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Article de revue

Transsexualisme et identifications : analyse de la passation complémentaire des planches bm et gf au tat

Pages 213 à 246

Notes

  • [*]
    Marion Lintanff, psychologue clinicienne, docteur en psychologie clinique et psychopathologie, Laboratoire pcpp/ea-4056 (Psychologie clinique, psychopathologie, psychanalyse), université Paris Descartes, pres Sorbonne Paris Cité, marion_lintanff@yahoo.fr
  • [**]
    Benoît Verdon, psychologue clinicien, professeur de psychologie clinique et de psychopathologie, Laboratoire pcpp/ea-4056 (Psychologie clinique, psychopathologie, psychanalyse) université Paris Descartes, pres Sorbonne Paris Cité, benoit.verdon@parisdescartes.fr
  • [1]
    American Psychiatric Association, mini dsm-iv-tr, Critères Diagnostiques (Washington DC, 2000). Traduction française par J.-D. Guelfi et coll., Masson, Paris, 2004, p.256.
  • [2]
    Classification Internationale des Maladies cim-10 (1992), Dans le chapitre 5, troubles de la personnalité et du comportement chez l’adulte (F60-F69) F64 Trouble de l’Identité sexuelle, F64-0 Transsexualisme.
  • [3]
    Les transsexuels dits « primaires » présentent une dysphorie de genre depuis la toute petite enfance et consultent souvent à la fin de l’adolescence. Les transsexuels dits « secondaires », aussi appelés « transsexuels d’expression tardive », ont longtemps caché ou tenté d’ignorer leur conviction d’être du sexe opposé ; ils ont généralement été mariés et ont parfois eu des enfants, mais cette vie devenant insupportable, ils décident de consulter vers l’âge de 40 ou 50 ans (Michel, 2006).
  • [4]
    Si nous sommes fort convaincus de la complémentarité heuristique du Rorschach et du tat, nous avons fait le choix pour cet exposé ciblé de ne travailler qu’à partir des protocoles de tat ; plus encore, à partir des seules planches gf et bm alors que l’ensemble des planches classiques a été présenté aux sujets. La recherche plus large dont se dégage cette réflexion comprend un dispositif qui associe le Rorschach et le tat et une analyse exhaustive de l’ensemble des protocoles.
  • [5]
    L’intégralité des discours tenus aux planches est placée en annexe de l’article.
  • [6]
    Effectivement, un grand nombre de personnes en demande de changement de sexe communiquent à travers les sites et forums internet, se transmettent des informations sur la démarche, et n’hésitent pas à se donner des conseils sur ce qu’il faut dire ou ne pas dire aux professionnels, sur les réponses jugées opportunes ou non à formuler face aux tests projectifs, pour être jugées aptes à être prises en charge par les équipes.

1Nous souhaitons dans ce travail nous intéresser à la question des identifications chez les personnes transsexuelles à travers une étude inédite et exploratoire : celle de l’analyse des planches bm (habituellement proposées aux seuls hommes) et gf (Habituellement PROPOSEES aux seules femmes) passées en leur totalité auprès de femmes et d’hommes revendiquant d’être du sexe opposé et qui demandent de fait à changer de sexe via un traitement hormonal et chirurgical. La question se pose en effet de savoir s’il existe une spécificité du traitement de ces planches pour les transsexuels, et s’il peut donc y avoir du sens à utiliser l’intégralité du matériel du tat afin de saisir au mieux les fragilités et les ressources, les processus et les problématiques psychiques complexes susceptibles de participer des motivations, des convictions et des états de souffrance potentielle des personnes.

2Nous veillerons de prime abord à faire état des recherches portant sur la clinique du transsexualisme et qui utilisent des tests projectifs (notamment le Rorschach et le tat), avant de proposer une analyse exploratoire des planches 6bm, 6gf, 7bm, 7gf, 8bm et 9gf passées en intégralité et de façon inédite à quatre hommes en demande de changement de sexe pour devenir femmes (MtF, Male to Female) et quatre femmes en demande de changement de sexe pour devenir hommes (FtM, Female to Male). Nous tenterons de mettre en exergue la question des identifications en lien avec la question de la passivité psychique : partant des observations d’autres chercheurs n’ayant pas utilisé les épreuves projectives, et nous appuyant sur l’analyse des planches proposées d’ordinaire selon le sexe biologique complétée par l’analyse des planches proposées selon le sexe revendiqué, nous chercherons confirmation ou infirmation de conclusions établies préalablement, ou le dégagement de nouvelles données. Dans quelle mesure pourrons-nous observer chez nos sujets le déploiement de prises de positions identificatoires masculines et/ou féminines, plus souples et plus stables, et, partant, un traitement plus dégageant des conflits psychiques engagés dans les représentations de relations ?

La clinique du transsexualisme

3De nombreux auteurs ont tenté et tentent encore de comprendre la problématique du transsexualisme. Même si des cas ont été décrits bien avant qu’une théorisation émerge, John Money (1957) et Robert J. Stoller (1978), furent les premiers à parler du genre, du concept d’identité de genre. Depuis, même si différentes écoles peinent à se rejoindre dans leurs conclusions, les chercheurs qui leur ont succédé ont eu comme objectif premier d’identifier la catégorie psychopathologique à laquelle était susceptible d’appartenir le transsexualisme.

4Au sein du dsm-iv[1] et de la cim-10 [2], le transsexualisme est décrit en termes de « Trouble de l’identité sexuée : identification intense et persistante à l’autre sexe (ne concernant pas exclusivement le désir d’obtenir les bénéfices culturels dévolus à l’autre sexe), sentiment persistant d’inconfort par rapport à son sexe ou sentiment d’inadéquation par rapport à l’identité de rôle correspondante, l’affection n’est pas concomitante d’une affection responsable d’un phénotype hermaphrodite ». Par ailleurs, il ne doit pas être associé à un trouble mental, tel qu’une schizophrénie. Néanmoins, des études tendent à considérer les manifestations visibles comme associées ou secondaires à différents autres troubles pouvant être rencontrés dans d’autres pathologies telles que l’anorexie ou la schizophrénie (Michel et Mormont, 2003).

5Dans le cadre de la prise en charge des troubles de l’identité de genre répondant et parfois aboutissant à la demande d’un changement de sexe, les équipes pluridisciplinaires en charge de cette clinique cherchent à établir une analyse de la personnalité du demandeur. Pour cela, la plupart des psychologues ont recours à la passation du Rorschach et du tat. Les planches du tat passées, quand elles sont indiquées, sont alors toujours celles du sexe d’origine.

Études projectives portant sur le transsexualisme

6Dans leur revue de la littérature, Aude Michel et Christian Mormont (2003) dégagent, à travers le Rorschach, les deux principales tendances dans l’étude de l’étiologie de la clinique du transsexualisme. Dans un premier temps, ils tentent de résumer de façon inédite l’ensemble des études ayant testé, par l’utilisation du Rorschach, l’hypothèse d’un terrain psychique perturbé, en la comparant à la clinique borderline, anorexique, schizophrénique, ainsi que tout venant, et notent que certains auteurs concluent à un trouble borderline, alors que d’autres soutiennent l’idée d’un trouble du caractère. Dans un second temps, ils procèdent à l’analyse de l’hypothèse d’un trouble indépendant, les problèmes d’adaptation pouvant alors entraîner « une psychopathologie secondaire qui se greffe sur le transsexualisme » (ibid., p.126), et les manifestations existantes sont alors considérées comme secondaires à différents éléments. Les auteurs s’appuient sur différentes recherches mentionnées pour en extraire les hypothèses mises à l’épreuve : la première est celle d’une « particularité du contact à la réalité » et d’un « rapport au réel analogue à celui des anorexiques ». Ils citent alors plusieurs études dans lesquelles ils sont eux-mêmes impliqués, (Mormont, Michel et Wauthy, 1995 ; Mormont, Frankignoul et Michel, 2001), où ils expliquent qu’en minimisant l’interprétation et la symbolisation au profit de la perception, les transsexuels recherchent une solution dans le réel mais à l’encontre du réel. Ils seraient fascinés à la fois par un détail de la réalité concrète de leur physique et par une image qui est de l’ordre du désir, tout comme les anorexiques.

7D’autres hypothèses relevées à la faveur de cette revue de la littérature soulignent l’existence de troubles de la pensée en lien avec l’existence d’un noyau psychotique, le transsexualisme comme manifestation d’un trouble extrême de l’identité sexuelle, la demande de changement de sexe comme mécanisme contraphobique ou comme procédé défensif à valeur d’évitement, l’hypothèse (non confirmée) d’un trouble de l’image de soi, l’hypothèse d’un trouble associant ces différents aspects, autant d’éléments qui témoignent d’investigations complexes voire compliquées…

8Aude Michel et Christian Mormont (ibid.) exposent finalement quatre études de suivi effectuées à partir du Rorschach : celle de Michael Fleming et coll. (1982) et celle de Leslie M. Lothstein (1983) montrent des constats plutôt négatifs sur le devenir des sujets opérés (maintien d’une fragilité dépressive et d’un haut niveau d’angoisse, fragilité de la représentation de soi), mais la méthodologie utilisée est critiquée par les auteurs : « étude partielle » pour la première recherche, absence de précisions quant au « système d’analyse du Rorschach » pour la seconde (ibid., p.129). A contrario, l’étude de Léo Cohen et Peggy T. Cohen-Kettenis (1999) ne constate pas de « détérioration psychologique » chez les sujets opérés, mais une meilleure qualité formelle et, enfin, celle de Aude Michel (2000) soutient que la qualité perceptive resterait particulière du fait d’une « violation de la réalité et distorsion de la perception » (ibid.), avant et après l’opération sans que les éléments fondamentaux du psychisme ne soient cependant modifiés.

9Bien que la majorité des recherches mentionnées dans leur revue de la littérature utilisent le Système Intégré d’analyse du Rorschach proposé par John Exner (1996), Michel et Mormont insistent sur la difficulté d’une éventuelle comparaison entre toutes les recherches, à cause de la diversité des variables et la difficulté à faire correspondre les indices. Ils concluent que plusieurs études associent somme toute le transsexualisme au trouble borderline. Concernant les études de suivi, les auteurs semblent s’appuyer sur les deux recherches qu’ils ne critiquent pas pour conclure que « la demande transsexuelle et sa réponse par voie d’interventions chirurgicales ne désorganisent pas les candidats au changement de sexe ; au contraire, ceux-ci semblent retrouver une certaine souplesse psychique » (ibid., p.130).

10D’autres recherches conduites par des psychiatres, endocrinologues et psychologues des Hôpitaux de Paris s’appuient exclusivement sur l’utilisation et l’analyse de la planche III du Rorschach complétée par la passation du mmpi (Minnesota Multiphasic Personality Inventory). Thierry Gallarda et coll. (2001) ont ainsi évalué les représentations sexuées de travestis et de transsexuels « primaires [3] » en comparaison avec un groupe contrôle de sujets masculins. Les résultats montrent une meilleure discrimination transsexuels/travestis à l’aide du mmpi comparativement à la seule analyse de la planche III du Rorschach. En 2005, Sandrine Coussinoux et coll. ont tenté d’évaluer la conviction d’appartenir au sexe opposé et la position identificatoire de 28 transsexuels (18 traités par hormones et 10 non traités) en comparaison avec 10 hommes et 12 femmes. C’est en s’inspirant de la grille de représentation de soi de Nina Rausch de Traubenberg et Anne Sanglade (1984) que les réponses des sujets ont été classées en six catégories pour analyser la planche III du Rorschach (M : masculin, F : Féminin, N : non identifié sexuellement, B : représentation ambivalente, M/F : masculin et féminin et A : autre). Leurs résultats montrent que l’identification sexuée des sujets transsexuels masculins est nettement de type féminin, parfois plus féminin que les femmes témoins, avec un rejet actif de toute identification masculine. Il est néanmoins dommage que cette analyse ne soit pas longitudinale mais entre différents individus placés à des moments différents de la démarche.

11En 2005, Nadine Vermeylen, Fabienne Bauwens, Alex Lefevre et Paul Linkowski publient une recherche portant sur l’étude du fonctionnement psychique de 28 sujets transsexuels avec le Rorschach. En comparant les données obtenues avec celles d’un groupe témoin, et en s’appuyant conjointement sur une analyse psychodynamique, sur l’analyse d’indices de la méthode Exner et sur l’Indice d’Élaboration Symbolique (ies) de Léon Cassiers (1968), leurs résultats montrent une adéquation au réel correcte (contrairement à d’autres auteurs qu’ils citent) et suggèrent l’existence d’un mode de pensée opératoire analogue à celui observé chez certains patients souffrant de pathologies somatiques. Pour eux, en ayant besoin d’une marque corporelle pour attester leur identité, les personnes transsexuelles présenteraient une difficulté majeure à fantasmer, rendant compte d’une carence de mentalisation.

12Deux communications portant sur le transsexualisme et les méthodes projectives ont été affichées à l’occasion du Congrès de la Société Internationale du Rorschach et des Méthodes Projectives qui s’est tenu en 2005 à Barcelone. Pour la première, « Inversion des genres et répercussions sur la stabilité psychologique des transsexuels », Akiko Nakadaira et coll. de l’équipe du Kansai Medical University Hospital au Japon ont présenté le Rorschach (Système Intégré) et 383 items du mmpi à 46 patients (16 sujets MtF âgés de 18 à 49 ans et 30 sujets FtM âgés de 17 à 39 ans) et comparé 73 variables du Rorschach à l’échelle masculin-féminin du mmpi. De façon générale, le fait de se conformer fortement au sexe opposé permettrait un meilleur « test de réalité » (se vivre dans le sexe revendiqué : vêtements, prénom), et amenuiserait le risque de passage suicidaire, d’éprouvés de « colère » et de « stress ». Plus les sujets FtM (Female to Male) s’identifieraient au masculin, moins les éléments suivants seraient repérés par les auteurs : risques de suicide, distorsion de la perception et de la cognition, « attitude passive », intellectualisation, pensées déviantes, colère et stress. En ce qui concerne les sujets MtF (Male to Female), les identifications féminines entraîneraient un sentiment de solitude, et d’insécurité vis-à-vis d’autrui.

13Par ailleurs, c’est en s’appuyant sur le corps comme origine de la constitution du self, l’identité étant avant toute chose identité sexuée, que Monica Prastaro (2005) propose une approche du transsexualisme à l’aide de l’analyse des protocoles de Rorschach de 30 personnes transsexuelles en attente de réassignation. Elle utilise également la grille de représentation de soi (Rausch de Traubenberg, Sanglade 1984 ; Valente Torre, Freilone, 1996) et l’échelle barrière/pénétration (Fisher, Cleveland, 1958). Selon elle, le problème du transsexualisme serait en lien avec une erreur de perception des limites du corps, une difficulté en termes d’identification et de relations, un investissement excessif du « Moi-peau » ainsi qu’une intégration narcissique du Self. Elle confirme les conclusions d’autres auteurs en termes d’organisation limite de la personnalité.

14Plusieurs autres chercheurs ont apporté une pierre à l’édifice en proposant des études qualitatives de femmes transsexuelles, comme Anna Potamianou (1975) qui décrit le cas d’Hermione, Sylvie Sesé-Léger (1996) le cas de Dominique, et Maryse Saint-Onge (1998) le cas de Louise. Cette dernière nous offre une description de sa patiente à l’aide des épreuves projectives mais l’étude reste succincte et quasiment sans illustration. Son analyse globale conclut qu’au-delà de ce que ce cas pourrait illustrer d’une dysphorie de genre, le désir de changement de sexe de la jeune femme serait né d’une impasse pour elle à assumer sa féminité qui témoignerait davantage d’un refus d’être fille que d’un désir d’être garçon. Elle ne peut s’assumer comme « sujet féminin dans le désir de l’autre » (ibid., p.139) ni ne peut accepter son homosexualité. Les tests projectifs montreraient des « investissements objectaux guidés par la recherche de relations tendres avec les femmes, à l’allure d’une relation mère-enfant » (ibid.) ; devenir un garçon la sauverait de l’accomplissement incestueux d’avec la mère et les désirs homosexuels de celle-ci ; avoir le phallus signifierait être le phallus et pouvoir être aimée de l’autre, même en étant un objet partiel. La patiente ne pourrait s’identifier à la mère génitale dans son rôle de partenaire sexuelle, la position féminine hétérosexuelle équivalant à être blessée, pénétrée, écrasée.

15Plus récemment enfin, Anne-Valérie Mazoyer et Aude Michel (2010) ont publié les résultats d’une recherche portant également essentiellement sur des femmes transsexuelles. À travers une approche psychodynamique, les auteurs travaillent sur l’étude comparative de cinq cas à travers l’analyse du Rorschach, des planches 5, 7gf et 9 gf du tat, et du mmpi. Pour les auteurs, la construction du féminin « passe par l’élaboration de la relation conflictuelle au maternel » et « impose un décollement avec le maternel » (ibid. p. 429) rendu impossible pour les transsexuelles. Les difficultés liées à cette « traversée », l’idéalisation ou la haine, feraient basculer la fille dans divers registres psychopathologiques, le transsexualisme étant envisagé comme « un des avatars de cette relation à la mère » (ibid. p. 433) « tels que les troubles alimentaires et les attaques contre son corps (scarification, conduites à risque) » (ibid. p. 430). Ces derniers auteurs mentionnent succinctement que « le féminin doit en passer par un travail de pacification pour sortir du ravage » (ibid.), et l’on entend là la référence faite à Freud (1908, 1925, 1931). Néanmoins, parce qu’il soulève avec force la question du rapport masculin/féminin au plan identificatoire, et objectal, le transsexualisme interroge de façon singulière, encore peu explorée, la question de la passivité, ce que nous nous proposons de travailler plus avant.

Sexualité, passivité et passivation

16Il importe de noter que les personnes en demande de changement de sexe situent quasiment toutes durant l’enfance la naissance de leur sentiment d’appartenir au sexe opposé. Cependant, c’est bel et bien lors de l’entrée dans l’adolescence que les choses prennent un tournant radical : quelque chose de la sexualité infantile est remobilisé fortement par la formation des caractères sexuels secondaires, la puberté signe la réalité sexuelle, il n’est plus possible de faire semblant d’être du sexe opposé, le corps peut être vécu comme traître. L’entrée dans l’adolescence marque (au sens de l’empreinte, elle-même symbole de l’identité) le corps et l’expérience psychique, du fait des changements liés à la puberté. Garçons et filles ont peu de marge de manœuvre face à cette période délicate qu’il leur faut traverser. Étape nécessaire à la construction de l’identité, elle est à la fois expérience d’une perte et expérience d’une conquête potentielle. Agnès Oppenheimer (1983) parle de « choc de la puberté », qui vient effracter l’illusion même de se montrer (de se penser) de l’autre sexe. Elle ajoute que la demande de changement de sexe s’inscrit dans une lutte contre la finitude sexuée.

17Avant que cette dichotomie masculin-féminin n’existe, interviennent tout d’abord dans la construction psychique le couple activité-passivité et celui de phallique-châtré, tous les deux prenant racine durant la traversée de l’enfance. Le nourrisson est totalement passif dans un premier temps dans la relation à la mère qui répond à ses besoins, puis progressivement l’activité advient par identification à cette mère active. Le concept de passivité a été travaillé par différents auteurs, notamment à travers le concept de passivation originaire et la question du masochisme.

18Selon André Green (1973), « au moment du complexe d’Œdipe, le conflit prend la forme de l’opposition entre la réalité sexuelle de l’individu et la réalité psychique. […] Ce conflit dépend pour beaucoup de la position adopté par le moi » (p. 255). Lorsque ce dernier dénie la réalité sexuelle, advient ce qui était convenu d’appeler à l’époque d’office « psychose transsexualiste » (ibid.), le moi agirait dans l’après-coup en lien avec les marques laissées par la période pré-œdipienne. Green poursuit son propos en soulignant que « l’élément féminin d’origine maternelle » doit « être accepté et intégré dans les deux sexes » (ibid.), tant il est intriqué à cette période ancienne de totale dépendance, où les soins sont aussi biologiques que psychologiques. Green nomme cette étape « la passivation originaire », cette féminité originaire ne freinant et ne remplaçant en rien les développements ultérieurs du garçon (dans sa masculinité) et de la fille (dans sa féminité secondaire). Dans ce même article, Green introduit ce qu’il nomme « le genre-neutre » qui serait fantasme de neutralité, sorte de revendication de la bisexualité réelle comme refus de la différence des sexes (p. 260). Cette notion nous parle notamment lorsqu’on entend un certain type de demande de changement de sexe caractérisé par des attentes incomplètes quant à l’hormono-chirurgie. On nomme plus spécifiquement transgenres les personnes qui sont susceptibles de se parler au masculin comme au féminin, cultivent une allure androgyne, optent pour un prénom neutre, voire angélique (« les anges n’ont pas de sexe », nous dira un sujet). Cette revendication ne sature cependant pas toutes les manifestations que l’on rencontre dans la clinique du changement de sexe, les autres attentes étant typiquement désignées comme transsexuelles (demande de changement de sexe radical, sentiment complet d’appartenir à l’autre sexe, irritabilité si on les considère dans leur sexe biologique).

19En 1975, André Green ajoute que lorsque l’évolution sexuelle se poursuit à l’âge adulte, la symétrie de la bisexualité se rompt, advient alors pour les deux sexes un « refus de féminité » entraînant des conséquences différentes chez les deux sexes, et prenant racine dans la relation primitive avec l’objet. Ce refus est à entendre comme refus actif dans les deux sexes de ce « quelque chose qui vient de la femme ou qui est lié à elle et qui “passivise” » (p.913), et parce qu’il veut dire refus maternel, « refus (du désir) de retrouver cet objet unique, incomparable, inaltérable, permanent du fait de la dépendance et de la passivation qu’une telle relation implique. Refus de l’emprise maternelle, refus du sein. Refus de l’indifférenciation primitive avec l’objet » (p. 914). Cette dynamique prend ses sources dans la survalorisation du pénis chez la fille et le garçon, pour lutter contre le retour de « l’envahissement passivant de la mère » (ibid.). Le cas de la fille est particulier encore, car il faut ajouter à cela la blessure narcissique « qui la scinde du double que représente sa mère, de par la communauté de leur sexe, la réflexion de leur mutuelle apparence et la complicité de leurs sensibilités. D’où les vicissitudes du narcissisme féminin » (ibid.). C’est ainsi que l’on peut se poser la question, dans la clinique du transsexualisme, de la façon dont la jeune femme en demande de changement de sexe, plus encore que l’homme, a à travailler la question du féminin, en lien avec cette relation primitive maternelle mais aussi dans son corps, simple citoyenne de « l’empire du même » (André, 2003, p. 11).

20André Green (1999) insiste enfin sur la nécessité de différencier passivité-détresse ou passivation et passivité-jouissance. La passivation est « ce qui contraint à subir et non simplement un mode de jouissance recherché » (p. 1587) et serait liée à une impossible réalisation hallucinatoire du désir qui « plonge le sujet dans un état d’impuissance sans recours » (p. 1588). Alors qu’il comprend le masochisme comme relevant d’un renversement du but (activité en passivité) et d’un remplacement du sadisme originaire par un moi étranger, substituant l’objet, permettant de jouir de sa propre position et de la position déléguée à un autre par identification, Green aborde la question de la mélancolie par l’éclairage de l’identification narcissique obligeant le moi à se dresser contre lui-même, concevant l’objet comme porteur des affects, écrasant le moi de « l’ombre où il se tient » (p. 1599) tant il est devenu tout puissant. Dans les deux cas, le moi est réduit à la passivité, le but est de procéder au détour de la position du sujet, « l’objet en tant que tel ne joue presque pas de rôle ». L’irreprésentabilité, conséquence d’une trop longue ou trop intense perte de l’objet ou de ce que donne l’objet, semble commune à ces situations passivantes, où la réalisation hallucinatoire du désir est impossible, alors qu’elle est la forme première de l’élaboration de la différenciation moi/objet, favorisant alors « l’identification narcissique, dont la mélancolie est une expression extrême mais non exclusive » (ibid.).

21Evelyne Kestemberg (1999) remarque que chez les adolescentes se cache, derrière le refus d’identification et l’inquiétude quant à leur identité, une identification inconsciente à leur père, au personnage du sexe opposé, qui, en tant que solution classique face au réveil du conflit œdipien, « donne toute réassurance quant à la rivalité avec le personnage du même sexe » (p. 49), mais aussi réassure face à « l’angoisse archaïque de la disparition de l’être maternel nécessaire à la satisfaction des besoins vitaux » (ibid.). Cependant, « accepter de s’identifier au personnage paternel du sexe opposé implique forcément la dénégation de l’appareil génital qui est la caractéristique propre et irréversible qu’elles viennent d’acquérir » (ibid.) et donc une remise en question de la valeur structurante et maturante de cette acquisition, ainsi que la reconnaissance d’une castration du fait de l’absence de l’appareil masculin, d’une lacune donc et « de ce fait, d’une possibilité de destruction du sentiment d’intégrité que la période de latence en son mouvement de désinvestissement relatif leur avait permis de considérer comme acquis » (ibid.). « Pour n’être pas détruite par ma mère que je peux détruire si je suis comme elle, il faut que je sois comme mon père, qui n’est pas comme moi », ce qui aboutit à la conviction que « de toutes les manières, je ne peux être ce que je suis » (p.50). Situation qui sera en principe dépassée et aboutira à une identification majeure au parent du même sexe, s’appuyant sur l’histoire œdipienne et sur la qualité et l’intériorisation des relations aux imagos parentales. Contrairement à Freud, Evelyne Kestemberg argumente en la faveur de situations plus « dramatiques » (ibid.) pour les garçons dans cette période : « En effet, la rivalité d’avec le père auquel ils sont semblables anatomiquement implique les mêmes dangers de castration donc de destruction ; l’identification à l’imago maternelle leur est cependant également fermée car alors, ils sont d’une part, en proie à une inquiétude constante de castration que cette identification réalise, mais aussi, beaucoup plus en profondeur, en proie à la dépendance étroite d’une imago maternelle archaïque toute puissante qui seule leur donne consistance et vigueur » (ibid.). En temps « normal », l’adolescente et l’adolescent surmontent ce dilemme identificatoire en s’appuyant sur des identifications sexuelles suffisamment souples pour ne pas déborder sur la conviction identitaire liée à leur corps sexué. Kestemberg nous apporte ainsi des éléments intéressants qui peuvent participer à la réflexion sur la clinique du transsexualisme, tant nous pouvons questionner le destin identificatoire des adolescents et adolescentes qui témoigneront d’un sentiment d’appartenir au sexe opposé et formuleront une demande de changement de sexe.

22Enfin, Catherine Chabert (2003) propose une relecture des textes de Freud (1919) et une clarification des notions de passivité et activité en articulation avec le masculin et le féminin. La libido définie comme masculine est à entendre au sens où la pulsion est toujours active même si son but peut être passif. Au-delà de cette association, il faut se déprendre d’un raccourci dommageable confondant les couples fille/garçon et féminin/masculin, car dans les deux sexes, « à l’origine de l’excitation, les mouvements pulsionnels doivent être saisis dans leur double dimension : passive, du côté de la sensation […] ; active, du côté de l’exercice, de la maîtrise. Dans les deux cas, la sensation et le plaisir sont éprouvés de l’intérieur avec cependant une différence : la passivité implique, plus que l’activité, l’engagement de l’autre dans son action sur le sujet » (ibid., p. 25), l’un et l’autre sexes étant animés « du désir d’être aimé » (p. 31). Chabert souligne alors avec force l’implication de la passivité dans des scénarii comme le fantasme d’exclusion de la scène primitive, et dans le fantasme de séduction. Malgré, si ce n’est du fait de ces positions passives qui préservent « l’auteur du fantasme dans son innocence et dans l’ignorance » (ibid., p. 36), l’enfant n’en est pas moins le créateur, l’émetteur de l’excitation par stimulation de ses processus internes.

23Eu égard aux éléments relevés dans notre revue de littérature projective portant sur la clinique du transsexualisme, en articulation avec le développement des questions de la passivité et de la sexualité liées aux identifications, nous nous proposons, à partir des modalités d’utilisation du tat de l’École Française, de soumettre aux sujets transsexuels la passation conjointe des planches bm et gf et de cibler dans leur analyse la question des identifications en lien avec la question de la passivité.

Penser la clinique du transsexualisme avec la méthodologie d’analyse du tat de l’école Française [4]

24Selon l’École Française (Shentoub, Debray, Brelet, Chabert, et coll.) qui adosse la passation, l’analyse et l’interprétation des protocoles de tat à la psychanalyse, ce matériel original sollicite des problématiques psychiques nodales telles que le traitement de la perte, la solidité des assises narcissiques et la souplesse des positions identificatoires, les aménagements du désir et de l’agressivité, le renoncement, la passivité, l’impuissance. La diversité de ses scènes permet un large déploiement des fantasmes avec possible déplacement sur des figures en apparence éloignées des préoccupations directes du sujet. Et parce qu’il mobilise, par sa facture figurative, une régression moindre que le Rorschach, mais qu’il invite, par l’appel à la narration, un travail d’organisation complexe d’articulation de processus primaires et secondaires, parce qu’il mobilise très fortement les représentations de relations et les capacités de liaison entre affects et représentations, le tat se révèle un remarquable outil d’appréhension du fonctionnement psychique dans sa complexité et sa singularité. La première approche, dite œdipienne, des sollicitations latentes du matériel s’est vue complétée par celle qui se réfère à la problématique de la perte d’objet qui confirme bel et bien la double orientation des problématiques sous-jacentes.

25Les consignes de choix des planches sont exposées clairement dans le Nouveau Manuel du tat (Brelet, Chabert et coll., 2003) : les planches 1, 2, 3bm, 4, 5 10, 11, 12bg, 13b, 19 et 16 sont proposées aux filles, aux femmes, aux garçons et aux hommes, la 13mf n’étant proposée qu’aux femmes et aux hommes. Les planches 6bm, 7bm et 8bm sont proposées aux garçons et aux hommes, et les planches 6gf, 7gf et 9gf sont proposées aux filles et aux femmes. Les planches 6gf, 7gf, 9gf – 6bm, 7bm, 8bm sollicitent donc des problématiques spécifiques, prévalentes, faisant particulièrement appel aux mouvements objectaux et identificatoires des sujets et à la question de la différence des sexes et des générations, ce qui justifie d’être habituellement présentées en tenant compte du sexe biologique du sujet, et de son âge : les planches 6gf, 7gf et 9gf parce qu’elles sollicitent les mouvements identificatoires et objectaux de la fille à la mère, l’ambivalence, la rivalité et la séduction ; les planches 6bm, 7bm et 8bm parce qu’elles sollicitent plus particulièrement les mouvements identificatoires et objectaux de l’homme visà-vis des figures paternelle et maternelle, l’ambivalence et les conflits qui s’y attachent, le fantasme parricide et l’angoisse de castration.

Questions exploratoires

26Nous nous sommes posé la question de savoir quelles sont les prises de positions identificatoires, féminines et/ou masculines, chez les personnes qui ne se reconnaissent pas dans leur sexe biologique. Le traitement des planches habituellement proposées aux seules femmes ou aux seuls hommes est-il susceptible d’éclairer une meilleure connaissance et compréhension de la démarche transsexuelle en permettant le dégagement, plus ou moins contrasté, d’autres modalités de traitement des choix et des conflits identificatoires ?

27En partant du constat de Saint-Onge (1998) mais aussi de celui de Mazoyer et Michel (2010), observerons-nous une impasse identificatoire chez les jeunes femmes en demande de changement de sexe ? Une impossibilité à s’identifier à la mère génitale dans son rôle de partenaire sexuelle, une position féminine hétérosexuelle blessée, pénétrée, écrasée ? Observerons-nous chez les hommes ce que Coussinoux et coll. (2005) et Michel et Mormont (2003) ont décrit comme une forte identification féminine et un rejet de toute identification masculine, des imagos paternelles surmoïques anxiogènes dévalorisées, des imagos maternelles phalliques castratrices ? Retrouverons-nous pour ces jeunes femmes qui veulent acquérir un corps de garçon l’impasse à s’identifier au féminin, mais aussi l’impossibilité à mobiliser une identification masculine dégageante aux planches bm ? Ou bien pourront-elles s’identifier au personnage masculin pour se représenter de façon plus souple et dégageante la relation avec la figure maternelle (6bm) et l’ambivalence envers la figure paternelle (7bm), être sensibles au fantasme parricide et à la liaison avec un affect de culpabilité tel qu’on peut le retrouver à la planche 8bm ? Retrouverons-nous chez les hommes qui veulent acquérir un corps de femme l’identification féminine attendue aux planches gf ? Est-ce que les hommes MtF (Male to Female) seront sensibles aux fantasmes de séduction (6gf), à la transmission et l’accession au devenir femme/mère (7gf), à la rivalité de la planche 9gf ? Ou bien observerons-nous le déploiement maintenu d’une identification masculine, ou encore une impasse identificatoire totale ?

28Afin de répondre à ces questions, nous avons choisi de travailler les protocoles de 4 sujets FtM (Female to Male) âgés de 19 à 22 ans et 4 sujets MtF (Male to Female) âgés de 18 à 21 ans, en ayant toujours veillé à proposer les planches du sexe anatomique avant les planches du sexe revendiqué. Nous présenterons de prime abord une étude intéressant chaque sujet (FtM puis MtF) et discuterons, dans un second temps, la confrontation des observations.

Analyse du traitement des planches chez les sujets Female to Male [5]

Sujet FtM A., 19 ans

29Les traitements des planches gf mettent en avant des représentations de relations marquées par l’angoisse de perte d’objet dans des contextes fantasmatiques où une valence incestuelle cohabite avec une problématique d’étayage :

30

« Une femme qui parle à son frère, elle lui dit d’arrêter de fumer, elle ne veut pas le perdre […], elle lui dit que s’il continue il ne verra plus ses enfants » (6gf) ; « C’est une mère et une fille, une fille très jeune et qui est tombée enceinte […], la mère lui propose de l’aider à garder son enfant pendant qu’elle va à l’école […], elle a honte de ne pas avoir vu ce que sa fille avait. »
(7gf)

31À la planche 9gf, la relation représentée se révèle idéalisée et discrètement clivée (« épier »/« réconcilier »), sans possibilité de préciser un motif au conflit éventuellement lié à la présence d’un tiers du fait d’une différenciation peu stable entre les deux protagonistes de la planche.

32Les sollicitations des planches bm mobilisent chez ce sujet de vives identifications masculines au sein de scenarii également frappés du sceau de la perte d’objet contre-investie cependant en des représentations d’étayage récurrentes. Des représentations morbides, parfois massives mais cependant non crues (« femme assassinée » en 6bm, « accident du père » en 7bm, « blessés qui ont reçu une balle dans le ventre pendant la guerre » en 8bm), témoignent certes de la possibilité de représentation de l’hostilité mais qui ne peut être clairement liée à une représentation de relation libidinale. L’idéalisation coupe court à toute possibilité d’ambivalence, si bien que la haine et l’agressivité ne sont jamais figurées comme participant de la relation à l’objet alors qu’elles imprègnent fortement chaque contexte. L’idéalisation permet la mise en avant de relations masculine/paternelle magnifiées, aconflictuelles et cependant susceptibles de rendre compte, du fait des procédés d’élaboration témoignant de légers troubles discursifs et de tendances à la confusion des identités et à la désorganisation temporelle, de la fragile différenciation sujet/objet sous-jacente :

33

« C’est un fils et son père, le fils a failli perdre son père dans un accident et il vient de le retrouver, il est content parce que le père a failli avoir un accident quand il était petit, quand il avait 10 mois et demi, il a survécu et il en reparle après quand il est grand, il lui dit qu’il n’imaginait pas sa vie sans lui, avait besoin de lui pour grandir, il y a des choses qu’une mère ne peut pas expliquer à son fils, par exemple à l’adolescence et lui, il lui explique et sont contents tous les deux, ils sont proches. »
(7bm)

Sujet FtM B., 21 ans

34Là encore, les traitements des planches gf mobilisent des conduites psychiques très contrastées, sous-tendues par le clivage, la projection ou l’évitement, voire la tendance à la fabulation hors image. La figure masculine se révèle porteuse de motions pulsionnelles fort violentes et crues :

35

« Un mari qui dit à sa femme “je vais te casser la bouche !” » (6gf) ; « Je déteste les poupées… […] j’avais des poupées au-dessus de mon placard, [mon oncle] disait que celle du milieu c’était une poupée de sang qui viendrait boire mon sang quand je m’endormirais, j’avais 4 ans (rires). »
(7gf)

36Quant à la figure féminine, à peine évoquée en 9gf, elle est placée en 6gf et 7gf de prime abord en position de soumission et de passivation dysphoriques au sein de situations dont elle est dégagée de façon plus ou moins opérante par évitement et défenses hypomanes :

37

« La femme, elle voit là qu’elle est contrainte […]. Elle va se rebeller au final, partir avec ses affaires, devenir une femme indépendante […] et pourra s’assumer toute seule. Une autre histoire qui finit bien » (6gf) ; « […] Les malheurs de Sophie, tiens, ça me fait penser à ça. Vous connaissez un peu ? En gros, c’est souvent qu’on lui donnait des cours, sauf qu’elle voulait pas écouter, elle préférait aller jouer dehors, dans le domaine de ses parents ça me fait penser à ça. Avec son cousin. Sauf que là c’est qu’un rêve, bon au final, les malheurs de Sophie, c’est l’hécatombe […]. »
(7gf)

38Aucune des planches gf ne permet le déploiement d’une identification féminine paisible, ni d’un traitement dégageant du conflit : les histoires sont souvent marquées par la répétition voire la circularité d’un rapport conflictuel ou complaisant avec les torsions de la loi :

39

« Ils se mettaient à plusieurs et ils buvaient des canons quoi. Oui la prohibition aux États-Unis, c’est pas bon, c’est contraire aux bonnes mœurs. […] Au final les flics les voient, au final corruption, ils sont obligés de les corrompre, au final ils ont des problèmes avec la mafia […] ils finissent par dealer de la drogue […] au final ils finissent par se tirer en Angleterre, pour vivre une nouvelle vie. […] parce qu’ils ont des problèmes, ça montre les problèmes de la jeunesse américaine. »
(9gf)

40Les planches bm permettent la représentation de figures masculines plus contrastées oscillant entre évitement (6bm) et représentations crues (8bm)

41

« Sa mère est choquée de le voir ici, parce qu’elle l’a pas vu depuis des années. Voilà. Il présente ses hommages à son père et au final il repart pour vivre sa vie » 6bm) ; « Ça devient un gros psychopathe, il va tuer des gens et il va devenir un serial killer quand il sera plus grand. À cause de l’éducation donnée par ses parents. »
(8bm)

42Même si l’ambivalence peine à l’évidence à structurer les représentations de relations, l’investissement prégnant de l’objet et son idéalisation, voire la possibilité de penser une certaine réparation, avec cependant plus ou moins de stabilité de la différenciation interne/externe, permettent d’endiguer la destructivité (la figure masculine peut prendre soin de la figure féminine) :

43

« Et après comme sa mère elle a besoin de lui parce que son père est plus là, il va essayer de renouer un contact avec sa mère, un truc comme ça. Il va essayer de renouer quelque chose parce que sa mère a besoin de lui déjà financièrement. […] Il y va de plus en plus souvent, il va renouer un contact avec sa mère et au final tout est bien qui finit bien. Je préfère des histoires bien aussi, qui se finissent bien. En gros, elle voit que son fils c’est pas un bandit c’est un mec bien » (6bm) ; « Il se repentira le jour où il enlèvera une fille, il tombe amoureux et il peut pas la tuer, et au final il se repentira et il fera plus jamais ça. Ça finit bien quand même. »
(8bm)

Sujet FtM C., 22 ans

44Le contraste dans les représentations qui sous-tendent le déploiement identificatoire et objectal est franc pour ce sujet. Le fantasme de séduction se donne à voir sur un mode inquiétant et frôlant vraisemblablement, là encore, la représentation incestuelle (6gf) alors que le traitement des planches 7gf et 9gf – dont le contenu manifeste ne donne pas à voir de personnage masculin – permet de mobiliser un scénario qui, sous couvert d’anonymat des personnages ou de traitement narcissique (idéalisation et évitement de la relation), permet tantôt la narration du refus identificatoire féminin, tantôt la capacité de différer la satisfaction du désir.

45Aux planches bm, les scénarii se révèlent beaucoup plus marqués par la contention pulsionnelle et les représentations de relation d’étayage. En 8bm, le traitement narcissique soutient la tendance au scotome des personnages d’arrière-plan et le triomphe sadique à peine déguisé :

46

« C’est un jeune homme qui est en école de médecine, et il pense à tout ce qu’on lui a appris sur la chirurgie et les cours de… comment on appelle ça, diss… pour disséquer de dissécation non, pour disséquer. Ça le fascine, il se dit que c’est génial et qu’il va tout faire pour réussir, pour exceller dans ce domaine et même à être beaucoup plus innovant que ses prédécesseurs. »
(8bm)

Sujet FtM D., 19 ans

47Les planches gf et bm de ce protocole témoignent unanimement de fragilités psychiques importantes sans que l’on puisse noter un traitement de planche plus apaisé, mobilisant des identifications plus stables, plus souples, un traitement pulsionnel plus contenu. À l’instar des autres sujets, la 6gf déploie de nouveau un fantasme de séduction à valence incestuelle même s’il est traité sur un mode ironique. En 7gf, la figure maternelle est représentée comme délaissante et non aimante :

48

« La maman elle préfère lire plutôt que de s’occuper de son gosse et la jeune fille elle s’occupe pas très bien du gosse, mais elle fait ce que sa maman ne fait pas. […] Elle va attendre que la mère ait fini avec son livre pour lui donner le bébé ou elle va emmener le bébé ailleurs. »
(7gf)

49En 9gf, la représentation de relation ne peut être abordée et seule la différenciation par contraste à valence narcissique (bonne/princesse) permet de déployer plus avant un court scénario.

50Les identifications aux planches bm se révèlent tout aussi susceptibles d’instabilité où affect d’angoisse ou défense hypomane sont associés à des représentations de relations menaçantes, plus ou moins sous-tendues par le sadomasochisme :

51

« Peut-être un père et son fils ou un patron avec son employé. Le plus jeune à l’air un peu déprimé, et l’autre a un regard assez vicieux vers le plus jeune. Je sais pas ce qui… si c’est un patron avec son employé, il lui donne plus de travail, ou alors il s’apprête à lui dire qu’il est viré. Un père à son fils, bah je sais pas trop. C’est tout. »
(7bm)

Synthèse des sujets Female To Male

52Hormis pour ce dernier sujet, qui présente des fragilités narcissiques et identificatoires majeures de façon constante aussi bien aux planches gf qu’aux planches bm, les sujets Female to Male déploient aux planches gf des identifications féminines unanimement frappées du sceau de la vulnérabilité, parfois relativement préservées mais au prix alors de l’inhibition et de l’idéalisation, bien plus souvent soumises à des figures masculines violentes, maltraitantes, abandonniques, ou à une figure maternelle peu étayante et en aucun cas susceptible d’engager un investissement identificatoire positif. En revanche, aux planches bm, malgré d’évidentes difficultés à lier amour et haine dans les représentations de relations, et des fragilités de différenciation qui affleurent incessamment, les identifications masculines se révèlent moins empreintes de destructivité, et plus à même de mobiliser des représentations de relations d’étayage.

Analyse du traitement des planches chez les sujets Male to Female

Sujet MtF E., 21 ans

53Ce sujet mobilise une telle apparente conformité face aux planches du tat que l’on peine à discerner la valeur fonctionnelle d’un évitement du conflit avec force banalisation, affects de circonstances, accent porté sur le factuel, et une volonté délibérée d’ôter aux histoires toute potentialité dramatique au profit du placage et de l’idéalisation du fait d’une très grande difficulté à soutenir les sollicitations d’ambivalence pulsionnelle :

54

« Quelques minutes après le médecin annonça à la mère que le père allait bien et qu’il n’avait rien de grave » (6bm) ; « Mais quelques mois plus tard, après quelques discussions du même genre, le mari commençait alors à arrêter pour finir par ne plus fumer pour le bien être de sa famille » (6gf) ; « Voilà, après avoir eu son diplôme, la jeune fille, qui avait pris part également à l’éducation de son enfant, commença sa vie avec. »
(7gf)

55Ces défenses récurrentes masquent cependant mal une structuration œdipienne peu assurée :

56

« Le papa et son fils discutaient alors de généralités lorsque la conversation se porta sur le travail, il sentait son fils se détacher de son travail et cherchait alors à savoir les nouvelles préoccupations de son enfant. Il cherchait alors le problème mais l’enfant restait neutre et fermé » (7bm) ; « La mère avait toujours été à côté de sa fille, l’avait toujours soutenue, elles avaient fait le choix ensemble de garder l’enfant. »
(7gf)

Sujet MtF F., 21 ans

57Les planches bm rendent compte d’une très grande difficulté de ce sujet à mobiliser des identifications masculines susceptibles d’être engagées dans des représentations de relations structurées par une claire différenciation des objets, tous maintenus dans un anonymat sans concession, et dont les investissements mutuels, fort précaires, sont immédiatement contrecarrées par des défenses narcissiques :

58

« Pour moi ce serait une scène surtout caractérisée par le silence, par la réflexion des deux personnes qui évitent de croiser leurs regards parce que pour justement se focaliser sur le fait que leurs réflexions diffèrent l’un l’autre, le jeune homme a plus une réflexion… ce serait par rapport à son avenir à lui que les deux personnes réfléchiraient. »
(6bm)

59La précarité du lien sujet/objet semble être majorée aux planches gf, oscillant entre des tentatives de différenciation peu convaincantes et des confusions identitaires, le tout associé à une verbalisation plus relâchée :

60

« Une sorte d’opposition entre les traits de l’homme qui sont déterminés, qui sont plus sérieux et la femme qui a l’air surprise donc qui est dans une position plus spontanée, parce que c’est comme si elle s’adonnait à une frivolité, elle était ailleurs des conversations sérieuses elle s’est échappée, c’est comme une sorte de rappel à l’ordre de la personne plus âgée » (6gf) ; « Pour moi ce serait un peu une innocence qu’on retrouve sur le visage, l’innocence des enfants, pour la première qui se cacherait pour mieux voir quelque chose, comme si son regard n’est pas porté par (sic) le même endroit que la deuxième, mais la première qui est cachée derrière l’arbre, elle observerait quelque chose […] la deuxième… elle fixerait quelque chose plus loin… elle fixerait un homme. Mais justement sans que lui non plus le voit, comme si elle aussi elle était cachée d’une façon ou d’une autre. C’est pour ça justement qu’elle est courbée. »
(9gf)

Sujet MtF G., 18 ans

61Le contraste de traitement des planches est assez saisissant chez ce sujet. On note ainsi qu’il peut déployer aux planches bm des problématiques cristallisées autour d’une fragilité narcissique portées par les figures masculines plus ou moins articulée à l’objet peu étayant, entre abandon et empiètement :

62

« […] sa mère n’a jamais essayé de l’accepter et un jour elle décède à cause de son âge. Et son fils n’a jamais pu essayer de s’expliquer avec elle, il est dans le regret de ne pas avoir pu lui expliquer que c’était des choses de la vie et que ça ne le rendait pas comme un monstre, qu’il n’était pas une bête de foire et qu’importe son orientation, c’était toujours le même que sa mère avait connu. […] » (6bm) ; « Il voulait avoir une vie complètement différente, beaucoup voyager, ne pas être comme son père il a été, être différent, bien qu’il l’aime. Son père accepte totalement son choix de vie, il l’accepte et il l’aime toujours pour autant (sic), même si son fils voyage beaucoup et qu’il ne veut pas être comme son père. »
(7bm)

63L’évitement du conflit au profit de la centration narcissique peut même se révéler radical :

64

« C’est l’histoire d’un homme qui toute sa vie était vraiment basé sur son physique donc il n’acceptait pas d’avoir des rides, qui voulait vraiment être parfait, donc il a décidé de faire de la chirurgie esthétique pour se sentir bien parce qu’il était vraiment basé là-dessus, ça lui tenait à cœur, et donc voilà il a pu faire ce qu’il voulait, se sentir mieux vis-à-vis des autres et de lui. »
(8bm)

65Mais aux planches gf, l’accent porté sur des figures féminines s’associe de façon systématique à des représentations de relations marquées par une fantasmatique sadomasochiste où la femme subit l’emprise, le viol, le désœuvrement, l’adultère. Si l’affect de tristesse peut être lié à cette représentation (6gf, 7gf), la capacité de se dégager d’une telle position identificatoire et objectale frappée du sceau du masochisme se révèle somme toute fort précaire, voire impossible (9gf) :

66

« […] elle est triste parce qu’elle n’a pas l’impression d’être vraiment aimée » (6gf) ; « […] elle était très malheureuse parce qu’elle n’a pas pu décider elle-même ce qu’elle voulait, elle a dû se plier aux ordres de sa mère » (7gf) ; « Elle s’aperçoit que son mari lui a menti toute sa vie et toute sa vie enfin le reste de sa vie la femme fait semblant de n’avoir jamais rien vu parce qu’elle l’aime et elle ne veut pas le laisser pour autant même s’il la trompe elle n’a pas envie de quitter l’homme qu’elle aime et puis voilà. »
(9gf)

Sujet MtF H., 19 ans

67Les planches témoignent de façon quasi unanimes (exceptée la 7gf qui a été refusée) de la prégnance de représentations de relation marquées par l’abandon, le désaveu, la maltraitance (6bm), au prix parfois de la fabulation hors image (8bm) au sein de scénarii où triangulation et ambivalence cèdent le pas à la centration narcissique sans possibilité de mobiliser une représentation d’étayage sur un objet sécurisant et bienveillant :

68

« C’est l’histoire d’un fils qui voudrait, qui a avoué à sa mère qu’il est gay et donc sa mère est très euh est contre et assez choquée de c’te nouvelle, il s’est aperçu que en essayant d’être mieux de plus avoir ce poids sur la consc…, enfin ce poids il a perdu sa mère et sûrement plusieurs personnes de son entourage » (6bm) ; « C’est un couteau ? C’est l’histoire d’un garçon qui est au lycée à l’internat et qui, ça se passe pas du tout bien, le soir c’est le souffre-douleur de tous les internes, il s’en prend plein la poire tous les soirs, il commence vraiment à en avoir marre, et il décida de quitter l’école et d’aller ailleurs pour pouvoir continuer ses études et faire abstraction des imbéciles. »
(8bm)

69Les planches gf mobilisent des représentations contrastées quant au traitement de la haine, retournée sur soi (6gf) ou associée à une représentation de pseudo-rivalité, sans objet tiers susceptible de nourrir l’hostilité (9gf), haine qui, comme aux planches bm, atteint le sujet ou l’objet dans sa qualité narcissique même :

70

« […] il la bat, elle commence à en avoir marre mais au fond d’elle, elle l’aime, elle reste quand même elle accepte tout ça, qu’il la trompe, qu’il la batte, il soit alcoolique et elle préfère vivre pour lui que vivre pour elle. Elle est en train de se détruire petit à petit pour une personne qui n’en vaut pas du tout la peine, qui ne la mérite pas » (6gf) ; « C’est l’histoire de deux sœurs, une qui a fait un choix de vie différent des autres filles, et qu’elle assume, et sa sœur ne comprend pas trop et la juge énormément, elle croit qu’elle est incapable de faire sa vie et donc elle lui en fout plein la figure. »
(9gf)

Synthèse des sujets Male To Female

71Un cas parmi ces quatre sujets MtF doit également être mis en exergue du fait d’un traitement très défensif visant le conformisme par force banalisations au point que l’on retrouve là les constats faits par certains collègues projectivistes à propos de la difficulté d’accéder au fonctionnement psychique de certains sujets fort enclins à donner d’eux une image adaptée [6]. Chez les autres sujets, les planches bm déploient des identifications masculines fragiles, mal différenciées, articulées à des représentations de relations oscillant entre abandon et effraction. Les traitements des sollicitations des planches gf trahissent la très grande précarité associée des identifications féminines, frappées de surcroît du sceau de la passivation, au sein de discours où peinent à trouver place des procédés d’élaboration autres que ceux témoignant de l’évitement du conflit et des émergences des processus primaires.

Conclusion

72En premier lieu, il semble important de souligner la dimension complexe et hétérogène du traitement des problématiques identificatoires chez ces sujets, dont le nombre est cependant restreint. Il semble d’emblée difficile de dégager des constantes mais nous pouvons esquisser de façon synthétique quelques traits saillants de ces premières analyses.

73À travers ce dispositif nouveau qui consiste à proposer à des sujets transsexuels les planches du tat correspondant à leur sexe anatomique ainsi que celles correspondant au sexe qu’ils revendiquent, il apparaît que les identifications masculines pour les femmes transsexuelles permettent un positionnement identificatoire relativement plus dégageant, alors que les identifications féminines mobilisent incessamment des représentations de grande précarité dans les représentations de relations aux figures masculines et à la figure maternelle. Pour les hommes transsexuels, tant les représentations masculines que féminines se révèlent fort fragiles, peu à même de soutenir une différenciation sujet/objet, un traitement ambivalent des enjeux haineux et libidinaux engagés dans les représentations de relations. La passivation et la castration qui entachent là avec force les représentations du féminin soutiennent alors des scénarii qui, bien que peu labiles, et ne témoignant pas non plus d’investissement de la conflictualité interne, n’en révèlent pas moins la très grande fragilité narcissique de plusieurs de ces personnes en proie à des fantasmes récurrents marqués de masochisme mélancolique (Chabert C. 2003). Ainsi, face à ce féminin qui se révèle mortifère chez les sujets de cette étude, il semble que les femmes en mesure de mobiliser des identifications masculines sont moins susceptibles de s’affronter à la prégnance d’une passivation liée tant à des vécus pré-œdipiens identitaires traumatiques d’avec le premier objet, qu’à un objet masculin ; revendiquer d’avoir le phallus permettrait à ces jeunes femmes de se préserver d’un féminin passif dangereux, une passivité incessamment frappée du sceau de l’insécurité et de la détresse, mais sans pour autant que les identifications masculines soient totalement dégageantes. A contrario, la mobilisation des identifications féminines chez les hommes pourtant désireux de changer de sexe, semble surtout soutenir le déploiement de plus amples angoisses de passivation ; ils ne seraient donc pas en mesure de trouver là une solution plus dégageante dans le traitement des conflits. Ces résultats semblent ainsi confirmer les observations de Akiko Nakadaira et coll. (2005) qui mettaient en évidence une meilleure évolution chez les femmes opérées qui s’identifiaient au masculin, que pour les hommes opérés qui s’identifiaient au féminin, pour qui vécus d’isolement et d’insécurité semblaient exacerbés.

74Comme en témoignent Johanna Smith et coll. (2009), si peu d’études utilisent les épreuves projectives dans la clinique du transsexualisme, celles-ci permettent cependant d’appréhender les processus et les problématiques psychiques sous-jacents à la question des troubles de l’identité sexuée d’une façon plus approfondie qu’en ayant recours aux questionnaires, tant « les patients tendent à adhérer aux stéréotypes sociaux féminins et masculins pour chercher à convaincre le clinicien de la légitimité de leur demande » (ibid., p.1). De même, Adeline Sacco (2003) explique que « leur revendication, parfois forcenée, toujours insistante, conduit certains, pendant les entretiens et les bilans avec les professionnels, à adopter un discours plaqué, appris. Ils se défendent contre toute émergence psychique et tentent de convaincre leur interlocuteur de leur autodiagnostic, et donc accéder à la thc (thérapie hormono-chirurgicale), compliquant alors la spontanéité et l’accessibilité à leur mode de fonctionnement psychique » (ibid. p.31), et ce lors des passations faites par l’équipe qui accorde ou non la prise en charge. Sacco en conclut alors qu’il est judicieux de ne pas rester limité à une approche directe sur le plan conscient, ce qui condamnerait à être situé en surface des conflits inconscients, en un impossible décollement, ce que permettent alors, dans une plus grande mesure, les épreuves projectives. Prenant acte de ce biais qui semble inhérent à la clinique du transsexualisme, fort convaincus de l’intérêt clinique des épreuves projectives, et bien que la clinicienne qui a rencontré les sujets ait veillé à leur préciser qu’elle ne faisait pas partie des équipes médico-psychologiques décisionnaires, il n’est pas impossible, nous l’avons évoqué plus haut, que le traitement des planches participent d’un choix délibéré de donner à voir certaines images plutôt que d’autres.

75L’analyse ciblée pour cet article des seules planches bm et gf apporte des éléments intéressants qu’il importe dorénavant de mettre à l’épreuve des dégagements susceptibles d’être faits à partir de l’ensemble des protocoles de tat et des apports singuliers et complémentaires du Rorschach. Plus encore, forts de la conviction freudienne amplement convaincante de la bisexualité psychique constitutive de tout être humain, où masculin et féminin entrecroisent leur dynamique propre en chaque femme et en chaque homme de façon complexe et toujours singulière, et conscients de la diversité des conduites psychiques dans la clinique dite des variations de la normale, mais aussi vraisemblablement chez les personnes transsexuelles – même si notre étude n’en témoigne pas du fait du petit nombre de sujets et de l’homogénéité en terme de jeune âge –, il serait assurément prometteur de confronter nos résultats à ceux obtenus auprès d’une population de femmes et d’hommes tout venant.

76L’amélioration de la compréhension des enjeux psychiques liés à la conviction d’être de l’autre sexe et de souhaiter alors être opéré, de l’appréhension des fragilités mais aussi des ressources psychiques à l’œuvre, ainsi que des potentialités de changement mobilisées, permettra, on ne peut que le souhaiter, une meilleure écoute des aspirations, des épanouissements et des désenchantements des personnes transsexuelles.


Annexe

FtM A. 19 ans

776GF- Une femme qui parle à son frère, elle lui dit d’arrêter de fumer car ça va lui bousiller la santé, elle ne veut pas le perdre, il lui dit qu’il a fait des radios et que ses poumons vont bien, elle lui dit que ça fait des années qu’elle lui dit qu’il doit arrêter de fumer et qu’il ne l’a pas fait, lui il dit que c’est pas facile mais qu’il va essayer, elle lui dit que s’il continue, il ne verra plus ses enfants, ses enfants à elle, et lui il essaye et il finit par y arriver.

786BM- C’est un homme avec sa mère, il est entrain de lui parler parce qu’il y a une enquête de police, et il veut son avis, il lui dit que la femme tuée elle la connaissait et pense que ce n’est pas un suicide, qu’elle a été assassinée, ensuite il invite sa mère à diner car il ne la voit pas souvent avec l’enquête policière, elle est contente ça lui permet de voir son fils comme elle ne le voit pas souvent.

797GF- C’est une mère et une fille, une fille très jeune et qui est tombée enceinte qui n’a pas voulu le dire à sa mère de peur de sa réaction, qui est rentrée récemment chez elle avec son bébé et sa mère est perturbée parce qu’elle n’a pas su voir que sa fille était mal et enceinte, mais pas la peine de lui crier dessus, car elle voit sa fille mal et doit continuer à aller à l’école et lui propose de l’aider à garder son enfant pendant qu’elle va à l’école et elle veut se rattraper elle a honte de ne pas avoir vu ce que sa fille avait.

807BM- C’est un fils et son père, le fils a failli perdre son père dans un accident et il vient de le retrouver, il est content parce que le père a failli avoir un accident quand il était petit quand il avait 10 mois et demi, il a survécu et il en reparle après quand il est grand, il lui dit qu’il n’imaginait pas sa vie sans lui, avait besoin de lui pour grandir, il y a des choses qu’une mère ne peut pas expliquer à son fils, par exemple à l’adolescence et lui il lui explique et sont contents tous les deux, ils sont proches.

818BM- Un garçon qui imagine son père et son grand-père pendant la guerre, il se remémore plutôt pendant la guerre où il y a eu des blessés qui ont reçu une balle dans le ventre, le grand-père qui est médecin l’a sauvé en lui ouvrant le ventre, aujourd’hui il remercie son grand-père qui l’a sauvé et son père d’avoir été à ses côtés. Aujourd’hui, c’est un jeune homme qui réussit bien à l’école qui a une belle situation grâce à son grand-père.

829GF- Deux meilleures amies qui, il y en a une qui est dans un arbre, elles se sont disputées, elle épie l’autre pour se réconcilier avec elle, elle la voit courir, elle l’interpelle elle lui dit qu’elle lui manque, que c’est sa meilleure amie, et sa meilleure amie s’arrête dit qu’elle veut se réconcilier mais veut qu’elle s’excuse. Elle s’excuse et finissent par se réconcilier. Dans une amitié, il y a des hauts il y a des bas, mais elles sont quand même des meilleures amies.

FtM B. 21 ans

836GF- Elles font très les années d’avant vos images, il fume la pipe quand même. Je ne sais pas un mari qui dit à sa femme, « je vais te casser la bouche ! » Je sais pas il n’a pas l’air content, un type qui vous regarde comme ça avec sa cigarette enfin sa pipe à la bouche, moi je ne rigolerais pas, enfin vu la tête de la femme elle ne rigole pas non plus. Il doit lui faire pression « soit tu fais ce que je te dis de faire, soit… », à l’époque c’était comme ça, « toi et moi on va discuter dans la pièce d’à côté », donc la femme elle voit là qu’elle est contrainte comme les Valkyries, vous connaissez la légende des Valkyries ? En gros c’est une tribu de femmes, elles doivent épouser l’homme qui réussira à les battre au combat. Une fois qu’elles trouvent le type qui réussira à les battre au combat, elle exaucera le moindre de ses désirs. À une époque, en France je ne sais pas, on a été baignés par la culture américaine, à une époque la femme devait faire ce que l’homme disait. « Tu fais ça », elle ferme sa bouche elle fait ça quoi. Entre les années 30, 50, peut-être 60, on peut déborder, ça a duré longtemps ce système. En gros « t’as pas fait ça, ah ouais t’as pas fait ça ! » (rire) « Ben non j’ai pas eu le temps » un truc comme ça, « ah je vais te casser ta bouche » « pourquoi ? » (dit avec une petite voix toute douce penaude, rire) elle va se rebeller au final partir avec ses affaires devenir une femme indépendante, à l’époque y a beaucoup d’entreprises de coutures, elle va travailler dans une boite et pourra s’assumer toute seule. Une autre histoire qui finit bien.

846BM- Je ne sais pas il tient son chapeau, ça fait vraiment vraiment tout en noir, ça fait deuil. Un enterrement ben je ne sais pas de son papa, comme il y a une vieille dame à côté de lui. Il enlève son chapeau pour présenter ses hommages. Il était pas bien proche de son père et d’avoir appris la mort de son père, il est venu, et sa mère est choquée de le voir ici, parce qu’elle l’a pas vu depuis des années. Voilà. Ils présentent ses hommages à son père et au final il repart pour vivre sa vie. Et après comme sa mère elle a besoin de lui parce que son père est plus là, il va essayer de renouer un contact avec sa mère, un truc comme ça. Je vous fais des petits synopsis, il va essayer de renouer quelque chose parce que sa mère a besoin de lui déjà financièrement, ça fait aussi très États-Unis des années 1950, même des années 1920 ou 1930, à cette époque y a pas trop d’argent, il aide sa mère financièrement, il y va de plus en plus souvent, il va renouer un contact avec sa mère et au final tout est bien qui finit bien. Je préfère des histoires bien aussi, qui se finissent bien. En gros elle voit que son fils c’est pas un bandit c’est un mec bien.

857GF- C’est une poupée qu’elle a dans les mains ? Je déteste les poupées… ben en fait mon oncle me racontait des histoires comme ça, j’avais des poupées au-dessus de mon placard, il disait que celle du milieu c’était une poupée de sang qui viendrait boire mon sang quand je m’endormirai, j’avais 4 ans (rire). Oui il est pas très gentil mon oncle. On a 8 ans de différence et il s’amusait à me raconter des histoires qui font peur quand on était gosses. Et depuis j’ai, je dirais pas une phobie mais une poupée ça m’angoisse. Mon ex jouait sur ça, à chaque fois que je la faisais chier, elle sortait une poupée, ça me calmait direct, ça me fait flipper hein. Là ça me fait penser au XVIIIe, XIXe siècle, une perceptrice (sic) qui donne des cours à une enfant sauf que l’enfant il rêve d’ailleurs, elle rêve de sortir jouer dans la nature, découvrir le monde par elle-même sauf qu’elle est obligée d’écouter. Les malheurs de Sophie tient ça me fait penser à ça. Vous connaissez un peu ? Le dessin animé passait pendant longtemps, en gros c’est souvent qu’on lui donnait des cours, sauf qu’elle ne voulait pas écouter, elle préférait aller jouer dehors, dans le domaine de ses parents ça me fait penser à ça. Avec son cousin. Sauf que là c’est qu’un rêve, bon au final, les malheurs de Sophie, c’est l’hécatombe, tout le long il lui arrive quelque chose, là je pense qu’au final, elle pourra pas aller jouer dehors, parce que, une fille de son âge doit avoir une éducation, donc elle est obligée d’écouter sa perceptrice, et donc tous les jours ce sera un éternel recommencement de « je veux sortir dehors » « non tu ne peux pas tu dois apprendre tes cours », l’obligation de l’éducation.

867BM- Dans le XIXe, XXe même, des hommes politiques, qui parlent de politique. Genre « oui il faudrait faire ça ». Allez, l’Irlande, y a eu beaucoup de problèmes en Irlande au début du XXe siècle, avec Collin, y a un type qui s’appelait Collin je-ne-sais-pas-quoi, qui a mené la révolution et c’est grâce à lui qu’une partie de l’Irlande s’est détachée, en gros ça me fait penser à ça. En gros tout le long de l’histoire ils parlent de comment, qu’est-ce qu’ils doivent installer pour l’Irlande marche en tant que pays, ça me fait penser à ça, deux hommes qui discutent de ça. Au final, Collin meurt mais l’Irlande est indépendante, finit par repousser l’attaque anglaise. Il meurt trahi par un de ses amis en plus, c’est horrible. Et l’Irlande finit par avoir une constitution et se détacher de l’Angleterre, ça se finit bien c’est une belle histoire.

878BM- Ils sont en train de l’opérer derrière ? qu’est-ce qui se passe ? c’est dégeulasse. Un type enfin un gamin qui rêve de trucs bizarres. De trucs vraiment bizarres. Je ne sais pas mais qu’est-ce qu’ils font ? Comme c’est pas super bien appuyé. En gros c’est un gros psychopathe le gamin, il pense à des trucs bizarres dans sa tête, (rire) genre des personnes qui ont séquestrée une personne et qui sont en train de l’ouvrir pour voir ce qu’il y a à l’intérieur. Il est complètement fou. Mais ça c’est à cause de ses parents qui l’ont envoyé dans une école stricte, un internat. On devient fou dans un internat (rire). Au final ça devient un gros psychopathe, il va tuer des gens et il va devenir un serial killer quand il sera plus grand. À cause de l’éducation donnée par ses parents. Il se repentira le jour où il enlèvera une fille, il tombe amoureux et il ne peut pas la tuer, et au final il se repentira et il fera plus jamais ça. Ça finit bien quand même

889GF- Les années 30, 40 aux États-Unis, les années folles, la prohibition, les femmes qui rejoignent leurs amis sur la plage, en apportant de quoi s’allonger, les hommes comme c’était la grande période de la prohibition, vous savez y a pas d’alcool et tout, en gros l’alcool c’est comme de la drogue on est obligé de passer par des dealers qui revendent de la drogue, et ça arrivait souvent à ce qu’on dit, qu’ils se réunissaient dans des endroits soit dans des bars clandestins, soit ils arrivaient à prendre des bouteilles au bord de la plage, ça dépend où, ou dans un champ, ils se mettaient à plusieurs et il buvaient des canons quoi. Ça se faisait dans les années 20, 30, la prohibition c’est quelle année je sais plus. Je crois oui. Juste après la première guerre mondiale ou juste avant la seconde. Oui la prohibition aux États-Unis, c’est pas bon, c’est contraire aux bonnes mœurs. C’est ce qu’on disait, on devait se cacher pour boire. Après on peut faire une grosse production hollywoodienne, qu’au final les flics les voient, au final, corruption, ils sont obligés de les corrompre. Au final, ils ont des problèmes avec la mafia, c’était une mafia qui dealait l’alcool, ils leur doivent de l’argent, après je ne sais pas, qu’est-ce qu’on pourrait faire… ils finissent par dealer de la drogue, de la coke parce qu’au final c’était moins cher à l’époque. Je ne sais pas s’il y avait de la coke à cette époque-là (rire) on va faire un anachronisme. Pour rembourser les mafieux, sauf qu’ils n’y arrivent pas, au final ils finissent par se tirer en Angleterre, pour vivre une nouvelle vie. Et là on s’arrête là pour le premier film, on peut faire une suite. Au final, ils sont obligés de partir en Angleterre encore parce qu’ils ont des problèmes, ça montre les problèmes de la jeunesse américaine. (Rire) voilà je me suis tapé un délire.

FtM C. 22 ans

896GF- Heu… alors là. Je sais pas c’est une dame qui était tranquillement chez elle en train de regarder la télé, peut-être qu’il n’y avait pas de télé à l’époque mais ce n’est pas grave on va dire qu’il y en a une. Et pis y a son frère qui vient et qui lui dit, lui propose de se promener dans un parc. Elle a pas l’air très contente parce que il était censé être au travail et que s’il n’est pas au travail, y a dû avoir un problème. Et du coup elle a peur de ce dont ils vont discuter. Voilà.

906BM- C’est un homme qui a l’air pensif et qui semblerait être en deuil, il est avec sa mère et on dirait qu’ils n’arrivent pas vraiment à discuter l’un avec l’autre, ils sont trop dans le deuil, si on peut dire ça comme ça. Ils ne savent pas encore comment ils vont faire les jours qui vont suivre pour surmonter ça et… mais bon ils sont là ensemble tous les deux et ils savent qu’ils se soutiennent et qu’ils continuent à se soutenir.

917GF- C’est une dame qui apprend à une petite fille à s’occuper d’un bébé. Et la petite fille a envie de faire autre chose, elle a pas du tout envie de s’occuper de cet enfant, enfin ce faux bébé, et du coup elle regarde vers l’extérieur, elle est dans ses pensées, elle s’imagine ailleurs. Et voilà elle va juste attendre que ça se finisse et elle espère juste que ça se fera rapidement.

927BM- C’est deux hommes qui sont à un bar et qui sont en train de boire des verres ensemble après le travail. Et ils discutent tous les deux de la vie, de la société et de tout ce qui se passe autour d’eux. Et le plus âgé semble plus optimiste que l’autre. Il essaye de le rassurer sur son avenir. Voilà c’est tout.

938BM- C’est un jeune homme qui est en école de médecine, et il pense à tout ce qu’on lui a appris sur la chirurgie et les cours de… comment on appelle ça, diss… pour disséquer, de dissécation non, pour disséquer. Ça le fascine, il se dit que c’est génial et qu’il va tout faire pour réussir, pour exceller dans ce domaine et même à être beaucoup plus innovant que ses prédécesseurs.

949GF- Heu… c’est une jeune fille au pair qui accompagne sa patronne vers une rivière et sa patronne compte aller se baigner pour se détendre et la jeune fille se dit qu’elle aimerait bien aussi pouvoir profiter et se reposer mais bon, c’est pas grave elle attend et elle sait qu’après, plus tard, elle pourra aussi aller se baigner à la rivière.

FtM D. 19 ans

956GF- Un papi pervers qui vient draguer une jeunette (rire) et la jeunette elle est surprise et elle va l’envoyer balader. Il l’a trouvait jolie jeune et mince, il voulait bien faire copain-copain avec elle quoi (rire). Mais elle est pas intéressée, c’est pas encore l’époque des jeunes qui vont avec les plus âgés.

966BM- Là ça fait le gars qui va annoncer une mauvaise nouvelle à sa mère, et qui ose pas. C’est tout. (?) La mort de son père ou qu’il a cassé la voiture, il est grand mais bon (rire) qu’il a perdu le chat de sa maman, une nouvelle qui l’embarrasse. Il a pas l’air triste, il a plutôt l’air gêné, ça doit pas être la mort de quelqu’un, quelque chose qui concerne sa mère et il a peur de se faire gronder quoi. Je pense qu’il va se faire gronder parce que sa mère elle se doute de rien (rire).

977GF- Une maman avec sa jeune fille et heu… c’est un bébé qu’il y a dans les bras non ? avec le petit frère de la jeune fille. À supposer. Elle n’a pas l’air de s’y intéresser beaucoup vu comment elle le tient et qu’elle le regarde même pas. Bon pas trop… elle a un livre dans les mains derrière, la maman elle préfère lire plutôt que de s’occuper de son gosse et la jeune fille elle ne s’occupe pas très bien du gosse, mais elle fait ce que sa maman ne fait pas. (?) Elle est obligée de s’occuper du gamin mais elle regarde ailleurs donc elle a envie d’aller ailleurs que de s’occuper du gamin. Elle va attendre que la mère ait fini avec son livre pour lui donner le bébé ou elle va emmener le bébé ailleurs.

987BM- Je ne sais pas trop là. Peut-être un père et son fils ou un patron avec son employé. Le plus jeune à l’air un peu déprimé, et l’autre a un regard assez vicieux vers le plus jeune. Je sais pas ce qui… si c’est un patron avec son employé il lui donne plus de travail, ou alors il s’apprête à lui dire qu’il est viré. Un père à son fils, bah je ne sais pas trop. C’est tout.

998BM- On dirait soit un souvenir que le gosse il aurait, ou un truc qui se passe derrière lui, c’est le contraste, ça fait plus penser à un souvenir. Que le gamin, peut-être que c’est son père sur la table d’opération, il y a un fusiller là, enfin un fusil, peut-être qu’il a fait la guerre et qu’il s’est fait opérer. Et puis son gosse il était là et il s’en souvient. Puis le gamin vu qu’il est bien habillé il doit faire des études, où il se souvient de son père sur la table d’opération. Voilà.

1009GF- Là ça pourrait être deux amies qui vont à la plage, pour se baigner. Elle me dit pas grand-chose cette image, ou alors c’est une bonne avec sa… celle qui… une jeune princesse ou je ne sais quoi avec sa bonne à tout faire qui lui porte ses affaires et qui vont à la plage. Parce que y en a une qui est habillée plus élégamment que l’autre j’ai l’impression. C’est tout.

MtF E. 21 ans

1016BM- La maman et le fils à l’hôpital patientaient depuis plusieurs heures pour savoir si le père de famille, après avoir eu un accident, avait des blessures graves. Quelques minutes après le médecin annonça à la mère que le père allait bien et qu’il n’avait rien de grave.

1026GF- Ce couple en pleine discussion… la jeune femme se plaint du fait que son mari fume beaucoup dans la maison, la fumée envahissait la pièce sans même que celui-ci ne s’en rende compte, la jeune femme tentait d’expliquer à son mari les dangers du tabac mais quelques mois plus tard heu… celui-ci ne semblait pas vouloir comprendre. Mais quelques mois plus tard, après quelques discussions du même genre, le mari commençait alors à arrêter pour finir par ne plus fumer pour le bien être de sa famille.

1037BM- Le papa et son fils discutaient alors de généralités lorsque la conversation se porta sur le travail, il sentait son fils se détacher de son travail et cherchait alors à savoir les nouvelles préoccupations de son enfant. Il cherchait alors le problème mais l’enfant restait neutre et fermé. Puis un jour, le fils parla à son père de plusieurs problèmes qu’il rencontra à son travail et son envie de quitter son travail qui lui rapportait beaucoup d’argent. Il savait que cela poserait problème à son père et qu’il ne serait pas d’accord avec lui mais décida quand même de trouver un autre travail. Après quelques discussions, le fils parvient à convaincre son père qu’il est capable de retrouver un autre travail lui rapportant la même chose qu’il avait avant.

1047GF- La mère contemplait l’enfant de sa fille, qu’elle avait eu si jeune. La mère avait toujours été à côté de sa fille, l’avait toujours soutenue, elles avaient fait le choix ensemble de garder l’enfant. La mère pris en charge l’éducation de l’enfant en attendant que sa fille puisse, ait fini ses études. Voilà, après avoir eu son diplôme, la jeune fille, qui avait pris part également à l’éducation de son enfant, commença sa vie avec.

1058BM- Le jeune homme pensif se remémorait la bagarre à laquelle il avait assisté dans ce bar. Il se rappelait la violence des coups entre deux hommes. Il vit alors cette arme qui servit à abattre l’un des deux hommes et se souvenait surtout de l’homme à la moustache qui apporta les premiers soins à l’homme abattu. Il découvrit alors que l’homme à la moustache était médecin. Très impressionné de l’assistance qu’il avait apportée à l’homme abattu, il se dit alors qu’il voulait aussi devenir médecin pour sauver les autres.

1069GF- Les deux sœurs courraient pour rentrer chez elles, elles savaient que si elles étaient en retard, cela déclencherait la colère de leur mère. Mais les deux jeunes femmes étaient loin d’être en retard car elles étaient si pressées de voir leur père qui rentrait d’un très long voyage d’affaire. Le père attendait ses filles avec impatience les bras chargés de cadeaux.

MtF F. 21 ans

1076BM- Pour moi ce serait une scène surtout caractérisée par le silence, par la réflexion des deux personnes qui évitent de croiser leurs regards parce que, pour justement se focaliser sur le fait que leurs réflexions diffèrent l’un l’autre, le jeune homme a plus une réflexion… ce serait par rapport à son avenir à lui que les deux personnes réfléchiraient et lui il a plus de cran dans ses idées, pas forcément positif mais il veut aller plus loin alors que la femme est plus réfléchie en train de peser le pour et le contre, elle prendrait une décision moins osée que…

1086GF- Je dois situer l’époque, pour moi ce serait les années 30 40, et une sorte d’opposition entre les traits de l’homme qui sont déterminés, qui sont plus sérieux et la femme qui a l’air surprise donc qui est dans une position plus spontanée, parce que c’est comme si elle s’adonnait à une frivolité, elle était ailleurs des conversations sérieuses elle s’est échappée, c’est comme une sorte de rappel à l’ordre de la personne plus âgée. Voilà.

1097BM- Ça revient toujours au même (rire) une personne plus âgée et un jeune homme plus téméraire et le vieux presque amusé de sa témérité, de la témérité du jeune homme. Une situation comme un pari avec d’autres qu’on ne voit pas sur cette image, une affaire de business. Après peut-être que je confonds, que c’est trop rétro, c’est un peu un cliché, comme si on accentuait le stéréotype, un jeune qui prend des risques ou niveau argent… c’est peut-être un côté viril qui ressort.

1107GF- Bah moi je pense plus aux réflexions qu’aux réactions mais en même temps je ne vois pas trop ce qu’elle a dans les bras, j’imagine une mère et sa fille dans le salon et la fille qui regarde avec malaise ça veut dire qu’elle a des pensées, elle n’écoute pas forcément sa mère qui est en train de surveiller ce qu’elle tient, elle, elle réfléchit plutôt oui elle réfléchit à son avenir enfin…

1118BM- Ça serait un jeune homme, un enfant qui derrière on verrait en 2e plan ce qu’il voudrait faire plus tard, ça me fait penser à une peinture de R[…] (marmonne) lui voudrait devenir chirurgien plus tard, son père lui a insufflé ce désir, c’est pas le travail de chirurgien qui l’intéresserait c’est surtout le travail d’auscultation du corps, on voit bien son front est proéminent et il a un uniforme donc il serait dans une école prestigieuse déjà… une image de réussite professionnelle et sociale qu’il cherche.

1129GF- Pour moi ce serait un peu une innocence qu’on retrouve sur le visage, l’innocence des enfants, pour la première qui se cacherait pour mieux voir quelque chose, comme si, son regard n’est pas porté par le même endroit que la deuxième, mais la première qui est cachée derrière l’arbre, elle observerait quelque chose, elle essaierait d’apprendre, comme un enfant qui découvre quelque chose… la deuxième… qui ‘fin non pas, hum, elle fixerait quelque chose plus loin… elle fixerait un homme. Mais justement sans que lui non plus le voit, comme si elle aussi elle était cachée d’une façon ou d’une autre. C’est pour ça justement qu’elle est courbée.

MtF G. 1 8 ans

1136BM- C’est l’histoire d’une mère et de son fils. Le fils a vraiment réussi sa vie il travaille dans une grosse société, il est aisé côté argent et un jour il décide d’avouer quelque chose à sa mère, son homosexualité. Et la mère, elle ne l’accepte pas du tout même si c’est son enfant elle le renie. Elle n’arrive pas à faire avec. Donc son enfant il est triste parce que le soutien de sa mère pour lui est important, et qu’elle renie, voilà ça le rend triste. Et sa mère n’a jamais essayé de l’accepter et un jour elle décède à cause de son âge. Et son fils n’a jamais pu essayer de s’expliquer avec elle, il est dans le regret de ne pas avoir pu lui expliquer que c’était des choses de la vie et que ça ne le rendait pas comme un monstre, qu’il n’était pas une bête de foire et qu’importe son orientation c’était toujours le même que sa mère avait connu. Et donc il est dans le regret de pas avoir pu lui dire tout ça.

1146GF- C’est l’histoire d’une fille, son rêve c’était devenir une grande star dans un cabaret, donc elle a tout donné ce qu’elle avait pour réussir son rêve. Donc elle a réussi à devenir une danseuse de cabaret. Et un jour y a un homme qui la repère et qui veut en faire la star de son propre cabaret, et la fille tombe amoureuse de lui et lui de même. Mais en fait l’homme, il est plus attiré par le côté argent même s’il l’aime. La fille, elle, fait absolument tout ce que l’homme qu’elle aime veut. Et au final elle est triste parce qu’elle n’a pas l’impression d’être vraiment aimée alors elle décide de le quitter. Elle refait sa vie différemment, elle devient… une simple marchande avec une vie banale et voilà.

1157BM- C’est l’histoire de deux hommes donc un père et son fils. Le père a toujours, il s’est toujours bien occupé de son fils et lui a appris beaucoup de choses pour être un vrai homme dans la vie, pour bien s’occuper de son futur foyer, de sa future femme et de ses enfants. Mais lui ce qu’il veut c’est une vie totalement différente, bien qu’il a été influencé plus jeune par son père, il s’est aperçu qu’un jour, que tout ça, ça ne lui convenait pas. Il voulait avoir une vie complètement différente, beaucoup voyager, ne pas être comme son père il a été, être différent, bien qu’il l’aime. Son père accepte totalement son choix de vie, il l’accepte et il l’aime toujours pour autant, même si son fils voyage beaucoup et qu’il ne veut pas être comme son père.

1167GF- C’est l’histoire d’une jeune fille, très jeune, un jour, elle est tombée enceinte parce qu’elle s’est fait violer par quelqu’un, par un homme. Sa mère ne voulait absolument pas qu’elle avorte parce qu’ils étaient très chrétiens donc pour l’avortement, c’était hors de question. La jeune fille ne voulait pas de ce bébé parce que c’était dangereux pour elle et elle ne voulait pas être mère si jeune. Elle a dû accepter la décision de sa mère. Alors elle a eu une petite fille, et donc la fille qui a accouché, elle était très malheureuse parce qu’elle n’a pas pu décider elle-même ce qu’elle voulait, elle a dû se plier aux ordres de sa mère. Et donc elle n’a pas pu avoir d’enfance comme les autres, toute sa vie, et elle a dû s’occuper d’un enfant qu’elle n’aurait jamais dû avoir. Et voilà après elle aime quand même sa fille, mais elle aurait préféré que les choses se passent autrement. Qu’elle puisse être reine de ses choix et de ce qu’elle voulait.

1178BM- C’est l’histoire d’un homme qui toute sa vie était vraiment basée sur son physique donc il n’acceptait pas d’avoir des rides, qui voulait vraiment être parfait, donc il a décidé de faire de la chirurgie esthétique pour se sentir bien parce qu’il était vraiment basé là-dessus, ça lui tenait à cœur, et donc voilà il a pu faire ce qu’il voulait, se sentir mieux vis-à-vis des autres et de lui.

1189GF- C’est l’histoire d’une femme qui est mariée depuis un certain nombre d’années avec un homme et un jour, ils veulent organiser un repas romantique donc un pique-nique. Dans un champ. Et à un moment donné, le mari demande à sa femme d’aller chercher des affaires chez eux parce qu’il a oublié de prendre des serviettes ou quelque chose comme ça et en revenant, sa femme, elle s’aperçoit que son mari a une maîtresse qui va le voir, elle s’aperçoit que son mari lui a menti toute sa vie. Et toute sa vie, enfin le reste de sa vie, la femme fait semblant de n’avoir jamais rien vu parce qu’elle l’aime et elle ne veut pas le laisser pour autant, même s’il la trompe, elle n’a pas envie de quitter l’homme qu’elle aime et puis voilà.

MtF H. 19 ans

1196BM- C’est l’histoire d’un fils qui voudrait, qui a avoué à sa mère qu’il est gay et donc sa mère est très heu… est contre et assez choquée de c’te nouvelle. Il s’est aperçu que, en essayant d’être mieux, de plus avoir ce poids sur la consc…, enfin ce poids, il a perdu sa mère et surement plusieurs personnes de son entourage. Donc il est en train de se dire qu’il aurait dû le garder pour lui, que ça ne regarde que lui et que les autres personnes n’ont pas à juger de sa sexualité. Fin de l’histoire.

1206GF- Y a encore tout ça ?! hum… c’est l’histoire d’un couple qui est au bord de la rupture, ils se supportent plus, la femme, elle a peur de lui, il l’a bat. Elle commence à en avoir marre mais au fond d’elle l’aime, elle reste quand même, elle accepte tout ça, qu’il la trompe, qu’il la batte, qu’il soit alcoolique et elle préfère vivre pour lui que vivre pour elle. Elle est en train de se détruire petit à petit pour une personne qui n’en vaut pas du tout la peine, qui ne la mérite pas. Fin de l’histoire.

1217BM- C’est l’histoire d’un père et son fils, le père est malade donc son fils est en train de voir que, qu’il doit peut-être dire à son père tout ce qu’il pense, tout ce qu’il aimerait bien lui dire mais qu’il n’ose pas. À cause de sa fierté, il est en train de se demander s’il devrait le faire ou ne rien dire et à la mort de son père avoir des remords pour rien quoi. Voilà.

1227GF- Je vois pas du tout… je vois pas du tout. Hum hum je la mets heu ? (Il la place de côté). 8BM- C’est un couteau ? C’est l’histoire d’un garçon qui est au lycée à l’internat et qui, ça se passe pas du tout bien, le soir c’est le souffre-douleur de tous les internes, il s’en prend plein la poire tous les soirs. Il commence vraiment à en avoir marre, et il décida de quitter l’école et d’aller ailleurs pour pouvoir continuer ses études et faire abstraction des imbéciles.

1239GF- C’est l’histoire de deux sœurs, une qui a fait un choix de vie différent des autres filles, et qu’elle assume et sa sœur ne comprend pas trop et la juge énormément. Elle croit qu’elle est incapable de faire sa vie et donc elle lui en fout plein la figure, alors qu’au fond d’elle, c’est elle qui est malheureuse, qui est jalouse que sa sœur réussisse à faire quelque chose et avoir un but dans la vie. Voilà.

Bibliographie

Bibliographie

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Mots-clés éditeurs : transsexualisme, planches bm et gf, identifications, tat

Date de mise en ligne : 05/12/2014.

https://doi.org/10.3917/pcp.020.0213

Notes

  • [*]
    Marion Lintanff, psychologue clinicienne, docteur en psychologie clinique et psychopathologie, Laboratoire pcpp/ea-4056 (Psychologie clinique, psychopathologie, psychanalyse), université Paris Descartes, pres Sorbonne Paris Cité, marion_lintanff@yahoo.fr
  • [**]
    Benoît Verdon, psychologue clinicien, professeur de psychologie clinique et de psychopathologie, Laboratoire pcpp/ea-4056 (Psychologie clinique, psychopathologie, psychanalyse) université Paris Descartes, pres Sorbonne Paris Cité, benoit.verdon@parisdescartes.fr
  • [1]
    American Psychiatric Association, mini dsm-iv-tr, Critères Diagnostiques (Washington DC, 2000). Traduction française par J.-D. Guelfi et coll., Masson, Paris, 2004, p.256.
  • [2]
    Classification Internationale des Maladies cim-10 (1992), Dans le chapitre 5, troubles de la personnalité et du comportement chez l’adulte (F60-F69) F64 Trouble de l’Identité sexuelle, F64-0 Transsexualisme.
  • [3]
    Les transsexuels dits « primaires » présentent une dysphorie de genre depuis la toute petite enfance et consultent souvent à la fin de l’adolescence. Les transsexuels dits « secondaires », aussi appelés « transsexuels d’expression tardive », ont longtemps caché ou tenté d’ignorer leur conviction d’être du sexe opposé ; ils ont généralement été mariés et ont parfois eu des enfants, mais cette vie devenant insupportable, ils décident de consulter vers l’âge de 40 ou 50 ans (Michel, 2006).
  • [4]
    Si nous sommes fort convaincus de la complémentarité heuristique du Rorschach et du tat, nous avons fait le choix pour cet exposé ciblé de ne travailler qu’à partir des protocoles de tat ; plus encore, à partir des seules planches gf et bm alors que l’ensemble des planches classiques a été présenté aux sujets. La recherche plus large dont se dégage cette réflexion comprend un dispositif qui associe le Rorschach et le tat et une analyse exhaustive de l’ensemble des protocoles.
  • [5]
    L’intégralité des discours tenus aux planches est placée en annexe de l’article.
  • [6]
    Effectivement, un grand nombre de personnes en demande de changement de sexe communiquent à travers les sites et forums internet, se transmettent des informations sur la démarche, et n’hésitent pas à se donner des conseils sur ce qu’il faut dire ou ne pas dire aux professionnels, sur les réponses jugées opportunes ou non à formuler face aux tests projectifs, pour être jugées aptes à être prises en charge par les équipes.
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