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Article de revue

Au service de « La Profession » 

Journalistes et communicants pris dans le secteur agricole

Pages 241 à 268

Notes

  • [1]
    Ce sont les organismes de crédit, les compagnies d’assurances, les coopératives d’achat, de vente, les chambres d’agriculture, les organisations qui structurent les filières par produit, ainsi que d’autres institutions qui s’occupent du marché foncier des terres agricoles, des aides publiques ou du conseil aux exploitations.
  • [2]
    Nous entendons ici le terme de « revendication » dans le sens de « revendication de juridiction » comme l’entend Andrew Abbott. Cet auteur montre que « les frontières des compétences sont perpétuellement en débat » (Abbott, 1998).
  • [3]
    Annuaire 1974 - 20e anniversairee , Association Française de Journalistes Agricoles.
  • [4]
    Il a existé une autre tentative dans le cadre du CFPJ de lancer une formation continue en agriculture dans les années 1980 dans le cadre du CEFPIA (Centre d’étude de formation et de perfectionnement pour l’information agricole) Mais cette activité a disparu avec les crises financières du CFPJ à la fin des années 1990 et touchait davantage le segment de la formation continue.
  • [5]
    Pour un exemple idéal-typique de ce type de dénonciation des connivences entre des journalistes spécialisés et leurs sources ou leurs actionnaires, voir l’article de Jean-Pierre Tailleur sur la presse économique paru dans le journal Le Monde Diplomatique (Tailleur, 1999).
  • [6]
    L’une rejette fortement cette forme de journalisme et l’autre a été écarté en 2005 d’un journal d’une FDSEA. Depuis, il est journaliste indépendant dans le Nord pour deux titres du groupe ABC.
  • [7]
    Cette vision est désenchantée chez la journaliste la résultante de ce qu’elle décrit comme le caractère machiste de cette presse principalement peuplé d’hommes. Pour le formateur, il a été licencié de son journal pour cause de différends avec la ligne syndicale de la FDSEA.
  • [8]
    La France Agricole est ainsi rachetée par Aprovia avant d’être cédée au milieu des années 2000 à Pragma Capital un fonds d’investissement cherchant une forte rentabilité avec un « return on equity » de 15 %.
  • [9]
    Entretien avec Erik Massin, rédacteur en chef, Le Betteravier Français, le 1er juillet 2010.
  • [10]
    C’est le cas par exemple d’une journaliste devenue responsable de communication de la CFTC, de deux anciens de la filière de journalisme agricole ayant monté une entreprise de retranscription de conférences. Certains journalistes agricoles se servent de la formation pour évoluer vers d’autres médias comme, par exemple, une jeune journaliste reconvertie dans l’information routière à Autoroute FM.
  • [11]
    Sur ce caractère technique et sur le rôle de médiation joué entre le grand public et le monde industriel par cette presse, voir les travaux de Madeleine Akrich, notamment (Akrich, 1992).
  • [12]
    Entretien avec une étudiante de la première promotion journaliste agricole de l’ESJ de Lille, le 16 février 2006.
  • [13]
    Fondé il y a plus d’un siècle sous le nom de Syndicat des rédacteurs techniques de la presse agricole, s’il porte le nom de syndicat en raison de la date de sa création antérieure à la loi de 1901, il poursuit en pratique les mêmes buts qu’une association loi 1901 vis-à-vis de ses 300 adhérents actuels.
  • [14]
    Entretien avec Pierre Pinault, Secrétaire Général du SYRPA, Directeur de la communication INVIVO, réalisé à Paris, le 15 mars 2013.
  • [15]
    La démarche de cet observatoire est en en cela atypique qu’elle est exceptionnelle dans le milieu des associations de la communication. L’association Communication et Entreprise, ex-UJJEF, n’a par exemple jamais conduit une telle enquête.
  • [16]
    Voir aussi Souanef K., Le journalisme sportif pris au jeu. Sociologie des principes de légitimité professionnelle, thèse de doctorat de science politique, Université Paris Dauphine, 2013.
  • [17]
  • [18]
    C’est le cas du Forum Agrofourniture, rendez-vous annuel d’information sur les filières majeures de l’amont agricole (alimentation animale, engrais, machinisme, phytosanitaires, semences) qui fournit un panorama transversal afin d’intéresser journalistes et communicant.
  • [19]
    Un même individu peut ainsi présider dans sa carrière les deux associations professionnelles. Philippe Pelzer, président de l’AFJA en 1994-1996 en tant que journaliste et rédacteur en chef du Betteravier Français occupe la présidence du SYRPA de 2005 à 2010 à la faveur d’une nouvelle carrière comme directeur de la communication de Tereos jusqu’en 2012.
  • [20]
    Pour coopérative d’utilisation de matériel agricole.
  • [21]
    Saada, Laurent (dir.), Djazaïr, une année de l’Algérie en France : le livre d’or, Paris, SACOM, 2003, 268 p.
  • [22]
    Benabadji, Fadéla. Cherif, Benyoucef, Algérie : destination de légendes, Paris, EDL, 2004, 215 p.
  • [23]
    Benabadji, Fadéla, Biocarburants : questions, réponses, Boulogne-Billancourt, ETAI., DL, (col. Auto savoir), 2006, 191 p.
  • [24]
    Benabadji, Fadéla, (al. ), Les tracteurs. De A à Z, EPA Éditions, 2008.
  • [25]
    FARGO Ressources de la nature s’adosse à une agence de relations presse déjà existante, spécialisée sur l’immobilier et la finance.
  • [26]
    Entretien avec Fadela Benabadji, Agence Fargo RDN, ancienne présidente de l’AFJA, réalisé à Paris le 25 janvier 2013.
  • [27]
    Idem.
  • [28]
    Entretien avec Carine Abecassis, Responsable Communication CGB – Confédération Générale des planteurs de betteraves / Présidente SYRPA, réalisé le 23 janvier 2013 à Paris.

1 En se penchant sur le milieu de la presse professionnelle agricole en France, on pourrait avoir du mal à distinguer le travail des journalistes de celui des communicants. Certains journalistes ont débuté leur carrière comme communicant dans des organisations professionnelles agricoles ; les associations des deux métiers autorisent à la fois l’adhésion des uns et des autres. En outre, ce secteur professionnel semble tout acquis au syndicalisme majoritaire agricole de la FNSEA qui est actionnaire d’un bon nombre de titres.

2 Pourtant, des tentatives existent de la part de journalistes agricoles qui cherchent à se constituer en spécialité afin de se différencier de la fonction de communicant. Il existe dans ce secteur de nombreuses institutions, que l’on désigne sous le nom d’organisations professionnelles agricoles (OPA) [1]. Cet ensemble représente la « profession agricole », qui ne se limite donc pas seulement aux agriculteurs. Cette profession agricole est dominée par le tandem syndical Jeune Agriculteur – Fédération Nationale des Syndicats des Exploitants Agricoles (JA/FNSEA) qui gagne les élections professionnelles depuis l’après-guerre (Mayance, 2009). Dans ce monde agricole fortement encadré, l’autonomie des journalistes pose question.

3 Les travaux universitaires ont analysé la structuration de la profession de journaliste et la manière dont elle a pu se démarquer en France à partir des années 1930 des communicants et autres propagandistes (Mercier, 1994 ; Ruellan, 1997 ; Georgakakis, 2004). Cette autonomie serait d’autant plus présente qu’on se rapprocherait du pôle généraliste (Marchetti, 2002). En s’en éloignant, elle revêtirait des formes différentes selon les spécialisations comme dans le cas du journalisme social (Lévêque, 2000) ou dans le cas du journalisme économique (Duval, 2004). L’information agricole est présente ici et là dans la presse généraliste mais elle se concentre principalement dans une presse professionnelle de plus de 150 titres. Plus du tiers des journaux sont des titres hebdomadaires régionaux et départementaux, souvent à faible tirage (en moyenne 5 000 exemplaires) et qui mobilisent des équipes réduites. Le reste des titres dispose d’un tirage national qu’on peut distinguer entre une presse spécialisée et une presse plus généraliste. Les mensuels portant sur des productions agricoles (productions laitières et élevage, porc, chèvre…) tirent en moyenne à 20 000 exemplaires quand l’hebdomadaire généraliste la France agricole tire à 150 000. Ce secteur dispose par ailleurs de deux agences de presse, l’agence Actu Agri et l’agence Agra.

4 Si dans la littérature, on a souvent rapproché spécialisations journalistiques et presse professionnelle (Marchetti, 2002 ; Levêque, 2000), il nous semble que cette dernière occupe un statut un peu différent. Alors que dans le cas des spécialisations des journalistes sociaux ou économiques s’imposent un modèle et des règles de distanciation importée de la presse généraliste (Lemieux, 2000), dans le cadre de la presse professionnelle, le caractère plus « technique » des contenus rend ces règles moins prégnantes. C’est ainsi un autre système de valeurs et de normes journalistiques qui s’y déploie en ce que cette presse fonctionne de manière beaucoup plus endogène et plus autoréférencée que les médias davantage tournés vers le grand public. Les lignes de démarcation et les frontières entre information et communication y sont sans doute moins affirmées que dans les autres spécialisations journalistiques.

5 L’intérêt de cette presse professionnelle est qu’elle permet de discuter également certaines notions classiques des sciences sociales des médias comme celle « d’associés-rivaux » (Bourricaud, 1961, Neveu, 2001 et Legavre, 2011) pensé comme un idéal-type des rapports journalistes-communicants. Le cas de la presse professionnelle et de ses journalistes pose la question d’une transposabilité de ce concept à d’autres espaces sociaux. Pour le dire plus simplement, si journalistes et communicants sont des « associés-rivaux », dans le cas de l’information agricole, ils sont sans doute plus associés que rivaux. La question même de leur conflictualité ne se pose pas forcément avec la même acuité que dans la presse généraliste (Legavre, 2011).

6 Par-delà leurs distinctions de rôles et de métiers, communicants et journalistes communient dans une célébration des valeurs de la profession agricole qui estompe la plupart de leurs oppositions. Alors que les journalistes agricoles ont effectué plusieurs tentatives depuis l’après-guerre pour bâtir leur autonomie en tant que corps et se distinguer des communicants, comment se fait-il qu’ils n’y soient pas réellement parvenus en pratique ? Poser cette question revient aussi à se demander en quoi le caractère professionnel de cette presse est susceptible de produire des effets spécifiques sur les modalités de l’autonomisation des journalistes. Le développement de règles spécifiques d’excellence et de distinction professionnelles plaide pour un statut à part dans les études et pour la constitution de cette presse professionnelle en objet scientifique.

7 Cette enquête s’appuie sur une série d’entretiens auprès de communicants de plusieurs institutions du secteur ainsi que des journalistes dans différents titres. Elle s’est enrichie d’une analyse des deux associations défendant les métiers du journalisme et la communication dans le monde agricole : l’Association française des journalistes agricoles (AFJA) et le Syndicat National des Professionnels de la Communication et des Rédacteurs de la Presse Agricole (SYRPA). L’étude de la formation de journaliste agricole (JA) à l’École supérieure de journalisme de Lille (ESJ) consiste notamment en une série d’entretiens auprès de formateurs et d’anciens étudiants de diverses promotions.

8 Déployer une telle analyse vient prolonger l’ambition de Philip Schlesinger de lutter contre le média-centrisme (Schlesinger, 1992). Cela permet de replacer cette presse dans son secteur de référence, et ainsi, par-delà des différences entre métiers, de réencastrer journalistes et communicants dans des mécanismes d’appartenance plus généraux comme la défense commune d’un monde d’activités. Depuis plus d’un siècle et demi, les titres de la presse agricole participent à la promotion d’une vision unifiée et positive de l’agriculture et des agriculteurs à laquelle journalistes et communicants concourent activement. C’est en ce sens qu’ils se retrouvent communément « pris » par les logiques du secteur agricole, un peu à la manière des journalistes accrédités à l’Hôtel de ville de Paris dans un jeu de communication très institutionnalisé et très codifié (Haegel, 1993).

9 Ce mouvement de revendication [2] d’un territoire professionnel s’incarne dans la constitution d’une association spécialisée comme l’Association française des journalistes agricoles (AFJA) ou par le lancement d’une formation au journalisme agricole dans une école reconnue par la profession à Lille. Ces greffes dans le milieu agricole de logiques venant de l’extérieur sont portées à part des entrepreneurs issus des fractions journalistiques les plus proches de la presse généraliste. Ces tentatives peinent cependant à promouvoir un modèle de journalisme pensé par ses promoteurs comme plus « indépendant ».

10 La difficile autonomisation des journalistes tient à une proximité presque structurale avec les communicants dans un processus de co-production de l’information et de contrôle de l’accès à une partie des sources. Le caractère « technique » de l’information contraint également les acteurs à une coopération appuyée afin de produire des contenus jugés « crédibles » pour un lectorat de spécialistes. Même lorsqu’ils s’efforcent de produire des lignes de démarcation symboliques entre communication et journalisme via des associations professionnelles, on retrouve une très grande porosité entre les deux univers. Ce floutage permanent des frontières entre information et communication s’objective également dans des phénomènes fréquents de passages d’un métier à un autre. La maîtrise commune de savoirs et savoir-faire exercés dans le secteur agricole rend possible une circulation entre différentes institutions et métiers, renforcée par le sentiment partagé de défendre les intérêts du secteur vis-à-vis du grand public. Cette relativité ou cette impossibilité de la frontière reflète une appartenance plus profonde à un milieu agricole qui tend à transcender et écraser les autres formes d’identités vers une dévotion partagée à la Profession agricole.

Le maintien d’une définition du journalisme endogène au milieu agricole

11 Dans ce secteur agricole, l’autonomisation du journalisme semble difficile du fait d’un échec relatif des fractions les plus proches de la presse généraliste à imposer un modèle « indépendant » à distance des pratiques des communicants. Les tentatives de l’AJFA et de la formation journaliste agricole de l’ESJ butent sur l’importance du monde agricole dans la structuration des deux métiers. La volonté de décloisonnement de l’association des journalistes trouve ses limites du fait de la désagrégation de la spécialisation agriculture dans la presse quotidienne qui la restreint de fait rapidement à la seule presse professionnelle. Le modèle de la formation dans une école reconnue ne subvertit pas les règles du marché du travail de cette presse agricole fondées sur la formation sur le tas et la proximité avec le monde agricole.

Autonomiser le journalisme agricole : retour sur deux tentatives

12 Dans les années 1950, le journalisme agricole se dote d’une association qui cherche à autonomiser ce segment de la profession en l’organisant en spécialité journalistique (Levêque, 2004). La création d’une association professionnelle puis d’une filière de formation dans les années 1990 sont des leviers utilisés afin d’imposer une certaine définition du journalisme agricole inspirée par les principales règles d’excellence qui ont cours dans la presse la plus généraliste.

13 La création d’association professionnelle constitue depuis la fin du xixe siècle une manière d’institutionnaliser la profession à partir de sous-groupes. Une association permet de consolider une morale, d’établir des solidarités internes aux groupes des journalistes et surtout de délimiter une frontière entre journalistes et profanes (Martin, 1997). Fidèles à cette logique corporative, à partir de 1952, certains journalistes agricoles se réunissent au sujet de leur profession et prennent progressivement le nom de « Club des rédacteurs en chef de la presse agricole nationale ». Avec pour arrière-plan l’idée d’une organisation de défense et de structuration de la presse agricole au niveau européen, une organisation nationale voit le jour est fondée en France en avril 1954 sous le titre de l’AFJA (Association française des journalistes agricoles). Les premiers membres sont des journalistes agricoles de premier plan (rédacteur en chef, journalistes spécialisés dans les grands quotidiens nationaux ou régionaux, mais aussi dans la radio et la télévision).

14 Les membres de cette association partagent une même définition de l’excellence journalistique qui est calquée sur celle qui a cours dans la presse généraliste. Leur conception peut se résumer à celle décrite par Cyril Lemieux lorsqu’il évoque une grammaire publique d’énonciation pour les journalistes, à savoir le fait que les journalistes doivent se distancier de leurs « sources » et notamment des communicants, respecter des formes de polyphonie dans l’accès aux informateurs et le recoupement entre les témoignages de ces derniers afin de construire une information plus « indépendante » (Lemieux, 2000). Au sein de cette fraction d’acteurs investis dans l’AFJA, on constate une proximité plus grande avec le pôle généraliste qui résulte d’expériences professionnelles dans le secteur de la « grande presse » ou pour les plus jeunes d’un passage par une formation continue généraliste en école de journalisme. Si l’on prend le bureau de l’AFJA de 1964, ses membres interviennent alors dans des radios (chef de service agricole radio R.T.F., Europe n° 1), dans la presse quotidienne régionale où les pages agricoles existaient encore (Ouest-France, Sud-Ouest, l’Indépendant Perpignan, La Provence, La Nouvelle République Centre-Ouest), au Figaro Agricole, ainsi que dans les titres traditionnellement considérés comme les plus nobles de la presse professionnelle (Agra-Presse - Agra-Europe, La France Agricole) par les journalistes du milieu.

15 Cette association concourt à la définition du « bon » professionnel comme le montre cet exemple d’une publicité pour la France agricole parue dans l’annuaire de l’AFJA où l’on voit bien que l’indépendance proclamée des journalistes et du journal considéré comme un équivalent du journal Le Monde pour l’agriculture, se renforcent mutuellement, tout en constituant un argument commercial.

Image 1. L’adhésion à l’AFJA comme élément publicitaire pour la France Agricole dans les années 1970.

Image 1. L’adhésion à l’AFJA comme élément publicitaire pour la France Agricole dans les années 1970.

Source : Publicité pour la France Agricole dans l’annuaire de l’AFJA de 1974 [3] : La France Agricole est dirigée, conçue, rédigée, réalisée par une équipe de Journalistes tous membres de l’AFJA.

16 Cette volonté de distancier la formation des communicants est également manifeste dans les années 1990 dans le cas du projet de formation initiée par l’ESJ de Lille [4]. Dans un mouvement plus général de diversification des formations dans les écoles reconnues, l’école de Lille développe dès 1993 plusieurs filières (scientifique, hebdomadaire régionale et agricole). La mise en place de cette dernière est censée profiter de l’essor très important des journaux départementaux depuis les années 1980 et des besoins de renouvellement générationnel des journalistes agricoles. Élaborée sur un partenariat conclu principalement entre deux écoles lilloises anciennement rattachées à l’Institut catholique de Lille, l’ESJ et l’ISA, elle bénéficie d’impor­tants soutiens de fractions les plus proches de la presse la plus généraliste, comme l’AFJA, le journal la France agricole et Philippe Vasseur, ancien ministre de l’Agriculture et ancien étudiant de l’ESJ de Lille. Cette création s’inscrit dans une croyance plus générale dans la mission que s’attribuent volontiers les directions des écoles en matière « d’amélioration » de la qualité de presse spécialisée et professionnelle. Ce qui se joue dans l’introduction de ces filières tient dans la diffusion de normes et de règles journalistiques spécifiques (Lemieux, 2000), de « bonnes pratiques » qui constituent le socle de la formation au journalisme dans les écoles. Il s’agit de les exporter vers des univers spécialisés souvent perçus par les journalistes les plus généralistes mais également par ceux qui y travaillent comme plus « connivents » ou dépendants à l’égard des milieux professionnels au contact desquels ils puisent la majeure partie de leurs informations [5].

17 Ce projet prend appui sur un discours de la « double compétence ». Il s’agit de recruter des spécialistes et de leur enseigner des techniques d’écriture au motif qu’il est plus facile d’apprendre à écrire à un spécialiste que de spécialiser un journaliste sur des domaines pointus. Dans son entreprise de diffusion de normes, l’école de journalisme de Lille peut compter sur le soutien de formateurs qui partagent cette même conception de la « professionnalisation » – du fait de leurs trajectoires atypiques dans ces univers spécialisés. Ces deux journalistes Sylvie Larrière d’Agriculture Horizon et Thierry Becqueriaux ancien du Syndicat agricole, deux journaux de la région Nord-Pas-de-Calais ont suivi des parcours qui s’inscrivent souvent en rupture à l’égard de leurs institutions de rattachement professionnel et qui témoignent d’un souci constant d’élaborer puis de préserver au travers de la pratique du métier, des marges de manœuvres à l’égard de leurs informateurs et des patrons de presse. Les deux formateurs se caractérisent en effet par une forte distance au syndicalisme majoritaire de la FDSEA au niveau local [6]. Ils incarnent le projet pédagogique des filières de l’ESJ, tous deux anciens ingénieurs de l’ISA passés par le journalisme, ils détiennent ainsi la double compétence que cherche à transmettre l’institut de formation des journalistes dans le cadre de ses filières agricoles et scientifiques. De plus, ils nourrissent une vision assez réaliste et pour tout dire relativement désenchantée du segment de la presse agricole dans lequel ils évoluent [7] sans pour autant renoncer à certains espoirs de transformation par le biais de la formation et de la promotion de « bonnes pratiques » de distanciation héritées du journalisme généraliste.

Le difficile ennoblissement du journalisme agricole : la résistance du milieu agricole

18 L’AFJA ne parvient pas à totalement imposer sa définition du métier car elle se heurte aux recompositions de la spécialisation agricole qu’elle cherchait à instituer. Elle est conduite à déplacer son centre de gravité vers des journalistes principalement issus de la presse professionnelle. La filière agricole de l’école de Lille ferme ses portes car elle ne parvient pas à subvertir les critères de recrutement propres au milieu.

19 Si à ses débuts, l’AFJA comptait de nombreux journalistes écrivant dans la presse généraliste, la disparition progressive des rubriques agricoles dans la presse nationale et régionale à partir des années 1970 s’est traduite par un renforcement de la présence de journalistes issus de la presse professionnelle. Dans le même temps, ce segment de presse technique devient particulièrement attractif au niveau économique comme en témoignent l’implication de fonds d’investissement et les divers rachats du journal France Agricole par exemple [8]. L’AFJA se trouve dans une position différente des autres associations de journalistes spécialisés (en économie et finances, dans le social) car elle ne dispose quasiment plus, contrairement à ces dernières, de journalistes évoluant dans des titres nationaux (de type Le Monde, Figaro, Libération…).

20 Pour autant, si elle subit un recentrage sur la presse professionnelle, l’association continue de diffuser une représentation davantage conforme au monde de la presse la plus grand public et notamment des groupes de médias situés à Paris. L’ancien président de l’AFJA à la fin des années quatre-vingt, Pascal Colomer est ainsi passé par le Figaro agricole et aussi par la France agricole qui figurent (ou figuraient dans le cas du Figaro agricole) parmi les journaux les plus généralistes et les moins techniciens du champ de la presse agricole. Erik Massin, actuel président de cette association est, pour sa part, passé par l’agence Agra avant de devenir rédacteur en chef d’un titre plus spécialisé Le Betteravier français. Or, dans leurs parcours, les expériences dans les titres les moins spécialisés semblent avoir joué un rôle déterminant dans l’adhésion à une certaine définition de la compétence journalistique et du professionnalisme que l’on qualifiera de plus généraliste. Ce fait est particulièrement visible lorsqu’Erik Massin explique en entretien [9] qu’à la tête d’Agra, il a œuvré en faveur du recrutement d’étudiants issus de grandes écoles (IEP, CFJ) au détriment de profils plus spécialisés dans l’agriculture (BTS agricole…). Autrement dit, l’association conserve son message et son souci d’ancrer le milieu à la presse la plus tournée vers la conquête du grand public.

21 Ce souci est perceptible dans les profils des journalistes retenus pour le prix AFJA institué en 1967 qui distingue autant la presse professionnelle que des journalistes issus de la presse généraliste. Plus l’AFJA se voit placée face à une relative perte de prestige du fait de la disparition de son ancrage à la presse généraliste et plus elle va chercher à trouver d’autres manières de « se grandir » à l’image de son prix. Cette distinction vise l’ouverture en s’adressant à tous les journalistes et non pas aux seuls adhérents et/ou journalistes de la presse professionnelle. Le palmarès des 20 dernières années nous renseigne tant sur les frontières de cette spécialisation « agricole » que sur l’attraction exercée par le pôle le plus généraliste. Les lauréats exercent leur métier dans des organes de presse diversifiés. Certains sont des journalistes de la presse professionnelle, tant généraliste (La France Agricole, La Terre, Agriculture Magazine), que des mensuels spécialisés sur des productions (L’Éleveur Laitier, La Chèvre, La Revue de l’Éleveur, Semences et Progrès), d’un journal viticole (La Vigne) mais aussi d’un journal syndical (Jeunes Agriculteurs). D’autres sont des journalistes de la presse quotidienne nationale (L’Humanité, Le Monde, Libération), de la presse quotidienne régionale (Les Dernières Nouvelles d’Alsace, Le Dauphiné Libéré, Le Courrier de l’Ouest) ou encore de la presse magazine (L’Expansion) ou spécialisée (Village Magazine, Usine Nouvelle, Science et Vie). Deux journalistes télés (TF1 et FR3) ont aussi été récompensés. Aujourd’hui, la situation n’est plus celle de l’après-guerre et les membres sont recrutés avant tout dans la presse professionnelle. Pour autant, cette proximité de l’association avec les franges les plus « généralistes » de la presse se maintient.

22 La mort de la formation au journalisme agricole par l’ESJ de Lille permet de souligner la difficulté d’autonomiser une filière de recrutement dans un marché du travail qui répond déjà à ses propres règles. Si a priori, on pourrait croire à un simple rejet par le secteur des principes fondant l’autonomie journalistique, c’est tout autant un échec de la formation qui peine à s’adapter aux demandes du secteur.

23 Après une dizaine d’années d’existence, la filière de journalisme agricole disparaît. Elle fusionne dans un premier temps avec la filière de journalisme scientifique en raison de difficultés de recrutement. Ce déclin se traduit par une baisse visible du nombre d’inscrits qui passe d’une douzaine en 1999 à 5 en 2004 puis 2 en 2005. Cette « crise des vocations » tient à plusieurs facteurs concernant le caractère peu lucratif du métier par comparaison à d’autres débouchés en sortie d’école d’ingénieur, les aspirations professionnelles et les anticipations négatives des étudiants en matière de carrière. Les jeunes apprentis journalistes agricoles sont formés dans l’idéalisme de la presse généraliste, et le caractère technique et syndicalisé de la presse est aussi un obstacle aux investissements affectifs dans leur métier, qui favorise l’exit. Seule une proportion comprise entre un tiers et un quart de tous les diplômés passés par la filière journalisme agricole, continue de travailler dans la presse agricole. À l’image des autres filières (Chupin, 2008), on assiste à une sortie des journalistes vers d’autres univers professionnels [10]. Le décalage entre les emplois proposés et les aspirations des étudiants induit une tendance forte des impétrants à quitter le journalisme pour évoluer vers d’autres univers plus rémunérateurs (communication dans les chambres d’agriculture, les syndicats…).

24 La filière ne parvient pas à imposer un nouveau mode de recrutement reposant sur la scolarisation au sein du journalisme agricole. Cette tentative de « professionnalisation » qu’impose par l’extérieur une école à vocation généraliste se heurte à des structures et des routines de recrutement qu’elle n’arrive pas à subvertir. La formation sur le tas est en effet admise comme voie d’entrée légitime. La presse locale agricole est, pour une part importante, une presse fortement technique dans ses contenus [11]. De nombreux journaux nationaux sont par ailleurs spécialisés sur des filières de productions : un titre porte sur les productions avicoles, l’autre sur les productions laitières. À côté des comptes rendu des activités des organisations professionnelles agricoles, on retrouve des palmarès de bêtes ou de machines à l’issue des concours ou bien des articles techniques sur les façons d’optimiser sa production. Pour les rédacteurs en chef, ce type de support requiert davantage le concours de techniciens de l’agriculture plus que de journalistes généralistes. Les directeurs de journaux continuent d’avoir recours principalement à des BTS ou des ingénieurs spécialisés dans des domaines agricoles spécifiques pour écrire dans leurs titres.

25 Même au sein de La France agricole, les recrutements reposent en partie sur des critères d’affinité sociologique bien distincts de la logique de prime à la formation initiale. Comme l’explique une ancienne étudiante de la filière passée par le titre : « Ils aiment bien dans la presse agricole qu’on soit fils ou filles d’agriculteurs. Si vous n’avez pas de la paille dans les cheveux, c’est difficile d’être embauché à France Agricole » [12]. Cette tension entre « le journaliste » et « l’agriculteur » se traduit par le maintien d’un principe d’une formation sur le tas qui constitue une résistance du milieu agricole à des tentatives d’imposition extérieur de nouvelles règles du jeu. Il existe trois types de recrutement : des primo-ingénieurs d’écoles « agris, agros » ; des reconversions dans le journalisme de professionnels du milieu agricole (tant des spécialistes de la production agricole que des organisations syndicales et parapublics) et des profils plus généralistes de type IEP. La formation continue constitue la norme, et ceux qui sortent directement d’une des écoles de journalisme classiques sont rares. La tentative de l’ESJ de construire la nécessité d’une formation complémentaire au journalisme pour des ingénieurs diplômés s’est heurtée à la structuration du marché du travail du journalisme agricole, à l’exit de ses étudiants et à la difficile transmission de la connaissance du monde agricole. C’est justement ces savoirs et savoir-faire sectoriels qui facilitent l’entrée dans le métier de journaliste et la reconversion aisée dans le métier de communicant.

Le journalisme soluble dans l’agriculture ? La difficile différenciation du journalisme et de la communication dans le secteur

26 Le journalisme échoue en partie à s’autonomiser de la communication pour d’autres raisons qui nous semblent renvoyer à la spécificité du secteur agricole. Cette difficulté tient d’abord à une insertion particulière du journaliste agricole dans une information à caractère « technique » qui induit des relations, des pratiques et des transactions spécifiques avec les communicants. Si formellement il existe une différenciation des associations professionnelles entre communicants et journalistes, ces structures ne limitent pas leur accès de manière exclusive ce qui rend complexe l’établissement et la fixation nette de frontières entre métiers. Enfin, la structuration corporatiste de cet univers et son fort éclatement entre différents mondes agricoles renforcent la tentation d’unifier les discours portés sur le monde agricole. Du coup, communicants et journalistes participent d’un même sentiment d’appartenance au secteur qui dépasse les identités de leurs métiers. La connaissance du milieu agricole prend en effet le dessus et facilite les passages fréquents d’un métier à un autre et d’éventuelles reconversions professionnelles.

Produire l’information professionnelle : une coopération forcée entre journalistes et communicants

27 Les relations entre journalistes et communicants se déploient dans le cadre d’une organisation spécifique de coproduction de l’information agricole. Dans le monde agricole, la plupart des rapports aux sources issus du monde agricole sont médiés. En effet, sur le terrain, certains techniciens jouent un rôle de communicants en filtrant l’accès aux agriculteurs. De plus, la porosité entre information et communication se retrouve dans une importante présence de certains contenus publi-rédactionnels dont les journalistes s’efforcent de se démarquer.

28 L’accès aux sources est fortement encadré par les institutions présentes dans le secteur. Un journaliste passe par l’institution agricole afin d’avoir accès à un agriculteur, et ce pour des raisons pratiques, l’institution lui fournit un « bon client », un interviewé qui correspond à ses désirs (type de production, taille de l’exploitation, techniques culturales employées…) mais aussi parce que l’agriculteur pourrait ne pas répondre si l’on ne passe pas par ces structures d’intermédiation. Ses contacts au sein de l’institution peuvent être des membres du service de la communication, mais aussi des techniciens agricoles (Brives, Compagnone, Rémy, 2006) qui jouent le rôle de communicants proto-professionnels au sens où la communication n’est pas à proprement parler leur métier. En effet, dans ce domaine d’activité, la communication de l’institution ne passe pas seulement par les services qui y sont consacrés, mais aussi par d’autres acteurs.

29 Ces interlocuteurs permettent un accès aux sources, mais aussi valident sous différentes formes l’information agricole. Le communicant et le technicien peuvent confirmer ou infirmer des données techniques lorsque le journaliste réalise son papier. Dans cette presse professionnelle, il existe chez les journalistes un véritable souci de la précision, une quasi-exactitude scientifique des faits assez proche de ce qui existe dans le journalisme scientifique (­Tristani-Potteaux, 1999 ; Hobeika, 2005). Face à un public de lecteurs agriculteurs souvent avertis, le journaliste joue « sa crédibilité » dans l’excellence technicienne apportée par ces articles. Cette validation « technique » est aussi parfois fortement « politique » en ce qu’elle promeut des pratiques agricoles spécifiques qui peuvent être qualifiées de manière différente (alternatives, polluantes, productivistes, efficaces, innovantes), selon les segments de la profession.

30 Du point de vue du journaliste, on peut observer un travail de mise à distance du communicant et de la communication au sein même de la structuration des journaux et du traitement de l’actualité. On retrouve dans certains titres des pages de « publi-rédactionnel » directement issu des services de communication des institutions agricoles. Hebdomadaire régional disposant de quatre éditions départementales, le Paysan Breton a pour actionnaires principaux Groupama, la banque Crédit Mutuel ainsi que la coopérative Coopagri. Dans son édition, on retrouve des pages qui relatent les assemblées générales et les réunions de ces trois actionnaires. Les journalistes refusent de participer à leur écriture. Au sein du journal, le rubricage permet aux journalistes de distinguer ces papiers : la rubrique Économie et Finance traite du Crédit Mutuel, la rubrique Sécurité relate l’actualité de Groupama, quand la rubrique Produits et marchés s’intéresse à Coopagri. Bien que faisant partie intégrante du Paysan Breton, ces trois rubriques ne sont pas considérées par les journalistes comme en lien avec leur travail. Ils traitent donc des sujets de sécurité, économie, finance, marchés et produits dans le reste du journal, quasi indépendamment du contenu des pages réservées aux actionnaires.

31 Cette division du travail peut être encore plus formalisée. Des institutions ou des personnes physiques représentant et signant avec le logo d’une personne morale peuvent avoir des rubriques propres ou des commandes régulières voire systématiques d’articles. Dans l’hebdomadaire régional breton Terra, proche lui du syndicalisme majoritaire JA/FNSEA, certains articles sont délégués à des techniciens de la chambre d’agriculture. Il y a dans ce cas, la mise en place d’un véritable partenariat entre le journal et la chambre. Le rédacteur en chef négocie avec un responsable technique un chemin de fer pour l’année et intègre dans son journal ces articles de différents techniciens avec le logo de la chambre d’agriculture.

32 La nature de l’information agricole participe à cette coopération forcée entre journalistes et communicants qui dans le cas d’une presse professionnelle se distinguent selon des modalités particulières.

Produire la distinction : une proximité gérée par les associations professionnelles

33 Deux associations jouent un rôle central dans la structuration de ces professions. Aux côtés de l’AFJA (l’Association française des journalistes agricoles), il existe une association professionnelle des communicants du monde agricole. Le SYRPA est le Syndicat National des Professionnels de la Communication et des Rédacteurs de la Presse Agricole créé en 1895 [13]. Ce « carrefour d’échanges et de rencontres entre les communicants du monde agricole » [14] poursuit sous certains aspects les mêmes objectifs que l’AFJA. Ces deux associations ont en effet en commun d’être des lieux de la gestion de l’hétérogénéité des situations de leurs adhérents, tant du point de vue des nombreuses structures qui les emploient que celle des fonctions occupées. À l’instar de l’AFJA qui compose avec une presse éclatée, le SYRPA participe à délimiter les frontières de la communication dans un secteur qui nécessite également la défense de ces savoirs et savoir-faire. C’est dans cette optique que peut se comprendre la démarche de l’Observatoire des métiers de la communication dans l’agriculture, reconduit pour la quatrième fois en 2013 (après 2002, 2005, 2008). Cette enquête conduite par l’association auprès des communicants du monde agricole vise à effectuer un état des lieux de la profession [15]. Elle contribue à valoriser l’association et le métier de communicant. Le SYRPA dispose d’un annuaire, il organise des rendez-vous mensuels d’échanges entre membres (After Work du Syrpa) ainsi que des débats. C’est le cas aussi de l’AFJA, association qui promeut un certain nombre d’activités, comme des débats ou des voyages de presse. Elle assure la représentation des journalistes agricoles au sein du secteur et vis-à-vis des pouvoirs publics. Elle édite l’annuaire de l’AFJA, outil central dans le milieu de l’information agricole, seulement disponible en version papier.

34 Si l’existence de deux métiers différents n’est pas remise en cause, la présence de communicants comme adhérents de l’association professionnelle des journalistes et dans une moindre mesure celle de journalistes au SYRPA nous interroge sur les modalités d’une mise à distance qui peut sembler d’autant plus problématique qu’elle s’entretient dans une proximité affichée.

35 Les différentes catégories de membres que comporte l’AFJA permettent de saisir les tensions autour de l’autonomisation du métier de journaliste. Si elle accepte en son sein les journalistes détenteurs d’une carte de presse (statut de membre actif), elle donne aussi une place aux « journalistes » non-détenteurs d’une carte de presse mais qui tirent la majeure partie de leur revenu des activités de journalisme (statut de membre adhérent). Elle répond ainsi aux conditions concrètes de l’exercice d’activités journalistiques par des individus qui ne désirent pas obtenir le statut. À ses débuts, elle permettait même à des personnes ne correspondant pas aux deux premières catégories mais qui néanmoins sont intéressés aux activités des journalistes agricoles d’adhérer (statut de membre correspondant). Elle propose enfin un statut aux anciens journalistes qui n’exercent plus (statut de membre d’honneur). La cinquième et dernière catégorie de membre associé est très inhabituelle pour une association professionnelle de journalistes (cf. encadré). Elle constitue une certaine forme d’institutionnalisation de la coopération entre les deux métiers.

Quel statut pour les communicants dans les associations de journalistes ?

Ce cas d’association mêlant des communicants et des journalistes est original si on le rapporte à celui d’autres associations de journalistes spécialisés à l’instar de l’AJIS (Lévêque, 2000), l’AJEF (Duval, 2004) ou de l’Union syndicale des journalistes sportifs (USJSF) (Marchand, 2004) [16]. Dans ces trois cas, les journalistes étaient au départ les seuls professionnels dont l’adhésion était autorisée. Les communicants étaient quant à eux invités ponctuellement lors d’événements marquants du secteur (remises de prix de l’association qui donnent l’occasion à la venue du ministre, soirées d’élections prudhommales, etc.).
Aujourd’hui, les logiques financières semblent avoir rattrapé les autres associations de journalistes spécialisés (AJEF pour l’information économique et financière et l’AJIS pour l’information sociale). Elles proposent des statuts de partenaires ou de « membres associés » à des entreprises ou des institutions publiques avec un montant plus élevé de cotisation pour l’adhésion. L’AJEF s’est construite autour d’un groupe de journalistes fréquentant la rue de Rivoli en 1956 et si des relations existent avec des hommes politiques, patrons d’entreprises, elles se nouent uniquement alors dans des déjeuners-débats. Sur le site de l’AJEF, il est d’ailleurs précisé que les membres associés sont acceptés en 2013 au titre de « témoins muets » aux petits-déjeuners [17]. Dans le cas de l’AJIS, association créée en 1967, on retrouve une institutionnalisation de la relation avec les sources dans le cas de jeudis de l’AJIS (Lévêque, 1992) sous une forme assez proche de l’AJEF.

36 Ce statut de membre associé est accordé aux personnes morales du secteur agricole et de l’agro-alimentaire, ce qui signifie en pratique à des communicants et des responsables de relations presse dans des entreprises ou des organismes parapublics. S’ils représentaient un peu moins de 20 % des adhérents de l’AFJA jusqu’en 1987, ils atteignent plus de 30 % des membres depuis 2004 (cf. tableau ci-dessous). Cette présence à hauteur d’un tiers des membres reste atypique pour une association de journalistes. Mais ce statut spécifique de membres associés produit une démarcation symbolique de par cette distinction qui s’opère entre les journalistes et les communicants. Certains journalistes peuvent considérer cette présence comme un atout pour l’exercice de leur métier. Le fait de figurer dans l’annuaire et d’assister aux activités de l’association permet une proximité et le développement d’un « entre soi » entre communicants et journalistes. La participation aux voyages de presse et aux réunions sont autant de moments placés sur le sceau de la « convivialité » qui permet le déploiement d’un off et l’entretien de relations interpersonnelles entre journalistes et communicants propices à l’exercice de leur métier le reste du temps. Si les journalistes sont parfois sollicités par des membres associés pour produire du rédactionnel, du publi-reportage, ou la direction de débats organisés par les communicants, il semble qu’avant tout s’affirme une forte distinction entre ces deux domaines d’activité même si le curseur fait parfois l’objet d’un débat. En effet au sein de l’AFJA, certains défendent l’hégémonie du journaliste, l’association devant offrir des activités réservées aux journalistes, quand d’autres soutiennent l’idée d’une certaine prise en compte des attentes de ces communicants qui comme membre adhérent paient une cotisation huit fois supérieure.

37 Parallèlement, de rares journalistes sont par ailleurs adhérents au SYRPA. La fusion les deux associations a été discutée il y a quelques années. Si ce rapprochement n’a pu se concrétiser, certaines actions communes ont été développées [18]. Si les deux métiers se distinguent via les associations professionnelles qui posent des frontières (« journalistes » et « communicants »), celles-ci restent en pratique pour le moins poreuses du fait de l’importance du monde agricole dans la structuration de ces métiers. L’importance de savoirs et savoir-faire spécifiques permet une circulation professionnelle qui renforce sans doute la construction d’identités partagées en son sein.

Graphique 1. Poids des catégories des membres de l’AFJA.

Graphique 1. Poids des catégories des membres de l’AFJA.

Lexique :
Membres actifs : journalistes possesseurs de la carte de presse
Membres adhérents : personne tirant la majeure partie de leur revenu du journalisme mais sans carte de presse
Membres correspondants : personnes ne correspondant pas aux deux premières catégories
Membres associés : communicants, Relations Presse
Membres d’honneurs : anciens membres de l’association à la retraite (tous statuts confondus)
Source : Calculs effectués par les auteurs d’après les annuaires de l’AFJA.

Convertir son savoir-faire : la porosité des carrières

38 Ce qui favorise cette mobilité au sein du monde agricole tient d’abord à sa structuration depuis un siècle en secteur d’action publique (Muller, 1984), Alors qu’il regroupait une majorité de la population à la veille de la première guerre mondiale, le monde agricole est aujourd’hui minoritaire. Des mobilisations ont participé à l’institutionnalisation de nombreuses organisations pour administrer tant les populations que les activités économiques. Après l’installation de la IIIe République, des syndicats agricoles se sont multipliés et se sont regroupés ensuite dans l’Union centrale des syndicats agricoles, proche des hobereaux, grands propriétaires terriens de la Société des agriculteurs de France (SAF) basée rue d’Athènes à Paris. Afin de ne pas laisser ces paysans électeurs sous l’influence des nobles et de l’Église, la République naissante y opposa la Fédération nationale de la mutualité et de la coopération agricoles du boulevard Saint germain.

39 Ce secteur d’activité s’est progressivement autonomisé du reste de la société, accompagné en cela par l’installation d’un ministère de l’Agriculture et de très nombreuses institutions parapubliques. Il dispose de manière distincte un enseignement agricole (Grignon, 1975) et un organisme de protection sociale (la mutualité sociale agricole). Cette administration à part a joué à plein dans le processus d’autonomisation du secteur agricole, renforcé avec la mise en place de la politique agricole commune (Knudsen, 2009) qui a participé à la structuration des filières de production par ses mécanismes de soutien. Cette genèse historique de la profession et sa construction autonome à l’égard du reste de la société en font un secteur un peu particulier par rapport aux autres secteurs d’action publique. Cette insertion dans un milieu professionnel tend à prédominer sur les identités de métier et à favoriser des passages vers d’autres milieux en ce qu’ils entraînent moins de disqualification symbolique [19]. Ainsi un même individu peut présider dans sa carrière les deux associations professionnelles. Philippe Pelzer, président de l’AFJA en 1994-1996 en tant que journaliste et rédacteur en chef du Betteravier Français occupe la présidence du SYRPA de 2005 à 2010 à la faveur d’une nouvelle carrière comme directeur de la communication de Tereos jusqu’en 2012.

40 Au-delà de l’appartenance commune au milieu agricole, l’existence de savoirs techniques valorisables tant chez les journalistes que les communicants, la connaissance d’une filière, une expertise technique, bref la spécialisation facilite la reconversion. La trajectoire d’une ancienne présidente de l’AFJA permet de saisir les mécanismes et modalités concrètes du passage d’un monde à l’autre en ce qu’elle oscille tout le long de sa carrière entre des activités situées dans la communication et le journalisme. Originaire de la Savoie, d’un père éducateur et d’une mère expert-comptable, Fadela Benabadji suit des études de droit à Grenoble et se lance dans l’aventure du journalisme en rejoignant l’Algérie, pays de naissance de son père. Elle intègre en 1985 un grand hebdomadaire national algérien, Algérie actualité. Journaliste indépendante payée à la pige, elle travaille pour des agences de presse et des agences de communication en parallèle de ses activités en Algérie. À la fin des années 1990, menacée, elle rentre en France. Elle refuse de retourner en région avec pour seul horizon la PQR et décide de s’installer à Paris. Elle suit une formation de rédacteur en chef au CFPJ en 1991-1992. En répondant à une annonce de l’APEC, elle arrive en 1991 à la Fédération nationale des CUMA [20] sur le poste nouvellement créé de directrice de la communication. C’est au sein de cette organisation et des réseaux des CUMA, qu’elle acquiert de nombreux savoirs sur le monde agricole. Elle suit les événements, les salons, les journées techniques. La FNCUMA constitue son lieu de formation et de spécialisation, elle développe la maîtrise de sujets aussi différents que les prêts bonifiés, le machinisme agricole ou les biocarburants qu’elle valorisera ensuite au cours de sa carrière journalistique et de communicante. Elle quitte ce poste dans la communication pour le groupe France Agricole en 1996 avec pour mission de réaliser une étude sur les prêts bonifiés. Sa maîtrise du dossier est un atout à ce moment de la fin de l’omniprésence du Crédit Agricole dans le secteur bancaire. Elle est embauchée par Machinisme et réseaux, une lettre professionnelle confidentielle mensuelle spécialisée qui s’accompagne de deux hors-séries annuels sur les réseaux de concessionnaires agricoles et sur les entrepreneurs de travaux agricoles. En 2003, elle prépare sa sortie du groupe et se met à son compte.

41 Elle retourne vers la communication tout en développant à côté des projets dans l’édition de livre. Elle profite de l’année de l’Algérie en France pour participer à un premier ouvrage [21]. Elle entame l’écriture d’un livre généraliste sur l’Algérie [22]. En parallèle, capitalisant sur ses connaissances acquises dans les dernières années sur les biocarburants, elle réalise l’un des premiers ouvrages [23] sur le sujet. Profitant de ses contacts dans l’édition, elle propose à un éditeur généraliste un livre sur le machinisme agricole [24] qui connaîtra plusieurs rééditions. Durant cette période, on peut observer qu’elle passe les frontières entre information professionnelle et information grand public. En parallèle, elle continue les piges dans la presse agricole, pour Réussir, Cultivar et Agra en tant que spécialiste du machinisme agricole.

42 Elle prend alors la rédaction en chef du Mag’ Cultures, le premier journal professionnel gratuit, tiré à 100 000 exemplaires en direction des grandes exploitations, principalement céréalières mais aussi dans une moindre mesure polyculture et élevage. Ce titre se veut décalé par rapport aux autres titres de presse et assume un traitement différent de l’information agricole avec une plus grande liberté de ton. Des problèmes de financement liés à la publicité entraînent l’arrêt du journal. Alors qu’elle avait préparé sa sortie du groupe France Agricole en 2003, elle se retrouve fin 2008 sans travail. Son nouveau statut d’ancienne rédactrice en chef et le poste qu’elle occupe de présidente de l’AFJA depuis janvier 2006 rendent plus difficile son employabilité, même pour des piges. Après plus d’un an de tâtonnements, elle se décide à repartir vers la communication. Elle fonde et devient directrice de l’agence FARGO Ressources de la nature [25] en 2010, poste qu’elle occupe actuellement. Les débuts sont difficiles par rapport aux anciens collègues et vis-à-vis de l’association où elle occupe alors le poste de représentante des membres associés (communicants). Pour autant, elle reconvertit avec succès ses savoirs et savoir-faire ainsi que ses réseaux et sa notoriété dans ce nouveau poste. « Je me dis finalement c’est une très belle alternative puisque ça me permet de valoriser mes acquis, tout ce que j’ai appris pendant 20 ans et de valoriser mon réseau » [26]. Bien que consultante, elle continue à être parfois invitée à des conférences de presse sur la liste presse. Cette nouvelle position lui permet de démarcher des clients dont elle connaît les besoins et qu’elle a pu rencontrer en tant que journaliste. D’un autre côté, son expérience de pigiste et d’écriture de livres fait qu’elle sait mettre en forme et fournir un contenu qui trouve un écho auprès des médias.

43

« Quand je me suis dit avec qui je vais travailler, je me revois en tant que journaliste. Je me suis dit bon, je sais avec qui, je savais ceux qui n’avaient pas assez d’info, ou qui n’étaient pas assez nombreux etc. Et ce qui fait aussi l’intérêt de mon expérience de journaliste qui marche auprès des clients, c’est quand je leur dis : “Moi je suis ancienne journaliste, je connais exactement les besoins, les attentes des journalistes”. Par exemple, je sais très bien ce qu’il faut dire, ce qu’attend un journaliste et ce qu’il n’attend pas. Et ça, c’est pareil, ils gagnent des années mes clients à travailler avec moi. » [27]

44 Si elle distingue son métier de celui de journaliste, elle considère néanmoins qu’ils relèvent tous deux d’une sorte de valorisation du monde agricole auprès du grand public et y trouve donc une sorte de continuité. Ceci rejoint ce que peut exprimer l’actuelle présidente du SYRPA en défendant l’idée d’un nécessaire travail en commun entre les communicants afin de fédérer « une seule et même image unie et globale de l’agriculture » [28] par-delà les intérêts des différentes entités du secteur.

Un cas exemplaire ?

45 La presse professionnelle agricole permet ainsi de voir davantage à l’œuvre certaines pratiques, certaines interdépendances que les journalistes de la presse généraliste préfèrent en général minimiser (voire dans certains cas occulter) du fait de ce qu’elles viennent s’inscrire en porte-à-faux de leurs rhétoriques professionnelles, ou de leurs mythes fondateurs du métier. La participation à un monde commun de l’information contribue à un effacement relatif des frontières entre les métiers de communicant et de journaliste. L’enjeu pour l’ensemble de ces participants à cet univers de l’information agricole tient sans doute davantage dans la promotion d’une vision unifiée et positive de l’agriculture, à laquelle ils concourent activement.

46 Pour autant, certaines transformations en cours pourraient venir modifier les compromis établis. Tout d’abord, on assiste à une reprise en main d’une grande partie de l’élite de la presse professionnelle (France Agricole, Agra) par des intérêts proches du syndicalisme majoritaire et de la FNSEA. Cette concentration capitalistique peut venir renforcer encore davantage l’emprise de la communication sur les pratiques journalistiques. En même temps, un mouvement inversé vient contrebalancer cette tendance et affecte pour le coup les médias les plus généralistes. La spécialité agricole s’était vue diluée dans les dernières années dans une spécialité de journaliste environnemental (Comby, 2009). Toutefois, de manière récente on assiste à un regain d’intérêt concernant ces sujets. Si les pages agricoles ont quasiment toutes disparu, de nouvelles rubriques font leur apparition. L’information agricole y est traitée sous l’angle environnement, agroalimentaire ou économique. Signe de ce renouveau, l’AFP a créé fin 2012 un nouveau service agricole avec trois journalistes. De nouveaux journalistes de TF1, du Figaro ou d’Europe 1 ont ainsi récemment adhéré à l’association française des journalistes agricoles. Le journalisme agricole se voit donc en phase de redéfinition sans que l’on puisse encore bien savoir qui de la réaffirmation de l’intérêt des journalistes pour le secteur ou de la reprise en main par le syndicat majoritaire est susceptible à terme de l’emporter.

47 Afin de pouvoir bien éprouver cette spécificité du secteur agricole, il faudrait entamer un chantier comparatif sur d’autres segments de la presse professionnelle. L’analyse d’éventuelles associations professionnelles (tant de journalistes que de communicants) et l’attention portée sur la mise en place de jeux subtils de distinction internes à ces autres secteurs économiques et industriels permettraient de saisir la portée heuristique de ce cas.

Bibliographie

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Mots-clés éditeurs : associations professionnelles, formation, journalistes agricoles, communicants, journalisme professionnel

Date de mise en ligne : 26/12/2014.

https://doi.org/10.3917/pdc.001.0241

Notes

  • [1]
    Ce sont les organismes de crédit, les compagnies d’assurances, les coopératives d’achat, de vente, les chambres d’agriculture, les organisations qui structurent les filières par produit, ainsi que d’autres institutions qui s’occupent du marché foncier des terres agricoles, des aides publiques ou du conseil aux exploitations.
  • [2]
    Nous entendons ici le terme de « revendication » dans le sens de « revendication de juridiction » comme l’entend Andrew Abbott. Cet auteur montre que « les frontières des compétences sont perpétuellement en débat » (Abbott, 1998).
  • [3]
    Annuaire 1974 - 20e anniversairee , Association Française de Journalistes Agricoles.
  • [4]
    Il a existé une autre tentative dans le cadre du CFPJ de lancer une formation continue en agriculture dans les années 1980 dans le cadre du CEFPIA (Centre d’étude de formation et de perfectionnement pour l’information agricole) Mais cette activité a disparu avec les crises financières du CFPJ à la fin des années 1990 et touchait davantage le segment de la formation continue.
  • [5]
    Pour un exemple idéal-typique de ce type de dénonciation des connivences entre des journalistes spécialisés et leurs sources ou leurs actionnaires, voir l’article de Jean-Pierre Tailleur sur la presse économique paru dans le journal Le Monde Diplomatique (Tailleur, 1999).
  • [6]
    L’une rejette fortement cette forme de journalisme et l’autre a été écarté en 2005 d’un journal d’une FDSEA. Depuis, il est journaliste indépendant dans le Nord pour deux titres du groupe ABC.
  • [7]
    Cette vision est désenchantée chez la journaliste la résultante de ce qu’elle décrit comme le caractère machiste de cette presse principalement peuplé d’hommes. Pour le formateur, il a été licencié de son journal pour cause de différends avec la ligne syndicale de la FDSEA.
  • [8]
    La France Agricole est ainsi rachetée par Aprovia avant d’être cédée au milieu des années 2000 à Pragma Capital un fonds d’investissement cherchant une forte rentabilité avec un « return on equity » de 15 %.
  • [9]
    Entretien avec Erik Massin, rédacteur en chef, Le Betteravier Français, le 1er juillet 2010.
  • [10]
    C’est le cas par exemple d’une journaliste devenue responsable de communication de la CFTC, de deux anciens de la filière de journalisme agricole ayant monté une entreprise de retranscription de conférences. Certains journalistes agricoles se servent de la formation pour évoluer vers d’autres médias comme, par exemple, une jeune journaliste reconvertie dans l’information routière à Autoroute FM.
  • [11]
    Sur ce caractère technique et sur le rôle de médiation joué entre le grand public et le monde industriel par cette presse, voir les travaux de Madeleine Akrich, notamment (Akrich, 1992).
  • [12]
    Entretien avec une étudiante de la première promotion journaliste agricole de l’ESJ de Lille, le 16 février 2006.
  • [13]
    Fondé il y a plus d’un siècle sous le nom de Syndicat des rédacteurs techniques de la presse agricole, s’il porte le nom de syndicat en raison de la date de sa création antérieure à la loi de 1901, il poursuit en pratique les mêmes buts qu’une association loi 1901 vis-à-vis de ses 300 adhérents actuels.
  • [14]
    Entretien avec Pierre Pinault, Secrétaire Général du SYRPA, Directeur de la communication INVIVO, réalisé à Paris, le 15 mars 2013.
  • [15]
    La démarche de cet observatoire est en en cela atypique qu’elle est exceptionnelle dans le milieu des associations de la communication. L’association Communication et Entreprise, ex-UJJEF, n’a par exemple jamais conduit une telle enquête.
  • [16]
    Voir aussi Souanef K., Le journalisme sportif pris au jeu. Sociologie des principes de légitimité professionnelle, thèse de doctorat de science politique, Université Paris Dauphine, 2013.
  • [17]
  • [18]
    C’est le cas du Forum Agrofourniture, rendez-vous annuel d’information sur les filières majeures de l’amont agricole (alimentation animale, engrais, machinisme, phytosanitaires, semences) qui fournit un panorama transversal afin d’intéresser journalistes et communicant.
  • [19]
    Un même individu peut ainsi présider dans sa carrière les deux associations professionnelles. Philippe Pelzer, président de l’AFJA en 1994-1996 en tant que journaliste et rédacteur en chef du Betteravier Français occupe la présidence du SYRPA de 2005 à 2010 à la faveur d’une nouvelle carrière comme directeur de la communication de Tereos jusqu’en 2012.
  • [20]
    Pour coopérative d’utilisation de matériel agricole.
  • [21]
    Saada, Laurent (dir.), Djazaïr, une année de l’Algérie en France : le livre d’or, Paris, SACOM, 2003, 268 p.
  • [22]
    Benabadji, Fadéla. Cherif, Benyoucef, Algérie : destination de légendes, Paris, EDL, 2004, 215 p.
  • [23]
    Benabadji, Fadéla, Biocarburants : questions, réponses, Boulogne-Billancourt, ETAI., DL, (col. Auto savoir), 2006, 191 p.
  • [24]
    Benabadji, Fadéla, (al. ), Les tracteurs. De A à Z, EPA Éditions, 2008.
  • [25]
    FARGO Ressources de la nature s’adosse à une agence de relations presse déjà existante, spécialisée sur l’immobilier et la finance.
  • [26]
    Entretien avec Fadela Benabadji, Agence Fargo RDN, ancienne présidente de l’AFJA, réalisé à Paris le 25 janvier 2013.
  • [27]
    Idem.
  • [28]
    Entretien avec Carine Abecassis, Responsable Communication CGB – Confédération Générale des planteurs de betteraves / Présidente SYRPA, réalisé le 23 janvier 2013 à Paris.
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