw – « voir ») indiquant une ouverture et en particulier un « trou dans le toit par où passe la cheminée » [167], l’adjectif rare ὀπαῖος « percé d’un trou » se disait en attique de la tuile ajourée laissant échapper la fumée, comme il ressort du témoignage des lexicographes : Pollux, II, 54, I p. 99, 2-3 Bethe : ὀπαίαν δὲ οἱ Ἀττικοὶ τὴν κεραµίδα ἐκάλουν, ἣ τὴν ὀπὴν ἔχει ; Hsch., o 972 Latte : ὀπαία · κεραµίς, ἣ τὴν κάπνην ἔχουσα. [168] Outre l’occurrence crétoise, le neutre substantivé ὀπαῖον n’est attesté que dans les comptes de l’Érechtheion et dans un passage de Plutarque évoquant le Télestérion d’Éleusis ; il désigne dans les deux cas une sorte de lanterneau [169]. Dans un édifice beaucoup plus modeste comme l’étaient les maisons à toit plat des cités crétoises d’époque archaïque et classique, ὀπαῖον ne peut se référer qu’à un système rudimentaire d’évacuation des fumées, tels ces pithoi sans fond servant de souches de cheminées, dont des fragments ont été retrouvés dans l’habitat refuge de Karphi sur le plateau du Lassithi (MR III C – PG) [170], ou plus probablement à une simple tuile à ὀπή [171].

64Le fait que la plus ancienne attestation de ce terme technique – et la seule se rapportant à une habitation privée – apparaisse en Crète pourrait s’expliquer par la prédominance dans l’île du système de toitures en terrasses hérité de l’époque minoenne, qui aurait favorisé le développement précoce des conduits de cheminées verticaux [172].

παῖµα

65Sur le thème du présent παίω est construit un dérivé remarquable propre au dialecte ; il s’agit du substantif παῖµα (= κόµµα « frappe monétaire ») figurant dans la légende des premiers statères inscrits de Gortyne (Γόρτυνος/Γορτυνίο̄ν τὸ παῖµα) et de Phaistos (Παιστίο̄ν τὸ παῖµα) [173], qui confirme la glose (sans indication géographique) παραίπαιµα · παρακοπή « faux monnayage » (Hésychius, π 520 Hansen). Selon les recherches numismatiques les plus récentes, la datation de ces monnaies, que Le Rider plaçait entre 450 et 425 [174], pourrait être relevée jusqu’aux environs de 470 avant J.-C. [175] Ce terme technique exceptionnel confirme l’implantation ancienne en Crète centrale du verbe παίω [176], bien attesté chez Hérodote mais rare en prose classique [177].

πέλεκυς

66En contrepartie de son admission à l’andreion[178], le scribe Spensithios engagé par la cité de Datala devra verser une contribution (SEG 27, 631 B 11-12, ca 500) : δίκαια ἐς ἀνδρήιον δώσει δ|έκα πέλεο̢υς κρεῶν « à titre de droits à l’andreion il fournira dix doubles haches de viande ».

67L’emploi crétois de πέλεκυς au sens d’unité de poids (six ou dix mines) était connu d’Eustathe (Od., 1878, 57-58 : ἰστέον ὅτι πελέκεων µὲν οὐ µία σηµασία · δηλοῖ γὰρ ἡ λέξις … κατὰ τοὺς παλαιοὺς καὶ σταθµὸν ἐν Κρήτῃ ἑξάµνουν ἢ δεκάµνουν), et d’autres gloses attestent un usage analogue à Chypre et en Béotie [179]. Comme les chaudrons et les trépieds, les doubles haches font partie des instruments prémonétaires servant de poids étalons pour l’échange [180]. En l’occurrence, il doit s’agir « soit de la fourniture effective d’un certain poids de viande, soit de sa contre-valeur, exprimée avec un nom d’unité monétaire » [181].

Σχῦρος

68Dans une liste de mercenaires crétois, nouveaux citoyens d’Hermionè (IG IV 729) [182], figure (col. II 2) un dénommé Σχῦρος Εὐθυµήδεος (LGPN I, p. 417). Cet anthroponyme est un sobriquet bâti sur un nom rare du hérisson attesté uniquement par une glose d’Hésychius : σχῦρ · ἐχῖνος (σ 3055 Hansen) [183].

τεῖον – ὁτεῖος

69Hésychius nous renseigne sur une forme pronominale du dialecte crétois : τεῖον · ποῖον. Κρῆτες (τ 358 Hansen – Cunningham).

70Cette notice est confirmée par l’épigraphie : les textes anciens de Gortyne attestent en effet la forme ὀτεῖος (de *yo-kwe-) qui est spécifique au crétois [184]. Exemples : τείαι δὲ πρόθθ᾿ ἔδο̄κε « celle à qui (le père) a donné auparavant » (LG IV 52) ; ὁτεῖος δέ κα κόσµος | µὴ βέρδηι κατὰ τὰ γεγραµµένα « tout cosme qui n’agirait pas conformément aux prescriptions » (IC I, XVI 1, 32, Gortyne – Lato, fin iiie s.) [185].

τίτᾱς – ἐντιτός

71Le nom d’agent τίτᾱς, formé sur la racine *kwei- de τίνω, illustre bien le processus d’adaptation du vocabulaire ancien au contexte juridique et institutionnel crétois. Le mot, qui appartient au vieux fonds ionien/achéen, est attesté au sens premier dans un vers d’Eschyle (Choéph. 67 : φόνος τίτας « meurtre vengeur »). À Gortyne il désigne un magistrat financier (ou un collège de tels magistrats) chargé de superviser l’activité des cosmes et notamment de percevoir auprès de ceux-ci les amendes qu’ils auraient omis de recouvrer [186]. L’institution existe dès l’époque archaïque (IC IV 14 g-p 1) :

ο̢όσµος ὀ ἐπιστάς, αἰ µὴ ἐστείσαιτο, ἀϝ̣τ̣[ὸν ὀ]π̣ήλεν, καὶ τὸν̣ τ̣ίταν αἰ µὴ ᾿σ̣τείσαιτο …
« le cosme en charge, s’il ne faisait pas payer (l’amende), en serait lui-même redevable, et le titas, s’il ne faisait pas payer … ».
Cet emploi, qui se perpétue au moins jusqu’au iiie s. confirme le second terme de la glose d’Hésychius τίται · εὔποροι ἢ κατήγοροι τῶν ἀρχόντων (τ 966 Hansen – Cunningham). Une autre notice de ce recueil (ε 3374 Latte : ἐντιτόν · ἔνδικον, correction ancienne de la leçon ἔνδικτον du manuscrit) atteste un adjectif verbal de même racine, également conservé dans une inscription hellénistique de Lébèna au sens de « passible d’une amende » [187] et employé, comme son quasi-synonyme ἔνδικον, dans une construction impersonnelle (IC I, XVII 2 A 6, iie s.) : (si le hiarourgos ne perçoit pas l’amende) αὐτῶι ἐντιτὸν ἔστω.

χηρεύω – χήρευσις

72Le mot χήρα, employé chez Homère et en ionien-attique au sens de « veuve », désigne étymologiquement la « femme privée d’homme » [188], comme l’attestent les notices d’Hésychius (χ 407 Hansen – Cunningham : χήρα · ἡ µετὰ γάµον µὴ συνοικοῦσα ἀνδρί, ἡ τὸν ἄνδρα στερηθεῖσα γυνή ; χ 408 : χῆραι · αἱ µὴ ἔχουσαι ἄνδρας) et de Pollux (III 47, I p. 170, 3 Bethe : ἡ µονωθεῖσα ἀπ᾿ ἀνδρὸς χήρα). C’est ainsi que dans les Lois de Gortyne le dérivé χηρεύω s’applique au divorce [189]. Exemple (IC IV 72 III 52-55) :

73

αἰ δὲ ϝοικέα τέ|κοι κε̄ρεύονσα, ἐπελεῦσαι | το̃ι πάσται το̃ ἀνδρός ὂς ὄ|πυιε, ἀντὶ µαιτύρο̄ν δ̣[υ]ο̃ν.
« si une serve divorcée enfantait, qu’elle (ou on) présente (le nouveau-né) au maître de son (ex-)mari devant deux témoins » [190].

74De même, le substantif χήρευσις, employé au sens de « veuvage » dans la Septante, apparaît dans le chapitre des Lois réglementant les droits successoraux de l’ex-épouse (II 45-54) :

75

αἴ κ᾿ ἀνε̄̀ρ [κ]α̣ὶ γ̣υ̣|νὰ διακρ[ί]νο̄ν[τ]αι, τὰ ϝὰ α|ὐτᾶς ἔκεν […] καὶ πέντε στατε̃ρανς ἀί κ᾿ ὀ ἀ|νε̄̀ρ αἴτιος ἐ̃ι τᾶς κ̣ε̣̄[ρ]εύσι|ος
« si un homme et une femme divorcent, (la femme) gardera ses biens propres […] et (recevra) cinq statères si le mari est responsable du divorce ».

χόννος

76Dans une loi sacrée de Gortyne riche en vocabulaire technique (IC IV 145, ca 400) [191], on peut lire (l. 11-12) :

ἱα]ρέα καὶ κοσυβ[άτ]αν παρέχε[ν …… | ….. ἱα]ρώµατα ἐ̣[πὶ τ]ῶν χόννων ἀλη[τά ?---
« que le prêtre et le sacrificateur [192] fournissent des offrandes moulues (?) sur/dans (?) les chonnoi … ».
L’attestation de χόννος confirme une glose d’Hermonax [193] dont il ressort que le mot était employé à Gortyne pour désigner une coupe de cuivre [194]. Selon Comparetti, il pourrait s’agir ici d’un vase à boire de plus grande dimension utilisé comme récipient, mais le contexte mutilé n’autorise aucune certitude [195]. Le terme est de toute manière ancien et l’on a cherché à l’identifier en linéaire B. L’hypothèse qui retrouvait χόννος dans la forme ko-no de Cnossos et Mycènes [196] est à rejeter, le terme en cause désignant vraisemblablement une plante aromatique (σχοῖνος) [197]. En revanche, si l’on admet l’existence d’un neutre χόννον (ou d’un féminin χοννᾱ́) à côté du masculin χόννος, ṭọ-sa ko-na dans les archives thébaines pourrait se lire τόσ(σ)α χόννα ou τό(σ) σαι χονναί « tant de coupes » [198]. Dans ce cas le rapprochement suggéré par les dictionnaires étymologiques avec la racine *ĝhew- de χέω [199] serait exclu.

ὠία/βωία

77Dans une délimitation de frontières entre Lato et Olonte (IC I, XVI 5 ; Chaniotis, Verträge, n° 61 A, fin iie s.) apparaît (l. 59) la séquence καὶ ἐς τὰν ἄν[ω ὠίαν τᾶς] πέτρας [200]. Selon l’étymologie traditionnelle, le mot (ᾦα, ὤα, ὄα) reposerait sur *ὠϝ-ία ou *ὦϝ-γα, dérivé à degré long de ὄϝις [201]. Il désigne une peau de mouton, puis une frange de vêtement en laine de mouton et, plus généralement, un bord, une extrémité ; ce dernier sens est attesté chez les grammairiens et lexicographes (ex. Hsch., ω 84 Hansen – Cunningham : ὦιαι · ἄκραι, ἔσχατα) [202] ainsi que chez Longus (I 4, 2 : ἡ ὤα τοῦ ἄντρου) [203].


Date de mise en ligne : 02/08/2017

https://doi.org/10.3917/phil.891.0073

Notes

  • [1]
    Voir G.M. Kleemann, De universa creticae dialecti indole, adiecta glossarum creticarum collectione, Halle, 1872 ; B. Marzullo, « Hesychii glossae cretensibus tribuendae vel emendandae », dans Πεπραγµένα του Β᾿ Διεθνοῦς Κρητολογικοῦ Συνεδρίου, Athènes, 1968, B, p. 126-129 ; R.A. Brown, Evidence for Pre-Greek Speech on Crete from Greek Alphabetic Sources, Amsterdam, 1985 ; A. Th. Vasilakis, Το κρητικό λεξιλόγιο. Αναφορές στην Κρήτη από τους αρχαίους λεξικογράφους, Héraklion, 1998.
  • [2]
    O. c., p. 20.
  • [3]
    Idem en IC IV 75 A 8-12 (restitué d’après l’inscription citée). Le mot apparaît également vers 500 av. J.-C. à Axos et à Datala dans des contextes mutilés (IC II, V 2, 10 ; IC II, V 4, 2 ; SEG 27, 631 A 18 : ἀπλοπία̣ : sur cette variante, voir L.H. Jeffery – A. Morpurgo-Davies, « Ποινικαστάς and ποινικάζεν : BM 1969. 4-2.1, A New Archaic Inscription from Crete », Kadmos 9 (1970), p. 118-154, spéc. 136-137 et 141 : sur la base de formes comparables (ex. κλεῦο̢ος pour γλεῦκος à Datala et ἀντρήιον pour ἀνδρήιον à Axos vers la même époque, cf. Hsch. κ 2837 L. : κλάγος · γάλα. Κρῆτες, en face de γλάγος « lait » chez Homère et Pindare) et d’exemples inverses (δρίωτον et βρυτανεῖον à Gortyne, ive et iiie s.), les auteures étaient tentées d’expliquer ce phénomène par une neutralisation phonétique de l’opposition sourde/sonore devant liquide. Voir aussi le présent article s. u Ὄθρυς – Ὀθρυονεύς.
  • [4]
    Cf. la formule de serment citée par Thucydide (V 47, 8 : ἐµµενῶ τῇ ξυµµαχίᾳ … δικαίως καὶ ἀβλαβῶς καὶ ἀδόλως), courante dans les inscriptions attiques du ve s. : IG I3 54, 23, 26-27 ; IG I3 89, 29, etc.
  • [5]
    Cf. P. Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque. Histoire des mots, nouvelle édition avec, en supplément, les Chroniques d’étymologie grecque (1-10) rassemblées par A. Blanc, Ch. de Lamberterie et J.-L. Perpillou, Paris 2009 [ci-après DELG], s.u. βλάβη ; M. Bile, Le dialecte crétois ancien. Étude de la langue des inscriptions. Recueil des inscriptions postérieures aux IC [ci-après Dialecte], Paris, 1988, p. 123-124 ; F.R. Adrados et al., Diccionario griego-español, Madrid, 1980 [ci-après DGEsp], s.u. ἀβλοπία.
  • [6]
    Kleemann, o.c. [n. 1], p. 20 et 26 ; cf. Brown, o.c. [n. 1], p. 33.
  • [7]
    DELG, l.c. ; Brown, o.c., p. 21-22. – En ce qui concerne la finale, le crétois s’apparente ici à l’ionien, qui, en face de l’attique ἀβλάβεια, présente pour le même mot un dérivé en -ίη attesté en poésie à date ancienne (H. h. Herm., 393 : ἐπ᾿ ἀβλαβίῃσι νόοιο « sans arrière-pensée ») et employé à Érythrées comme épiclèse euphémistique des Érinyes (Ἀβλαβίαι) dans une vente de prêtrises du iiie s (Syll.3 1014, l. 68). Le doublet à thème sigmatique ἀβλάβεια est attesté chez Eschyle (Ag. 1024) et ne réapparaît pas avant Plutarque. Sur l’alternance -εια/-ίᾱ dans la finale des substantifs abstraits dérivés d’adjectifs sigmatiques, voir à présent A. Blanc, « La troncation présuffixale en grec ancien : les dérivés du type de ἀλήθειᾰ et ἀµαθίᾱ », BSL 108 (2013), p. 197-222, spéc. p. 208 pour ἀβλοπία.
  • [8]
    O. Masson, « Anthroponymie grecque et dialectologie », R. Ph. 37 (1963), p. 214-223, spéc. p. 214-217 (= id., Onomastica graeca selecta, éd. C. Dobias-Lalou et L. Dubois [ci-après OGS], I-II, Paris, 1990, p. 39-42).
  • [9]
    P. Perdrizet – G. Lefebvre, Les graffites grecs du Memnonion d’Abydos, Nancy – Paris – Strasbourg, 1919, n° 60, l. 2 (iiie/iie s., cf. M. Launey, Recherches sur les armées hellénistiques I, Paris, 1949, p. 265-266) ; IC I, XXII 47, 2 (Olonte, iie s.) ; H. van Effenterre, « Fortins crétois », dans Mélanges d’archéologie et d’histoire offerts à Charles Picard, II, Paris, 1949, p. 1033-1046, spéc. p. 1039 (région d’Olonte, époque gréco-romaine) ; IC IV 387, 3 (Gortyne, iie s., Κ̣λήτωρ Ἀχάντω Χερσον[άσιος] Guarducci, [Ἀ]λήτωρ Masson, o.c., p. 215 = SEG23, 594). Cf. P.M. Fraser – E. Matthews, A Lexicon of Greek Personal Names [ci-après LGPN], I, Oxford, 1987, p. 28.
  • [10]
    Comme beaucoup d’autres noms de desservants : cf. F. Bechtel, Die historische Personennamen des Griechischen bis zur Kaiserzeit [ci-après HPN], Halle, 1917, p. 516-517.
  • [11]
    IG V 2, 405 (ve s.) : appellatif ou anthroponyme ? cf. Masson, o.c., p. 217 ; L. Dubois, Recherches sur le dialecte arcadien, Louvain-la-Neuve, 1988, II, p. 215.
  • [12]
    Sur la forme λειτόρας (ou λείτορας ?) attestée au iiie s. en Hestiaiotide (SEG36, 548, 20-21), voir B. Helly, « La convention des Basaidai », BCH94 (1970), p. 161-189, spéc. p. 179-180 ; O. Masson, « Variétés thessaliennes », R. Ph. 1980, p. 226-232, spéc. p. 227-228 ; J.L. García Ramón, « Cuestiones de léxico y onomástica tesalios », dans A.C. Cassio (éd.), ΚΑΤΑ ΔΙΑΛΕΚΤΟΝ, Atti del III Colloquio Internazionale di Dialettologia Greca, ΑΙΟΝ 1997, Naples, 1999, p. 521-552, spéc. p. 537 : la réfection de -τωρ en -τορας préfigure un développement du grec moderne.
  • [13]
    IG II2 4817, 25, iie/iiie s. apr. (λείτωρ) ; IG II2 1369, 38, fin iie s. apr. (ὁµολείτωρ). Influence béotienne ? Cf. la glose d’Hésychius λείτειραι · ἱέρειαι (λ 550 Latte, λείτειρη Schmidt) qui est sans doute béotienne : E. Kretschmer, « Beiträge zur Wortgeographie der altgriechischen Dialekte », Glotta 18 (1929), p. 67-100, spéc. p. 83-84 ; Masson, o.c. (n. 8), p. 217.
  • [14]
    Hsch., λ 912 Latte : λῃτῆρες · ἱεροὶ (à lire ἱερεῖς ?) στεφανηφόροι. Ἀθαµᾶνες.
  • [15]
    C’est la conclusion de Masson, l. c., déjà suggérée par Kretschmer, o.c., p. 84. Cf. aussi DELG, s.u. λήτωρ : l’étymologie n’est pas établie, le rapport souvent proposé avec λειτουργός se heurtant à des difficultés phonétiques.
  • [16]
    Cette fluctuation – notamment l’alternance sourde/sonore – suggère un emprunt au substrat préhellénique ; cf. A. Heubeck, Praegraeca. Sprachliche Untersuchungen zum vorgriechisch-indogermanischen Substrat, Erlangen, 1961, p. 23 et n. 3 ; Brown, o.c. [n. 1], p. 25 ; I. Hajnal, « Zur Sprache der ältesten kretischen Dialektinschriften », Teil 2 : IF 93 (1988), p. 62-87, spéc. p. 67 et n. 61 ; EDG, s.u. ἄρκευθος.
  • [17]
    La graphie ϝεδίµνονς pour µεδίµνονς suppose une articulation arrondie du son w, sans doute proche de b. Comme l’avait déjà remarqué G. de Sanctis (cité par M. Guarducci, « Ordinamenti dati da Gortina a Kaudos in una iscrizione inedita di Gortina », RFIC 58 [1930], p. 471-482, ici p. 473-474), on observe le même type de dissimilation dans le participe βαρνάµενος = µαρνάµενος couramment attesté dans des épigrammes funéraires d’époque archaïque et classique (Athènes, Corcyre, Acarnanie, Lemnos, Eion/Amphipolis, cf. M. Lejeune, Phonétique historique du mycénien et du grec ancien [ci-après Phonétique], Paris, 1972, p. 151-152 ; L. Threatte, The Grammar of Attic Inscriptions I. Phonology, Berlin – New York, 1980, p. 492-493).
  • [18]
    Le mot φορά « action de porter (des fruits), production, récolte », se réfère ici au mode de fructification du genévrier, dont les baies arrivent à maturité au bout de deux ans environ, d’où une alternance de production (Théophraste, H.P., III 4, 1 et 5) dont les Gortyniens tiennent compte dans leurs exigences annuelles vis-à-vis des Caudiens ; cf. Guarducci, o.c., p. 478-479 ; A. Petropoulou, Beiträge zur Wirtschafts- und Gesellschaftsgeschichte Kretas in hellenistischer Zeit, Francfort – Berne – New York – Paris, 1985, p. 53 ; Chaniotis, Verträge, p. 416 et n. 1992.
  • [19]
    O. Rackham – J. Moody, Η δηµιουγία του κρητικού τοπίου (The Making of the Cretan Landscape), trad. gr. annotée et munie d’une bibliographie complémentaire par A. Chaniotis, Héraklion, 2004 [1996], p. 87-88.
  • [20]
    Chaniotis, Verträge, p. 416 et n. 1994 et 1995 : des sources égyptiennes attestent que la Crète minoenne exportait du bois ou des baies de genévrier vers l’Égypte.
  • [21]
    G. Daux, BCH 100, 1976, p. 211-213 = SEG26, 1046 (cf. J. et L. Robert, BE 1977, n° 372) ; cf. A. Lebessi, « Ἡ συνέχεια τῆς κρητοµυκηναϊκῆς λατρείας. Ἐπιβιώσεις καὶ ἀναβιώσεις », AE 1981 [1983], p. 1-24, spéc. p. 4-5 et notes ; ead., Το ιερό του Ερµή και της Αφροδίτης στη Σύµη Βιάννου, I. Χάλκινα κρητικά τορεύµατα, Athènes, 1985, p. 73, 150-152.
  • [22]
    Autres occurrences : ibid. l. 55 et 74 ; IC I, XVI 5, 56 et Chaniotis, Verträge, n° 61 A, l. 56.
  • [23]
    Voir G.P. Shipp, Modern Greek Evidence for the Ancient Greek Vocabulary, Sidney, 1979, p. 98 : ἄρος est attesté en tsaconien (référence également donnée par Chantraine dans le DELG, s.u. ἄρος) ainsi qu’à Chios, Skyros et Carpathos.
  • [24]
    A. Ξανθινάκης, Λεξικό του δυτικοκρητικού γλωσσικού ιδιώµατος4, Héraklion 2009, p. 128. Voir P. Faure, Recherches de toponymie crétoise. Opera selecta, Amsterdam, 1989, p. 128-129 et 151, qui évoque les pierres à cupules, et surtout Chaniotis, Verträge, p. 156 et n. 986.
  • [25]
    Chaniotis, Verträge, p. 347, hésite entre « source » et « étang », et traduit « zur heiligen Quelle (?) » (p. 343). Cf. DGEsp, s.u. ἄρος (« réservoir d’eau »). H. van Effenterre – M. Bougrat, « Les frontières de Lato », Kretika Chronika 21 (1969), p. 9-53, spéc. p. 18 et n. 13, rapprochaient à tort le mot de ἄρουρα et traduisaient « lieu saint ». H. et M. van Effenterre, « La terminologie des bornages frontaliers », dans E. Olshausen – H. Sonnabend (éd.), Stuttgarter Kolloquium zur historischen Geographie des Altertums 4, 1990, Amsterdam, 1994, p. 111-125, spéc. p. 118, n’excluent pas l’hypothèse de Faure (cf. n. 24). Bile, Dialecte, p. 356, n. 116, ne se prononce pas.
  • [26]
    Tel doit être en effet le sens de ἀφέταιρος dans ce contexte religieux.
  • [27]
    N. Platon, « Ἐπιγραφὴ ἱεροῦ ἐκ Κνωσοῦ », Kretika Chronika 2 (1948), p. 93-108, spéc. p. 104-105 ; O. Masson « Cretica VI-IX », BCH 109 (1985), n° VI, p. 189-194, en particulier p. 192.
  • [28]
    Voir déjà les doutes de J. et L. Robert, BE 1949, n° 140.
  • [29]
    Apud Masson, o.c. (n. 27), p. 200 (note de correction).
  • [30]
    Cette interprétation est également jugée plus satisfaisante par Bile, Dialecte, p. 361 et n. 133, qui explique le double sigma par « les échanges graphiques d’époque tardive entre consonnes simple et double ».
  • [31]
    DELG, s.u. ἀσυρής : « l’α serait augmentatif ».
  • [32]
    Voir le commentaire de H. van Effenterre – F. Ruzé, Nomima. Recueil d’inscriptions politiques et juridiques de l’archaïsme grec [ci-après Nomima] I, Rome, 1994, n° 26, p. 118-119, dont j’adopte la restitution ; cf. P. Perlman, « Tinker, Tailor, Soldier, Sailor : The Economies of Archaic Eleutherna, Crete », ClAnt 23 (2004), p. 95-137, spéc. p. 108.
  • [33]
    Cf. IC I, XVI 5, 55 (Lato – Olonte, Chaniotis, Verträge, n° 61 A), l. 54-55 (fin iie s.).
  • [34]
    Hsch., α 8642 Latte : ἄφηµοι · ἀνώνυµοι, ἀκλεεῖς ; α 8644 : ἀφηµοῦντας · ἀγροίκους ; α 8640 : ἀφηµιάστους · ἀγροικίας, qu’il faut sans doute corriger avec Schmidt (α 8728) en ἀφηµ<ίας · τὰς> ἀγροικίας. Sur ces gloses, voir Marzullo, o.c. [n. 1], p. 126.
  • [35]
    Pour l’étymologie, voir F. Bechtel, Die griechischen Dialekte [ci-après GD] II, Berlin, 1923, p. 781 ; DELG, s.u. φηµί ; F. Gschnitzer, Studien zur griechischen Terminologie der Sklaverei. Zweiter Teil : Untersuchungen zur älteren, insbesondere homerischen Sklaventerminologie, Wiesbaden, 1976, p. 76-78 et n. 166.
  • [36]
    Pour l’aspect historique, voir R.F. Willetts, Aristocratic Society in Ancient Crete, Londres, 1955, p. 46-48 ; van Effenterre – Bougrat, o.c. [n. 25], p. 39-41 ; Gschnitzer, l. c. ; G. Audring, Zur Struktur des Territoriums griechischer Poleis in archaischer Zeit, Berlin, 1989, p. 95-96 ; R. Koerner, Inschriftliche Gesetzestexte der frühen griechischen Polis, Cologne, 1993, n° 115*, p. 363 ; Nomima I, l. c. ; Chaniotis, Verträge, p. 20, n. 75 ; Perlman, o.c. [n. 32], p. 103.
  • [37]
    Le manuscrit d’Hésychius présente la leçon βρέκος, mais βρεῦκος (correction de Vossius) était garanti par l’ordre alphabétique avant même d’être confirmé par l’épigraphie ; cf. Kleemann, o.c. [n. 1], p. 29.
  • [38]
    Repris dans A. Jacquemin – D. Mulliez – G. Rougemont, Choix d’inscriptions de Delphes, traduites et commentées, Paris – Athènes, 2012, n° 192, p. 345-348.
  • [39]
    Bechtel, GD II, p. 722 ; O. Masson, « Onomastique et lexique. Noms d’hommes et termes grecs pour “ver”, “sauterelle”, “cigale”, etc. », Mus. Helv. 43 (1986), p. 250-257, spéc. p. 250-251 (= OGS II, p. 485-492 [485-486]). – Βρεῦκος est également attesté à Épidamne (I. Epid. 143, 1, ép. imp.) et en Macédoine (IG X 2, 2, 323, 19, ier s. apr.) ; cf. respectivement LGPN IIIA, p. 94 et IV, p. 75. Sur le rapport éventuel de cet anthroponyme avec l’ethnique des Βρῦγοι, peuple illyrien établi à proximité d’Épidamne, voir O. Masson, « Encore les noms grecs et les noms illyriens à Apollonia et Dyrrhachion », dans P. Cabanes (éd.), Grecs et Illyriens dans les inscriptions en langue grecque d’Épidamne-Dyrrhachion et d’Apollonia d’Illyrie, Paris, 1993, p. 77-80 (= id., OGS III, Genève, 2000, p. 160-163).
  • [40]
    Le mot ἀττέλεβος (ou ἀττέλαβος) désigne une espèce de sauterelle comestible (cf. DELG, s.u. ἀττέλαβος). – La forme à aspirée βροῦχος apparaît dans la Septante et survit en grec moderne comme appellatif et comme anthroponyme ; cf. Shipp, o.c. [n. 23], p. 178 et, pour le crétois, Ξανθινάκης, o.c. [n. 24], p. 167.
  • [41]
    SEG 9, 46 (ive s.), l. 8 et 35 (LGPN I, p. 105) ; cf. C. Dobias-Lalou, Le dialecte des inscriptions grecques de Cyrène, Paris, 2000, p. 282.
  • [42]
    SEG32, 281 (iiie s.), l. 1 (LGPN II, p. 90).
  • [43]
    IG XII 3, 1140 (Mélos, ve s.) ; IG XII 7, 58, 8 (Amorgos, iiie s.) ; cf. Bechtel, HPN, p. 581 ; LGPN I, p. 105.
  • [44]
    On ne dispose pas de confirmation épigraphique à ce jour pour Chypre et Tarente. En ce qui concerne le chypriote, M. Egetmeyer, Le dialecte grec ancien de Chypre, Berlin – New York, 2010, I, p. 96, interprète le -ου- de βροῦκα comme une graphie de -ῡ- en comparant le verbe βρῡ́κω « ronger, dévorer », mais ce rapprochement déjà opéré dans l’antiquité ne repose sans doute que sur une étymologie populaire (cf. DELG, s.u. βροῦκος).
  • [45]
    Cf. R. Hitchman, « Some Personal Names from Western Crete », Oxford University Working Papers in Linguistics, Philology & Phonetics, 11 (2006), p. 77-88, spéc. p. 81.
  • [46]
    Cet âge ne nous est pas connu mais doit être proche de la vingtième année ; cf. notamment Guarducci, IC IV, p. 150 ; R.F. Willetts, The Law Code of Gortyn, Berlin, 1967, p. 11 ; Y.Z. Tzifopoulos, « “Hemerodromoi” and Cretan “Dromeis” : Athletes or Military Personnel ? The Case of the Cretan Philonides », Nikephoros 11 (1998), p. 137-170, spéc. p. 153-155.
  • [47]
    Guarducci, IC IV, p. 170, rapproche un passage de Plutarque (Lyc., 25) indiquant qu’à Sparte les citoyens jouissaient de la plénitude de leurs droits civils à trente ans révolus ; elle observe qu’à Gortyne l’âge correspondant devait tourner autour de trente-cinq ans. Cf. Willetts, o.c., p. 79 ; I. Calero Secall, Leyes de Gortina, Madrid, 1997, p. 303-304 ; Tzifopoulos, l. c. Tirant argument de la catégorisation des δεκάδροµοι et πεντεκαιδεκάδροµοι, G. Seelentag, Das archaische Kreta. Institutionalisierung im frühen Griechenland, Berlin – Boston, 2015, p. 281-282 (et 500-503), estime que le terme δροµεύς ne s’appliquait qu’aux jeunes citoyens âgés de vingt à trente ans, ce qu’aucun texte ne permet toutefois d’affirmer.
  • [48]
    E. Stavrianopoulou, « Ἡµερολόγιο θυσιῶν τῆς Ἐλεύθερνας », dans Th. Kalpaxis (éd.), Ἐλεύθερνα. Τοµέας II, 1. Ἐπιγραφές ἀπό τό Πυργί καί τό Νησί, Réthymno, 1991, n° E 5α, p. 31-50, spéc. p. 33 et 38 ; cf. E. Lupu, Greek Sacred Law. A Collection of New Documents, Leyde, 2005, n° 23, p. 334-335.
  • [49]
    Pour ὀπε̄́λο̄ν (= att. ὀφείλων), voir Bile, Dialecte, p. 92 et 330.
  • [50]
    Sur les emplois de ἀναδέχεσθαι dans les parlers où ἐγγυᾶσθαι n’est pas attesté – ce qui est le cas du crétois ancien –, voir J. Partsch, Griechisches Bürgschaftsrecht, Leipzig, 1909, p. 117-118.
  • [51]
    D’autres commentateurs (C.D. Buck, The Greek Dialects, Chicago, 1955 [ci-après GD], p. 329 ; Willetts, o.c. [n. 46], p. 74 ; Calero Secall, o.c. [n. 47], p. 281-282) préfèrent donner à διαβάλλοµαι le sens de « tromper (par de faux discours) », qui est attesté en ionien-attique. Les deux options sont mentionnées dans le DGEsp, s.u. διαβάλλω B III 1 « quizá complicado en fraude » ou « el que está comprometido (a pagar) por escrito ». H. Liddell – R. Scott – H.S. Jones, A Greek-English Lexicon, 9e éd., Oxford, 1940 [ci-après LSJ], s.u. διαβάλλω VIII, donnent seulement « contract an obligation ».
  • [52]
    Ce sens est répertorié dans le LSJ, s.u. διεῖπον II, et dans le DGEsp., s.u. διαλέγω B I 4. Le moyen διειπέσθαι est attesté dans deux passages du corpus aristotélicien (Économique II 29a, 1351b, et Éthique à Eudème 1243a 31) au sens de « se mettre d’accord, s’engager (verbalement) ». Selon F. Pringsheim, The Greek Law of Sale, Weimar, 1950, p. 246 et n. 7, l’emploi de διειπέσθαι « suggests a formal contract, probably a συγγραφὴ δανείου ».
  • [53]
    Notamment κοῖον · ἐνέχυρον (κ 3264) ; κῶιον · ἐνέχυρον (κ 4794) ; κῷα · ἐνέχυρα (κ 4766) ; κοιάζει · ἐνεχυράζει (κ 3223) ; κῳάζειν · ἀστραγαλίζειν, ἐνεχυράζειν (κ 4767) ; κῳασθείς · ἐνεχυρασθείς (κ 4768). Voir le commentaire de K. Latte, Hesychii Lexicon II, Copenhague, 1966, p. 818 : à la lumière de l’ensemble des données, il faut probablement partir de κῷον avec abrègement de la diphtongue à premier élément long, la forme gortynienne étant ambiguë (ἐνκοιο̄ταί ou ἐνκο̄ιο̄ταί).
  • [54]
    SEG 40, 348, 5 ; cf. J. et L. Robert, BE 1976, n° 267.
  • [55]
    IG I, V 210, 57 ; 211, 53 ; 212, 61 (Ier s. av.). Le sens serait « garant » selon E. Fraenkel, Nomina agentis : Geschichte der griechischen Nomina agentis auf -τήρ, -τωρ, -της (-τ-), I, Strasbourg, 1910, p. 158. Les autres hypothèses présentées par É. Bourguet, Le dialecte laconien, Paris, 1927, p. 112-114, sont moins convaincantes.
  • [56]
    Gages : Guarducci, IC IV, p. 145 et 166 ; Calero Secall, o.c., p. 186 et 280-281. – Garanties en argent : Buck, GD, p. 357 ; Willetts, o.c. [n. 46], p. 47 et 71 ; Á. Martínez Fernández, « Estudio sobre el vocabulario económico en el dialecto cretense », dans Actas del Congresso Internacional de Semántica 1997, II, Madrid, 2000, p. 1139-1150, spéc. p. 1148 ; DGEsp, s.u. ἐγκοιο̄τός.
  • [57]
    DELG, s.u. 1 ἐρέω ; EDG, s.v. εἴροµαι.
  • [58]
    Les ἐρευταί sont également mentionnés dans un traité du iie siècle entre Hiérapytna et Cnossos (IC I, VIII 13 ; Chaniotis, Verträge, n° 50, l. 18), ainsi que dans un traité non encore publié entre Gortyne, Cnossos et leurs alliés, datant de l’époque du Koinon crétois, où ils sont chargés de la perception d’amendes pour faits de désertion (SEG 60, 985).
  • [59]
    F. Aura-Jorro, Diccionario micénico [ci-après Dmic] I, Madrid, 1985, p. 243.
  • [60]
    A. Bartoněk, Handbuch des mykenischen Griechisch, Heidelberg, 2003, p. 254 et 363 (« Prüfer, Aufseher, Inspektor ? »).
  • [61]
    Ainsi Chaniotis, Verträge, p. 145-146 et 314 (« Untersucher »). Cf. DELG, l.c. : « enquêteurs qui font rentrer les impôts ». Il est à noter que dans le nouveau traité les ἐρευταί apparaissent aussi investis de compétences judiciaires ; cf. A 17-18 d’après A. Chaniotis, « Prozeßrechtliches aus dem hellenistischen Kreta », dans G. Thür (éd.), Symposion 2009, Vienne, 2010, p. 169-183, spéc. p. 177 (SEG 60, 985) : ὧν δέ κα κα[τακρίνωντι] | οἱ ἐρευταὶ καὶ πρατόντων τούτος αὐτοὶ κατὰ τὸ [διάγρανµα] ; les restitutions sont dues à A. Chaniotis et Ch. Kritzas, qui préparent la publication de l’inscription.
  • [62]
    Voir Guarducci, IC II, p. 42-43 ; P. Perlman, « Crete », dans M.H. Hansen, – T.H. Nielsen (éd.), An Inventory of Archaic and Classical Poleis, Oxford, 2004, n° 950, p. 1153-1154. La forme à initiale w est ancienne ; elle est attestée chez Hérodote (IV 154) sous la graphie Ὄαξος (pour l’accentuation, voir Hérodien, I, p. 186, 19 Lentz), qui est courante jusqu’au iie s. en dehors de Crète (cf. Bile, Dialecte, p. 118 et n. 192). La légende Ϝακσίο̄ν (début ive s.) ou Ϝαξίων est aussi la plus fréquente sur les monnaies de la cité (J. Svoronos, Numismatique de la Crète ancienne, Mâcon, 1890, p. 36-41 et pl. II 30, 31, 36, 38 ; III 2-6, 11).
  • [63]
    H. Frisk, Griechisches etymologisches Wörterbuch, Heidelberg, 1960-1973 [ci-après GEW], DELG et EDG, s.u. ἄγνυµι.
  • [64]
    Ainsi P. Faure, « Toponymes préhelléniques dans la Crète moderne », Kadmos 6 (1967), p. 41-79, spéc. p. 51 (= Faure, o.c. [n. 24], p. 85-123 [95]) ; Brown, o.c. [n. 1], p. 126-127. A. Fick, Vorgriechische Ortsnamen als Quelle für die Vorgeschichte Griechenlands, Göttingen, 1905, p. 28 et 126, évoquait une origine carienne ou lycienne. – Le rapprochement parfois proposé avec le toponyme crétois e-ko-so attesté dans les tablettes mycéniennes de Cnossos est insoutenable : cf. Dmic I, p. 214 ; J.K. McArthur, Place Names in the Knossos Tablets. Identification and Location, Salamanque, 1993, p. 134-135, 244.
  • [65]
    P. Kretschmer, « Zur griechischen Lautlehre », ZVS 33 (1895), p. 466-473, spéc. p. 472.
  • [66]
    Bechtel, GD II, p. 694-695 ; E. Schwyzer, Griechische Grammatik I. Allgemeiner Teil. Lautlehre. Wortbildung. Flexion [ci-après GG I], Munich, 1939, p. 473 ; Buck, GD, p. 129 ; H. Rix, Historische Grammatik des Griechischen. Laut- und Formenlehre2, Darmstadt, 1992, p. 165. Le degré radical de ϝεκών en regard de véd. uśánt- pourrait être une création du grec, par élimination de l’alternance indo-européenne e/zéro observée en véd. (vaś-mi / uś-ant-) et généralisation du degré plein (voir Ch. de Lamberterie dans DELG, Suppl., p. 1293-1294).
  • [67]
    Bile, Dialecte, p. 146 : la graphie -θθ- (à côté de -ττ-) est attestée depuis le ve s. Curieusement, l’auteure rejette pourtant sans raison l’attribution de la glose au crétois.
  • [68]
    Dobias-Lalou, o.c. [n. 41], p. 135.
  • [69]
    KN Ai 1037.1 : ?do-]e-ra we-ka-sa[; cf. Dmic II, Madrid, 1993, p. 418 ; Bartoněk, o.c. [n. 60], p. 181, 303.
  • [70]
    La forme ἴαττα (att. οὖσα) est l’équivalent dialectal, avec traitement -ττ- du groupe *tj, du mycénien a-pe-a-sa (DMic I, p. 77) et de l’arcadien ἔασα (Dubois, o.c. [n. 11] I, p. 74, et III, p. 26) qui reflètent la flexion originelle de l’indo-européen *H1s-n̥t-yH2 (Lejeune, Phonétique, p. 108, 198 ; M. Meier-Brügger, Griechische Sprachwissenschaft, Berlin – New York, 1992, II, p. 63). Ce vieux participe apparaît ailleurs en dorien dans une lamelle oraculaire de Dodone (fin vie s.) dont l’auteur est sans doute originaire d’une colonie corinthienne (É. Lhôte, Les lamelles oraculaires de Dodone, Genève, 2006, n° 41, p. 106-107 = SEG 51, 746, l. 6-7), dans un acte d’affranchissement de Messénie (IG V 1, 1470, 8, début iiie s.), en cyrénéen sous la forme contracte ἦσσα (SEG 9, 11, 17, ive s. ; cf. Dobias-Lalou, o.c., p. 47 et 135-136) ainsi que dans le Timée de Locres et chez quelques Pythagoriciens écrivant en dialecte dorisant. Il est sans doute aussi attesté en éolien à la fin du iiie s. (R. Hodot, Le dialecte éolien d’Asie, Paris, 1990, p. 28).
  • [71]
    Gortyne : IC IV 3, 1 a-c ([Ϝ]ελχα̣νί[ο̄ι], viie-vie s.) ; IC IV 184 A (Chaniotis, Verträge, n° 69), l. 3 (Ϝευχανίω, iie s.) ; Cnossos : IC I, XVI 3* (Chaniotis n° 54), l. 2 (Ἐλχανίω, fin iie s.) ; Lyttos : IC I, XVIII 11, 3 (Βελχανίοις, iie/iiie s. apr.).
  • [72]
    Svoronos, o.c. [n. 62], p. 259, n° 29-31 (pl. XXIII 24-26) ; G. Le Rider, Monnaies crétoises du ve au ier siècle av. J.-C., Paris, 1966, p. 22, n° 31, et 91, n° 38-40 (pl. IV 6, XXII, 20-24) ; G. Capdeville, Volcanus. Recherches comparatistes sur les origines du culte de Vulcain, Rome, 1995, p. 159-160.
  • [73]
    Le gamma initial est une notation graphique du digamma sorti de l’usage à l’époque du lexicographe. Pour l’accentuation, voir G. Neumann, « Zwei kretische Götternamen », dans H.M. Ölberg et al. (éd.), Sprachwissenschaftliche Forschungen. Festschrift für Johann Knobloch, Innsbruck, 1985, p. 265-270, spéc. p. 266.
  • [74]
    On rapproche habituellement les monnaies de Gortyne au droit desquelles figure cette fois une jeune femme assise dans un arbre et au revers un taureau (Svoronos, o.c., p. 161-172, n° 26-31, 34-36, 51-78, 81-86, 98-106, 109-112 ; pl. XIII-XV ; Le Rider, o.c., p. 56-79, n° 10-72 ; pl. XI 20-26, XII-XVIII, XIX 1-10). Le personnage féminin n’est pas nommé, mais on s’accorde à y reconnaître Europe, qui sur les émissions précédentes apparaissait assise sur le taureau, d’autant que c’est à Gortyne que la légende situait son union avec Zeus, précisément sur un arbre sacré : voir M. Nilsson, The Minoan-Mycenaean Religion and its Survival in Greek Religion2, New York, 1950, p. 550-553 ; K. Sporn, Heiligtümer und Kulte Kretas in klassischer und hellenistischer Zeit, Heidelberg, 2002, p. 202-203 ; Capdeville, o.c. [n. 72], p. 169-177 ; id., « L’épiphanie du dieu dans l’arbre et le culte de l’arbre sacré en Crète et à Chypre », dans A. Motte – Ch.-M. Ternes (éd.), Dieux, fêtes, sacré dans la Grèce et la Rome antiques, Turnhout, 2003, p. 23-52, passim. – L’origine du nom demeure obscure (DELG, s.u. Ϝέλχανος). En faveur de l’origine préhellénique : R.F. Willetts, Cretan Cults and Festivals, Londres, 1962, p. 250-251 ; M. Nilsson, Geschichte der griechischen Religion, I3. Die Religion Griechenlands bis auf die griechische Weltherrschaft, Munich, 1967, p. 323, n. 2 ; C. Trümpy, Untersuchungen zu den altgriechischen Monatsnamen und Monatsfolgen, Heidelberg, 1997, p. 189, n. 793.
  • [75]
    Ainsi Willetts, l.c. [n. 74] ; H. Verbruggen, Le Zeus crétois, Paris, 1981, p. 144.
  • [76]
    P.G. Themelis – A.P. Matthaiou, « Συνθήκη Ἐλευθερναίων καὶ Ῥαυκίων », Tekmeria 9 (2008), p. 209-216, spéc. p. 212 ; Y.Z. Tzifopoulos, « Eleutherna, Sector I : The Inscriptions », dans P.G. Themelis (éd.), Ancient Eleutherna, Sector I, vol. 1, Athènes, 2009, p. 103-152, ici n° 6, p. 110.
  • [77]
    IC I, XXIII 5 (Ϝευχάνω), cf. Capdeville, o.c. [n. 72], p. 160-162 ; Sporn, o.c. [n. 74], p. 205-206 ; D. Lefèvre-Novaro, « Culti e santuari a Festòs in epoca altoarcaica. Per un’ analisi funzionale », Creta Antica 10 (2009), p. 563-597, spéc. p. 582-586.
  • [78]
    H. van Effenterre, « Inscriptions archaïques crétoises », BCH 70 (1946), n° 4, p. 600-602 (= id., Minos et les Grecs. La cité revisitée [études rassemblées par Fr. Ruzé], Paris, 2013, p. 409-411), texte repris dans Y. Duhoux, L’étéocrétois : les textes, la langue, Amsterdam, 1982, n° D.6, p. 29 ; Bile, Dialecte, n° 6, p. 30-31 ; Koerner, o.c. [n. 36], n° 93, p. 341-342 ; P.J. Rhodes – D.M. Lewis, The Decrees of the Greek States, Oxford, 1997, p. 301.
  • [79]
    Dans le même sens, M. Gagarin, « Writing Sacred Laws in Archaic and Classical Crete », dans A.P.M.H. Lardinois et al. (éd.), Sacred Words : Orality, Literacy and Religion, Leyde – Boston, 2011, p. 101-111, spéc. p. 105. Il est plus que tentant de restituer [ϝ]ῖσο[ν] en rapprochant notamment la formule ϝῖσον λακέν du contrat de Spensithios (SEG 27, 631 A 21 et B 1) ; cf. Jeffery – Morpurgo-Davies, o.c. [n. 3], p. 141 ; Duhoux, o.c., p. 29 et n. 16 ; Koerner, l.c.
  • [80]
    Ce substantif est absent de l’ouvrage de J. Casabona, Recherches sur le vocabulaire des sacrifices en grec des origines à la fin de l’époque classique, Aix-en-Provence, 1966, p. 144-146, où ne sont cités que l’adjectif θυστάς, -άδος et le nom d’agent θυτήρ, tous deux attestés chez les tragiques. – Pour d’autres dérivés sur un radical θυσ-, DELG, s.u. 2 θύω, B. 7.
  • [81]
    La notice d’Hésychius permet d’écarter l’hypothèse de K.R. Kristensen, « Archaic Laws and the Development of Civic Identity in Crete, ca. 650-450 BCE », dans O. Pilz – G. Seelentag (éd.), Cultural Practices and Material Culture in Archaic and Classical Crete. Proceedings of the International Conference, Mainz, May 20-21, 2011, Berlin – Boston, 2014, p. 141-157, spéc. p. 148, selon laquelle θυστᾶ[σι] (ainsi accentué) désignerait les citoyens faisant une offrande (θύω). – Dans sa réédition de Nomima I (n° 27, p. 120-121), van Effenterre propose une autre lecture (τοῖς ἰθυντᾶ[σι] … µισθὸ[ν ?]), mais la première hypothèse, outre qu’elle peut s’appuyer sur la glose, est plus satisfaisante pour le sens compte tenu des emplois fréquents de λαγχάνειν dans les lois sacrées. Il faut rappeler enfin que le texte était gravé sur un mur du temple d’Apollon Delphinios et que deux au moins des autres inscriptions archaïques trouvées au même endroit avaient trait à la sphère cultuelle (van Effenterre, o.c. [n. 78], n° 5 et 6, p. 602-604 [= id., Minos, p. 411-413]).
  • [82]
    Ainsi Guarducci, IC I, p. 9.
  • [83]
    Hypothèse de D. Viviers, « La cité de Dattalla et l’expansion territoriale de Lyktos en Crète centrale », BCH 118 (1994), p. 229-259, spéc. p. 241, qui observe « qu’un grand nombre de flèches en fer ont été découvertes à Kato Symi, offrandes aux divinités honorées dans le sanctuaire à l’époque classique » ; cf. Lebessi, o.c. 1985 [n. 21], p. 231.
  • [84]
    I. Bekker (éd.), Γλῶσσαι κατὰ πόλεις, Anecdota Graeca III, Berlin 1821, p. 1095 ; cf. C.M. Bowra, « Γλῶσσαι κατὰ πόλεις », Glotta 38 (1959), p. 43-60, spéc. p. 60 ; Egetmeyer, o.c. [n. 44], I, p. 245.
  • [85]
    ἰόβλης · κάλαµος παρὰ Κρησίν (ι 725 Latte) ; pour le sens de κάλαµος, voir LSJ, s.u., II. 4.
  • [86]
    DELG, s.u. καµάν ; DMic I, p. 309-310 ; Bartoněk, o.c. [n. 60], p. 262 ; Fr. Rougemont, Contrôle économique et administration à l’époque des palais mycéniens (fin du iie millénaire av. J.-C.), Athènes, 2009, p. 123 ; en dernier lieu M.F. Lane, « Linear B wo-wo/wo-wi-ja », Pasiphae 6 (2012), p. 117-183, spéc. p. 128 : ka-ma serait l’équivalent en mycénien de ἐσχατιά en grec alphabétique. L’auteur observe notamment que les terres appelées ka-ma-ha ne sont jamais qualifiées de ki-ti-me-na.
  • [87]
    Cf. M. Lejeune, « Essais de philologie mycénienne, 11-13 », R. Ph. 42, 1968, p. 233-234 = id., Mémoires de philologie mycénienne [ci-après MPhM], III, Rome, 1972, p. 273. Voir toutefois E. Džukeska, « ka-ma Revisited », www.systasis.org/pdfs/systasis_20_5.pdf (s.d.), qui reprend et développe une ancienne hypothèse de M.D. Petruševski interprétant ka-ma comme un nom féminin radical en -ā.
  • [88]
    Lejeune, o.c., n. 70. Selon A. Heubeck (c.r. de Brown [n. 1], Kratylos 31 [1986], p. 97-104, spéc. p. 99), le -ᾱ de la forme crétoise aurait une valeur « collective ».
  • [89]
    DELG, l.c. ; idem Brown, o.c. [n. 1], p. 66-67 (origine minoenne ?).
  • [90]
    C.J. Ruijgh, « Observations sur les neutres en -s/h- », dans A. Heubeck – G. Neumann (éd.), Res Mycenaeae, Göttingen, 1983, p. 391-407, spéc. p. 404. Dans le même sens, I. Hajnal, « Griechisch χαµαί – ein Problem der Rekonstruktion ? », dans R. Beekes et al. (éd.), Rekonstruktion und relative Chronologie. Akten der VIII. Fachtagung der Indogermanischen Gesellschaft, Innsbruck, 1992, p. 207-220, spéc. p. 215-216.
  • [91]
    DELG, s.u. κτίζω ; DMic I, p. 390-393 ; M. Casevitz, Le vocabulaire de la colonisation en grec ancien, Paris, 1985, p. 16-17, 60-61.
  • [92]
    Sur cette inscription, rédigée dans le dialecte conservateur caractéristique des textes religieux, voir Th. Baunack, « Inschriften aus dem kretischen Asklepieion », Philologus 49 (1890), p. 577-606, spéc. p. 586-601 ; Guarducci, IC I, p. 153-155 ; Fr. Sokolowski, Lois sacrées des cités grecques, Paris, 1969, n° 144 A, p. 244 ; M. Melfi, Il Santuario di Asclepio a Lebena, Athènes, 2007, n° 7, p. 160-163. Cl. Brixhe, « Le déclin du dialecte crétois : essai de phénoménologie », dans E. Crespo – J.L. García Ramón – A. Striano (éd.), Dialectologica Graeca. Actas del II Coloquio Internacional de Dialectología Griega, Madrid, 1993, p. 37-71, spéc. p. 62, y remarque notamment l’absence de traces de koiné.
  • [93]
    Ainsi Guarducci, IC I, p. 154-155. Pour la formation, voir P. Chantraine, La formation des noms en grec ancien, Paris, 1933, p. 333-334 ; DELG, s.u. κάννα.
  • [94]
    Hésiode, fr. 302, 3 Merkelbach – West ; Nicophon (Pollux, VI 86, II, p. 25, 9-10 Bethe) ; IG I3 421, 210 (sous la forme καναῦστρον, restituée en IG I3 386, 139). Une variante κάνυστρον est signalée par Pollux, X 86, II, p. 215, 2-3 Bethe : οὐ κάναστρον µόνον ἀλλὰ καὶ κάνυστρον εὑρίσκοµεν.
  • [95]
    Réf. : DMic 1985, p. 313-314 ; cf. notamment L.R. Palmer, The Interpretation of Mycenaean Greek Texts, Oxford, 1963, p. 365 et 424 ; L.A. Stella, La civiltà micenea nei documenti contemporanei, Rome, 1965, p. 124 et n. 70. D’autres savants lisent κάνασθον (entre autres, C.J. Ruijgh, Études sur la grammaire et le vocabulaire du grec mycénien, Amsterdam, 1967, p. 122, n. 115, et p. 309, n. 91), qui serait de toute façon apparenté.
  • [96]
    A. Morpurgo-Davies, « Cretan δρίωτον », CR 20 (1970), p. 280-282, avec des références archéologiques. Sur la graphie δρίωτον pour τρίωτον, voir aussi Jeffery – Morpurgo-Davies, o.c. [n. 3], p. 136-137 ; Bile, Dialecte, p. 127, n. 224, et supra, s.u. ἀβλοπία.
  • [97]
    Bechtel, GD II, p. 787 ; DELG, s.u. 2 κάρα ; J.-L. Perpillou, « L’hétéroclisie r/n et l’élément sigmatique dans le groupe de κάρᾱ », ZVS 88 (1974), p. 230-234, spéc. p. 231 ; Brown, o.c. [n. 1], p. 67-68 ; M. Bile – R. Hodot, « Dialectes et lexique », Verbum 10 (1987), p. 239-252, spéc. p. 241.
  • [98]
    Ainsi N. Contossopoulos, intervention dans Bile – Hodot, o.c., p. 249-250.
  • [99]
    Brown, l.c. (Latte, o.c. [n. 53], p. 411, rapprochait aussi κράδη, mais considérait κάρα comme une forme fautive).
  • [100]
    Gortyne : IC IV 90, A 2-3 (ve s.) ; IC IV 146, 8 (ive) ; IC IV 160 B 10 (ive/iiie) ; IC IV 172, 10 (iie/ier) ; Axos : IC II, V 35, 8 et 12 (ier s.).
  • [101]
    Spirantisation de δ à date ancienne (J. Brause, Lautlehre der kretischen Dialekte, Halle, 1909, p. 36-37 ; Bechtel, GD II, p. 671-672 ; S.T. Teodorsson, The Phonology of Attic in the Hellenistic Period, Göteborg, 1978, p. 113, n. 215) ou évolution *werg-yo > *werdzo > *werzo (sans interversion du groupe dz) > wēro (traitement normal du groupe rs) ; cette dernière analyse est celle de M. Bile, Dialecte, p. 137-138, affinée par Cl. Brixhe, Phonétique et phonologie du grec ancien, I. Quelques grandes questions, Louvain-la-Neuve, 1996, p. 103-105.
  • [102]
    Cf. (sans indication géographique) π 2220 Hansen : πήραξον · ἀφόδευσον ; κ 2559 Latte : κήρεα · τὰ κέρδη. Sur ces formes, voir Bechtel, GD II, p. 671 et 688 ; Bile, Dialecte, p. 137. De la même catégorie relève, selon E. Kaczyńska, « The Cretan Origin of Numenius Heracleotes in the Light of Ancient Dialectology », Kretika Chronika 33 (2013), p. 35-43, spéc. p. 38, le mot κουρύλος « triton » attesté chez Numénius d’Héraclée au lieu de la forme attique κορδύλος ; l’auteure en conclut que Numénius, inconnu par ailleurs, serait originaire du port d’Hérakleion en Crète. – L’évolution phonétique κράδᾱ > *κάρδᾱ > κᾱ́ρᾱ a un parallèle exact dans la glose βάριον · (…) καὶ τὸ βράδιον (Hsch. β 231 Latte), qui est sans doute d’origine crétoise : voir E. Kaczyńska, « A Newly Identified Cretan Gloss (βάριον) », Graeco-latina Brunensia 19 (2014), p. 61-69, spéc. p. 63-67.
  • [103]
    Traduction de Cl. Prêtre – Ph. Charlier, Maladies humaines, thérapies divines. Analyse épigraphique et paléopathologique de textes de guérison grecs, Lille, 2009, n° 7, p. 133. Même interprétation chez Guarducci, IC I, p. 163 ; Melfi, o.c. [n. 92], p. 174 et n. 107. À noter que Cl. Prêtre (o.c., p. 134) préfère rattacher le sens de « figue » à κάρᾱ « tête », par analogie à la forme du fruit.
  • [104]
    Voir Bechtel, HPN, p. 582 ; id., GD II, p. 788 ; DELG, s.u. κεκήν ; Bile, Dialecte, p. 167 ; Masson, OGS III, p. 147. Latte, o.c. [n. 53], p. 454, doute du rapprochement avec l’anthroponyme crétois.
  • [105]
    Ainsi F. Solmsen, Beiträge zur griechischen Wortforschung, Strasbourg, 1909, p. 144-146, qui par ailleurs attribuait le mot au substrat prédorien.
  • [106]
    D. Comparetti, « Iscrizioni inedite di Gortyna », ASAA 3 (1921), p. 193-202, spéc. p. 199 ; Guarducci, IC IV, p. 213 ; Bile, Dialecte, p. 359 et n. 124.
  • [107]
    DELG, s.u. κοσυβ[άτ]ᾱς.
  • [108]
    Ainsi W. Schulze, Kleine Schriften2, Göttingen, 1966, p. 293-294, qui rapprochait Κοσυµφίς de Κοσσύφα (sur ce nom de femme, attesté à Théra dès l’époque archaïque, voir DELG, s.u. κόσσυφος ; Masson, OGS III, p. 101).
  • [109]
    Voir DELG, s.u. 2 λῑ́ς.
  • [110]
    Od. 3, 293 ; 5, 412 ; 10, 4 (λισσὴ … πέτρη) ; Ctésias, FGrHist 688 F 13, 72 (λισσῶι ὄρει) et F 45m, 4 (πέτραις λισσαῖς). Le féminin de même sens λισσάς, -άδος est attesté chez Eschyle, Euripide, Corinne (sous la forme béotienne λιττάς), Théocrite et Apollonios de Rhodes.
  • [111]
    Svoronos, o.c. [n. 62], p. 222 et pl. XX, 28-37 (ive/iiie s.) ; IC II, XVII 1, 8 (iiie s.) ; SEG, 1314 (hellén.). Cf. Guarducci, IC II, p. 210 ; Perlman, o.c. [n. 62], p. 1174-1175.
  • [112]
    Strabon, X 4, 14, C 479 (Λισσήν) ; Ét. Byz., 654, 20 Meineke (Λισσής) ; cet auteur rapproche Od. 3, 293-294 : ἔστι δέ τις λισσὴ αἰπεῖά τε εἰς ἅλα πέτρη | ἐσχατιῇ Γόρτυνος ἐν ἠεροειδέϊ πόντῳ. Cf. Guarducci, IC I, p. 239.
  • [113]
    Bile, Dialecte, p. 181, faisant observer que le traitement attendu de -τy- en crétois serait -θθ- ou -ττ- (cf. λιττάς en béotien), attribue la graphie λισσός à l’influence de la koiné. Mais le mot pourrait aussi avoir été emprunté sous sa forme homérique.
  • [114]
    L’autorité de Dittenberger a imposé dans les dictionnaires (LSJ, s.u. λισσόω ; DELG, s.u. 2 λῑ́ς) un verbe *λισσόοµαι « être ou devenir insolvable », qu’il avait restitué dans un traité du iiie s. entre Praisos et Stalai (Syll.3 524 ; IC III, VI 7 B 19 : λισ]σωθέντων), mais le contexte permet d’autres lectures : Guarducci, IC III, p. 145-146 garde ---] σωθέντων (de σῴζω) ; Chaniotis, Verträge, n° 64, p. 384, restitue [ἐλασ ?]σωθέντων. La prudence affichée par M. Bile (Dialecte, p. 181, n. 126) est donc préférable.
  • [115]
    Cf. DMic II, p. 267-268. L’identification ru-ki-to/Λύκτος est admise par M.V. Cremona – D. Marcozzi – E. Scafa – M. Sinatra, La toponomastica cretese nei documenti in Lineare B di Cnosso, Rome, 1978, p. 114, mais rejetée par McArthur, o.c. [n. 64], p. 145-146 ; voir aussi les doutes de H. van Effenterre – D. Gondicas, « Lyttos, ville fantôme ? », dans M. Bellancourt-Valdher – J.-N. Corvisier (éd.), La démographie historique antique, Arras, 1999, p. 127-139, spéc. p. 133-134 (= van Effenterre, Minos [n. 78], p. 571-585 [577-580]).
  • [116]
    E. Kaczyńska, « Remarks on the Mycenaean name of Lyktos », DO-SO-MO 3 (2001), p. 5-9, et ead., « Hesychius on Λυκόφρων », Emerita 69 (2001), p. 263-267, spéc. p. 265-266.
  • [117]
    Ruijgh, o.c. [n. 95], p. 180 et n. 413.
  • [118]
    G. Neumann, « Kyprisch ὁ θεὸς µέκτος Ἀπόλλων », ZVS 87 (1973), p. 158-160 ; Egetmeyer, o.c. [n. 44] I, p. 85, 299.
  • [119]
    Cf. Bile, Dialecte, p. 156, n. 345.
  • [120]
    Svoronos, o.c. [n. 62], p. 230, n° 1 et 2 ; Le Rider, o.c. [n. 72], p. 174, 195-196.
  • [121]
    La légende évoquée par Étienne donne Lyctos, fils de Lycaon, roi mythique d’Arcadie, comme fondateur de la ville crétoise du même nom, dont les inscriptions comportent précisément des traits arcado-chypriotes. Selon une autre tradition mieux attestée (Aristote, Pol. II 1271b28 ; Éphore, FGrHist 70 F 149 = Strabon, X 4, 17, C 481 ; Polybe, IV 54, 6), Λύκτος serait une colonie laconienne.
  • [122]
    DELG, s.u. λύττος.
  • [123]
    Bechtel, GD II, p. 707 ; Bile, Dialecte, p. 152-153.
  • [124]
    Kaczyńska, oo. cc. [n. 116], respectivement. p. 6-7 et p. 266-267 ; cf. Brown, o.c. [n. 1], p. 161-162.
  • [125]
    Sur la relation bipolaire entre émission de lumière et perception visuelle, présente dans de nombreuses racines indo-européennes, voir les études de F. Bader, en particulier « De Pollux à Deucalion : la racine *deu-k- ‘briller, voir’ », dans A. Etter (éd.), O-O-PE-RO-SI : Festschrift für Ernst Risch, Berlin – New York, 1986, p. 463-488, spéc. p. 465-467 ; en dernier lieu, L. Dubois, « Thessalika », dans A. Blanc – L. Dubois – Ch. de Lamberterie (éd.), ΠΟΛΥΜΗΤΙΣ. Mélanges en l’honneur de Françoise Bader, Louvain – Paris 2012, p. 45-55, spéc. p. 50-54.
  • [126]
    Bekker, o.c. [n. 84], p. 1096. Sur ce qui suit, voir l’étude lexicale d’E. Dieu, Le supplétisme dans les formes de gradation en grec ancien et dans les langues indo-européennes, Genève, 2011, p. 576-579.
  • [127]
    DMic I, p. 447-448, avec bibliographie. Pour l’étymologie et la formation, voir en dernier lieu la discussion chez Dieu, o.c., p. 579-583 : il faudrait partir de *µειϝ-ίyως (racine *mei(H)- « endommager, amoindrir »), refait en *µέϝ-yως par analogie de *µέγ-yως.
  • [128]
    Cf. Dubois, o.c. [n. 11], II, p. 27. Dans ce texte, l’opposition µέζον/µεῖον est un archaïsme, comme aussi l’emploi de πρόβατον au sens premier de « bétail (en général) » (É. Benveniste, Le vocabulaire des institutions indo-européennes, Paris, 1969, I, p. 37-45).
  • [129]
    Trad. P. Mazon, CUF, 1928.
  • [130]
    IG IX 12 717 B 12-14 (Chaleion, 1ère moitié ve s.) ; CID I 9 B 9-10 (cippe des Labyades, ive s.) ; IG XIV 645, 111, 114, 115, etc. (Tables d’Héraclée, ive s.).
  • [131]
    Cf. Bile, Dialecte, p. 203-204 ; G. Genevrois, « Cretica I », REG 125 (2012), p. 693-713, spéc. p. 706-707.
  • [132]
    Autres exemples : IC IV 72 (LG) I 37 ; IX 48, 49-50 ; X 7, 16 ; IC IV 74 a-c 3 ; IC IV 84, 1 (Gortyne) ; IC I, XVII 2 b 3 (Lébèna, iie s.) ; IC II, V 52, 12 (Axos, ier s.).
  • [133]
    An. III 1, 2 ; V 4, 31 ; VII, 3, 12, etc. ; Cyr. I 3, 8 ; VIII 1, 4, etc.
  • [134]
    Régime, VI 1-2 ; XVI 7 ; Épid. VI 8, 7, etc.
  • [135]
    L. Gautier, La langue de Xénophon, Genève, 1911, p. 32-33 ; H. Seiler, Die primären griechischen Steigerungsformen, Leipzig, 1950, p. 115-116.
  • [136]
    SEG 23, 547 (Olonte – Rhodes, ca 200), l. 34-35 : ἄνδρας µὴ ἐλάσσους ἑκατόν ; cf. IC III, III 3 (Hiérapytna – Rhodes, début iie s.), l. 20-21. De même en attique, ἐλάττων remplace ὀλείζων qui disparaît pratiquement après le ve s. (cf. Threatte, o.c. [n. 17] II, Berlin – New York, 1996, p. 309-310).
  • [137]
    Athénée, VI 263f = FGrHist 461 F 4. Cf. Strabon, XII 3, 4, C 542 : καθάπερ Κρησὶ µὲν ἐθήτευεν ἡ Μνῴα καλουµένη σύνοδος, Θετταλοῖς δὲ οἱ Πενέσται.
  • [138]
    Pour le suffixe, voir Bechtel, GD II, p. 790, et G. Redard, Les noms grecs en -της, -τις et principalement en -ίτης, -ῖτις, Paris, 1949, p. 29 et n. 14 p. 238, qui juge préférable la leçon Δµωίταις des manuscrits d’Étienne de Byzance.
  • [139]
    L’étymologie n’est pas totalement assurée, mais la plupart des savants tirent le mot de la racine *dom-/*dem- de δόµος ; cf. notamment GEW, DELG et EDG, s.u. δµώς, et en dernier lieu R. Garnier dans la CEG 12, R. Ph. 83, 2009 [2012], p. 298.
  • [140]
    Hésiode, Théognis, tragiques, Aristophane, Théocrite ; rares exemples en prose, notamment chez Xénophon (poétisme selon Gautier, o.c. [n. 135], p. 92). Analyse sémantique des emplois chez Gschnitzer, o.c. [n. 35], p. 46-75.
  • [141]
    Cf. Kretschmer, o.c. [n. 13], p. 71 (origine achéenne) ; DELG, l.c.
  • [142]
    Ainsi Bechtel, GD II, p. 790.
  • [143]
    Pour la formation (*dm > *nm > *mn), voir Schwyzer, GG I, p. 208 ; Lejeune, Phonétique, p. 155 : cf. att. µεσόµνη < hom. µεσόδµη ; autres ex. chez Threatte, o.c. [n. 17] I, p. 568. Pour µνωΐα > µνοία, voir Lejeune, o.c., p. 249.
  • [144]
    Athénée, XV 695f-696a (PMG909). Des considérations diverses (style, métrique, contenu) ont amené plusieurs savants à la conclusion que ce texte, difficilement datable sous la forme transmise, doit remonter à un original ancien, sans doute archaïque (du vie s. ou même antérieur) ; voir C.M. Bowra, Greek Lyric Poetry from Alcman to Simonides2, Oxford, 1961, p. 398-403 (peu après l’avènement de Cyrus) ; Kirsten, Kreta, p. 117-119, not. p. 117, n. 133 (“noch in archaischer Zeit”) ; Willetts, o.c. [n. 74], p. 317-323, spéc. p. 323 (“sixth century B.C., even earlier, in some form”) ; G. Tedeschi, « Il canto di Hybrias il Cretese. Un esempio di poesia conviviale », Quaderni di filologia classica 5 (1986), p. 35-74, spéc. p. 59 et n. 22 (terminus ante quem : 1ère moitié ve s.). D’autres commentateurs assignent au poème une date plus basse : D.L. Page, « The Song of Hybrias the Cretan », PCPhS 11 (1965), p. 62-65 (« possibly from the fifth century B.C. ») ; M. Bile, « Quelques épigrammes crétoises (2e s. av. – 5e s. apr. J.-C.) », dans J. Dion (éd.), L’épigramme de l’Antiquité au xviie siècle ou Du ciseau à la pointe, Nancy, 2002, p. 123-141, spéc. p. 123-125 (sans doute ive s.).
  • [145]
    V. Apostolakou, « Συνθήκη συµµαχίας Ιεραπυτνίων – Απτεραίων », dans P. Adam-Veleni – K. Tzanavari (éd.), Δινήεσσα. Τιµητικός τόµος για την Κατερίνα Ρωµιοπούλου, Thessalonique, 2012, p. 629-636. L’éditrice songe aussi (p. 633) à des pâturages situés dans les ἐσχατιαί.
  • [146]
    LSJ, s.u. ναεύω ; DELG, s.u. νᾱός. Cf. Bechtel, GD II, p. 790 ; Buck, GD, p. 365 ; Bile, Dialecte, p. 359, etc. – Les textes ne nous renseignent guère sur le statut de l’esclave réfugié ; cf. A. Maffi, « L’asilo degli schiavi nel diritto di Gortina », dans M. Dreher (éd.), Das Antike Asyl, Cologne – Weimar – Vienne, 2003, p. 15-22.
  • [147]
    Même emploi en IC IV 41 IV 8 et IC IV 47, 31-32.
  • [148]
    A. Chaniotis, « Die Entwicklung der griechischen Asylie : Ritualdynamik und die Grenzen des Rechtsvergleichs », dans L. Burckhardt et al. (éd.), Gesetzgebung in antiken Gesellschaften. Israel, Griechenland, Rom, Berlin, 2007, p. 233-246, spéc. p. 242-243. Cf. SEG 53, 940bis, n. 1.
  • [149]
    Cf. o 162 ; ὀθρυόεν · τραχύ, ὑλῶδες, δασύ, κρηµνῶδες.
  • [150]
    Ainsi Schwyzer, GG I, p. 302.
  • [151]
    Contra I. Hajnal, Sprachschichten des mykenischen Griechisch, Salamanque, 1997, p. 232 et n. 419, pour qui la forme *u-du-ru serait la plus ancienne.
  • [152]
    DELG et EDG, s.u. Ὄθρυς. Sur le flottement entre sourdes aspirées et sonores, voir M. Lejeune, « Doublets et complexes », dans L.R. Palmer – J. Chadwick (éd.), Proceedings of the Cambridge Colloquium on Mycenaean Studies, Cambridge, 1966, p. 140 et n. 4 (= id., MPhM III, p. 95-96 et n. 14) ; Ruijgh, o.c. [n. 95], p. 185, n. 439 ; DMic II, p. 18-19, 385, avec la bibliographie.
  • [153]
    Voir McArthur, o.c. [n. 64], p. 169-176, et en dernier lieu J. Bennet, « The Geography of the Mycenaean Kingdoms », dans Y. Duhoux – A. Morpurgo-Davies (éd.), A Companion to Linear B. Mycenaean Greek Texts and their World. II, Louvain-la-Neuve, 2011, p. 137-168, spéc. p. 149-150.
  • [154]
    Voir E. Federico, « Dall’ Ida al Salento. L’itinerario mitico di Idomeneo cretese », Mem. Linc., sér. IX, 11 (1999), p. 255-418, spéc. p. 291-293, avec la bibliographie, à compléter par P. Wathelet, Dictionnaire des Troyens de l’Iliade, Liège, 1988, I, p. 327-328, 776-779 ; II, p. 1043-1044, 1445-1446.
  • [155]
    Il. 5, 43-47. Selon Ch. de Lamberterie, le héronyme Φαῖστος (qui apparaît au vie s. comme anthroponyme sous la forme épichorique Παῖστος : SEG 52, 862) pourrait être considéré comme une « forme allegro » de l’ethnique Φαίστιος, attesté dès le iie millénaire à Cnossos (pa-i-ti-jo, fém. pa-i-ti-ja, cf. DMic II, p. 67-68) : voir CEG 12, R. Ph. 83, 2009 [2012], p. 323-324. Il convient toutefois de noter qu’il existe en crétois d’autres exemples d’anthroponymes identiques au nom d’une cité (Ἔλυρος, Μάλλα, Συβρίτα) : voir O. Masson, « Cretica VI-IX », BCH 109 (1985), p. 189-200, spéc. p. 199 et n. 77 ; A. Chaniotis, « Phaistos Sybritas. An Unpublished Inscription from the Idaean Cave and Personal Names Deriving from Ethnics », dans R.W.V. Catling – F. Marchand (éd.), Onomatologos. Studies in Greek Personal Names presented to Elaine Matthews, Oxford, 2010, p. 15-21, spéc. p. 18.
  • [156]
    Il. 13, 384-388. Cf. Hérodien, I, p. 149 l. 17 Lentz : Ὕρτακος ἥρως καὶ πόλις Κρήτης. Hyrtakos (Ὕρτακος ou Ὑρτακός) est la cité de Crète occidentale mieux connue sous le nom de Ὑρτακίνα (Guarducci, IC II, p. 184). Asos, dont on ne connaît rien par ailleurs, serait aussi une bourgade crétoise : Ét. Byz., p. 134, l. 3 Meineke (α 481 Billerbeck) : Ἄσος, πολίχνιον Κρήτης, ὁ πολίτης Ἄσιος.
  • [157]
    Sur les anthroponymes homériques en -ονεύς, voir H. von Kamptz, Homerische Personennamen. Sprachwissenschaft und historische Klassifikation, Göttingen, 1982, p. 125 ; R. Wachter, Non-Attic Greek Vase Inscriptions, Oxford, 2001, p. 252, et, en dernier lieu, L. Bettarini, « Tra onomastica e poesia : rodio Ἰδαµενεύς in IG XII/1 737 (= CEG 459) e 904 », Glotta 90 (2014), p. 46-70, spéc. p. 57, n. 35 : c’est le nom Ἠϊον-εύς qui aurait servi de modèle pour le développement d’un suffixe long -ονεύς, d’où Ἰλιονεύς, Ἰτυµονεύς, Ὀθρυονεύς, Ἐτεωνεύς.
  • [158]
    Il. 13, 363-382. Cf. Willetts, o.c. [n. 74], p. 121 ; Wathelet, o.c. [n. 154] I, p. 776-779 ; R. Janko, The Iliad : A Commentary, IV, Cambridge, 1992, p. 94 ; Federico, o.c. [n. 154], p. 291-292. Autre explication, attribuant l’origine d’Othryoneus à la Thessalie ou à la Troade : von Kamptz, o.c. [n. 157], p. 329 ; E. Bosshardt, Die Nomina auf -ευς. Ein Beitrag zur Wortbildung der griechischen Sprache, Zurich, 1942, p. 112 (Macédoine).
  • [159]
    G. Capdeville, « Mythes et cultes des cités de la confédération des Oreioi », dans Πεπραγµένα Ι᾿ Διεθνούς Κρητολογικού Συνεδρίου, La Canée, 2011, A 5, p. 19-41, spéc. p. 36 ; cf. Federico, l. c. – On a parfois expliqué la présence de Crétois dans les rangs troyens par le rôle que la Crète aurait joué dans la fondation de Milet et par la colonisation menée ensuite par cette cité dans certaines régions d’Asie Mineure (voir notamment O. Gruppe, Griechische Mythologie und Religionsgeschichte, Munich, 1906, p. 301-315). Rien n’exclut en effet « que des récits de combats proprement crétois [aient] pu être associés à des souvenirs de contacts ou de rivalités entre Crétois et Asianiques » (Wathelet, o.c. II, p. 1044).
  • [160]
    Sans doute à rapprocher de σκάπτω (cf. DELG, s.u.). Le mot est attesté sous la même forme (sans sigma initial) chez Homère et en ionien-attique avec le sens de « tranchée, fossé » ; il désignerait ici un outil agricole (cf. σκαφεῖον). Autre piste chez Eustathe, Il. 1163, 35 : κάπετος δέ (…) ληνὸς ἢ τάφρος (le sens de « pressoir » conviendrait bien au contexte).
  • [161]
    Autres occurrences (toutes en ionien-attique) : IG I3 422, I, 24 et III, 289-290 ; IG I3 425, III, 104 (« stèles attiques », fin ve s.) ; Xén., An., I, 5, 5 ; IG XII 5, 872, 53 (registre des ventes de Ténos, ive s.) ; Alexis, fr. 13 et 207, 2 K.-A. (PCG II, p. 30 et 138) ; Hérondas, VI 83 (ὄνος seul).
  • [162]
    Cf. Bile, Dialecte, p. 176-177. En attique le mot apparaît en général sous la forme suffixée ἀλετών, -ῶνος (Chantraine, o.c. [n. 93], p. 164).
  • [163]
    Par exemple W.K. Pritchett, « The Attic Stelai : Part II », Hesperia 25 (1956), p. 178-328, spéc. p. 298 : « our inscription (les “stèles attiques”) would seem to confirm (…) that the ass-driven type was as early as the fifth century ». Cf. DELG, s.u. ὄνος, qui range ὄνος ἀλέτης parmi les cas où ὄνος s’emploie par métaphore à propos « d’objets qui “travaillent”, ou p.-ê. qui peuvent être tirés par un âne ».
  • [164]
    L.A. Moritz, Grain-mills and Flour in Classical Antiquity, Oxford, 1958, estimait que le moulin rotatif était inconnu du monde grec (voir notamment son analyse de ὄνος ἀλέτης, p. 10-17, et sa conclusion d’ensemble, p. 140-141). Son existence au iiie s. av. J.-C. est aujourd’hui établie à Délos et en Acarnanie, mais ces découvertes demeurent isolées : cf. M. Brunet, « Le moulin délien », dans D. Meeks – D. García (éd.), Techniques et économies antiques et médiévales. Le temps de l’innovation, Paris, 1997, p. 29-38 ; M.-C. Amouretti, « Textes juridiques et archéologie : nouveaux regards sur l’agriculture grecque », dans P. Sineux (éd.), Le législateur et la loi dans l’Antiquité, Caen, 2005, p. 139-148, spéc. p. 145.
  • [165]
    M.-Ch. Hellmann, Recherches sur le vocabulaire de l’architecture grecque d’après les inscriptions de Délos, Athènes, 1992, p. 55 et n. 4. Il est vrai que notre texte fait état de plusieurs meules dormantes et d’une seule mobile, et que cette dernière était plus travaillée et sûrement plus onéreuse (cf. déjà Th. Baunack, « Neue Bruchstücke gortynischer Gesetze », Philologus 55 (1896), p. 474-490, spéc. p. 480). Mais il est intéressant de constater qu’à la fin du ve s. à Athènes le prix d’un ὄνος ἀλετών oscillait entre 4 et 10 drachmes (Pritchett, o.c. [n. 163], p. 299), ce qui ne suggère pas un matériel très élaboré.
  • [166]
    J’adopte l’interprétation de Guarducci, IC IV, p. 105-106, suivie par van Effenterre – Ruzé, Nomina II, n° 85, p. 310, selon laquelle cette disposition viserait à sanctionner les dégâts provoqués lors du passage par le toit d’une maison voisine dans le cadre d’une servitude. Cf. les remarques de V. Hadjimichali à propos des maisons construites sur les pentes de l’acropole de Lato (« Recherches à Latô. III. Maisons », BCH 95, 1971, p. 167-222, spéc. p. 212) : « il semble bien que, par endroits, on montait sur le toit en terrasse des maisons du niveau inférieur pour accéder aux maisons du niveau supérieur, ce qui est souvent le cas dans les villages actuels construits sur des terrains en forte pente ».
  • [167]
    DELG, s.u. ὀπή. Les emplois classiques de ὀπή au sens de « trou d’aération » sont étudiés par V. Svoronos-Hadjimichalis, « L’évacuation de la fumée dans les maisons grecques des ve et ive siècles », BCH 80 (1956), p. 483-506, spéc. p. 485.
  • [168]
    Cf. Diphilos, fr. 85 K.-A. (PCG V, p. 103) : διακύψας ὁρῶ διὰ τῆς ὀπαίας κεραµίδος.
  • [169]
    IG I3 476, XIII, col. II, l. 112-113, 117-118, 122 (fin ve s.) : hοπαῖον (avec une aspirée non étymologique, cf. µεθόπια à Delphes au ive s., CID II 57, 3 et 5, etc.) désigne les ouvertures pratiquées dans le coffrage du plafond ; cf. A. Choisy, Études épigraphiques sur l’architecture grecque, Paris, 1884, p. 128, n. 59. Pour le passage de Plut., Péricl. 13, 7 : τὸ δ᾿ ὀπαῖον ἐπὶ τοῦ ἀνακτόρου ἐκορύφωσε, voir Hellmann, o.c. [n. 165], p. 430 et n. 10 : « il a mis en pointe l’opaion sur l’anaktoron ».
  • [170]
    C’est l’hypothèse de van Effenterre – Ruzé, l. c., qui soulignent, comme d’autres auteurs, la survivance de ce type de dispositif dans les villages de la Crète moderne. – Il convient toutefois de noter que les maisons à cheminée de Karphi, distinctes par leur mobilier du reste de l’habitat, ont été interprétées comme des édifices à caractère cultuel ou comme des demeures réservées à l’élite ; cf. J. Lamaze, « Cheminées et systèmes d’évacuation des fumées dans les édifices à caractère cultuel de la fin de l’âge du bronze au début de l’âge du fer en Égée », Ktéma 36 (2011), p. 237-267, spéc. p. 251-252.
  • [171]
    Cf. Koerner, o.c. [n. 36], n° 136, p. 404-405 : « man wird am ehesten eine einfache Öffnung im Dach, eine Rauchluke annehmen ». Les quelques cheminées attestées par l’archéologie sont généralement associées à un contexte religieux et sont exceptionnelles dans l’habitat courant : Lamaze, o.c., p. 261.
  • [172]
    Il est en tout cas remarquable que l’ensemble du corpus des maquettes architecturales présentant une cheminée (du MR III A-B au viie s.) soit exclusivement crétois ; voir Lamaze, o.c., p. 241-245, 256 et 262, avec les références.
  • [173]
    Svoronos, o.c. [n. 62], p. 158, n° 1 et 2 (pl. XII, 21) et p. 254, n° 1 (pl. XXII, 34). Curieusement, l’auteur transcrivait à tort φαῖµα.
  • [174]
    Le Rider, o.c. [n. 72], p. 166-167. Dans le même sens, L.H. Jeffery, The Local Scripts of Archaic Greece, éd. revue et complétée par A.W. Johnston, Oxford, 1990, p. 315, n° 9.
  • [175]
    M.J. Price, « The Beginnings of Coinage in Crete », dans Πεπραγµένα τοῦ Δ᾿ Διεθνοῦς Κρητολογικοῦ Συνεδρίου, Athènes, 1976, A2, p. 461-466, spéc. p. 464 ; M.I. Stefanakis « The Introduction of Coinage in Crete and the Beginning of Local Minting », dans A. Chaniotis (éd.), From Minoan Farmers to Roman Traders, Stuttgart, 1999, p. 247-268, p. 258-259 ; A. Polosa, « Strumenti di valutazione nella Grande Legge di Gortyna », dans E. Greco – M. Lombardo (éd.), La Grande Iscrizione di Gortyna. Centoventi anni dopo la scoperta, Athènes, 2005, p. 139. – La date mentionnée pour παῖµα (iie s.) dans le DELG, s.u. παίω, est en tout cas erronée.
  • [176]
    IC I, X 2 (Eltynia, ca 500), 4 et 9 ; IC IV 186 (Gortyne, iie s.), A 2. En composition sont attestés ἀµφιπαίω au sens dérivé de « contester, réclamer » (IC IV 80, début ve s., 12) et ἀπαναπαίοµαι « écarter de soi en frappant » (IC IV 41 II, ca 500, 16-17).
  • [177]
    Sur l’emploi des verbes « frapper » en attique, voir DELG, s. vv. τύπτω, πάταγος et πλήσσω, qui renvoie à A. Bloch 1940, Geschichte einiger suppletiver Verba im griechischen, Bâle, 1940, p. 83-91. Cf. aussi, plus récemment, D. Kölligan, Suppletion und Defektivität im griechischen Verbum, Brême, 2007, p. 303-321.
  • [178]
    Le mot ἀνδρήιον (ou ἀνδρεῖον), terme institutionnel crétois, désigne le local ou bâtiment dans lequel les membres d’une hétairie prenaient leurs repas en commun (syssities) ; voir Willetts, o.c. [n. 36], p. 20-25 ; P. Schmitt – Pantel, La cité au banquet, Rome, 1992, p. 60-76 ; Seelentag, o.c. [n. 47], p. 374-443.
  • [179]
    Ex. Hsch., η 515 Latte : (…) δεκάµνουν πέλεκυς καλεῖται παρὰ Παφίοις (cf. ICS2, 217, 15 et 26). Il est à noter que le masculin πέλεκυς est une correction de Latte d’après Bechtel, GD I, p. 452 ; le manuscrit d’Hésychius présente la leçon πέλεκυ.
  • [180]
    Voir notamment J. Svoronos, « Τὰ πρῶτα νοµίσµατα. Πελέκεις καὶ ἡµιπέλεκκα », Journal international d’archéologie numismatique, 9 (1906), p. 161-181. Selon B. Laum, Heiliges Geld. Eine historische Untersuchung über den sakralen Ursprung des Geldes, Tübingen, 1924, p. 120-124, l’usage prémonétaire des doubles haches, comme des trépieds, chaudrons et oboles, découlerait de leur emploi dans le cadre des banquets sacrés. Cf. aussi C.M. Kraay, Archaic and Classical Greek Coins, Londres, 1976, p. 314-315.
  • [181]
    H. Nicolet-Pierre, Numismatique grecque, Paris, 2002, p. 96.
  • [182]
    Date probable : fin iiie s. (Launey, o.c. [n. 9] II, p. 659-660).
  • [183]
    Voir Bechtel, HPN, p. 587 ; DELG, s.u. χήρ ; Masson, OGS III, p. 147. Le rapprochement avec le mot χήρ [lat. (h)ēr, ēris], autre nom du hérisson attesté chez les grammairiens et lexicographes, fait difficulté (cf. DELG, l.c.).
  • [184]
    Bechtel, GD II, p. 740 ; Buck, GD, p. 102 ; DELG, s.u. τίς ; Bile, Dialecte, p. 205 et n. 193. – Le thème *kwe- du pronom est attesté chez Homère : τέος, τέῳ, etc. (P. Chantraine, Grammaire homérique, I. Phonétique et morphologie, Paris, 1958, p. 279-280). L’adverbe πει « n’importe où » (IC I, IX 1 C 126, Dréros, iiie s.) présente un traitement analogique de la labiovélaire ; cf. Lejeune, Phonétique, p. 45 ; Bile, Dialecte, p. 142, n. 278.
  • [185]
    Autres occurrences : IC IV 5, 2 a-b (viie/vie s.) ; IC IV 72 (LG) V 1. – Peut-être doit-on également rapprocher la glose τέµµαι · τείνει (τ 458), dont le second élément se lit, à la suite de Saussure, comme une graphie iotacisante de τίνι ; τέµµαι (de *kwe-smai) serait l’équivalent de l’av. čahmāi : voir J. Wackernagel, Kleine Schriften I, Göttingen, 1953, p. 651 (« vielleicht »). Interprétation différente de C.J. Ruijgh, « Problèmes de philologie mycénienne », Minos 19 (1985), p. 105-167, spéc. p. 133-134 (= id., Scripta minora II, Amsterdam, 1996, p. 43-105 [71-72]) : selon le savant néerlandais, il faudrait lire τέµµ<ι>, de *kwe-smi avec la désinence qu’on retrouve dans ὄτιµι, datif crétois du pronom ὅστις. Or on a observé – et ceci ressort des exemples cités ci-dessus – que ὀτεῖος s’emploie précisément avec le sens de ὅστις : E. Hermann, Griechische Forschungen. I. Die Nebensätze in den griechischen Dialektinschriften in Vergleich mit den Nebensätzen in der griechischen Literatur, und die Gebildetensprache im Griechischen und Deutschen, Leipzig – Berlin, 1912, p. 232 ; Buck, GD, p. 102.
  • [186]
    Guarducci, IC IV, p. 70-71 ; Willetts, o.c. [n. 36], p. 105-106 ; Koerner, o.c. [n. 36], n° 121, p. 370 ; Bile, Dialecte, p. 236 et 240 ; Nomima I, n° 82, p. 310 ; P. Fröhlich, Les cités grecques et le contrôle des magistrats (iveier siècle avant J.-C.), Genève, 2004, p. 235-240 ; Seelentag, o.c. [n. 47], p. 187-189.
  • [187]
    Bechtel, GD II, p. 784 ; Á. Martínez Fernández, « Estudio sobre el vocabulario jurídico en el dialecto cretense », Fortunatae 9 (1997), p. 103-123, spéc. p. 121.
  • [188]
    DELG, s.u. χήρα (O. Masson) : racine *χη-/*χᾰ- notant la privation ou le vide.
  • [189]
    E. Fraenkel, Griechische Denominativa in ihrer geschichtlichen Entwicklung und Verbreitung, Göttingen, 1906, p. 222 et 282 ; I. Calero Secall, « Terminologia jurídica cretense en materia de familia y propiedad : del uso en la lengua común a tecnicismo », dans F. Cortés Gabaudan – J.V. Méndez Dosuna (éd.), Dic mihi, musa, virum. Homenaje al profesor António López Eire, Salamanque, 2010, p. 77-85, spéc. p. 79-80. Cf. M. Bile, « Quelques aperçus de la société gortynienne d’après les lois de Gortyne VI 56 – VII 10 », dans S. Adam et al. (éd.), Σύµµεικτα προς τιµήν Παναγιώτη Δ. Δηµάκη. Αρχαία δίκαια και κοινωνία, Athènes, 2002, p. 115-132, spéc. p. 125 et n. 32.
  • [190]
    Autres occurrences de κε̄ρεύονσα : LG III 44-45 ; IV 9.
  • [191]
    Sur ce texte, voir G. Manganaro, « Epigrafia e istituzioni di Creta », dans G. Rizza (éd.), Antichità cretesi. Studi in onore di Doro Levi, II, Catane 1978, p. 39-58, spéc. p. 56-58, et en dernier lieu A. Magnelli, « I culti misterici dell’Ida nel fr. 2 dei Cretesi di Euripide », Sileno 34-35 (2008-2009), p. 129-138, spéc. p. 133-136.
  • [192]
    Voir supra, s.u. κοσυβάτᾱς.
  • [193]
    Athénée, XI 502 b : ΧΟΝΝΟΙ. παρὰ Γορτυνίοις ποτηρίου εἶδος ὅµοιον θηρικλείῳ, χάλκεον · ὃ δίδοσθαι τῷ ἁρπασθέντι ὑπὸ τοῦ ἐραστοῦ φησιν Ἑρµῶναξ (cf. Eustathe, Il., 1153, 42) ; cf. Hsch., χ 630 Hansen – Cunningham : χόν<ν>ος · ποτήριον χαλκε[ῖ]ον. Sur le rite évoqué par Hermonax, voir en dernier lieu Seelentag, o.c. [n. 47], p. 475-476.
  • [194]
    D. Comparetti, « Iscrizioni inedite di Gortyna », ASAA 3 (1921), p. 193-202, spéc. p. 199-200 ; Guarducci, IC IV, p. 214 ; DELG, s.u. χόννος.
  • [195]
    On a parfois vu dans χόννοι un nom de fête, en rapprochant Χόες et Χύτροι (LSJ et EDG, s.u. χόννος), mais cette interprétation repose sur la préposition ἐπί, qui est restituée.
  • [196]
    G. Maddoli, « Ko-no e po-ki-ni-jo micenei in un’ iscrizione cretese arcaica », dans C. Gallavotti (éd.), Atti e Memorie del I° Congresso Internazionale di Micenologia, Rome, 1968, II, p. 645-648 et n. 18 (cf. J. et L. Robert, BE 1969, n° 470, p. 499).
  • [197]
    Cf. DMic I, p. 376-377.
  • [198]
    Y. Duhoux, « La tablette Linéaire B TH X 105 », dans A. Bernabé – E.R. Luján, Donum Mycenologicum : Mycenaean Studies in Honour of Francisco Aura Jorro, Louvain-la-Neuve, 2014, p. 31-34, spéc. p. 32 (cf. CEG 14, RPh 87, 2013 [2015], s.v. χόννος, A. Blanc).
  • [199]
    GEW et DELG, s.u. P.A. Hansen – I.C. Cunningham, Hesychii Alexandrini Lexicon IV, Berlin – New York, 2009, p. 225, citent Brown, o.c. [n. 1], p. 90, qui pose *χόϝ-νος, tout en observant qu’on ne connaît pas d’exemple d’un groupe *-wn- évoluant en *-nn- (voir Lejeune, Phonétique, p. 181-182).
  • [200]
    La restitution est garantie par la copie d’un autre exemplaire du traité, aujourd’hui perdu (Chaniotis, o.c., n° 61 B, l. 126). Une expression similaire est restituée avec une quasi-certitude dans le traité contemporain Hiérapytna-Lato (SEG 26, 1049 et Chaniotis n° 59, l. 76), où la même frontière est décrite.
  • [201]
    DELG, s.u. ὤα (J.-L. Perpillou) ; D.S. Wodtko – B. Irslinger – C. Schneider, Nomina im Indogermanischen Lexikon, Heidelberg, 2008, p. 335 et n. 19 p. 338 (Wodtko), qui écarte à tort l’occurrence crétoise.
  • [202]
    Cf. Hérodien, II, p. 557, 26-27 Lentz ; Pollux, VII 62, II p. 69, 21-23 Bethe ; Eustathe, Od., 1828, 48-59.
  • [203]
    Pour l’emploi crétois, voir M. Casevitz, « Les mots de la frontière en grec », dans Y. Roman (éd.), La Frontière, Lyon – Paris, 1993, p. 17-24, spéc. p. 20 et n. 18 ; Chaniotis, Verträge, p. 155, n. 975. Le mot est apparu également dans une inscription thessalienne (SEG 43, 311, Scotoussa, début iie s., l. B 63 : τᾶν ἐντὸς οὐιᾶν τᾶς πόλιος), où il désigne « une frange de terrain qui reste en pâturage à l’extérieur et à l’intérieur des remparts » (BE 1995, n° 206, L. Dubois).

Domaines

Sciences Humaines et Sociales

Sciences, techniques et médecine

Droit et Administration

bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Retrouvez Cairn.info sur

Avec le soutien de

18.97.14.85

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions