Le fait que nous jouissions d'états phénoménalement conscients constitue un problème important pour la philosophie de l'esprit : les qualia, propriétés responsables de l'effet typique subjectif et qualitatif que procurent ces états, semblent échapper à toute tentative d'explication réductive. Devant cette difficulté conceptuelle, qui menace toute tentative de caractérisation de la nature de la conscience phénoménale, une attitude plus modeste consiste à étudier les conditions dans lesquelles elle apparaît. Déterminer empiriquement les conditions nécessaires et suffisantes à l'obtention d'états phénoménalement conscients est métaphysiquement neutre : l'identification de corrélats neuraux de la conscience reste silencieuse sur la nature métaphysique des propriétés des états conscients.
L'étude scientifique de la conscience a connu un regain au tournant des années 1980-1990. Dans le cadre d'une analyse différentielle, qui compare les cas de pleine conscience avec les déficits perceptifs liés à des lésions cérébrales ou induits par des manipulations de l'attention répliquant ces déficits un consensus s'est progressivement constitué autour de l'idée que la conscience naissait de l'interaction de l'attention avec les contenus de différents types de mémoires à court terme. Dans ce cadre d'interprétation, la cécité au changement, le fait qu'un sujet soit incapable, lorsque son attention est divertie ou déjà fortement engagée dans une tâche de détection, de remarquer de larges changements dans une scène visuelle, est apparue comme une preuve empirique de la relation constitutive entre l'attention et la conscience…