Notes
-
[1]
Voir E. Luttwak, « Les Impasses de la contre-insurrection », Politique étrangère , vol. 71, n 4, hiver 2006.
-
[2]
D. Galula, Contre-insurrection. Théorie et pratique , Paris, Economica, 2008 et R. Trinquier, La guerre moderne , Paris, Economica, 2008.
-
[3]
Général Lucien Poirier.
-
[4]
Sur la distinction entre terrorisme et guérilla, voir G. Chaliand, Terrorismes et Guérillas , Paris, Flammarion, 1985.
-
[5]
C.E. Callwell, Small Wars. Their Principles and Practice , Lincoln (NE), University of Nebraska Press, 1996.
-
[6]
Mao Zedong, Écrits militaires , Pékin, Éditions en langue étrangères, 1964.
-
[7]
Capitaine Souyris, « Réalité et aspects de la guerre psychologique », Revue militaire d’information , n 302, février 1959.
-
[8]
US Joint Staff, Joint Publication 3-24 , octobre 2009, disponible sur <www.dtic.mil/doctrine/new_pubs/jointpub_operations.htm > et Defense Concepts and Doctrine Center/Ministry of Defense of United Kingdom, Joint Doctrine Publication 3-40 , novembre 2009, disponible sur <www.mod.uk/DefenceInternet/MicroSite/DCDC/OurPublications/JDWP/JointDoctrinePublicationjdp340SecurityAndStabilisationTheMilita ryContribution.htm >.
-
[9]
CDEF, Doctrine, revue d’études générales , « L’emploi des forces terrestres en Afghanistan », n 17 juillet 2009.
-
[10]
M. Goya, Pour le retour des guerriers , IRSEM entretien, 18 janvier 2010.
-
[11]
G. Chaliand, Le Nouvel Art de la guerre , Paris, L’Archipel, 2008.
-
[12]
J. A. Nagl, D. Marston, Counterinsurgency in Modern Warfare , Oxford, (R.-U.), Osprey Publishing, 2008.
-
[13]
Cette idée a été formalisée sous l’aporie du concept zéro mort.
-
[14]
Rapport d’information de MM. J. de ROHAN, D. BOULAUD et J.-P. Chevènement, fait au nom de la commission des Affaires étrangères, Rapport du Sénat « Afghanistan: quelle stratégie pour réussir? », n 92, session ordinaire de 2009-2010, 5novembre 2009 et FMI, Afghanistan National Development Strategy: First Annual Report (2008/09) , n 09/139, novembre 2009.
-
[15]
Colonel F. Chanson, Rapport du 13 août 2009 , « Tactique de contre-insurrection en KAPISA. La population au centre des préoccupations : la raison plutôt que le cœur », disponible sur Lepoint.fr .
-
[16]
D. Kilcullen, The Accidental Guerilla: Fighting Small Wars in the Midst of a Big One , Oxford (R.-U.), Oxford University Press, 2009.
-
[17]
PNUD, Rapport mondial sur le développement humain, Les nouvelles dimensions de la sécurité humaine , New York, Nations unies, 1994.
-
[18]
Center for Strategic and International Studies, Unclassified Metrics. Strategic Advisory Group-ISAF Afghanistan , Washington, DC, CSIS, avril 2009, disponible sur Csis.org.
-
[19]
Ch. C. Krulak, « The Strategic Corporal: Leadership in the Three Block War », Marines Magazine , janvier 1999.
-
[20]
P. Ianni, « Les Supplétifs et ralliés en Indochine et en Algérie (1945-1962) », Stratégique , n 93-94-95-96 « Stratégies irrégulières ».
-
[21]
Voir par exemple le Code du soldat de l’armée de Terre française, disponible sur Defense.gouv.fr.
-
[22]
M. Hecker, Du bon usage de la terreur , Paris, Ifri, « Focus stratégique », n 6, avril 2008.
-
[23]
F.G. Hoffman, « Neo-classical COIN? », Parameters , vol. 37, n 2, été 2007 et S. Metz, « New Challenges and Old Concepts: Understanding 21st Century Insurgency », Parameters , vol. 37, n 4, hiver 2007, disponibles sur Carlisle.army.mil.
-
[24]
« La guerre révolutionnaire », conférences n1 et 2 du colonel Charles Lacheroy (CIPCG), 1958.
-
[25]
J. Jauffret, Crabes et alligators dans les rizières d’Indochine , Paris, Éditions Lavauzelle, 1999.
-
[26]
M. Sageman, Confronting Al Qaeda: Understanding the Threat in Afghanistan and Beyond , témoignage au Senate Foreign Relations Committee, octobre 2009, disponible sur Fpri.org.
-
[27]
Rapport du Sénat n 92, op. cit. [14].
-
[28]
Talibans de l’Émirat islamique d’Afghanistan (Mollah Omar), A Book of Rules , New York, Nefafoundation, 2009.
-
[29]
Th. Rid et M. Hecker, War 2.0: Irregular Warfare in the Information Age , Wesport (R.-U.), Praeger Security International, 2009.
-
[30]
B. Valeyre et A. Guerin, De Galula à Petraeus. L’héritage français dans la doctrine américaine de la contre-insurrection , Paris, CDEF, « Cahier de la recherche doctrinale », mai 2009.
-
[31]
A.-H. de Russé, Transformation et contre-insurrection , Paris, Ifri, « Focus stratégique », n 16 mai 2009.
-
[32]
30 % des pertes françaises en Afghanistan, et 50 % des pertes britanniques.
-
[33]
D. Kilcullen, « Counter-Insurgency Redux », Survival , vol. 48, n 4, hiver 2006, disponible sur Smallwarsjournal.com.
-
[34]
A. Beaufre, La Stratégie de l’action, La Tour d’Aigues, Éditions de l’Aube, 1997 (rééd.).
-
[35]
J. Coelmont (dir.), Afghanistan End State , Bruxelles, Egmont Institut/Academia press, « Egmont Paper », n 29, mars 2009.
-
[36]
Reconnu par l’article 52 de la charte des Nations unies (résolution 1 368 du Conseil de sécurité).
-
[37]
R. Smith, L’Utilité de la force , Paris, Economica 2007.
-
[38]
J. Campbell, M. E. O’Hanlon et Jeremy Shapiro, « How to Measure the War. Judging Success and Failure in Counterinsurgency », Policy Review , n 157, octobre 2009.
-
[39]
D. Galula, op. cit. [2], p. 133.
-
[40]
Th. Ricks, Fiasco , NewYork, Penguin Press, 2006.
-
[41]
Colonel F. Chanson, op. cit. [15].
1Le début de ce siècle constitue une période de transition où l’emploi de la force armée pour résoudre les différends politiques semble souvent conduire à l’impasse [1]. Face à ce défi, les armées occidentales cherchent des réponses dans les théories contre-insurrectionnelles passées, élaborées notamment en France par les maréchaux Joseph Gallieni et Hubert Lyautey, puis lors des guerres de décolonisation par les colonels David Galula et Roger Trinquier [2]. Ainsi, le président Barack Obama a-t-il fait de la counterinsurgency (« contre-insurrection ») le cœur de sa nouvelle stratégie pour l’Afghanistan. Mais « le stratège est un oiseau de passage qui meurt de se poser [3] » : les recettes d’hier, y compris celles qui ont pu rencontrer quelque succès, ne sont pas transposables en l’état. Elles ne peuvent être, au mieux, que comprises, assimilées et réinterprétées en fonction des contextes conflictuels actuels.
2Tout d’abord, de quoi s’agit-il? Une insurrection est une résistance politique, conduite par une organisation qui pratique la violence armée pour changer le régime politique en place. Qui met en œuvre cette stratégie est qualifié d’insurgé. Le centre de gravité de l’insurrection, au sens clausewitzien du terme, est le contrôle qu’elle exerce sur la population. La guérilla, terme en usage depuis la campagne de Napoléon en Espagne, désigne une forme de guerre sans ligne de front, où les troupes régulières affrontent des bandes armées. Celui qui y combat est un guérillero. Le terrorisme est, quant à lui, un mode d’action qui cherche à déstabiliser une société en diffusant la peur [4]. Les insurgés ont parfois recours à l’action terroriste, le plus souvent ciblant les populations. Plus généralement, le type de conflit caractérisé par la présence d’insurgés et de terroristes est désigné par les stratégistes sous le terme de « guerre irrégulière », ou small war [5], par opposition aux guerres classiques où s’affrontent des forces de même pied. Le terme « counterinsurgency » est apparu quant à lui durant la période de décolonisation et décrit la théorie de la guerre contre-révolutionnaire formalisée entre1944 et1982 par la combinaison des travaux des théoriciens de l’époque (D. Galula, R. Thompson, F. Kitson, B. Fall, Mao Zedong, Che Guevara et V. N. Giap) avec ceux de leurs illustres prédécesseurs (T. E Lawrence, H. Lyautey, C.E. Callwell).
3 En Afghanistan, les États-Unis et l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) combattent donc une insurrection, qui pratique la guérilla et mène parfois des actions terroristes. Si l’on se réfère à la typologie de la guerre révolutionnaire de Mao [6], l’insurgé utilise un mode d’action asymétrique tant qu’il n’est pas en mesure d’affronter directement la puissance létale de son adversaire. Il s’agit bien d’une stratégie de contournement. Elle se déroule globalement sur trois lignes d’opérations différentes [7], qui sont d’ailleurs synchrones.
4La première ligne d’opérations vise à établir une structure permettant le contrôle de la population. L’insurgé cherche à mettre en place une hiérarchie parallèle à l’ordre établi, utilisant éventuellement la compromission pour impliquer les élites dans son combat, et la coercition pour contraindre les opposants à son projet. La deuxième ligne d’opérations cherche à lasser, à discréditer les forces de l’ordre, par le harcèlement et le terrorisme. Le harcèlement prend la forme d’embuscades et d’attaques qui entravent la liberté de manœuvre et occasionnent des pertes. Le terrorisme diffuse la peur dans les populations et s’efforce de démontrer que les forces de l’ordre du régime en place ne sont pas en mesure d’assurer leur protection. Enfin, la troisième ligne d’opérations vise à préserver les flux qui alimentent l’insurrection. Ces derniers dépendent de manière cruciale de soutiens extérieurs qui fournissent les biens matériels (hommes, armes, munitions, argent) mais aussi immatériels (doctrines, techniques) nécessaires. Les besoins critiques d’une insurrection sont donc le contrôle qu’elle doit exercer sur la population et le libre accès à un soutien extérieur au théâtre des opérations. En ce sens, la stratégie des insurgés en Afghanistan est indissociable de la problématique talibane au Pakistan.
5La théorie de la contre-insurrection a évolué aujourd’hui vers une approche globale des opérations essentiellement élaborée par les anglo-saxons et qui se traduit par les doctrines militaires de contre-insurrection [8]. Cette approche globale cherche à intégrer l’action militaire dans une stratégie plus large visant à rétablir les fondements de la société: droit, justice, gouvernance. En France, bien que cette approche globale ne soit pas formalisée au niveau interministériel, ses concepts sont transposés dans une doctrine tactique de contre-rébellion [9], qui met l’accent sur les actions au sein de la population et a pour originalité de développer des modes d’action militaire spécifiques.
Les « trois lois de la contre-insurrection »
6Paraphrasant Isaac Asimov et ses lois sur la robotique, on peut tenter de dégager trois « lois essentielles de la contre-insurrection ». La première: « plus on se protège, plus on est en danger ». Ce paradoxe est mis en évidence par Michel Goya dans sa comparaison entre les modèles australien et américain lors de la guerre du Vietnam [10]. Il montre en effet que les unités qui ont tendance à se protéger dans des bases fortifiées, à se déplacer en véhicules blindés, ont finalement plus de pertes que celles qui patrouillent à pied et vivent au contact des populations. Or, aujourd’hui, la nécessité de protéger au mieux le combattant individuel s’impose aux stratèges comme un impératif premier. Les unités en opération sont donc contraintes à un alourdissement général et à une posture opérationnelle plutôt défensive. Cette tendance est parfois qualifiée de « fobbit », expression qui désigne le repli des unités à l’intérieur d’immenses bases opérationnelles (Forward Operationnal Bases, FOB). Elle s’explique largement par le coût politique de plus en plus élevé des pertes humaines: la mort de soldats dans les opérations extérieures a un retentissement très fort dans les médias et dans l’opinion publique, et suscite souvent des critiques envers des responsables politiques sommés de justifier ce sacrifice au nom d’intérêts souvent incompris. Cette difficulté à accepter l’infortune de guerre est d’ailleurs révélée par une tendance à la « victimisation » de la mort au combat, qui peut aller jusqu’au dépôt de plaintes de familles de militaires contre le commandement pour mise en danger de la vie d’autrui. Gérard Chaliand attribue ce phénomène à la démographie faible de nos sociétés et au refus de la mort dans les opinions publiques occidentales [11].
7Paradoxalement, cette recherche légitime de la protection accroît la vulnérabilité des troupes, pour trois raisons principales. Tout d’abord, cette posture rend l’action prévisible : il suffit que l’insurgé observe la sortie des bases pour savoir quand une opération terrestre est lancée. Deuxièmement elle fait perdre l’initiative tactique au combat: face à des insurgés à pied et légèrement équipés, les fantassins occidentaux alourdis de 40kg de gilets pare-balles, casques lourds et autres accessoires, ne peuvent lutter au plan de la mobilité terrestre, mobilité pourtant indispensable dans une guerre de harcèlement. Ainsi en Afghanistan, selon les sources ce sont 60 % à 85 % des engagements qui se font à l’initiative des insurgés. Troisièmement, et c’est peut-être l’aspect le plus dangereux de cette attitude: elle prive le soldat occidental du contact avec les populations, essentiel pour atteindre l’objectif politique poursuivi et pour obtenir le renseignement indispensable à la contre-insurrection.
8La réponse aujourd’hui proposée à ce dilemme consiste à développer les forces locales, de manière à augmenter le nombre de soldats disponibles tout en partageant les risques encourus. On retrouve ici l’idée qui avait prévalu en juin1969 quand Melvin R. Laird, alors secrétaire à la Défense, lançait sa politique de « vietnamisation [12] ». Poussée à l’extrême, cette logique de prise de risque minimum aboutit à une sorte de guerre idéale, aseptisée. Elle serait conduite à bas bruit, par des unités autochtones formées et encadrées par des forces spéciales étrangères, et appuyées par quelques drones pilotés depuis les métropoles occidentales. Une telle logique, imposée par l’impératif de sûreté, comporte pourtant deux grands risques. Elle suggère d’abord que l’on peut prendre la décision politique d’aller en guerre sans encourir le risque de pertes. Il s’agit là d’une illusion dangereuse [13]. En outre, elle engendre des armées pléthoriques dans des États fragiles et pauvres, d’où à terme un problème additionnel de sortie de crise. Ainsi, la stratégie adoptée en Afghanistan vise-t-elle à mettre sur pied d’ici à 2013 une force armée de 240 000hommes et de 160 000policiers [14], dans un pays d’environ 30millions d’habitants où 42 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Les problématiques de la réforme du secteur de sécurité et de la démobilisation des combattants risquent dès lors de produire un fort effet boomerang pour la stratégie de sortie de crise.
9La deuxième « loi » de la contre-insurrection serait: « plus les activités militaires croissent, plus la guerre tend à s’enraciner durablement [15] ». En effet, plus le système qui combat l’insurrection se sent en danger, plus sa réponse tend à être agressive. Et plus cette réponse est perçue comme agressive, plus les « neutres » prennent les armes, souvent par vengeance, et deviennent à leur tour des insurgés [16]. Cette spirale négative est décrite par la formule mathématique du général S. McCrystal: « En contre-insurrection, 10-2=20 ». Autrement dit, lorsque deux insurgés sont tués par la coalition parmi un groupe de dix, douze viennent prendre leur place.
10Les analystes de la guérilla conviennent généralement que l’enjeu consiste moins à détruire physiquement des insurgés, qu’à rallier les populations à la cause légaliste. Il est donc indispensable de mettre en œuvre une stratégie de développement visant les populations. Nous retrouvons ici l’interaction entre les deux écoles de pensée de la sécurité humaine: « Freedom from Fear » et « Freedom from Want » [17]. Mais de manière pragmatique, le développement seul n’apporte pas non plus de solution: l’expérience montre qu’avant de pouvoir conduire des actions de développement, il est impératif d’imposer un minimum de sécurité. Là réside le cercle vicieux qui caractérise la stratégie contre-insurrectionnelle. Pour gagner le cœur des populations, il faut du développement, mais cette phase de développement doit être amenée par une première phase coercitive, trop souvent contre-productive à cet égard. Ainsi en Afghanistan, depuis janvier2007, les forces de la coalition sont responsables en moyenne de 20 % des pertes civiles [18].
11Comment rompre ce cercle vicieux, tel est le problème central de la stratégie contre-insurrectionnelle. La solution actuellement appliquée consiste à mener simultanément sécurisation, stabilisation et développement, comme dans la théorie du général C. Krulak dite de la « three block war [19] ». Mais cela suppose une certaine schizophrénie des appareils militaires en raison de la faiblesse des effectifs et, surtout, implique de se focaliser sur ce que D. Galula nomme les « zones rouges »– les zones sous contrôle des insurgés –, au détriment des « zones blanches » où la rébellion est moins implantée. Paradoxalement, cette logique conduit à investir dans les régions où la rébellion est établie alors que celles qui sont « déjà acquises » sont délaissées, au point que la population pourrait se demander si elle ne devrait pas rejoindre l’insurrection pour avoir quelque chance de se développer. Un tel sentiment d’abandon est en outre renforcé du fait que les capacités civiles nécessaires pour prendre le relais dans les zones blanches font souvent cruellement défaut.
12Enfin, troisième « loi »: « irrégularité tactique, régularité éthique ». Face à une stratégie irrégulière contre laquelle les modes d’action et les matériels classiques se montrent en général inadaptés, les appareils militaires ont une tendance naturelle à développer des modes d’action irréguliers. Cette stratégie est payante sur le plan tactique: en utilisant des procédés de combat similaires à ceux de l’insurgé, elle supprime l’avantage de sa stratégie de contournement. Ainsi les commandos de supplétifs peuvent-ils s’avérer d’une efficacité redoutable [20]. Les forces classiques, et à fortiori les forces spéciales dont l’action irrégulière est le cœur de métier, doivent donc innover dans leurs modes d’action pour s’adapter à leurs adversaires. Mais au plan éthique, l’irrégularité comporte des germes particulièrement dangereux. La guerre parmi les populations et la lutte contre le terrorisme imposent presque inévitablement que des actions de police, arrestations de suspects ou fouilles d’habitations soient conduites par les forces militaires, alors qu’elles n’en ont ni la culture, ni les outils juridiques. Si le chef militaire n’impose pas une éthique stricte [21], ces actions peuvent conduire à un usage de la force excessif et arbitraire, par exemple dans certains cas extrêmes à la pratique de la torture. Outre la dérive morale que signalent ces comportements, ces dérapages de l’usage de la force sont immédiatement dénoncés dans notre monde médiatisé, avec de lourdes conséquences politiques, comme l’a montré le scandale d’Abou Ghraïb. Et une action militaire menée hors d’un cadre éthique s’avère contre-productive dans la stratégie de contre-insurrection, tout simplement parce qu’elle sape la légitimité de l’usage de la force aux yeux des populations [22]. La bataille d’Alger symbolise à elle seule cette problématique, où le succès tactique de court terme contre les terroristes se paye du rejet des parachutistes par la population de la Casbah et, ultérieurement, par la population de la métropole et de la classe politique nationale. Si l’on identifie la contre-insurrection comme un combat politique dont l’enjeu est la population, alors il faut admettre que la cohérence entre les valeurs affichées et l’action conduite est cruciale.
Le jeu des différences
13Sans prétendre à l’exhaustivité, tentons d’analyser en quoi les insurrections d’aujourd’hui diffèrent de celles de la période de décolonisation. Cette indispensable analyse critique des leçons du passé a fait l’objet d’un riche débat outre-Atlantique en 2007, notamment à travers les travaux de David Killcullen, Frank Hoffman et Steven Metz [23].
14On relèvera d’abord une première différence: la légitimité et le soutien à la cause des insurgés. La légitimité de la cause est d’ailleurs, selon D. Galula, une des trois conditions indispensables (avec la faiblesse du régime loyaliste et les conditions géographiques) à la victoire d’une insurrection. Dans les années1950, aussi bien en Indochine qu’en Algérie, les insurgés combattaient au nom de l’indépendance des peuples, une rhétorique à replacer aussi dans le contexte global de la guerre froide. Ainsi nombre d’officiers français, après avoir vu le Vietminh à l’œuvre avec ses soutiens chinois, percevaient-ils la guerre d’Algérie comme l’épisode suivant d’une guerre subversive mondiale. Pour les tenants de la doctrine de la guerre révolutionnaire [24], l’ennemi était aussi à l’œuvre au cœur même de la nation, à une époque où le Parti communiste pouvait rassembler jusqu’à 25 % des suffrages. Indépendance des peuples, instauration de régimes communistes: la cause des insurgés trouvait une forme de légitimité internationale pouvant aller jusqu’au soutien actif, comme le montre le sabotage des armements destinés à l’Indochine par certains ouvriers des manufactures françaises [25]. La cause pouvait donc passer pour légitime auprès des populations indochinoise et algérienne.
15Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Au plan global, Al-Qaïda et ceux qui soutiennent les réseaux terroristes se réclament d’une cause, « le néo-djihad [26] », qui crée peu de légitimité internationale. Surtout, elle ne suscite pas l’adhésion des populations afghanes. L’action militaire en Afghanistan se déroule donc dans un contexte de légitimité internationale qui n’est pas du tout comparable avec celui de la décolonisation. Il y a bien là une vulnérabilité majeure des insurrections islamistes contemporaines. Mais dans la stratégie contre-insurrectionnelle, il faut surtout considérer la manière dont est perçue cette légitimité au niveau local. Or sur ce plan, et telle qu’elle est appréhendée par les populations, l’insurrection trouve sa cause dans la présence d’un envahisseur étranger auquel il s’agit de résister. Cette rhétorique est systématiquement mise en avant par les insurgés, notamment par les filières historiques de la résistance pachtoune. Or au fur et à mesure que le conflit s’enracine, cette cause se renforce par essence: il devient donc de plus en plus difficile d’en contester la légitimité.
16À cette difficulté s’ajoute le fait que, dans nos propres opinions publiques, les objectifs initiaux de l’action militaire (lutte contre les bases terroristes d’Al-Qaïda et restauration de l’état de droit en Afghanistan) ont peu à peu été oubliés, avec pour corollaire une baisse de la légitimité des opérations. Ce glissement de légitimité est un processus dangereux, qui impose de communiquer sur les enjeux de l’engagement occidental en Afghanistan, pourtant rappelés récemment par le Sénat français [27]. Ainsi la communication vers la société afghane, mais aussi vers les sociétés occidentales, doit devenir une ligne d’opérations centrale du plan de campagne en Afghanistan.
17La deuxième différence notable avec les expériences historiques concerne l’homogénéité de ces insurrections. Le Vietminh et le Front de libération nationale (FLN) possédaient des structures relativement similaires, reposant sur une organisation fonctionnelle politico-militaire couplée à un découpage territorial. Leur projet politique était cohérent à l’échelle d’un pays. Les insurrections actuelles, en Irak ou en Afghanistan, sont le résultat d’une mosaïque d’intérêts, religieux, mafieux, claniques, ethniques. Les structures sont hybrides, changent en permanence. En outre les insurrections ont désormais un caractère transnational avec une coopération en temps réel et une pollinisation des techniques entre insurgés de différents pays. La contre-insurrection n’échappe pas à la loi de l’entropie dans la guerre.
18En Afghanistan, on peut distinguer des logiques insurrectionnelles très différentes. Le Hizb-i-Islami de Gulbuddin Hekmatyar (HIG) et le Hizb-i-Islami Khales, ainsi que les réseaux de Jalaluddin Haqqani (HQN), poursuivent une ambition politique afghane pour faire prévaloir les intérêts pachtounes sur fond de liens historiques avec les services pakistanais. Le HIG cherche aussi à contrôler les richesses minérales et les routes de contrebande dans l’est de l’Afghanistan. Les Talibans de la shura de Quetta (QST) et du mollah Omar veulent restaurer l’Émirat islamique d’Afghanistan, et montrent une certaine solidarité avec l’organisation d’Oussama Ben Laden. Les volontaires étrangers d’Al-Qaïda saisissent l’occasion de porter le fer contre les « Croisés » [28] en apportant du matériel, de l’expertise et un support idéologique. Mais les trafiquants d’opium, les petits délinquants de droit commun, ou tout simplement celui dont l’honneur commande de prendre les armes pour venger un proche, alimentent aussi l’insurrection. Dès lors, construire ou reconstruire un appareil politique au sein même de la population – ce qui reste le cœur de la contre-insurrection – nécessite non pas une stratégie unique, fondée sur la lutte globale contre la terreur, mais des stratégies diverses, adaptées aux différentes zones et acteurs. En ce sens, la contre-insurrection contemporaine est probablement plus complexe que par le passé.
19La troisième différence trouve son origine dans la valorisation des insurrections actuelles par l’apport des nouvelles technologies [29]. La révolution née des nouvelles technologies de l’information et de la communication a indéniablement accru les capacités de contrôle et de communication des armées occidentales. Mais le progrès technologique ne profite jamais très longtemps à un seul protagoniste. Les guerriers asymétriques modernes ont donc rapidement utilisé cette même technologie à leur profit. Penser que nous sommes les seuls bénéficiaires de la panacée technique serait une erreur majeure. La création d’un « hinterland virtuel [30] » permet en effet aux insurgés de bénéficier de véritables sanctuaires électroniques. Les flux financiers, les communications entre réseaux, le recrutement et la propagande peuvent ainsi se développer hors de portée des forces classiques. Les insurgés afghans sont ainsi capables de diffuser en quelques jours sur Internet un film de propagande mettant en scène une embuscade filmée sur le terrain sous trois angles de vue différents.
20Le soutien extérieur est donc aujourd’hui en partie dématérialisé. L’art opératif doit désormais faire appel à la lutte informatique offensive et aux méthodes de police scientifique et financière. Pour reprendre le parallèle avec l’expérience algérienne, un nouveau plan Challe ne pourrait aujourd’hui réussir sans que des barrières électroniques soient mises aux réseaux insurrectionnels. Tactiquement, l’innovation technologique produite à grande échelle, et accessible à moindre coût, favorise l’émergence d’adversaires durcis [31] qui conduisent un type de guerres hybrides où l’asymétrie est en partie nivelée par l’usage de la technique. Le cas des Improvised Explosive Devices en Afghanistan l’illustre, dans la mesure où l’usage de dispositifs électroniques très simples – comme le téléphone portable –- engendre un rapport coût/efficacité très avantageux pour l’insurrection, au regard du nombre de pertes occasionnées [32] mais aussi des sommes considérables consacrées à la lutte contre ce phénomène par la coalition.
21Enfin une quatrième différence réside dans la nature politique de l’insurrection. Les insurrections classiques des années1960 avaient pour objectif de changer le régime politique en place. Elles se posaient en « challenger » d’un ordre politique établi, bien que souvent fragile. Aujourd’hui les insurrections se développent plutôt sur les ruines d’un État en cherchant au contraire à maintenir le vide politique pour proliférer et retirer ainsi des bénéfices économiques souvent mafieux [33]. Il est alors impossible pour les forces contre-insurrectionnelles de s’appuyer sur des structures étatiques existantes. Il leur faut combattre l’insurrection tout en reconstruisant ces structures, ce qui accroît grandement la difficulté de la tâche. Enfin la nature même des buts de l’insurgé a évolué. L’idéologie religieuse de certaines insurrections modernes a introduit le statut d’insurgé comme le but en soi de la participation à une insurrection. Il s’agit alors moins d’agir que d’être, car ce statut permet d’accéder à un rang spirituel comme celui de chahîd , martyr de l’Islam. Dès lors, combattre l’insurgé dans le champ politique, un des enseignements majeurs des théoriciens de la décolonisation, n’a plus de sens.
Principes d’une stratégie contre-insurrectionnelle
22Les difficultés rencontrées dans les stratégies de contre-insurrection ne sont pas une fatalité. Simplement, la mise en œuvre des solutions sur le terrain reste particulièrement difficile. Il est, surtout, illusoire de vouloir obtenir des résultats rapides. Dans cet effort de long terme, trois principes essentiels doivent rester en tête des préoccupations.
23D’abord: « il n’y a de progrès que s’il y a un but ». Le premier principe est donc de définir des objectifs politiques, car les meilleurs planificateurs restent impuissants si les buts de guerre ne sont pas définis. Comme le souligne le rapport sur l’Afghanistan du Sénat français déjà cité, la stratégie militaire ne peut avoir d’efficacité que si elle est au service d’objectifs politiques. Nous sommes ici au cœur de deux problématiques liées: celle de la définition des buts politiques de la guerre et celle de l’utilité de l’action militaire pour atteindre ces buts. Pour illustrer cette première problématique, citons Beaufre: « Gagner la guerre n’est pas un but politique..., c’est le genre de paix qui suit la guerre qui est le véritable but politique. Gagner la guerre ne veut rien dire si l’on n’exprime pas les buts de guerre correspondants [34] ». Or en Afghanistan, les buts politiques à atteindre ne sont pas clairement identifiés. Il subsiste notamment, entre les acteurs de la coalition, une ambiguïté et des différences d’interprétation sur l’état final recherché [35]. Ce qui se traduit concrètement par la présence sur place de trois missions distinctes.
24Les objectifs du processus de Bonn, processus d’élections démocratiques conduisant à un régime constitutionnel lancé en décembre2001, sont soutenus à la fois par la Mission (civile) des Nations unies en Afghanistan (MANUA), et la mission (militaire) sous commandement de l’OTAN depuis août2003 (International Security Assistance Force, ISAF). En parallèle, les États-Unis poursuivent l’opération « Liberté immuable », action militaire américaine qui vise à la destruction d’Al-Qaïda et du sanctuaire terroriste afghan, en application du principe de légitime défense [36]. Dès lors, quelle action militaire faut-il conduire pour atteindre quel but politique et comment mettre en synergie des opérations organisées autour d’objectifs politiques différents ? Certes, on entre rarement en guerre avec des buts politiques finaux parfaitement fixés et définitifs, tant l’interaction avec le déroulement des opérations est une constante de la stratégie. Mais compte tenu de l’évolution actuelle, il paraît important de clarifier les buts à atteindre par l’action militaire en Afghanistan. Ces buts doivent être réalistes, c’est-à-dire nécessairement limités si les moyens consentis le sont également, ils doivent être partagés par tous les acteurs de la coalition, et élaborés en tenant compte de la réalité afghane et des aspirations des populations.
25À cette problématique s’ajoute celle de « l’utilité [37] » de la force pour atteindre ces buts. Si nous reprenons la dialectique clausewitzienne entre le « Ziel » – objectif militaire – et le « Zweck » – objectif politique –, il est primordial de comprendre que la formulation du premier pour atteindre le second est particulièrement difficile dans la stratégie de contre-insurrection, comme dans toute guerre limitée. En effet, les objectifs politiques ne sont pas matériels, et ne peuvent être inscrits définitivement dans le marbre, pour la simple raison que le niveau politique doit pouvoir conserver sa liberté d’action. Il est donc difficile de les traduire en objectifs pour l’action militaire, une action dont la nature est intrinsèquement liée à l’usage de la force létale et qui a besoin d’un horizon visible pour pouvoir être planifiée efficacement. Au sein d’une coalition, cette difficulté dans l’articulation entre le but politique et le but militaire apparaît d’ailleurs clairement dans des caveats plus ou moins assumés par les différents contingents.
26Le deuxième principe à respecter est celui de la centralisation du pouvoir politique. La contre-insurrection exige des efforts dans trois domaines principaux : la sécurité, l’économie et la politique [38]. Ces trois actions doivent être coordonnées par une seule et même autorité, avec un fort mandat politique. C’est la leçon donnée par les rares exemples historiques de victoire face à des insurrections. Elles furent l’œuvre d’officiers généraux disposant des pouvoirs civils et militaires: les futurs maréchaux J. Gallieni à Madagascar, H. Lyautey au Maroc, Lord Kitchener en Afrique du Sud ou Sir G. Templer en Malaisie. Galula précise sans ambiguïté la nature de cette autorité: « l’action de contre-insurrection est constituée de 20 % d’action militaire et de 80 % d’action politique. Donc confier la conduite des opérations à des militaires serait contradictoire. Les responsabilités d’ensemble doivent donc toujours rester dans les mains du pouvoir civil, à tous les niveaux. [39] »
27L’autorité unique doit s’incarner dans un haut fonctionnaire, ou un ancien militaire, aux compétences de premier plan, et qui se voit confier clairement l’autorité sur l’ensemble des acteurs du théâtre. Cette autorité politique doit pouvoir coordonner l’ensemble de l’action interministérielle et interalliée sur le théâtre. Agissant comme centre de gravité politique, elle favorisera les synergies de tous les acteurs, y compris des acteurs non étatiques, comme les organisations non gouvernementales (ONG), dont le rôle ne peut être totalement déconnecté de l’action d’ensemble. Les enseignements de la guerre menée en Irak montrent que les déficiences de coordination civilo-militaire ont compromis les chances de profiter de la fenêtre d’opportunité ouverte dans les premiers mois qui suivirent la chute du régime de Saddam Hussein, ce qui a favorisé l’émergence d’une insurrection [40]. Malheureusement ces enseignements n’ont pas encore été appliqués à l’Afghanistan, où aucun système efficace de coordination civilo-militaire n’est à l’œuvre.
28Le troisième principe consiste à mieux lier sécurité et développement. Deux démarches peuvent être ici suivies. La première prône une rupture avec la logique coercitive de destruction des rebelles dans les zones « rouges ». Le retour d’expérience français en Afghanistan montre que les opérations de guerre doivent être planifiées, puis évaluées principalement en fonction de leurs effets sur la population et non sur la rébellion [41]. Le critère de réussite de l’action militaire en contre-insurrection n’est donc pas l’évaluation classique des pertes adverses ou du matériel détruit, mais la mesure des effets positifs de cette action sur le niveau de gouvernance ou de développement localement produit. Cette forme d’approche indirecte doit être vue comme une vitrine pour séduire tôt ou tard les populations des zones sous le contrôle des insurgés. C’est le seul moyen qui permette d’amener la population à rejeter les insurgés exogènes et à tarir le flux endogène qui alimente l’insurrection.
29La seconde démarche consiste à mettre en œuvre une approche bottomup du développement. Les besoins fondamentaux doivent être définis en liaison avec les populations. Une fois ces derniers satisfaits, le contrat social peut être reconstruit grâce à une aide à la gouvernance pour finalement déboucher sur une organisation politique respectant les coutumes et les réalités locales. L’approche actuelle fonde de faux espoirs dans la mise en place d’un gouvernement démocratique importé, supposé conduire, avec l’aide des organisations internationales, les actions nécessaires à l’amélioration des conditions de vie des populations. Ce développement « par le haut » a déjà montré son inefficacité en Irak, notamment parce qu’il reposait sur un gouvernement créé ex-nihilo à la suite de la politique de débaassification de Paul Bremer. Une telle approche est encore plus aléatoire en Afghanistan, pays marqué par 30années de guerre civile qui ont engendré le règne des seigneurs de guerre , sur fond de rivalités ethniques et de réserve traditionnelle envers le pouvoir central.
Mots-clés éditeurs : Afghanistan, Nouvelles technologies, Contre-insurrection, Stratégie militaire
Date de mise en ligne : 22/03/2010.
https://doi.org/10.3917/pe.101.0083Notes
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