Notes
-
[1]
Voir Ch. A. Kupchan, « NATO Divided », International Herald Tribune , 10 avril 2008.
-
[2]
Ch. A. Kupchan et P. L. Trubowitz, « Dead Center: The Decline of Liberal Internationalism in the United States », International Security , vol. 32, n? 2, automne 2007.
-
[3]
Voir Ch. A. Kupchan, The End of the American Era : U.S. Foreign Policy and the Geopolitics of the Twenty-first Century, New York, Alfred A. Knopf, 2002, p. 216 ; et Ph. H. Gordon et J. Shapiro, Allies at War: America, Europe, and the Crisis over Iraq , New York, McGraw-Hill, 2004, p. 31-45.
-
[4]
Discours d’investiture de G. W. Bush, Convention nationale républicaine, Philadelphie (PA), 3 août 2000, Washington Post , 4 août 2000.
-
[5]
Matthew Dowd avait écrit ce mémo pour le principal conseiller politique de G.W. Bush, Karl Rove. Pour une analyse de son impact sur l’approche de G. W. Bush de la gouvernance, voir Th. B. Edsall, Building Red America: The New Conservative Coalition and the Drive for Permanent Power , New York, Basic Books, 2006, en particulier p. 51-77.
-
[6]
Sh. Alberts, « Candidates Address Security Moms: Bush Warns Kerry Would ‘Invite Disaster », Gazette (Montréal), 19 octobre 2004.
-
[7]
Cité par M. Silva, « Cheney Back on the Campaign Trail as GOPs ‘Attack Dog », Chicago Tribune , 18 août 2006.
-
[8]
« America’s Angry Election », Economist , 3 janvier 2004.
-
[9]
M. Abramowitz, « Bush Says ‘America Loses’ under Democrats », Washington Post , 30 octobre 2006.
-
[10]
Ch. A. Kupchan et P. L. Trubowitz, op. cit. [2], p. 26.
-
[11]
Voir Voteview.ucsd.edu .
-
[12]
Voir W. H. Frey, « Metropolitan Magnets for Domestic and International Migration », Washington, D.C., Brookings, octobre 2003. D’autres analystes suggèrent que l’économie numérique contribue à ce processus de balkanisation en séparant les lieux de travail de la réalité géographique, permettant ainsi aux Américains de décider de leur lieu de vie en fonction de leur mode de vie, leurs valeurs et leurs orientations politiques. Voir J. Kotkin, The New Geography: How the Digital Revolution Is Reshaping the American Landscape, New York, Random House, 2000.
-
[13]
Les pressions partisanes sur les législateurs s’apaisent avec l’augmentation des revenus personnels et lorsque les caisses fédérales enregistrent de meilleures rentrées. Voir P. Trubowitz et N. Mellow, « Going Bipartisan’: Politics by Other Means », Political Science Quarterly , vol. 120, n 3, automne 2005.
-
[14]
D. Bell, The End of Ideology: On the Exhaustion of Political Ideas in the Fifties, New York, Free Press, 1960.
-
[15]
Voir N. McCarty, K. T. Poole et H. Rosenthal, Polarized America: The Dance of Ideology and Unequal Riches , Cambridge (MA), MIT Press, 2006.
-
[16]
L. Summers, « Only Fairness Will Assuage the Anxious Middle », Financial Times , 10 décembre 2006.
-
[17]
Voir I.M. Destler, American Trade Politics, Washington, D.C., Institute for International Economics, 1995 (3e éd.) ; et J. Shoch, Trading Blows: Party Competition and U.S. Trade Policy in a Globalizing Era , Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2000.
-
[18]
R. Y. Shapiro et Y. Block-Elkon, « Political Polarization and the Rational Public », in M. H. Halperin, J. Laurenti, P. Rundlet et S. P. Boyer (dir.), Power and Superpower: Global Leadership and Exceptionalism in the 21st Century, New York, Century Foundation Press, 2007, p. 66.
-
[19]
En 1999, 46 % des républicains considéraient que la diplomatie était la meilleure option, contre 60% des démocrates. Lors des élections de 2004, 66 % des électeurs de G.W. Bush voyaient en l’usage de la force militaire le meilleur moyen de combattre le terrorisme, contre 17 % des électeurs de Kerry. Dans ces derniers, 76 % estimaient que l’usage excessif de la force crée l’antiaméricanisme et encourage le terrorisme ; 25 % des électeurs de G.W. Bush partageaient cette position. Voir G. C. Jacobson, A Divider, Not a Uniter: George W. Bush and the American People, New York, Pearson Longman, 2007, p. 222-236 ; et Pew Research Center for the People and the Press, « Politics and Values in a 51%-48% Nation: National Security More Linked with Partisan Affiliation », 24 janvier 2005, disponible sur <people-press.org/reports/display.php3?ReportID=236 >.
-
[20]
B. Schneider, « Poll: Support for Iraq War Deteriorates », CNN.com , 19 mars 2007, disponible sur <wwww. cnn. com/ 2007/ POLITICS/ 03/ 19/ iraq. support/ index. html >.
-
[21]
Au début de son second mandat, le président G.W. Bush a pourtant semblé revenir à une approche plus traditionnelle de l’UE : il a affirmé son soutien à l’unification européenne et s’est rendu à Bruxelles peu après son élection. Mais nombre de conservateurs se sont secrètement réjouis du rejet du Traité constitutionnel par la France et les Pays-Bas, considérant ce pas en arrière dans le processus de construction européenne comme favorable aux intérêts américains.
-
[22]
La France est une exception remarquable, en ce qu’y tenir tête à Washington y est de bon ton et politiquement stratégique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais même en France, la posture d’opposant à Washington est plus une posture politique qu’un effort sincère de remettre en cause le partenariat transatlantique.
-
[23]
Voir Ch. A. Kupchan, « In Defence of European Defense: An American Perspective », Survival , vol. 42, n 25, été 2000 ; et Ch. A. Kupchan, « The Travails of Union: The American Experience and its Implications for Europe », Survival , vol. 46, n? 4, hiver 2004-2005.
1La fin de la guerre froide a sapé les fondations géopolitiques de la coopération transatlantique. En labsence de menace extérieure commune, Europe et Amérique ont cessé de compter lune sur lautre pour défendre leurs intérêts essentiels de sécurité. LOrganisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) nest plus une alliance militaire que de nom, la défense collective étant reléguée au second plan. Les chemins des États-Unis et de lEurope se sont historiquement séparés, en particulier vis-à-vis de régions comme le Moyen-Orient…
2La fin de la guerre froide a aussi érodé une seconde source structurelle de la solidarité transatlantique : lhégémonie américaine en Europe. Le démantèlement du pacte de Varsovie et leffondrement russe ont fait des États-Unis une superpuissance unique et sans rival, mais cette unipolarité sest accompagnée dune réduction de lemprise américaine en Europe. Les priorités stratégiques des États-Unis se sont déplacées vers le Moyen et lExtrême Orients, et de manière accélérée après le 11 septembre.
3La puissance militaire américaine a moins dinfluence dans une Europe pacifiée. À linverse, lemprise assurée par le pouvoir économique augmente relativement. Sur le front économique, Europe et États-Unis ont tous deux un produit intérieur brut (PIB) denviron dix mille milliards de dollars (Md$). Leuro sest établi rapidement comme monnaie de réserve globale, et après un léger faible initial, son cours a nettement repris contre le dollar.
4Enfin, la chute de lUnion des républiques socialistes soviétiques (URSS) a ouvert la voie à un approfondissement et à un élargissement de lUnion européenne (UE), et ce, en dépit du rejet par la France et les Pays-Bas du Traité constitutionnel en 2005. Lautonomie et lambition collective de lUE se manifestent dans des décisions diplomatiques plus affirmatives et indépendantes. LEurope sest associée au protocole de Kyoto et à la Cour pénale internationale (CPI) malgré lopposition explicite de Washington. France et Allemagne ont en commun refusé la guerre contre lIrak et la légitimité que lui aurait valu le soutien des Nations unies. Dans les Balkans, lUE a remplacé les États-Unis au poste de principal arbitre diplomatique. Au sommet de lOTAN à Bucarest en 2008, des membres de lUE se sont associés pour bloquer les efforts de Washington pour ouvrir la voie à ladhésion de la Géorgie et de lUkraine [1]. Le bras armé de lEurope nest pas à la hauteur de ses ambitions politiques. Mais lintégration des programmes de défense nationaux est en cours, même si elle demeure lente.
5Privée du sens de lunité face à l’altérité soviétique, lidentité «occidentale» sest dissoute, et certains analystes annoncent déjà « la fin de lOccident». Les efforts de lUE en faveur dune Union plus forte, combinés au rejet de la politique étrangère de lAdministration Bush, ont poussé certaines élites européennes à voir les États-Unis comme un nouvel « autre » contre lequel lEurope devrait rassembler ses forces.
Un nouveau type dinternationalisme américain
6La fin de la guerre froide a également contribué aux aigreurs transatlantiques en accélérant lérosion des fondations bipartites de linternationalisme libéral américain [2]. La coalition bipartite qui soutenait ce dernier reposait en partie sur la menace extérieure. Avec la fin de lURSS, la politique étrangère est devenue elle aussi un enjeu des luttes partisanes. En 1991, les divisions sur la guerre du Golfe étaient le signe avant-coureur du fossé qui se creusait entre républicains et démocrates en matière de politique étrangère aux États-Unis. Le Sénat autorisa bien lemploi de la force militaire pour expulser larmée irakienne du Koweït, mais à une majorité très mince – 52/47 – qui recouvrait clairement des lignes partisanes.
7Le bipartisme a continué de décliner dans les années 1990, et l’érosion sest précipitée après la prise du Congrès par les républicains en 1994. En termes de votes au Congrès, le bipartisme a atteint, pour la politique étrangère, son niveau le plus bas depuis la Seconde Guerre mondiale lors du 104e Congrès (1996-1997). LAdministration Clinton traînait les pieds sur la CPI et le protocole de Kyoto, mais finit par adhérer aux deux ; le Congrès nétait enthousiaste ni pour lun, ni pour lautre [3]. Bill Clinton envoya le Traité dinterdiction complète des essais nucléaires devant le Sénat, où il fut rapidement rejeté par les républicains. Il se tourna vers le multilatéralisme pour amener la paix au Kosovo, mais la Chambre des représentants à majorité républicaine refusa une résolution cautionnant la campagne de l’OTAN.
8Si les événements des années 1990 ont marqué un affaiblissement du partenariat transatlantique de la guerre froide, ceux qui ont suivi lélection de George W. Bush ont marqué sa fin. Si lAdministration Clinton avait tenté de sauver linternationalisme libéral, lAdministration Bush a, elle, cherché à lenterrer. Dès sa prise de fonctions, G. W. Bush a annoncé son opposition au protocole de Kyoto et à la CPI. Déjà divergentes, les priorités stratégiques de lEurope et des États-Unis s’éloignaient encore. Le gouvernement américain et ses homologues européens affichaient des visions différentes des sources de lextrémisme islamiste et des meilleurs moyens de le combattre. Washington déclinait loffre de lOTAN de laider à renverser le régime des Talibans, portant un coup dur à lesprit et aux formes de la défense collective. Lorsque les États-Unis, se sont ensuite retournés contre Saddam Hussein, nombre dEuropéens ont considéré cette guerre comme un acte illégitime – même dans les pays favorables à linvasion. Les attentats du 11 septembre et la guerre en Irak ont attisé aux États-Unis un nationalisme irascible, favorisé les voix les plus extrêmes, et exacerbé les aigreurs partisanes.
9La polarisation des choix aux États-Unis pourrait bien représenter lun des changements les plus lourds de conséquences, et les plus durables, du passé récent. Si cet évidement du centre reflète un déclin de long terme – plutôt que de représenter une aberration temporaire –, alors la fin de linternationalisme libéral survivra à la présidence Bush. Si Bush avait promis de gouverner « en unificateur, pas en diviseur », une fois en fonction il a constamment dévié du centre, poussé par ses conseillers à exploiter plutôt quà réduire les divergences partisanes [4] : son responsable des sondages n’avait-il pas écrit que le centre de la politique électorale américaine, autrefois tant vanté, sétait effondré, et que toute stratégie politique cherchant à le réinvestir se retournerait contre eux [5] ? Là où Franklin D. Roosevelt et ses successeurs cherchaient à promouvoir le bipartisme en politique étrangère, lAdministration Bush utilisait cette dernière comme un outil, en particulier en période délections. En 2004, G. W. Bush a axé sa campagne sur la menace du terrorisme, annonçant que le pays « courrait au désastre » si les démocrates gagnaient [6]. Le vice-président Dick Cheney renchérissait : « Si nous faisons le mauvais choix [de candidat], nous courons le risque dêtre frappés à nouveau [7] ». Après lélection, The Economist concluait : « LAmérique est plus amèrement divisée quelle ne la été pendant toute une génération [8] ». Et cette rhétorique sest poursuivie [9] aux élections de mi-mandat de 2006.
10Au lieu dintroduire une ère nouvelle de coopération politique, les attentats terroristes nont produit quun bref retour du bipartisme. Sous le 108e Congrès (2003-2004), le vote de politique étrangère a repris une forme pré-11 septembre [10]. Et le fossé s’est creusé jusquà ce que les démocrates reprennent le contrôle du Congrès en 2006. Lors des premiers votes du 110e Congrès sur l’Irak, seuls 17 des 201 représentants républicains de la Chambre se sont joints aux démocrates pour sopposer à lenvoi de troupes supplémentaires. Au Sénat, seuls 2 républicains ont suivi les démocrates pour approuver une résolution visant à établir un calendrier de retrait. Par contraste, 95 % des démocrates de la Chambre et du Sénat ont voté en faveur du retrait des troupes américaines en 2008. Selon un index largement utilisé, le Congrès est aujourdhui plus fragmenté et polarisé politiquement quil ne la jamais été au cours des cent dernières années [11].
11Le style de gouvernance de G. W. Bush et la guerre en Irak ont sans aucun doute contribué à cet état de fait, mais les développements de la politique intérieure sont aussi responsables de la fracture de la coalition qui a longtemps porté linternationalisme libéral. Leffort de Roosevelt pour lui donner des fondations bipartisanes fut aidé par la nécessité d’alors de forger une alliance politique entre le Nord et le Sud. Laccord sur les avantages de léconomie de marché et sur les bénéfices du budget de la défense, ainsi que la migration des démocrates du Nord vers le Sud permirent à Roosevelt et à ses successeurs de combler le principal fossé régional qui avait longtemps interdit le soutien dune coalition bipartite à une stratégie de grande envergure combinant projection de puissance et partenariat international.
12Aujourdhui, les divisions régionales sont de retour. Le sud hier redouté des démocrates est redevenu, avec louest montagneux, la base électorale des républicains, les démocrates dominant le nord-est et la côte pacifique. Les mouvements migratoires ont contribué à cette tendance. Les côtes Est et Ouest et la région des Grands Lacs sont de plus en plus multiraciales et multiethniques – destinations phares de beaucoup dimmigrants. Ces communautés sont largement libérales et démocrates. Dans le même temps, les blancs des classes ouvrières ou moyennes se déplacent vers les zones économiques émergentes du Sud et de lOuest montagneux. Ces communautés devenant plus conservatrices et républicaines. Chacune de ces « deux Amériques » devient de plus en plus homogène, et le fossé politique qui sagrandit vient renforcer les obstacles à la coopération bipartite [12].
13Un autre changement majeur est la division idéologique croissante entre les partis, nourrie par des inégalités économiques de plus en plus importantes. Le paysage politique de laprès-Seconde Guerre mondiale était beaucoup moins polarisé autour des questions socio-économiques et régionales. Lexpansion économique nourrie par la guerre et le boom daprès-guerre expliquait largement la modération : la croissance agit comme un baume, apaisant les tensions entre les classes déclenchées par la Dépression et aidant les dirigeants politiques à trouver un terrain dentente, en politique étrangère comme intérieure [13]. Le rétrécissement des différends idéologiques accompagnait donc le déclin des régions et des classes comme lignes de division importantes. À la fin de lère Eisenhower, lémergence dun centre pragmatique et modéré incitait le sociologue dHarvard Daniel Bell à décréter « la fin de lidéologie » [14]. Au Capitole s’affirmait un « bloc modéré » – groupe de législateurs plus enclins à voter pour le parti opposé que pour le leur.
14Aujourdhui, le centre modéré s’efface devant lextrémisme idéologique. Lacuité des clivages socio-économiques contribue à la polarisation idéologique qui sexprime de plus en plus dans la compétition partisane [15]. Pour beaucoup dAméricains, les salaires nont pas suivi linflation. Historiquement, environ trois-quarts des revenus dune entreprise revenaient aux salariés ; depuis 2001, ils ne reçoivent plus quun quart de laugmentation des revenus de lentreprise [16]. Les riches sont devenus plus riches, et les classes ouvrières ont perdu du terrain. La pression des Américains floués par la mondialisation est une des raisons qui ont incité certains législateurs démocrates à modérer leur soutien à léconomie de marché, question qui les a éloignés des républicains, et sape une des dernières bases politiques du compromis internationaliste libéral. La prospérité daprès-guerre avait apaisé les conflits idéologiques socio-économiques, les inégalités de la mondialisation les ravivent [17].
15Une étude récente des attitudes en politique étrangère révèle « dénormes changements » et « une politique américaine […] devenue plus divisée en termes partisans et idéologiques sur les questions de politique intérieure mais aussi dans le domaine de la politique étrangère [18] ». De plus en plus de républicains placent la force militaire au-dessus de la diplomatie dans la liste les moyens dassurer la sécurité, les démocrates tendant vers la direction opposée [19]. Selon un sondage réalisé en mars 2007, seuls 24 % des républicains sont opposés à la guerre, contre 90 % de démocrates [20]. Ce fossé grandissant naugure rien de bon pour les stratégies de grande envergure qui cherchent à combiner lutilisation de la force militaire avec la construction dinstitutions multilatérales.
Les conséquences géopolitiques de la discorde transatlantique
16Les États-Unis et leurs grands alliés européens – France et Allemagne en particulier – ont pris des chemins divergents sur les questions de la guerre et de la paix. La guerre en Irak nest pas la première occasion de divergence sur lusage de la force : la crise de Suez et la guerre du Vietnam avaient évidemment provoqué des désaccords profonds. Mais le clivage irakien est intervenu en labsence dune menace globale et les oppositions stratégiques ont alors pu constituer une rupture fondamentale dans lunité transatlantique : sécurités européenne et américaine nétaient plus indivisibles.
17LAllemagne et la France nont pas seulement choisi de ne pas soutenir la guerre ; elles ont fait campagne pour que le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) refuse son appui à Washington. Les deux pays refusaient donc aux États-Unis le droit légal de conduire une opération militaire que Washington estimait vitale pour ses intérêts de sécurité. Si le Conseil de sécurité avait autorisé la guerre, les États-Unis auraient pu rassembler une coalition plus large. Une force plus importante aurait sans doute fait une différence considérable dans les premières phases de loccupation, permettant aux États-Unis de pacifier le pays et de neutraliser l’insurrection. La Turquie aurait peut-être accepté l’ouverture d’un front au nord. Les Nations unies et dautres organisations internationales se seraient plus investies dans le gouvernement de transition et la reconstruction. La guerre aurait également reçu plus de soutien au Moyen-Orient, attisant moins les radicalismes, attirant moins de recrues à la cause extrémiste. L’attitude de la France et de lAllemagne a donc sans doute coûté cher aux États-Unis, en termes de ressources et de vies humaines. Le rôle limité de lOTAN en Irak témoigne encore plus de létendue du changement dans lordre atlantique. LOTAN, institution destinée à orchestrer les actions communes de défense des intérêts, est ostensiblement la pièce centrale de cet ordre. Paris et Berlin pourraient bien avoir vu juste en affirmant que la menace de lIrak de Saddam Hussein ne suffisait pas à justifier la guerre. Mais dans le chaos qui a suivi, ils pouvaient difficilement soutenir que les intérêts de sécurité des États-Unis nétaient pas en jeu. Dix-sept États membres de lOTAN ont envoyé des troupes en Irak. Et la pièce centrale institutionnelle et symbolique de lordre atlantique – lOTAN – a gardé ses distances, se contentant de réunir les bonnes volontés pour aider à entraîner les forces de sécurité irakiennes…
18Le glissement qui sest opéré dans la politique américaine vis-à-vis de lintégration européenne est un signe supplémentaire des transformations dans lordre atlantique. De la fin de la Seconde Guerre mondiale à lAdministration Clinton, Washington sest toujours montré favorable à la construction européenne qui devait permettre dimmuniser lEurope contre les futures guerres et offrir, par la construction d’une union économique robuste, un meilleur partenaire stratégique aux États-Unis.
19Après la faille ouverte par la question irakienne, Washington a changé dorientation, menant à linverse une politique de « désagrégement ». LAdministration Bush a cherché à creuser lécart entre les membres pro- et anti-guerre de lUE, promettant aux partisans de la guerre des contrats lucratifs en Irak, punissant ses détracteurs par lisolement. Le gouvernement américain a également adopté une vision négative du projet européen, par peur quune politique étrangère et de sécurité commune ne prive Washington du soutien de quelques membres de lUE en cas de besoin, comme pour l’Irak [21].
20Pendant des décennies, le soutien aux décisions de Washington a été vu par les élites européennes comme un moyen de légitimation politique [22]. Ce nest plus le cas aujourdhui. Il suffit dobserver comme un chancelier allemand a pu faire une campagne victorieuse en se distançant de Washington. Lalliance germano-américaine, qui avait un statut sacré des années 1950 jusquà Helmut Kohl, est désormais dévaluée, dénigrée depuis la dispute irakienne. Certes Angela Merkel et Nicolas Sarkozy sont plus atlantistes que leurs prédécesseurs. Mais à travers lEurope, les sondages de lopinion publique révèlent un profond scepticisme sur la politique étrangère américaine.
21La vision américaine de lEurope ne sest pas autant transformée ; la plupart des Américains ont toujours une opinion favorable de leurs alliés européens traditionnels. Néanmoins le dénigrement de la « vieille Europe » par le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, la dénonciation, à la suite de Robert Kagan, de la mollesse européenne, et les attitudes peu flatteuses de la droite envers la construction européenne forment bien un contraste marqué avec le passé.
Renouveler la coopération transatlantique
22Notre argument suggère que la discorde transatlantique devrait prendre de plus en plus dimportance à mesure que la distribution des pouvoirs de part et dautre de lAtlantique séquilibre. Lun des arguments fondamentaux de la théorie de léquilibre des pouvoirs est que les pôles se concurrencent pour la domination. La friction entre les États-Unis et lEurope devrait saggraver si lUE s’approfondit, gagne en espace et en prospérité économique, étend son influence mondiale. Pour lharmonie transatlantique, lEurope devrait donc demeurer politiquement décentralisée et militairement faible. Et cependant, l’on soutiendra ici quune Europe plus unie et dotée de plus grandes capacités militaires permettrait sur le long terme de renforcer les relations transatlantiques.
23Les démocraties atlantiques constituent toujours une communauté de sécurité au sens où une guerre entre elles reste inimaginable. Pourtant, lidentité occidentale commune – le sens de « we-ness» pour reprendre le vocabulaire original de Karl Deutsch – sest dégradée. Et laccord sur les principes régulateurs de la communauté de sécurité a peut-être été étiré jusquà son point de rupture. États-Unis et Europe ne sont pas en compétition pour une suprématie dans le domaine de la sécurité qui les mènerait au conflit militaire. Et les deux parties ont des objectifs à long terme communs – lexpansion des marchés et de la démocratie libérale, la pacification du système international – même si elles conçoivent souvent des chemins divergents. Néanmoins, lEurope cherche à contrebalancer les États-Unis pour mieux sexprimer et défendre sa vision d’un ordre international régulé.
24Les avantages de la puissance américaine, combinés au changement de ses priorités stratégiques et à son penchant unilatéraliste, laissent à lEurope un sentiment déloignement de l’ancien partenaire. Collectivement et individuellement, les États membres de l’UE réagissent en cherchant à s’affirmer. Laffirmation de linfluence européenne peut se traduire par la formation de coalitions organisées sans les États-Unis (protocole de Kyoto, CPI), voire contre les États-Unis (Irak). Certains membres de lUE ont cherché à influencer la politique américaine en attaquant directement Washington. Les pays dEurope centrale ont, eux, soutenu la guerre principalement pour attacher les États-Unis à leur région.
25LEurope ne se préoccupe pas de son influence en soi : elle veut reconstituer un ordre régulé que les États-Unis ont déserté, en substance comme dans les méthodes. En substance, les Européens ont le sentiment que les États-Unis ont négligé des questions importantes, telles le réchauffement climatique, la justice internationale, et le développement. En termes de méthode, lUE entend brider le dédain de Washington vis-à-vis du multilatéralisme institutionnalisé.
26De leur côté, les États-Unis sont obsédés par les résultats, et tournent de fait le dos aux préoccupations européennes dexpression et dun ordre régulé. Washington ne craint pas que la puissance européenne éclipse la sienne : le fossé est trop large, et dans le plus optimiste des scénarios lUE mettrait des décennies à se poser en concurrent égal. Washington accuse plutôt lEurope de ne pas comprendre la gravité de la menace du terrorisme international, et de navoir de toute façon ni volonté ni capacité militaire pour s’y opposer.
27L’analyse suggère que lémergence dune UE dotée de capacités militaires et géopolitiquement ambitieuse, loin de déclencher une rivalité ouverte avec les États-Unis, agirait comme un remède à la discorde transatlantique. Une plus grande capacité à projeter sa puissance conférerait à lUE plus dautonomie de fait, réduisant la perception dinfériorité et dinaptitude qui nourrit beaucoup de préoccupations européennes. Elle donnerait également à lUE plus dinfluence sur les États-Unis. Et un nouveau compromis euro-américain ressusciterait lesprit du multilatéralisme, en même temps qu’il irait dans le sens des intérêts et des valeurs de lEurope [23].
28Paradoxalement, une UE forte et unie a moins de chances quune Union faible de se poser en rivale des États-Unis. Lantiaméricanisme en Europe se nourrit en partie de lindifférence de Washington, attitude qui pourrait changer. La frustration européenne est aussi faite de la perception de ses propres faiblesses ; tenir tête aux États-Unis c’est d’une certaine manière les compenser. Une UE plus forte supprimerait de fait cette source importante du ressentiment antiaméricain.
29Comme nous lavons vu, le déclin de linternationalisme libéral aux États-Unis est une tendance de long terme, et non une aberration passagère. Néanmoins, comme la montré le second mandat de G. W. Bush, même une Maison-Blanche peuplée de faucons peut reconnaître limportance de rétablir de bonnes relations avec lEurope. Cette volte-face est due à la reconnaissance pragmatique d’un besoin daide concrète en Irak. Une Europe plus capable serait un partenaire plus attirant pour les États-Unis, précisément parce que le triomphalisme et lomnipotence américains ont cédé le pas à une reconnaissance plus sobre des limites de la puissance.
30Il est certes possible quune Europe forte n’en fasse qu’à sa tête et élargisse la faille stratégique qui la sépare des États-Unis, peut-être même jusquau point où une rivalité militarisée redeviendrait concevable. Mais les faits semblent indiquer le contraire. Sur les questions liées à lusage de la force, lEurope et les États-Unis agissent le plus souvent de concert. Le fossé irakien fut l’exception qui confirme la règle. Sur lIrak (1991), la Bosnie, le Kosovo, le Darfour, le Timor oriental et lAfghanistan, États-Unis et Europe ont partagé une perspective commune et se sont engagés ensemble. Quand Washington a émis des critiques sur la puissance de lEurope, les problèmes venaient de la faiblesse de lUE, non de sa force.
31D’autres arguments viennent soutenir la nécessité dune Europe forte. Une division du travail où les États-Unis combattraient alors que lUE se concentrerait sur les missions civiles ne pourrait qu’être corrosive avec le temps. Les Américains sirriteraient de prendre beaucoup plus de risques que leurs homologues Européens. Dès lors que leur propre territoire doit faire face à des menaces terroristes, les Américains deviennent très sensibles à la contribution des autres pays pour neutraliser cette menace. Les Européens, quant à eux, continueraient de se rebiffer face à la diminution dinfluence que représenterait leur position secondaire. Une UE réduite aux actions civiles serait une recette imparable pour démanteler définitivement le partenariat transatlantique.
32Par contraste, une UE plus forte rétablirait un équilibre transatlantique, posant les bases dun partage équitable des tâches sur le spectre complet des missions. Il est vrai que Washington pourrait soffusquer de voir lUE façonner sa propre politique de sécurité et sembarquer dans une voie plus indépendante ; mais les Américains finiraient par voir dun bon œil la perspective dune UE pouvant assumer plus de responsabilités en Europe et contribuer à des opérations ailleurs dans le monde – en particulier contre le terrorisme et la prolifération. La guerre d’Irak a véritablement épuisé larmée américaine et fait prendre conscience aux États-Unis de limportance, pour le futur, de laide dalliés puissants.
33Une capacité militaire européenne renforcée rend aussi plus probable la convergence des points de vue stratégiques de part et dautre de lAtlantique. Lorsque les capacités de lUE seront plus robustes, sa perception des menaces pourrait se rapprocher de celle des États-Unis, tant il est vrai que la perception des menaces est au moins en partie déterminée par les moyens disponibles pour lutter contre elles.
34Il est presque certain que la périphérie de lEurope aura à subir de violents conflits dans les années à venir – peut-être à un moment où les États-Unis seront soit réfractaires soit incapables dintervenir. LUE doit donc se préparer, sous peine de sexposer au danger sans défense. Et lorsque les Européens se sont montrés incapables de mettre un terme aux conflits des Balkans dans les années 1990, tensions et récriminations ont assailli la communauté transatlantique, pas seulement du côté européen.
35***
36Avec les changements institutionnels contenus dans le traité de Lisbonne, les chefs dÉtats européens peuvent restituer au projet européen lélan qui lui manque depuis quelque temps, et en particulier faire d’une politique de sécurité plus collective et robuste une priorité majeure. De ce point de vue, la Grande-Bretagne a un rôle particulier à jouer : son expérience et sa capacité militaires seront cruciales. Après plusieurs années à jouer vaillamment son rôle traditionnel de médiateur entre lEurope et lAmérique, la Grande-Bretagne retournera peut-être bientôt à sa vocation européenne. Parce que lélargissement pourrait rendre difficile pour lUnion tout entière un progrès rapide sur les questions de défense, lexistence dun groupe de pays éclaireurs nest pas seulement désirable, mais vitale. Dans le même temps, les dirigeants européens devraient tendre la main à leurs homologues américains. Une contribution plus importante en Afghanistan, un travail de fond pour lutter contre le sentiment antiaméricain en Europe, seraient des étapes utiles.
37Washington peut en revenir à un soutien solide à lunification européenne, mettre un terme à ses efforts de division des rangs européens. Même si Washington est réticent à reprendre à son compte linternationalisme libéral qui a guidé la politique américaine au cours des six dernières décennies, le pragmatisme devrait le guider vers une politique de consensus et de compromis avec lEurope – qui reste le meilleur lieu, pour les États-Unis, où chercher laide dont ils ont besoin pour faire face aux défis mondiaux.
38Les conditions dun nouvel accord transatlantique sont à nouveau favorables, de part et dautre. En Europe, le dynamisme de la présidence française de lUE a réussi à affirmer une voix européenne plus forte. Sous la direction de Nicolas Sarkozy, lUE a joué un rôle leader pour répondre à la crise financière, et stopper le conflit russo-géorgien. La présidence française a donné un aperçu de ce que pourrait être le rôle global de lUnion si le traité de Lisbonne venait à entrer en vigueur, et si elle parvenait à instaurer une présidence de cinq années, avec un personnage fort.
39Aux États-Unis, lélection de Barack Obama augure dun renouveau de la relation euro-américaine. Le candidat Obama a clairement proposé un partenariat fort et plus équilibré. Ses propositions sur des thèmes comme le changement climatique ou le traitement des détenus ont rapproché Washington des choix européens. Et le nouveau président promet de restaurer un certain esprit bipartisan, qui annonce une interprétation plus modérée, plus « centriste », de linternationalisme américain. La décennie qui sachève a été rude pour la communauté atlantique. La prochaine a toutes chances dêtre meilleure.
Mots-clés éditeurs : Union européenne, Partenariat transatlantique, Alliance atlantique, Politique étrangère américaine
Mise en ligne 18/03/2009
https://doi.org/10.3917/pe.091.0073Notes
-
[1]
Voir Ch. A. Kupchan, « NATO Divided », International Herald Tribune , 10 avril 2008.
-
[2]
Ch. A. Kupchan et P. L. Trubowitz, « Dead Center: The Decline of Liberal Internationalism in the United States », International Security , vol. 32, n? 2, automne 2007.
-
[3]
Voir Ch. A. Kupchan, The End of the American Era : U.S. Foreign Policy and the Geopolitics of the Twenty-first Century, New York, Alfred A. Knopf, 2002, p. 216 ; et Ph. H. Gordon et J. Shapiro, Allies at War: America, Europe, and the Crisis over Iraq , New York, McGraw-Hill, 2004, p. 31-45.
-
[4]
Discours d’investiture de G. W. Bush, Convention nationale républicaine, Philadelphie (PA), 3 août 2000, Washington Post , 4 août 2000.
-
[5]
Matthew Dowd avait écrit ce mémo pour le principal conseiller politique de G.W. Bush, Karl Rove. Pour une analyse de son impact sur l’approche de G. W. Bush de la gouvernance, voir Th. B. Edsall, Building Red America: The New Conservative Coalition and the Drive for Permanent Power , New York, Basic Books, 2006, en particulier p. 51-77.
-
[6]
Sh. Alberts, « Candidates Address Security Moms: Bush Warns Kerry Would ‘Invite Disaster », Gazette (Montréal), 19 octobre 2004.
-
[7]
Cité par M. Silva, « Cheney Back on the Campaign Trail as GOPs ‘Attack Dog », Chicago Tribune , 18 août 2006.
-
[8]
« America’s Angry Election », Economist , 3 janvier 2004.
-
[9]
M. Abramowitz, « Bush Says ‘America Loses’ under Democrats », Washington Post , 30 octobre 2006.
-
[10]
Ch. A. Kupchan et P. L. Trubowitz, op. cit. [2], p. 26.
-
[11]
Voir Voteview.ucsd.edu .
-
[12]
Voir W. H. Frey, « Metropolitan Magnets for Domestic and International Migration », Washington, D.C., Brookings, octobre 2003. D’autres analystes suggèrent que l’économie numérique contribue à ce processus de balkanisation en séparant les lieux de travail de la réalité géographique, permettant ainsi aux Américains de décider de leur lieu de vie en fonction de leur mode de vie, leurs valeurs et leurs orientations politiques. Voir J. Kotkin, The New Geography: How the Digital Revolution Is Reshaping the American Landscape, New York, Random House, 2000.
-
[13]
Les pressions partisanes sur les législateurs s’apaisent avec l’augmentation des revenus personnels et lorsque les caisses fédérales enregistrent de meilleures rentrées. Voir P. Trubowitz et N. Mellow, « Going Bipartisan’: Politics by Other Means », Political Science Quarterly , vol. 120, n 3, automne 2005.
-
[14]
D. Bell, The End of Ideology: On the Exhaustion of Political Ideas in the Fifties, New York, Free Press, 1960.
-
[15]
Voir N. McCarty, K. T. Poole et H. Rosenthal, Polarized America: The Dance of Ideology and Unequal Riches , Cambridge (MA), MIT Press, 2006.
-
[16]
L. Summers, « Only Fairness Will Assuage the Anxious Middle », Financial Times , 10 décembre 2006.
-
[17]
Voir I.M. Destler, American Trade Politics, Washington, D.C., Institute for International Economics, 1995 (3e éd.) ; et J. Shoch, Trading Blows: Party Competition and U.S. Trade Policy in a Globalizing Era , Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2000.
-
[18]
R. Y. Shapiro et Y. Block-Elkon, « Political Polarization and the Rational Public », in M. H. Halperin, J. Laurenti, P. Rundlet et S. P. Boyer (dir.), Power and Superpower: Global Leadership and Exceptionalism in the 21st Century, New York, Century Foundation Press, 2007, p. 66.
-
[19]
En 1999, 46 % des républicains considéraient que la diplomatie était la meilleure option, contre 60% des démocrates. Lors des élections de 2004, 66 % des électeurs de G.W. Bush voyaient en l’usage de la force militaire le meilleur moyen de combattre le terrorisme, contre 17 % des électeurs de Kerry. Dans ces derniers, 76 % estimaient que l’usage excessif de la force crée l’antiaméricanisme et encourage le terrorisme ; 25 % des électeurs de G.W. Bush partageaient cette position. Voir G. C. Jacobson, A Divider, Not a Uniter: George W. Bush and the American People, New York, Pearson Longman, 2007, p. 222-236 ; et Pew Research Center for the People and the Press, « Politics and Values in a 51%-48% Nation: National Security More Linked with Partisan Affiliation », 24 janvier 2005, disponible sur <people-press.org/reports/display.php3?ReportID=236 >.
-
[20]
B. Schneider, « Poll: Support for Iraq War Deteriorates », CNN.com , 19 mars 2007, disponible sur <wwww. cnn. com/ 2007/ POLITICS/ 03/ 19/ iraq. support/ index. html >.
-
[21]
Au début de son second mandat, le président G.W. Bush a pourtant semblé revenir à une approche plus traditionnelle de l’UE : il a affirmé son soutien à l’unification européenne et s’est rendu à Bruxelles peu après son élection. Mais nombre de conservateurs se sont secrètement réjouis du rejet du Traité constitutionnel par la France et les Pays-Bas, considérant ce pas en arrière dans le processus de construction européenne comme favorable aux intérêts américains.
-
[22]
La France est une exception remarquable, en ce qu’y tenir tête à Washington y est de bon ton et politiquement stratégique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais même en France, la posture d’opposant à Washington est plus une posture politique qu’un effort sincère de remettre en cause le partenariat transatlantique.
-
[23]
Voir Ch. A. Kupchan, « In Defence of European Defense: An American Perspective », Survival , vol. 42, n 25, été 2000 ; et Ch. A. Kupchan, « The Travails of Union: The American Experience and its Implications for Europe », Survival , vol. 46, n? 4, hiver 2004-2005.